INTRO
Décidément nous sommes des inconditionnels de l'
Amérique centrale où nous sommes allés maintes fois (
Guatemala il y a 12 ans environ,
Panama ensuite, puis
Nicaragua,
Salvador,
Costa Rica et cette année donc, le
Honduras principalement même si nous passons quelques jours au
Guatemala à l' arrivée et avant de quitter le pays, principalement sur la côte caribéenne.
C' est avec notre ami R., à la tête d'une petite agence francophone de tourisme réceptif à
San Salvador que nous avons fait nos deux derniers voyages, au
Salvador et au
Costa Rica, et c'est lui qui a imaginé ce circuit à partir de ses expériences personnelles. En effet, le
Salvador étant un très petit pays, il a l' habitude d' organiser des voyages trans-frontières du genre
Salvador /
Nicaragua ou
Salvador /
Guatemala ou
Salvador /
Honduras.
Cette fois ce sera
Guatemala /
Honduras; tout simplement parce que nous avons trouvé des billets d'avion à prix vraiment compétitifs - et vols directs en continuation - à partir de LAX vers
Guatemala Ciudad.
R. vient donc nous cueillir à l' aéroport international de
Guatemala City (ou GUA) et nous repartirons de cette même capitale vers la
Californie.
Le
Guatemala, comme je l' ai indiqué, nous y sommes allés une fois déjà il y a une douzaine d'années, un beau circuit laissant volontairement de côté la capitale pour se concentrer sur
Antigua, le
Peten,
Tikal, et la partie ouest montagneuse autour de
Chichicastenango. le tout centré sur la visite de centres archéologiques maya majeurs (avec une incursion à
Copan au
Honduras comprise dans la prestation globale). Une petite partie de notre séjour se passant au
Guatemala, je parlerai des régions et endroits visités, mais sans m' étendre.
L' idée générale est quand même de consacrer ce carnet au
Honduras, pays aussi méconnu que le
Salvador auquel j' ai consacré un carnet il y a 3 ans.
Le
Honduras est un pays à faible visibilité touristique et de mauvaise réputation, montré du doigt comme le
Salvador ou le
Guatemala et mis à l' index pour son insécurité chronique.
Bien sur le
Honduras n' est pas
Singapour mais on a tendance à exagérer et à dramatiser comme toujours Disons qu' il y a une façon de voyager dans ces pays d '
Amérique Centrale, des quartiers à éviter dans les capitales et des règles de vigilance élémentaire à respecter, comme dans beaucoup d'autres pays.
Après quelques hésitations donc, va pour le
Honduras, nous avons décidé avec R. d' y passer environ une semaine de découverte plus culturelle que balnéaire. L' un de ses amis honduriens, travaillant dans la police touristique, nous accompagne pendant la découverte des régions du
Honduras visitées, de
Omoa où il va nous rejoindre - rendez-vous à la forteresse - jusqu'à
Santa Rosa de Copan. Nous repassons la frontière dans l' autre sens ensuite.
Vous allez penser, pourquoi le
Honduras ? Justement parce qu'il est peu visité (sauf les îles côté Caraïbes du genre
Roatan qui - comme
Cancun au
Mexique - sont fréquentées par la jeunesse américaine et canadienne en quête de soleil et de sensations fortes) et conserve une réelle authenticité.
UN PEU DE GEOGRAPHIE
On sera surpris d' apprendre que le
Honduras est le second plus grand pays d'
Amérique centrale après le
Nicaragua, de la taille de la
Bulgarie. La côte caribéenne est immensément longue, s'étirant sur plus 750 kilomètres. Autre surprise de taille : le pays n' est pas - ou alors très peu - soumis aux tremblements de terre ni aux éruptions de volcans intempestives.
Le relief du pays est tout à fait unique : en effet, les montagnes ne s'étendent pas du nord au sud, mais se chevauchent et se croisent dans tous les sens. Il existe un seul fleuve d'importance, le Rio Coco qui fait frontière avec le
Nicaragua.
Tiens, encore une surprise ! Le
Honduras a davantage de forêts nuageuses et pluvieuses que le
Costa Rica, champion du tourisme écolo dans l' Isthme. Le patrimoine naturel est donc riche et varié, et pourtant on ne peut pas parler de politique de conservation et de protection de l' environnement. Les gouvernements successifs sont plus intéressés par ce que peut rapporter la coupe intensive des arbres et la plantations de palmiers à huile africains, une véritable plaie partout en
Amérique centrale, y compris dans le soit-disant vertueux
Costa Rica !
