Bonjour Francia, il devient rigolo ce post, même si au départ on soupçonne son initiateur de vouloir amorcer des débats scabreux sur la religion.
Comme il a été très bien expliqué précédemment le
Toubkal avec ses trois heures de montée, si on part tôt on peut sans problème être au sommet pour le lever du jour, donc même boire un dernier coup en regardant le soleil juste au moment où il vient.
Le Mont-Blanc se fait dans les mêmes conditions, je me souviens avoir gravi une voie sur la face italienne, donc tournée à l'est. C'était en octobre. Le soleil la touche pratiquement dès le lever du jour, et les pentes mixtes et neige sont très raides, donc dès que les rayon arrivent ça commence à "canarder", d'où un départ à minuit et une arrivée à 4500 à la fin des difficultés vers 7h, il n'y a plus qu'à gravir des champs de neige sur 300 m, là encore faisable en s'arrêtant de manger avec l'arrivée du soleil. Pour la descente se laisser dévaler facilement (pour les alpinistes expérimentés en cas d'absence de trace comme c'est le cas en octobre) de 1000 m faciles jusqu'au refuge du Goûter.
Combien de parois de neige de moindre ampleur mais techniquement difficiles se font pratiquement de nuit. Il m'est même arrivé d'attendre le lever du soleil au sommet.
Je me souviens d'organisation d'exercice particulier pour super "warriors", pas spécifiquement spécialistes de montagne. On déposait sur un sommet en hiver en fin d'après-midi un groupe (en
France) pour une opération prévue d'une heure, puis on les informait que pour des raisons d'opposition ennemie (fictive) le groupe ne pouvait être récupéré, et on leur demandait de rejoindre un point situé à deux jours de marche en grande partie dans la neige. Comme on s'était assuré au départ qu'il n'avaient que du matériel technique pour une opération d'une heure, ils n'avaient pratiquement rien ni à manger ni à boire, et ils revenaient tous après avoir passé une première nuit en igloo en altitude, puis une seconde en fond de vallée toujours dans la neige. Ils s'étaient fabriqué des super raquettes, dès qu'ils avaient atteint une zone boisée, après une grosse galère de la neige jusqu'au ventre. Mais comme ils ne faisaient pas ramadan et qu'ils étaient rompus à toutes les techniques dès qu'ils furent dans les bois, un peu de "chut!" braconnage au collet leur apporta un petit soutien, et puis un petit feu pour l'eau à partir de la neige.
Mais l'instruction pour ces stages pour gens un peu "particuliers" précisait: la faim tue en quelques semaines, la soif en quelques jours, le froid en quelques heures et le stress en quelques secondes.
Effectivement la brave "
dame ??" qui a initié ce post rentre, vu ses questions dénotant une totale inexpérience, dans la série des stressés qui vont survivre peu de temps sur une montagne même facile sans manger ni boire.
Que les guides du
Toubkal qui le gravissent une centaine de fois par an passent la période du ramadan sans difficulté ou presque me paraît normal. Le superbe entraînement permet une incroyable adaptation du corps qui apprend à s'autoréguler. Et puis, la confiance absolue du guide fait qu'il a zéro stress, premier symptôme de danger imminent, c'est un atout primordial.
La série de "fous géniaux" qui ont fait des exploits incroyables au delà des limites est longue, je pense en particulier à ce soldat anglais blessé dans les combats contre les Allemands en
Afrique du Nord en 42, et qui a décidé de rejoindre sans rien à travers le désert sur 300 km ses lignes. il a fait 200 km avant de s'écrouer d'épuisement en partie du fait de sa blessure, et heureusement une patrouille britannique l'a retrouvé in extremis.
Je pourrais disserter longuement sur les fous de la montagne ou de la mer (pour ces derniers connaissance livresque seulement), mais pour conclure, effectivement je pense qu'il faut
totalement déconseiller à une
personne inexpérimentée de tenter même sur un sommet facile l'aventure de l'abstinence de boisson et de nourriture.
Je me souviens de m'être fait traiter d'assassin car je donnais des conseils à un couple qui envisageait de traverser le désert de l'Atacama à vélo avec leurs deux enfants en bas âge. Mais je relatai simplement une expérience que j'avais vécue en croisant dans cet immense désert un couple
suisse à vélo avec des gamins de 3 et 5 ans. La petite fille 5 ans et le petit garçon 3 ans s'amusaient avec leurs jouets et poupées à plus de 4000 dans les bourrasques de vent et de poussière comme sur le tapis de leur salle à manger à
Zurich. Mais il s'agissait de personnes rompues aux grands voyages en zone hostile, donc en totale maîtrise de
stress. Ils ont d'ailleurs réussi et ensuite toujours à vélo et avec leurs enfants ils ont arpenté des grandes zones de l'Himalaya.
Bon j'arrête on s'éloigne du ramadan, mais on parle de voyage, de nature suvage et de sport c'est l'essentiel sur ce site, et moi ça me fait sourire et rêver d'écrire sur ce sujet sous toutes ses formes un peu décalées.
Bonne journée
Luc