Chine: au pays des pandas Jemaflor · 21 décembre 2019 à 10:40 · 74 photos 12 messages · 4 participants · 2 280 affichages | | | 21 décembre 2019 à 10:40 Chine: au pays des pandas Message 1 de 12 · 2 280 affichages · Partager Un carnet de voyage en Chine... vous vous attendez probablement à un récit évoquant soit une randonnée sur l'impressionnante Grande Muraille ou un parcours parmi l'immense Cité interdite pékinoise. Ou bien encore une visite à Xi'an, à la découverte de l'incroyable armée de terre cuite... Non, rien de ces incontournables sites dans le récit qui suit.J'ai choisi de vous raconter ici ma visite dans la Province du Sichuan à la rencontre des sympathiques pandas géants. Ces gros nounours sont devenus un emblème de l'empire du Milieu, les Chinois se sont fait un devoir de protéger cette espèce un temps menacée et ils en sont très fiers.
Dans les environs de la ville de Chengdu se trouve un de leur sanctuaire. Là, au Centre de Recherche et de reproduction des pandas géants, ils y sont particulièrement choyés. Sur place, un espace naturel est dédié à l'observation de ces drôles de grosses peluches. Nous y voici.
--
Un petit lac, une grande forêt touffue à flanc de collines, des bambous à foison... cet environnement paraît idéal pour séduire nos amis pandas et plaire aux visiteurs qui s'y pressent dans un dédale d'allées serpentant parmi les bosquets.
L'animal a la réputation d'être solitaire et plutôt discret... et même si l'on compte plus d'une centaine de pandas géants dans cette réserve, on croise les doigts pour avoir la chance de bien les observer. En apercevoir plusieurs est en principe assuré mais la forêt de bambous est dense, sombre et l'enchevêtrement de troncs, de branches et de feuilles gêne quelque peu la vue. Il va donc falloir être particulièrement attentif.
Tiens, voilà un premier panda, bien allongé sur une branche avec sa fourrure en noir et blanc toute auréolée de tâches vertes : l'effet de cette broussailleuse et abondante végétation. Pour la mise au point photo sur l'animal, toutes ces feuilles ne facilitent pas l'affaire. Je comprends très vite qu'une bonne netteté d'image impose de désactiver l'autofocus et donc de réaliser les prises avec une mise au point manuelle. Soit !
Les pandas, on les imagine à priori très câlins, leur épaisse et douce fourrure donnerait l'envie de la caresser. Cependant, à l'image de cet adulte, on s'aperçoit vite qu'un panda montre facilement les crocs et de plus en grognant. C'est un des traits de caractère de l'espèce, en fait les pandas adultes ne sont pas doux comme des agneaux mais plutôt grincheux ! On ne peut les approcher que jeunes (environ jusqu'à leur deuxième année), ensuite c'est plus compliqué. Il paraît que les soigneurs dans les réserves ont trouvé un subterfuge pour les aborder : se déguiser en panda en portant une panoplie blanche et noire, astucieux !
On s'en est aperçu, les pandas sont bien dotés côté dentition, leur mâchoire est puissante et armée de solides dents, des « outils » qui leur sont finalement indispensables. Pour se nourrir, les pandas consomment essentiellement des bambous. Mâchouiller les tendres feuilles c'est facile, mais les tiges sont plus coriaces, dures et fibreuses parfois comme du bois. Un adulte, en grosse bête de 100 kg pour 1 m 65 (en moyenne) peut engloutir environ 20 à 30 kg de bambous dans la journée ! Grignoter, croquer, mastiquer... constitue la principale occupation d'une journée de panda, soit environ 14 heures par jour passées à se goinfrer. Ainsi, prendre des photos de pandas se résume le plus souvent à obtenir des portraits de pandas croquants la vie à pleines dents. Voilà un bon titre pour cette série de photos.
De telles quantités de bambous ingurgitées nécessitent un bon approvisionnement. La forêt locale n'y suffit pas. Aussi, pour bien dorloter nos chers pandas de la réserve de Chengdu, des kilos de tiges et de feuilles de bambous leur sont livrés chaque matin. Car ici, on prend soin avec beaucoup d'attention de cette colonie de gentils pandas géants. L'espèce s'avère menacée, il ne resterait plus qu'environ 2000 pandas géants sauvages vivants dans les montagnes du Sichuan et des territoires alentour. Sur ces versants élevés (entre 1000 et 2000 mètres d'altitude) les pandas s'y plaisent, la fraîcheur des températures et la végétation locale leur convenant parfaitement... Cependant, au fil des années, les spécialistes de la faune n'ont fait que constater la diminution des populations de pandas chinois. Il fallait donc réagir, c'est ce qu'on fait les autorités chinoises. D'abord en protégeant les pandas des braconniers et surtout en créant des réserves dans le but d'obtenir des naissances en captivité. Avec un espoir, la réintroduction de pandas géants dans leur milieu naturel. Pour réussir cet objectif, il fallait aussi mieux connaître ces mystérieux pandas : étudier leur comportement et mieux comprendre leur mode de reproduction sont au programme des travaux de ce Centre de Recherche de Chengdu.
