Débat ou polémique stérile ? Le débat est intéressant, la polémique nettement moins, et c'est pourtant plutôt cette dernière qu'on constate sur ce forum, ou les forums français en général...
Si tu veux débattre, je te livre quelques éléments, connaissant bien le sujet : d'une part, les politiques, de droite comme de gauche (mais de nos jours, c'est quasiment pareil) ont fait le choix de détruire le chemin de fer classique (hors TGV) au fil des ans au vu de leurs décisions (je ne détaille pas, la liste est longue).
Il ne doit rester à terme que la banlieue (car comment transporter autrement qu'en RER la masse énorme de "sans-dents" qui doivent aller bosser et remplir les caisses de l’État... et les poches des politiques ?) et le TGV. Le transport régional a été refourgué aux régions, mais avec des moyens de plus en plus limités (car les caisses sont de plus en plus vides) et des coûts d'exploitation à la SNCF qui augmentent plus vite que l'inflation, on a un bel effet ciseau, malgré la bonne volonté de nombreuses régions en la matière (il faut au moins saluer ça).
N'oublions pas que l'important trafic fret, très rémunérateur, permettait de financer l'infrastructure à une époque et de faire rouler des circulations peu rentables mais assurant une desserte du territoire. Mais vu la mort de l'industrie française et notre lent effondrement économique, ainsi que les agissements de la direction ET des syndicats de la SNCF pour détourner la clientèle (réduction d'offre, grèves à répétition), il est en voie de disparition pure et simple, imposant de fait de revoir le mode de financement de l'infra.
Second aspect, ses coûts d'exploitation justement... il est déploré plus haut les bas salaires des chauffeurs de car, le dumping social avec des chauffeurs étrangers, etc, je partage ce point de vue, mais est-il pour autant normal d'avoir une société nationale de chemin de fer qui augmente continuellement ses coûts, sans améliorer pour autant sa qualité de service ?
La réalité, c'est que face au libéralisme sauvage, on oppose un fonctionnement français sclérosé et un syndicalisme devenu abusif, défendant des gens qui parfois gagnent beaucoup pour ne pas faire grand chose. A la SNCF, les gars du terrain bossent (conducteurs, technicentres...), je connais bien ce milieu, mais allez voir dans les bureaux... Ces gens coûtent cher et rendent la SNCF trop peu compétitive, la SNCF pourrait donc bien finir par connaître le sort d'autres entreprises publiques comme la SNCM...
Troisième aspect : on parle sans cesse de rentabilité, mais ce serait oublier que le train n'est par essence globalement PAS rentable.
La création de l'administration de l’État en 1909 (les chemins de fer de l'Ouest étant en faillite) puis la nationalisation de 1938 n'ont pas eu lieu par hasard... Autrement dit, surtout dans un milieu concurrentiel comme à notre époque (avion, covoiturage, etc), le train est moins polluant, bien plus sûr que les autres transports terrestres, mais assez cher, son fonctionnement est donc un choix politique et social : on le finance pour ses avantages (en veillant à des coûts d'exploitation raisonnables, ce qui n'est plus le cas en
France), ou on l'abandonne et on privilégie les bus... C'est avant tout un choix de société.
A mon avis, le bus est défendable là où les liaisons ferroviaires sont absentes ou très médiocres, et qu'on ne peut pas améliorer à coût raisonnable, ou bien sur les relations à très faible fréquentation et à faible potentiel (faire rouler un autorail et entretenir une infrastructure pour 3 personnes est absurde). Mais créer des lignes de bus là où existent déjà une liaison ferroviaire qui fonctionne ne servira qu'à tuer le train. Ne reste plus qu'à observer ce qui viendra...