Norway to hell Auk · 19 mars 2020 à 16:05 · 161 photos 49 messages · 18 participants · 10 973 affichages | | | 19 mars 2020 à 16:05 · Modifié le 24 mars 2020 à 16:06 Norway to hell Message 1 de 49 · Page 1 de 3 · 8 513 affichages · Partager
En ces temps coronatroublés, rien ne vaut de se remémorer le dernier voyage touristique que l’on a fait avant le plongeon dans le néant sanitaro-économique. La Norvège, plus précisément sa côte ouest et ses fjords, sera donc le sujet de ce carnet en 31 épisodes dotés chacun d’une bande-son, plutôt rock d’ailleurs. Attention, lecteur, vous vous exposez à un certain nombre de clichés pas du tout exagérés et de blagues pourries. I have nothing to offer but fjord, joy, tears (of the sky) and sweat.
Donc la Norvège, c’est l’apocalypse budgétaire dans votre portefeuille. D’où le titre (c’est tiré par les cheveux mais je ne refuse jamais un jeu de mots). Mais ce n’est pas que cela, c’est aussi fort joli, propre, policé et réellement rempli de charmantes têtes blondes. La Norvège, c’est également une monarchie pétrolière du golfe persique qui s’est égarée sur des terres glacées. Eh oui, c’est tout de suite plus facile d’être riche quand ils ont du pétrole (« mais ils n’ont que ça » aurait ajouté un jaloux), qu’ils sont peu nombreux et pas très partageurs. Allez, quelques détails pour commencer sur un plan aussi bien techeunique que tacqueutique
Le trajetEn voiture Simone ! Depuis le Massif Central jusqu’à la Norvège avec une C3. J’avais décrété 2019, année sans avion. Donc c’était la voiture, certes petite mais costaude, où l’on a pu entasser notre matériel de camping. On en a profité pour prendre un covoitureur qui allait se perdre en Norvège pour l’été. Plus on est de fous entassés, plus on rit. Sur place, j'ai limité fortement notre aire d'action géographique. Je le connais le piège de faire une liste longue comme le bras et de courir tout le voyage tel un chien de ferme après un mollet cycliste. Il s'agissait de se cantonner au riz euh pardon à la façade sud-ouest du pays sans aller plus haut qu'Ålesund. Et comme il y avait un certain nombre de lieux qui me faisaient de l’œil, nous avons quand même eu un trajet digne d’une otarie bourrée essayant d’échapper à une orque affamée. On a finalement fait l’essuie-glace obliquement dans l’Ouest : à gauche, à droite, à gauche, à droite, à droite, A DROITE [NDLA : arrête Jeanmimi, t’es lourd]. Il faut dire que les fjords et les montagnes n’arrangent pas les affaires du voyageur adepte des routes rectilignes, et cela malgré la passion tunnelière locale.
Le lien vers la carte du trajet : u.osmfr.org/m/434267/
Les NorvégiensLes Norvégiens sont des êtres blonds aux yeux bleus, parfois d’un blond tellement blond qu’on dirait qu’ils ont appliqué de la javel sur leurs cheveux. Effet secondaire qui donne la chair de poule, cela fait disparaître les sourcils... Le Norvégien est réservé et poli. L’été, soit il se balade torse nu, soit il quitte le pays pour des horizons plus propices au rougeoiement de sa peau laiteuse où il pourra faire valoir son pouvoir d’achat dément. La Norvégienne quant à elle a une prédisposition naturelle à se promener en sous-tif ou brassière dès le premier rayon de soleil. Le dimanche, jour du Seigneur et de l’hypocrisie, le Norvégienne ne boit pas (vente d’alcool interdit !) les autres jours, iel se cache pour boire puis déambule cahin-caha entre les maisons de bois à la pelouse verdoyante. La Norvégien apprécie également les sorties familiales du dimanche après-midi où il peut effectuer 1000 mètres de dénivelé en 3,5km avec ses enfants de 7 et 9 ans. Le tout les doigts dans le nez.
Le logementLe logement, c’était principalement notre tente de 2 m² que nous avons montée/démontée dans des campings de qualité très variable pour un prix pas donné. Souvent les sites sont jolis mais plantés en bordure de route malgré l’espace qu’offre le pays. Ca manque quand même d’arbres ou arbustes et d’emplacements un tant soit peu délimités. Ce dernier point permet pendant les nuits les plus chaudes de l’été d’entasser les touristes de passage dans une promiscuité certaine et de rentabiliser un maximum l’espace. Malynx le Norvégynx ! Par contre, les sanitaires sont en général en bon état mais avec douche payante. Bref, le camping c’est le moyen de logement le plus abordable hors camping sauvage mais en général, la qualité est moyennasse au vu des prix. J’ai séché une petite larme en pensant à feus les campings des parcs nationaux et provinciaux canadiens. Requiescat in pace. Pour reprendre notre souffle, nous avons quand même varié les plaisirs avec des logements en b&b, du camping sauvage, des hytter (des petites cabanes souvent présentes dans les campings mais également ailleurs, très pratiques, pas trop chères pour la Norvège et aux prestations variables : électricité, eaux courantes en option par exemple) et une nuit en « refuge ». Les refuges, il y en a partout la plupart sont accessibles à pied, non gardés avec parfois une sorte de self-service payant.
La bouffeCourez en Norvège (ah mince vous êtes confinés) et vous me direz des nouvelles du Brunost [NDLA : gniark, gniark, gniark]. Sinon c’est cher mais pas mauvais globalement, peu porté sur le poisson hors saumon d’élevage et assez roboratif. Et bonne surprise pour moi, il y a quand même une tradition boulangère et même s’il y a peu de boulangeries, on peut trouver pleins de pains et de sorte de viennoiseries dans les supermarchés. Cela égaie les multiples piques-niques.
Avant de commencer le carnet proprement dit, entamons notre hymne norvégien : So many stop signsSpeed limitCurves’ gonna slow me downLike a wheelGonna spin itTourists’ gonna mess me aroundHey, SatanPayin' my tollsBein’ among sheepin' bandsHey, mammaLook at meI'm on the way to the promised land
Jour 1,5 60 mph – New OrderClermont-Ferrand - Neumünster A nous les petites autoroutes allemandes tant prisées de ce côté du Rhin pour l’absence de limites de vitesse. Parcours Montbéliard – Fribourg – Karlsruhe – Francfort – Kassel – Hannovre – Hambourg – Neumünster. C’est long et pénible avec des travaux publics pas très deutsche Qualität tous les 20 kms, un trafic chargé et des zones limitées sans limite de vitesse qui rendent la conduite dangereuse : à droite ça roule à 90, à gauche à 200 pour les plus fous et comme c’est saturé, ça donne un résultat sportif et désagréable. Je me demande comment ils font pour avoir aussi peu de morts sur les routes en Allemagne. A part ça, le voyage est sans histoire, le colis covoitureur est livré à Fribourg et on arrive entiers et fatigués à Cathédraleneuve.
Jour 2 Seemann – Rammstein Neumünster - Kristiansand
Les autoroutes allemandes c’est rapidement fini, on revient à de la tranquillité avec le Danemark. Nous avons choisi de prendre le ferry Hirtshals- Kristiansand qui permet d'arriver plus rapidement sur la côte ouest Et comme on a beaucoup d’avance sur l’horaire du ferry Hirtshals- Kristiansand, on se permet un détour vers une dune danoise dominant la mer du Nord. Le temps est pas idéal et le coin est assez fréquenté. Bof. Le voyage en ferry est sans histoire, les Norvégiens en profitent pour faire des réserves d’alcool et de legos (les deux produits les plus présents dans les magasins du bateau). Nous voilà enfin en Norvège, 1900 kilomètres plus tard, sur la plage de Christian. Sacré Clavier qui a fait des fidèles un peu partout en Scandinavie.
Jour 3 Why does it always rain on me? - Travis180 km Kristiansand – Hauge Notre premier jour en Norvège et ça ne s’annonce pas glorieux, plutôt gris tendance pluie. Nous commençons par un rapide passage par un bout de zone payante de Kristiansand juste pour le plaisir et accessoirement quitter cette ville. Je me suis inscrit, par honnêteté, sur le site internet des péages norvégiens (gérés d’ailleurs par une société anglaise) et par la grâce de caméras bien placées, nous allons devoir payer quelques euros pour à peu près 100 mètres dans ladite ville. Pfff. Quant au programme aujourd’hui, nous allons à la conquête de l’ouest, l’ouest de Kristiansand et nos plans capotent très largement. Ca tombe, ça tombe, ça dégouline, dégringole, s’abat, déverse, pleuvoche, tantôt torrentiel, tantôt bruineux. Pas question de faire une rando ou toute autre activité de plein air. Je m’aperçois en plus dans la journée que mon imper n’est plus imperméable et que j’ai oublié mon surpantalon. Prions, mes bien chers Frères, mes bien chères Sœurs pour que la météo soit clémente. Sinon ça va être long. Dans un premier temps, jusqu’à Flekkefjord, nous nous mouvons plus ou moins le long de la côte sans l’apercevoir, d’une parce que c’est complètement bouché, de deux parce qu’il est difficile de distinguer ce qui tient d’un lac ou d’un fjord, de trois parce que la route principale ne suit pas la côte. Nous nous rabattons donc sur la visite sans trop musarder des petites villes blanches du sud de la Norvège, leurs villages blancs andalous à eux mais en différent : avec du bois, de la pluie et de la mer. Premier arrêt à Mandal, un vrai coup dans le cœur. Deuxième arrêt : Flekkefjord, très mignon. Troisième arrêt version hameau, Stornes en entrée de fjord, très, très mignon. Quatrième arrêt : Sognalstranda, très, très, très mignon. C’est le règne de la mignonitude humide. Une maison en bois par ci, un entrepôt en bois par-là, et des garages à bateau à foison.
