Touristikis à la crème de solaris Auk · 9 mai 2020 à 18:22 · 170 photos 39 messages · 7 participants · 4 483 affichages | | | 9 mai 2020 à 18:22 · Modifié le 13 mai 2020 à 18:52 Touristikis à la crème de solaris Message 1 de 39 · Page 1 de 2 · 3 486 affichages · Partager Comme j'ai un peu de temps, je vous livre le récit d'un voyage de 2018 qui traînait sur mon ordinateur :
Il était une fois, par delà les pandémies et les crises économiques, un temps où nous pouvions voyager : 2018. En cette année béni (t)e, il n’y eut pour nous point de virée nord-atlantique dans la chaleur estivale au programme, point de douches gratuites rafraîchissantes, point de températures vivifiantes, point de gastronomie douteuse et point de prix déments. En passant, félicitations à l’ Islande et ses pizzas caoutchouteuse à 30 euros. En 2018, non, on va dans un vrai pays où l’on sait ce que signifie avoir chaud, manger et glander à une terrasse : la Grèce. Et comme nous ne sommes quand même pas des stakhanovistes du 40° à l’ombre, nous avons choisi le printemps, avril plus précisément. Pour le terrain de jeu, il s'agira d' Athènes et du Péloponnèse sur un peu plus de deux semaines. A nous, les petites églises, les ruines romantiques et les oliviers scintillants !
Bien choisir sa photo d'appel pour attirer le chaland. Un bon point et toute mon estime pour celui qui devine où c'est.
Avec la Grèce - pour ceux qui ont lu mes autres carnets qui sont tellement merveilleux qu’il faut les lire immédiatement et que votre vie s’en trouvera changée et éblouie - tout est chamboulé : fini les campings, les dortoirs et les piques-niques miteux de nos voyages dans le nord, place aux hôtels, aux b&b et aux restos. Et en plus, les Grecs ont le bon goût d’être accueillants.
Laissons la parole à du Ballay, parrainé par Alain Deloin et Jean-Michel Apeupré :
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage (en Grèce), Ou comme celui-là qui vit le Parthénon, Et puis est retourné, plein d'image et pâmoison, Vivre exubérant le reste de son âge
Et avant d'attaquer le vif du sujet, quelques annonces pour le public innocent : Avertissement : vous lisez ce compte-rendu à vos risques et périls. Toute indignation n’est pas de ma responsabilité. Avertissement bis : non je ne suis pas raciste non je n’ai rien contre les Néerlandais, j’ai d’ailleurs un ami néerlandais non les Grecs ne sont pas des feignants oui les Allemands ont pour passe-temps l’invasion... Ah mince une rechute.
Jour 1
Ayé, c’est parti pour une journée de transport translation Lyon- Athènes via Munich en empruntant la Lufthansa. Le vol est sans encombre, une conversation s’engage avec un voisin grec sympathique autour de la qualité douteuse de la bouffe allemande. J'en profite pour avoir une illumination : la nourriture, voilà ce qui unit les Européens (enfin ceux du sud) ! Eclair de génie, j’ai trouvé comment sauver l’Union européenne « tous unis contre la vie beurk ». Malheureusement, ça risque d’exclure les riches du nord. D’ailleurs c’est peut-être un signe : faut-il mal manger pour être riche ? Faudrait exclure les Japonais de l’équation mais sinon ça marche (pays germaniques, scandinaves et anglo-saxons même combat). Revenons au voisin grec, je tente de donner un tour sportif à la conversation mais malheureusement il n’aime pas le foot « football is shit »... Arrgghh, de quoi vais-je bien pouvoir parler alors ?! Du coup, je parle plus. Alors qu’un petit débat sur le scandale du moment, le président du PAOK Salonique et son flingue, ça, ça aurait été fun [NDLA : en 2018, dans le championnat de foot grec, le titre se jouait entre la PAOK et l’AEK Athènes, une rareté dans un pays où la plupart des titres sont distribués à l’Olympiakos ou à la rigueur au Panathinaïkos et à l’AEK avant 1995. Mais cette année-là, l’Olympiakos pédale dans la choucroute, il y a donc un match PAOK-AEK à fort enjeu sportif et politique, le deuxième étant porté par des supporters tendance extrême gauche alors que le premier est doté d’un président un peu trouble en affaire et bien sous tout rapport quand il s’agit de jouer sur la fibre nationaliste. On rajoute par dessus la rivalité Athènes-province (tiens ça me rappelle quelque chose) et on obtient une poudrière (des Balkans). Arrive la fin du match avec un but refusé pour le PAOK et ni une ni deux, le président et son directeur posent direct leurs cojones sur le terrain et vont régler ça entre hommes (et un pétard) avec l’arbitre. Match arrêté et in fine, intervention du gouvernement qui sus... Hein ?! Quoi ?! On est pas dans un carnet sur le foot grec ? Pardon].
L’atterrissage se passe sans encombre dans cet aéroport d’ Athènes qui a changé de place depuis mon unique passage dans le coin et s’est éloigné du centre-ville. Première prise de contact avec l’alphabet grec, on avait essayé pour le fun de potasser les équivalences mais c’est loin d’être évident ! Combien d'équivalents du O ont-ils dans cet alphabet ?!
Le trajet jusqu’au centre d’ Athènes est long, très long et le métro/train se remplit progressivement jusqu’à être bondé à ras bord. Nous sommes tassés, compressés et pour sortir de cette fournaise, c’est la lutte finale, poussons-nous et demain, l’air sera le sauveur du genre humain (note à moi-même : éviter la prochaine fois d’arriver au moment de la sortie du travail)
La chambre chez l’habitant est bien placée, en plein centre sans être très bruyante. On profite de notre premier soir pour une approche de la cuisine grecque et un mauvais choix de commande (que de la friture...). On enchaîne sur une petite balade nocturne pour revenir sur l’impression née du voyage précédent (ie dans les années 90 la voiture reine, une ville bruyante et désagréable). Eh bien en fait, une partie du centre-ville s’est piétonnisé, il y a de la vie, des restos et des cafés avec des terrasses partout, c’est très agréable finalement. | | À: Auk · 9 mai 2020 à 20:11 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 2 de 39 · Page 1 de 2 · 3 451 affichages · Partager K limera! Auk,
Par Tou ristikis, Cette ouverture d' carnet m'appâte !
Etapes Athénienne et Péloponnésienne qui furent avec d'autres à notre programme Grec en sept-oct 20..11....
Je me réjouis d'avance du menu annoncé (<les petites églises, les ruines romantiques et les oliviers scintillants >), mais pisque vous semblez être soucieux de satisfaire votre lecteur , je me permets deux requêtes perso pour la suite de votre récit illustré: des bourricots et des statues d'Apollon Efcharisto d'avance!!
Cdlt,
Sânouk3 | | À: Auk · 10 mai 2020 à 9:11 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 3 de 39 · Page 1 de 2 · 3 402 affichages · Partager Hello
La première photo a fait son job et a bien attiré le chaland (la chalande? ) et le début du carnet donne envie de lire la suite. J'embarque donc immédiatement, du moins virtuellement. L'embarquement réel pour le Péloponnèse est prévu début juillet. Je n'ai encore rien annulé...mais je ne me fais plus beaucoup d'illusions . Bah, ce n'est que partie remise (j'espère) et je vais peut-être trouver des idées pour améliorer le circuit que j'ai prévu . Muriel | | À: Arsouille30 · 10 mai 2020 à 9:59 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 4 de 39 · Page 1 de 2 · 3 394 affichages · Partager Aïe, je suis désolé de vous décevoir par avance. Bien que nous avons vu maints ânes, mules et mulets, je n'ai pas eu l'à propos de photographier ces lestes animaux. Par contre, pour les Apollon, ça doit se trouver. Un Hermès flou, ça marche aussi ? | | À: Auk · 10 mai 2020 à 12:17 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 5 de 39 · Page 1 de 2 · 3 378 affichages · Partager uk,
Merkis! pour votre attention & réponse cordiale.
