Puisque mes histoires paraissent avoir fait un peu scandale, et que j'ai lu un peu tous les messages sur les differents posts de ce theme, je me rends compte le petit cercle d'une dizaine de personnes se connaissaient deja bien, et qu'un gars qui se ramene avec une histoire farfelue lancée a l'improviste est susceptible d'amener le lecteur dans le doute.
Alors puisque j'ai l'impression de faire un voyage un peu different, j'ai envie d'en faire profiter tout le monde, pour offrir de l'air, des elans de vie, de l'energie pour construire leur propre voyage (vie).
Je suis un peu feignant parfois pour ecrire des trucs, mais de tant en tant je m'y met et y prend plaisir.
J'essaye de ne pas faire de mes voyages un ego trip de moi-je, et d'observer avec du recul ce petit homme que la vie emmene a droite a gauche suivant la direction et la force du vent (moi meme).
Tous les textes que j'ai ecrit jusque la (3), sont juste des mails envoyés sur le vif, pas reflechi du tout, ni vraiment relu, qui refletait donc l'etat d'esprit du moment.
Durant cette periode de voyage (2ans), des rencontres, méme parfois banales a premieres approches sont autant d'apprentissages de réflexions sur le chemin épineux de la vie, le seul qui vaillent aux yeux des fous de vie...
Lettre a Isabelle du 30 mars 2005.
Ya une semaine j'etait a
Mendoza et la bas, j'etais avec des gens tout a fait ¨normaux¨ dans une guest house normale en dortoir, je me suis dis que je devais reprendre les choses en mains et que j'avais besoin d'un coup d'air frais. Je m'etais fait embarqué par la facilité des bons plans pourris d'autres voyageurs.
J'ai alors chercher un billet de bus pour
Buenos Aires, je suis alle a la gare routiere, et en marchant je vois une pub ¨´bus lit 1 ere classe´´ Mortel, pour la premiere fois de ma vie j'ai envie de luxe et de me la jouer voyageur aisé.
Je vais a lagence. plus de place pour le mercredi, le jeudi etc jusqu'á Lundi prochain. "Vous comprenez c'est les fétes..."me dit il sur un air ahuri...Un type arrive en courant, il veut déplacer son voyage. C'est pour dans une heure...a 20h. le voyage dure 18 heures. Ok. Je lui paye 100 pesos.
Je vais vite faire mon sac, dit au revoir au Chino qui voyageait specialement pour deguster des bonnes viandes et des bons vins dans les restos "Tenedor libre", le seul qui attirait ma sympathie dans ce réservoir á backpackers insipides qui recherche l'"aventure".
j'arrive au bus, prend maplace qui est trop mortel. Jamais vu ca de ma vie. Les bus argentins sont les meilleurs du monde (serveuse en mini jupe au petit soin, offrant du champagne (argentin) a volonté ou du whisky, ecran plat digital top design, casque sony de maison pour chacun, bref pour regarder un film hollywoodien avec will Smith comme hero, gentil noir, qui sauve la planete des robots, on s'endore vite).
Tout le bus se remplit sauf pour lesiege dá cote de moi. Le car va partir, royal, en plus je vais avoir 2 places...mais ca sert a rien,..., peut etre que l'hotesse va venir s'y reposer, au pire je lui proposerais. j'ai deja un lit pour moi tout seul. Alors que játtendais impatient la suite, voir arriver un ange qui deviendra ma femme ou bien tout simplement personne.... Et lá, un type se depéche de rentrer et bien sur cést mon voisin. Merde.
J'ecouterais mon walkman toute lanuit alors.
Le gars, la 46zaine, plus beaucoup de cheveux sur le crane, l'esprit alerte, un bouquin a la main: "Are you afraid f the dark?" dejesaisqui qu'il a sortit direct en s'installant histoire de jouer les hommes actifs et de paraitre intellectuel. Pour parler, je lui demande, d'une facon un peu espiegle histoire de faire l'intelligent erudit qui parle trop bien espagnol et qui essaye de rabaisser son interlocuteur d'entreé, si il a "peur du noir" ou si son bouquin l'aider á comprendre ses angoisses intérieures.
Il me repond, en espagnol, mais continue en anglais. Soit. Alors on se met a parler en anglais.
Le type est un businessman qui vend des solutions de decheteterie et recyclage dans le monde entier, en
Chine a
bangkok au
chile et blablalba...apres iil me dit qu il est aventurier.
