RFI, Avec notre correspondant à
Bangkok, Arnaud Dubus
Plus de deux semaines après l’effondrement d’un barrage hydroélectrique dans le sud-est du
Laos, le bilan exact de la catastrophe est encore inconnu. Le gouvernement laotien a indiqué que 30 personnes avaient été tuées, mais les témoignages des villageois évoquent un bilan beaucoup plus lourd, jusqu’à une centaine de morts. Ce manque de transparence s’explique en grande partie parce que cette catastrophe risque de remettre en cause la stratégie économique du gouvernement communiste laotien.
Depuis une quinzaine d’années, le gouvernement laotien a tout misé sur la production hydroélectrique grâce à des barrages construits sur le fleuve
Mékong et ses affluents. Le but de ce pays communiste pauvre de sept millions d’habitants est de devenir, selon le slogan officiel, la « batterie de l’
Asie du Sud-Est ». En clair, d’alimenter en électricité tous les pays voisins, et particulièrement la
Thaïlande, grâce à la centaine de barrages construits ou en cours de construction.
L’effondrement fin juillet d’un petit barrage hydroélectrique dans le sud-est du pays a montré de manière dramatique quelles peuvent être les conséquences d’un tel développement non maîtrisé. Si l’accident avait eu lieu sur l’un des énormes barrages sur le cours principal du
Mékong, le bilan aurait été considérable. Malgré l’impact humain de l’accident, le gouvernement laotien refuse de reconnaître sa responsabilité, rejetant la faute sur l’une des firmes partenaires sud-coréennes.
Selon le même refus de toute transparence, les journalistes étrangers se sont vus interdire de couvrir les conséquences de l’accident. Un déni de réalité qui s’explique par la peur du régime laotien de ce que sa stratégie hydroélectrique soit remise en cause. Une stratégie qui a beaucoup profité aux élites du pays et beaucoup nui aux villageois.