Aïe, je suis désolé de vous décevoir par avance. Bien que nous avons vu maints ânes, mules et mulets, je n'ai pas eu l'à propos de photographier ces lestes animaux.
Ouïe, j'préfère mieux l'savoir d'avance, pour m'en faire une raison...
Par contre, pour les Apollon, ça doit se trouver. Un Hermès flou, ça marche aussi ?
Mdr Pardine, même flou un Hermès reste quand même notre dieu à tous, voyageurs et/ou esthètes Je le prendrai!
Yallah! je sens que vous allez m'régaler, alors vous laisse pour l'heure à votre rédac'.
Sânoukis3 | | À: Muriel18 · 10 mai 2020 à 12:45 · Modifié le 12 mai 2020 à 21:58 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 6 de 39 · Page 1 de 2 · 3 373 affichages · Partager Ah, nous, on a renoncé à l' Ecosse en juillet-août...
Bon je continue avec Athènes :
Jour 2 : Athènes
Nous avons décidé de faire original pour commencer notre visite d’ Athènes : le matin, nous avons privilégié les quartiers au nord de Monastiriki, autour du marché couvert et de Psiri, pour voir un peu plus que l’hyper centre touristique. Bon Psiri, à ma surprise, est quand même assez fréquenté par les touristes. Il faut dire que j’avais oublié à quel point le centre-ville d’ Athènes est réduit pour une ville de cette taille. C’est donc parti pour une déambulation dans des rues bardées de tags, très vivantes, surtout autour du marché, et remplies de deux-roues pétaradants. Et rien n’arrête un deux-roues grec que ce soit un feu rouge, un sens interdit, des trottoirs ou un magasin (oui j’ai vu un scooter carrément garé dans une boulangerie, effort minimal garanti !) à part les voitures. Et là, le choc est déséquilibré...
Quoi, il n'y a pas que des ruines antiques à Athènes ?!
Retour ensuite aux fondamentaux. Et les fondamentaux c’est quoi en Grèce ? Les ruines pardi. Halte aux bruits, aux vrais gens et c’est parti pour de la poussière, des touristes suants, des petits tas de pierre et des combats de tortues. C’est ça la Grèce éternelle. Le programme commence mollo mollo avec le cimetière du Céramique à l’entrée de l’ Athènes classique et dont le nom vient du quartier de céramistes installés à proximité. On déambule entre des oliviers, des tombes et des cénotaphes. Le coin est comme dans mon souvenir, agréable sans être spectaculaire. Anecdote amusante qui explique que l'endroit a une statuaire très développée : les riches Athéniens se lancèrent, au 4ème siècle avant J-C, pour la frime et le statut social, dans une compète de mausolées tellement imposants et décorés que leur construction et les sculptures funéraires finirent par être interdites et une réglementation édictée. Halte à la surconsommation et vive la sobriété !
George Foreturtle vs Mohammed Franklin
Un fier taureau de la Mancha prêt à affronter les moulins industriels de la modernité
Nous visons ensuite l’agora grecque, son petit musée survolé pour admirer plus longuement le temple d’Héphaïstos, un peu gauche du haut de son archaïsme mais bien conservé. Ces premières visites nous font humer le doux parfum des ruines antiques en Grèce : oliviers, prairies fleuries, tortues, plantes aromatiques et chênes verts.
Table Mountain au Cap
Servir la Grèce sur un plateau, allégorie
Pour l’après-midi, le menu contient le musée national d’archéologie. Comme il est toujours intéressant de se déplacer à pied sur de longues distances en ville, on y va avec nos petits petons pour prendre le pouls de la ville hors lieux archéologiques. Et le résultat dans les grands boulevards athéniens, c’est un nombre impressionnant de magasins fermés (à vue de nez, un magasin sur cinq est ouvert), une circulation frénétique et kamikaze de scooters et mobylettes (on sera témoin d’un accident violent suite à un grillage de feu rouge d’une mobylette) et, quand on s’approche du musée, les stigmates de la contestation avec l’école polytechnique d’ Athènes occupée/abandonnée.
Il est écrit dans l'affiche à gauche : "Nous sommes focus à 110 % afin d'être des forces de proposition, à travers des efforts positifs, concrets et challenging, pour construire la Grèce qui traverse la rue"
La balade est harassante, avec ce bruit incessant, et nos espoirs de voir le sein des saints (on verra ensuite qu’il n’y a pas tant de seins dans ce musée mais plutôt des fesses bien rondes et fermes et des petits zizis. Et de toute façon, il y a pas de saints non plus...) sont douchés à notre arrivée. Ben oui, nous arrivons vers 14h15-14h30 et le musée ferme à 15h. Raaahhhh [NDLA : râle de dépit]. Vous vous imaginez que je vais faire un discours sur ces feignasses de grecs qui ne savent pas accueillir les touristes alors que nous daignons gaspiller notre divin pognon dans leur pays pourri blablabla que c’est leur source principal de devises blablabla qu’on a jamais vu ça blablabla. Mais non. Pas question de faire une visite expresse, nous reviendrons le lendemain.
La France lance, avec succès, de nouveaux produits à l'exportation
Retour encore à pied vers Plaka après une petite pause à notre lieu de villégiature. Nous nous abattons, comme des hyènes en furie face à un bébé antilope innocent et esseulé, sur Plaka et son annexe Anafiotika. Les deux quartiers s’étagent au pied de l’Acropole et font office de vieille ville même s’ils ressemblent à un gros bourg. Athènes, pendant les périodes byzantines et ottomanes, devient et reste une modeste bourgade de province sans rôle politique ou religieux proéminent, la ville ne comptant plus que 4000 habitants au début du 19ème siècle. Pour revenir à Plaka, le tout est un peu touristique mais étonnamment vivable, à l’exception de la proximité de l’Agora et des rues Adrianou/Kidathineon (monument Lysicrate). Le plus agréable et le moins fréquenté – il y a plein d’escaliers qui doivent rebuter – reste le quartier Anafiotika, ses petites églises, ses graffiti, sa tranquillité, ses jardins et ses petites maisons à toit plat fondés par des immigrés cycladiques. On monte, on descend, il y a des jolies vues, des chats qui errent et quelques ruines romaines de ci de là : la tour des vents sur le forum romain, la bibliothèque d’Hadrien, le monument de Lysicrate et tout au bout au-delà du boulevard Siggrou, le temple de Zeus olympien.
Laurel et Hardy (la petite Métropole et la grande)
La tranquillité plafkaienne
De manière plutôt surprenante, le centre d’ Athènes est en effet constellé de ruines de l’époque romaine alors que la ville voit son importance politique et militaire réduite à néant. Reste la renommée passée, intellectuelle et culturelle qui fait de la ville un lieu à visiter et à investir pour Romains un peu snobinards sur les bords, se déclarant philhellènes et philanthropes, comme l’empereur Hadrien ou Hérode Atticus. Et hop, une petite bibliothèque ou un ch’ti théâtre pour se faire mousser et adopter une posture d’intellectuel... Ca me rappelle quelque chose, ça ; il y aurait pas de nos jours des milliardaires et des entreprises en mal de publicité qui créent des petites fondations pour sauver le monde, le patrimoine et accessoirement leur image. Bon j'aurais bien choisi une photo pour illustrer le paragraphe mais on est limité à 10 images maintenant (aahhhh). Le soir, on fait tout péter, et surtout la carte bleue, direction l’hôtel Grande-Bretagne et son restaurant-terrasse avec vue sur le Parthénon. L’accueil et le service sont des plus guindés – le balai est coincé dans un endroit douloureux – les prix chérots pour la Grèce, l’entrée délicieuse (un truc à base de crabe, ça ne peut qu'être bon) et le plat bof bof. Mais on est là pour la vue qui poutre sur le Parthénon. Et c’est vrai qu’elle poutre. | | À: Auk · 10 mai 2020 à 21:24 · Modifié le 12 mai 2020 à 22:00 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 7 de 39 · Page 1 de 2 · 3 302 affichages · Partager Jour 3 : Athènes – l’Ancienne Corinthe 91 km
Un exemple du mécénat romain, l'odéon de Hérode Atticus
Nous nous sommes levés tôt pour arriver à l’ouverture de l’Acropole et éviter les foules. Et c’est réussi, quand nous traversons les Propylées, nous sommes relativement seuls, nous pouvons profiter du site en toute quiétude pendant quelques instants : grosso modo, une heure après l’ouverture, ça commence à être désagréable et quand nous redescendons 2 heures plus tard, il y a la queue pour passer sous les propylées.