Pas un temps à mettre un chat norvégien dehors (Flekkefjord)
Pas un temps à mettre un bateau norvégien dehors
Mais pourquoi on est dehors nous alors ? (Sognalstranda)
Interlude de pipeau très intéressant : ces villes/villages, souvent fondés aux 17ème et 18ème siècle, sont les témoins de la politique mercantiliste du royaume du Danemark. L’État balbutiant entend organiser la production, la commercialisation et l’exportation des ressources comme le bois, les poissons et certains métaux de Norvège. Cette politique passe par la mise en place d’exploitations/manufactures à tendance monopolistique et la spécialisation des ports avec monopole des marchands d’abord hanséatiques (16ème siècle) puis néerlandais (17ème siècle) et enfin danois (17-18ème siècle). C’est d’ailleurs pour cela que le vieux centre de Flekkefjord est surnommé la ville hollandaise. Ce système mercantiliste fera par ailleurs les malheurs de l’ Islande forcée de se soumettre pendant deux siècles à une compagnie royale danoise monopolistique à même d’imposer ses tarifs et ses conditions d’échange de marchandise. Les siècles sombres comme les appellent les Islandais ont en grande partie comme origine cette organisation économique très profitable pour la royauté danoise, beaucoup moins pour les habitants de l’île. La route 44 après Flekkefjord vaut par ailleurs son pesant de cacahuètes même si les conditions ne sont pas optimales pour en profiter. Tout le coin a été nommé magma geopark (patrimoine de l’UNESCO) dans une poussée de marketing touristique, des roches de la croûte terrestre d’une zone de subduction ayant fini par apparaître sous l’effet de l’érosion si j’ai bien compris. Point de volcan donc mais des effleurements d’anorthosites qui forment des paysage rocailleux arrondis et stériles comme autour d’Helleren et d’Åna Sira où devait se dérouler notre première randonnée norvégienne, projet qui tombe à l’eau (ahahah), noyé sous les larmes du ciel (ahahah). La partie la plus spectaculaire du trajet se trouve entre Åna Sira et Hauge où la route serpente tant bien mal entre les rochers. Nous goûtons le soir venu à la douceur des campings norvégiens : une espèce de carrière dans un espace réduit entre deux collines, un sol gravillonneux, pas de végétation et roule ma poule. Le seul avantage réside dans la vue en bout de carrière sur la côte. Pas vraiment de cuisine aménagée, des douches payantes : prometteur ! Le coupable aujourd’hui est le Vågan camping (garanti sans viande).
Jour 4 Sous le soleil exactement – Serge Gainsbourg186km Hauge – Lysebotn Nuit et brouillard ce matin sur la Norvège et pourtant nous gardons espoir, le soleil vaincra. Nous continuons la route côtière pour faire une petite balade (4km aller-retour) jusqu’au Hådyr. C’est humide, boueux, bourbeux, fangeux, marécageux, tourbeux, machineux. C’est également l’occasion de compter la deuxième victime du voyage : le terrain a raison de mes chaussures de marche basses. Flap flap, bain de pieds et macération. Décidément, je suis équipé pour affronter l’humidité scandinave ! Arrivés au rocher censé donner un point de vue sympa sur la côte, c’est la douche froide (avec beaucoup de vapeur d’eau, la douche) : à gauche, du brouillard, à droite, du brouillard, droit devant, du brouillard, derrière, du brouillard et un bruit de ressac à nos pieds. Comme on est patient et qu’on croit en dame météo, nous nous asseyons pour attendre la percée du soleil. Une heure et quelques hésitations plus tard, ça se déchire (très) petit à petit, de quoi entrapercevoir une côte que je qualifierai de dantesque. J’adore ces rochers granitiques usés par les siècles, qui forment des forêts de sentinelles face à la mer.
Les portes de l'Hådyr s'ouvrent et pas de cerbères à l'horizonEt ça tombe bien que j’adore ce paysage puisque pour l’étape suivante (décidément le gentil organisateur a tout prévu !), nous traversons sans s’arrêter Egersund, autre petite ville en bois, pour Eigerøya, son phare et son paysage rocailleux sous le soleil exactement, un soleil de plomb je dirais même plus. La baladounette de l’après-midi de 4 km est sans difficulté sur une autoroute pédestre et permet d’accéder à un point de vue maousse costaud sur l’île d’Eiger et son phare.
C'est un roc ! C'est un pic ! C'est un cap ! Que dis-je c'est une péninsule [miniature] !
Eigerøya en beauté
Si j’ai bien compris le norvégien, øy est le suffixe pour île et a celui pour « la » en général, même si la langue se scinde en deux types distincts nynorsk et bokmål et en de nombreuses variantes dialectiques locales qui provoquent des orthographes changeantes des panneaux et des cartes. Par exemple, kirke (église en bokmål) s’écrit aussi kyrkje en nynorsk, voire a d’autres déclinaisons locales plus obscures. Le nynorsk, pour ceux qui ne connaissent pas, est issu d’une (re)création linguistique du 19ème siècle type occitan ou breton en France : pour donner à la Norvège une langue pure de toute saleté étrangère, danoise plus particulièrement, des linguistes ont construit une langue sur un mélange des dialectes considérés comme les moins viciés par l’outre-Skagerrak, c’est-à-dire ceux du Telemark et des fjords du sud-ouest. A contrario, le bokmål est un dérivé dédanoiïsé de la langue parlée (du danois grosso modo) dans les villes comme Oslo au début du 19ème siècle. De nos jours, il y a donc deux langues officielles et le nynorsk est très connoté nationaliste et perd du terrain : 13% des Norvégiens, principalement dans l’ouest, le parlent comme langue maternelle. Nous nous dirigeons ensuite vers l’intérieur des terres en direction de Lysebotn, le paysage change, pâturage, forêt et lacs avant de rentrer dans des zones à l’environnement plus âpre et tourmenté. Gloppedalsura (à vos souhaits) est l’occasion d’un arrêt bienvenu pour un point de vue sur un chaos de rochers impressionnant et son lac attenant.
Gloppedalsura, lieu de franche rigolade entre Allemands et Norvégiens pendant la Seconde Guerre MondialeNous remontons ensuite la Øvstabødalen, vallée glaciaire à citer dans toute conférence de géologie de bon niveau pour la perfection de sa forme en auge. Le parcours est varié, peu fréquenté et plaisant avant de plonger sur une zone moins sympa bien dotée en stations de ski et en habitat folklorico-traditionnel, ici des immeubles/chalets en bois sombre et toit végétalisé. L’avantage, au-delà du côté très artificiel des stations, c’est que les bâtiments se fondent dans la végétation.
La dernière partie du trajet, très belle mais pas très agréable à conduire tant la petite route est saturée par la circulation, traverse un plateau rocailleux avant de plonger vers le Lysefjord. Malheureusement, la route de descente, assez connue (elle est le lieu d’une compétition estivale de ski sur route très cotée) une fois passée le restaurant et bien que sûrement impressionnante vue d’un drone, n’offre quasiment aucune vue sur la vallée et le fjord. Ce qu’elle offre par contre, c’est un tunnel en épingle à cheveux, un classique que l’on retrouvera à plusieurs reprises dans les fantaisies souterraines norvégiennes. Le camping du soir, bonsoir, le Kjerag Lysebotn camping, jouit d’un site splendide et est bien équipé (cuisine, sanitaire). Malheureusement, comme on est en Norvège, il n’y a aucun arbre/arbuste et une promiscuité assez forte et accentuée par l’affluence d’un jour de juillet ensoleillé. Bref on se marche dessus comme des manchots en période de reproduction dans leur colonie.
Quand je vous dis que le site est splendide...
Jour 5 Highway song – System of a Down78km Lysebotn - Hjelmeland Aujourd’hui, c’est notre journée rando de masse dit trek pour ceux qui se sentent une âme d’aventurier, juste une âme, il ne faut pas trop abuser de l’aventure. Donc aujourd’hui, c’est le Kjeragbolten, concession faite à la liste des randonnées obligatoires. La Norvège fait partie de ces pays où la randonnée est l’une des activités touristiques obligatoires y compris pour des personnes qui ne marchent jamais par ailleurs. Pour la Norvège, l’activité s’effectue bien sûr en masse sur les mêmes chemins en cochant les fameuses cases de la to do list comprenant dans l’Ouest Preikestolen, Trolltunga, Kjeragbolten, Bessegen et Aurlandsdalen. Nous nous sommes contentés du rocher suspendu Kjerag, choisi car dans mon esprit, moins facilement accessible au commun du touriste (et moi je suis un touriste hors du commun, un tourista). C’est sûrement vrai mais cela n’empêche pas le monde... Je le savais, je le savais, j’étais prévenu, j’ai râlé avant, j’ai râlé pendant, je râle encore après et pourtant je n’ai pas d’oiseau dans la gorge et il n’y avait pas de genêts dans la balade (cf le râle des genêts pour comprendre la blagounette). La randonnée commence par un parking gigantesque au tarif prohibitif. Nous payons sans moufter nos 30 euros (un repas dans un resto semi gastro en France pour ceux qui n’ont pas le sens des valeurs). J’espère que personne ne s’arrête juste pour voir la vue car de vue il n’y en a point : le point de vue est occupé par un restaurant qui met un point d’honneur à boucher accessoirement la vue. Et pour accéder à sa terrasse/point de vue, il faut payer. Bon, nous, on a du pain sur la planche et quelques montées raidasses en attente. Dont acte. Trafic fluide en ce début de matinée, quelques problèmes de surchauffe moteur pour la première montée puis la vitesse de croisière est atteinte pour une arrivée prévue à 10h30. Ce n’est pas encore un bouchon au niveau du rocher mais la circulation est déjà dense à l’approche. Au retour, le trafic est extrêmement chargé et les comportements touristico-idiots se multiplient (équipement inadéquat, coupage des routes à travers champs, ralentissements dus aux selfies intempestifs. Ne pas utiliser votre téléphone en conduisant, que la sécurité routière vous dit !).
Pas un coin où amener sa traban
Sur le fond, la rando, 12 km et 700 mètres de dénivelée, est très chouette avec de belles vues sur le fjord et Lysebotn en particulier au début de la 3ème montée et tout au bout.
Le Lysefjord
Le caillou est flippant et spectaculaire tout comme la plateforme juste à côté. Une queue au bord d'un à pic de 1000 mètres se forme pour monter dessus (même pas en rêve, je fais un truc pareil).
Le mythe
La réalité
Il est loisible d’explorer les environs du Kjeragbolten pour profiter d’un peu de la tranquillité des avancées rocheuses spectaculaires et des vues majestueuses sur le fjord. Bref ça claque grave.
