Norway to hell Auk · 19 mars 2020 à 16:05 · 161 photos 49 messages · 18 participants · 10 974 affichages | | | À: Auk · 25 mars 2020 à 12:17 Re: Norway to hell Message 21 de 49 · Page 2 de 3 · 1 715 affichages · Partager Bonjour, ok le lien fonctionne aujourd'hui, hier j'avais une erreur
De fait, c'est beaucoup plus facile pour ce situer dans ce spaghetti d'itinéraire Merci pour le récit agréable à lire ! Vivien | | À: Elgar · 25 mars 2020 à 17:49 Re: Norway to hell Message 22 de 49 · Page 2 de 3 · 1 702 affichages · Partager Jour 19 Life is wild – the Clash165km Otta – Lom Nous quittons aujourd’hui les fermes norvégiennes des vallées du centre du pays pour se retrouver sur les hauteurs du Jotunheim. Bbbbbbbbbzzzzzzzzzzz téléportation C3. Et hop nous entamons notre randonnée du jour, une sorte de montagne-dragon qui tente de cracher du feu sur Bessegen. Point météo : incertitude sur l’avenir, certitude 18/20 pluie 10/20 soleil 10/20 touristes 2/20. Les deux points, c’est pour les Tchèques qui ont débuté la rando avec nous et qu’on a BATTU. C’est qui les plus forts, c’est nous ! Vaclav Havel peut aller se rhabiller. [NDLR : Censuré]. Les Tchèques c’est pas une ré-hussite.
Revenons à notre randonnée, Knutshøe 13 km et quelque chose comme 700 mètres de dénivelé. Des lacs émeraudes et bleus métalliques, des glaciers dégueulant de pics acérés ou de dômes presque apaisés, des grandes prairies ondoyantes, des montagnes minérales et l’arête de Bessegen qui nous fait face, constellée de petits points.
Une arête de Bessegen, plutôt digeste par rapport à ses congénères
Comme j'ai bien aimé cette rando, vous avez droit à une palanquée de photos
Ca c’est pour le décor somptueux qui occupe nos mirettes. Ce qui occupe notre bouche, c’est le débat philosophique du jour : les petits points au loin sur Bessegen sont-ils des pierres mouvantes ou des randonneurs statufiés ? Un homme peut-il être parfaitement immobile et un rocher randonner ? Il semblerait que la réponse soit un peu au milieu comme toujours – Bayrou est un visionnaire, c’est pour ça qu’il a rallié les pierres en marche. C’est là qu’on se dit que les Rolling Stones sont toujours d'actualité. En tout cas, on dirait qu’une transhumance mi-immobile mi-escargotesque s’effectue de l’autre côté de la vallée. Quant à nous, à part les Tchèques, la fréquentation est plutôt tranquille, la montée beaucoup moins. Car en bon petit farceur norvégien, le chemin nous réserve deux bons petits passages droits dans la falaise. Heureusement, la pierre du coin (schiste ?) est particulièrement dentelée et permet un passage évident mais physique avec une petite montée en pression de mon petit cerveau.
La bosse de la randonnéeLa descente est sans souci et avec vue intégrée le retour, lui, est long et rapide, motivés que l’on est par des møstiksen. Il y a bien une petite plage de sable fin au bord d’un lac mais les attaques en piqué sont trop nombreuses pour en profiter pleinement.
Montagne chameau (aime bien faire des surprises)
Nous nous dirigeons ensuite vers Lom avec quelques sas de décompression en cours de route pour se réhabituer aux paysages humanisés. Stuttgongfossen est le premier arrêt, une cascade au débit impressionnant à laquelle on accède par un court chemin dans une jolie forêt tapissée de lichens si esthétiques. Le deuxième arrêt est plus fréquenté, il s’agit du Riddarspranget, sorte de mini-canyon sur la même rivière que la Stuttgongfossen mais un peu en aval.
Neige d'été
La cascade du jour pour se rappeler qu'on est en Norvège (et puis ça fait longtemps que je vous en ai pas mis une photo)
Le camping du soir, le Nissegården, développe le concept du tout payant à son paroxysme. Douche payante on s’y est habitué mais l’eau chaude pour la vaisselle et l’utilisation d’une plaque électrique minable payantes, nous passons un cap dans la rattitude et la mesquinerie. Pas d’eau chaude aux lavabos des sanitaires également, pingrerie quand tu nous tiens. L’endroit laisse par-dessus le marché une sensation d’abandon. Le site est pourtant agréable en bord de lac mais les moucherons saturent l’air du soir.
Jour 20 Church on sunday euh on thursday – Green Day146km Lom – Solvorn Journée quintessence de la Norvège, elle inclut des stavkirke, des routes de montagne, une cascade, des glaciers, des lacs, un fjord, des maisons en bois et des framboises. La première étape du jour est à Lom pour deux raisons : il y a une très bonne boulangerie qui servira à faire quelques emplettes (en particulier, des sortes de beignets sucrés avec de la cardamome dedans, original) et une stavkirke du coin, une des plus jolies d’ailleurs. Mais comme c’est plein de touristes, qu’il faut faire des choix de visite vu le nombre d’églises en bois qui nous attend, nous ne visiterons pas l’intérieur. Nous nous contenterons d’observer les us et coutumes des touristes japonais : un arrêt du car sur le parking, des pauses photo multiples à l’entrée du cimetière (les églises sont toujours plantées au milieu du cimetière), de préférence des gros plans sur ses amis/parents/covoyageurs/inconnus qui passaient par là et hop on repart. Et la mise en abîme ultime, c’est que je les regarde plus que l’église elle-même.
Stavkirke, fait (Lom)
C’est pas tout mais il y a de la route à faire vers Solvorn via le Sognefjellvegen. Nouvelle cassante, le dernier titre de Johannes-Jakob Gullmann : Encore un chemin Un chemin pour rien Un volant au creux de mes mains Encore un chemin Sans raison ni dessein Si rien ne différencie la fin Ca se voit que je suis à bout de mes descriptions et de mes adjectifs qualificatifs ? Là ça monte, ça descend, vous balancez des glaciers et des lacs de ci de là, vous mettez des virages en épingles à cheveux et des vues plus n’importe quel adjectif dithyrambique, vous rajoutez de la pluie et du soleil, vous secouez le tout et vous obtenez une route norvégienne. Le Sognfjellvegen est franchement dans le haut du panier. Le petit bonus est de rajouter le détour (payant), en mauvais état certes mais de toute beauté si on aime les paysages pelés, vers la Leirvassbu. Le coin doit être génial pour la randonnée dans une ambiance de haute montagne.
