MOZAMBIQUE DU NORD AU SUD
J'ai voyagé seule, en sac à dos, en utilisant les transports en commun.
Arrivée:
Nampula / Départ :
Maputo -- Durée : 5 semaines
Voici quelques infos pratiques qui seront peut-être utiles à quelqu'un...
Préambule, pour mettre dans l'ambiance...
A l'arrivée à
Nampula, le fonctionnaire qui me demande le passeport, au seuil du hall de l'aéroport, avant même que j'ai pu mettre un pied dans le bâtiment, tourne les talons et s'éclipse par la porte principale, mon passeport dans la main, sans même m'inviter à le suivre. Il m'a laissé une toute petite feuille à remplir, avec les informations à fournir : nom, prénom, numéro de passeport, nationalité, sexe, date de naissance, durée du séjour, adresse à destination, motif du voyage...et je me suis laissée distraire.
Glups.
J'essaye de contenir la panique qui pointe son nez quand je le vois l'australien derrière moi s'affoler. Je crois qu'on est dans le même cas tous les deux ! En fait, pas tout à fait : au départ de
Nairobi, un imprévu a fait que la compagnie
Kenya Airways a rassemblé les passagers en partance pour
Lilongwe au
Malawi, et pour
Nampula au
Mozambique, dans un même vol. Et il vient de s'appercevoir qu'il n'est pas descendu au bon endroit, en locurrence pas dans le bon pays; qu'il n'a donc pas besoin de visa et qu'il vaudrait mieux qu'il récupère dare-dare son passeport pour pouvoir remonter dans l'avion qui va re-décoller pour le
Malawi ! Vu l'urgence, une douanière l'accompagne à la recherche du fonctionnaire qui est parti dans un bureau à l'étage... je la suis aussi... Effectivement, il faut sortir du bâtiment pour y rentrer aussitôt par une autre porte...
L'Australien est parti : je suis apparemment la seule à demander un visa à l'arrivée...
Ah peut-être pas ?!.. Un travailleur pakistanais avec lequel j'ai échangé trois mots à
Nairobi, est assis dans un coin. Si on mesurait la tête qu'il tire, qui fait trois pieds de long, elle peinerait à rentrer dans le bureau, tant l'espace y est exigü... Presqu'aucun siège pour s'asseoir, plein de monde dans tous les sens, aucun document affichant le prix des visas... ça promet !
Le fonctionnaire qui était parti avec mon passeport me fait signe d'approcher : il veut prendre mes empreintes digitales et ma photo. Une fois que c'est fait ; je me recule vers le fond du bureau en attendant la suite... je me demande combien de temps ça va prendre pour qu'ils éditent mon visa... J'ai hâte de voir de quoi ça a l'air.
Mais.. Non ??? C'est pas vrai !!!!!!!
Ils ont collé collé mon visa avec ma PHOTO sur le passeport du travailleur pakistanais !
Wouah... Chapeau, les gars ! Là, fallait le faire ! On n'est que deux et vous êtes débordés ?
Ils s'y mettent à deux pour essayer de décoller lentement le visa du papier... moi je lutte seule pour ne pas virer hystérique.
Le pire c'est qu'une fois qu'ils ont réussi à le décoller, ils n'envisagent pas du tout de le rééditer (parce qu'il a plus l'air très neuf, quand même!)... non non non, ils s'appliquent à le recoller sur mon passeport, avec la moitié de la photo abîmée et une belle pliure au milieu, qui au premier coup d'oeil me paraît aussi large que la vallée du rift !
Je suis atterée. Au prochain contrôle de police, j'imagine qu'on va me questionner et m'accuser d'usage de faux !
Ils rigolent. Meuh non... !
Bon c'est pas tout ça ma bonne dame, mais faut payer ! Vous avez l'argent ?
J'hallucine. Mon regard balaye le bureau. Vraiment aucune indication visible de prix ; rien, des clous, que dalle, nada !
Ok, bon...
Il répète : "Do you have money ?"
Vu l'élégance du phrasé, j'hésite. De quelle manière répondre ?
Je finis par demander "How much do you ask ?"
(Histoire de montrer que je suis pas trop dupe, quand même !...)
Sans me regarder ni relever la tête, il annonce : "85 $"
Ha... On joue à ça ? Chiche !