Le Lysefjord n'a pas bougé
On redescend à Lysebotn pour prendre un ferry réservé à l’avance. Et quand on voit le « ferry » arriver, on se dit que la réservation était une bonne idée. Rentrée en marche arrière et tassage de voitures dans un espace réduit pour notre mini-croisière sur le Lysefjord. Très bien la mini-croisière qui permet de s’apercevoir de la hauteur des falaises entourant le Kjeragbolten et d’apercevoir le Preikestolen où nous n’irons pas.
Le Kjeragbolten vu d'en bas. Les 1000 mètres de vide y sont bien
La croisière s'amuse
Le camping du soir se trouve à Hjelmeland et est ingénieusement intitulé Hjelmeland camping. Celui-ci fait dans l’original puisque nous avons planté notre tente dans le parc arboré d’une sorte de manoir qui sert de dortoir. Une chouette vue, une cuisine bien équipée et assez d’espace pour ne pas se marcher dessus (en principe, avec les Norvégiens, on ne sait jamais, ils pourraient parquer votre tente ou votre van à 50 cm du voisin), voilà pour les avantages. Pour les inconvénients, les sanitaires sont peu nombreux, peu pratiques et se salissent vite (forcément). | | À: Auk · 19 mars 2020 à 18:44 Re: Norway to hell Message 2 de 49 · Page 1 de 3 · 8 486 affichages · Partager Bonsoir, Je ne connais pas encore le sud de la Norvège, alors je suis volontiers l'épopée, très agréable à lire en ces temps de confinement | | À: Auk · 19 mars 2020 à 23:45 · Modifié le 20 mars 2020 à 15:05 Re: Norway to hell Message 3 de 49 · Page 1 de 3 · 8 444 affichages · Partager Merci Sissi pour le message, cela prouve qu'il y a encore de la vie au delà des fenêtres de mon appartement. Je continue donc, il y aura au moins une lectrice à ma bafouille.
Jour 6 Neighborhood #1 (Tunnels) – Arcade Fire233km Hjelmeland - Mosevatnet Cette journée est l’occasion de s’essayer au compte-rendu déstructuré : le chronologique c’est has been, bienvenue dans le post-carnet de voyage. Grâce à l’incertitude du paragraphe, la lecture en elle-même devient un voyage vers l’inconnu, chaque phrase appelant une remise en question des croyances du lecteur. L’auteur vise à interroger les convictions profondes et passives du spectateur qui se trouve plongé dans une perplexité a-temporelle permettant l’éclosion d’un nouveau rapport à l’avancée dans le futur antérieur. Le temps s’écoule-t-il vers des lendemains qui chantent ? Hier n’est-il pas le lendemain de l’avant-veille et vice et versa ? La journée finit – mais une journée finit-elle jamais ? – en apothéose par le début de la randonnée vers le glacier de Folgefonna. Petite montée raide en apéro pour admirer le glacier au loin qui tombe dans l’Indre Mosevatnet et nous plongeons dans la vallée de Blådalselvi aux eaux tumultueuses. La lumière fait rougeoyer le décor très minéral et la balade se passe sans difficulté notoire à quelques passages sur dalle en dévers près. Le débat du soir porte sur l’emplacement de notre campement les critères rendent le choix difficile : herbeux pour avoir un matelas moelleux, un peu caché du chemin, à distance suffisante du torrent pour minimiser le bruit, à l’abri du vent et dans un endroit pas trop marécageux. Vous avez ça m’sieur Noël ?
Minéralement vôtre
Une longue journée de route nous attend entre Hjelmeland et quelque part au bord d’un lac de barrage. Nous jouons à saute-fjord (Jøsenfjord, Erfjord, Saudafjord, Åkrafjord) et saute-ferry. Les petites lignes de ferry sont tout un poème : on s’entasse souvent dans un espace réduit, en marche arrière à l’occasion et à la faveur d’arrêts en cours de route, on peut se retrouver dans le sens opposé de véhicules rentrés après nous. C’est d’ailleurs le cas du trajet Skånevik – Sunde qui est l’occasion d’un long débat sur le comment va-t-on sortir et qui nous amène accessoirement vers notre but de fin de journée.
Le Saudafjorden
Quelques cascades et des milliers de virages plus loin, nous arrivons à destination, Blådalselvi. La route pour y monter a été construite pour les aménagements hydroélectriques du coin, très nombreux, et vaut le déplacement avec un final des plus torrides : une pente à 30% et une C3 bien chargée, qui vaincra l’autre ? La qualité française triomphe une fois encore. Nous inaugurons également nos premières cascades digne de ce nom, d’abord Svandalsfoss à côté de Sauda puis Langfoss, qui serait non pas la cascade mais le saut en plusieurs rebond le plus haut d’Europe (ne me demandez pas ce qu’ils veulent dire par là...) et nous faisons plus ample connaissance avec la spécialité locale, le tunnel. Il est en général d’abord inhospitalier et quand on commence à mieux le connaître, il se révèle tortueux et sombre. Ce n’est clairement pas une lumière avec des à-côtés scabreux.
Svandalsfoss, premier émoi cascadier avant que la routine ne s'installe
Une route qu’elle est sympa, c’est celle entre Sauda et Røldal. Rien que de très classique mais concentré sur quelques dizaines de kilomètres à parcourir avec lenteur et gourmandise : de jolies vues, sur le coin de Røldal en particulier, des gorges, des lacs et la spéciale, le plateau avec grandes dalles de pierre.
Jour 7 The thin ice – Pink Floyd171km Mosevatnet - BergenRéveil matinal pour effectuer la dernière partie de randonnée et atteindre le Svelgabreen, une branche du glacier de Folgefonna. Le chemin emprunte une passerelle sur le torrent assourdissant et au débit monstrueux. Le glacier se laisse découvrir progressivement jusqu’à barrer tout l’horizon. L’intérêt de la balade est de pouvoir s’en approcher de très près. Fait frisquet dans le coin.
Fraîcheur de vivre
Retour au pas de course pour redescendre de la montagne à cheval (moteur) et nous culturer avec le Baroniet Rosendal, une vraie construction en pierre qu’elle est tellement pas en papier mâcher que le propriétaire originel n’était pas norvégien. Oui, pour trouver un nobliau à même de se construire un « palais » en pierre dans le coin, il fallait du produit d’importation suffisamment riche et puissant, c’est-à-dire un Danois qui passait par là. La société locale, rurale et relativement égalitaire, n’a laissé que peu de traces entre le 13ème et le 18ème siècle de constructions, au delà des fermes/maisons en bois. En effet les symboles de domination de certaines classes sociales (châteaux, palais, églises) que l’on retrouve dans les autres pays européens sont très peu présents. Certes, nous n’étions sûrement pas dans le pays le plus peuplé et le plus riche d’Europe mais ces témoignages restent rares en Norvège du fait de la ruralité, d’une classe paysanne plutôt propriétaire de ses terres et de l’absence d’une élite politico-économique locale (souvent aspirée par le Danemark et Copenhague). Il faut toujours se rappeler que pour que l’on admire Versailles, le roi a dû presser les écus et la sueur de quelques millions de paysans/artisans. Quel dévouement pour l’activité touristique et la santé économique de la France actuelle ! Bon revenons à Rosendal, doté d’un très agréable jardin en cette chaude journée d’été et d’un salon de thé qui nous fait de l’œil avant de regarder les prix. L’extérieur du bâtiment est d’une sobriété à toute épreuve. Ça sent le luthérianisme local. Nous faisons la visite guidée assez instructive et menée par un jeune du coin, intéressant, érudit et réactif sur nos questions. Les peintures de marbre en trompe l’œil que « l’artiste » local a badigeonné un peu partout sur les murs sont charmantes de par leur naïveté. La bibliothèque est la pièce la mieux conservée et la plus jolie.
Départ de Rosendal pour Bergen, nous ratons le ferry de Gjerdmundshamn et nous avons la très bonne idée de se dire : « tiens si on allait jusqu’à Jondal, la route a l’air jolie, il y a la Furebergsfossen et on a plus d’une heure 15 pour y arriver ». Tic-tac, tic-tac, c’est qu’on n’avance pas, il y a des travaux et de la circulation. Tic-tac, tic-tac, c’est que ça devient chaud. Aaarrrggghhhh, on va rater le ferry et après faut se taper la route de Bergen et on avait dit au b&b qu’on arrivait vers 18h30 et il y a pas d’autres ferrys avant 1h30. Aaaarrrrgggghhhh ! Une conduite sportive plus tard [NDLSR (note de la sécurité routière) : ne pas reproduire chez vous ces comportements délictueux], on arrive juste, juste pour le ferry un peu retardé par le monde qui l’emprunte. Ouf.
Furebergsfossen paparazzée depuis la voiture
Il ne reste plus qu’à enquiller les kilomètres interminables pour atteindre Bergen et notre hébergement le plus chouette du voyage, une chambre dans un appartement avec vue sur la mer, situé dans des anciens entrepôts à proximité immédiate du centre-ville. Que demande le peuple ? [NDLCGT : une vraie retraite !].
Notre petit pied à terre norvégien (en blanc au milieu)
Jour 8 Paradise city – Guns’n RosesBergenBergen, capitale européenne de la pluie, nous accueille pour un jour. Au lever, coup d’œil à gauche, à droite, en haut, en bas, pas de pluie en vue ! On nous aurait menti. Le ciel va en plus très rapidement s’éclaircir et les températures atteindre des niveaux caniculaires avoisinant les 30° ! Tout fout le camp, ma bonne dame : les journaux norvégiens titrent sur les records jamais égalés. Nous, cela nous arrange bien. Vive le réchauffement ! Comme ça, on a plus besoin d’utiliser de chauffage en hiver. Mais je m’égare un peu, revenons à Bergen, je vous prie. Nous commençons la visite par les quartiers de petites maisons en bois qui s’étalent en terrasse au-dessus du centre-ville (Skuteviken et Stølen). Ils sont pittoresques en diable, forcément, avec des petites maisons en bois, des petites rues sinueuses, des petits escaliers méandriques (oui, ça existe ! Je viens de le trouver dans un dictionnaire de synonymes), des petites fleurs et des petits arbres de ci de là. Questions philosophie : tout ce qui est petit est-il mignon ? Le tout semble largement épargné par les touristes qui paraissent se contenter du contour du port.
