Après "l'archipel sans nom" au large de Morotai, l'objectif du jour :- Kolorai-Morotai en bateau privé
- Morotai-Tobelo (nord
Halmahera) speedboat public
- Tobelo- Kupakupa : on verra
Speedboat quotidien au départ de Daruba (Morotai) à 8h
Notre hote me confirme la veille que son mari pourra nous emmener a Daruba avec son bateau. Bonne nouvelle.
Méfiant (on le devient forcément en
Indonésie ou ça ce passe rarement comme prévu), je demande quand même a voir le bateau.... Au lieu de l'habituel bateau a balanciers qui peut transporter 5-6 personnes, il s'agit d'une toute petite barque avec un minuscule moteur.
Je lui fait comprendre qu'on ne pourra pas monter a 2 avec 2 sacs sur un si petit bateau. En + on n'est vraiment pas rassuré, si la mer est agitée pas sur qu'on arrive a Daruba.
Finalement il me montre le bateau habituel, je le remercie et espère qu'il ne va pas changer d'avis pendant la nuit
Je demande à notre hote de nous réveiller a 5h30 pour un départ a 6h, sachant qu'on a le speedboat a 8h. Pour cela je prends une feuille sur laquelle j'écris :
5h30 (je dessine un réveil)
6h Kolorai -> Daruba
8h Daruba -> Tobelo
Elle me fait alors de grand signe qu'elle a compris, on est donc rassuré pour le lendemain.
Méfiant (encore une fois) on met notre réveil à 5h30. N'ayant vu personne 15min plus tard, je commence à faire du bruit : la dame arrive visiblement surprise de me voir, elle a complètement oublié, ou rien compris
J'arrive a lui expliquer qu'on doit partir a 6h avec son mari. Elle est OK, je lui demande donc de me montrer le bateau avec son mari (la maison est sur la plage) : on sort et personne n'est la.
Finalement elle va le réveiller (on pouvait toujours le chercher sur la plage), et après avoir mis du carburant on part au lever du jour.
La mer est calme, tout va bien : on a encore en mémoire notre trajet aux
Togians 2 ans +tot sous l'orage entre Malenge et Dolong pour prendre le ferry a de 8h. La peur de notre vie, trempés dans le bateau au milieu des vagues, evidemment sans gilet de sauvetage
Environ 1h plus tard, on est au port de Daruba (et non sur la plage comme a l'aller, j'avais bien demandé confirmation avant le départ)
Je suis rapidement rassuré, d'autres personnes attendent le speedboat, l'un me le montre, tout se présente bien
Le bateau prévu est remplacé par un autre puis un troisième. Pourquoi ? aucune idée mais le départ est a l'heure.
2h + tard arrivée à Tobelo avec une mer calme (il parait que c'est souvent agité et très pénible)
A la sortie du ponton, on cherche un taxi ou un kijang (taxi collectif). Comme on est plusieurs, on remplit tout de suite un kijang et on part pour Kupakupa.
J'avais lu sur ce forum qu'à la suite des événements dramatiques de 1999-2002 entre chrétiens et musulmans, il y avait un
petit climat d'insécurité a
Halmahera en général et dans la région de Tobelo en particulier, et qu'il fallait se faire discret en temps que chrétien a certains endroits. Méfiance donc, on ne porte pas de croix, mais on doit avoir des têtes de chrétiens
Effectivement il a du y avoir des moments de chaude ambiance dans le passé, quand églises et mosquées avaient tendance a bruler
Il reste des églises détruites, mais on voit des mosquées et surtout d'énormes églises en construction dans les villages traversés
Tout a l'air d'être redevenu calme, on n'a jamais vu la moindre attitude qui pouvait nous paraitre agressive, que ce soit en ville, dans les villages ou en pleine nature.
Au contraire, comme toujours les gens viennent nous voir pour parler et surtout faire des selfies avec nous qu'ils présenteront avec fierté a leur amis.
La route serpente dans un beau paysage de cocotiers et traverse qqs villages, puis on quitte la route principale et le kijang nous dépose au bout d'un cul de sac. A droite de nombreux camions Pertamina entrent (il s'agit du petit terminal pétrolier local), a gauche une piste en terre : étonnés, on n'a pas envie de descendre dans ce coin perdu (la encore on a un souvenir de l'an dernier ou un taxi, nous a déposé sur une piste en pleine foret, seuls à 10km du village le plus proche, de nuit, devant un hotel... fermé. Heureusement tout s'est bien terminé)
Quelques jeunes filles qui discutent a l'ombre nous confirment que Kupakupa Cottages est bien ici. 500m de marche plus loin apparait la mer, puis les bungalow. C'est ouvert et une fille appelle le boss : tout surpris, on voit arriver un blanc assez agé. De la même façon que mon accent anglais me dénonce systématiquement comme français, en 2 phrases j'ai détecté un allemand !
Lutz (un peu flou !)
Je comprend alors pourquoi Bernt a Ternate nous a conseillé de venir ici, c'est un de ses amis allemands (il ne doit pas y en avoir beaucoup aux Moluques)
Il s'est installé à Kupakupa en 1993, qu'il a quitté en 1999, et est revenu en 2003 la paix revenue.
