Lundi 24 juillet : Mont Batur- Rizières Jatiluwih - Pura Luhur Batukaru - Munduk
La nuit dans notre suite nuptiale sera plus agitée que prévue... A 2h, Laetitia me réveille en me disant qu'il y a une bête qui rampe dans la chambre. Pas de bol, il s'agit du seul animal dont elle a la phobie : un rat
!
Ben oui, pas compliqué de pénétrer dans la chambre sachant qu'il y a des ouvertures un peu partout (pas besoin d'avoir une maison isolée quand il fait 25° toute l'année). On voulait un habitat authentique, on est servis !
Pendant une demi-heure je cours en évitant de me marrer après ce satané rat qui se promène sur toutes les poutres du toit. Laetitia craque, tombe en sanglots et veut rentrer à la maison...
Super, J'ai maintenant deux problèmes à gérer.
Pour le premier, à coups de flash et de lampe frontale, je finis par lui faire peur et le faire déguerpir.
Le second problème sera plus compliqué et plus long à solutionner sachant qu'il reste encore deux semaines de voyage...
On finit par se rendormir pour être réveillés une heure plus tard, en pleine forme
pour attaquer l'
ascension du Mont Batur à 4h. Moins de 4 km de montée en 1h30 c'est jouable !
A peine la traversée du village entamée, on se fait accoster dans une ruelle par une moto enfourchée par 2 gars. Le conducteur me demande où est notre guide. Je lui réponds qu'on n'est pas encore dans le secteur avec guide et qu'on en prendra un un peu plus loin. Il commence alors de suite à se mettre en travers du chemin, nous empêchant de progresser, et nous parle de plus en plus agressivement en nous expliquant qu'on a pas le droit de marcher ici sans guide, et nous propose ses services. N'ayant aucune envie de faire affaire avec lui, je lui ré-explique que dans un kilomètre, on prendra un guide, et que ce ne sera pas lui.
On progresse de plus en plus difficilement, seuls les faisceaux de nos frontales et des phares de la moto tranchent la nuit noire. On continue à marcher, les ignorant, et ce balai incessant continue jusqu'à ce que le type devient complètement hystérique, nous hurle dessus, et exige 1000000 rps pour qu'on puisse avancer. Je refuse fermement, et à ce moment-là, il descend de la moto et empoigne ma fille, restée en retrait. Rachel commence à crier, et là je vois rouge
. Quelques pas avant que je ne sois à sa hauteur, il a dû comprendre qu'il avait franchi une limite, et la relâche, puis recule, agrippe une tige de bambou qu'il me lance dessus. Se rendant peut-être compte qu'il était allé trop loin, il a fini par lâcher le morceau.
J'espérais beaucoup de ce sunrise au
mont Batur. Ben on est servis, il devient plus que mémorable. Les enfants sont effrayés, Rachel pleure
, et la nuit n'arrange rien. Mais on arrive tant bien que mal à la calmer. Quand, au bout de quelques longues minutes, on arrive enfin à la zone aménagée correspondant au départ officiel du « trek », on ne voit personne : pas un guide, pas une voiture. On patiente quelques minutes, regardant passer quelques petits groupes accompagnés de ce fameux guide obligatoire, mais aucun ne se présente seul, à la recherche de clients.
Petite parenthèse : quelques jours plus tard, au pied du
Kawah Ijen, il y en aura des dizaines qui attendront les clients pour effectuer la montée. On commence à comprendre pourquoi un tel harcèlement, car les 2 malades mentaux qui nous ont agressé devaient savoir qu'il n'y aurait personne avec qui on pourrait faire affaire ici. Mais on aurait préféré renoncer que de le prendre lui, comme guide.
Toujours est-il que l'heure avance, et qu'on ne peut pas attendre indéfiniment. On finit donc par attaquer la montée dans un sentier bien marqué, sans aucune difficulté, d'autant plus que j'ai récupéré une trace gpx permettant de faire toute une boucle.
Le reste de la randonnée se fera sans difficulté, à l 'aide du gps et de nos frontales, même si la montée est bien raide. Par contre, au sommet du
Batur, ça caille vraiment
: les polaires et bandeaux légers servant de bonnet, sont insuffisants. Un coupe-vent et un bonnet en laine auraient été nécessaires pour les plus frileux.