Se démarquer, allégorie
La Maison Blanche, c'est par ici ?
Après un passage par la forteresse de Sverresborg pour la jolie vue, on finit par redescendre (de notre nuage) pour nous attaquer à Bryggen, le haut lieu touristique de Bergen, le quartier plus ou moins sauvegardé de l’époque de la domination hanséatique sur le commerce nordique et baltique. Car ce quartier tout en bois, de guingois, bien qu’il ait brûlé partiellement à plusieurs reprises, date du début du 17ème siècle, période où la ligue hanséatique dominait encore le commerce en Norvège et dans la Baltique. Bryggen était un comptoir extraterritorial où résidaient les marchands germaniques de la Hanse (principalement de Lübeck) qui imposaient leurs conditions commerciales au roi du Danemark et de Norvège. Le comptoir était spécialisé dans l’exportation de poissons séchés venant principalement des Lofoten et alentours et doté d’une organisation toute allemande (à prononcer à l’allemande) : lieu réservé aux hommes (bobonne restait dans les villes centres hanséatiques et à eux, les petites poulettes norvégiennes ou plus communément les prostituées qui fleurissaient autour du quartier), vie en communauté, dortoir, hiérarchie marquée entre apprentis, marchands et maîtres, interdiction de faire du feu à l’exception des poêles des salles communes. Bref ça devait pas rigoler tous les jours. Cette organisation disparaîtra progressivement avec l’affaissement commercial de la Hanse. Je vous conseille en passant la visite guidée passionnante.
Une église romane égarée. Retourne en Auvergne, petite !
Après avoir rempli nos panses de fiskekaker pas mauvais et bon marché pour la Norvège, nous attaquons la partie moderne de Bergen, plus aérée, plus froide mais assez agréable quand même. Notre après-midi sera dépensé à déambuler entre les différents bâtiments du KODE, le principal musée de Bergen se concentrant sur les arts. La partie arts décoratifs est spéciale, pensée comme un lieu de vie bibliothèque, salle de réunion, café avec expositions d’objets sauf qu’il n’y a pas de vie... On évite la partie art contemporain – c’est pas ma came – pour se concentrer sur la section la plus fréquentée, l’art du 19ème siècle, début 20ème qui donne un bel aperçu de la floraison artistique norvégienne accompagnant la floraison identitairo-nationaliste norvégienne. Un peu comme dans tous les états européens du 19ème siècle, l’art accompagne la construction (création ?) d’une identité nationale, ici en se concentrant sur deux tendances qui peuvent s’entremêler suivant les artistes : les paysages romantiques, grandioses et sauvages d’un côté, les scènes de folklore (costumes intégrés) et/ou de vie intime de l’autre. Par ailleurs, le mouvement provoque une réaction dont Munch fait partie. D’ailleurs c’est plein de ses tableaux dans les parages qui rompent assez fortement avec ses prédécesseurs.
Le soir, c’est miam miam, ouille ouille : notre tendance masochiste se précise car nous avons décidé d’aller dans un resto chic de Bergen, le Lyseverket et ses prix prohibitifs. Oui mais c’est bon, oui mais c’est cher, oui mais c’est bon, oui mais c’est cher, oui mais c’est cher, oui mais c’est bon... Bon cher, bon cher, bon cher, bonne chère ! Eureka !
Créneau de bateau de croisière | | À: Auk · 20 mars 2020 à 12:34 Re: Norway to hell Message 4 de 49 · Page 1 de 3 · 8 412 affichages · Partager voilà. voilà, je suis toujours. J'irais bien voir le caillou coincé, la prochaine fois (y en aura-t-il une???) que j'irai en Norvège, mais 1000m de dénivelé, c'est trop pour moi. Si par hasard vous aviez quelques minutes de libre en ces temps de coronaconfination, si vous ne le connaissez pas, il y a un roman- en plusieurs tomes- de Gunnar Staalesen, qui s'appelle le Roman de Bergen. Très bien. A part cela Gunnar S a écrit les aventures du détective privé Varg Veum, qui se passent à Bergen, mais sans doute connaissez vous déjà | | À: Auk · 20 mars 2020 à 18:00 Re: Norway to hell Message 5 de 49 · Page 1 de 3 · 8 379 affichages · Partager Bonjour, Moi aussi je suis avec plaisir ce carnet. Au retour de l'hôpital, ça change les idées...Et rappelle de beaux souvenirs. Dans l'attente aussi d'en refaire des nouveaux, même si cet été me semble compromis Sympathique écriture qui plus est... | | À: Arisa · 20 mars 2020 à 23:21 Re: Norway to hell Message 6 de 49 · Page 1 de 3 · 8 350 affichages · Partager Chouette, on est trois. Un quatrième et on pourrait faire une belote virtuelle...
Oui j'ai déjà lu Staalesen version enquêteur mais je n'en ai aucun souvenir. Merci pour le conseil.
C'est pas tout mais le carnet a une suite que voilà :
Jour 9 Ticks and leeches – Tool 289km Bergen – Florø Départ matinal pour une journée de route vers Florø. Fjord, tunnel, pont, lac, tunnel, fjord, pont, tunnel, lac, pont, fjord, la routine dans la banalité norvégienne. Et comme on déteste les tristounettes et efficaces routes nationales, on décide de pimenter le voyage en faisant un détour vers Ortnevik sur le Sognfjord par la petite route de montagne Fv381, une chouette montée vers des lacs naturels et de barrage, une cascade en passant, une jolie vue sur le Fuglsetfjord à la descente, la routine toujours.
Détour dans le détour, une fois arrivée sur le Sognfjord, j’ai repéré une petite balade tranquille vers le Almdokkevatnet, lac dans une vallée encaissée. 5 km aller-retour c’était censé être une formalité pour se dégourdir les jambes dans une journée très portée sur le plaisir automobile. Nous débutons donc tranquillement la marche depuis le petit hameau de Sørebrø, par ailleurs desservi par une route qui suit joliment un lac qui s’appelle, vous l’aurez deviné lecteurs attentifs et férus de géographie norvégienne, l’Øystrebøvatnet.
Le bien nommé Øystrebøvatnet (c'est pour faire semblant que je maîtrise le norvégien)
Très rapidement, nous bifurquons à droite en quittant une piste, prenons une passerelle et suivons un balisage bleu. Par la grâce du piétinement de vaches, le chemin devient vite scabreux et boueux. La progression s’effectue de motte en racine et craacccccc, la branche était moins solide qu’il n’y paraissait. A moi le bain de boue, à moi les chaussures pourries – elles venaient à peine de se remettre de la côte sud norvégienne – paix à leur âme. On s’entête quand même maintenant que l’on s’est tapé un chemin de m$*!/#&, on va quand même pas faire demi-tour après s’être fait autant c*** – ça, c’est la réflexion que l’on a en général et qui conduit à la décision du toujours plus loin, très mauvaise décision que celle-là. Donc on finit dans une forêt pourrie avec des rochers, des troncs abattus et des chemins de vaches – elles sont ‘achement agiles les vaches du coin – dans tous les sens. Le moment du demi-tour arrive forcément mais il est beaucoup plus douloureux – oui ça fait une heure qu’on erre – que si l’on avait écouté la petite voix raisonnable du début. Retour à la case départ après s’être fait emberlificoté par les locaux, peintres à leurs heures perdues (prédilection dans le coin pour les tâches bleues n’importe où) et leurs vaches retorses. Mais votre serviteur ne s’avoue jamais vaincu, je redémarre seul pour ce maudit lac et le chemin officiel mais non balisé est d’une simplicité enfantine. Le paysage, ma fois très correct, est un mélange de gros blocs rocheux, de bouleaux rabougris et de lacs dans une vallée encaissée. Je m’aperçois très vite que c’est aussi un repère de tiques. J’en retrouve quelques-unes en train d’errer sur mes vêtements. Quand ça veut pas, ça veut pas. Sûrement un endroit maudit où un supporter rennais a été enterré...
Tout ça pour ça...
Après cet interlude raté, nous reprenons notre voiture pour une traversée Ortnevik – Nordeide sur le Sognefjord. On continue notre tournée des mini-ferrys et des mini-croisières. Celui-là doit pouvoir accueillir 4 voitures pas plus et un équipage des plus décontractés, bedaine, blondeur et famille intégrées. « Ma petite, tu sais pas quoi faire aujourd’hui ? Eh bien, viens faire des allers-retours sur mon rafiot, tu vas voir c’est l’éclate ». Et c’est vrai que le Sognefjord est immense et impressionnant à cet endroit relativement près de l’embouchure. J’apprécie toujours ces traversées, leur lenteur et le changement de perspectives qu’elles amènent par rapport à la route.
Le croisière s'amuse le Retour (mais il ne se passe toujours rien)
Nous reprenons ensuite la route en passant par Førde, le temps de prendre un péage urbain sur 200 mètres sans rentrer dans la ville. Je ne suis pas a priori contre les péages urbains mais là dans des toutes petites villes avec des placements stratégiques pour que des trajets ne passant pas dans le centre-ville soient pris en compte, c’est énervant. Malynx le Norvégynx bis (et surtout radinx). Notre étape suivante est le site d’Ausevika, des gravures rupestres de 1000 avant J.-C en bordure de rivage. grosso modo. C’est isolé, calme et malgré la qualité des gravures, ça n’attire pas les foules ou même des humanoïdes de quelque sorte que ce soit. Il y a du renne à foison avec un bonhomme que même ma nièce de quatre ans elle sait mieux dessiner. Très agréable détour.
Les extraterrestres étaient déjà là, parmi nos ancêtres (à prononcer avec une voix complotiste)
On découvre Florø en fin d’après-midi et son Efinor Krokane camping, dont l’emplacement est top, les places pour tentes très réduites (heureusement qu’il n’y avait que trois tentes le soir où nous y étions) et les sanitaires lointains et peu pratiques. La petite ville, haut lieu de l’industrie pétrolière norvégienne, nous a laissé une impression très agréable, il faut dire que la terrasse maritime du bar-restaurant et le splendide soleil y sont pour quelque chose.
