Hialle · 9 septembre 2009 à 22:59 · 64 photos 36 messages · 11 participants · 9 606 affichages | | | 9 septembre 2009 à 22:59 Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 1 de 36 · Page 1 de 2 · 6 358 affichages · Partager Le trajet :
Quatre jours pour faire Pau/Rubiah !!! On l’a mérité, notre île déserte !
Il y a quelques mois, je fais part à Louloute de l’envie démangeante d’aller faire un petit tour en Indonésie et de commencer par une petite virée sur une île. Mon homme n’est pas du tout démangé par cette même envie, mais alors pas du tout. Sur une île ? lui qui est plus à l’aise dans un champs de maïs ou sur les pentes d’une montagne ne voit pas très bien la chose. Mais je lui vend l’affaire en lui vantant les mérites de la jungle, des volcans... et Ok, l’année prochaine, on ira où il veut. En attendant, il pourra préparer ses chaussures de marche, mais aussi les palmes, masque et tuba.
Le voyage commence le 17 juillet au matin avec les infos sur France Inter « Attentat dans deux hôtels de luxe à Jakarta ». Histoire de se rassurer, on se dit que les choses ne sont jamais aussi calmes que le lendemain d’un attentat, et que de toutes façon, ce n’est pas dans les Guest House où l’on va que les terroristes vont perdre du temps. On boucle les sacs (avec masque et palmes) et on part donc tranquillou. Premier décollage : Paris CDG.
Arrivé la bas, merci Air France pour les horaires qu’il a fallu modifier en dernière minute, on a juste 10h30 d’attente à Roissy, génial !!!
En fait, ça passe vite. On est déjà en voyage, dans un aéroport. Il suffit d’aller aux départs des lignes pour le Sénégal ou le Mali. Quelques touristes, quelques hommes avec des mallettes, mais surtout des familles qui retournent au pays, des femmes de toute beauté en boubous colorés, leurs gamins sur leur « 31 ». Elles discutent, elles rient, se fâchent après les gamins surexcités. Leurs hommes ne sont pas loin, tout beaux aussi, dans leur costume.
Au bout d’un bon moment, passage de la douane et de la fouille, et on rejoint le salon Air France, privilège qu’on a la chance d’avoir. Je ne suis pas vraiment pour les privilèges, mais de temps en temps, ma foi, c’est pas mal. On ne se refuse pas une petite coupe de champagne, c’est pas sur Aceh qu’on prendra souvent l’apéro. Le temps passe très vite et vient l’heure d’embarquer.
Surprise ! Dans sa grande bonté et surtout parce que le vol est surbooké, Air France nous surclasse en première, et ce jusqu’à Jakarta via Canton. Deuxième décollage.
Ne me demandez pas pourquoi on est allé jusqu’à Jakarta pour aller sur Sumatra au lieu de passer comme tout le monde par Kuala Lumpur : on s’est planté, c’est tout.
Bref, une nuit en première classe, faut essayer, ça vaut le coup. Service à la carte, petits chaussons, nappe blanche, des vrais petits pots de confitures pour le petit déj, et surtout dormir allongé !
L’arrivée à Canton est assez spéciale. L’enregistrement n’étant pas fait jusqu’au bout, il faudrait aller à un comptoir, mais évidemment, on n’a pas de visa. Un homme de l’aéroport récupère les passeports d’une trentaine de personnes en transit et on nous fait attendre dans le grand hall après le service de douane. Longtemps après, l’homme revient. Il n’arrive pas à prononcer les noms, c’est donc avec les photos qu’on récupérera nos précieux documents et les cartes d’enregistrement.
Finalement, on embarque pour Jakarta, toujours en première (on s’habitue au confort), et troisième décollage après avoir attendu que l’orage soit passé. Un ciel d’une rare noirceur.
Il fait presque nuit et on a du mal à se rendre compte si c’est le matin ou le soir... avec le décalage, on ne sait plus ; ça fait bizarre, on a juste passé une nuit dans un avion et c’est déjà le soir. Où est passée la journée du 18 juillet ?
