je ne nie pas que pour les populations rien n'est vraiment fait (on ne peut mettre sous traitement à long terme des dizaines de millions de personnes. Il faut trouver autre chose).
mais là, c'est un autre cas de figure. On est dans le cadre d'un séjour court, de voyage, de loisir, et se priver d'une prévention qui a fait ses preuves est pour le moins ridicule.
Ce n'est pas exact de dire que rien n'est fait. La réponse au problème du paludisme dans le monde n'est pas un médicament miracle, qui n'existe pas, mais un ensemble de mesures d'éradication du moustique, de protection contre les piqûres (moustiquaires, traitement des logements,...), traitement préventif ciblé, diagnostic précoce par test rapide en dispensaire et traitement par Artemisine toujours combinée à une autre molécule (ACT)
Tu sais bien que les limitations pour cela ne sont pas en Afrique médicales, mais politiques et économiques...
L'artemisinine, dont la découverte a quand même valu le prix Nobel à la Chinoise Tu Youyou en 2015, est actuellement la base du traitement de l'accès de paludisme dans le monde.
Le problème est l'apparition de résistances du parasite aux médicaments antipaludéens.C'est un peu une course avec la bête. Par exemple, la chloroquine (Nivaquine) antipaludéen de référence après guerre, faire rire plasmodium falciparum depuis pas mal de temps.
Il existe des cas (très surveillés) de résistance du parasite à l'artemisinine en
Asie du Sud Est. C'est très embêtant, car il n'y a plus alors de traitement efficace non dangereux.
L'extension de cette résistance à l'Afrique serait une catastrophe.
L'utilisation des tisanes d'artemisia en préventif est probablement un bon moyen de la créer.
D'autre part, les africains vivant en zone impaludée sont piqués, font des accès palustres, en guérissent s'ils sont en bonne santé (les personnes fragiles: malades, enfants, vieillards, et femmes enceintes sont beaucoup plus à risque vital), et développent une immunité partielle (ils font des accès palustres au cours de leur vie).
Ils prennent, comme tu le sais, des antipaludéens qu'on leur donne au dispensaire après confirmation du diagnostic, si tout va bien, ou hélas souvent une saloperie chinoise contrefaite achetée sur le marché.
Les études scientifiques de la tisane d'artemisia visent une population locale déja immunisée. Les résultats ne sont pas probants, et le risque d'apparition de résistances sera à considérer. L'utilisation de ces tisanes, si elle se fait, ne pourra se faire que dans le cadre d'une politique globale.
Le voyageur n'a aucune immunité préalable. Il fait une crise simple forte, ou quelquefois un accès pernicieux mortel (Nous ne sommes pas égaux dans nos mécanismes de défense contre les parasites et microbes).
La tisane d'artemisia n'a jamais été étudiée pour eux. Des cas publiés en
France d'accès palustre grave chez de jeunes touristes de retour d'Afrique ayant pris artemisia.
Bref, le touriste qui prend de la tisane 1/ n'est pas protégé efficacement 2/ Participe à l'apparition de résistance du parasite, donc à l'augmentation future du nombre de morts en Afrique.
Désolé pour ce cours