Je dis : "One minute ! "
Je me retourne vers mon sac, et en extirpe une photocopie de page web (celle du site officiel des aéroports du
Mozambique) où les prix sont indiqués en meticais, en rands sud-africains, en €, et en dollars...
L'interface du site a été complètement modifiée depuis, mais on peut toujours y trouver la même info. Voir ici :
www.aeroportos.co.mz/entrada-em-mocambiqueA noter que la conversion meticais/euros ou meticais/dollars y est (toujours) complètement erronnée.
Pas de bol, mon pote... je suis venue équipée...
"What is it ?! " me demande-t-il... alors que je lui fourre le papier dans les mains.
Je lui fais un grand sourire : c'est la photocopie de la page officielle des Aéroports du
Mozambique.
Pris au dépourvu (ou prix au dépourvu!), il demande à un de ses subalternes d'en faire une photocopie et annonce à la cantonnade qu'il ne savait pas et qu'à l'avenir il utilisera ceci...
Ben tiens...
Je fais mine de le croire.
Malheureusement, je n'ai ni meticais, ni rands sud-africains, et doit m'acquitter de la somme en dollars. C'est 66 $, bien davantage que le montant officiellement requis, mais toujours plus raisonnable que ce qu'il a annoncé au départ... si je faisais remarquaer que la conversion est fausse, ça risquerait d'invalider le document... je décide donc de ne pas pousser ma chance plus loin et paye la somme indiquée sur le papier.
Une fois qu'il a les billets, il me tend mon passeport et me fait signe que je peux partir.
Pas si vite...
Je demande gentiment à avoir la monnaie en meticais... il s'exécute, un peu à contre cœur, il me semble, mais bon...
Si je reviens une prochaine fois, je paierais en rands. D'ailleurs, les 15 H d'attente à l'aéroport de
Nairobi - qui se sont finalement transformées en 17 H- m'ont convaincu de passer par l'
Afrique du Sud une prochaine fois, si l'occasion se présente.
Je sors du bureau en même temps que le travailleur pakistanais et son employeur, qui est venu le chercher. Comme il a une clé de voiture à la main, je demande s'ils peuvent me descendre en ville. D'un rapide coup d'oeil, il m'inspecte des pieds à la tête et décide que oui, je suis éligible pour monter à bord. Me voilà donc embarquée, assise à trois à l'avant, dans une voiture avec deux pakistanais, en route pour
Nampula.
Ils refusent de me larguer n'importe où en ville parce qu'ils me disent que c'est dangereux et comme la guest-house où je vais n'est pas facile à trouver (pas de numéro de rue mentionnée, pas d'enseigne...) le patron sort se renseigner.
Le travailleur pakistanais, qui ne m'a rien demandé jusqu'ici, me questionne : où est-ce que je travaille ? Je comprends soudain qu'il y a un malentendu. Non, non, je ne travaille pas ici, je ne vis pas ici.
Il est surpris. Mais alors, tu es là pourquoi ?
Ben, je suis en vacances... !
"EN VACANCES ?"
"Non non non, c'est pas possible ! "dit-il en secouant la tête. "En
Thaïlande, d'accord! Mais pas ici! "
"Very bad ! Very bad!" répète-t-il
...
J'en rigole encore aujourd'hui rien que d'y ^penser... sans regretter une seule minute d'avoir éffectué ce voyage. Certes éprouvant, mais avec la sensation d'avoir effectué une belle moisson de rires et de fraternités...
PRATIQUE
IMPORTANT : Dans le cas d'un visa à l'arrivéee, plus aucune prolongation de visa n'est accordée sur place. Ce qui veut dire qu'il ne faut pas excéder les 30 jours de séjour ou bien sortir du pays pour solliciter un nouveau visa.
Pas toujours facile d'obtenir des numéros de téléphone valides pour les guesthouses... Les infos de contact que j'avais glanées avant de partir se sont révélées presque toutes obsolètes... j'espère que citer celles que j'ai pu obtenir en chemin sera bien compris comme étant une mise à jour d'infos et non une pub.