On arrive à Jakarta, du brouillard dans les yeux. Il fait chaud et moite. Un taxi, une douche, un lit. Avant de fermer les yeux, vérification : oui, l’eau tourne bien à l’envers quand on vide le lavabo, ou en tout cas, on a bien voulu le voir, Coriolis n’avait pas tord. Retour à l’aéroport le lendemain matin un peu plus frais (pas la météo, nos têtes !).
Le hall des départs ressemble davantage à un hall de gare qu’à celui d’un d’aéroport. Normal, avec toutes ces îles, le réseau aérien est assez développé et ça grouille de partout. Des cartons, des valises, des sacs... On est très en avance et on s’est habitué aux privilèges. Les salons VIP ne nous sont normalement pas accessibles. Le premier nous est refusé sur présentation de notre carte. Mais le deuxième est plus facile, on y rentre comme si de rien n’était, la tête haute, on ne montre rien et on ne nous demande rien.
Quatrième décollage avec la « Garuda » black listée en Europe. L’avion est nickel, les stewards parfaits, le vol se fait en douceur. On a même pu voir le lac Toba avec son île de Samosir au milieu. Impressionnant. Petite escale à Medan, et cinquième décollage. Le paysage vu d’avion est plein de promesses. De la forêt, de la forêt et encore de la forêt. Par endroit, au milieu de rien, une fumée monte vers le ciel. Qui est en train de faire du feu perdu au milieu de rien ?
De temps en temps, près de quelques villages, de grands carrés très rectilignes qui se succèdent et d’un vert différent, des plantations de palmiers à huile. La forêt semble grignotée par ces hectares d’arbres de même nature.
Les reliefs s’estompent, la forêt s’éclaircie pour laisser place aux rizières, un vert vif presque fluo apparaît, d’autres carrés sont du brun de la terre ou du jaune de la paille de riz. La mer n’est pas loin. On comprend les dégâts du Tsunami. La montagne, puis une grande plaine, presque dénuée d’arbres ou autre volume, au même niveau que la mer. La vague a vite fait d’envahir l’espace, rien pour l’arrêter.
Atterrissage en douceur, ça y est, c’en est fini pour l’avion.
Direction hôtel Prapat.
Jamais en 2004 j’aurais cru mettre un jour les pieds dans cette ville. Banda Aceh... un nom de ville à la résonance tellement terrible. Entre les conflits et le tsunami, rien ne leur a été épargné. Pourtant, l’atmosphère y est paisible et sereine. Les femmes bien que presque toutes voilées, semblent jouir d’une liberté identique à la notre, les couples se promènent main dans la main, les jeunes sont au café en bandes mixtes, le marché regorge de poissons et de fruits de toutes couleurs... la vie comme partout ailleurs.
Le lendemain, direction l’aéroport en becek, ces sortes de side-car d’une autre époque, pétaradant et fumant comme pas deux, nos sacs accrochés de part et d’autres.
L’avion des copains que l’on doit retrouver est presque à l’heure, juste une petite demie heure de retard. Avec impatience, on guette les têtes... ça y est, le crâne visible de loin du père... puis sa femme puis enfin les enfants. Cela fait tout drôle de se retrouver ensemble, là bas au bout du monde. On est un peu tous sur les rotules, mais heureux. Ils sont partis de France en même temps que nous, mais nettement plus futés, sont passés par Kuala Lumpur.
Un taxi nous emmène à l’embarcadère au nouveau port de Banda Aceh pour Pulau Weh. Le bateau est là, dernier trajet pense t’on. La mer est d’un bleu superbe, plus sombre que celui du ciel, le soleil tape fort, la brise maritime fait du bien. L’île s’approche rapidement.
Un autre copain, Pierre, qui devait nous retrouver à l’arrivée n’est pas là, pas grave, encore une petite heure de taxi pour Iboï. A 7 personnes plus les sacs dans la voiture, on se sent très proches les uns des autres. Et enfin, ¾ d’heure après, je regarde ma copine : « on y est ! » Enfin presque. Pierre nous avait donné RDV chez Yulia. C’est pas compliqué, c’est au bout du chemin. On charge les sacs sur le dos sous un soleil torride, et on commence les 200m qui nous séparent de la GH. Au bout de 200m, un autre panneau Yulia : 150 m. On monte, on descend, on fatigue, on ruisselle. Un autre panneau : encore 200m et ainsi de suite pendant ce qui nous semble représenter des Km.