Jour 10 Island in the sun – Weezer 3km Kinn La mission du jour, si on l’accepte, c’est d’atteindre une petite île au large de Florø, de s’y balader et d’y dormir. On a vu plus impossible comme mission. Pourtant, les obstacles sont bien là : pas vraiment de site internet de la compagnie avec les horaires des bateaux, pas de panneau de renseignement sur le port, des informations uniquement en norvégien concernant l’utilisation de la hytte dnt de Kinn (notre logement du soir), pas de paiement possible hors vipp, l’obligation de chercher la clef du logement à l’office de tourisme de Florø, l’incertitude de voir le refuge plein à notre arrivée. Et pourtant, tels des Tom Cruise du voyage, nous avons déplacé des montagnes et nous l’avons fait ! Pour les horaires de ferry dans l’ouest du pays, je vous conseille le site internet Kringom. Attention, parfois ce ne sont pas les bons horaires... Pour le reste, le voyage en bateau est charmant, à se frayer un chemin entre les innombrables îles tantôt rocailleuses, tantôt herbeuses, à observer les locaux dont le bateau sert de bus et de lieu de sociabilité et à regarder les petites maisons en bois – forcément – plantées sur des rochers inhospitaliers. On s’image l’âpreté d’un hiver passé sur un de ces cailloux et on débarque dans le calme et la tranquillité sur Kinn. Le refuge qui tient plus de la maison d’habitation est d’un confort et d’une propreté à toute épreuve.
L'ancienne école devenue "refuge"
Une fois nos affaires déposées, nous partons pour un tour de l’île à pied, six kilomètres à tout casser. C’est l’occasion d’admirer l’église de Kinn du 12ème siècle, lieu de pèlerinage important pré-réforme et malheureusement sous les échafaudages. L’autre intérêt c’est la Kinnaklova, Roland étant également passé par là en pratiquant son sport favori, le fendage de gueule, euh non, de montagne. On en profite pour monter au sommet de l’une des deux pointes pour un point de vue de toute beauté. Un pygargue à queue blanche (go, go America !) (oui je sais ce ne sont pas les mêmes qu'aux Etats-Unis) et quelques faucons nous survolent. El condor pasa ! [NDLA : flûte de pan en fond sonore]
L’œuvre de Durandal
Il y a des géants qui ont joué à la pétanque dans le coin
Depuis 1985, l’île est également le lieu d’accueil en juin d’un drôle de festival, le Kinnaspelet qui a pour décor l’église et ses alentours. Une seule pièce, le spectacle du roi, y est jouée année après année, en plein air, qu’il vente ou qu’il pleuve. Obélix y a assisté et nous livre son ressenti : « ils sont fous, ces Norvégiens ». Mais Obélix, faut apprendre le norvégien quand tu vas assister à une pièce en Norvège !
Jour 11 Nite and fog – Mercury Rev130km Florø – Måløy Le lendemain matin, réveil aux aurores pour appeler le ferry pour qu’il s’arrête bien à 7h30 à Kinn. Oui ici, c’est arrêt à la demande et héler de loin un bateau ça ne suffit pas. Après le retour à Florø, on a choisi de passer la journée sur Bremanger, île réputée pour ses plages et le Hornelen, alias la falaise maritime la plus haute d’Europe (900 et quelques mètres). Les Norvégiens adorent classer leurs sites naturels et mettre des écriteaux du type le truc le plus machin du monde, ce qui est assez facile dans un certain nombre de cas puisqu’ils sont souvent les seuls à faire des classements... Vu par exemple je ne sais plus où en Norvège : le village le plus haut d’Europe du nord. Les doigts dans le nez quand on est le seul pays montagneux d’Europe du nord. Bref, revenons à Bremanger... Enfin, avant de revenir à Bremanger, il faut déjà y aller à Bremanger. Et la route est longue dans le coin. Quand les tunnelleurs fous ne sont pas encore passés dans les parages il faut contourner les fjords comme un footballeur prend les matchs, les uns après les autres. Cela permet d’admirer quelques vues bien senties du Hornelen, qui donne une envie de le grimper (non !) [NDLA : réponse de ma conjointe]
Ca vous donne pas envie d'aller gambader sur cette montagne ?
Nous arrivons enfin à Bremanger, ses plages de sable blanc et sa fréquentation touristique. Mince, moi qui pensais avoir débusqué un ch’ti coin tranquille, l’île est assez fréquentée par les Norvégiens et il y a de la circulation sur les routes à une voie. Il faut dire que les plages de sable fin sont rares en Norvège et que l’endroit en a un certain nombre. Nous jetons notre dévolu sur Vetvika accessible en randonnée en boucle de 15 km. Nous pensions y camper mais les prévisions météos de la nuit s’annoncent sombres – quel pléonasme ! Nous nous contentons de l’après-midi pour effectuer la sortie sous une chaleur pesante. Je n’aurais jamais cru dire ça sur la Norvège mais la montée initiale en plein cagnard est bien éreintante. Et quand on passe enfin un col, que voit-on ? Un océan de nuages à la place de la mer : il y a une brume maritime épaisse qui nous démotive à effectuer la descente sur la plage. Caramba ! Encore raté ! Décidément Ramon Bada est de tous nos voyages. Nous nous contenterons du joli point de vue au sommet du chemin avant de faire demi-tour et de rejoindre notre fier destrier.
Quelque part sous cette brume, erre une plage à la recherche de ses vacanciers
Fog attack sur "la croisière s'amuse". Un coup à se transformer en zombie au contact de la brume à la manière de Planet Terror
Et comme les campings ne courent pas les rues dans le coin, nous prenons la direction de Måløy via le traditionnel ferry et nous choisissons de prendre une hytte pour la nuit au Steinvik camping, car comme tout un chacun le sait, elle est dotée d’un toit en dur mais avec de la végétation dessus qui permet de mieux résister aux nuits pluvieuses. Hytte et sanitaires très corrects au demeurant.
Une cabane chevelue tendance hippie. Faut passer chez le coiffeur de temps en temps, Madame ! | | À: Auk · 21 mars 2020 à 17:25 Re: Norway to hell Message 7 de 49 · Page 1 de 3 · 8 305 affichages · Partager Merci pour ce partage. C'est toujours avec plaisir que je lis ces carnets nordiques.
Vivien | | À: Elgar · 22 mars 2020 à 0:07 Re: Norway to hell Message 8 de 49 · Page 1 de 3 · 8 271 affichages · Partager Jour 12 Girls on the beach – Beach Boys215km Måløy – Ålesund Comme prévu, il pleut. Nos plans sont un peu bousculés, nous pensions passer toute la journée sur la péninsule de Selje, peut-être y camper le long d’une rando mais le temps ne le permet pas. On va quand même à Selje avant de nous décider pour tailler la route en fin de journée jusqu’à Ålesund. En chemin vers Selje, nous comptons les fjords comme d’autres comptent les moutons. La monotonie des voyages norvégiens...
Arrivés à destination, fait moche (quelle surprise !) donc pas d’excursion bateau jusqu’à la petite île de Selja et son église, pas de randonnée un tant soit peu longue, pas de détour vers la jolie baie de Hoddevika ou vers le hameau de Fure. Notre choix se porte uniquement sur Ervika, plage avec surfeurs et vans intégrés.
Un petit air d'Ecosse
C’est l’occasion de faire une petite balade jusqu’à Hovden, qui, je m’aperçois en regardant les cartes, est le point le plus à l’ouest de Norvège continentale au dépens de la version officielle du Vestkapp un peu plus au nord. L’endroit permet d’avoir une vue sur la côte déchiquetée environnante et de découvrir les ruines de fortifications allemandes de la Seconde Guerre Mondiale, hantées par les fantômes des soldats allemands : des chèvres (d’où la défaite de 1945 évidemment et les reconstitutions tout à fait réalistes de l’incompétence allemande de Papy fait de la résistance, la Septième compagnie ou la Grande vadrouille).
Les blockhaus, ça me rend chèvre
Noir c'est noir. Il n'y a plus d'espoir. Oui, gris c'est gris
Comme il ne fait pas un temps des plus enthousiasmants, on repousse notre visite de l’ile de Runde à des lendemains qui chantent le soleil et direction Ålesund. Deux ferrys plus tard, nous voilà enfin dans une ville d’une taille respectable, victime d’un feu en 1904 l’ayant détruite dans sa quasi-totalité. Il faut dire que les bâtiments en bois, ça flambe vite. Du coup, le Michaël Jackson et Lionel Ritchie fusionnés de l’époque, aka Guillaume II de Prusse (oui ça fait moins rêver), a lancé sa chanson « wir sind die Ålesund » pour lever des fonds, venir en aide aux habitants et rebâtir la ville. Quel Mensch ! En plus, il fallait aux gens du coin de la technologie allemande pour arriver à construire les bâtiments grâce à une innovation disruptive dans l’histoire de l’architecture : la pierre. Et ça ne s’enflamme pas. Donc, le résultat est une ville composée très majoritairement de bâtiments art nouveau un peu patauds mais charmants, à cheval sur une île et le continent et collineuse à souhait.
Merci Deutschland für Norwegen
On déambule, on déambule tout en étudiant les quelques restos avant de se faire avoir par un classique : à 19h15 tout est plein. Nous nous rabattons sur un resto à spécialités très norvégiennes : des pizzas franchement bonnes. Le Volsdalen camping, subi plutôt que choisi puisque c’est le seul à des kilomètres à la ronde, est franchement pas terrible : surpopulation aiguë, au milieu d’immeubles moches, pas adapté aux tentes, infrastructures trop petites pour l’influence et j’en passe et des meilleurs.