L' agro-business américain et canadien est omniprésent et contrôle de larges étendues du territoire national.
Les mauvaises habitudes perdurent donc, des écologistes ont été carrément assassinés dans le passé, l' écologie n' est pas au programme. Il faut dire qu'il y a des problèmes sociaux et économiques à régler d'urgence, et que l' écologie n' est pas l' urgence nationale.
La faune est la même que dans les pays avoisinants : jaguars, tapirs, paresseux, fourmiliers, singes, tatous, agoutis (ou ' guatousas ' en espagnol), coatis, pécaris, chauves-souris, cervidés, iguanes, reptiles de toutes sortes dont certains très venimeux comme le serpent-corail (ou ' terciopelo ').
Le lamantin est la star des eaux douces honduriennes. l' ara et le toucan sont les stars de la canopée.
UN PEU D'HISTOIRE
Je ne vais pas m' étendre plus que nécessaire sur l' histoire du
Honduras, aussi catastrophique, chaotique et pleine de rebondissements et de drames divers que celle des pays limitrophes, et celle, plus généralement de la Grande Région allant du sud du
Mexique au nord à la
Colombie.
Ce pays, le
Honduras - mot qui signifie " profondeurs " en espagnol - fut découvert en 1502 par Christophe Colomb qui lui attribua ce nom, très probablement en raison de la profondeur des eaux aux abords de la côte. Les indigènes furent décimés par les colonisateurs espagnols et leurs richesses pillées. Contrairement aux pays voisins où fut créée une monoculture (du café, de la canne à sucre et de l' élevage), source de richesses et favorisant l' émergence d'une classe sociale aisée, le
Honduras resta à l' écart de ce changement social, devenant par là un maillon faible soumis à des politiques étrangères centro - américaines et nord - américaines contradictoires, agressives et belliqueuses.
Pedro de Alvarado - déjà " pacificateur " du
Guatemala voisin - parviendra à conquérir le territoire en 1539 après avoir fait assassiner tous les opposants à la politique coloniale d'expansion, en particulier le lenca / maya Lempira, héros de son peuple indigène.
Comayagua devient capitale du pays en 1540.
On saute les siècles et on se retrouve au début du 19ème siècle en compagnie de Francisco Morazan, héros national et l' un des pères de l'
Amérique centrale aux côté de Bolivar, et qui initia un projet grandiose d'union amérindienne. Libéral et laïc, il perdra la bataille contre les conservateurs, sera forcé à l' exil au
Costa Rica, tentera le destin en revenant au
Honduras où il finira exécuté en 1842.
A partir de là, le pays sombre dans le chaos politique. L' anarchie et la révolution permanente amène au pouvoir des dictateurs nationalistes et conservateurs empêchant toute avancée sociale ou économique. En même temps, il faut lutter sans cesse contre les tentatives d'annexion territoriale des Anglais côté Caraïbes et des Américains dans toute la région.
En 1880, alors que le pays est passé sous la coupe de libéraux tout aussi tyranniques que leurs opposants conservateurs,
Tegucigalpa devient la nouvelle capitale, tout simplement parce que l'on a découvert des gisements d'argent et commencé à forer frénétiquement dans les environs de ce qui est à l' époque un gros village ! Et puis le président de l' époque a choisi
Tegucigalpa contre
Comayagua sur un coup de tête !
Le chaos continue. Les gouvernements, bousculés par les uns et les autres, tombent et changent sans cesse. On laisse s'installer d' énormes sociétés telles la United Fruit Company ou Cuyamel ou encore la Standard Fruit Company qui vont devenir des états dans l' Etat et soumettre le pays aux interêts puissants des pays étrangers voisins, en particulier les
Etats-Unis.
Le
Honduras devient une république bananière où les compagnies bananières nomment les présidents, toujours conservateurs, dociles, soumis, corruptibles et vite corrompus.
Les escarmouches entre pays voisins vont continuer pendant des décennies tandis que les riches conservateurs, l' Eglise Catholique et l' Armée tiennent le
Honduras dans une main de fer et vont soutenir l' installation au pouvoir suprême de militaires reconvertis peu recommandables.
Cependant, ils ne seront jamais aussi sanguinaires qu' au
Nicaragua soumis et pillé par le dictateur Somoza pendant plus de 30 ans. "
Nicaragua es mi finca ', avait-il coutume de dire !
