"
All art worthy the name is the energy – neither of human body alone, nor of the human soul alone, but of both united, one guiding the other: good craftsmanship and work of the fingers, joined with good emotion and work of the heart." (John Ruskin, 1859)
A tous les amis du MALI et de la ville de Djenné,
le
film "
The Masons of Djenné/Les Maçons de Djenné", sous-titré en français, a été créé pour l'exposition
MUD MASONS OF MALI au Musée National d'Histoire Naturelle de l'Institution Smithsonian,
Washington DC. Les maçons parlent de l'histoire de leur ville, de leur métier, et des défis et des transformations culturelles auxquels ils sont confrontés de nos jours. Un film produit et réalisé par l'anthropologue Trevor H.J. Marchand (de la SOAS, Université de
Londres) :
www.youtube.com/watch?v=WPi2ZnqOArk
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Voici le
livre de Trevor Marchand qui met le travail de retour sur le terrain, avec de la saleté encore sous les ongles. Pour en apprendre les processus de construction, Marchand lui-même devient apprenti des maçons de Djenné, en échangeant son travail pour l'apprentissage.
La ville de Djenné inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, a été un carrefour pour le commerce des marchandises, des personnes, des idées et des technologies depuis des millénaires. Par invention locale et intégration des méthodes et styles, les bâtiments de Djenné et notamment la Grande Mosquée, le plus grand édifice du monde en banco, sont des avatars d'une telle architecture appropriée. Autrement dit, ils sont accordés avec les particularités des matériaux locaux, les climats, les cosmologies et les sens esthétiques qui subsument des facteurs à la fois pratiques et "idéationnels".
Par sa description élégante et entraînante, Marchand redonne vie aux structures merveilleuses de Djenné : le travail peut être la joie, est une leçon en soi et une prière encore plus profonde. La vitalité des processus de construction est assurée par des serments, des trucs magiques et des interventions spirituelles qui protègent les maçons musulmans profondément respectueux de leur métier pouvant être dangereux, tout en assurant le succès de leurs efforts. En effet, dans un des passages les plus saisissants du livre, Marchand révèle comment des dimensions mystiques répondent aux réalités de la construction : une façade s'est effondré juste là où les enfants passent, mais personne ne se blesse. "
'Ce n'est pas possible, ' Bamoy muttered breathlessly, shaking his head in disbelief. 'Ce n'est pas possible.' Yappi turned to me, slightly shocked, and said that he had never seen this happen before. Quickly regaining composure, Bamoy interjected that accidents like this can and do happen from time to time. He paused, and then exclaimed with grand confidence that effaced any trace of shaken nerves: 'No one was injured, of course, because I made proper benedictions this morning before work.' The whole assembly, nevertheless, had to be rebuilt. The palm trunk was salvaged from the street and hauled back to the roof, but the bricks had shattered and would be recycled as mortar...." (p.217).
Dans la partie 2 du livre, "
Portraits of Life and Work in Djenné", nous rencontrons aussi des personnalités plus grandes que la vie, dont le "Michel-Ange de Djenné" (Al-Hajji Kouroumansé*), pas du tout une exagération, vu la capacité et la créativité extraordinaires de cet homme. Finalement, ce qu'est le plus convaincant de cette étude, c'est sentir et vivre la passion des maçons de Djenné qu'ils développent pour leur travail, et le lecteur est disposé à partager la passion de Trevor Marchand pour avoir pu collaborer avec eux. De nombreuses magnifiques photos en noir et blanc augmentent la qualité et après tout la valeur de cet ouvrage. A lire absolument...
Marchand, Trevor H.J. (2009).
The Masons of Djenné. Bloomington-
Indianapolis :
Indiana University Press, 352 pages, bibl.
Hery
*dans ce nom de famille, une famille de maçons installée depuis longtemps à Djenné, "se cache" la phrase verbale bambara
Kurun ma se ("la pirogue n'est pas arrivée"). Plus qu'une indication aux
Bozo comptant parmi les anciennes familles de maçons en ville. Aujourd'hui, environ 20% de la population de Djenné sont Bozo. Ils résident surtout à Djoboro, un des plus anciens quartiers...