Elle est où la distanciation sociale ? Que fait la police ?
Le Parthénon et plus largement l’Acropole, ce sont des colonnes, des murs, des ruines, des pierres jaunes, des touristes et un panorama sur les immeubles à perte de vue, provoquant un sentiment d’écrasement de la ville anarchique face au faible individu perdu sur son fier vaisseau amiral. A noter que le Parthénon fut la victime collatérale du conflit vénitio-ottoman au 17ème siècle, un Trinitro vénitien [NDLA : lire QRN sur Bretzelburg pour comprendre la référence] ayant la bonne idée de bombarder le Parthénon, qui servait accessoirement d'entrepôt pour la poudre [NDLA : pour une explication tout à fait exhaustive de la guerre entre Venise et l'empire Ottoman, voir dans quelques postes la partie sur Methoni].
Un temple de vainqueur
Parthénon, Nashville
Athens, Géorgie (la Grèce c'est l'Amérique !)
Le Parthénon fait (cocher la case correspondante du petit touriste illustré ou du bouquin « les milles lieux qu’il faut avoir vu avant de mourir écrasé par tous les touristes qui font pareil »), nous retentons, plus tôt cette fois-ci, le musée archéologique.
Le dialogue des arts à travers les siècles
Alléluia, c’est ouvert. La section mycénienne est toujours fantastique, la partie sur les Cyclades étonnante. Si vous voulez faire une journée thématique « regarde des poteries passer », c’est également l’endroit fait pour vous avec une collection sans fin de céramiques.
Remarquez le sens du détail du potier : oui le Monsieur à l'envers est circoncis, car il représente un Egyptien, se faisant incidemment fracasser par Héraclès sur un autel. Et comme tout bon Egyptien de l'époque, il se doit d'être circoncis.
L’apothéose se trouve quand même dans l’innombrable collection de sculptures : parmi mes préférés, le jeune cavalier hellénistique, des korê et kouroi et un Poséidon en bronze. Cette section est plein de messieurs et de madames tout nus, qui montrent tout et n’importe quoi à des enfants blasés.
Une korè à la cueillette aux morilles
Pour Arsouille30, c'est ce qui s'approche le plus d'un bourricot dans mon stock de photos. Bon un bourricot sous anabolisants et stéroïdes mais un bourricot quand même.
Il ne faut pas oublier de faire un tour à l’étage dans une petite section réservée à Théra, période minoenne, issue des fouille d' Akrotiri, sorte de Pompéi de 1500 avant J-C, détruite elle aussi par une éruption volcanique. Elle dispose de quelques peintures chouettes et de poteries chouettes aussi.
Par contre, l’idée de séparer sculptures, céramiques et objets en métal n’est pas des plus heureuses. Où qu’il est le dialogue des œuvres au sein d’une même époque ? Ce n’est pas top pour comprendre les évolutions artistiques, culturelles et sociales des Grecs anciens. Après s’être repu jusqu’à plus soif d’antiquités en tout genre, la pause dans la cour du café de l’entresol est salvatrice. Ma foi, ce n’est pas mauvais et très tranquille.
La fin d’après-midi est consacrée à l’extirpation de nos corps de la ville tentaculaire (oh hisse tentacule comme dirait un supporter de foot bas du front) qu’est Athènes. Le moyen, une Nissan Note louée chez Europcar. Et au vu d’une expérience canadienne précédente désagréable, nous sommes très vigilants sur la voiture (état et respect du modèle réservé). Mais cette fois-ci, aucun problème, bonne catégorie, voiture en bonne état malgré des pneus un peu usés. Le stress est bien monté progressivement avant de prendre la route face à la perspective de conduire dans Athènes. Mais en fait, ce sont des agneaux, les Athéniens, ça s’est fait tranquillou, pas tant de trafic que ça – c’était dimanche – et les vieux réflexes roumains (ah la conduite à Bucarest !) sont revenus à la surface. Oui depuis un moment, nous partons dans des pays civilisés conducatoirement parlant (Europe du nord, Amérique du nord grosso modo) et on perd l’habitude du code de la route très optionnel.
Bref, nous allons en direction de l’Ancienne Corinthe et l’autoroute, très pittoresque, permet de croiser de l’industrie chimique fleuri, des banlieues très chics, des petites villes mignonnes et de tuer les clichés sur la Grèce. L’olivier, il a un petit goût de kérosène. Le sirtaki il prend un son métallique et poisseux. La colonne grecque, elle crache une fumée noire. En passant, remercions les contrecoups de la crise qui permettent de profiter d’autoroutes vides. Hurra for the EU ! Et doublement, elle les a payées, elle les a vidées (si tant est qu’elles aient jamais été pleines). On passe enfin le canal de Corinthe dans un endroit un peu glauque et Péloponnèse nous voilà !
Arrivés à l’Ancienne Corinthe, l’accueil est des plus chaleureux et le logement des plus confortables, avec vue sur le golfe de Corinthe. Le temps n’est par contre pas au rendez-vous et cela continuera les deux-trois jours suivants : une espèce de brume alliée à des pluies de sable venant du Sahara rend les paysages ternes. Encore un coup des Africains ! Font tout pour nous pourrir la vie. | | À: Auk · 11 mai 2020 à 19:10 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 8 de 39 · Page 1 de 2 · 3 231 affichages · Partager Jour 4 : l’Ancienne Corinthe – Dimitsana 174 km
Après des adieux assez tardifs (quoi partir à 10h le matin, ça ne va pas du tout, on se ramollit) et fort de notre premier cadeau du voyage, des raisins de Corinthe – oui c’est un concept grec, on va dormir chez des gens et ils nous offrent des cadeaux – notre premier arrêt de la journée se trouve juste à côté de notre logement : les ruines de l’Ancienne Corinthe. La ville dans l'Antiquité a connu deux périodes fastes, la première à la période archaïque avec un commerce florissant de céramiques noires à fond rouge qui fera sa richesse. Malheureusement, il ne résistera pas à l’innovation technologique des Athéniens qui sortirent de derrière les fagots des céramiques rouges à fond noir au 5ème siècle avant JC. Et bim, le moment disruptif de l’entrepreneur intrépide. Macron, prends-en de la graine. Il faut rajouter que le contrôle de l’isthme voisin aidait à la puissance de la ville qui ne survivra pas à la croissance de Sparte. Le deuxième moment d'opulence se trouve pendant la période romaine où la ville fonde sa prospérité toujours sur son emplacement stratégique mais également sur son sanctuaire d'Aphrodite se trouvant sur l'Acrocorinthe. Le lieu, entre autres (la ville était aussi un lieu de passage et de métissage, ce qui amène forcément des remarques de "bah caca"), lui donne la réputation d'être habitée par des dépravés, surtout aux yeux d'un Paul qui passait par là. Il reste du culte d'Aphrodite pleins d'ex votos rigolos, seins et pénis en tout genre déposés dans le temple dans l’espoir de retrouver sa fertilité et que l'on peut voir dans le musée du site. Le musée est d'ailleurs assez riche et intéressant, d’une muséographie pour partie vieillote (on entasse le maximum dans le minimum d’espace) à un espace moderne, tout noir forcément.
En ce qui concerne les ruines, elles sont principalement romaines mais tout de même assez foutraques, mélangeant les époques et les styles : un temple archaïque d’Apollon, la fontaine romaine de Pirène, une agora bordélique, un temple d'Octave, etc. Les coquelicots et autres fleurs des champs apportent une touche cézanienne au tout.