Par exemple, en ce qui concerne la digestion des pandas, les études ont montré que les intestins de ces animaux ne digèrent pas la cellulose des bambous ingurgités tout au long de la journée. Le résultat ? Un panda adulte de bonne corpulence peut rejeter une dizaine de kilos de crottes verdâtres par jour ! Des déjections « truffées » de fibres végétales... d'où l'idée de les traiter pour fabriquer de la pâte à papier. Décidément rien ne se perd, tout se transforme. Mais le papier obtenu n'a certes pas la qualité du fameux papier de riz chinois, on pouvait s'en douter.
On l'a vu, les pandas sont de gros mangeurs occupés à presque boulotter du bambou du matin au soir... et le reste du temps que font-ils ? Ils dorment. Celui-ci tout avachi, semble vraiment imperturbable. Ainsi une vie de panda se partage entre manger et dormir, quel emploi du temps !
En Chinois, le panda géant est nommé « Daxiongmao » ce que l'on peut traduire par : grand chat-ours. Une appellation qui fait débat. Le panda est-il plus proche du chat que de l'ours ? Le pelage est soyeux comme celui d'un chat mais je ne sais si l'animal ronronne lorsqu'on parvient à le caresser, en revanche, son caractère paraît bien moins docile que celui d'un chat, le panda reste un animal sauvage ! Pour les arguments en faveur de sa parenté avec l'ours : il en a la taille et la corpulence (centaine de kilos à l'âge adulte) et puis le panda est classé dans la famille des ursidés.
Mais quand on voit un panda juché sur une haute branche comme celui-là, on viendrait à pencher vers le comportement d'un chat... un chat perché, bien sûr !
En tout cas ils sont mignons tout plein avec leur belle fourrure noire et blanche. Au fait, ne devrait-on pas plutôt dire : une fourrure blanche et noire ? On le constate sur ces deux photos, c'est bien le blanc qui domine avec seulement quelques tâches noires.
Ils sont marrants avec ces « lunettes » noires autour des yeux et ces deux petites oreilles, toute noire.
Quant à celui ci-dessous, je ne sais si vous avez la même impression que moi en le regardant, il me paraît presque attristé. Pour un peu on lui devinerait un semblant de larmes à l’œil...
On dit (et ce n'est là pas du tout scientifique !) que cet aspect tristounet pourrait être la traduction d'une grosse déception des pandas, ils auraient un rêve inassouvi : mais qu'enfin un des nombreux photographes qui les mitraillent parvienne à réaliser leur portrait mais en... couleurs ! En auraient-ils assez de cet éternel noir & blanc ?
J'ai tout de même une photo de panda en couleurs... prise à l'entrée du centre de recherche. Le rose bonbon lui va bien mais cette œuvre à facettes est moins lisse que le doux pelage d'un panda bien vivant.
Poursuivons la visite en arrivant maintenant près d'un attroupement. Une foule qui semble attentive et captivée. De ce point de vue, je ne vois pas grand-chose avec ce « rideau » de personnes, des adultes, des enfants et une multitude de smartphones levés en l'air. C'est certain, il y a sûrement par ici des pandas à voir !
De toute la réserve, c'est sans doute là que l'on peut voir le plus facilement ces fameux pandas... encore faut-il se faufiler et jouer des coudes pour parvenir en première ligne, près de la barrière. Ça y est, me voici en bonne position pour l'observation. Trois pandas sont parqués dans cet enclos. Sans se soucier de tous ces spectateurs ravis, ils vaquent à leur occupation favorite... manger ! L'un d'entre eux, tige de bambou à la patte et à la bouche, est assis sur un tapis de morceaux de bambous.
Et dire que les pandas aiment paraît-il la solitude. Là, ils sont servis : ils sont trois presque côte à côte sans compter ces dizaines de spectateurs ! Bon, cela n'a pas l'air de déranger celui-ci, qui continue sans relâche de croquer du bambou.
C'est marrant d'observer ces grosses peluches, ils ont souvent des attitudes qui prêtent à sourire. Zieutez par exemple ce gentil panda avec cette façon de tenir son bambou. Ne vous fait-il pas penser à un musicien ? On a l'impression qu'il joue de la flûte traversière... mais non, il grignote. Un détail de leur anatomie est assez original et très pratique pour bien tenir, par exemple, les tiges de bambous. Les pandas sont dotés d'un sixième doigt, comme un faux pouce.