Lac, fait (Leirvatnet)
Glacier, fait (Bjørnbrean (notez le nom du glacier pas du tout cliché : le glacier de Bjørn))
Et comme on est dans les clichés, qu’est-ce qu’il y a ensuite sur notre trajet ? Un fjord, le bout du Sognefjord plus précisément. Bizarre de se dire que c’est l’océan Atlantique même s’il n’y a pas de marée, l’eau est à peine salée et l’embouchure à plus de 200 kilomètres. Et on enfile les banalités comme des perles aujourd’hui : une cascade, une ! La Feigefossen qu’elle s’appelle celle-ci. Les cascades en Norvège c’est comme les églises byzantines dans le Magne ( Grèce) et les baleines à Terre-Neuve ( Canada) : ça grouille, ça pullule, ça se reproduit et enfante toujours plus, jusqu’à submerger l’humanité toute entière. Reste plus qu’à imaginer une baleine qui surferait sur une cascade en sortant d’une église. Et on appellera ça un envahisseur canado-gréco-norvégien.
Cascade, fait (Feigefossen)
Et on continue dans le poncif norvégien puisque le dernier arrêt du jour est encore une stavkirke, Urnes. La plus belle, l’une des plus petites et la plus ancienne (du 12ème siècle). Le machin (non pas la CEE, Charles) est inscrit patrimoine mondial de l’humanité toute entière (aka le graal culturo-touristico-marketing ultime). Le guide local est passionné et passionnant et nous permet de comprendre pourquoi les représentations de saints ont été tolérées dans les églises norvégiennes malgré le protestantisme (avec en plus des poussées piétistes régulières) : on les accepte quand il s’agit des apôtres. Et hop le tour est joué, ni vu ni connu. Et pour la cancre du fond de la classe qui se demande ce que c’est le piétisme, le piétisme c’est un mouvement luthérien germanique appelant à un dialogue intérieur avec Dieu et une piété individuelle. La secte provoque avec sa diffusion l’ire des institutions religieuses luthériennes les accusant d’être des sous-marins calvinistes en charge de détruire le luthéranisme (brrr, j’en ai des frissons dans le dos tellement c’est méchant comme accusation). Comme quoi l’intolérance et la chasse à l’hérétisme s’adaptaient tout à fait convenablement au mouvement réformé qui venait de les subir...
Stavkirke, refait (qu'on est) (Urnes)
Des framboises succulentes en libre-service. Et le meilleur c'est que pour payer, on doit ouvrir la caisse.
La journée se finit par une traversée des plus bucoliques en direction de Solvorn,. Elle s’effectue sur le plus vieux rafiot que l’on ait croisé en Norvège, avec une gestion très artisanale. Ca sent le fuel, les mesures de sécurité sont inexistantes, il y a de la place pour trois-quatre véhicules et à peine le temps de monter qu’on est déjà de l’autre côté : Solvorn, coin béni des dieux, tout mimi au fond de son anse avec son hôtel chic du 19ème siècle, sa plage et ses petites maisons en bois qui s’éparpillent au milieu des vergers. L’Eplet hostel-camping, notre lieu de résidence des deux prochaines nuits est des plus croquignolets, coincé entre les framboiseraies, les pommeraies et les petites maisons en bois. Même si l’espace est minime pour les tentes (camping réservé aux tentes) et les douches réduites, la vue et les petits détails sympas (un potager en libre-accès, une cuisine avec mur d’escalade, des lapins géants, de la vente d’un très bon jus de pomme) rattrapent largement les inconvénients.
Fjord et maisons en bois, fait (Solvorn). Et voilà, on a coché toutes les cases d'une journée de tourisme en Norvège. | | À: Auk · 25 mars 2020 à 18:14 Re: Norway to hell Message 23 de 49 · Page 2 de 3 · 1 697 affichages · Partager Petite question: où avez vous pris les infos pour les diverses randos? Wikilok? Rother?
J'ai aussi beaucoup aimé Solvorn et Urnes, nous avions eu des dauphins qui suivaient le bateau entre Solvorn et Urnes.......... | | À: Sissi57 · 25 mars 2020 à 22:01 Re: Norway to hell Message 24 de 49 · Page 2 de 3 · 1 685 affichages · Partager Pas de guide rother ou de wikiloc. J'ai utilisé le site de l'association norvégienne de randonnée ut.no/. C'est en norvégien mais googletrad peut aider. Il y a surtout un accès à une carte topographique simplifiée de la Norvège (choisir la couche "Papirkart") où on peut faire apparaître des propositions de randonnée avec plus ou moins brèves explications à traduire ("Turforslag" > "Fottur") et des chemins de randonnée en rouge balisés par l'association ("Sommerstier"). Ca donne plein d'idées qu'on peut compléter par des recherches internet. Sinon pour des rando parfois sportives (mais pas que), ce double site en anglais est également une mine d'informations : fjordpeaks.com/ et www.westcoastpeaks.com/. | | À: Auk · 25 mars 2020 à 22:23 Re: Norway to hell Message 25 de 49 · Page 2 de 3 · 1 684 affichages · Partager Merci beaucoup pour la référence | | À: Auk · 26 mars 2020 à 15:49 Re: Norway to hell Message 26 de 49 · Page 2 de 3 · 1 664 affichages · Partager Salut Sylvain, Félicitations pour ce carnet que je lis avec plaisir ! Ça me rappelle le séjour que j'y ai effectué en 2016 ( Bergen, fjords, Trolltunga, Lom...). En juillet 2021, je dois aller 2 semaines aux Lofoten, du coup cette lecture n'arrange rien en ce qui concerne mon impatience... Ah au fait, j'aime beaucoup le ton employé. Les photos sont excellentes également. | | À: Rage2001 · 27 mars 2020 à 21:27 Re: Norway to hell Message 27 de 49 · Page 2 de 3 · 1 638 affichages · Partager Show must go on. Les jours qui suivent sont moins chargés et l'on reste dans un périmètre plus restreint que lors de notre chevauchée fantastique vers le nord. A nous les petites fjordaises ! Oui, encore des fjords, toujours des fjords !