A Nampula, comme dans plusieurs grandes villes (Maputo, Beira...) il est conseillé de porter son petit sac à dos sur le ventre, car les vols sont fréquents dans la rue. Et d'éviter les déplacements de nuit, d'autant plus si l'on porte quelque chose de valeur sur soi. Si l'on ne peut faire autrement que d'arriver de nuit dans une ville avec son bagage, ne pas se déplacer à pied et prendre un taxi.
Un conseil pour les contrôles de police dans le pays: présenter une PHOTOCOPIE de son passeport et de son visa.
J'ai suivi scrupuleusement ces indications et tout s'est bien passé. Mais il n'en a pas été de même pour quelques voyageurs croisés en chemin. L'un avait reçu un coup de machette à l'épaule à
Beira par un type qui voulait lui piquer son téléphone portable, un autre m'a raconté comment, à
Maputo, avec un autre voyageur, ils ont été controlés par des policiers en voiture, qui les ont fait monter à bord pour leur soutirer de l'argent. Sans être parano, il faut simplement être avisé et prudent.
Cependant, cela ne saurait faire oublier tout le reste. Le positif.
Ce qui m'a paru le plus intense, durant ce voyage, c'est l'énergie brute des rires, et de la fraternité que j'ai éprouvé partout, du Nord au Sud du
Mozambique. Le sens du partage, l'humour, les triples poignées de mains chaleureuses, la franchise, la façon de se dire bonjour avec une vraie attention à l'autre, en le regardant dans les yeux, pas comme une banalité ou une convenance dont on se débarrasse... c'est ça qui m'a marqué. Et que j'espère bien retrouver un jour.
Rien ne peut commencer sans un sonore et dynamique:
"Bom Dia. Tudo Bem ? "
C'est devenu un peu le
leitmotiv du voyage.
Que l'on entre dans une administration pour des démarches, une boutique pour des achats; que l'on demande un renseignement à un passant, que l'on croise quelqu'un que l'on connaît... toujours, la première chose qui se demande, c'est ça. Qu'on soit pressé ou non. Comme étant essentiel à tout bon contact; c'est la première chose qui vient aux lèvres des Mozambicain(e)s.
Ces quelques mots; l'essence de ce qu'ils contiennent, sont comme une charte quotidienne appliquée à tous les niveaux de la vie courante, et ça change tous les rapports sociaux ! Ça m'a paru être une bonne leçon à retenir pour nous, les occidentaux, souvent trop préssés, hâtifs, et parfois si négligents sur la politesse !
Le contact humain, c'est bien ce que j'ai préféré, de tout le voyage. C'est ce qui a donné du sens et de la vitalité à ma longue et souvent éprouvante traversée du pays en transports en commun.
Car, je dois bien le dire, je n'ai pas été aussi émerveillée par les paysages que ce que j'imaginais. La déforestation massive, la terre brûlée partout, la vue des gros sacs de charbon de bois en vente au bord des routes, m'ont serré le cœur.
J'ai ressenti de façon d'autant plus vive et cruelle le manque de grands arbres et de verdure, que j'avais été enchantée par l'abondance végétale lors de mon dernier voyage à São Tomé et Principe.
Bien sûr, il y a le littoral, dont le pays peut bien s'enorgueuillir. Mais la côte n'est qu'une portion du territoire (et la coupe de bois semble y aller bon train aussi). Ça m'a fait mal au cœur de voir la terre dans cet état.
Que dire de ce que ça signifie pour la faune ? On peut certes observer des animaux "sauvages" dans les parcs nationaux mais que gnifie encore "sauvage" quand ils n'ont plus d'autre espace pour vivre qu'une réserve, parce que tout autour, la terre a été incendiée? Comment survivre sans ressources végétales ? Jusqu'aux abords du
Parc de Gorongosa, j'ai pu observer le sol noirci, les arbres calcinés... Il me semble bien hypocrite de faire grand cas des parcs nationaux sans prendre soin de la nature alentour !
Ceci n'a cependant pas éclipsé l'enthousiasme que j'ai éprouvé grâce aux rencontres... l'humanité, l'énergie, la joie d'être, le courage aussi... de celles et ceux que j'ai pu croiser en chemin, m'ont laissé les yeux pétilllants de complicité et de tendre malice, avec la sensation d'avoir bien de la chance d'avoir pu réaliser un tel voyage... malgré l'entorse grave qui s'est invitée sur mon chemin au 6e jour du périple...