Et que dire de celui-là, bien repu, il est en pleine sieste. Sa corpulence avec son gros ventre m'évoque un bouddha... avec tous le respect que l'on doit aux bouddhas, c'est juste un ironique clin d’œil !
| | À: Jemaflor · 21 décembre 2019 à 11:16 · Modifié le 21 déc. 2019 à 11:38 Re: Chine: au pays des pandas Message 2 de 12 · 2 272 affichages · Partager Une haie de bambous formant une jolie voûte végétale nous conduit maintenant vers un des endroits parmi les plus intéressants de cette réserve : la Nursery.Suivons le flot des visiteurs, sans aucun doute nous ne seront pas tout seul à voir les bébés pandas.
En effet, on fait la queue pour apercevoir les bébés, de plus le temps d'observation est limité. Un gardien scande en boucle une phrase ou plutôt un mot (en chinois) qui doit vouloir dire quelque chose comme : « Avancez ! Avancez ! »
Trop mignonnes ces petites boules de poils au milieu de leur parc entouré de barreaux en bois. C'est à cet âge que les pandas sont les plus attendrissants comme de vraies peluches que l'on verrait bien au pied du sapin de Noël.
Ces deux bébés ont seulement quelques mois et la fourrure de celui qui est étendu pattes écartées paraît encore grise avant sans doute de tirer vers le noir. On attend qu'ils se mettent à faire joujou avec leur balle décorée d'un petit lapin... mais un autre « Avancez ! » parvient à nos oreilles. Nous avons juste le temps de voir un soigneur qui comme une puéricultrice emporte dans ces bras avec beaucoup de délicatesse un de ces bambins, pour quelques soins imagine-t-on.
Dans le box à côté, deux jeunes pandas âgés d'un an, nous dit-on, s'amusent à monter en haut de l'échelle, ses pandas oursons jouent sans doute à chat perché !
Quant aux pandas nouveaux-nés, ils sont bien protégés et couvés à l'abri du regard curieux des visiteurs. Une affiche avec une photo nous montre l'aspect d'un panda à la naissance, tout nu et tout rose. Je vous laisse le regarder et lire les explications... si vous lisez le chinois !
A savoir quand même, à la naissance un panda géant (qui porte bien mal ce nom à ce stade) ne mesure qu'environ 18 cm et ne pèse qu'un peu plus de 100 gr. Son espérance de vie en liberté est en moyenne de 25 ans. Dans la réserve le doyen est âgé de 38 ans. Avec les années la fourrure de l'animal blanchit-elle au détriment des poils noirs ? Bon, je n'en sais vraiment rien !
La reproduction des pandas en captivité est le principal objectif des travaux de ce centre de recherche de Chengdu. Les spécialistes ont du étudier avec précision la fécondité de cette espèce mal connue afin de parvenir à favoriser le renouvellement des pandas. Dans le centre de reproduction on n'est pas peu fiers des résultats obtenus : environ 180 naissances observées ici depuis 1987. Les observations et études ont mis en évidence la faible fécondité des femelles pandas et les difficultés de gestation. Avec seulement quelques jours de fécondité par an, les naissances sont rares. Dans près de 50 % des grossesses les pandas ont des jumeaux mais la mère le plus souvent délaisse un de ses deux bébés, le plus faible. Les pandas appliqueraient-ils la politique chinoise de l'enfant unique ? Pourtant abrogée depuis octobre 2015.
Le panda géant est considéré comme un « Trésor national » en Chine et il a tellement été mis en vedette ces dernières années qu'il est devenu maintenant un emblème du pays. Cette sympathique mascotte donne ainsi une image adoucie de la Chine et de son régime politique... les Autorités chinoises en profitent, histoire d'essayer de passer sous silence le manque de démocratie et le fait aussi de bafouer régulièrement les droits fondamentaux des citoyens du pays... L'engouement et l'utilisation de l'image du panda peut surprendre car certains historiens relèvent que les pandas n'apparaissent que très rarement dans les écrits anciens ni même non plus dans la peinture traditionnelle chinoise.
Les pandas s'avèrent être également de vrais ambassadeurs de la Chine. La Chine excelle dans la diplomatie du gentil panda : des pandas nés en captivité dans cette réserve sont ainsi prêtés à quelques rares zoos à l'étranger, enfin, ils sont en fait loués (et à bon prix : 750 000 Euros annuels pendant 10 ans pour les le couple de pandas résidant en France !). On se souvient de l'événement médiatique au moment de l'arrivée de Huan Huan et Yuan Zi en 2012, c'était au parc animalier de Beauval, ce couple de pandas étant donc les uniques représentants de leur espèce en France.