Le bout du chemin, le fin de l’enfer, la fin du trajet enfin : « Isa, on est arrivé ». Personne. Juste un Indo qui vient nous voir. « Vous cherchez Pierre ? Il est en face, sur l’île. Je vous y emmène en bateau». Effectivement, en face de nous, une autre petite île. Il nous a bien mené en bateau, d’ailleurs. Notre copain lui avait demandé de nous dire de l’attendre.
On recharge les sacs, montons dans le bateau et franchissons les 200m qui nous séparent de la petite île de Rubiah. « Isa, je crois que ce coup ci, c’est le bon ». Effectivement, un bateau s’approche de nous, Pierre agite les bras. Il était venu nous chercher à l’embarcadère mais nous avait loupés de peu.
Cinq avions, deux bateaux, un becek, trois taxis... et nous voilà arrivés au paradis. Des copains, une famille indonésienne qui habite sur l’île, quelques bungalows et la toilette au puit, des petites plages de sable, une mer avec tous les tons de bleus outremer, des cocotiers qui se penchent au dessus de l’eau. Si c’est pas le bonheur, ça y ressemble fortement !
Arrivée sur Banda Aceh
Rubiah... enfin au loin !
| | À: Hialle · 10 septembre 2009 à 14:27 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 2 de 36 · Page 1 de 2 · 6 314 affichages · Partager Rien que de te lire... si c’est pas le bonheur, ça y ressemble fortement !
Allez ! on veut la suite ! Je ne t'imagine pas passer toutes tes vacances tranquille sur une île déserte, les pieds dans les bleus outremer, les fesses sur une plage de sable fin... | | À: Hialle · 10 septembre 2009 à 16:49 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 3 de 36 · Page 1 de 2 · 6 295 affichages · Partager Tu décris tes voyages merveilleusement toujours. On y est, on s'y croit. J'adore. Comme dit Wapiti, oui la suite mais profite un peu de la plage avec Louloute et tes amis. | | À: Hialle · 10 septembre 2009 à 19:14 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 4 de 36 · Page 1 de 2 · 6 278 affichages · Partager Ne me demandez pas pourquoi on est allé jusqu’à Jakarta pour aller sur Sumatra au lieu de passer comme tout le monde par Kuala Lumpur : on s’est planté, c’est tout.
J'allais te le dire ...ou par Penang Merci de me faire découvrir une région de Sumatra que je ne connais pas | | À: Boumbastic · 10 septembre 2009 à 20:37 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 5 de 36 · Page 1 de 2 · 6 273 affichages · Partager Merci à tous les 3... vous me faites vraiment plaisir.
Wap', tu as raison. Je ne sais même pas si on s'est assis une seule fois sur le sable. La suite ce WE | | À: Hialle · 11 septembre 2009 à 14:48 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 6 de 36 · Page 1 de 2 · 6 220 affichages · Partager Bonjour hialle,
Ça y est, ton voyage à Sumatra revit sous forme de récit, c'est bien aussi de prendre le temps, de rassembler ses souvenirs après coup, posément... Comme si tu partais une 2ème fois !
J'aime toujours beaucoup ta façon de raconter une histoire, en détails, simplement, le récit de ton départ depuis l'aéroport me fait déjà voyager... C'est vrai, qu'est-ce que ça peut être long, un voyage en Indonésie !... surtout quand en plus on habite en province et qu'il faut encore rajouter le trajet jusqu'à Paris, les heures d'attente à l'aéroport, les correspondances.... Et malgré ça, comme toi J'ADORE LES AEROPORTS, je rêve, j'observe, les voyageurs qui arrivent, bronzés, on ne sait de quelle destination, ceux qui partent ou retournent dans leur pays, etc... Et finalement, c'est étonnant comme les heures passent vite, 6h ou plus dans un aéroport cela semble beaucoup mais ça passe et on est déjà la tête dans les nuages... Et c'est vrai que lorsqu'on arrive, on est un peu dans un état second, 24h sans dormir, parfois on se couche une heure ou deux pour récupérer, et on ne sait plus très bien s'il fait nuit, si on est le soir ou le matin...