Jour 13 Three little birds – Bob Marley78km Ålesund – Runde Réveil façon l’attaque de la moussaka géante mais avec des limaces dans le rôle titre. Nous sommes à moitié dans des hautes herbes humides, seul endroit encore disponible pour une tente et qui manifestement attirent les êtres baveux à antennes (non, pas toi Edouard B. !). Pour couronner le tout, les sanitaires sont trop peu nombreux pour l’affluence matinale et la queue est interminable pour les atteindre. Il y a pas intérêt à avoir une tourista dans le coin... En Norvège, c’est rare, me diriez-vous. Oui c’est vrai. Mais quand même. Une seule solution : la fuite vers le Stiftinga Sunnmøre Museum, notre premier écomusée dans le pays du musée ethnographique. Il y en a à tous les coins de rue car les Norvégiens sont habités d’une passion de la ferme très très ancienne du 19ème siècle et des costumes folkloriques. Il faut dire que, quand on a pas d’histoire et de patrimoine [NDLA : c'est une exagération hein !] ou plutôt une histoire trop entremêlée avec ses voisins, on se rabat sur le folklore, tendance nationaliste. Car oui, dans le processus de construction d’une mythologie historique national (ist)e, les historiens norvégiens du 19ème ont été un peu désemparés. Quand on a passé quelques siècles sous une domination étrangère pacifiquement, que les figures de révolte/combat pour la « liberté » type William Wallace pour les Ecossais ne courent pas les rues, que les vikings sont un peu suspects parce que ça avait tendance à mélanger Danois et Norvégiens (exemple : Rollon venant d’Ålesund à la tête d’un groupe de Danois quand il s’établit en Normandie), que la population est très agricole, que les figures célèbres littéraires ou autres et les réalisations architecturales se font rares, on privilégie les costumes, le folklore, la langue et la culture rurales. D’où à mon avis, cette surabondance de bygdemuseum comme les Norvégiens les appellent. Celui du Sunnmøre est assez gigantesque, compte toute une partie sur les différents bateaux norvégiens à voiles et rames, de très nombreux intérieurs reconstitués et des maison rurales en bois, remontant pour les plus vieilles au 16ème siècle. A noter, tels des gros mazots savoyards que de nombreuses fermes sont en quelque sorte sur pilotis de pierre, pour protéger contre l’intrusion de rongeurs je suppose.
Les Norvégiens ont inventé les toits végétalisés.
Pour l’après-midi qui s’annonce ensoleillé, on va finalement faire un petit tour du côté de Runde, île accessible par une succession de ponts esthétiques et possédant une pléthore d’oiseaux nichant dans de majestueuses falaises.
Pont dromadaire
Il faut bien sûr faire une petite randonnée pour accéder aux coins les plus beaux. En ce début du mois d’août, les macareux sont partis – tôt – mais il y a d’autres attractions, à commencer par les grands labbes présents dans les prés (c’est pour protéger leur nichée en particulier qu’il ne faut pas quitter les chemins aménagés), l’œil méchant et sadique. Une fois au sommet des falaises, la vue est splendide sur les environs et la jolie colonie de fous de bassan. On a en plus le plaisir de voir d’assez près deux couples d’aigles royaux.
De Runde van Noorwegen (blague obscure pour non amateur de cyclisme)
Le Runde camping, notre camping du soir est situé au départ de la randonnée, sur un espace très restreint. Forcément, il y a promiscuité mais on commence à avoir l’habitude.
Jour 14 Kontrol på kontinentet – Kaizers Orchestra115km Runde – Hellesylt Je frétille ce matin tel un saumon norvégien compressé par ses congénères dans sa ferme d’élevage car nous allons voir le Fjord avec un F majuscule, le Hjørundfjord. C’est pas le plus connu dans le coin car le phénomène touristico-médiatique a ses raisons que la raison ignore. Et oui le Hjørundfjord déchire grave mais n’attire pas les hordes étrangères.
Après une route sans histoire, nous prenons le ferry Saebø-Lekneset pour une traversée assez géniale (voir les photos plus haut) : le Sunnmøre enserre le fjord de ses pics escarpés, le soleil resplendit, les bicoques se font minuscules, domptées par des falaises vertigineuses, l’endroit est sauvage, grrrr... et assez fréquenté par les Norvégiens à ma surprise. Mince, on est le weekend et il y a du Norvégien en goguette et plus particulièrement au départ de la rando du jour : Saksa. Ils ont l’air de raffoler de l’endroit, ce qui est compréhensible, mais ils auraient pu attendre que je ne sois plus dans le coin pour sortir leur blondeur harcelante et leurs coups de soleil aveuglants. Saksa, « mes que un randonnée » : 1100 mètres dénivelé pour 3,5km de marche, c’est abrupt, brutal et splendide. La montée est en deux étapes pentues, l’une en forêt, l’autre dans la caillasse avec une sorte de replat au milieu (tout relatif le replat) qui permet une pause bienvenue. Ils y ont planté des toilettes, élues les toilettes dans l’endroit le plus chouette de notre voyage. Malheureusement, on ne peut pas profiter de la vue sur le trône...
Toilet way to heaven
La deuxième partie du chemin n’est pas forcément des plus agréables alliant raideur, petit passage de barre rocheuse et pierriers. Étonnamment, les pierriers sont l’occasion d’une pause relative dans l’effort car des marches ont été aménagées par des Népalais. Les parties en pierrier sont au final les plus régulières et les moins raides. Le résultat népalais ! L’arrivée au sommet offre une vue exceptionnelle sur les environs. La vue va progressivement évoluer vers des tas de mecs torse nu et des tas de nanas en soutif ou en brassière. Je vois rouge au sens propre et pense aux futurs cancers de la peau que le système norvégien de santé va devoir se fader.
SAAAKKKSSSAAAAA ! Est-ce à ça que ressemble l'extrême amont ? (Faut lire le génial "la Horde du Contrevent" pour comprendre)
La vue s'est bouchée...
Redescente presto pour prendre une des routes les plus routes qu’on ait empruntée en Norvège : Øye-Hellesylt. Le premier intérêt réside dans l’hôtel style dragon de Øye, construit au 19ème siècle dans un mélange de chalet suisse et de kitsch norvégien avec ses bouts de chéneaux en forme de dragon.
Le style du dragon ou long xing
Ensuite, la route s’enfonce dans un défilé entre deux massifs aux flancs abrupts, glisse entre les lacs et offre à la fin quelques vues sur des glaciers en fin de vie (toujours pas de lois sur l’euthanasie, on préfère les faire mourir à petit feu (c’est le cas de le dire)). Une des plus belles du voyage. Bon les conditions étaient aussi optimales.
Pour le logement, il s’agit du Stadheimfossen Camping, à côté de Hellesylt idéalement placé au bord d’une cascade (ça fait du bruit forcément), peu fréquenté, tranquille, correctement équipé et avec framboises et fraises des bois sur le toit des hytter. | | À: Auk · 22 mars 2020 à 10:22 · Modifié le 22 mars 2020 à 16:05 Re: Norway to hell Message 9 de 49 · Page 1 de 3 · 8 245 affichages · Partager Bonjour Sylvain,
J'embarque avec plaisir pour parcourir grâce à toi quelques-unes des étapes que nous avions effectuées en Norvège il y a quelques années et surtout pour en découvrir de nouvelles.
Bravo pour ce carnet très original dans le ton, l'écriture, les références musicales (dommage qu'il n'y ait pas le son ) et le choix des points d'intérêt.
Une carte avec les différentes étapes aurait été un plus afin de mieux visualiser ton parcours.
Enfin, pour rassurer Sissi...
12 km et 1000 mètres de dénivelée,
1000m de dénivelé, c'est trop pour moi.
... le dénivelé de la randonnée de Kjerag est un peu exagéré : il y a 711 mètres de dénivelé cumulé.
sites.google.com/...norvege/kjeragbolten
A très bientôt pour la suite ! | | À: Krikri6792 · 22 mars 2020 à 14:00 Re: Norway to hell Message 10 de 49 · Page 1 de 3 · 8 225 affichages · Partager C'est gentil de me rassurer. 700m de dénivelé c'est mon maximum, et encore je me demande, avec l'inaction forcée actuelle.... Nous avions prévu de partir début juin, remonter la Finlande et explorer le nord de la Norvège, entre la frontière nord et les Lofoten.......je doute fortement que ce soit possible......alors je suis ce voyage en Norvège depuis mon canapé avec grand plaisir | | À: Krikri6792 · 22 mars 2020 à 14:16 Re: Norway to hell Message 11 de 49 · Page 1 de 3 · 8 224 affichages · Partager Bonjour Christine
Merci pour le message d'encouragement et la précision pour la rando. J'ai bien une carte en stock mais qui est restée sur une clé USB pas chez moi. Et confinement oblige... Il faut que je trouve la volonté de la refaire.
Pour le dénivelé de Kjeragbolten, je corrige ça. J'avais trouvé tout et son contraire sur Internet donc j'ai fait un prix de groupe. Et globalement, le plus pénible dans cette randonnée n'est pas tant le dénivelé que ces grandes dalles de pierre pentues qui servent de chemin. Pas très agréable à marcher. | | À: Auk · 22 mars 2020 à 15:02 Re: Norway to hell Message 12 de 49 · Page 1 de 3 · 8 214 affichages · Partager Merci pour ce carnet. Un grand bol d'air pur et un peu de rigolade, ça me va très bien ! | | À: Cdu24 · 23 mars 2020 à 15:09 · Modifié le 24 mars 2020 à 19:49 Re: Norway to hell Message 13 de 49 · Page 1 de 3 · 8 156 affichages · Partager Face à de telles encouragements, je ne peux que me dévouer et continuer !
Jour 15(s)he’s a rainbow – Rolling stones 175km Hellesylt – Saeter Avant de partir vers le sud et de repartir ensuite vers le nord – oui, notre trajet est erratique, c’est un peu la conséquence d’un dessin avec des points à relier, j’ai fait la liste avant de partir de tous les endroits que je voulais voir et j’ai essayé de les relier – nous faisons un détour par un point de vue sur l’entrée du Geirangerfjord. Le ciel est bas et le résultat ne nous convainc pas. Nous allons ensuite voir le Jostedalsbreen et plus précisément une de ses branches le Kjenndalsbreen. J’ai privilégié cette vallée par rapport à sa voisine plus connue mais aussi réputée plus touristique. C’est sûrement vrai mais cela n’empêche pas une certaine anarchie sur la route pour accéder au Kjenndalsbreen : la voie est très étroite et accueille un trafic quand même soutenu avec des camping-cars conduits par des manchots unijambistes et des bus qui bombent comme des fous. Vous y rajoutez quelques locaux excédés par la fréquentation et qui doublent n’importe où, y compris quand cinq voitures se garent pour laisser passer un van très empoté, et vous obtenez un cocktail détonnant et un peu stressant. Pourtant, une fois à destination, il n’y a pas foule. L’arrivée sur le Kjenndalsbreen est spectaculaire et la toute petite balade jusqu’au point de vue permet d’en prendre plein les mirettes.