L'agora pas phobe
Des ruines garanties 100% sans pesticides (au fond, le temple d'Apollon)
Nous poursuivons la découverte du coin avec l’Acrocorinthe, la citadelle byzantino-ottomane qui domine Corinthe. L’arrivée est impressionnante, l’entrée de la forteresse vertigineuse. On s’est décidé à monter jusqu’au sommet, sorte de plateau avec vue panoramique. Ca grimpe sec pour y parvenir mais il y a de l’entertainement en cours, des ruines partout, une mosquée qui se balade dans le coin, une citerne, une église période ottomane et des fleurs, des tonnes de fleurs. Ah c’est vraiment cool de voyager en Grèce au printemps pour ça : la nature est rayonnante. Bon, pour la vue du sommet, c’est pas ça, nuageux et brumeux à la fois.
Le golfe de Corinthe après un passage du Sahara dans le coin
Retour à la voiture pour un petit pique-nique où nous nous familiarisons avec une coutume locale : où que vous soyez, dès que vous sortez de la nourriture, il y aura un chat pour apparaître d’un buisson. Celui-là est un maître de la torture sadique, sorte de Richard Stamper (pour ceux qui ont des références cinématographiques intellectuelles et ont vu Demain ne meurt jamais) avec plus de poil et moins d’accent allemand. Oui car il miaule, il miaule et il miaule, il nous suit partout et essaie de prendre un air de martyr afin d’avoir de la bouffe. Et une fois qu’on lui en donne et que la nourriture disparaît, aucune reconnaissance, il se barre chez le voisin. Bref, les chats, on va en bouffer dans notre voyage et pas littéralement, ce qui est fort dommage (suis sûr que c’est pas mauvais un chat et puis faut bien que ça serve à quelque chose). Je vous ai déjà dit que j’aimais pas les chats ?
Nous reprenons le fil de notre voyage pour nous enfoncer dans les montagnes par des petites routes à l’état variable. On s’éloigne des classiques touristiques du coin pour un premier arrêt à une nécropole mycénienne, Aidonia, pas très loin de Némée. Forcément, les Grecs la mettent au milieu d’une oliveraie et ça rend les choses plus attractives. Ils trichent ! La colline est constellée de trous qui forment une sorte de petit village troglodyte. Les tombes sont à chambre, l’intérieur reproduisant la forme d’une maison (autres types de tombe mycénienne : à fosse et à tholos).
Un coin pour hobbit mort
Mi casa es su casa
Après cet interlude court mais sympa, nous nous dirigeons vers le lac de Stymphale, lieu d’un massacre écologique impitoyable : une espèce rarissime décimée par une grosse brute du nom d’Héraclès, sous prétexte qu’une déesse lui a lancé un pari. Un mythomane qui prétend parler à des dieux, se croit immortel, sorte d’ancêtre de nos bouchers-chasseurs du Bouchonnois. Ah les Grecs anciens et la protection de la nature... Fort heureusement il a épargné quelques oiseaux que l’on aura du mal à voir étant donné l’heure – milieu d’après-midi – à laquelle nous faisons notre petite balade jusqu’à un lookout. Il y a là quelques canards, foulques et un rapace qui passe dans le coin (balbuzard pêcheur ?). Le lac est en voie de disparition et de marécagisation. Pour ne pas être en reste (et puis on est en Grèce enfin !), nous découvrons quelques ruines de l’antique Stymphale qui ajoutent du charme à l’ensemble dominé par les sommets pelées du mont Cyllène. Apaisant.
Nous faisons route ensuite vers Dimitsana à travers quelques cols et des paysages changeants : vallées fertiles, adrets secs et méditerranéens, ubac de grandes forêts de pins et de feuillus par endroit. Tout est très vert, cela tue un peu les clichés sur la Grèce. Un arrêt en cours de route est nécessaire pour se familiariser avec une coutume locale : le monastère/ermitage planté dans un endroit impossible (falaise de préférence) propre à la contemplation de l’immensité de dame nature. Celui-là, plutôt récent mais à l’abandon, offre une vue sympa sur les alentours.
Une pensée pour les ouvriers qui ont construit tous ces monastères dans des lieux impossibles, martyrisés par les moines et sans église à leur nom à la fin.
Quelques dizaines de kilomètres, c’est Dimitsana, petite ville/village composé de maisons en belles pierres de taille disposées sur une colline dominant les gorges du Lousios et accessoirement un haut lieu de la guerre d’indépendance de la Grèce moderne. Eh oui, le coin servit de lieu de production massive de poudre à canon et de base arrière aux révoltés des années 1820, des klephtes (ou haïdouks en Roumanie et ailleurs dans les Balkans) principalement, sorte d’hybride mythique de brigand, de robins des bois et de révoltés contre le pouvoir ottoman. Sur le sujet, certes en Roumanie, je vous conseille la lecture de Panaït Istrati, Les Récits d'Adrien Zograffi : Présentation des Haïdoucs.
La rue principale de Dimitsana est touristique mais manifestement, ce n’est pas du tout la haute saison en avril. Les vendeurs, hôteliers et serveurs font peine à voir, à attendre le rare chaland sur le pas de la porte de magasins/restaurants/hôtels désespérément vides. J’ai donc pensé à un concept qui a de l'avenir, je le sens : lancer un site internet adopteungrec.com pour les aider. Ca sera sur le modèle des sites de parrainage d’enfants de pays plus désavantagés où vous pouvez choisir 1) l’origine (astuce technique : choisir la bonne couleur, hein. On sait jamais avec les autres) 2) ce à quoi l’argent est destiné (ie des toilettes, un nouveau cartable, une poule, des habits, un vaccin au cas où ils décideraient de dépenser l’argent n’importe comment...). Bref, ça permet de jouer aux Sims grandeur nature en se donnant bonne conscience. J’adore l'idée et on l’adaptera avec bonheur aux Grecs tout au long de leur vie. Bon par contre, pas d’argent gratos, des prêts, la possibilité de faire appel au fisc allemand en guise de contrainte/fouet et s’ils fainéantisent comme les bons méditerranéens qu’ils sont, camp de redressement en Scandinavie : ils apprendront à avoir froid et à se remuer les fesses au lieu de se la couler douce au soleil et de magouiller. | | À: Auk · 11 mai 2020 à 23:07 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 9 de 39 · Page 1 de 2 · 3 194 affichages · Partager Bonsoir voyageur, merci pour cette chronique inédite pleine de charme des vieux cailloux oubliés. Si je me manifeste, ce que je fais rarement, c’est en découvrant que vous connaissez Panaït Istrati et les Haidouks. J’avais un bon chien que j’avais appelé Haiduc (l’orthographe roumaine), je l’aimais beaucoup. Et vous me rappelez mon arrivée au Parthénon, après un long voyage en voiture (la mienne) à travers l’Europe, une aventure pleine d’obstacles, digne de l’odyssée d’Ulysse. C’était en 1981. J’étais alors tout imprégnée de culture classique et émue aux larmes. À Delphes, une de mes filles est tombée amoureuse de l’aurige (elle s’est consolée depuis). Continuez votre récit, je vous suis avec un immense plaisir. | | À: Auk · 12 mai 2020 à 22:45 · Modifié le 13 mai 2020 à 19:05 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 10 de 39 · Page 1 de 2 · 3 125 affichages · Partager Jour 5 Dimitsana 153 km
La journée consiste en aller-retour à Olympie via Langada à l’aller et par Raftis et Zatouna au retour. Elle débute, dans notre hôtel à nous qu’on a rien que pour nous, par un petit déjeuner particulièrement copieux avec pâtisseries fraîches et locales pour notre plus grand plaisir.
La question fondamentale quand vous visitez Olympie est celle de la floraison des arbres de Judée qui parsèment le site. Si vous êtes là à une période toute autre qu’avril ou mai, c’est mort, vous pouvez passer votre chemin, aucun intérêt, Olympie. Pour notre visite, le trajet aller est passé à scruter les arbres de Judée qui parsèment la campagne péloponnésienne : en fleur, fanés voire avec de juvéniles bourgeons verts, ça dépend des endroits, le suspense est à son comble. Dieu étant grand dans sa miséricorde – un conseil en passant, si vous êtes footballeur en Italie, faites attention à ne pas accoler porco au nom de dieu – les arbres de Judée sont globalement en fleur. Et même si ce n’est pas l’apothéose de leur floraison, nous pouvons visiter le site, heureux et épanouis.