J'attends la suite de tes péripéties, même si je ne connais pas Sumatra, tu réussis à m'embarquer car je n'ai aucun mal à ressentir ce que tu ressens. Merci pour ce petit moment de voyage ! | | À: Hialle · 11 septembre 2009 à 15:50 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 7 de 36 · Page 1 de 2 · 6 214 affichages · Partager Aahhh Sumatra... Merci pour ce début de récit et j'attends la suite avec impatience.
Je ne connais que le lac Toba sur Sumatra, que j'avais beaucoup aimé car finalement j'y avais croisé bien peu de touristes, un peu comme Florès de l'autre côté ;) Sur place, une grecque mariée à un indonésien m'avait parlé de Pulau Weh et des environs... Quel dommage mon visa touchait à sa fin ! | | À: Mong1 · 11 septembre 2009 à 22:35 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 8 de 36 · Page 1 de 2 · 6 187 affichages · Partager Coucou Catherine C'est drôle comme on éprouve des sensations identiques. Certains n'aiment pas les aéroports... moi, j'adore. Le voyage commence dès la porte de la maison franchie. A chaque fois, la même émotion. Prendre la voiture, aller à notre petit aéroport de Pau, être entouré de gens qui vont juste bosser sur Paris alors que nous même partons vers l'ailleurs, rejoindre cet aéroport de CDG 10 fois plus grands que le notre et essayer de deviner ce que fait chaque voyageur croisé. Qui va t'il rejoindre, quelqu'un l'attends t'il, part-il ou revient-il, quelle est sa vie ? En même temps, je me sens toujours un peu génée vis à vis des personnes qui travaillent à l'aéroport, de celles qui font le ménage et ramassent les papiers des voyageurs. Qu'est ce que je ressentirais à leur place en voyant en permanence des gens partir à l'autre bout du monde alors que j'ai du mal à payer mon loyer. Démagogie, culpabilité ? compliqué en tout cas. Et pourquoi ceux qui font le ménage sont tous de couleur, et pourquoi ceux qui enregistrent les billets sont en général tous bien blancs ? oui, bien compliqué tout ça. Et pourtant, les aéroports sont de vrais lieux d'émotions. | | À: Hialle · 11 septembre 2009 à 22:44 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 9 de 36 · Page 1 de 2 · 6 182 affichages · Partager Bonsoir hialle,
Et pourquoi ceux qui font le ménage sont tous de couleur, et pourquoi ceux qui enregistrent les billets sont en général tous bien blancs ?
Je crois que tu exagères un peu la moi j'en vois de toutes les couleurs au check in, des blancs pour les destinations européennes, des jaunes pour l'Asie, des noirs pour l'Afrique etc.... je passe sur les bleus, les verts et autres couleurs pour des destinations spatiales pas encore d'actualités mais qu'on aperçoit deja dans certains films Bonne soirée.... dans l'attente de la suite de tes aventures | | À: Boumbastic · 11 septembre 2009 à 22:57 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 10 de 36 · Page 1 de 2 · 6 175 affichages · Partager Salut joli singe à lunettes, si tu as raison pour toutes les couleurs au check in (oui, j'exagère un peu, ils ne sont pas tous blanc écrémé), je ne crois pas exagérer beaucoup pour ceux qui font les taches les plus ingrates. Ils ne sont en général pas très clair. Ansi va le monde. Tu me diras, si cela me choque, je n'ai qu'à aller faire le ménage avec eux..... j'avoue que ma culpabilité ne va pas jusque là.
En attendant, prépare ton masque et ton tuba. Demain, je t'emmène dans l'eau | | À: Hialle · 12 septembre 2009 à 9:26 · Modifié le 12 sep. 2009 à 10:37 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 11 de 36 · Page 1 de 2 · 6 074 affichages · Partager Voilà encore (quand j'écris encore je pense aux carnets de Yann) une belle occasion d'aller me perdre parmi ces iles lointaines ! Pascale, je vais donc savourer tes mots avec plaisir et gourmandise, comme d'hab...
Dolma | | À: Hialle · 12 septembre 2009 à 12:03 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 12 de 36 · Page 1 de 2 · 6 048 affichages · Partager hé hé et voilà pascale et ses aventures "indonésiennes " Ton premier contact avec l' Indonésie me semble un grand "coup de coeur "
Quel circuit as tu fait ? Sumatra ? Bali ? Lombok ?
