Le cochon de Gaza
Après « La source des Femmes » et les montagnes de l’Atlas marocain, on peut vouloir rejoindre le quotidien d’un pêcheur de Gaza à l’aune des réalités d’aujourd’hui, au bord d’une grande bleue longtemps fantasmée.
C’est un étrange voyage d’une heure quarante, où l’on reste collé à son siège, participant aux fous rires des spectateurs, séduit par une vision comique, mais pas désespérée de ce coin du monde.
L’absurde est partout, dans la maison du pêcheur où des soldats israéliens ont décidé d’occuper l’étage, mais aussi les « toilettes » du rez-de-chaussée, où, quand on tire un rideau, la vue s’ouvre sur le mur troué par le dernier missile.
La vie continue cependant...les pêcheurs pêchent plus d’immondices ou de sacs en plastique que de dorades ou de rougets, les chèvres et les moutons paissent sous les quelques oliviers que la « sécurité militaire » n’a pas encore détruits...
Autorités palestiniennes (Hamas) et occupation israélienne (jeunes soldats) sont décrits avec un comique qui ne laisse aucune illusion sur l’absurdité de ce conflit. Le pauvre pêcheur, qui a tiré de ses filets un « cochon vietnamien » va faire fortune en vendant la semence de la bête « impure » à un élevage israélien manquant de mâles...
Quand on sait combien cet animal est proscrit par les livres des deux religions, on conçoit les difficultés de notre héros, « souillé » par les mérites de la bête...
Perle cinématographique de cette rentrée, ce petit film a le mérite de nous rendre attachants les protagonistes « malgré-eux » de ce terrible conflit, et de nous conter une invraisemblable fable pleine d’espérance...