Les civils reviennent au pouvoir en 1981, mais, c'est, hélas, pour le pire, car la
CIA américaine choisit le
Honduras comme terre d'entraînement pour les ' contras ' - ou brigades contre-révolutionnaires - dans la lutte sans merci contre les Sandinistas qui viennent de renverser Somoza au
Nicaragua... et vont, à leur tour - et jusqu'à ce jour, hélas ! - mettre leur pays exsangue sous contrôle dictatorial.
Pauvres Nicaraguayens, finalement plus à plaindre encore que leurs proches voisins !
Présidents - et partis - conservateurs et parfois libéraux se succèdent au pouvoir. La lutte contre l' insécurité - et contre les ' maras ', des gangs ayant fui les
Etats-Unis sous l' ère Clinton pour se réfugier dans la région de
San Pedro Sula - devient une priorité. Le libre-échange aussi.
Il y aura encore des soubresauts politiques. Un coup d'état fomenté par l' armée en juin 2009 dépose le président Zelaya jugé trop social voire socialiste et trop engagé dans la lutte contre la criminalité et les narco-trafiquants qui gêne des gens de pouvoir car elle souligne combien le pays est gangrené par la corruption au niveau le plus élevé. Un comble !
Est nommé à sa place Sosa, un conservateur de centre-droit à l' échine plus souple et qui ne menace pas les interêts des grosses sociétés étrangères dans le pays. C' est lui qui changera de capitale.
Des journalistes sont assassinés, les élections sont alors contestées par de nombreux pays.
C' est actuellement Juan
Orlando Hernandez, ancien avocat, qui dirige le pays, et ce depuis janvier 2014. Les rapports du pays avec les
Etats-Unis se sont fortement dégradés alors que le frère du président vient d'être arrêté aux
Etats-Unis pour complicité avec les narco-trafiquants de son pays et pour blanchiment d'argent. Le président Trump, à sa manière brutale, exige une coopération du
Honduras - et de son président - dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. En attendant des résultats concluants, le pays a été mis sur une liste noire.
ECONOMIE
Le
Honduras est l' un des pays les plus pauvres du monde : taux de chômage élevé, salaires bas, lois sociales quasi inexistantes, impôt sur le revenu inexistant, dépendance extrême aux aléas de la demande et de l' offre internationales sur le marché des matières premières (argent, zinc, plomb, houille, cuivre) et des produits agricoles, catastrophes naturelles telles l' ouragan Mitch en 1998 qui a mis l' économie du
Honduras à genoux pour des années.
Le
Honduras est aussi un paradis fiscal pour les grosses entreprises nord-américaines et les industries de sous-traitance - ou ' maquilas ' - tenues par des Nord-Américains, des Chinois et des Coréens. Sous couvert de créer beaucoup d'emplois, pour des salaires de misère, les grosses sociétés étrangères sont exonérées d' impôt sur le revenu pour 30 ans.
Scandaleux sans doute, mais c'est ainsi que vont les choses en
Amérique Centrale !
LE
HONDURAS UN PAYS METISSE
90% de la population est métissée, à la fois espagnole et amérindienne. Il y a aussi des Noirs, anciens esclaves venus de la
Jamaïque et de Grand
Cayman, des Garifunas aux racines amérindiennes (caribes et africaines) venus de l' île de St Vincent, des Blancs, des Turcs, Libanais et Syriens, des Asiatiques, des indigènes.
Ces derniers ont beaucoup souffert au cours des siècles passés : 500 ans de tyrannie culturelle, économique et sociale et, à la clé, un génocide qui est reconnu désormais par la communauté internationale.
Parmi les peuples indigènes, le plus remarquable est sans doute celui des Lencas qui sont plus de 100.000 actuellement. On les trouvera dans le département d' Intibuca, capitale La Esperanza, qui demeure le foyer actuel d'une culture lenca qui veut désormais s'affirmer.
Egalement, les Chortis (environ 5000) qui vivent dans les montagnes de l' Ouest, les Pipils proches de la frontière du
Salvador (et massacrés dans les année 30), les Jicaques ou Tolupanes qui sont, semble-t-il, originaires du
Mexique, parlent une langue proche de celle des Sioux, et se rencontrent dans le département de Yoro, les Misquitos, les Pech et les Tawahkas qui peuplent la Mosquitie.
Enfin il y a les Garifunas, métissés d'indigènes caribes des îles antillaises et de Noirs africains importés d'Afrique aux temps de l' esclavage par les Britanniques.