Jour 21 Wild thing – Trogs 115km Solvorn Le programme est clair aujourd’hui : un aller-retour vers le Austerdalsbreen, the so called « finest ice-scenery in Europe » d’après William Cecil Slingsby, un Anglais qui, comme tout Anglais, ne s’y connaît pas trop dans tout ce qui concerne les choses avec de la glace. Nous lui faisons confiance quand même même si on voit ce que ça a pu donner pendant la guerre de cent ans. L’autre intérêt du jour est la route d’accès qui longe le Veitastrondsvatnet et offre de nombreuses vues sur le Jostedalsbreen en approche. On est content car le coin est épargné par le tourisme de masse qui a tendance à infiltrer tous les interstices locaux. Les derniers kilomètres se font sur une route payante avec péage tout à fait high tech.
Ceci n'est toujours pas un fjord
La boîte de l'honnêteté du péage
Allez zou, une randonnée, peu fréquentée, nous attend jusqu’au glacier, quelque chose comme 12 km qui peuvent paraître monotone, après un mini-canyon au départ, car une longue partie est à plat avec une impression de faire du surplace, sans voir le début de la queue d'un glacier, à tel point qu’au retour, on se fera arrêter tous les 300 mètres par des randonneurs nous posant la classique question « c’est encore loin ? C’est quand qu’on arrive ? ».
Une dernière ligne droite interminable
Mais le spectacle final vaut le coût. Slingsby était peut-être anglais mais il avait quand même bon goût – en matière de glacier. C’est l'apothéose glaciaire, une vue à couper le souffle sur une branche du Jostedalsbreen et la possibilité de s’approcher d’assez près de la glace (mais pas trop parce que le glacier gronde).
Et bim !
On repart dans l’autre sens, le coin étant un cul-de-sac, mais la route offrant des vues spectaculaires à l'aller comme au retour, on ne voit pas les kilomètres défiler (une quarantaine pour un aller). Solvorn est toujours aussi agréable pour une balade de fin d'après-midi
Un endroit à provoquer des exclamations suraiguës d'anglaises "So cute!"
Le soir, on teste le café/restaurant de Solvorn. Petite astuce technique, il ne faut pas lambiner en route le soir parce que ça ferme tôt, que les entrées et desserts sont préparés et que vous avez envie d’un dessert. Et comme vous voulez un dessert et qu’ils disparaissent très rapidement... Les plats sont bons sans chichi et le dessert est passablement cannellisé (et j’aime pas la cannelle dans les desserts).
Jour 22 Mangez-moi – Billy ze kick71km Solvorn – Vindedalen C’est à regret que nous quittons notre camping mignon tout plein de Solvorn. Notre premier arrêt, juste au-dessus de Solvorn, c’est le parking de la randonnée pour le Molden. On débute la marche en papotant avec un van de soixantenaires français qui ont la forme et la tchat ALERTE, alerte champignons, il y en a partout. La forêt est plus que prometteuse, un éden pour tout cueilleur de champignons qui nous font des coucous depuis le bord du chemin. Bon ça attendra à regret la descente, on n’a pas que ça à faire, on a du pain de 4 km et 500 mètres de dénivelés sur la planche. Donc ça monte, ça monte ! Et forcément quand on monte une montagne, on arrive, pour ceux qui suivent, à un point de vue. Petite précision technique : en principe, plus on est haut, plus le point de vue est large et lointain. A 1116 mètres, c’est déjà pas mal pour voir le Lustrafjord. Pour les montagnes, on repassera car le plafond nuageux est bas. Redescente avec des arrêts champignons bien sentis : des pieds de mouton et des girolles à la pelle, en quelques dizaines de minutes. Serait-on arrivé au paradis des cueilleurs de champignons ? Je chanterelle l’hymne à la joie, je pleurote d’émotion, je russulule de plaisir.
Un fjord lustré
Revenons à des préoccupations plus terrestres, notre voyage : nous reprenons la route pour rejoindre le Samlinger Sogn Folkemuseum, notre deuxième et dernier musée ethnographique (la troisième tentative sera un échec). Celui-là a une section intérieure très bien fournie avec des explications complètes sur les modes de vie ruraux, les traditions, etc. Franchement pas mal malgré une muséologie vieillissante mais en cours de changement. Le parc de maisons traditionnelles est sympa également. Ce type de musée permet de se rendre compte des évolutions architecturales suivant les régions et d’une foultitude de détails du type : la peinture rouge sur les maisons, c’est pour les pauvres, la blanche pour les riches ; dans certains coins, on crame superficiellement le bois pour la conservation d’où le côté noir de certains édifices (exemple : les stavkirke). Je n'ai pas tout retenu mais le musée est une mine d'informations sur la vie dans le coin avant le 20ème siècle.
Le dernier arrêt de la journée est bref, il s’agit de la stavkirke de Kaupanger, d’époque renaissance en majorité et donc plus récente que ses petites camarades. Pas de visite de l’intérieur.
Je vous mets quand même une photo de stavkirke comme ça pour le principe
Un passage de ferry plus tard (c’est notre dernier, snif), nous voilà au Vindedal camping dans une hytte pour deux nuits. L’endroit est calme, l’accueil sympathique, la vue belle, le prix correct et la hytte de bonne qualité. Ça change de nos déconvenues campinguère.
Bus norvégiens
Fenêtre sur fjord | | À: Auk · 28 mars 2020 à 16:16 · Modifié le 29 mars 2020 à 22:03 Re: Norway to hell Message 28 de 49 · Page 2 de 3 · 1 613 affichages · Partager Jour 23 The factory gates – Kaiser Chiefs176km Vindedalen Bouclez les ceintures, on fait une boucle autour du Sognefjord, en commençant par Øvre Årdal, archétype de la ville industrielle ouvrière qui habite de nombreux fjords et baies de Norvège, Les usines, souvent des industries très consommatrices d’électricité comme de la métallurgie, profitent de l’hydro-électricité abondante et d’un accès directement en bateau pour du transport lourd. L’industrie du coin est imposante et occupe une bonne partie du terrain plat mais ce n’est pas le but de notre balade car ça sent la cascade dans le coin. Juste à côté, il y a la vallée encaissée, Utladalen, point de départ d’une randonnée relativement fréquentée jusqu’au saut le plus haut d’Europe, Vettisfossen. En chemin, il y a de l’excitation et de l’émerveillement puisque nos yeux en prennent plein les mirettes avec Hjellefossen, Avdalsfossen, Hyljefossen et toutes celles dont je ne peux pas citer le nom (je m’en excuse, qu’elles ne le prennent pas mal). La vallée offre un cadre assez austère et vertigineux, d’autant plus que les Norvégiens ont réussi à planter des fermes entre les couloirs d’avalanche. 12 km pour le tout, emballé, c’est pesé, ma bonne dame.