On a donc évoqué longuement la star locale, le Panda géant et bien qu'il soit discret on a pu en voir plusieurs lors de la visite de ce Centre de recherche, ici à Chengdu. Cependant, il existe une autre espèce de panda... le panda roux, mais serait-il encore plus discret que le noir et blanc ? L'espèce est elle aussi à risque de disparition, ces animaux ont l'apparence qui hésite entre celle d'un raton laveur et celle d'un renard roux. A l'état sauvage, les pandas roux vivent sur les contreforts des montagnes himalayennes. En tout cas dans la réserve nous n'en avons pas aperçu... sauf sur un panneau en présentation à l'entrée du parc et puis aussi dans la boutique souvenirs parmi les très nombreuses peluches.
Des objets souvenirs aux multiples tailles qui s'arrachent comme des petits pains, on est ici en plein « Pandaland ». Des mugs, des portes clés, des stylos à l'effigie des pandas sont proposés aux visiteurs mais un des souvenirs les plus en vogue est le serre-tête du style, oreilles de pandas. Coquet et marrant, n'est-ce pas ?
Fin de la visite du Centre de reproduction des si attachants pandas, on quitte la forêt pour regagner la ville, la mégapole tentaculaire de Chengdu.
-- --
Chengdu, ville principale de la province du Sichuan, dont l'agglomération compte pas moins (et même un plus sans doute) de 18 millions d'habitants ! Un chiffre qui impressionne comme la « forêt » d'immeubles et de hautes tours que l'on peut voir depuis la périphérie jusqu'au centre ville.
Cette vision d'une urbanisation à outrance n'est bien sûr pas l'aspect le plus esthétique de la Chine mais c'est une réalité qu'on ne peut éviter.
Allons faire un tour dans la vieille ville pour y découvrir un habitat plus traditionnel au coeur du quartier de Kuanzhai Xiangzi ; un nom pas facile à retenir mais en chinois c'est bien pire. Ce secteur est désormais tout entier protégé, bien restauré et transformé en site très fréquenté par les visiteurs.
Certes les lieux sont très (trop ?) touristiques, la rançon du succès, toutefois il est très plaisant de flâner parmi ces ruelles particulièrement encombrées,. Encore une fois nous ne sommes pas vraiment seuls, c'est ainsi un peu partout en Chine, on commence à s'y faire.
On chemine plutôt lentement dans ces ruelles et pour cause. Cela laisse le temps au regard de découvrir parmi ce décale, ici, d'anciennes façades de bois sculpté, là, de charmantes cours intérieures.
Et puis, il y a aussi dans les nombreuses échoppes, tout un ensemble d'objets d'artisanat de la région. Comme justement, cet atelier d'ombrelles aux jolies teintes pastel.
Une profusion de spécialités à grignoter sont aussi bien en évidence sur les étals : brochettes, viandes séchées, fritures... jusqu'à ces groins drôlement présentés, on dirait qu'on veut leur « tirer les vers du nez » ! Bref, ici on est plus dans le petit grignotage.
Les amateurs de friandises sucrées sont comblés par de délicieux nougats locaux aux multiples saveurs mais sont également attirés par les étranges gestes de ce commerçant. Il prépare sur place des sortes de gâteaux en forme de boule à base de farine de lentilles. Une préparation des plus dynamiques, les boules sont ainsi lancées de la main de cet homme pour atterrir dans cette cuvette afin de s'enduire de farine ou plutôt de sucre, j'imagine. Voyez-vous la petite boule blanche en l'air sur la photo ? Il faut toute l'adresse de l'artisan jongleur pour qu'elle atteigne bien le récipient.
| | À: Jemaflor · 21 décembre 2019 à 11:35 Re: Chine: au pays des pandas Message 3 de 12 · 2 267 affichages · Partager Quant aux souvenirs à l'effigie des célèbres pandas du Sichuan, on peut s'en douter, à Chengdu, ils sont à chaque coin de rue.
Des fresques murales pleine d'humour, des amoncellements de peluches, des chapeaux et tee-shirt décorés de pandas... J'ai même vu des sucettes en forme de tête et de pattes de panda. Sacrée « pandamania » !
Pour les férus de cuisines relevées, le nom de Sichuan leur évoque immanquablement le poivre récolté localement, réputé pour sa saveur singulière. Sans en abuser, j'apprécie son piquant, avec juste un ou deux tours de moulin pour corser un plat. Une bonne idée de cadeau perso à ramener. Comme en Chine l'anglais est très peu compris (ne parlons pas du français), j'ai pris soin de demander à notre accompagnatrice de noter nom sur un bout de papier.
Et me voici montrant ce nom en deux caractères chinois à une souriante vendeuse d'une boutique, style fourre-tout de spécialités locales. Seulement, il semble exister plusieurs sortes de poivres et de conditionnements, mais lequel choisir ?