Je lui demande pourquoi. j'adore ce genre d'ouverture, du genre " et je suis aussi un peu,..., un aventurier..." en me regardant bien dans les yeux en insistant exagerement sur le mot "aventurier", pour voir si j'avais capter et pour me pousser á lui demander la suite. C'etait son accroche.
Il me dit qu il a faillit mourir plusieur fois...blabla...quil s´est cassé le cou. "Ah bon...moi aussi". Lá direct, je savais qu'il m'etait envoyé. Le hasard n'a plus sa place pour moi, maintenant, il ose meme plus montrer le bout de son nez.
Et apres il s'est mis a s'ouvrir completement. Du genre j'ai gagné plein dargent, des millions de dollars, mais maintenant je m'emmerde alors je cherche autre chose. Et lemec dit quil connait des guerisseurs deca dela, a Santiago et chsais pas ou. Que lui meme il guerit les energies (?). Je me rend compte qu'il est partit sur le chemin Newage, mouvement de bourgeois blasés ayant fait un voyage "initiatique" en
Inde, genre Reiki, encens et chakras.
Mais sa jeunesse de gamin et ses elans de vie m'attirent, j'aime les gens qui se remette en question, qui vivent la vie toujours comme une aventure. Je lui demande ce qu il va faire a
Buenos Aires. Il me ditqu il va chez son filleul qu'il a jamais vu, qui est argentin, qui vit seul dans la pampa a 10 heures de
buenos Aires. Harry mon nouvel ami est Hollandais, et a de la famille par ici. Bref il veut aller voir quelqu'un qu il connait pas mais qui est de sa famille, trés eloigné pourtant.
En arrivant a
Buenos Aires, il me demande si je veux venir moi aussi la bas. J'accepte. On pars dans un voyage inconnu dans la pampa
argentine en plein desert humain.
En arrivant dans le village, un type petit gros, le visage bouffi, sans prétention, viens nous chercher a la station de bus: Il s'appelle Bernardo. Il nous fait monter dans une voiture, un peu louche et qui pue dont le confort tranche completement avec le super luxe des cars dans lesquels je me vautrais, me goinfrant de petits fours et de mini pizzas apéro.
Le paysan s'arrete a une epicerie, il veut faire des provisions dignes pour recevoir des invités. Dans l'histoire personne ne se connait plus que d'aujourd'hui, mais on va tous vivre ensemble sous le meme toit. La situation est completement incongrue et sans aucun rapport logique. El Russo, comme se moquait la dame qui tenait l'epicerie pour nous mettre a l'aise et en profitant qu'il y ai des etrangers pour se foutre gentiment de ce bon brave Bernardo (parce qu il est moitie hollandais donc blond-roux), qui n'a jamais eu de femme. "Et c'est plus simple comme ca, plus tranquille, moi."
Il vit seul et a 48 ans, il en fait facilement la 60 aine. D'ailleur quand le Hollandais habillé sportwear et qui en jette un peu avec ses belles chaussures et sa ligne de sportif actif du genre a jouer au squash pour se relaxer, lui a dit son age, El Russo s'est plus ou moins renfermé dans une moue penseur, surement des années qui passent vite, de la vie monotone qui petit a petit s'etiole...
Il porte un vieux pistolet attaché a sa ceinture. J'apprendrais par la suite, que pas plus tard que la semaine derniere, il s'est fait sequestré par des voleurs qui l'ont attaché dans sa cuisine a une chaise et qui pour le faire parler lui ont bruler les doigts de pieds et matraquer de coups pendant une heure et demi, c'est qu il voulait pas lacher le morceau le Russo, de ces 3000 pesos d'économie sous son lit.
C'est donc un type méfiant qui nous accueille, sur le qui-vive, d'ailleurs il nous a pas caché ses doutes quant a la pertinence de nos motifs a venir le voir. Faut le comprendre il a jamais vu personne arriver d'autres que ses 3 potes du village chez depuis 10 ans, a part les bandits de la semaine derniere. Aujourd'hui, c'est 2 europeens qui semble avoir une idée derriere la tete qui debarquent chez lui.