Les stars du site
Le temple de Zeus (je ne raconte pas toujours des âneries dans les légendes)
Le temple d'Héra qui côtoie jalousement le temple de Zeus
Olympie, ce n’est pas le site le plus impressionnant mais il y a une atmosphère et des arbres de Judée (je ne sais si je vous l’ai déjà dit) qui embellissent les ruines du palestre. C’est aussi le moment de célébrer l’esprit de l’olympisme gningnin, fraternité, gningnin, esprit de compétition dans le respect de l’autre, gningningnin, paix entre les peuples, gningningnin. Faut demander aux Grecs anciens comment ils s’y connaissaient en valeurs d’olymbécisme. Et que je te contrôle la cité parce que c’est un commerce juteux (Elie) et que je t’envahis le tout parce qu’il faut que je montre que j’en ai ( Sparte) et que je te joue le rôle de protecteur du sanctuaire pour mieux contrôler les cités grecques ( Macédoine)... Poutine, Reagan ou Hitler n’ont rien inventé.
Le site en lui-même est très riche vu que toutes les cités grecques faisaient assaut de diligence pour filer du fric et construire une ch’tite bicoque dit trésor. Là encore, les époques s’entremêlent du paléochrétien à l’archaïque. Arrivé dans l'atelier de Phidias, un touriste inconnu d’origine au premier abord incertaine m’interpelle en un anglais véhément et enthousiaste pour me clamer son bonheur d’être dans cet endroit historique, lieu d’exercice d’un des plus grands sculpteurs de l’Antiquité et de création d’une des sept merveilles du monde. Ca y est, l'Américain béat a encore frappé : régulièrement dans vos voyages, je suis sûr que vous avez croisé ces individus bienheureux, apostrophant le premier venu et l'assénant de leur félicité... Pour revenir au sujet du jour, Olympie, nous avons le plaisir, à notre arrivée dans le stade de le voir se vider. Ne restent plus que deux corneilles grises en plein entraînement.
Vainqueur, la corneille grise !
Après un site archéologique, rien de mieux que de savourer un musée archéologique, pas hyper grand mais très riche. Dommage qu’il y ait du monde au moment de notre visite mais le musée vaut le coup, de l’Hermès de Praxitèle aux sculptures du fronton du temple de Zeus. Et encore et toujours du nu dans tous les sens, de quoi offusquer un Américain ou un salafiste pudibond. Moi, j’ai une petite faiblesse pour les métopes du temple de Zeus bien conservées, qui représentent les douze travaux de ce gros bourrin d’Héraclès (pour rappel, dans un moment d’oisiveté, il massacre ses enfants).
Un pédophile en action (Zeus enlevant Ganymède)
Atlas se fait avoir comme un bleu
Le harcèlement sexuel version Grèce antique. Que fait le mouvement metoukis ?
Hermès aux milles ruses
C’est également mon moment typologie et classement du compte-rendu. Pour ce faire, nous ferons ici une étude épidémiologique du groupe scolaire en voyage selon sa nationalité, la Grèce semblant être une destination privilégiée. Le premier cas est celui des petits Grecs : à la suite d’observations pointues et totalement objectives fondées sur un panel très large et sans aucun préjugé, nous pouvons déterminer que le groupe grec visite bien les monuments de son pays mais ne sait pas bien pourquoi il est en général pléthorique, pas encadré, bruyant et ne suit pas son professeur qui de toute façon ne propose aucune activité ou visite guidée. On vient à se demander l’intérêt éducatif de la chose. Le deuxième cas, celui des petits Italiens, est tout à fait édifiant : pour coller aux clichés, il faut quelques individus gominés et des lunettes de soleil à portée de main en toute circonstance (y compris dans un musée où la lumière éclatante est insoutenable). Une ou deux jeunes fille entourée de sa cour de machomen se désintéresse de la visite faite par le professeur qui, au contraire des spécimens grecs, essaie tant bien que mal de proposer quelque chose de constructif culturellement. Le cas néerlandais est également bien représentatif: adeptes de la crème solaire (véridique, on les a vus soigneusement se tartiner de crème), disciplinés, polis et attentifs, les jeunes sont réunis par petit groupe avec à chaque fois un animateur ou un petit travail à faire, bref la classe et l’organisation parfaite. Entre ces modèles, les Français, tiraillés entre latinisme et nordisme... Où ça, des clichés ?
Le retour se fait par une toute petite route en principe panoramique mais brume sur brume ça gâche le paysage. On ne voit rien ou presque, l’Afrique c’est pas greek. Nous faisons quand même un petit arrêt après Raftis au-dessus d’un petit canyon impromptu et en face d’un ermitage abandonné. Comme il y a de la falaise, il y a du rapace à foison, des faucons crécerelles et des circaètes Jean-le-blanc. Chouette ! Mais non, c'est un circaète qu'on te dit !
Après Jean sans terre et Jean le bon, Jean le blanc. | | À: Vigounir · 13 mai 2020 à 18:49 · Modifié le 14 mai 2020 à 18:33 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 11 de 39 · Page 1 de 2 · 3 066 affichages · Partager Merci pour les encouragements et votre message qui donne envie d'être nostalgique. Et en général, se remémorer des souvenirs grecs est une source inépuisable de nostalgie...
Je continue le carnet qui, en le relisant en diagonale, me donne l'impression d'être un vieil aigri légèrement obsédé (de statues antiques bien sûr) sur les bords. La suite, hormis un ou deux détails, sera un poil plus calme en sarcasmes et ironie en tout genre.
Jour 6 Dimitsana – Kalo Nero 127 km
Deuxième petit déjeuner monstrueux assez efficace pour ne pas avoir trop faim dans la journée surtout que nous avons prévu une petite rando dans les gorges du Lousios (6-7 km). Après un petit arrêt point de vue sur le monastère Emialon – les moines ont eu une capacité à planter leurs piaules dans des endroits impossibles – la route se fait vertigineuse pour descendre à notre point de départ, l’Ancienne Gortys. Bon c’est la Grèce, donc il faut quelques ruines pour égayer le coin, c’est l’équivalent des icebergs à Terre-Neuve sauf que c’est moins froid et plus solide.
La randonnée est agrémentée de jolies orchidées, d’un torrent à l’eau turquoise et de monastères dans des endroits à la c**. J'adore les orchis sauvages, vous avez donc deux photos pour le prix d'une :
Au programme, une trilogie de monastères dont le premier, Saint Jean Prodromou, est accroché à flanc de falaise dans un site splendide. La visite est assez originale, l’intérieur épousant les rochers avec une église peinte minuscule coincée dans une cour intérieure fermée. On retrouve – avec plaisir ou intoxication suivant les goûts – cette odeur entêtante d’encens propre aux églises orthodoxes, saturant complètement l’atmosphère. Les peintures doivent être, à vue de nez (ahah), du 18ème siècle.
A droite, San Goku avant de passer en mode super sayan
Le deuxième, l’ancien monastère de la Panagia Filosofou, est particulièrement ruiné, un peu vandalisé mais dans un endroit encore plus impressionnant que le précédent, sur une étroite corniche à flanc de falaise.
Véritable caméléon des campagnes grecques, le monastère sait adopter une attitude mimétique et se tapir parmi les rochers des falaises pour mieux échapper à ses prédateurs ottomans ou croisés.
Pour le dernier, le nouveau monastère de la Panagia Filosofou, nous y sommes accueillis, en compagnie d’Américaines, par le moine barbu du coin qui nous offre à boire et nous fait un petit discours dans un anglais chuchoté et incertain sur l’histoire du lieu. Moment étrange et surréaliste. Sinon que dire d’autre à part que le coin est envahi de chats, et l’église locale pas mal du tout.
Où est Panagia Charlie ?