Notre collection printemps-été de cascade
Hjellefossen, tout de blanc vêtue et dotée d'une élégance bondissante
Avdalsfossen, rafraîchissante, habillée d'un voile de la mariée
Vettisfossen, élancée et féline, ne manque pas d'aplomb
Notre boucle continue par une montée vers les plateaux et le lac de Tyin. La route de côte est assez particulière puisque les Norvégiens du coin ont innové en inventant l’épingle à cheveu-tunnel. Une fois sur le plateau, le paysage se fait vaste et ouvert, ponctué de ci de là par des lacs et des hytter chères au cœur des Norvégiens.
Au détour d’un virage, paf on se retrouve nez à nez avec une chèvre... Bizarre cette chèvre aussi haute sur pattes et avec des cornes aussi longues... Ah mais c’est un renne qui n’est d’ailleurs pas farouche (y a de l’élevage dans le coin ?).
La cabra local
En redescendant, on tombe tout à fait fortuitement sur une petite stavkirke méconnue : Borgund (chhhuuutttt, c’est un secret entre nous, faut pas le répéter). Comme toutes les stavkirkes, c’est en bois, c’est brun foncé et c’est cher. Nous ne visiterons donc pas l’intérieur.
Le dernier arrêt du jour est le vieux village de Lærdalsøyri, encore bien doté en jolies maisons en bois colorées du 19ème siècle pour la plupart. Le bourg est étonnamment calme par rapport aux touristes qui pullulent partout dans les environs. Ça manque un peu de terrasses pour se prélasser sous la pluie.
Jour 24 The grand canyon – Puscifer150km Vindedalen - Ringøy Cette journée est censée être le clou du spectacle, l’apothéose du voyage, car elle accueille le Naeroyfjord et son copain le Aurlandsfjord, réputés les fjords les plus spectaculaire de l’Ouest norvégien. Mais j’ai un mauvais pressentiment : déjà il ne fait pas très beau, ensuite ça m’a l’air très touristique après mon expérience désagréable de Trollstigen et ma tolérance variable du tourisme de masse, enfin, on a déjà vu des fjords, beaucoup de fjords. Une certaine lassitude nous gagne aujourd’hui. Allez c’est parti pour le Aurlandsvegen qui évite le tunnel de 25 km pour une route classiquement chouette : cascade, plateau pierreux, vue sur fjord et épingles à cheveu.
"L’aube spongieuse et molle était trouée par moments de louches passées de lumière, qui boitaient sur les nuages bas comme le pinceau tâtonnant d’un phare."
Stegastein, qui se trouve fortuitement sur notre trajet, offre entre deux nuages un point de vue ouf, guedin sur le Aurlandsfjord, malgré les perchistes fous, les hédonistes de leur propre visage et les autocentrés connectés.
Le saut dans l'inconnu, allégorie
Mais laissons la parole à Dédé Maquereau : « Entre ici, camping-car, avec ton innombrable cortège. Avec ceux qui sont endormis sur les parkings sans avoir mangé, comme toi; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant mangé; avec tous les pépés et toutes les mémés des camps de bord de route, avec le premier van hésitant des longues files de transhumance dans le brouillard, enfin garé sous les klaxons. » Quel poète, ce Dédé ! Et ce malgré le sujet aride de l’omniprésence des camping-cars sur le bord des routes norvégiennes, partout, tout le temps, en tout endroit et surtout dans le coin.
Un court arrêt pour trouver des timbres à Flåm nous permet d’être noyés dans le flux des croisiéristes descendant « FUYEZ PAUVRES FOUS », tais-toi Gandalf, tu déranges ma narration. Excusez-le, il radote. Bon, Flåm, saturé par le tourisme de masse, ne mérite pas un arrêt, surtout quand vous avez des accès de misanthropie aiguë. A ce qu'il paraît, tout ce beau monde est là pour la Flåmsbana, ligne de chemin de fer vers les hauts plateaux.
Du coup, on se rend à Undredal, toujours sur le Aurlandsfjord, toujours sous la pluie mais beaucoup plus calme. Le coin est mignon avec une mini-église en bois débout que nous ne visiterons pas. Undredal est également la patrie d’un fromage de chèvre réputé ou redouté, c’est selon.
Les nuages ont au moins le mérite de ceindre les montagnes de mystères.
Nous passons notre tour de fromage pour nous diriger vers la vallée d'à côté, où se trouve Bakka sur le Naeroyfjord. Je crois que bon, on prend les fjords les uns après les autres. L’important c’est les trois cascades... On a été offensif dans les montées et défensif dans les descentes.
THE NaeroyfjordL’innovation touristique bat son plein dans le coin : après les campings pourris en tout genre, voici le camparking. Le concept est très simple : vous prenez un bord de route type parking en terre et voilà, vous avez votre camping payant. Malynx le Norvégynx ! Sinon le Naeroyfjord c’est un fjord épicétou (ça se voit que je m’use ?). Je veux bien lui reconnaître qu’il est zoli, et très étroit.
La prochaine destination est la route de Stalheimskleivi, sous un timide soleil passager. Il y a quelques cascades dans le coin et cette ancienne route, à sens unique, aux virages serrés et descendue par des bus de rallye de nos jours. Une jolie vue sur la vallée en prime et on repart.
L’accalmie météorologique est de courte durée dans notre voyage vers le Hardangerfjord, la pluie reprend ses droits. Nous passons devant la Tvindefossen sans un arrêt (brrrr tous ces cars) et faisons un bref arrêt course à Voss. Des trombes d’eau nous accueillent à Ringøy, au bord du Hardangerfjord et nous convainc de louer une hytte pour la nuit au Ringøy camping, hytte élue la pire du voyage dans un camping pas au meilleur de sa forme. Un ameublement inchangé depuis les années 60, des tâches douteuses sur les matelas et oreillers, des plombs qui grillent quand je veux allumer l’antique plaque électrique, un évier extérieur commun sans eau chaude ni auvent pour faire la vaisselle (pratique sous le déluge !), une seule douche... La coupe est pleine (normal, me direz-vous, après toute la pluie du jour). | | À: Auk · 29 mars 2020 à 19:08 Re: Norway to hell Message 29 de 49 · Page 2 de 3 · 1 590 affichages · Partager Jour 25 Love boat – Jack Jones80km Ringøy – Eidjord Journée pluvieuse, journée haineuse, c’est le dicton du jour. La hytte pourrie du camping de Ringøy est derrière nous, sa seule utilité est de nous avoir protégés du torrent d’eau qui s’est déversé dans la nuit. Le matin c’est plus calme mais c’est pas gagné.