Il y a une dizaine de bungalow, les + simples directement sur la plage, les + confortables dans un superbe jardin luxuriant, ornés de fleurs, d'arbres et d'arbustes et il y a même une serre pleine de cactus : c'est la passion et l'occupation de Lutz.
On est les seuls clients, comme d'habitude
La plage est belle (moins que dans l'atoll de Morotai quand meme
), dans une baie fermée, déserte, bien ombragée par des grands arbres, avec un petit site de snorkeling a 200m sur la gauche
Plus loin à droite il y a le petit terminal pétrolier mais aucune odeur, aucune pollution, aucun bruit, il suffit de ne pas regarder
On peut paresser dans de bons un fauteuil en regardant la mer, boire d'excellents jus de fruits et manger une exceptionnelle cuisine élaborée par la très sympathique Davy, une jeune qui nous servira aussi de guide. Une raison qui nous suffit pour rester ici quelques jours (surtout après le riz-poisson froid de Kolorai)
En plus, Lutz vient nous proposer de la bière.... évidemment je suis obligé d'accepter après des jours de sevrage
sur les iles !
Avec tout ce que j'ai lu sur les troubles religieux et les risque de boire de l'alcool en public dans cette région, je suis plutôt étonné. Et quand il n'a plus de bières, Lutz prend son scooter en direction d'une petite échoppe (qui ne vend pas que de la Bintang, il y a meme le choix de bières) au village de Kupakupa
La tenue vestimentaire a aussi de quoi nous étonner : alors qu'on pensait voir des femmes voilées comme a Ternate, Tidore et les iles de Morotai, on voit des jeunes de 16-25 ans très court vêtues.
Et on n'est pas au bout de nos surprises car le dimanche :
- la plage est envahie par des hommes qui viennent boire des bières achetées a Kupakupa Cottage (et laissées sur place évidemment, ce qui fait que Lutz fait le nettoyage de la plage tous les lundi)
- de nombreux couples de jeunes se promènent enlacées sous les arbres, loin de l'attitude habituelle dans ces contrées
Un soir, Lutz nous propose de nous emmener à Pulau Meti, une ile de qqs km de long sur laquelle un Français a créé une guesthouse dans un lieu magnifique. Finalement le lendemain, il décrète que ce sera mieux avec Davy, qui a tout organisé.
Bernt la encore nous en avait parlé, alors on se dit que si ça nous plait on pourra y retourner pour 2-3 jours
30 min de scooter et quelques villages plus loin, on arrive a l'embarcadère ou nous attend un bateau (qu'est-ce que c'est bien finalement les voyages organisés
) :
On atteint pulau Meti en 1/2h environ en contournant plusieurs très belles petites iles. Le bateau reviendra nous chercher l'après-midi.
Le français n'est pas la, il est parti pour qqs jours avec des clients faire de la plongée, du coup on abandonne l'idée de revenir
La guesthouse est simple, mais construite selon les habitudes locales : 1 seul long bungalow en palme avec des séparations légères, non complètement fermé pour rafraichir l'intérieur, de très jolies douches extérieures communes, WC communs, salle de lecture, etc.. le tout le long d'une petite plage de sable blanc avec (petit mais beau) site de snorkeling, cocoteraie sur l'arrière
Juste devant, on a nagé dans un incroyable banc de poissons de plusieurs dizaines de milliers (probablement) d'individus. Etonnant (j'avais vu cela dans des documentaires, je ne pensais pas voir ça de mes yeux) et presque stressant quand on le traverse (pas de chance mon appareil "waterproof" n'a plus de batterie)
Comme prévu (si l'on peut dire), le bateau du retour ne revient pas nous chercher, mais l'avantage "d'être en voyage organisé", c'est qu'on n'a pas à s'inquiéter, Davy s'occupe de tout et nous dit qu'il n'y a plus qu'a marcher dans une belle cocoteraie jusqu'au village a 2km.
Davy nous explique que les japonais avaient construit une piste d'atterrissage sur cette ile, la piste étant aujourd'hui la rue principale du village qui est du coup tout en longueur :
La piste japonaise
Les japonais auraient aussi du construire un terrain de foot en plus du terrain d’atterrissage, celui-là n'est pas top !
On va ensuite attendre le bateau public, en espérant avant l'orage, ça devient bien noir :
Davy, notre guide-cuisinière et des villageois sur le bateau public
Retour a Kupakupa
Infos pratiques :
- je ne pense pas que Kupakupa soit une destination en soi, le long chemin n'en vaut pas la peine, par contre c'est une étape vraiment plaisante sur la route de Morotai, pour recharger les batteries avec de bons petits plats. Le LP donne un numéro de téléphone, je ne sais pas s'il fonctionne
- Pulau Meti vaut peut-être plus un déplacement en soi. Je ne sais pas comment joindre le français, je ne sais pas s'il y a le téléphone, évidemment pas de mail (internet était uniquement a Ternate durant tout notre séjour)
Après ces qqs jours de repos complet à Kupakupa, épisode suivant :
- retour à Ternate
- découverte de Tidore en scooter