J'arrive pas à me decider pour mon premier voyage en INDONESIE...il semble y avoir tant de choses à voir
bises de NICE ! | | À: Boumbastic · 12 septembre 2009 à 15:47 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 13 de 36 · Page 1 de 2 · 6 035 affichages · Partager Merci pour vos commentaires. Pour ceux qui n'aime pas l'eau, attendez un peu quelques jours que l'on quitte Rubiah et que l'on s'enfonce dans les terres. Pour l'instant, un peu d'eau.
2/ L’eau : un autre monde
Le vent a soufflé fort toute la nuit, les bruits de tôles nous ont fait croire que le toit s’envolait et je me suis retenue toute la nuit pour ne pas réveiller Louloute et qu’il aille le réparer. Au réveil, une énorme pluie vient nous rappeler qu’on est proche de l’ équateur. On se croirait dans le béarn.
L’avantage du snorkling, c’est que c’est une des rares activités que l’on peut pratiquer sous la flotte. Mouillé pour mouillé... l’eau de la mer est même plus chaude que celle qui tombe du ciel.
Rapidement, on enfile les palmes, masque et tuba qui étaient restés dans la grange à la poussière depuis quelques années. La dernière fois qu’on les avait sortis, c’était en Thaïlande en 2002 ; époque de notre première immersion dans ce monde aquatique. C’était beau, très beau... mais on n’y connaissait rien. Impossible de mettre des noms, de voir le minuscule, le caché, de dissocier ces animaux fabuleux.
La chance qu’on avait cette année, c’est d’être entouré de passionnés qui nous ont communiqué ce qu’ils aimaient, ce qu’ils cherchaient, ce qu’ils connaissaient. Entre les poissons, les coraux, les anémones, les nudibranches, les espèces de planctons urticants qui ressemblent à des méduses, les longs filaments à éviter parce qu’ils brûlent, les étoiles multicolores... tout un monde d’une extrême sérénité s’ouvre à nous. J’ai une certaine passion pour les jardins terrestres, ceux qui les dessinent, les créent, les entretiennent ; une admiration pour la diversité du monde végétal. Mais là, c’est la nature toute seule qui se débrouille, et bon dieu qu’elle est forte et créative. Le premier sentiment est celui d’être dans un univers qui n’est pas le notre. On est juste invité, toléré, seulement un droit de passage. Ne rien toucher, ne rien abîmer, ne laisser aucune trace de notre incursion... on n’est pas chez nous et ce jardin extraordinaire aux milles couleurs semble être encore préservé des agressions humaines.
Les coraux ont des formes et des couleurs d’une grande richesse : en plateau, en branche, en corolle, en forme de cervelle. Certains ont les extrémités toutes bleues les faisant ressembler à des guirlandes de Noël. D’autres ondulent sous les courants comme des graminées sous le vent ou sont dentelés d’un liseré blanc.
Des points lumineux décorent certains coraux comme de minuscules sapins de Noël bleus, oranges, violets, rouges ou verts. Si on les approche à peine, zip, ils se rétractent et laissent juste un trou en surface. Attendre quelques instants, et de nouveaux, ils apparaissent. Magique.
Aussi variés en forme et en couleurs, des anémones se nichent sur le corail. Du ruban mauve à l’étoile poilue bleu pétard, du pompon rouge à la grosse tomate violette, impossible de ne pas tomber sous leur charme. Pour les défendre, les poissons clowns oranges noirs et blancs sont comme des sentinelles au dessus d’eux. Qu’une tortue s’approche, et hop, ils viennent lui signaler d’aller se promener plus loin.
Et les nudibranches, ces grosses limaces aux taches fluos difficiles à repérer. Elles sont tranquillement posées au fond de l’eau, leurs œufs en long rubans rouges qu’on mettrait bien autour d’un chapeau. Jamais on ne les aurait vues si on ne nous avait pas mis le doigt dessus, jamais on n’aurait eu l’idée de les inventer dans les dessins les plus saugrenus.