Aventuriers dans l’âme, ne craignant pas le froid et les éléments déchaînés, prêts à braver les montagnes les plus inaccessibles, nous décidons, à travers les cieux, l’espace et le temps, de faire la randonnée-autoroute derrière Kinsarvik pour voir des cascades : dans l’ordre, Tveitafossen, Nyastølfossen, Nikkjesøyfossen et Søtefossen. Le chemin après Tveitafossen est boueux, spongieux, bien raide par endroit (on ne se refait pas, on est en Norvège) et plutôt assez fréquenté à ma surprise malgré le temps l’eau ruisselle dans tous les sens et le marcheur occasionnel a massivement choisi l’option : « de toute façon, tôt ou tard, je finirais trempé, renafout des protections, vive le short et les tennis et aventi ! ». Nous, on en profite pour cueillir quelques champignons – c’est un peu une obsession chez nous mais ils nous provoquent : à chaque forêt traversée, il y en a au bord du chemin – et pour admirer Nyastølfossen, une des plus belles cascades que l’on ait vu en Norvège. Et dieu sait – s’il a survécu au temps de chien – qu’il y en avait dans ce pays. Bon, le torrent a bien été aidé par le mauvais temps des deux derniers jours. La fin de la randonnée coïncide étrangement avec l’intensification de la pluie. Dans ces cas-là, on a tendance à voir la vie en 50 nuances de pluie : il y a la bruine qui ne mérite pas le nom de pluie, la pluie acceptable, la pluie même pas peur mais bon faut pas trop que ça dure, la pluie je ne sortirais pas le petit bout d’un orteil hors de la voiture et la pluie courage fuyons.
Nyastølfossen
Il nous reste quand même un après-midi à tuer. Nous commençons par l’église de Kinsarvik qui fait son originale avec ses vraies pierres du 12ème siècle. L’architecture est d’une simplicité alors que le mobilier d’église fait dans le baroque en bois (retable, chaire et balcon très travaillé avec peinture à la rose). La peinture à la rose, rosemåling en norvégien, est un genre décoratif peint de la Norvège rurale, inspiré du baroque. Il a fait fureur au 18ème siècle, sans moustache en plus, et reproduit des motifs végétaux sur tout ce qui est immobile et se trouve à proximité d'un paysan norvégien. Le "rose" ne renvoie pas à la fleur mais veut dire "décoré" en norvégien. Jésus aurait dit à ce propos : "Ca vous épate, hein !?"
Une rigueur toute luthérienne
L'intérieur est plus riant.
Quand on n’en a pas assez, on en redemande ! De quoi ? Des cascades, pardi ! Nous voilà partis pour la Skytjefossen, encore une qu’elle est haute. Et comme on a la flemme cet après-midi, on prend la piste et on y va en voiture. Personne à l’horizon et un instant de tranquillité face à la fossen en écoutant everytime you touch pour rester dans l’ambiance (des Cascada, vous l’avez maintenant, la blague ?!). Le soir, le Kjaertveit camping à Eidfjord, sans salle commune pour cuisiner, nous force à nous réfugier dans un restaurant le soir – tout relatif – venu. Problème, la croisière s’amuse a débarqué dans le coin et tous les (rares) restos sont réservés... Nous voilà, tels des hyènes croyant se régaler d’une gazelle, subissant le passage d’une bande de lions et devant se rabattre sur trois termites, obligés de terminer notre soirée dans le fastfood du village, 20 euros pour un minable burger et ses trois frites surgelées qui ont du mal à passer. Sinon le camping à Eidfjord est, pour ne pas changer, dans un joli site mais médiocre par ailleurs.
Jour 26 Fille du vent – Keny Arkana17km Eidjord – HardangerviddaAyez, it is the big day pour le Hardangervidda. Hop, hop, chaussures lacées, sac à dos bouclé, bâtons bien en main, casquet ah non il y a pas de soleil, le regard chargé de défi affrontant l’horizon, confiants et forts, nous partons pour 40 km en deux jours avec un dénivelé inconnu mais pas dément dans tous les cas le Hardangervidda reste quand même un plateau un peu vallonné. Le chemin s’annonce rapidement boueux vu ce qu’il y a plu les deux derniers jours. Il commence par quelques vues sur Hjølmadalen.
Même le tout petit est chouette en Norvège
Nous faisons notre détour traditionnel vers une cascade, Valursfossen.
AmenPuis c’est parti pour les grands espaces qui offrent des vues lointaines. Oui il n’y a pas de réelles montagnes pour boucher le paysage et on va assez vite avoir quelques repères qui vont nous accompagner toute la marche : au sud, Hårteigen la montagne-dromadaire, au nord, le dôme du Hardangerjøkulen, glacier qui sonne étrangement islandais (ah ce fameux Eyjafjallajøkull, le glacier de la vallée de l’île) au contraire de ses petits camarades norvégiens. Car comme les Inuits sont réputés pour x appellations pour la neige, les Norvégiens semblent avoir un nombre impressionnant de noms pour glacier : fonna, jøkul donc, breen ou brea (si j’ai bien compris masculin ou féminin), skavlen, isen dans le nord et des noms sami par-dessus le marché encore plus au nord.
Au nord les corons
On dirait le sud
Pour revenir à mes moutons, nous nous retrouvons assez rapidement seuls sur les chemins du Hardangervidda, passés Viveli. Enfin seuls pas vraiment car tous les cinq kilomètres environ, il y a une sorte de hameau de hytter : ils semblent tous désertés mais pas abandonnés. Pas d’électricité pour la plupart des maisons, confort spartiate, unique accès à pied, qui sont-ils, ces Norvégiens qui ont décidé de planter une bicoque là-haut ? Que font-ils ? Chasse, pêche, nature et tradition ? Où vont-ils (faire caca) ? D’où viennent-ils ? Je rêve de le savoir que leur désir de vivre est inextinguible.
On avance, on avance et plus on monte –relativement- plus le vent se lève, il faut tenter de vivre. Sympa le côté haut plateau isolé, parsemé de lacs. On nous avait par contre vendu la principale harde de rennes sauvages de Norvège, rien vu à l’horizon. Nous plantons la tente à proximité du Langavatnet sur un tapis de mousse des plus confortables.