Aveuglant ! [NDLR : on est à contre-jour, banane]
Une cascade (parce que ça manque pour le moment dans le carnet et qu'il vous faut de l'entraînement pour ce qui va suivre)
L’autre avantage de cette route, c’est le Lovatnet que l’on longe en cours de chemin. Et le retour ensoleillé est plus propice à l’admiration de cet écrin d’un bleu laiteux.
La cascade anonyme sur la photo serait la plus haute d'Europe...
Nous reprenons notre route en crabe vers le Geirangerfjord. Mais le chemin le plus direct n’est pas souvent le meilleur. Notre choix se porte sur un détour par le Gamle Strynefjellsvegen, route en partie non goudronnée qui frôle un glacier et zigzague entre les rochers.
On achève bien les glaciers
Avant de s’y engager, un arrêt s’impose à la Øvstebrufossen, étonnamment peu fréquentée malgré la nationale qui passe juste à côté. L’aménagement d’escaliers permet de tutoyer la cascade de près, assourdissante et fracassante, d’offrir des vues originales et de bouffer de l’arc en ciel sans être dans une pub pour bonbons commençant par un s.
Rainbow country
Pour le soir, c’est le Øyberg camping, au milieu de nulle part, un peu vide, au bord d’une grande route mais bizarrement pas si mal par rapport à ses congénères surpeuplés. Seul problème, le bruit de la route mais il n’y a pas un trafic de dingue la nuit.
Jour 16 Strawberry fields forever – Beatles 150km Saeter – Venjesdalen Journée voiture et tourisme de masse en vue : nous allons nous enquiller le Geirangerfjord, le Ørnevegen et le Trollstigen à la suite. On part tôt le matin pour éviter la foule attendue, nous ne faisons pas de détour par Dalsnibba (route payante) pour descendre directement sur le fjord, avec quelques arrêts point de vue en cours de route.
Un des hauts lieux du tourisme norvégien : le Geirangerfjord
Schön et on évite le(s) bateau(x) de croisière qui a (ont) l’air de faire les délices des photographes publicitaires pour une raison que j’ignore (c’est moche, un bateau de croisière, encore plus dans un environnement naturel). D’ailleurs, dans les fjords les plus fréquentés, ces derniers commenceraient à avoir un sérieux impact environnemental direct en provoquant une pollution de l’air et de l’eau ainsi que des dégâts sur les rives créés par les vagues. La route des aigles enfilée (j’adore les noms marketés du coin), on s’attaque, après un petit ferry pour ne pas perdre l’habitude et goûter une excellente svele (sorte de crêpe avec de la crème dedans et vendue sur les ferries), à la vallée de Valldal et sa culture de fraises. Très sympa de retrouver des vendeurs de fruit au bord des routes à des prix abordables pour la Norvège. Et elles sont bonnes les fraises du coin !
Un ferry, un volant et une crêpe, que demander de plus !?
On fait un petit arrêt au canyon Gudbrandsjuvet (juvet = le canyon) avant de s’attaquer au gros morceau du jour, Trollstigen.
Il y a moins de queue qu'à Space Mountain !
Trollstigen : des campings-cars partout, des voitures qui s’arrêtent n’importe où, des bus qui bourrinent sur cette petite route, un parking immense et plein comme une otarie bourrée et un gros bazar avec bouchons au sommet. La parole est donnée à Gandalf le gris : fuyez, pauvres fous ! Merci Gandalf pour ce précieux conseil. Nous sommes toujours à l’écoute de la voix de la sagesse, nous ne nous attardons pas et partons vers Venjesdalen. Certes la route est impressionnante mais l’environnement touristique me déplaît fortement. Après un petit détour ravito à Åndalsnes, nous prenons la route payante de Venjesdalen (en partie non goudronnée) pour accéder au départ de notre randonnée de l’après-midi, le Olaskarstinden. C’est raide par ici, le concept de virage ayant eu peu de disciples dans les traceurs de chemin norvégien. Et ceux-ci sont de joyeux drilles et leurs petits points rouges m’entraînent directement droit dans la falaise du Romsdalshornet. Heureusement, une voix (un certain JLM) hurle « A gauche ! à gauche ! » dans ma tête et je retrouve le droit chemin. Je ne suis déjà pas prêt pour les Marcheurs, alors les Grimpeurs ça attendra ma vieillesse.
On passe ensuite un petit passage désagréable en devers au-dessus du vide puis on recommence notre grimpette abrupte mais un peu moins avant de parvenir au lac Olaskarsvatnet dans un environnement d’une austérité rocailleuse. Pas âme qui vive, pas de bruit, pas de végétation et des grandes dalles de rochers qui enserrent ce lac aux teintes métalliques. Nous le contournons pour essayer de parvenir à un point de vue sur la vallée. On regarde de loin le Olaskarstinden, but premier de notre randonnée mais malheureusement doté d’une sale tronche bien pierreuse et traître. Nous nous contenterons de la jolie mais modeste vue sur le Romsdalen en bout de lac avant de retourner à notre voiture tant aimée. La descente est forcément un peu rude puisqu’elle s’effectue sur le même chemin que la montée
Un peu de douceur dans un monde brut
Ce soir, c’est camping sauvage en bord de lac un peu plus bas où nous avons trouvé un coin tranquille. Le camping se passe bien jusqu’au moment où tout dérape (forcément, soit ça se passe bien, soit ça dérape). Des Suédois – on ne peut pas faire confiance aux inventeurs de cette perversité qu’est Ikea – fouinent à gauche, à droite avant de se mettre à planter leur tente à 5 mètres de la nôtre. Rogntudjuu, densité de campeurs de 2 au km2, il y a de l’espace partout mais quoi de mieux que de retrouver la promiscuité en pleine nature !
Où l'on peut voir Kylian J., traileur fou sur la montagne pointue | | À: Cdu24 · 23 mars 2020 à 15:17 Re: Norway to hell Message 14 de 49 · Page 1 de 3 · 8 153 affichages · Partager Merci pour ce carnet. Un grand bol d'air pur et un peu de rigolade, ça me va très bien !
Tout à fait d'accord, avec un peu de retard je m'ajoute à l'équipe de lecteurs! | | À: Auk · 23 mars 2020 à 22:49 Re: Norway to hell Message 15 de 49 · Page 1 de 3 · 8 116 affichages · Partager Moi aussi j'arrive ! Carnet très intéressant Voyage prévu en 2021 | | À: Flanoche · 24 mars 2020 à 18:22 Re: Norway to hell Message 16 de 49 · Page 1 de 3 · 8 081 affichages · Partager Pour Christine (et tous ceux qui veulent avoir une idée du parcours), j'ai mis dans l'intro, rubrique trajet, un lien vers une carte de notre périple. Malheureusement, elle se centre sur Paris... Il faut juste scroller vers la Norvège. Merci pour tous les petits encouragements, je maintiens ma vitesse de croisière.
Jour 17 True love travels on a gravel road – Elvis Presley217km Venjesdalen – Gjøra De la route au programme du jour. Nous nous aventurons dans la Norvège d’à côté, la pas touristique, moins nette, moins propre et moins dynamique. La route est longue pour atteindre Eresfjord, le plafond nuageux est bas, les fjords sont tristes, la journée s’annonce mal. A Eresfjord, on a pas de paysage mais on a des idées. Donc à la mairie, ils ont fait un brainstorming pour attirer les touristes. Et qu’est qui a été proposé ?! De l’intense, de l’émotion : des vieux vélos peints plantés un peu partout. God ide se serait exclamé l’édile local. Comme on ne veut pas trop s’enfoncer dans les montagnes avant que les nuages se lèvent (on y croit), nous allons faire un tour à des gravures rupestres préhistoriques, les Helleristningene de Boggestrand qui mélangent néolithiques et âge de fer. Le site est tranquille et charmant, en bord de fjord dans cette Norvège rurale un peu délaissée. Il y a trois grandes dalles, la première classiquement présente des gravures de rennes dans tous les sens (- 7000 avant JC) à la deuxième un poil plus récente, on y trouve des baleines malheureusement sous bâche car en traitement pour mieux résister aux pluies acides et la troisième de 700 avant Djaycee, rappeur avant l’heure, offre des gravures de barque, qui, en plissant bien les yeux et avec de l’imagination, ressemblent vraiment à des barques.
C'est un radeau ? C'est un bateau ? Non c'est superbarque !
Finie la branlette culturo-préhistorique et malgré le temps qui ne s’améliore pas, on commence quand même les choses sérieuses, c’est à dire la plus belle route que le monde entier de la Norvège ait connue : Eikesdal – Aursjovegen. La route longe dans un premier temps l’Eikesdalsvatnet, lac étiré et encaissé qui pourrait être impressionnant si les montagnes ne se noyaient pas dans les nuages, pour rejoindre la Marksdalfossen.
Il faut emprunter à la toute fin une route à péage pour y aller, route tout à fait dispensable puisqu’elle doit faire trois kilomètres de long (40 couronnes soit 4 euros les 3 kms). Mais comme on a la flemme, on y va en voiture que l’on enchaîne par une petite balade jusqu’au bas de la cascade. Malheureusement, seule la partie basse est visible, le ciel ayant tendance à nous tomber sur la tête dans le coin.
La version norvégienne du vase de Détritus (autrement appelée chez les Grecs pomme de la discorde)
L’autre intérêt (pour moi en tout cas) du coin, c’est qu’il est équipé en multiples panneaux instructifs, loin de l’hagiographie touristique habituelle (« blablabla, le site le plus mieux du coin, blablabla, merveille de la nature, blablabla des traditions qui remontent à des milliers de jours, blablabla, une vierge qui passait par là et qui a sauté d’une falaise pour le fun, etc. ») : Marksdalfossen fut le lieu et l’enjeu d’un combat socio-économico-écologique dans les années 60, fondateur pour l’écologie locale voire plus si affinités. Un projet très important d’aménagements hydroélectriques fut lancé sur le plateau Mardalsbotn, projet qui potentiellement pouvait couper l’arrivée d’eau des deux cascades Marksdalfossen (eh oui il y en avait deux). L’usine hydro-électrique et les potentiels industries attirées par la ressource électrique devaient se situer par ailleurs dans la vallée d’à côté d’Isfjorden (éloignée d’une centaine de kilomètres par la route). Pas de consultation des habitants du coin sur le projet – on ne va pas s’embêter avec les pégus – et ni une ni deux, hop, une mobilisation aussi bien locale (Eikesdal qui se sent totalement délaissé par le projet) que nationale se lance pour protéger Marksdalfossen et s’opposer au projet hydro-électrique. Ca s’emballe, avec le début réel des travaux malgré les manifestations et le soutien de certains partis politiques : un barrage (mais pas hydroélectrique celui-là) est installé par les locaux renforcés de militants écologistes avant l’heure et d’un député qui passait par là, pour empêcher les engins de chantier d’accéder à la zone. Ca dégénère – forcément – avec l’intervention de la police et celle beaucoup plus originale, et plus violente il semblerait, des locaux de la vallée d’à côté (d’Isfjorden pour ceux qui ne suivent pas), très favorables au projet vu les retombées économiques escomptées pour leur coin. Ca finit par une sortie au milieu du gué puisque le projet ne sera pas totalement réalisé et seule une des deux Marksdalfossen sera sauvée de l’assèchement. Et régulièrement, le bouzin est relancé en Norvège avec une opposition d’autant plus virulente qu’il y a maintenant des retombées touristiques pour la vallée d’Eikesdal.