A noter que les Français soutinrent les Garifunas dans leur dernière bataille contre les Anglais en 1795, non sans arrière-pensées politiques.
Finalement ce furent les Anglais qui soumirent les Garifunas et décidèrent in fine de les déporter tous vers l' île de
Roatan.
DETAILS PRATIQUES
Le climat : janvier et février sont les mois idéaux pour visiter le
Honduras, et, d'une manière générale, toute l'
Amérique centrale. Températures agréables, voire fraîches le matin en montagne. Entre 13 et 26°. Plus chaudes sur la côte caribéenne dans le centre. Risques de mauvais temps malgré la ' bonne ' saison, côté atlantique.
ARGENT
La monnaie locale est le lempira, mais il est conseillé de se munir de dollars américains, surtout des petites coupures (de 1, 5, 10, 20) et quelques grosses coupures (50 et 100 pour les hôtels en particulier), et de changer au fur et à mesure. On peut changer dollars et euros dans les banques. Service lent, et queues. Eviter les distributeurs en extérieur.
On peut aussi payer directement en USD les notes d' hôtels ou de B&B par exemple.
Personnellement, je garde ma carte de crédit à portée au cas où mais je paie tout en dollars.
C 'est notre ami R. qui nous sert de banque pour les quetzals au
Guatemala et les lempiras au
Honduras.
Qui dit argent dit faire attention sans devenir paranoïaque ! Une vigilance permanente s'impose et il convient de ne pas grossièrement afficher son aisance financière - ou ses bijoux - dans la rue. Il faut être discret et respectueux des locaux, comme partout.
Nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité en
Amérique centrale précédemment. Ce sera de même ici au
Honduras sauf au centre -ville de
Tegucigalpa.
.
HOTELS
Attention ! Les lits doubles - ou matrimoniaux comme on dit ici - sont en 150 de large, c'est à dire étroits pour des couples. Il vaut mieux demander des lits jumeaux qui sont tous les deux en 140.
Différence minime, il est préférable de le savoir avant de faire des réservations en ligne.
ROUTES :
Très peu de signalisation, genre panneaux de limitation de vitesse. C 'est normalement 90 km/h sur la route, y compris les 4 voies qui ne sont pas tout le temps séparées en deux fois deux voies.
Parc automobile en état correct, sans plus. Beaucoup de voitures et de bus déglingués. A noter que beaucoup de voitures sont achetées accidentées aux
Etats-Unis et transportées par camion au
Honduras (idem dans les pays limitrophes) pour y être réparées et revendues.
Mon conseil : Ne pas conduire soi-même, ni louer de voiture au
Honduras mais payer les services d' un chauffeur (et guide à l' occasion). Cela évite bien des soucis.
DOCUMENTATION PERSONNELLE
Il existe un guide Petit Fûté 2019 du
Guatemala.
Rien en revanche en ce qui concerne le
Honduras, oublié par la sphère touristique.
Deux bonnes cartes routières à emporter :
Guatemala National Geographic
Honduras International Travel Maps
On peut acheter les deux en ligne sur Amazon, ainsi que le ou les guides.
NOTRE PERIPLE
Guatemala -
Honduras -
GuatemalaLe séjour de 10 jours tout compris pour deux (incluant une location de voiture du genre SUV, une Nissan Morano), toutes les visites, une longue excursion en lancha sur le
Rio Dulce (et vers
Livingston) au
Guatemala caribéen nous a été facturé 2300 USD par notre ami R.
On peut facilement rajouter à ce voyage la visite à
Copan, et compter une nuit de plus sur place au
Honduras. Plutôt en fin de séjour quand on se trouve du côté de
Santa Rosa de Copan.
Les nuits d'hôtel sont en sus. Compter environ 45 à 70 USD pour une chambre standard ou supérieure.
Le prix moyen d'un repas est de 12 USD (10 euros), sans entrée ni dessert ni fromage. Petits déjeuners roboratifs avec oeufs et haricots noirs pour ceux qui aiment. Ou alors crêpes et fruits.
Yaourts et lait à acheter dans les supermarchés.
Le
Honduras n' est pas une destination aussi coûteuse que le
Costa Rica, champion en la matière (surtout quand il s'agit de visites de parcs nationaux). Mais rien n' est donné tout de même.
Les étrangers paient davantage dans les musées ou les parcs naturels que les nationaux, environ 3 fois plus.
Départ mercredi 15 janvier de PPT, Tahiti.