Jour 27 Walk on the wild side – Lou Reed60km Hardangervidda – Lofthus Le réveil le matin est glacial, il a dû faire moins de zéro dehors et l’atmosphère intratente est des plus fraîches. Hop hop, ça motive à fiche le camp le plus rapidement possible. Et c’est donc reparti pour ce plateau émaillé de hameaux inhabités et de vues panoramiques pour redescendre sur un torrent-fleuve au débit furieux. Nous avons le plaisir de surprendre en cours de route quelques lagopèdes alpins et pluviers dorés, des vieux amis depuis l’ Islande. L'aventure c'est toujours l'aventure avec la traversée d'une passerelle-balançoire qui se trémousse sous l'effet du vent local. Puis Finnabu – Hedlo – Viveli – voiture tranquillement.
D’une certaine façon, cette randonnée, sans spectaculaire, sans montée violente, sans relief déchiqueté, sorte d’antithèse des paysages des fjords et hymne à la solitude, fut des plus agréables.
Le plat pays qui est le mien
On reprend la voiture pour rejoindre Lofthus et son camping à haute densité (le Lofthus camping). C’est dommage, le lieu est très sympa, une pommeraie avec de jolies vues sur le fjord mais à un moment donné, il faut arrêter d’accepter tous les campeurs potentiels qui passent. Oui, je l’ai encore mauvaise, le camping-car à un mètre de la tente. Par contre, hors saison estivale, ça doit être un bonheur (ou c’est fermé). On se rattrape sur les environs qui correspondent totalement à ce mélange de mignonitude et de grandiose propre à l'ouest de la Norvège : rivages égayés de vergers et de petits maisons et montagnes escarpées
Le poids des mots, le choc des photos
Pour le soir, après tous ces efforts, c’est le réconfort donc restaurant et le meilleur de notre voyage (hors excès Bergenien). C’est roboratif, très bon et plus original que la moyenne dans le genre traditionnel : j’ai droit à une sorte de potée avec viande fumée et saucisse du coin pendant que Aukette mange une espèce de viande hachée goutue. | | À: Auk · 29 mars 2020 à 19:19 Re: Norway to hell Message 30 de 49 · Page 2 de 3 · 1 588 affichages · Partager J'espère que vous avez encore tout plein de voyages à nous raconter sur ce ton, c'est précieux en ces mornes temps de confinement | | À: Sissi57 · 30 mars 2020 à 12:38 Re: Norway to hell Message 31 de 49 · Page 2 de 3 · 1 567 affichages · Partager Merci de me soutenir jusqu'à la fin qui arrive tout de suite. C'est toujours agréable d'avoir quelques retours de lecteurs. J'ai l'impression en tout cas que la Norvège n'est pas très vendeur sur ce forum, j'aurais dû maquiller mon compte-rendu en carnet sur l'ouest américain !
Antoinette, il y a un carnet sur Terre-Neuve qui traîne sur mon profil si ça vous tente. J'en ai également un en stock sur la Grèce mais vu le contenu et les blagues, il faudrait que je censure assez massivement pour le publier... Faut que je trouve le courage, un de ces quatre.
Jour 28 It’s the final campground euh countdown – Europe 197km Lofthus - Dalen Byebye Hardangerfjord. Nos adieux passent par Odda, symbole de ces villes industrielles que l’on trouve à chaque fond de fjord, sorte de rappel que la vie norvégienne n’est pas que nature sauvage et aménagements touristiques. Moi je leur trouve un charme brutal et suranné, rencontre oxymoristique de l’industrie lourde, massive et polluante et de la clarté sauvage et cristalline des fjords et des montagnes.
Adieu l'fjord, je t'aimais bien
Reprise d’une longue route vers le Telemark en passant par la Låtefossen, cascade très photographiée mais qui nous laisse de marbre après toutes les cascades que l’on s’est enfilées ces derniers jours. Il faut dire qu’à force de chanter Cascada... Le détour suivant emprunte le Seljestadjuvet, jolie route à épingles à cheveux évitant un long tunnel. Rando, pas rando au col ? Pas rando car on traîne un spleen de fin de voyage qui ramollit toute initiative ou tentative d’amorçage d’une action dynamique.
Du coup, nous nous rabattons sur la stavkirke de Røldal qui paie pas de mine à l’extérieur. Nous avons là encore un bel exemple de protestantisme mais pas trop : le lieu a continué à servir de pèlerinage à l’avènement du luthérianisme car renfermant un Christ crucifié miraculeux. Et hop, on met de côté l’arrêt du culte de la bibeloterie, le refus des pèlerinages, le discours d’un retour aux textes et rien qu’aux textes, la sobriété pour permettre le dialogue avec dieu dans les lieux de cultes. Car oui, l’intérieur est très riche avec une décoration de peinture à la rose, un autel, une tribune baroque et une statue de saint Olaf. Tout ce qu’il ne faut pas faire quand on est piétiste luthérien...
Røldal : ne vous fiez pas à son plumage, ses entrailles méritent un coup d’œil
Quelques détours plus loin, c’est ensuite l’heure de la Ravnejuv-énation : Ravnejuv, à côté d’Åmot, fut un lieu de sortie des élites à la fin du 19ème siècle, friandes d’endroits romantiques. Napoléon IV (vous ne le connaissez pas celui-là !) et ses potos y sont passés, la balade faisant partie du package excursion de bateau jusqu’à Dalen-découverte de la Norvège sauvage. Aujourd’hui, c’est complètement désert mais le charme opère toujours avec une falaise, une vue plongeante sur la vallée de Tokke et un paysage bien différent des précédentes expériences norvégiennes, boisé, relativement apprivoisé et beaucoup plus ressemblant à ce qu’on peut trouver dans le Jura ou les Vosges.
Rendons aux chanterelles ce qui est aux chanterelles, les véritables stars de ce voyage
Notre dernière étape de camping se trouve à Dalen, terminus du canal du Telemark bâti à la fin du 19ème siècle pour l’exploitation du bois. Mais le coin se tourne rapidement vers l’exploitation touristique, question de rentabilité surtout quand on faisait dans le haut de gamme expliquant la présence d’un hôtel style dragon monstrueux et un brin toc construit à la fin du 19ème siècle. Pour le reste, le village se love au fond d’un joli lac.
Kitsch, quand tu nous tiens
Le Buøy camping à Dalen est confortable et très cher (le plus cher du voyage) mais il offre de l’espace, de l’intimité, des sanitaires nickel et des équipements communs de qualité. Les Norvégiens font une sorte de variante du « Boire ou conduire il faut choisir » : économiser ou dormir, il faut choisir.