Questions poissons, ils n’ont rien à envier en forme et en couleur aux autres habitants de ce monde étrange. Autant l’Homme a besoin de vêtements pour montrer qu’il peut être beau, sa couleur de peau n’étant qu’un morne dégradé du blanc au noir ; autant l’animal marin est en perpétuel habit digne du carnaval de Venise. Le poisson cocher, avec ses rayures jaunes, noires et blanches ; le poisson chirurgien jaune ou bleu, le Butterfly avec sa tête bariolée et son corps tout jaune ; le Trompette Fish, long et argenté et son nez pulpeux ; le Black Snapper Juvenile noir et blanc, à tâche ou à rayures. Inutile de se changer, certains virent de couleur en fonction de leur environnement.
Les poissons perroquets, à la robe flamboyante jaune et bleue, se font une petite séance de toilettage par des petits labres. Une vraie station de nettoyage. Et que je te nettoie le côté droit, et que je te nettoie le côté gauche. Le gros poisson se tourne docilement, prêtant le flanc aux laveurs qui se glissent par tous les orifices.
Plus loin, c’est un Porc Epic fish avec ses grands yeux bleus. Presque un regard tendre pour cette grosse bestiole, aussi tendre qu’elle est dangereuse.
Et celui qui se cache, là bas, le Lionfish. Un véritable oiseau avec ses nageoires semblables à des plumes et tout aussi dangereux que le Porc Epic.
Plus étonnant, la crinoïde. Noire, jaune, rouge, elle ressemble à une algue qui ondule avec grâce attachée sur le corail. Mais c’est un animal qui a des racines et une tige... drôle d’idée quand l’espace est aussi vaste, de rester prisonnière.
Des heures durant, on regarde, on observe, on cherche. Tout à coup, un cri : « une murène !!! ». Tout le monde se rassemble à grand coup de palme pour voir ce poisson fabuleux. Elle est là, en dessous de nous. Longue de plus de deux mètres, tigrée de jaune et noir, elle glisse doucement comme un reptile. Son corps fait de grandes ondulations gracieuses et souples. Elle nous a certainement vus, mais elle n’a pas l’air d’avoir peur. Au contraire, elle va tranquillement de rocher en rocher comme si elle désirait qu’on la suive, un peu comme une star, elle se cache sous un rocher puis se montre, elle se faufile derrière un corail et se découvre de nouveau espérant que les paparazzi soient toujours là. Certains d’entre nous descendent en apnée pour la voir de plus près, cela n’a pas l’air de la déranger même si son sourire face aux appareils photo n’est pas vraiment franc. Puis toujours aussi gracile, elle s’enfile dans un trou. Belle rencontre !
Autre moment tout aussi magique qui suit le cri d’un des enfants « Une tortue !!! ». Mêmes coups de palmes des nageurs pour se rassembler autour de la vielle dame. Elle est grosse, certainement plus très jeune, avance lentement, oscille parfois la tête de droite ou de gauche, s’approche d’un peu trop près d’une anémone mais les poissons clown sont là pour l’éloigner. Elle ne semble même pas étonnée de ces drôles de poissons avec masque et tuba qui l’accompagnent pendant un petit bout de chemin.
Le comportement des animaux est aussi varié que leur apparence. Certains sont solitaires, allant de rochers en coraux. D’autres sont toujours par trois ou quatre telle une bonne bande de copains, bien alignés comme des soldats ou alors au contraire sont en clan bien plus nombreux de 15 ou 20. Tels les oiseaux migrateurs, certains poissons se comportent comme un seul individu, formant comme un gros nuage marin. Ces milliers de petits poissons se déplacent en banc, bougent brusquement et nerveusement, exactement tous en même temps comme s’ils suivaient une chorégraphie maintes fois répétées ou s’ils entendaient un signal sonore leur indiquant de tourner. Inutile de chercher un chef, il ne semble pas y en avoir.
Solitaire, l’étoile de mer. Rouge, bleue, elle est là et attend. Plus sociable avec ses congénères, l’oursin vit avec ses copains et nous yeute de ses trois gros points rouges et bleus.
Parfois, le cris d’un plongeur parce qu’il a trouvé une langouste ou un nouveau nudibranche.