1er jour, mercredi 15 janvier
Vol PPT - LAX - sur Air France (vol facturé 420 euros AR par personne et acheté en octobre). Puis LAX -GUA sur Delta Airlines (DL), vol de nuit facturé 700 USD AR en First Class (grosse promo), quittant LAX à 23 h 55 et atterrissant le lendemain matin 16 janvier à
Guatemala City vers 7 heures avec une demi-heure de retard.
Il faut dire que l' embarquement à
Los Angeles (Terminal Delta) est assez chaotique et retardé par le nombre impressionnant de personnes plus ou moins âgées mais corpulentes et à mobilité réduite arrivant à l' enregistrement en fauteuil roulant !
Une spécialité de ces vols sur l'
Amérique centrale ! Les fauteuils sont souvent poussés par des employés américains plus âgés et plus mal en point que ceux qu'ils poussent jusqu'à la porte de l' avion et aident à s'extirper de leur siège... Les sourds qui aident les aveugles en quelque sorte !!
A noter qu' une majorité de vols quittant la
Californie pour le
Mexique ou l'
Amérique centrale en fin de journée sont en fait des vols de nuit, quittant les
Etats-Unis entre 22H 30 et minuit.
Arrivée sur
Ciudad de Guatemala 6 H45 du matin
Ciudad de Guatemala vue d'avion au petit matin
2ème jour : jeudi 16 janvier
Aéroport International -
Guatemala City -
Rio Dulce
R. nous attend, fidèle à l' heure dite. Personne dans l' aéroport à part le personnel, c'est le premier vol qui atterrit au petit matin; nous sommes sortis en 10 mn.
Et nous allons prendre la route de
Rio Dulce sur la côte caribéenne immédiatement. Mais avant cela il faut traverser toute la capitale et ce n' est pas une mince affaire !
Guate est une mégalopole de plus de 3 millions d'habitants, située sur de hauts plateaux à 1500 m d'altitude. C 'est la capitale du pays depuis la fin du 18ème siècle, après avoir remplacé
Antigua, toute proche à 40 kms seulement, détruite par une éruption volcanique violente.
C 'est une ville construite sans plan d'ensemble, et on s' y perd facilement même avec un GPS, sans parler des embouteillages qui bloquent la circulation pendant des heures matin et soir. Elle est en proie à de graves problèmes chroniques de pollution, pauvreté et violence, mais comme d'autres dans la région ou ailleurs dans le monde (à
Manille aux
Philippines par exemple).
On peut se passer d'un séjour à
Guatemala City qui n' est pas une ville renversante, lors d'un voyage dans le pays ; on peut aussi décider d'y passer deux jours / 1 nuit, et de visiter son centre historique par exemple, rénové récemment.
Les derniers gouvernements prétendent faire des efforts et prendre la mesure des problèmes mais il n' ont pas de baguette magique ! Comment - alors que cela n' a jamais été fait - remédier sérieusement à l' abandon social d'une immense partie de la population par les pouvoirs publics?
Et où trouver les fonds ? La corruption rampante ne permet généralement pas de faire aboutir les projets ambitieux, souvent financés par des fonds internationaux.
Affaire à suivre donc... Il ne faut sans doute pas rêver !
Nous nous retrouvons rapidement sur une route à 4 voies qui file vers l' est, dans un paysage très montagneux tout d'abord, avec vallées encaissées et mamelons en suite verdoyants. Puis les montagnes et collines laissent la place à une région de cultures : palmiers à huile, bananeraies, plantations d'ananas, prairies dédiées à l' élevage de vaches bien nourries par une herbe verte et haute, qui laisse penser qu'il pleut beaucoup dans la région. D 'ailleurs nous continuons sous la pluie pendant une heure, puis au plus près de
Rio Dulce (appellation qui concerne à la fois la rivière qui s' écoule du Lac Izabal et la bourgade située à la naissance du
Rio Dulce et dont le nom officiel est Relleno - Fronteras). Le temps est à la pluie.
Nous avons réservé deux nuits à l' hôtel Tortugal inaccessible par la route, mais que l'on rejoint du village en ' lancha ' en 5 mn. Nous nous y installons rapidement puis reprenons un bateau pour une courte échappée vers le
Castillo San Felipe construit par les Espagnols à l' entrée du lac pour protéger cette voie d'accès stratégique contre les pirates ainsi que contre des prétendants anglais, hollandais et français forcément malintentionnés !.