Les gestes et les sourires ne suffisent pas à bien comprendre les différences, quant aux explication en chinois... c'est bien du chinois ! La solution semble s'imposer, en tout cas la commerçante nous mine le geste en portant des grains de poivres à sa bouche ! Bof, mais il faut s'exécuter. Nature, un grain de poivre, ce n'est pas vraiment savoureux. Le poivre vert me met la bouche en feu... vite un peu d'eau ! Bon, finalement j'opte pour un sachet de poivre rouge au goût plus doux, façon de parler pourtant la couleur aurait pu faire penser à une saveur plus pimentée. A bien regarder ces grains, on constate qu'il s'agit en fait de l'enveloppe séchée des grains du poivre rouge du Sichuan que l'on doit broyer pour poivrer les plats.
Encore plus épicés, voici un étalage de piments locaux, les habitants du Sichuan en sont particulièrement amateurs. Cette plante est toujours utilisée pour pimenter la préparation signature du Sichuan et de Chongqing : la fondue chinoise, un plat qui sera à notre menu du soir. Les chinois dînent en général assez tôt, dès 18 heures, en ville, les restaurants se remplissent et dans l'imposante ville de Chengdu, on ne manque pas de tables pour déguster cette fondue locale, il y aurait quelques 20 000 restaurants dans l'agglomération.
La fameuse fondue est prête au centre de la table, un bouillon chaud dans lequel on plonge toute une série d'aliments bien disposés autour de la table : choux, oignons, champignons, raviolis, pâtes de riz, bœuf au lait, jambon... et j'en oublie. Une fois cuits, les morceaux sont assaisonnés dans une petite coupelle contenant de l'huile de sésame, de la coriandre, de l'ail, du sel et pourquoi pas un peu de poivre local si l'on trouve que la saveur n'est pas assez relevée ! Pour épargner les papilles sensibles des étrangers, les serveurs vous proposent (à votre demande) une double présentation avec un bouillon moyenne épicée et au centre un bouillon à la teinte rouge, c'est à dire particulièrement pimenté... pour les palais sensibles, mieux vaut y goûter à petites doses ! Bien sûr, du riz est proposé en accompagnement, comme d'habitude sur toute bonne table chinoise.
A déguster, cette fondue chinoise est délicieuse. En revanche, le bouillon très pimenté n'est pas ma tasse thé ! Au fait, comme boisson pour accompagner le plat on vous sert volontiers du thé et souvent de la bière. Comme pour nos fondues françaises (savoyardes ou bourguignonnes), ce plat rend l'ambiance très conviviale tout autour de la table. Le challenge est de ne pas échapper une portion dans le bouillon... mais en Chine, le challenge se pimente car avec des baguettes dont on ne maîtrise pas la technique, les morceaux d'aliments on vite fait de plonger et de ce noyer dans le plat.
--
Pour retourner à notre hôtel, nous n'avons qu'une rue à traverser. Un hôtel à la décoration toute tibétaine. Histoire sans doute de nous faire prendre conscience que nous ne sommes qu'à environ 500 kilomètres de la frontière du territoire tibétain. En comparaison des grandes distances de l'immense Chine, ce n'est finalement pas si loin. En effet, cette région du Sichuan borde le Tibet, un pays qui n'est en fait qu'une « province » sous emprise chinoise ! Chengdu étant la plus importante agglomération de l'Ouest chinois. Un yack, animal si emblématique du Tibet, trône au beau milieu du hall d'entrée de l'hôtel. Un yack doté d'une imposante paire de cornes et paré d'étoffes. Aucune crainte à avoir, il est empaillé !
Pour le petit-déjeuner, nous aurons droit à goûter du thé au lait de yack. Un des thés proposés avait une couleur tirant vers le jaune ? Côté saveur, il m'a paru très crémeux, pas étonnant, c'était du thé au beurre de yack. Certes, plaisant au palais mais j'avoue que je n'en ferai quand même pas la boisson quotidienne de mon petit-déjeuner. Voilà un thé qui véritablement vous cale l'estomac pour une bonne partie de la matinée.
--
En jetant un coup d’œil sur la ville depuis une fenêtre de l'hôtel, on constate que le ciel est couvert et que la pluie est au rendez-vous. On s'en serait bien passés. Le climat de la région est connu pour être chaud et humide. On compte, nous dit-on, environ deux cent jours de pluie par an dans ces contrées. En été les périodes caniculaires sont fréquentes à Chengdu, les 35°C sont habituels au cœur de la saison estivale.
Dans les rues les parapluies sont de sortie en ce matin de septembre... alors que nous nous dirigeons vers le plus grand temple bouddhique de Chengdu, le Wenshu.Ce temple monastère de l'époque de la dynastie Tang est dédié à Wenshu, le bodhisattva de la Sagesse (un bodhisattva est un bouddha sur la voie d'atteindre le fameux « Éveil ».