A 5h30, on arrive donc au niveau du secteur aménagé avec de nombreux bancs permettant d'offrir un minimum de confort, même s'ils sont trempés par la rosée. Des randonneurs arrivent par dizaines, et au moment du sunrise, il doit y avoir plusieurs centaines de personnes au sommet. On n'est pas les seuls à avoir eu l'idée
!
Quand je pense que la veille, dans l'après-midi, je grimpais la côte tout seul, sans « guide », sans que cela ne gêne qui que ce soit, on peut se demander a posteriori pourquoi avoir fait comme « tout le monde ». Pourquoi les gens grimpent-ils tous au sommet des volcans de nuit pour assister au lever de soleil ? La remarque de Djalma dans un autre post prend ici tout son sens.
Sunrise à 6h
A 6h45
Il est très compliqué d'avoir une vue convenable du lac à cause de la brume générée à l'aube... Le cratère n'aura été visible que quelques minutes durant l'heure qui vient de s'écouler, le reste du temps il sera dans le brouillard.
Après plus d'une heure sur place, femme et enfants sont transis de froid, et ne pensent qu'à redescendre pour bénéficier d'une température plus clémente. La boucle programmée restera donc à l'état de projet
, sans trop de regret, et on engloutira tous la descente quasiment en courant, pour se réchauffer, non sans faire un joli détour pour éviter soigneusement le coin où l'autre taré pouvait encore nous attendre.
Bilan : faire cette rando dans la journée nous aurait probablement permis de ne pas nous faire agresser, être tranquille au sommet, ne pas avoir froid et profiter d'une vue dégagée sur le cratère et le lac
Batur sans ces incessantes nappes de brouillard. Alors oui, on aurait forcément raté le sunrise, mais bon...
Le petit-déjeuner à l'hôtel nous fera le plus grand bien. Il est à peine 9h lorsqu'on quitte
Batur, et on a pourtant l'impression d'avoir déjà vécu une journée complète. Ce secteur ne nous laissera vraiment pas des souvenirs impérissables, ou plutôt si...
Au programme de l'après-midi, on avait prévu Pura Ulun Danu Bratan, mais la crainte de devoir jouer des coudes au milieu de la foule, nous décide à la reporter demain matin à la première heure. A la place on va donc à Jatiluwih et Pura Luhur Batukaru.
Les 2h30 de route nous séparant des
rizières de Jatiluwih nous permettent de nous assoupir pour rattraper nos heures de sommeil en retard.
La vue du site depuis la route est vraiment impressionnante. Ces rizières, récemment inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, forment un très bel amphithéâtre naturel.
Nous sommes de suite saisis par l'ambiance paisible des lieux. Tout le monde défait ses baskets pour se mettre à la cool, en tong, prêt à déambuler tranquillement au milieu des rizières. Pétard, ce qu'on est bien ici, par rapport à ce qu'on a vécu cette nuit ! Après la pluie...
Les paysans s'affairent
Quelques pas au cœur du système.
Bel exemple de fonctionnement des
subak balinais, systèmes d’irrigation et de gestion de l’eau, ancrés au plus profond de la culture balinaise.
Travail de la terre à l'ancienne
Il n'y a pas que du vert...
On flâne un peu partout
Puis, on s'éloigne encore plus de Munduk pour aller au
Pura Luhur Batukaru, temple situé très loin de l'autoroute touristique, et constituant un havre de paix dans un écrin de verdure luxuriante. Le lieu invite au calme, au recueillement. L'humidité et la brume environnante, la mousse sur les pierres, les fougères, bambous et bananiers rendent ce lieu magique
Les rares visiteurs se font discrets pour observer les fidèles en pleine séance de prière et de recueillement,
Autel posé sur un îlot central au milieu d'un immense bassin
Après ce véritable coup de cœur pour les rizières de Jatiluwih et ce temple au sein duquel le temps semble suspendu, nous reprenons la route pour Munduk et sa petite guesthouse,
Hyang Lala Homestay, pour 2 nuits.
Les chambres sont propres et confortables, les propriétaires très gentils, prévenants et souriants. Service blanchisserie sur place. Très bon petit-déjeuner traditionnel avec vue imprenable sur la vallée.
Au final, on sera passé par tous les états émotionnels
au cours de cette journée inoubliable à tous points de vue !