Certains s'étonneront que j' ai choisi
Aberdeen en
Ecosse de l' est comme destination touristique. La ville semble avoir mauvaise réputation, les commentaires sont peu amènes, on décrit
Aberdeen comme une ville sinistre construite en granit et sans charme.
On pourrait signaler qu'il y a des villes en granit ailleurs, en
France par exemple, et en
Bretagne en particulier, Saint-Malo, Saint-Servan, Saint Brieuc,
Rennes, Quimper, et tant d'autres villes ou bourgades ou villages très typiques et typés. Et puis il y a la côte de granit rose en
Bretagne nord, un granit qui s'apparente au grès rose utilisé dans la construction en
Ecosse justement, dans les terres et en bord de mer.
Oui,
Aberdeen est sans doute une ville assez austère, moins belle qu'Edimbourg, mais elle vaut le détour. Et surtout, on se baladera dans l' Aberdeenshire, côté Upper Deeside ou Speyside (la route du whisky entre
Aberdeen et
Inverness) sans oublier la côte sud du côté de Stonehaven.
Il se trouve que lorsque l'on s'éloigne d'
Aberdeen, les constructions passent du granit au grès rose aussi bien le long de la côte que vers l'intérieur des terres quand on s'enfonce dans les Lowlands puis les
Highlands.
Ce voyage était aussi un retour aux sources car j' ai travaillé à
Aberdeen il y a très longtemps et y ai donc vécu plusieurs mois. j' avais envie de revoir la ville et de refaire des balades en voiture dans les environs comme à l' époque.
Généralités
Vol
Montpellier -
CDG puis
CDG-
Aberdeen sur Air France.
Aberdeen est très bien connectée aux grandes villes européennes en raison d'une prospérité liée à l' extraction du pétrole en mer, celle-ci ayant commencé au début des années 1970.
En ce qui concerne les dépenses sur place, il faut éviter si possible de changer des euros en livres sterling à cause d'un taux de change défavorable et préférer le paiement en CB et les retraits de liquide aux distributeurs.
1er jour : Arrivée à
Aberdeen en début d'après-midi. Il fait clair et beau.
Nous récupérons une voiture à l' agence Hertz, à boîte manuelle alors que nous avions réservé une automatique, mais du coup nous sommes surclassés.
Nous avons réservé une chambre dans un petit hôtel central moderne, confortable et branché, proche de la place de la Mairie (en pleins travaux de réfection à grande échelle, des pavés à la Mairie elle-même, installée dans les murs d'un ancien collège catholique chic, de style néo-gothique avec tourelles et flèches... en granit !) Tout cela a belle allure, finalement...
Nous allons consacrer l' après-midi à la découverte du centre - ville (autour de Union Street) et du centre plus ancien où se trouve l'université. Cette balade urbaine se fera à pied car la ville n' est pas immense. Il fait beau sans faire trop chaud, la marche est agréable.
Petite digression... On se trouve dans la région des Grampians où l'on peut visiter des dizaines de châteaux et des distilleries de whisky connues.
Aberdeen peut donc servir de base pour des balades somptueuses vers l'intérieur de l'
Ecosse ou le long de côtes découpées très panoramiques. En ce qui concerne le climat, il faut s'attendre aux changements brutaux, y compris pendant le temps d'une journée, du plein soleil à la brume, au ciel gris bas ou pommelé et de nouveau au soleil. Les couleurs dans leurs variations multiples sont toujours uniques et tout simplement écossaises...
Si l'on est intéressé par
Aberdeen, ville pétrolière majeure d'Europe du nord, et aussi par la construction des plates-formes d'extraction en pleine mer, on passera un moment au Musée Maritime dans Shiprow, une rue du centre-ville.
Autour de Union Street, des rues typiques qui allient constructions anciennes et modernes. A une époque on a beaucoup détruit les quartiers insalubres pour faire du neuf. Il y a donc toujours cette cohabitation entre l' ancien et le nouveau, parfois surprenante et pas toujours esthétique.
On visitera (en semaine) Saint Nicolas Kirk avec son cimetière à l' anglaise (' churchyard ' en opposition à ' cemetery '), bâtie dès le 11 ème siècle et remaniée ensuite. Elle est immense et on y a conduit des fouilles archéologiques importantes il y a une dizaine d' années et mis à jour des sépultures.
Voir aussi - plus rapidement - Saint Mary
Cathedral, plus récente -elle date du 19 ème siècle - pour son chemin de croix moderne en mosaïque.
Une fois le nouveau centre exploré, on remonte tranquillement l' avenue principale vers le nord
(compter 30 minutes de marche) pour rejoindre Old
Aberdeen où se trouve l'Université du 15ème siècle. C'est mon endroit préféré, j' y ai travaillé et je retrouve progressivement mes anciens repères. En ce début juillet, le quartier est très calme, les étudiants sont partis.
On commence par King's College et sa magnifique chapelle surmontée d'une croix couronnée.
On poursuit avec St Machar
Cathedral, la plus ancienne cathédrale du monde en granit (eh oui, c'est inévitable...), bâtie dès le 13ème siècle, et comme toujours avec ces monuments énormes et iconiques, remaniée et agrandie au fil des siècles. Elle a fière allure, le granit lui donne de la majesté.
On peut ensuite, à partir de Old
Aberdeen, piquer vers le bord de mer et une plage pas très exotique, entre les deux rivières Don et Dee. Les bains de mer sont difficiles à cette latitude, la mer est glacée même l' été. Et puis il y a le vent, mais, lors de ce court séjour, il n'y a qu'une brise estivale agréable.