Une architecture traditionnelle pour ces bâtiments : toitures pagodes, lanternes et salles de prières où se prosternent les fidèles au pied de bouddha.
L'ambiance est au recueillement et dans les airs flottent des effluves d'encens.
Au centre d'une des salles trône un jovial bouddha étincelant de dorures. Son sourire est avenant et son ventre bien proéminent... ce serait le résultat de l'ingestion, en quantité, des soucis et des tracas que les fidèles lui transmettent.
Le monastère Wenshu est sous bonne protection avec cette créature animale de la mythologie bouddhique, elle est située dans la cour du temple. A propos d'animaux et avec un peu d'humour, on constate que ce temple fait parti des lieux (rares) à Chengdu où l'on ne croise aucune effigie de l'emblématique panda local. | | À: Jemaflor · 21 décembre 2019 à 11:58 · Modifié le 21 déc. 2019 à 14:44 Re: Chine: au pays des pandas Message 4 de 12 · 2 264 affichages · Partager On reste dans l'atmosphère de bouddha pour notre visite suivante mais on change d'échelle. Nous quittons le centre ville de Chengdu pour la ville de Leshan à 140 kilomètres plus au sud. Là, c'est un Grand Bouddha que l'on vénère. Imaginez, quelques 71 mètres de hauteur pour cette œuvre sculptée à flanc de falaise. Un bouddha sensé protéger les habitants des tumultes et des courants dangereux de trois rivières qui confluent en ce lieu.
Nous voici face à la Dadu, la Min et la Qingyile, les trois cours d'eau de la région, utiles pour la navigation mais parfois meurtriers lorsque les eaux s'affolent. Mais avec le bouddha géant qui veille, on est théoriquement sous protection... sauf qu'aujourd'hui, après des pluies torrentielles en amont, le courant est puissant, incontrôlable. On le comprendra vite, la balade fluviale en bateau prévue sera annulée, la navigation s'avère trop risquée. Mais alors, que fait notre Grand Bouddha, soit disant protecteur, on se le demande ?
Pas d'observation possible depuis l'eau, qu'à cela ne tienne ! On le verra ainsi de plus près, depuis le belvédère que constituent les rochers du sommet des falaises. Ainsi le très Grand Bouddha, on va même le dominer. Parvenir en haut de la falaise nécessite de grimper, marche après marche, la haute paroi rocheuse. Une longue procession de visiteurs s'échelonne sur ce parcours en zigzag avant d'atteindre la proximité de l'énorme tête du géant de pierre. Impressionnant !
Une visage au regard apaisé empreint de sérénité mais une carrure d'athlète de haut niveau (la formule paraît adaptée), 28 mètres de large à hauteur des épaules et que dire de ces oreilles gigantesques : 7 mètres de dimension, elles symbolisent la Sagesse.
Et de ce point de vue plongeant mais en partie masqué par la végétation environnante, on ne voit pas la taille des orteils : 8 mètres et demi... au fait, cela correspond à quelle pointure pour trouver une paire de chaussures à son pied ?
Un tel monumental bouddha est classé Monument National et de pus il est inscrit depuis 1996 au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Pour autan, il n'est pas le plus grand bouddha de Chine, non, dans la province du Henan, un bouddha concurrent s'élève à 128 mètres, géant !
En tout cas ce vénérable colosse de Leshan surveille et protège la navigation locale depuis l'an 713. Un bouddha respecté par les habitants mais moins par les éléments naturels... la pierre a beau être dure et résistante, au fil des temps, l'eau et son ruissellement mettent à mal le puissant géant de calcaire. Pourtant les sculpteurs avaient semble-t-il tout prévu avec la réalisation d'un réseau de drainage. On le devine (un peu) lorsqu'on observe attentivement la coiffe imposante du bouddha. Mais le « Colosse aux pieds d'argile » souffre peu à peu de l'inévitable érosion naturelle.
D'un tel point de vue, on se sent lilliputien face à cette tête de géant. Pour pouvoir le côtoyer de haut en bas, il faut emprunter les escaliers disposés à côté de la sculpture.
Apercevez-vous la densité de la foule qui se bouscule sur ces marches ? Une chaîne humaine qui s'apparente à des fourmis ouvrières en colonne. Et ça bouchonne ! Les gens piétinent, font du surplace... au moins cela laisse du temps pour admirer le bouddha. Du temps oui, mais un peu trop à notre goût : sur le plan pratique cela signifie deux heures et demi d'attente à piétiner, nous annonce-t-on ! On se contentera donc de voir le Grand Bouddha en entier... mais sur cet écran.