Le cris le plus surprenant : « les requins !!! ». Et on en voit deux, côte à côte qui tournent tranquillement avant de prendre le large.
Quelques images, mais comme dirait Louloute, les photos prises avec un jetable... c’est les photos qui sont à jeter ! Images attachées: Photo postée par le membre Hialle. Photo postée par le membre Hialle. Photo postée par le membre Hialle. | | À: Hialle · 12 septembre 2009 à 18:25 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 14 de 36 · Page 1 de 2 · 6 018 affichages · Partager | | À: Hialle · 13 septembre 2009 à 14:36 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 15 de 36 · Page 1 de 2 · 5 973 affichages · Partager Merci pour ce récit mais ce serait mieux s'il était parsemé de quelques chiffres ce qui permettrait aux suivants d'avoir une petite idée du coût de tout cela (hôtels, déplacements, etc.)
Raga, le comptable de service | | À: Ragamuffin · 13 septembre 2009 à 16:21 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 16 de 36 · Page 1 de 2 · 5 939 affichages · Partager Bien, chef comptable !
Bien que cela soit moins poétique, voici quelques données chiffrées ( tout est pour deux personnes) :
Visa à l'arrivée : 40$ Avion Garuda Jakarta/ Banda Aceh réservé en France : 221 € Hôtel Prapat à Banda Aceh avec AC : 175000 Rp Sans AC : 100000 Rp Dîner Banda Aceh : 37000 Rp (14500 Rp = 1€) Becek aéroport : 55000 Rp Ferry Banda Aceh/Pulau Weh : 110000 Rp Quatre Jours sur Rubiah tout compris (repas + nuits) : 850000 Rp (7, 25€/pers/jour)
Voili voilà | | À: Hialle · 13 septembre 2009 à 21:29 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 17 de 36 · Page 1 de 2 · 5 907 affichages · Partager Ah ca fait plaisir de voir que rubiah est toujours aussi belle et que le "coral garden" abrite toujours la tortue de service!!
Je logeais en face de rubiah chez OONG (un peu avant yulia) dans un bungalow les pieds dans l'eau et j'ai fais plusieurs fois la traversée a la nage pour rejoindre rubiah.
Ah ca me manque pulau Weh et l'ambiance decontractée.
Merci pour ce beau recit. | | À: Hialle · 15 septembre 2009 à 4:35 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 18 de 36 · Page 1 de 2 · 5 856 affichages · Partager Terima kasih (Merci)
Je ne suis pas encore "chef comptable" | | À: Boumbastic · 19 septembre 2009 à 11:07 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 19 de 36 · Page 1 de 2 · 5 743 affichages · Partager
Et si tu voyais les trombes d'eau qu'on se prend en ce moment sur la tête
Allez, petite suite....
Lorsque la pluie se met à tomber et que le vent se lève, la mer s’agite. En surface, les vagues nous bousculent un peu. Si on sort la tête, c’est le clapot, le chaos. Il suffit alors de remettre la tête sous l’eau, et soudain, c’est de nouveau le calme et la tranquillité. Il fait toujours beau dans l’eau.
Serein ce monde ? pas toujours. Ici, se sont deux poissons qui s’acharnent sur un gros oursin qui tente vainement d’y échapper. Le combat est inégal. Plus loin, ce sont ces filaments unicellulaires qui piquent violemment au contact de la peau. Redoutable, une brûlure dans l’eau. On se sent parfois à peine admis dans cet univers.
Autre animal étonnant, c’est l’homme, justement. Balourd et souvent peu gracile sur terre, il devient poisson. Pas de gestes brusques, les palmes battent tranquillement la mesure. Régulièrement, il descend en apnée pour observer ce qui se passe au fond.
Là, il y a tous les styles. Dominique est une vraie sirène. Elégante, gracieuse, elle évolue dans l’eau comme l’enfant dans le liquide amniotique. Elle reste longtemps à contempler la murène ou la tortue, elle se plait à nager à leurs côtés.
