Bonjour,
Je ne connais pas l'
Inde et ce qui suit n'est pas un jugement mais juste un point de vue.
Tout d'abord, je n'ai jamais vraiment compris l'engouement pour ce pays. Non pas pour ce qu'il représente en tant que "destination rêvée" mais tout simplement pour l'engouement qui est toujours exprimé plus ou moins de la même manière, à savoir : sacré, intemporalité, fascination/incompréhension, répulsion/attirance, fatalité,... Bref, à peu de chose près, de la manière dont tu l'exprimes.
A vrai dire cela reste un mystère pour moi puisque tous ces qualificatifs de l'
Inde, on les retrouve dans beaucoup de pays sur la planète. Je vais prendre comme exemple le
Pérou puisque j'y vis et le connais assez bien mais je pourrai élargir à bon nombre de pays andins, la
Bolivie et l'
Equateur par exemple et, je suppose sans trop de risque, à bon nombre de pays africains.
"Connection perpetuelle avec le sacré"
Ici, on trouve ce que l'on appelle des "huacas". Une "huaca" c'est un lieu sacré, généralement naturel. Ainsi peuvent être "huaca" un sommet aux neiges éternelles qui peut aussi être "apu" (divinité), une lagune, une source d'eau, une grotte, une roche,.... Toute la vie des gens de la campagne est axée sur ces "huacas". Rien n'est entrepris sans les consulter, sans les respecter, voire même sans les craindre. Ajouter à cela l'omniprésent syncrétisme qui rythme la vie de tous les jours du citoyen lambda.
"Présence cote à cote de l’éternel et du temporel"
Comme dans toutes sociétés en fait....
Le sacré est éternel et l'humain temporel généralement ; une sorte de Lapalissade.
"Mythology originelle participe à la vie quotidienne"
Je ne vais pas faire un cours de mythologie andine mais, crois moi, elle est plus qu'omniprésente dans la vie quotidienne (juste pour exemples, cf les "huacas" et les "apus").
"Repulsion et attraction vers ce que notre regard absorbe"
Comme chaque fois qu'un être sensé et sensible éprouve de la curiosité envers ce qu'il ne comprend pas et qui peut le répugner. La liste des exemples est quasi infinie.
"Rien n’est à l’abri des yeux : la faim, la maternité précoce, la déformation du corps, la grace et la feminité, le regard ardent des hommes, l’insouciance des enfants jouant pieds nus dans l’eau qui déborde des canivaux apres une pluie de mousson, le recueillement, les rituels"
Pour peu que tu ouvres les yeux où que tu sois, l'ensemble de ces situations est présente.
Ici, la faim, tu la trouves tous les 10 m.
La déformation du corps...entre les mecs qui ont une jambe de 50 cm et l'autre normale, ceux qui sont bossus et nains, ceux qui ont des barres en fer vissées avec des boulons dans le tibia et le fémur, ceux qui ont la lechmaniose, ceux à qui il manque les bras et les jambes, ceux qui ont une tête difforme,...bref, la liste est longue et pas joyeuse.
La maternité précoce aussi, surtout en
Amazonie et dans les Andes (c'est-à-dire 90% du pays) ; à 12-13 ans elles sont mères.
La grâce et la féminité... je ne me prononcerai pas sur la beauté latine.
Le regard ardent des hommes... je suis mal placé pour parler du côté ardent des latins.
Le recueillement et les rituels sont très présents. Les cérémonies pour chasser les mauvais sorts, pour vénérer un sain, un apu, une huaca,... sont légions.
"Il y a des etres qui naissent, vivent et meurent sans laisser de traces de leur passage sur terre"
Tu en doutais encore? Il aura fallu la "révélation indienne" pour arriver à ce constat...
"Des etres nés sans déstinée aucune. Ils sont là parce qu’ils ont été crées"
Cette fatalité est aussi une caractéristique des gens résolus à leurs misères (attention, je ne dis pas que cela est forcément le cas en
Inde, simplement que c'est une fatalité que l'on retrouve un peu partout quelqu'en soit sa véritable origine).
"L’insouciance des enfants jouant pieds nus dans l’eau qui déborde des canivaux apres une pluie de mousson..."
Mhmhmhm, partout où il y a une saison des pluies, il y a des mômes qui jouent dans l'eau.
Bref, je ne nie pas que tous ces éléments s'expriment peut être plus fortement et directement en
Inde mais de là à les utiliser pour qualifier de façon unique l'
Inde... Ils en sont une composante mais ils sont aussi présents dans tous les pays du monde. Ce qui change, je pense, c'est le degré et la force de l'expression, la façon dont ils s'imposent au regard. C'est tout. Mais cela dépend juste de notre acuité et des efforts nécessaires à fournir pour les percevoir dans d'autres pays.
L'
Inde serait-elle un pays pour les flemmards? Un pays de facilité pour ceux qui veulent "voir autre chose" et souhaitent s'approcher de la différence et de la magie du fameux "choc culturel" sans grands efforts?