Retour à l' hôtel pour une soirée tranquille et une nuit moins agitée que la nuit presque blanche passée dans l' avion. La durée du vol entre LAX et GUA n ' est que de 4 heures 20 mn et on n' a pas vraiment le temps de se reposer.
Hôtel Tortugal
Il se remet à pleuvoir fort en début de soirée et il va pleuvoir sans arrêt toute la nuit. Espérons que notre remontée du
Rio Dulce en lancha n' est pas compromise...
3 ème jour : vendredi 17 janvier
Vellena-Fronteras -
Rio Dulce -
Livingston -
Rio Dulce - Vellena-Fronteras
Miraculeusement, la pluie cesse brutalement au petit matin. Le ciel uniformément gris commence à blanchir à l' horizon et quelques taches de bleu apparaissent. Il va faire plutôt beau, selon notre lanchero, et la température va remonter... Il a raison et nous avons de la chance car est prévue une remontée du
Rio Dulce vers
Livingston, une balade d' environ 60 kilomètres AR.
La pluie aurait tout gâché, il aurait sans doute fallu annuler l' excursion.
Tortugal Hôtel
Hôtel en bambou, avec marina, accessible uniquement en bateau du village (5 mn de traversée).
Nous avions une chambre supérieure à 80 dollars la nuit. Heureusement car les autres chambres n' étaient pas terribles. Insonorisation exécrable. Repaire d' Américains plutôt âgés en bateau et en goguette, très bruyants. Etablissement dans le style écolo-bobo à l' américaine qui agace à la longue.
Petit déjeuner pas à la hauteur. Mauvais rapport qualité-prix.
Départ à 8 h 30. Nous allons couvrir le trajet aller en plus de 3 heures avec beaucoup d'arrêts, et de découverte-nature surtout dans la première partie, celle où nous logeons à l' hôtel Tortugal, proche du
Castillo San Felipe qui garde l' entrée du lac. Nous allons naviguer vers la mer, c'est à dire dans l' autre sens.
Le
Rio Dulce est large et il s'évase encore plus sur une vingtaine de kilomètres pour devenir une étendue d'eau de grande largeur, avec des îles, certaines seulement îles aux oiseaux où se rassemble une avifaune riche et variée, et des bras secondaires, domaine d'une mangrove épaisse et luxuriante, et de vastes tapis de nénuphars sur lesquelles évoluent gracieusement des jacanas. Hormis ces derniers, on peut voir, par centaines, des hérons blancs et gris, des cormorans et surtout des pélicans qui évoluent non seulement sur le fleuve mais aussi aux abords de l' embouchure du fleuve, là où eau salée et eau douce se mélangent et où évoluent suffisamment de poissons pour nourrir tous ces oiseaux voraces.
Sur les parties hautes des arbres poussant sur ces îlots, on aperçoit également des iguanes de belle taille, orangés (des mâles) et dont les arêtes dorsales sont hérissées de piquants redoutables. Ils prennent le soleil revenu après une nuit de pluie battante.
Le fleuve, à cet endroit, a changé de couleur, et est devenu limoneux. La navigation est ralentie par des branches et des troncs d'arbres qui flottent parfois entre deux eaux.
Au plus près du village de Vellena-Fronteras, les premières îles abritent de luxueuses et vastes retraites appartenant à de riches guatémaltèques et quelques américains aussi fortunés. On les reconnaît aux pelouses parfaitement entretenues et vertes, aux marinas privées et aux hangars à bateaux abritant des yachts de belle taille. L'une a un zoo privé avec singes et aras, une autre un héliport avec hélicoptère prêt à décoller.
Notre lanchero nous apprend qu'il y a un aérodrome tout proche qui permet des liaisons rapides avec la capitale distante de 400 kilomètres.
Peu à peu, le fleuve qui s'étalait à l'infini, se resserre et on entre dans une sorte de canyon, pas trop encaissé tout de même. Le fleuve serpente paresseusement entre des falaises de calcaire recouvertes de verdure et d'arbres au contact de l' eau, sur lesquels sont perchés des dizaines d'oiseaux.
On arrive vers midi à
Livingston, ville de 8000 habitants qui sommeille un peu à l' embouchure du
Rio Dulce. Ville typique de la côte caraïbe de tous ces pays d'
Amérique Centrale, un peu oubliée par le pouvoir central qui regarde plutôt côté pacifique, multi-ethnique aussi. Les amérindiens côtoient les mayas dont la gent féminine a gardé et porte le costume traditionnel à savoir longue jupe et chemisier-caracot, et les Garifunas, issus d' anciens métissages entre les derniers indiens caraïbes et les esclaves ayant fui l' enfer des plantations ou ayant été déportés vers les îles honduriennes comme
Roatan ou les côtes du
Honduras et du
Guatemala par les anglais quand leur présence devint inutile et encombrante.