Le géranium local
Allez, retour à la voiture par le même chemin où le drame surgit au détour d’un virage anonyme : nous croisons des gens et comme je suis intrinsèquement poli, je leur dis kali mera la personne en face semble ne pas répondre et s’adresse en néerlandais (ou en borborygmes incompréhensibles ressemblant vaguement à de l'allemand) à ses collègues. Je peste intérieurement contre l’impolitesse innée des Néerlandais (sûrement des fans de camping en Ardèche qui se sont égarés et qui souhaitent avoir le moins de contact possible – encore moins pécuniaire – avec des vrais gens, c’est-à-dire des Français) mais ils semblent commencer à dire plus de trucs dans leur sabir et même à s’adresser à moi pour finir par un sonore « Hey YOU ! ». Euh ça je comprends plus mais qu’est-ce donc à dire ? Après un bref interlude en anglais, nous comprenons qu’ils m’ont pris pour l’un des leurs et mon bonjour grec pour un chuintement hollandais. Ah la flétrissure à ma dignité de latin ! Est-ce que je me mets de la crème solaire tout le temps et je suis quand même tout rouge ?! Est-ce que je me déplace en caravane et vélo en toute circonstance ?! Est-ce que j’ai une tête blonde délavée qui fait croire que j’ai javellisé mes cheveux ?! Non.
Sous le choc d’une telle méprise et les coups d’une telle infamie, nous fuyons cet endroit vers des cieux plus cléments, Karytaina, petit village situé quelques kilomètres plus loin. Le coin est plutôt joli avec sa forteresse franque et ses maisons de pierre. Et oui des Francs sont venus se perdre dans le coin. Figurez-vous, mon petit Jeanmimi, que sur le trajet Europe de l’Ouest – Jérusalem (trajet préférentiel des croisés dû aux promos imbattable des charters de l’époque), il y avait un empire Byzantin bien appétissant, riche, ensoleillé et faible politiquement. Ni une ni deux, on décide de faire une escale dans le coin c’est la quatrième croisade et on commence à se lasser de l’unique destination touristique prévue, Jérusalem, où les autochtones sont d’un naturel ombrageux. Et puis, dans le coin, les filles sont jolies, il y a des plages sympas, il y a moyen de faire des affaires et les locaux ne sont pas très farouches. Et voilà les Francs qui s’installent et se construisent des petits nids douillets, au diable les convictions religieuses et à eux le Malvoisie ! Par contre, eux, ils sont méfiants et ils plantent des forteresses partout (Karytaina, Mystra, Monemvasie, Geraki pour en citer quelques-unes), ce qui ne les empêchera pas de se faire bouter quelques décennies plus tard comme de vulgaires Anglois par Thierry la Fronde.
Karytaina vue de la forteresse
Une église orthodoxe qui passait dans le coin
Après Karitaina, nous prenons une jolie route passant par Andritséna – il fait moche, pas d’arrêt – puis le temple de Vassae dont nous ne verrons que la tente protectrice, 15h a déjà sonné... Donc nous continuons notre chemin vers Phigalie dotée de ruines éparses et peu impressionnantes mais bucoliques au-dessus des gorges de la Neda. Pas le temps de faire la balade des gorges, direction vers Kalo Nero, notre lieu de séjour pour la nuit et accessoirement petite station balnéaire tristounette hors saison. Logement gras et minimaliste mais nous avons vue sur la plage qui semble en voie de disparition. | | À: Auk · 14 mai 2020 à 9:38 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 12 de 39 · Page 1 de 2 · 3 023 affichages · Partager Merci pour ce carnet de voyages qui se lit avec beaucoup de plaisir, et qui fait un bien fou par les temps un peu dérangés que nous vivons. Un peu d’optimisme et un regard décalé sont toujours bons à prendre. Surtout pour nous, les habitués des printemps fleuris sous les cieux grecs, privés de voyage pour cause d’annulation de vol et confinés sous des trombes d’eau dans notre SO d’origine. Vos photos sont remarquables. Cordialement. Ann | | À: Carsa · 14 mai 2020 à 18:21 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 13 de 39 · Page 1 de 2 · 2 981 affichages · Partager Jour 7 Kalo Nero – Methoni 98 km
Après un départ précoce de cet endroit poisseux, nous visons un premier arrêt à Peristeria, pas très loin dans l’arrière-pays, comptant quelques tombes mycéniennes de belle facture. Le lieu s’avère payant et comme nous sommes arrivés tôt, il n’y a que deux bergers pour nous accueillir – ils ont un mouton coincé dans le site archéologique grillagé et fermé. On finit par voir débouler un gardien au style improbable, cheveux gominés en arrière, grosse lunette de soleil, grosse bedaine et grosse mercos d’un âge respectable – s’est perdu dans son choix de voie professionnelle celui-là ! Ou il est en couverture dans le trafic d’olives et de lait de chèvre... Bref, la tombe mycénienne principale, à tholos celle-ci, est dans un magnifique état de conservation et le site entouré d’oliviers très sympa.
Une tombe suggestive
Petite musique de flûte de pan et interlude culturel : la civilisation mycénienne allant grosso merdo de 1800 à 1200 avant Jissé s’est fortement concentrée en Argolide, Mycènes tout ça, à tel point que les historiens se demandent comment qu’ils faisaient pour s’épanouir sur un territoire plutôt réduit. Toutefois, si les cités-palais étant rares hors Argolide ( Mycènes, Tyrinthe, Midea, Asinè) on découvre régulièrement des témoignages archéologiques en dehors de cette zone, témoignage dont fait partie Peristeria,. Le palais de Pylos, cité plus bas dans cette journée, est également une des exceptions inexpliquées.
Sur les conseils des bergers, nous faisons un petit détour aventurier de l’extrême mais pas trop par de petites gorges situées sous la colline de Peristeria. Et comme le canyon est en eau, tel un Indiana Jones mâtiné de touriste allemand, je chausse mes tatanes-claquettes – sans chaussette quand même, faut pas exagérer – en l’honneur d’un des peuples amérindiens les plus connus de la planète et dont les membres quand ils se baladent en Europe doivent s’émerveiller de voir leur célébrité – et sûrement des dividendes qu’ils en retirent. Quoi ! Ils n’ont pas déposé leur nom comme marque ! Arf grossière erreur. Sinon le canyon, il est sablonneux et étroit, c’est rigolo, ça va jusqu’à une cascade et je me suis fait mon bain de boue, très bon pour la peau.
L'aventure, c'est l'aventure partout dans le monde
Reprise de nos tribulations et moment d’hallucination quelques kilomètres plus loin à Filiatra, il y a une tour Eiffel de taille respectable au bord de la route. Quel esprit dérangé a-t-il eu l’idée de construire un truc pareil là? Le résultat est douteux mais cela permet à une ville anonyme dans un coin anonyme d’atteindre la célébrité en se voyant citer dans ce carnet de voyage !
Suivant cet intermède WTF comme disent les « journalistes » qui veulent faire jeunes (c’est à dire l’Equipe), nous faisons un arrêt au Palais de Pylos, le plus grand édifice mycénien de ce type. Le site a été réaménagé et doté d’une infrastructure de protection style Vassae en moins moche. Même s’il ne reste pas beaucoup plus que les fondations, le système de passerelles permet d’avoir un bon aperçu du plan de construction (mégaron, salle du trône, entrepôts, etc). Et il y a quelques détails pittoresques : une véritable baignoire peinte antique avec spa et bain moussant intégrés, des salles avec des tessons fossilisés résultat d’un incendie qui a incrusté le tout dans le sol. A noter, il y a une tombe à tholos (remontée celle-là) à côté dans un champ d’oliviers.
3500 ans plus tard et on n'a toujours pas dépassé le stade de la baignoire
Bon la culture ça va un temps mais ça manque de poésie et de nature cette journée. Donc direction la lagune de Gialova. Les gens normaux seraient allés se prélasser – il fait chaud aujourd’hui – sur la plage fort jolie de Gialova mais nous non. Car il y a quoi dans le coin ? Un marais et qui dit marais dit ZOZIOS. On a beau être en pleine journée, on se dit qu’on aura peut-être de la chance... Nous trouvons un lookout fort à propos et c’est parti. Contrairement à nos prévisions, il y a du zozio, ce qui satisfait l’ornithologue amateur qui sommeille en nous : aigrettes garzettes, flamands roses, ibis falcinelle, échasses blanches, canards variés, un rapace qui stresse le tout en survolant.
