ANTOINE LACROIXDimanche, 19 août 2018 01:00MISE à JOUR Dimanche, 19 août 2018 01:00
Les parents d’une jeune femme de la Rive-Sud ont remué ciel et terre et déboursé 52 000 $ pour la ramener au pays après un grave accident de kitesurf, en République dominicaine, alors qu’elle n’était pas assurée.« C’est tout mon bassin qui a pris le choc. Si ça avait été ma tête qui avait frappé les roches, je ne serais pas ici pour en parler. J’ai tellement mal et j’ai peur pour la suite. La route vers la réhabilitation ne sera pas facile », a confié Julie Paquette, tout juste avant l’opération majeure qu’elle a subie jeudi pour replacer son fémur qui a fracturé son bassin.
PHOTO COURTOISIE
La jeune femme de 27 ans pratique depuis environ deux ans le
kitesurf. Dans cette discipline sportive, une planche à la surface de l’eau est tractée par un cerf-volant adapté.
Pas d’assurancesMme Paquette s’est blessée il y a une dizaine de jours, le lendemain de l’obtention de sa certification internationale pour enseigner son sport de rêve. C’était donc tout juste après que sa couverture d’assurances soit échue.
« C’est fou. Je me suis dit que j’allais faire une petite séance de 20 minutes, puis aller régler la paperasse des assurances. Mais c’est là que je me suis fait rentrer dedans », relate celle qui veut maintenant sensibiliser les gens à ne pas prendre de risque avec les assurances.
Une manœuvre dangereuse d’un autre planchiste a fait en sorte que les fils de leurs deux voiles se sont emmêlés. La jeune femme a été projetée à plusieurs mètres dans les airs avant d’aller se fracasser contre des rochers, dans l’eau.
« J’étais incapable de bouger », grimace Mme Paquette, qui était en proie à une douleur persistante, malgré les médicaments qu’on lui avait donnés.
Transport en avion médicalElle a été emmenée dans un hôpital dominicain pour être soignée et stabiliser son bassin.
PHOTO ANTOINE LACROIX
Marc Paquette,
père de la victime« Dès qu’on a su ce qui est arrivé, nous nous sommes activés pour trouver une solution pour la ramener ici, témoigne son père, Marc Paquette. Nous avons eu beaucoup de soutien de notre entourage et même du gouvernement canadien. »
La seule manière de ramener sa fille sans aggraver son état était par avion médical, ce qui s’élève à environ 52 000 $ (40 000 $ US). Une campagne de sociofinancement a donc été mise en branle et l’objectif de 60 000 $ était déjà atteint à la fin de la semaine.
« Mais il fallait tout payer d’avance, explique M. Paquette. Peu importe si la campagne fonctionnait ou pas, il fallait qu’elle revienne, c’était ça l’important. L’aide financière, c’était secondaire. »
InspirationElle est finalement revenue dans la nuit de mardi à mercredi à
Montréal.
« Je ne pensais pas qu’il y avait autant de monde qui m’aimait et qu’il y aurait autant d’étrangers qui seraient si généreux », dit la femme de Sainte-Julie, la voix étranglée par l’émotion.
Mercredi soir, elle affirmait vouloir trouver la force pour passer au travers de cette épreuve, malgré le chemin ardu qui l’attend pour réapprendre à marcher.
« Mon rêve, c’est d’inspirer les jeunes filles à se dépasser et à essayer le kitesurf, qui est un monde surtout masculin. J’espère tellement rembarquer sur ma planche, un jour », dit celle qui travaillait auparavant pour l’organisme social Me to We, qui vient en aide à des pays en difficulté.
AU MAUVAIS ENDROIT, AU MAUVAIS MOMENT
Pour éviter de mauvaises surprises à l’étranger, la famille de Julie Paquette appelle à une plus grande prudence et à prévoir son assurance voyage.
« Faites vos devoirs, vous ne savez jamais ce qui peut arriver. Julie était au mauvais endroit, au mauvais moment, sans assurances. Il faut prendre ça au sérieux et éviter de penser qu’il ne va rien nous arriver. Une malchance est si vite arrivée », prévient Marc Paquette, le père de la jeune femme gravement blessée.
Sur son site internet, le gouvernement du
Canada recommande d’avoir une assurance voyage qui « devrait inclure des assurances maladie, vie et invalidité qui vous éviteront de grandes dépenses, dont des frais d’hospitalisation ou de traitements médicaux à l’extérieur du
Canada ».
Chanceuse« Quel que soit le moyen utilisé pour vous procurer une assurance, il vous faut bien comprendre les critères d’admissibilité, les conditions, les limitations, les restrictions et les exclusions de la police », dit-on, ajoutant que « vous pourriez être endetté pendant des années à devoir rembourser les coûts des traitements reçus à l’étranger ».
La famille Paquette se considère « chanceuse » d’avoir pu bénéficier d’autant de soutien grâce à une campagne de sociofinament sur le site internet GoFundMe et se dit « submergée par cette vague d’amour ».
« Nous allons seulement prendre ce dont nous avons besoin. Ç’a coûté plus de 16 000 $ en République [dominicaine] pour l’hôpital. Il faut rembourser le transport. Reste à voir les coûts pour la réhabilitation. Le surplus ira à des organismes », affirme M. Paquette.