La vallée de la
Nubra jusqu'à la frontière pakistanaise est vraiment sauvage mais attention à l'état des routes/pistes.
En 1ère quinzaine de septembre 2014, les routes que j'y ai empruntées (
Leh -> Teggar -> Sumur -> Diskit -> Turtuk, puis retour à
Leh) étaient
asphaltées et en parfait état, hormis évidemment la section centrale du
Khardung La. Laquelle j'ai trouvée beaucoup plus confortable que celle du Chang La pour accéder au Pangong Tso. Comparées aux routes du
Zanskar (tout particulièrement celle au sud-est de Padum), c'est un paradis !
Compte tenu du contexte militaire avec le Pakistan, je pense que dans la Vallée de la
Nubra, les routes sont particulièrement bien entretenues par la BRO de l'Armée Indienne.
Par contre, on est toujours à la merci d'un
éboulement sur certains passages.
Ainsi, un peu après Hunder, j'ai pu observer sur la grand-route les traces qu'avait laissé un éboulement de rochers. Quelques petits trous çà et là, mais rien qui n'amène mon conducteur à réduire sa vitesse.
Surtout, j'ai dû faire face à un éboulement majeur bloquant la route légèrement en aval de Changmar. Pourtant, j'avais consacré près de 3 h à la puja du Gonpa de Diskit
.
Il semble que cet éboulement à Changmar (localisé en 34.770172,77.112387 sur Google Map, en rive gauche de la Shyok) soit un "classique", un éboulement récurent, car une tente-parachute est établie au bord de la route, peu en amont de Changmar et sert de point de ralliement (et restauration) aux routiers qui sont bloqués là, ne pouvant livrer leur cargaison en aval (Bodgang, Chalunka, Turtuk, et surtout les camps militaires indiens). Pendant la journée, ils tapent la carte, bavardent la nuit venue dans la tente-parachute, puis mangent et dorment dans leurs camions respectifs.
Comme je voulais aller à Turtuk, j'ai contourné l'éboulement en passant à pied par la rive droite, un très étroit chemin à flanc de falaise, avec un à-pic de 80-100 m m'a t-il semblé.
Photo prise une fois rejoint la route en rive droite. On distingue le chemin côté gauche (sur la rive droite), au 2/3 environ à flanc de falaise. Au pied de la falaise, le fleuve Shyok, celui qui baigne Diskit et Hunder, puis qui rejoint l'Indus côté pakistanais. A certains passages, il faut se pencher pour passer sous la roche. De surcroît, chemin très étroit, car souvent, il n'y a la place en largeur que pour un pied, pas 2. Nécessité de se plaquer contre la paroi.
Photo prise depuis le chemin lors d'un passage "large" (cf. premier plan côté gauche en bas de la photo). J'étais bien content de n'avoir que mon sac-à-dos de balade. J'ai admiré les soldats (sikhs pour la plupart et très grands) qui 3 jours plus tard ont suivi ce chemin avec tout leur bardât.
Quand je suis revenu 2 jours plus tard, l'éboulement était toujours là, et toujours actif, au sens où de petites pierres chutaient environ toutes les 10 s.
L'Armée Indienne m'a fait traverser l'éboulement, ce qui est de loin le moment le plus périlleux de mes 3 semaines au
Ladakh. Plus que le passage en rive droite, où j'étais maître du risque (il "suffisait" de mettre le pied au bon endroit), car au pied de l'éboulement, l'arrivée d'une pierre était totalement aléatoire.
A savoir
pour ceux qui veulent aller à Turtuk, cet éboulement est un aléa majeur, tant à l'aller qu'au retour. Si je suis passé assez facilement à l'aller par le délicat chemin de muletiers, puis en auto-stop depuis le camp Post 9, je n'ai pas retrouvé de transport depuis Changmar au retour, ce qui m'a obligé à coucher sur place. Merci à Monsieur Guru (si, si, c'est son nom !), un balti qui m'a laissé la cabine de son camion pour moi tout seul le temps d'une nuit. Il a préféré partager la cabine d'un copain. Impossible de lui faire accepter la moindre indemnité.
A droite, le camion Tata de Monsieur Guru.
Cabine du camion Tata de Monsieur Guru pendant son dîner. A gauche, Monsieur Guru. A droite, l'homme de Changmar tenancier de la tente-parachute. Où j'aurais couché à défaut de la proposition de Monsieur Guru. Hospitalité précieuse, plus rare à Bodgang où l'on avait essayé 2 jours avant de m'extorquer des sommes déraisonnables pour une simple tente. A Bodgang, il y a des gens vraiment charmants et attentionnés, mais aussi un lot conséquent d'escrocs.
Les voyages forment la jeunesse... et même les moins jeunes.
Fabrice