Sur ce site dédié à bouddha, le très grand est accompagné d'autre bouddhas mais de taille plus modeste, on les trouve dans le monastère situé sur le haut de la falaise.
Un premier bouddha rutilant sous les lumières, puis des offrandes « fruitées » placées devant l'autel. Quant aux fidèles, ils sont concentrés sur leurs prières.
On passe de salle en salle alors qu'un moine frappe un gong... et gong, gong !
Parvenus dans la salle principale on est à présent face à une bouddha hilare au sourire communicatif, il arbore une teinte cireuse, une belle bedaine et de larges oreilles qui pendent de chaque côté de son visage.
Une telle décontraction tranche avec l'air furieux de ce roi céleste, gardien du temple. Il apparaît brun rouge de colère avec des yeux exorbités aussi ronds que la boule qu'il tient entre ses doigts.
Le moment est venu de quitter la cité de Leshan en jetant un dernier coup d’œil au(x) fleuves(s). Et sur la photo ci-dessous, on constate qu'à Leshan, il n'y pas seulement l'imposant bouddha minéral qui est immense, les immeubles le sont aussi, hauts et larges, c'est ainsi un peu partout en Chine.
--
Passé les tours et les barres de buildings, on se retrouve ensuite en pleine campagne. Ouf ! Des parcelles cultivées s'étendent sur une grande partie de la plaine jusqu'aux lointains contreforts montagneux, estompés par la brume. Le climat régional et les sols sont spécialement favorables aux cultures, sous serres ou en plein champs.
Vignes, orangers, rizières pour n'en citer seulement que quelques unes des productions locales. Par endroits, les ouvriers agricoles bien alignés sont au travail sous quelques gouttes de pluie, seul le chef semble abrité sous un parapluie.
Alignées aussi ces habitations modestes où les toitures souvent de couleur bleue contrastent avec le vert de la végétation environnante. La campagne dans cette région sichuanaise prend un aspect un peu fouillis et pas d'un esthétisme qui enthousiasme le voyageur (et le photographe). Bref, il y a bien là sur le bord de la route quelques sauges rouges, une manière d'égayer un peu le paysage de cette route finalement assez monotone.
De la route de campagne à l'autoroute... Parmi les nombreux accès à la ville de Chengdu vers laquelle nous nous dirigeons, l'autoroute du sud de la métropole est une large voie toute rectiligne sur des dizaines et des dizaines de kilomètres... et sur tout son long elle est jalonnée de constructions : des concentrations d'immeubles en chantier à n'en plus finir, des entrepôts, des usines... une (des) ville nouvelle gagnée sur des hectares de paysages de campagnes... impressionnant et presque déprimant !
Finalement ma photo ci-dessus, prise un peu au hasard, n'est qu'un reflet bien partiel de ce que l'on peut voir dans le sud de Chengdu.
--
Et voilà que parvenu dans le centre de la grande métropole régionale on tombe à nouveau sur une évocation de la fameuse mascotte chinoise, je veux parler du sympathique panda, évidemment !
Sur cette affiche, notre ami panda est représenté un foulard autour du cou. Un foulard rouge qui tranche avec son pelage blanc et noir. Un panda habillé ainsi pour une fête, celle du Soixante dixième anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine, fêté en grande pompe le 1er Octobre de cette année 2019.
--
Prêt à quitter Chengdu en attendant patiemment mon train dans l'immense gare de Chendgu, mon regard s'arrête encore sur une image de panda... le voyez-vous sur l'affiche publicitaire en haut à droite ? Décidément, dans la province chinoise du Sichuan, on est vraiment au pays de l'emblématique et si attachant panda.
Jean SM - Chengdu – Sichuan – CHINE - Septembre 2019.
PS : Ps : Ces pandas sont si attachants que j'ai eu l'envie au retour de leur consacrer un de mes dessins. Je me suis inspiré d'une gravure observée lors de mon voyage sur place. Un dessin à l'encre de Chine et en noir et blanc, cela s'imposait... j'y est ajouté quelques touches de couleurs, avec un vert dans les tonalités des feuilles de bambou.
| | À: Jemaflor · 21 décembre 2019 à 12:48 Re: Chine: au pays des pandas Message 5 de 12 · 2 252 affichages · Partager Bonjour, Et merci pour ces très bonnes photos qui mettent en valeur un Shanghai méconnu. Cette ville est immense mais aussi très variée. Je suppose que vous avez aussi parcouru les derniers lilongs ?