Jour 29 Demain il pleut – Guerilla PoubelleDalen – Larvik La Norvège pleure toutes les larmes de son corps devant la perspective de notre départ. Nous nous levons, il pleut. Nous rangeons presto mollo nos affaires, on est pas pressé ce matin mais il y a déluge. Puis nous partons à Eidborg juste à côté de Dalen pour voir l’église et le musée ethnographique censés ouvrir à 10h. Il pleut. Un peu en avance, nous attendons 30 minutes dans la voiture avant d’être pris d’un doute : pleut-il ? Euh non, c’est plutôt : est-ce que ça ouvre vraiment à 10h ? Il y a personne et il pleut. Affrontant les éléments je vais regarder les horaires... Ouverture à 11h car oui, le 15 août en Norvège c’est le début des horaires hors saison. Caramba, encore un pays de gringos qui ne pensent qu’à faire leur siestas ! Rapide coup d’œil à l’église, moment d’émotion puisque c’est notre dernière stavkirke et peut-être l’une des plus belles. Petite dédicace à ces soldats allemands de la Seconde Guerre Mondiale qui s’ennuyaient un peu, faisaient du tourisme et laissaient un petit souvenir gravé dans la porte. Ah la dureté de la guerre ! Puis on se barre en maudissant les Norvégiens qui sont pires que des Auvergnats en termes d’horaires.
Cela finit comme cela a commencé : par la pluie
Nous traversons très rapidement le Telemark il pleut. Le paysage devient de plus en plus habité, cultivé et quelconque. A un arrêt au Ulefoss sluser (une écluse sur le canal du Telemark), il pleut. Comme le rythme de visite s’est ralenti aujourd’hui, nous arrivons tôt à Larvik, il pleut. Et comme il pleut, nous nous réfugions dans le Herregården, « palais » du 17ème siècle construit pour le vice-roi de Norvège de l’époque, Ulrik Fredrik Gyldenløve. Aucun des vices-rois n’y résidera, préférant habiter le Danemark plus ensoleillé et lieu du pouvoir politique. Le bâtiment est révélateur de l’état de la Norvège. De l’extérieur, on dirait une grosse ferme cossue de l’intérieur, il y eut un soin de décoration et de mise en scène au goût de l’époque mais l’ensemble paraît plus que provincial. Le plafond est bas et comme on n’a pas d’argent pour du stuc (et encore moins du marbre), on y trouve des trompe-l’œil amusants pour imiter les moulures et les escaliers en marbre et des grisailles fusionnant avec la peinture à la rose locale. Toute la construction est en bois, avec des risques d’incendie énormes encore aujourd'hui, et la visite guidée des plus intéressantes, d’autant plus que la guide prend le temps – il n’y a plus de nouveaux visiteurs – de nous emmener dans tous les recoins du palais (un grand mot pour le manoir). Nous avons donc pu visiter de nombreuses parties dans leur jus, dont la charpente en carène renversée assez belle. Le plus étonnant est la multiplicité des usages que la bâtiment a pu avoir jusqu’à très récemment : école, HLM, caserne de pompiers. Et le tout, au delà de la partie ouverte habituellement à la visite, est resté en l'état.
Oui, oui, il s'agit bien du principal palais norvégien au 17ème siècle !
Comme on a encore du temps à tuer, nous faisons un ultime détour vers Stavern, petite ville blanche dans le style des Mandal et Flekkefjord du début de voyage avec la même pluie. C’est mignon sans pluies euh pardon plus, avec forteresse, église baroque et sorte de tours en bois mais on ne s’y attarde pas trop, le temps ne permettant pas de savourer le bord de mer. Bon, on ne peut pas dire que la Norvège nous gâte pour notre dernier jour qui a consisté en une fuite en avant devant la pluie.
Jour 30 Make em purr – Sage FrancisLarvik - GöttingenUn rapide au revoir de Larvik avant un trajet en ferry sans histoire. C’est le retour par la même route. Same old story. Et puis ça vous intéresse des histoires d’autoroute allemande ? C’est un coup à ce que je finisse par parler de l’ Allemagne nazie, d’Hitler et de ses grands travaux. Donc bon, je risque de perdre mes trois lecteurs... Le seul fait notable du retour, c’est notre hôte du soir à Göttingen, très amicale et totalement sous la coupe de chats se prenant pour les rois du pétrole. Mériterait une intervention du CCC...
Jour 31 How it ends - DevotchkaLa chanson de la fin :
Wir fahr'n fahr'n fahr'n auf der Autobahn Vor uns liegt ein weites Tal Die Sonne scheint mit Glitzerstrahl Die Fahrbahn ist ein graues Band Weisse Streifen, gruener Rand Jetzt schalten wir ja das Radio an Aus dem Lautsprecher klingt es dann: Wir fah'rn auf der Autobahn | | À: Auk · 30 mars 2020 à 15:15 Re: Norway to hell Message 32 de 49 · Page 2 de 3 · 1 553 affichages · Partager Bonjour Sylvain
J'ai suivi le compte rendu et j'ai l'impression que les paysages sont peu variés. Entre fjords et forêts parsemés de 2/3 églises c'est sensiblement le même décor d'un bout à l'autre, non? J'avais prévu un road trip en Norvège début juin je pense que ça va être compromis mais ça donne toujours quelques idées au cas où... | | À: Othellomoto · 30 mars 2020 à 17:28 Re: Norway to hell Message 33 de 49 · Page 2 de 3 · 1 538 affichages · Partager J'ai suivi le compte rendu et j'ai l'impression que les paysages sont peu variés. Entre fjords et forêts parsemés de 2/3 églises c'est sensiblement le même décor d'un bout à l'autre, non?
Bonjour Giovanni
L'impression vient peut-être du fait que nous nous sommes cantonnés à une seule partie de la Norvège où nous sommes beaucoup passés de fjord en fjord. J'aime bien prendre mon temps et les temps de trajet sont rapidement assez longs. Je suppose que le nord ou l'est de la Norvège sont différents.
Par ailleurs, le climat local nordique limite les variations (plus qu'en France, en Espagne ou en Italie et encore je prends l'échelle d'un pays) mais il y a quand même eu une certaine diversité au cours de notre voyage, entre les côtes, peu fréquentées par les touristes étrangers et elles-mêmes assez différenciées, les fjords, les zones de haut plateau assez pelés ( Dovrefjell, Hardangervidda), les montagnes déchiquetés du Jotunheim, les glaciers dômes ou le Telemark beaucoup plus cultivé et habité. Ce qui est certain, c'est qu'il y a un côté cinquante nuances de montagne...