Livingston fut créée au début du 18ème siècle et connut une période d'abondance et de richesse en devenant le principal port guatémaltèque à exporter la richesse du pays, à savoir le café.
Cette période est terminée et la ville vivote de la pêche et surtout du tourisme. Quelques jolis hôtels de style colonial et surtout une ambiance très caribe attirent des visiteurs toute l' année.
On rajoutera au tableau un patrimoine architectural un peu délabré voire lépreux, beaucoup de petits restaurants Garifunas, une nourriture typée (bananes plantain, riz coco, gâteaux coco), des habitants souriants et aimables.
Livingston est une agréable surprise, car la ville n' est pas considérée comme une destination touristique incontournable. Encore une erreur de jugement !
Car
Livingston, c'est vraiment une autre facette du
Guatemala. Elle mérite ses trois étoiles.
L'un des lavoirs publics municipaux
Au retour en lancha vers notre hôtel, nous allons nous arrêter déjeuner dans un restaurant de bord de fleuve, goûter la spécialité locale, à savoir une soupe de poissons et de petits crabes du fleuve agrémentée de crevettes d'estuaire, puis faire une seconde halte là où se trouvent des sources chaudes et soufrées en bord de fleuve. Nom de l' endroit : Agua Caliente. Bien nommé donc.
Bref, nous avons beaucoup apprécié cette excursion tout à fait exceptionnelle par sa durée et les lieux parcourus et visités. Curieusement, la remontée du
Rio Dulce est mal notée dans des guides du genre Petit Futé, on se demande pourquoi, seulement une étoile.
Mauvaise appréciation car la balade vaut trois étoiles au moins uniquement pour le
Rio Dulce en tant que tel.
Le
Rio Dulce et
Livingston sont notre premier coup de coeur du voyage.
Nous arrivons à l' hôtel sous une pluie battante qui va durer une heure et se calmer rapidement. Climat typiquement tropical de ces régions avec une grosse averse en fin de journée.
Tropical mais pas trop chaud. Et puis, heureuse surprise, pas de moustiques. Dans la nuit, une autre averse très violente, puis plus rien jusqu'au matin.
On se réveille avec nuages et soleil, et chaleur revenue. La journée s'annonce prometteuse, elle le sera moins que prévu. Le ciel va se couvrir de nouveau mais sans qu'il pleuve comme sur la côte même.
4ème jour : samedi 18 janvier
Rio Dulce - Frontière du
Honduras -
Omoa -
San Pedro Sula
Nous démarrons à huit heures, direction la frontière du
Honduras, à environ 50 kilomètres de là.
Peu de circulation, on roule facilement, et puis, alors que l'on se rapproche de la frontière, la route devient mauvaise. Elle est en réparation, il semble être question de la re-goudronner... En attendant, elle est truffée de nids-de-poule et le goudron a disparu par plaques sur des dizaines de mètres. Vraiment inattendu !
Paysage de collines et de prairies verdoyantes dédiées à l' élevage, mais aussi aux palmeraies et bananeraies à perte de vue le long de la route.
Arrivée au poste-frontière qui, heureusement regroupe les deux douanes. Il y a peu de monde et nous passons tous les trois en dix minutes les formalités de sortie du
Guatemala et d'entrée au
Honduras. Coût du passage : 3 dollars américains par personne. (il vaut mieux les avoir sous la main, cela va plus vite, en liquide et compte rond).
On repart sur une très belle route, lisse, refaite de neuf et bien signalisée. Quel changement ! La réfection des principaux axes routiers du pays est l' une des seules promesses présidentielles tenues à ce jour.
Ceci étant, le réseau secondaire hondurien est abîmé et la circulation y est ralentie.
Notre première étape va être
Omoa, village de pêcheurs et bourgade caraïbe qui vaut surtout par son imposante forteresse espagnole ou Castillo de San Fernando (en l' honneur du Roi Ferdinand VI d'
Espagne), construite de 1752 à 1775.
A l' époque, la mer venait lécher les murailles, ce qui n' est plus le cas aujourd'hui. Comme d'autres constructions militaires espagnoles de la Grande Région, la forteresse dut subir les assauts des anglais dont les plans étaient de contrôler toute la côte du
Nicaragua au
Mexique.