Pour revenir à Chengdu et à son "incontournable" Centre de recherche et de reproduction du panda géant, dommage que vous n'ayez pu apercevoir les trop craquants pandas roux. Il y a un enclos qui leur est dédié, mais aussi ils se baladent en liberté dans l'ensemble du parc. Avec un peu de chance :
Certains me diront qu'on peut faire les mêmes photos dans plein de zoos français. Certes... | | À: Jemaflor · 21 décembre 2019 à 13:47 Re: Chine: au pays des pandas Message 6 de 12 · 2 237 affichages · Partager Bonjour Jean, Un très grand bravo pour ta véritable "thèse" sur le PANDA.... ou "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le panda sans oser le demander" . Même sans attirance particulière pour les animaux, je dois reconnaître que tes photos sont craquantes . Quant à la ville de Changdu et la vie chinoise, mon attrait s'estompe nettement, mais ton récit vivant rend compte d'une réalité qui mérite sûrement d'être vécue. Bonnes fêtes Jean | | À: Cheechako · 22 décembre 2019 à 17:45 Re: Chine: au pays des pandas Message 7 de 12 · 2 186 affichages · Partager Merci pour ce commentaire et pour cette contribution avec ces belles photos notamment de pandas roux... que je n'ai pas vu au Centre de Recherche sur les pandas de Chengdu. C'est vrai que comme tout en Chine, ce parc est vaste et il est difficile de tout voir...
Vous évoquez des photos de Shanghai dans votre message... mais dans ce récit, il s'agit de photos et d'évocation de la région de Chengdu ! Concernant Shanghai, la très intéressant mégapole, je l'évoque avec des impressions et des photos dans un autre de mes récits, en ligne sur VF :
voyageforum.com/...e-yangshuo-d9802355/
| | À: KaniBé · 22 décembre 2019 à 17:51 Re: Chine: au pays des pandas Message 8 de 12 · 2 182 affichages · Partager Merci Jean pour ce sympathique message, ils ont quelque chose d'attendrissant ces pandas... mignons comme des peluches posées au pied du sapin de Noël.
Et puis connaissant ton intérêt pour la photo (voir ton talent dans tes posts réguliers notamment dans le concours photo sur VF), on peut dire que les pandas sont photogéniques mais pas toujours faciles à capturer en photo : parfois masqués dans les feuillages des bambous, un peu trop dans l'ombre et souvent difficile à « portraitiser » avec un regard expressif et les yeux bien ouverts.
Concernant ta remarque sur les villes chinoises... c'est vrai que ces « forêts » d'immeubles et cette démographie galopante sont parfois (enfin souvent) un peu effrayantes. Mais il y a les Palais, les pagodes, les sites culturels, l'observation de la vie quotidienne des gens et les « skyline » et bien d'autres aspects intéressants à découvrir dans les villes en Chine... | | À: Jemaflor · 22 décembre 2019 à 19:01 Re: Chine: au pays des pandas Message 9 de 12 · 2 170 affichages · Partager Bonsoir,
Vous évoquez des photos de Shanghai dans votre message... mais dans ce récit, il s'agit de photos et d'évocation de la région de Chengdu !
Exact ! Porté par ce récit, j'ai aussi lu l'autre (que j'ai également.apprécié).. et puis j'ai tout mélangé en vous répondant ! Honte sur moi ! Et mes plates excuses.... la photo de Pudong ci-dessous m'interpelle par son ciel pur. Un ami qui a habité 5 ans à Shanghaim'a dit ne l'avoir vu ainsi que quelques jours en tout sur ces 5 années. Cordialement. | | À: Jemaflor · 25 décembre 2019 à 4:59 Re: Chine: au pays des pandas Message 10 de 12 · 2 121 affichages · Partager Bonjour,
Bonne fête,
Et merci pour ce retour 'délicieux' ! | | À: MélissaMM · 27 décembre 2019 à 18:28 Re: Chine: au pays des pandas Message 11 de 12 · 2 087 affichages · Partager Merci pour ce commentaire... je vois que vous résidez dans une bien belle région que j'ai eu plaisir à découvrir lors de mon périple en Chine. La région de Guilin et de la rivière Li avec ses étonnants paysages de pics karstiques ne s'oublie pas | | À: Cheechako · 27 décembre 2019 à 18:36 Re: Chine: au pays des pandas Message 12 de 12 · 2 086 affichages · Partager Merci pour ce petit mot... et vraiment la confusion entre les récits n'était pas vraiment importante. Concernant votre remarque sur le beau temps dont nous avons bénéficié à Shanghai avec ce ciel dégagé, parait-il assez rare, j'ai déjà eu, par ailleurs, cet avis de personnes ayant résidé plusieurs mois sur place... on mesure donc notre chance . Au cours du périple nous avons également eu du très beau temps ensoleillé dans la région (splendide) de la rivière Li et aussi à Hong Kong. En revanche, du côté de Chongqing et du fleuve Yangtse... c'était moins bien avec souvent beaucoup de brumes et un ciel laiteux... | Carnets similaires sur la Chine: Heure du site: 5:11 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 233 visiteurs en ligne depuis une heure! |