Zozios faits, il nous reste juste le thème randonnée à cocher pour notre journée. Oui car chaque journée a ses OOP (objectifs opérationnels de programme) qui nous donnent des billes pour évaluer ensuite notre performance dans un RQP (rapport quotidien de performance), entraînant un chaînage vertueux permettant de fixer les nouveaux OOP du lendemain. Tout est prévu, tout est sous contrôle depuis la LOVE (loi organique relative aux voyages évalués) de 2009, il n’y a jamais eu de déficit d’orientation dans un tunnel de lave islandais. Il n’y a encore moins eu de perte de contrôle de la trajectoire d’ajustement d’une voiture sur une route d’Alpes de Haute Provence. Et pas du tout de surchauffe inflationniste pédestre sur un sentier de Terre-Neuve.
Le Navarin sans agneau
Je reviens à cette randonnounette qui offre de très belles vues sur la baie de Navarin. Parenthèse histoire, vous pouvez cesser votre lecture : cette anse fut le lieu de la bataille de Navarin en 1827 qui scella l’avenir de la révolte grecque contre l’empire Ottoman. Elle opposa flottes ottomano-égyptienne et franco-anglo-russe de manière plus ou moins fortuite, un navire ottoman aurait malencontreusement ouvert le feu (oups j’ai par hasard allumé la mèche) ou un officier anglais aurait été descendu suite à une fâcheuse erreur entraînant dans tous les cas l’affrontement qui, tout à fait fortuitement, arrangeait très bien les puissances dites européennes. Le tout se transforma en ball trap géant de navires ottomans plus lourds et moins modernes, coincés dans la baie par les bâtiments russo-anglo-français. La boucherie fit réfléchir l’empire ottoman quant à l’opportunité de poursuivre la guerre contre les révoltés grecs, guerre ayant débuté en 1822 et aboutissant à l’indépendance en 1830. Fin de la parenthèse, vous pouvez reprendre une lecture normale. Donc la randonnée nous emmène à un joli château d’origine franque avant une descente abrupte vers la plage de Voidokilia. Bon, le début de la descente n’est pas évident à trouver, à l’extrémité nord du château. Et un conseil : faites gaffe aux citernes, mauvais à la santé les citernes médiévales... Quoiqu’il en soit, la descente offre des vues magnifiques sur la très jolie et malheureusement pas très propre plage. Le retour s’effectue à travers un réseau de dunes pittoresques et le long de l’étang Divariou. Attention, attaques virulentes de moustiques à prévoir.
Dans mon cerveau, ça se passe comme ça : forme de champignon -> bombe atomique -> Enola Gay -> Gialova Bay. Bingo !
Petit détail, le coin semble prisé par les voleurs. Gros coup de stress à la fin de notre marche, du verre pété à côté de notre voiture, le cœur qui fait boum boum mais non, soulagement, Sarah Connor, c’est à côté. Oui des fois, on est égoïstement individualiste et puis ils l’avaient mérité, ils avaient laissé plein de bazar dans leur voiture, et puis c’étaient des Néerlandais.
Après cette petite frayeur, nous nous dirigeons vers Methoni, lieu de résidence pour cette nuit. Notre hôtel, le Ulysses, est déclaré, unanimement par moi-même, le plus meilleur hôtel de tout le séjour de la planète. Au-delà du bâtiment plutôt agréable avec une terrasse chouette et une chambre assez spacieuse, plutôt moderne et tranquille, c’est surtout l’accueil qui est formidable. Le gérant est aux petits soins et d’une gentillesse à toute épreuve, nous offrant une limonade maison à notre arrivée et une bouteille d’huile d’olive (fameuse la bouteille) à notre départ, faisant la discut’ et donnant un excellent conseil pour le resto du soir. Et le petit déjeuner est gargantuesque, composé pour une bonne part de produits frais (fraises, jus d’orange et pâtisseries maison). Raaahhhhh [NDLA : soupir].
Le bonheur c'est aussi simple qu'une limonade en Grèce
Sinon, il y a accessoirement une forteresse vénitienno-ottomane à Methoni, qui s’avère très impressionnante. Elle est le témoin de la lutte d’influence que se sont livrés jusqu’au 18ème siècle, empire Ottoman et république vénitienne en mer Méditerranée. D’ailleurs cette lutte, qui se fait principalement via la construction de forteresses par les Vénitiens et la prise par les Ottomans des dites forteresses patiemment construites, dure des siècles et a lieu alors que la Méditerranée n’est plus un enjeu géostratégique et économique pour les pays européens... Pour en revenir au château de Methoni, nous n’en avons pas visité l’intérieur mais l'extérieur et les îles Oinousai en imposent.
Emotionnant
Bouleversifiant | | À: Auk · 15 mai 2020 à 10:00 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 14 de 39 · Page 1 de 2 · 2 934 affichages · Partager Hello
Je ne désespère toujours pas de partir... Par contre, on avait prévu 3 jours à Cythère et si ça ne peut pas se faire, je cherche une éventuelle solution de remplacement. Je n'avais pas prévu d'aller à l'ouest (dernière partie de ton récit actuel) qui ne m'attirait pas plus que ça mais finalement, tes photos donnent plutôt envie. Ma question est donc la suivante: par rapport au reste du Péloponnèse (en gros: Nauplies- Monemvasia- Porto Kagio-Mystra-Dimitsana) est-ce que ça vaut la peine? Merci d'avance pur ton avis (qui sera forcément subjectif). Muriel | | À: Muriel18 · 15 mai 2020 à 13:04 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 15 de 39 · Page 1 de 2 · 2 913 affichages · Partager Hello
Je ne désespère toujours pas de partir... Par contre, on avait prévu 3 jours à Cythère et si ça ne peut pas se faire, je cherche une éventuelle solution de remplacement. Je n'avais pas prévu d'aller à l'ouest (dernière partie de ton récit actuel) qui ne m'attirait pas plus que ça mais finalement, tes photos donnent plutôt envie. Ma question est donc la suivante: par rapport au reste du Péloponnèse (en gros: Nauplies- Monemvasia- Porto Kagio-Mystra-Dimitsana) est-ce que ça vaut la peine? Merci d'avance pur ton avis (qui sera forcément subjectif). Muriel
Quand tu parles de l'ouest, je suppose que tu parles du premier doigt du Péloponnèse : Methoni et environs. Moi j'ai bien aimé, en contrepoint du Magne et du coin de Monemvasie : de jolies plages de sable, des vergers et moins de spectaculaire et d'aride. Mais j'ai commencé par cette péninsule, ce qui peut expliquer mon a priori positif. Au contraire, je n'ai pas trop, trop apprécié l'Argolide (autour d'Ermioni et Porto Heli) à la fin du voyage, peut-être parce que j'avais déjà vu toute la côte sud du Péloponnèse. Quoiqu'il en soit, la baie de Navarin est un excellent souvenir, Methoni également. Et dans le coin, comme tu vas le voir par la suite, il y a Polylimnio qui mérite bien un détour. J'aurais tendance à conseiller un tour du Péloponnèse dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, pour la raison exposée ci-dessus. Et vous serez toujours du côté mer sur les routes également.
Par contre, le reste de la côte entre Patras et la baie de Navarin n'est pas très intéressant et ponctué de stations balnéaires anonymes sans intérêt. | | À: Auk · 15 mai 2020 à 18:50 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 16 de 39 · Page 1 de 2 · 2 880 affichages · Partager Jour 8 Methoni – Thouria 149 km
Nous repartons direction Koroni, pendant de Methoni sur le golfe de Kalamata. La ville est dotée de sa citadelle d’origine vénitienne, moins impressionnante mais le port respire la vie et le poisson, à la différence de sa voisine assoupie.
