Bonjour Eze, et bonjour à tous !
De retour d'un Camino Francés partiel, (
Roncevaux / Viana – 170kms environ en...hum, 12 jours..délicieuse allure de sénateur..)
Je voudrais bien dire que les albergues fréquentées (et je n'ai dormi qu'en.) sont toutes correctes et non juste "vivables". J'y ai trouvé convivialité, confort (oui), propreté, et surtout
respect du sommeil de chacun.
Je voudrais un peu casser le mythe des refuges=invivable, sur ce chemin très fait.
Même dans les plus grands dortoirs (le vieux et mythique 140 places de
Roncevaux, 114 (?) à
Pampelune (Historique et modernisé refuge de Jesus y Maria, curieux couloirs-dortoirs suspendus, fragmentés en box de 4/6 lits, interrupteur et prise électrique personnelle), j'ai apprécié le RESPECT TOTAL de chaque pèlerin à appliquer la discrétion du regard en promiscuité, et à observer le silence dès le coucher. (Une paire de bouchons d'oreilles efficaces aussi pour oublier les ronflements inévitables). Dès 22h, (dans TOUS les 12 refuges que j'ai fréquentés), c'est l'extinction des lumières, et des conversations
Dans la journée, jamais de chahut, de la gaîté mais une retenue spontanée même pour les plus jeunes et les plus dynamiques.
Dans TOUS ces refuges, j'ai pu prendre une
douche chaude et dans l'intimité (et non froide ou commune comme souvent dit). Si douche commune (3 maxi et hommes/femmes séparés), les pèlerins attendaient poliment leur tour. Est-ce que c'est aout/sept. qui m'a été propice ?.
Oui j'ai toujours trouvé
des matelas très corrects et propres. Toujours une alèse (coton caoutchoutée certes, mais propre).
Oui,
jamais de couverture (pas hygiénique ou coûteux à laver vu le nombre de pèlerins /pour une nuitée à 8€..). J'avais prévu une simple couverture polaire retaillée en sac, qui m'a amplement suffi, (370g) + l'indispensable
sac à viande (en soie). Sinon
obligation d'acheter un sac à viande (jetable ou pas) à 2 ou 3€. A
Pampelune, on peut vous « dépanner » en vous vendant un duvet à 45€. (Un peu cher pour la qualité/poids). Mais il y a D4 ! en
Espagne, pratique !!
Oui, j'ai
toujours trouvé
des oreillers ! (souvent avec taie intissé/jetable ou tissu fraîchement lavé, sinon j'utilisais la taie supérieure de mon sac de soie.) (Ca serait bien de le dire où on n'a pas trouvé d'oreillers). Pour moi, une seule fois, au refuge paroissial de Viana, (donativo) un petit coussin sans taie, sur un tapis de skaï posé au sol..et j'ai adoré l'accueil et le partage des repas !)
Oui, pas mal de lits superposés qui n'ont pas d'échelle ni garde-fou. Certains rares ont trouvé cela "inadmissible et dangereux". On s'y fait. Ou on négocie facilement le lit inférieur pour les plus meurtris ou âgés. Pratique fréquente d'humanité. J'ai dormi toutes mes nuits "en bas"..je devais vraiment faire pitié
)
Pour les punaises de lit : pour moi,
aucune piqûre sur mon tronçon espagnol. (et sans prévention particulière)- mais il y a des peaux qui attirent les insectes. (oui, punaises une fois sur Voie Puy-en-Velay). En
Espagne, il y a des désinfections régulières des albergues. D'où leur fermeture inopinée, parfois. Mais je n'ai jamais eu la surprise de trouver mon étape compromise.
On ne peut pas réserver sa place en refuge municipal (privé, oui), mais je n'ai jamais manqué de lit. Il reste toujours une ou plusieurs places (quand on voyage seul, aucun problème), et il y a plusieurs auberges proches pour toujours récupérer le pèlerin. Celui qui couche en pleine nature en fait le choix. Je n'ai vu qu'un cas qui a dormi sous un fronton avec un duvet et un tapis de sol prêtés par l'hospitalière qui ne pouvait plus accueillir de pèlerin. Les habitants locaux ne sont plus guère concernés par vos petits malheurs de lit (trop de pèlerins dans leur décor, ça les indiffère, sauf commerçants). Mais j'ai passé auprès d'eux de chaleureux et amicaux moments privés (hors nuitées).
Les refuges privés (guère plus chers que municipaux, 15€ maxi pour moi) ne sont pas plus « intimes », une chambre à 8/10 lits peut générer plus de nuisances sonores ou de manque d'intimité (pas insupportable non plus) qu'un unique dortoir de 50 lits.
Mon choix : dormir en gîte municipal, peu cher (de 5 à 10€ maxi) pour sécurité météo, cuisiner, douche nécessaire, (et ne pas feinter pour se doucher anonyme, se faire durcir 6 œufs, ou charger son tél. HS), sans le poids d'une tente, d'un plus gros duvet et d'une popotte (En
Espagne, camping sauvage interdit et très verbalisé, feux interdits)...Certains portaient jusqu'à 18 voire 20 kgs. Un si beau chemin avec souffrance ajoutée et économie réussie. Chacun jugera en cours de route, mais beaucoup ont regretté ce surpoids avant de s'en débarrasser par (coûteuse) voie postale. Ceux qui ont réussi leur nuitée sous les étoiles avaient souvent leur « mul ». Sauf gros temps (vent/pluie glaciale, grêle...Il y a toujours les « frontons » municipaux, efficaces). Mais ça peut nous éloigner aussi de la rencontre avec certains pèlerins qu'on a apprécié en marchant, des hôtes partageurs et des lieux d'étapes parfois exceptionnels.
Malgré la fréquentation certaine du Camino, en cette fin d'été, j'ai vite passé sur mon appréhension de la chenille vivante ininterrompue qu'on m'avait décrite, et j'ai su m'intégrer. J'ai même passé certains kilomètres sans voir personne.
On peut être seul volontairement sur ce chemin. Mais j'ai trouvé que tous ceux qui y marchent sont heureux de le faire et bienveillants avec tous. Pas un râleur ou mauvais esprit. Celui-là a repris le bus depuis les premières étapes. (Hors une mauvaise réception de la part d'un hospitalier municipal (ben oui, encore à Larrasoana... !) et un service dédaigneux d'une commerçante - mais Radio-Camino a vite classé la dame !). Quant à ma façon de marcher, j'ai pu décaler les heures de départ (souvent lanterne rouge !) et les étapes en dormant dans les moins prévus des pueblos. Sans me priver pour autant de visites de lieux et villes.
Pour ma part, un premier tronçon réussi. A reconduire vite. Buen Camino
(ça agace, hein, ces deux mots répétés à l'infini ?...on s'y fait...ou pas).