Pour le côté culturel, il faut se méfier des apparences, les églises en bois debout sont concentrées dans un carré centre-ouest de la Norvège. Et j'ai eu tendance à mettre une photo de toutes celles que j'ai croisées. Pour le reste, oui, il n'y a pas un patrimoine énorme, beaucoup de fermes, maisons, petits villages en bois avec des variations régionales mais les quelques villes visitées, Ålesund et Bergen, sont particulièrement agréables.
Bref à vous de vous faire votre avis. Mais juin, ça risque d'être compliqué... | | À: Auk · 30 mars 2020 à 17:53 Re: Norway to hell Message 34 de 49 · Page 2 de 3 · 1 533 affichages · Partager Je vais aller lire le carnet sur Terre-Neuve. Notre road trip de cet été, prévu Finlande, nord de la Norvège en juin me paraît aussi bien compromis. J'avais pris les billets de ferry entre l' Allemagne et Helsinki, pour filer ensuite droit au nord. Pour l'instant la compagnie de ferry ne propose rien, on verra bien. | | À: Auk · 31 mars 2020 à 4:47 Re: Norway to hell Message 35 de 49 · Page 2 de 3 · 1 513 affichages · Partager Bonjour Sylvain, ah! Ah! Je te suis, le titre est accrocheur pour les intéressés. Bravo et merci pour ce c r, en cette période de confinement, c'est du bonbon. Une amie et moi avons le projet en 2021 de visiter la Norvège. Tes informations me sont très utiles. J'ai fait un arrêt malheureusement très court en Norvège lors d'une croisière en 2016 dont j'ai fait un c r. C'est beaucoup de travail ce c r et je t'en suis reconnaissante. Amitiés | | À: Auk · 31 mars 2020 à 14:49 Re: Norway to hell Message 36 de 49 · Page 2 de 3 · 1 495 affichages · Partager je risque de perdre mes trois lecteurs...
Bien plus de trois, au moins 11 et sans doute bien plus, anonymes derrière leur écran et qui se sont sans doute bien amusés avec ton récit.
En tout cas, moi, j'ai tout lu jusqu'au bout, ce qui m'amène à revenir à ton titre "Norway to hell". Au final, qu'as-tu apprécié (ou préféré) dans ce voyage, qu'as-tu moins aimé voire détesté ? La Norvège est-elle vraiment infernale ?
En ce qui me concerne, la Norvège fait partie de mes plus beaux voyages et si j'avais eu à choisir un titre dans la même veine, j'aurais sans doute titré : "Norway to heaven".
Pour le fun, sais-tu que "Norway to hell" et "Norway to heaven" ont été donnés à des collections de chaussettes (ou plutôt de "Josettes") aux motifs de paysages norvégiens !
Voir ici et là !
Bonne continuation dans tes voyages (mais en attendant reste bien chez toi !) | | À: Krikri6792 · 31 mars 2020 à 17:15 Re: Norway to hell Message 37 de 49 · Page 2 de 3 · 1 479 affichages · Partager En tout cas, moi, j'ai tout lu jusqu'au bout, ce qui m'amène à revenir à ton titre "Norway to hell". Au final, qu'as-tu apprécié (ou préféré) dans ce voyage, qu'as-tu moins aimé voire détesté ? La Norvège est-elle vraiment infernale ?
En ce qui me concerne, la Norvège fait partie de mes plus beaux voyages et si j'avais eu à choisir un titre dans la même veine, j'aurais sans doute titré : "Norway to heaven".
Pour le titre, je n'avais tout simplement pas pensé à ta proposition... Et puis les paroles de Highway to Hell correspondent mieux et ça m'a permis de faire une reprise (voir l'intro pour ceux qui l'auraient ratée ce chef d’œuvre)
Pour être plus sérieux et faire une sorte de conclusion, l'enfer, c'est la dernière journée sur place où il pleut tellement, le temps est tellement bouché, le paysage invisible, les couleurs tristes que l'on traîne son spleen en voiture sans avoir la motivation d'en sortir. Je n'ose pas imaginer une semaine comme ça... Les autres jours de pluie, nous avons quand même pu profiter d'accalmies, de rayons de soleil, de nuages qui se lèvent, pour apprécier l'environnement grandiose. L'autre problème mais on le sait tous en y allant, c'est le coût de la vie... Le titre aurait pu être Straight to money hell (les Clash) ! Puisque je suis parti sur les aspects moins positifs du voyage, les Norvégiens sont plutôt froids et distants, ce qui nous a changé de nos précédents voyages où le contact était plus facile (Pélopponnèse, Terre-Neuve, Ecosse). J'ai bien conscience que l'on reste toujours des touristes brièvement de passage...
Dans une sélection du meilleur de ce voyage, j'y mettrais Bergen (sous le soleil), la côte entre Florø et Runde, le Hjørundfjord (la rando qu'on y a fait en particulier), Aursjøvegen, le sud du glacier Folgefonna, les torses nus des Norvégiens, Solvorn/Urnes et la marche dans le Jotunheim (Knutshøe). Je regrette un peu de ne pas avoir passé plus de temps sur la côte et dans le Sunmøre par rapport au temps resté dans les fjords (Hardangerfjord, Sognefjord, Geirangerfjord) magnifiques mais un peu trop touristiques à mon goût. J'en ai profité pour jeter un coup d’œil à ton carnet de 2014. Sacré périple que vous avez fait là ! Je le lirai à l'occasion. | | À: Auk · 1 avril 2020 à 20:59 Re: Norway to hell Message 38 de 49 · Page 2 de 3 · 1 456 affichages · Partager J'adore lire ces pages, moi aussi je suis en Norvège grâce à vous... et pas confinée dans mon salon à tourner en rond !!! Bon, j'attaque la suite... | | À: Auk · 3 avril 2020 à 9:22 Re: Norway to hell Message 39 de 49 · Page 2 de 3 · 1 423 affichages · Partager Un grand merci pour ce beau carnet J'y reviendrai quand notre voyage la-bas sera d'actualité ! | | À: Auk · 28 avril 2020 à 18:39 Re: Norway to hell Message 40 de 49 · Page 2 de 3 · 1 348 affichages · Partager Bonjour Sylvain, J'ai découvert ton carnet ce matin (en suggestion de la part de Voyage Forum, quelle bonne idée !) et je l'ai lu tout au long de la journée (pluvieuse aussi) en l'accompagnant des chansons ad hoc (trouvées facilement sur Yo...be). C'était parfait pour passer une journée de plus de confinement... alors un grand merci pour m'avoir ainsi fait voyager sans me lever de mon canapé ! Bien amicalement, Hélène | Carnets similaires sur la Norvège: Heure du site: 6:40 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 215 visiteurs en ligne depuis une heure! |