L’arrêt est de courte durée pour se diriger vers une randonnée dans la riante vallée de Polylimnio, sorte de Krka en intimiste (pour les amateurs de plaisirs croates). Le coin, un ensemble de cascades et de bassins d’un bleu turquoiso-laiteux, vaut vraiment le coup. Le chemin, si l’on veut faire le tour et aller au bout de la gorge peut être impressionnant. Cerise sur la cascade, on y voit des zolis lézards (européens entre autres), des serpents et des crabes d’eau douce. Et le moment aventurier de la journée – car il en faut un par jour comme la BAGARRE dans le rugby – nous sommes au printemps et donc le torrent est en eau, il y a donc tout au bout de la balade un passage à gué avec chaussures de marche sur les épaules. L’aventure c’est l’aventure, elle est pareille à l’amour, elle est en moi pour toujours.
Le crabe aux pinces d'or est un marin d'eau douce
Malheureusement le temps presse si l’on veut avoir le temps de visiter l’un des clous du Péloponnèse, that is to say l’Ancienne Messène. Eh oui avec les horaires grecs, le site ferme à 16h et comme il est immense et passionnant, il demande du temps. On y arrive vers 14h30. Aaarrgghhh, je vais devoir me dépêcher dans les ruines les plus hypes de Grèce dans un site merveilleux (le mont Ithome qui domine et des oliveraies de partout). Un conseil, la petite route arrivant par le monastère Voulkanou permet d’avoir une jolie vue sur le site et de voir quelques ruines de l’enceinte, certes peu impressionnante, au niveau de la porte laconienne. La cité a été fondée à la chute de Sparte au 4ème siècle avant JC sur l’impulsion d’Epaminondas, le général thébain victorieux des Laconiens. Le but avec cette fondation, au même titre que celle de Megalopouli plus au nord, est de former un glacis de places fortes pour empêcher tout expansionnisme spartiate. Donc ici, point de ruines des périodes archaïques et classiques mais des vestiges hellénistiques et romains. Et quels vestiges ! Depuis mon premier passage il y a plus de vingt ans, le site a été mieux fouillé à l’époque on piétinait des bouts de céramiques grecques en marchant, toute une aventure archéologique ! Ca a pas mal été reconstruit/restauré aussi mais plutôt de manière harmonieuse (c’est-à-dire pas comme à Epidaure). Le site est immense avec pléthore de choses à voir malheureusement au pas de course : théâtre, agora avec stoas et fontaine d’Arsinoé, Asclépion et son odéon, une villa romaine dotée de quelques mosaïques et revêtements et le clou du spectacle : l’ensemble stade, palestre, heroon et portiques avec une vue ravissante sur la campagne grecque. Bon, nous n’avons pas le temps de visiter le musée mais cerise sur le gâteau nous profitons de la porte arcadienne, monumentale, entre les murs de laquelle passent encore les voitures, et de la bonne conservation des murs et tours des fortifications qui l’entourent.
En avant pour la palanquée de photos :
Et dire qu'il y a vingt ans, il n'y avait rien à cet endroit
Alouette, gentille alouette, Alouette, je te disparaîtrai
Suite à cet instant ruines grecques, une conclusion s’impose à nous : il manque à notre voyage des monuments byzantins. Et cette pensée tombe tout à fait à propos puisque c’est le programme qui suit : nous faisons une première tentative au monastère d’Andromonastiro, fermé et on ne voit rien de l’extérieur, puis à la petite et mignonette église de Samarinas. Caramba encore raté se serait exclamé Ramon Bada à cette occasion. Eh oui, elle est fermée mais pour le coup, l’extérieur et les environs se révèlent enchanteurs.
Et au milieu coule une chapelle
Après ce bref interlude religieux, direction Thouria à côté de Kalamata où nous attend notre compétition de l’accueil grec le plus chaleureux : on appellera ça un accueil presque parfait, c’est notre petite émission de télé-réalité qu’on a rien qu’à nous. Là rien à dire, petites sucreries en cadeau de bienvenue, une salade grecque offerte pour améliorer notre dîner quotidien et de la volubilité et de la chaleur. Le logement, assez rigolo, est une initiation à l’art de la construction grecque moderne. Un toit plat, un immeuble fini sans être fini et hop on pose un petit appart’ au milieu du toit en attendant l’étage supplémentaire. Le tout pose la question des fondations et de la stabilité du truc quand les étages se sont empilés. Quoiqu’il en soit, le résultat est sympa, un petit nid au plus près des oiseaux (et des avions de l’aéroport voisin...). | | À: Auk · 16 mai 2020 à 1:06 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 17 de 39 · Page 1 de 2 · 2 848 affichages · Partager Bonjour Auk, Sylvain,
Merci pour ton carnet qui ravive mon envie de retourner encore et encore dans ce pays enchanteur; je découvre de nouveaux endroits avec toi, des petites pépites qu'on découvre au bout d'un chemin chaotique qui mène à la mer ou en haut d'une colline.
J'avais une petite idée de l'endroit de ta photo "mystère" mais je n'y suis jamais allée, avec un peu de recherche sur Maps, je pense que c'est l'Ekklisia Odigitria dans le Magne ?
La Grèce est une de mes destinations préférées pour l'accueil des grecs, les sites à visiter, la cuisine, les paysages "cramés" par le soleil.
Depuis 1980, je m'y suis rendue une petite dizaine de fois, et à chaque fois, je découvre de nouveaux endroits, des petits monastères perdus dans la montagne, des villages hors du temps. En 2014, j'ai découvert Vergina tout au nord, avec ses tombeaux de Philippe II de Macédoine, une merveille trop méconnue; il y eu aussi Dimitsana, au charme particulier, les monastères accrochés à la montagne, celui de Prodomou, un peu comme celui de Sumela en Turquie... et à Athènes un bar, lieu d’échange et d’expo le Matamatic Taf installé dans une ancienne prison, on prend un verre dans la cour intérieure...
Aujourd’hui vous visitez Méssène, un lieu magique que j’ai visité en 1988 et redécouvert en 2014 avec toujours autant de bonheur, merci pour la visite.
J'attends la suite avec impatience, l'impatience de reconnaître des lieux visités et l'impatience de découvrir d'autres lieux.
MERCI. Cordialement.
Sylvie. | | À: Auk · 16 mai 2020 à 7:35 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 18 de 39 · Page 1 de 2 · 2 845 affichages · Partager Merci pour ton avis. Je note tout ça...même si en juillet la plage risque d'être beaucoup moins déserte et que je ne sais pas si les waterfalls seront encore en eau . Muriel | | À: Bouli54 · 16 mai 2020 à 21:51 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 19 de 39 · Page 1 de 2 · 2 792 affichages · Partager J'avais une petite idée de l'endroit de ta photo "mystère" mais je n'y suis jamais allée, avec un peu de recherche sur Maps, je pense que c'est l'Ekklisia Odigitria dans le Magne ?
Bravo, vous avez tout à fait raison. D'ailleurs, on y arrive bientôt dans le récit.
La Grèce est une de mes destinations préférées pour l'accueil des grecs, les sites à visiter, la cuisine, les paysages "cramés" par le soleil.
L'accueil des Grecs est souvent exceptionnel, surtout hors zones et périodes très touristiques. Il y a une forme de chaleur et de convivialité qui met à l'aise l'hôte de passage. | | À: Muriel18 · 16 mai 2020 à 22:01 Re: Touristikis à la crème de solaris Message 20 de 39 · Page 1 de 2 · 2 787 affichages · Partager Merci pour ton avis. Je note tout ça...même si en juillet la plage risque d'être beaucoup moins déserte et que je ne sais pas si les waterfalls seront encore en eau . Muriel
Oui, c'est sûr que, vu les parkings du coin, vous risquez de ne pas être toute seule sur la baie de Navarin... Par contre, il me semble qu'il y a de l'eau tout l'été à Polylimnio, certes moins qu'en avril mais quand même. Là aussi, je crois que c'est assez fréquenté en juillet-août. | Carnets similaires sur la Grèce: Heure du site: 4:30 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 249 visiteurs en ligne depuis une heure! |