Les garçons nagent les bras tendus avec l’appareil photo prêt à être déclanché. Ils repèrent, cherchent l’étrange, prospectent, examinent les fonds, plongent rapidement, s’accrochent pour chercher un peu de stabilité et se concentrent sur le nudibranche ou le Lion Fish qu’ils veulent capturer dans leur appareil. Ils remontent prendre un peu d’air et y retournent pour peaufiner leur macro. Ils sont à l’affût, à la chasse, se montrent leur proie sur leur écran respectif et reprennent le guet, prêt à descendre au fond. Ils sont dans leur élément, dans leur passion, ils ne voient pas les heures tourner.
Les filles plongent au grès des envies et repèrent pour leur homme la proie à capturer et à transformer en pixel. Elles ont l’habitude, ont l’œil et savent voir la bestiole la moins évidente pour nous, pauvres néophytes. Elles aussi semblent être sur leur terrain de jeux favoris.
Les enfants jouent, plongent, nagent, repèrent, nous appellent pour nous montrer leur trouvaille. Eux aussi savent regarder ce monde. Ils sont là comme en cours de récré, comme si c’était leur loisir habituel, comme d’autres font du foot ou du judo.
Quant à Louloute... l’animal terrestre qui soit disant ne se sent pas bien dans l’eau, il observe tout ce petit monde aussi bien humain qu’animal. Il découvre, regarde, s’extasie comme un gosse, nous appelle heureux quand il a déniché une langouste pour qu’on vienne la voir. Il reste en surface, prudence oblige. Mais il se délecte. Adaptable à tous les milieux, il est heureux dans celui-ci et y restera des heures durant.
Un midi, on finit le repas, chacun devant son café. Un cri d’Isa « Là bas, les dauphins ». Une multitude de nageoires sortent de l’eau au large de notre île. Un banc passe face à notre petite plage. Ni une ni deux, masque et palmes à la main, on court sur une autre petite plage plus au nord pour essayer de prendre le banc de revers. Les tongues claquent. En quelques secondes, tout le monde est à l’eau, palmant à la vitesse maximum. Isa siffle pour essayer de les attirer vers nous. En vain, ceux là ne sont pas curieux et on n’arrivera pas à les rejoindre. Ce n’est pas encore aujourd’hui que je retrouverai Flipper le dauphin. L’homme a dû déjà leur jouer quelques tours et ils s’en méfient.
Le soir, c’est l’animal qui vient à nous, à la nuit tombée. De gros Bernard L’Hermite nous rendent visite et il s’agit de ne pas mettre les pieds dessus. Pour celui qui n’a pas de caisson étanche pour son appareil mais juste un piètre jetable ou un APN classique, c’est un des seuls moments où il peut se rattraper un peu. Alors à quatre pattes par terre, il le photographie sous toutes ses coutures comme pour se rattraper de n’avoir pas capturé ce monde aquatique fabuleux.
Et de retour, Louloute dira « ce n’est pas l’appareil qui est à jeter, ce sont les photos ! ». Heureusement qu’on a encore tout dans les yeux.
Rarement des journées furent à la fois aussi riches et reposantes que celles passées sur cette île. Pas de responsabilités, pas de voisins, pas de corvée. Juste nager, découvrir, s’émerveiller avec des gens avec qui franchement on a autant appris que rigolé. Dans l’eau toute la journée ou presque, un riz et du poisson grillé pour chaque repas, et la douche. Ah, la douche. Chacun son tour, au puit. Lancer le seau afin qu’il ne reste pas en surface mais qu’il s’enfonce bien, ne pas lâcher la corde (hein, Louloute !), et s’asperger ensuite de cette eau douce. Et au dîner, reprendre LE bouquin tous ensemble pour essayer de mettre des noms sur ces animaux fabuleux. Regagner ensuite le bungalow à la lampe torche en passant pas la plage si la marée est basse, s’endormir en écoutant le bruit de la mer et se dire que c’est vraiment trop bon !
Franchement... et dire que Louloute n’était presque pas partant. Comme quoi, il faut toujours écouter les filles ! | | À: Hialle · 25 septembre 2009 à 7:03 Re: Sumatra 2009: entre mer et jungle Message 20 de 36 · Page 1 de 2 · 5 671 affichages · Partager C'est tellement bien raconte que je vais aller visiter tes autres recits de voyage - une belle passerelle entre 2 voyages. | Carnets similaires sur l'Indonésie: Heure du site: 6:32 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 217 visiteurs en ligne depuis une heure! |