Ce conflit est assez emblématique des questionnements qui se posent encore dans la Norvège actuelle : protection de la nature, manne touristique ou développement économique ? La question se pose d’autant plus que les cours d’eau norvégiens sont aujourd’hui très exploités hydro-électriquement (voire saturés), que les Norvégiens sont de très gros consommateurs d’énergie (les deuxièmes plus importants par habitant au monde) et que de nouveaux projets auraient non seulement un impact écologique moins bien vécu par des populations très sensibilisées mais aussi un effet sur le tourisme, les cascades étant un argument de marketing touristique de la Norvège. A cela, il faut rajouter que le pays n’a quasiment pas développé d’autres moyens de production d’énergie, y compris éolien. Et puis, faut penser aux saumons sauvages que les barrages rebutent ! Qui par ailleurs vivent un sale quart d’heure (de siècle) en Norvège, la faute en premier lieu à une bactérie qui les décime et en second lieu aux saumons d’élevage qui s’échappent de leur ferme, refile des poux, bactéries, algues et troublent la transmission génétique en se reproduisant avec eux (du coup, les nenfants neuneus ne savent plus remonter au lieu de ponte). Bref, saumons le sauvon en danger !
Même si ces sujets sont plus passionnants que les tribulations de deux français en goguette norvégienne, j’en reviens quand même à notre voyage et à Eikesdal. Après la pause cascade, le temps se dégage, l'Eikesdalsvatnet a plus fière allure.
Ceci n'est pas un fjord
Nous remontons la vallée en croisant quelques hameaux, de vieilles maisons en bois mignonnes et fleuries, qui offrent un habitat très regroupé voire aligné plutôt original pour le pays. La raison avancée est de minimiser les risques liés aux avalanches de ce que j’en ai lu mais je ne suis pas sûr de bien comprendre : du coup c’est tout ou rien ? Soit ça fait strike, soit ça passe à côté ?
Survivante de la sélection naturelle locale
La remontée de la vallée se conclut par l’Aursjøvegen, route payante et non goudronnée d’une trentaine de kilomètres, majestueuse et saisissante. Elle commence par une rude montée entrecoupée de tunnels et de nombreux lacets pour faire bonne figure elle se poursuit par un long plateau parsemé de lacs (de barrage, c’est la raison de l’existence de cette route), de lagopèdes alpins et de hytter chères aux cœurs d’outre-Skagerrak elle se termine par une descente – logique – qui offre des vues sur le Langrabbpiken, un monstre d’à pic déchiqueté.
Trouvera-t-on l'amour au bout de la gravel road ?
Big brother is watching you
Un lagopède, dit pintade des neiges
On descend de la montagne à cheval (moteur)
En cours de route, ne pas oublier l’arrêt photo d’Aurstupet, notre Trolltunga rien qu’à nous qu’on avait que pour nous tous seuls. Une falaise, une vallée, des gorges, beaucoup de bonheur (et de photos idiotes sur lesquelles nous jetterons un voile pudique mais pas intégral parce que c’est interdit par la loi française).
L'Austupefaction
(Aur)stup et flippe
Un camping du soir qu’il est bien (pour changer), le Gjøra camping : de la place, des arbres, des sanitaires nickel, une cuisine bien équipée et un accueil très sympa. Ben voilà, quand on veut, on peut !
Jour 18 Ride the lightning – Metallica 210km Gjøra – Otta Le trajet du jour et l’intérieur des terres sont l’occasion de voir en situation les très nombreuses fermes traditionnelles qui s’y ébattent dans leur milieu naturel. Chaque région a son espèce locale et les variations sont très nombreuses. Dans le coin de Gjøra et d’Oppdal, elles sont construites en rondin de bois et sans revêtement peint, leur donnant un aspect sombre et rustique. Il semblerait que le coin n’était pas très riche avant le 20ème siècle.
Austères, les bicoques du coin
Après les hommes-feux tricolores de Terre-Neuve (voir l'autre carnet que j'ai pondu pour comprendre), la pace-car de chantier, ie le 4x4 rouge ledebil.
Oui car en Norvège pour certains travaux avec circulation alternée, on met une voiture de chantier pour gérer les flux avec demi-tour à la clé. Ca, c'est de l'économie d'énergie !
Nous quittons le plancher des vaches pour traverser le Dovrefjell par la nationale et faire un arrêt à la réserve naturelle de Fokstugumyrin où il y a des zozios (en principe) parce qu’il y a du marécage dans le coin. On y va au pas de course, c’est bien aménagé avec des pontons et un lookout, on passe devant un élan sans le voir (oui, on est obnubilé par les zozios) dixit des Norvégiens croisés plus tard. On marche, on marche, on observe, on observe et de zozios point ! Deux pauvres grues cendrées au loin qui font de la peine, des passereaux tout pourris et rien d’autre. Mmmmhhhh ! Ca va pas du tout, ça, d’autant plus qu’il y a de vilains nuages noirs qui se profilent à l’horizon. Donc retour au pas de course pour changer et c’est là que je fais connaissance avec Monsieur Léclair qui tombe pas loin de moi, sature l’air d’électricité et fait dresser les poils du corps. Vite une voiture !
Zozios ?
Si esthétique et si fragile
Le deuxième objectif de la journée était de faire une courte balade dans le Dovrefjell vers un point de vue en espérant apercevoir de loin des bœufs musqués. La piste pour y aller est difficile à trouver, pas géniale, géniale et le temps semble se dégrader pour de bon. Demi-tour, ce n’est pas la journée de la faune sauvage. On se rabat donc sur un truc qui ne bouge pas et qu’on est sûr d’arriver à voir : une église. C’est pas trop sauvage une église et ça a le mérite de nous protéger du temps pourri.
L'église en question
Plus précisément, il s’agit de l’église de Lesja, réputée pour ses peintures à la rose. Et bim, la visite de l’église à 8 euros par personne... Aïe. Un accès d’auvergnatite plus tard, on reprend notre chemin pour emprunter une petite route payante – l’auvergnatite a été rapidement jugulée – Slådalsvegen, qui monte à un col lunaire et steppique avant de redescendre vers Vågåmo, notre dernier arrêt. Le but de la démarche de mettre fin à un corps en mouvement (ie une C3) dans cette localité est l’église créé par le docteur Frankenstein, notre première quasi-église en bois debout. Quasi car l’église est en fait une stavkirke-créature, elle est le fruit d’un architecte frankensteinien avant l’heure du 17ème siècle qui fusionna deux stavkirke mal en point en une. Le résultat est une réussite mais ne laisse pas de m’étonner : surprenant de préférer le réaménagement à la reconstruction. Pour les profanes, le stav ou bois debout est lié au fait de construire l’ossature en la faisant reposer sur des piliers de bois. La période d’érection de ces édifices a couru du 12ème au 15ème siècle dans le nord de l’Europe. Seule la Norvège a conservé des exemples plus ou moins originels. Au final, les stavkirke ressemblent assez étrangement aux églises en bois du Maramures dans le Nord de la Roumanie.
Le monstre créé garanti sans suture ni boulon | | À: Auk · 24 mars 2020 à 18:50 Re: Norway to hell Message 17 de 49 · Page 1 de 3 · 8 069 affichages · Partager Présente, je suis toujours. Ces coins du sud de la Norvège n'ont rien à envier au nord. Si le corona nous en laisse le loisir, faudra vraiment qu'on aille y faire un tour. | | À: Auk · 24 mars 2020 à 19:33 Re: Norway to hell Message 18 de 49 · Page 1 de 3 · 8 063 affichages · Partager ...faire un arrêt à la réserve naturelle de Fokstugumyrin où il y a des zozios (en principe) parce qu’il y a du marécage dans le coin. On y va au pas de course, c’est bien aménagé avec des pontons et un lookout, on passe devant un élan sans le voir (oui, on est obnubilé par les zozios)...
Il y a deux ans, nous avions aussi visité cette réserve et obnubilé par les quelques oiseaux, je n'ai pas vu l'élan que m'indiquait mon épouse
NB : le lien vers la carte ne fonctionne pas
En attente de la suite
Vivien | | À: Elgar · 24 mars 2020 à 20:09 Re: Norway to hell Message 19 de 49 · Page 1 de 3 · 8 057 affichages · Partager Il y a deux ans, nous avions aussi visité cette réserve et obnubilé par les quelques oiseaux, je n'ai pas vu l'élan que m'indiquait mon épouse
Je me sens moins seul !
NB : le lien vers la carte ne fonctionne pas
Je ne comprends pas, ça marche chez moi mais il faut faire défiler l'écran vers la Norvège pour arriver sur ma carte du trajet (ou pas manifestement ?) | | À: Auk · 24 mars 2020 à 20:42 Re: Norway to hell Message 20 de 49 · Page 1 de 3 · 8 052 affichages · Partager Je ne comprends pas, ça marche chez moi mais il faut faire défiler l'écran vers la Norvège pour arriver sur ma carte du trajet (ou pas manifestement ?)
En faisant cette manip comme conseillé, ça marche en effet (joli périple). | Carnets similaires sur la Norvège: Heure du site: 4:42 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 234 visiteurs en ligne depuis une heure! |