Le soir méme, alors qu'il avait invité 2, 3 amis, du genre á arriver avec leur propre couteau pour la viande dans un etui en cuir estampillé de motifs style cowboy, Bernardo nous a cuisiner 4 gigantesques poulets, j'avais jamais vu des betes de cette taille, du chorizo au barbecue, des cotes de porcs. Mais rien pour accompagner. Ah si du vin en brique a 3 pesos qu'il mélange avec de l'eau gazeuse. J'aurais au moins manger les meilleurs poulets de ma vie, et meme apres 8 mois végétariens en Asie, j'ai dévoré. Alors, Bernardo il sait pas pourquoi ces 2 types debarquent chez lui et encore moins pourquoi son pretendu parenté de loin est accompagné d'un petit jeune effronté francais blondinet qui traverse le monde entier, "qu'est ce qui peut bien le pousser a traverser les oceans pour venir s'enterrer dans mon patelin"). le pauvre jamais il a vu ca, un millionnaire et un jeune étudiant europeen bien éduqué des villes chez lui, simple paysan, sous son toit.
Il nous installe dans une chambre. "Excusez moi pour la poussiere, je n'y vais guére plus dans cette chambre, C'était la chambre de ma soeur, Elle est morte ya 3 ans, elle a été atteinte d'un épuisement général et s'est éteinte d'elle meme sans souffrances autres que la vie elle méme, qu'elle a laissé derriere, nous dit-il d'un air mélancolique trahissant son impuissance face a la vie.
"Demain ne vous inquiétez pas si á 3 heures du matin, vous entendez la radio (la radio de sa chaine hifi 750w avec des autocollants flachys et mega bass de banlieusard) se mettre a chanter a tutete, c'est le seul reveil que j'ai et il est dans la cuisine, alors je le met a fond. Je me reveille tot, je dois preparer 60 poulets pour les vendre sur le marché demain".
Moi: "putain..et moi qui fait rien...on pourrais peut etre l'aider." Tu parles!!!
Puis il nous raconte en se marrant, que son plaisir, c'est de couper la tete aux poulets sans les mettre dans le vase special pour les tenir tranquille. Non ce qu'il aime c'est de les voir galoper encore quelques instants sans leurs tetes."
Tout á coup, je me mets á penser aux parisiens qui courent dans tous les sens sans reelement savoir oú, mais ils y courent. Ce qu'ils aiment le plus, c'est lisser les routes aux maximum pour avoir toujours plus de vitesse, mais pour aller oú? Ca on verrait aprés...Qu'on on sera arrivé. On a le temps.
Je dors dans la meme chambre que le businessman. Faut savoir biensur si le type soi disant business man n'est pas louche, surtout du point de vue interessement sexuel, il pourrait tres bien etre de ceux pour qui le voyage leur permet d'assouvir leur fantasmes sur des miséreux.
Mais quand j'ai vu qu il avait la meme incertitide a mon sujet, en le voyant cacher en douce ses biffetons au dessus de l'armoire, je me suis dis qu'il avait encore plus de doute que moi. ALors je me suis detendu.
On range un peu nos affaires. Et le gars il se met a sortir un pendule. Il prend ma main (enfin le pouls) et se met a regarde son pendule. Il me dit ca et ca. Il me dit quil va ouvrir les canaux d'energie et balbla. Il a les mains brulante le gars. Il dit que l'energie passe bien. Il voit une guerison dans l'avenir. :) du blabla quoi. Apres pour chaque truc, il check avec son pendule, on dirait Jonny Depp dans l'homme á la tete sans téte. Il me dit faut que tu prennes telles vitamines ou telles breuvages qu'il concoctera specialement demain. Il demande a son pendule les doses, puis le "pourcentage" d'ouverture des chakras :). Bon, soit. En tout cas il me fait bien marrer.
Je me rend compte apres qu a 46 ans et un compte en banque enorme, il est un peu perdu, il a change sa vie alors quíl sentait qu'il s'embourbait. Il est allé voir des diseurs d'aventure, de vies passées, tout ca pour y comprendre quelque chose face a l'incompréhensible que chacun doit trouver tout seul sans aide ou presque, juste quelque petits tuyaux pas plus, histroire de remettre les gens dans la bonnes direction quand ils bloquent a un carrefour.
Je tente de le remette dans le droit chemin, en lui annoncant tous les pieges du chemin qu'il était prét a prendre, tous les revers, toutes les claques pour epurer son esprit jusqu'á devenir plus que lui-meme. Un homme quoi. Qu'a travers de ce chemin, qu'est le chemin de la vie, il allait devoir eplucher son ego, comme on epluche un oignon, pour arriver a la fin au coeur meme, quand il ne reste plus que l'essence meme de l'esprit de chacun de nous.
Ca y est il pense deja qu il va travailler avec moi sur un projet de centre de méditations et danses cosmiques des chakras.
T'emballe pas trop.
Il faut donc construire sa vie comme une pyramide en commencant par le bas pour monter en suite. Pas se précipiter dans son élan, la chute fais mal.