Ils parvinrent à vaincre les Espagnols et à s'emparer de la forteresse mais furent vaincus lors d'une seconde attaque, cette fois par les espagnols bien décidés à reprendre cette place-forte.
On dit que des trésors sont enfouis dans la mer aux abords du village, ce qui ne manque pas de susciter de l' interêt chez les chercheurs de trésors, d'autant qu'un butin de pièces d'or fut découvert en 1972.
Omoa n' a pas d'étoiles dans les guides, elle en mérite deux ou trois pour son imposante forteresse. et puis nous y avons très bien déjeuné en bord de plage. Ce gros village est donc à découvrir et non à éviter, surtout quand on vient du
Guatemala côté caraïbe, comme c'était notre cas.
C 'est à
Omoa que nous retrouvons Alexi, originaire de
San Pedro Sula et policier dans la vie.
Il a quelques jours de congé et vient découvrir son pays avec nous. D' ailleurs c'est lui qui va conduire la voiture à partir de maintenant. Sa présence sera rassurante, il veille sur nous.
Et puis, réflexe professionnel oblige, il est déjà aller repérer l' endroit où se trouve notre prochain hôtel à
San Pedro Sula. Et puis nous roulons portes verrouillées... comme tout le monde, semble-t-il.
Après déjeuner, nous prenons la route de
San Pedro Sula où nous faisons étape.
Pas de chance, nous sommes samedi et le musée est fermé.
SPS est une ville moderne et vivante aux larges avenues fleuries, aux rues propres et bien tenues, du moins les axes principaux. C 'est la capitale industrielle et commerciale du pays. Fondée en 1536 par Pedro de Alvarado sous le nom de ' Villa de San Pedro de Puerto Caballos ',
San Pedro Sula (' sula ' en dialecte local indigène signifie ' vallée des oiseaux '), ville coloniale par excellence, se développa rapidement pour devenir l' étape incontournable du transport passagers et marchandises vers l' Europe ainsi qu'un carrefour entre
Guatemala et
Nicaragua.
Elle fut attaquée et détruite par les pirates, puis finit par renaître à la prospérité grâce à l' industrie bananière.
Il ne reste rien de son passé colonial et pas grand chose de son passé archéologique excepté au Musée. Des fouilles ont montré qu'une civilisation ancienne, antérieure d 'un millénaire à celle découverte à
Copan - existait sur le site de la ville actuelle, après découvertes de statues anthropomorphiques en basalte évoquant l' ère olmèque, la mère de toutes les civilisations en
Amérique centrale.
SPS est aujourd'hui un centre majeur de ' maquilas ' - ou industries de sous-traitance - sous contrôle principalement nord-américain.
SPS vaut, à l' occasion, une visite d'une demi-journée pour son musée (fermé le samedi et le dimanche, hélas), ainsi que pour sa minuscule place centrale flanquée d'une cathédrale dans laquelle on admirera les fresques religieuses moderne de style populaire réaliste qu' est en train de réaliser un peintre local avec beaucoup de talent.
Des immeubles en mauvais état, de piètre construction années 70 et sans grâce encadrent malheureusement la cathédrale et gâchent l' ensemble.
SPS - comme la capitale
Tegucigalpa - est marquée par sa mauvaise réputation en matière de sécurité. Qu' en penser ?
Retour à l' hôtel pour la nuit.
Guanacaste Hotel : 55 dollars la nuit.
Bien situé, dans un quartier tranquille. Construit comme comme un bunker ou une prison de haute sécurité, au choix. Du jamais vu dans le genre !
Chambre au calme. Bonne climatisation. Mais ensemble vieillot, style années 70.
Les peintures sont d'origine, la salle de bain aussi et tout cela date terriblement.
Et puis personnel indolent peu professionnel. Rien n' était prêt pour le petit déjeuner quand nous sommes arrivés en salle. Celle-ci, sur le toit, n' avait même pas été balayée le soir précédent. En fait, il n' y avait que nous quatre dans l' hôtel, plus le veilleur de nuit effondré et endormi. Nous avons donc petit-déjeuné en extérieur.
Pas terrible donc... Etablissement à éviter. Je dirais même : SPS à éviter ! C 'est une perte de temps dans un itinéraire serré, il vaut mieux voir autre chose.
Et l' on passe à la page 2 du carnet.....