A noter qu'en concurrence de la compagnie nationale LAM qui avait jusqu'ici le monopole, la compagnie africaine low-cost Fastjet desservira Nampula, Beira et Tete à partir de novembre 2017.
Maputo-
Beira. Vol quotidien. Depart 06h00 / Arrivée 08h40.
Maputo-Tete. Vol quotidien. Depart 11h25 / Arrivée 13h15. Le vendredi et le dimanche, il y a un second vol Depart 19h55 / arriée 21h45.
Maputo-Nampula. Lundi, Mercredi, Vendredi, Dimanche. Depart 15h15 / Arrivée 17h30.
NAMPULA :
RUBY BACKPACKERS Guest-house
Rua Daniel Napatima N° 186
(+ 258) 82 717 9923
750 meticais (MZN) / nuit en dortoir
1850 MZN en chambre simple
Carte SIM Movitel (achetée en magasin, pas dans la rue) : 5 mts ! Oui, oui, 5, vous avez bien lu. Dans la rue, on me l'a proposé à 500 et comme j'ai rigolé, le typê a baissé à 50. J'ai encore rigolé et j'ai cherché le magasin...
Crédit téléphonique convertible en unités internet : 100 mts (assez confortable pour un certain temps)
Byriani végétarien avec un peu de salade dans un boui-boui: 70 meticais
TRANSPORT NAMPULA-IBO (Prévoir une journée)
Bus Nagi (il y a deux stations de bus à
Nampula, selon la destination nord ou sud)
Prix en meticais (MZN) :
Nampula – Mocimboa do Praia : 600
Nampula – Macomia : 500
Nampula – Silva Macua : 400
Pour aller à
Ibo en bus depuis
Nampula :
Il faut demander à descendre à ADDP (le carrefour sur la EN 1 qui va vers Quissanga – Tandanhangue). Compter 500 meticais.
Ensuite il faut prendre un chapa (dénomination de tout véhicule qui sert de taxi collectif) jusqu'à Tandanhangue (avec un arrêt à Quissanga). 200 meticais
Traversée en bateau public Tandanhangue-
Ibo : 70 meticais
En bâteau privé, ça peut monter jusqu'à 2000 !
IBO
KARIBUNI CAMP : 400 mzn pour une chambre, 700 pour un bungalow. Le tout est assez rustique mais le cadre est très sympa, et la cuisine délicieuse. Le diner poisson-riz-salade (copieux) est à 200 meticais. Il me semble que c'est l'unique adresse tenu par un local.
Contact : Awale (+258) 878578423
Baobibo a l'air sympa aussi mais les prix sont plus elevés. Tenu par une italienne.
Pas mal d'oiseaux dans le coin.
Pour les excursions en bâteau vers l'archipel des
Quirimbas, voir avec le Cinco Portas. Grande enseigne dans la rue principale.
TRANSPORT IBO-ILHA (possible en une looongue journée)
TANDANHANGUE-ADDP en chapa : 200 mzn
ADDP-SILVA MACUA en chapa 150/200 mzn
SILVA MACUA -NAMIALO en chapa je sais plus
NAMIALO-MONAPO en chapa : 100 mts
MONAPO-ILHA en chapa : 70 mts
Peut-être moins cher et plus simple depuis
Pemba, mais je souhaitais éviter les grandes villes.
A noter que les noix de cajous vendus en bord de route à Lamapa sont meilleures qu'ailleurs. Il faut saisir l'occasion au passage (les arrêts sont brefs)
ILHA DE MOÇAMBIQUE
RUBY BACKPACKERS
Contact : Joana (258) 824670524
Atout : un dortoir spacieux avec de hauts plafonds, et une belle terrasse claire.
Un mot sur la nourriture:
Le matapa, plat typique du
Mozambique, à base de manioc pilé, cusiné avec de l'ail, des cacahuètes, des produits de la mer (crabe ou crevettes) est le plat le moins cher.
Servi en général avec la xima (purée de semoule de maïs) ou du riz. Compter 140 mzn.
Un curry de crevettes au resto Reliquias: 550 mzn
Par curiosité, j'ai visité un autre hébergement, juste à côté de la Mosquée. Pas dans mes prix mais l'endroit est très charmant. Il s'agit du PATIO DOS QUINTALINHOS.