Entre la plage et le port, il y a aussi Footdee, un ancien village de pêcheurs avec ses maisonnettes basses, ses squares et ses petits jardins entretenus. Les maisons tournent le dos à la mer qui peut se déchaîner l' hiver et apporte le vent mauvais avec les tempêtes.
Et puis, c'est tout... Le soir, la rue principale et les petites rues avoisinantes s'animent, surtout en fin de semaine (jeudi, vendredi, samedi). Il y a des pubs sympathiques qui servent aussi à manger. Prix très raisonnables, et ambiance musicale de qualité.
2ème jour
On peut tenter de visiter l'arrière-pays en bus, mais c'est compliqué et très lent (compagnie Stagecoach au départ d'
Aberdeen) et le bus vous dépose souvent dans des endroits improbables et loin des attractions majeures que sont les châteaux.
Certains châteaux sont plus ou moins en ruine, donc non meublés ni aménagés tandis que d'autres sont dans un état parfait, pimpants et restaurés. Tous appartiennent au National Trust of Scotland. Beaucoup d' anciens propriétaires (aristocrates ou' lairds' en écossais) s' en sont séparés car ils coûtaient trop cher à entretenir. Les tickets d'entrée (château + jardins) sont assez chers, autour de 10-12 livres (moins pour étudiants) et il faut donc faire un choix. En tout, nous en avons retenu deux payants, les autres vus de plus ou moins près ou loin.
Il y fallait aussi du temps que nous n'avions pas vraiment.
Nous quittons
Aberdeen assez tôt par la Upper Deeside Road qui commence par les quartiers extérieurs chic de Cults et Beltside. Végétation luxuriante, fleurs à foison, magnifiques demeures et leurs jardins entretenus à l' anglaise, c'est dans ces deux quartiers proches de la ville que réside la classe aisée, celle qui s'est étoffée et a prospéré grâce à l' extraction du pétrole.
On continue vers Perculter et le premier château visité : Crathies Castle. Début des visites à 9 h 30 ou 10 heures (selon saison), ce qui est tard dans la matinée (On peut commencer par les jardins et un grand bol d'air). On se trouve sur la route royale (le château de la Reine Elisabeth II à Balmoral n' est pas loin).
Crathies appartenait à la famille Burnett qui l' a cédée au NTOS dans les années 50. Très beaux intérieurs, plafonds peints représentant de nobles personnages historiques (tels Hector de Troie ou Jules César ou Alexandre le Grand), poutres agrémentées de morceaux choisis de la Bible, représentation des neuf Muses avec leurs instruments de musique, meubles précieux et parchemins. Les jardins en cette journée d' été ensoleillée sont splendides comme peuvent l'être les jardins anglais avec tous les tons de vert, des fleurs à foison et l'organisation dans la désorganisation apparente.
Ce château vaut la visite et je vous le conseille.
On continue vers Kincardine O'Neil, village du 15ème siècle, le plus ancien de la vallée.
Puis c'est un autre village, Aboyne, bâti au milieu du 17ème siècle autour d'une place réservée aux
Highland Games (en juillet dans plusieurs lieux différents). Ensuite on parvient à Ballater, jolie petite bourgade qui a grandi sous l'ombre tutélaire bienveillante de la reine Victoria, premier acquéreur du château de Balmoral tout proche. Premier arrêt d'importance.
La route serpente ensuite vers Crathie et Balmoral Castle (qui se visite à moitié quand la Reine est absente) mais les salles visibles ne sont pas intéressantes. Cet arrêt hyper-touristique et donc prisé des touristes est à éviter, à mon avis). On continue donc jusqu'à Braemar, dont le château, impressionnant de l' extérieur, ne mérite pas vraiment la visite non plus.
Tous ces châteaux, à l'origine en pierre, ont - bizarrement - été cimentés et pas toujours de belle façon, ce qui leur enlève, à mon avis, de leur beauté un peu sauvage. Cela évite sans doute de devoir rejointer les pierres régulièrement. Mais est-ce la raison ???
On est au bout de la route, il faut revenir en arrière jusqu'à Crathie et s'embrancher sur la South Deeside Road, moins fréquentée mais jolie tout de même. Extension sur petite route sinueuse et scénique vers Aucholzie dans le Glen Muick (glen en anglais veut dire vallée ou vallon) pour finalement atteindre le Loch Muick et le minuscule village de Glas-Allt Shiel.
Retour vers la route principale qui longe la Dee River en direction de Birsemore et Marywell puis Bridge of Dye et Auchenblae. On est tout près de la route de côte que l'on rejoint juste avant Inverbervie comme prévu. Notre circuit de retour passe par le bord de mer avant de retourner à
Aberdeen.
Vous me direz, et les randonnées pédestres dans tout cela ? Où sont les plus belles ? A mon avis, du côté de Ballater ou de Braemar. Allez chercher des cartes de randonnée dans les bureaux de tourisme de ces deux agglomérations et vous ne serez pas déçus. Nous avons personnellement choisi Ballater pour un arrêt plus conséquent.
Ce paragraphe est donc particulièrement dédié aux randonneurs. J' ai privilégié Ballater par inclination personnelle. Quelques mots sur la rivière Dee, omniprésente, lors de cette balade.
Longue de 85 miles, elle prend sa source sur le flanc de Braeriach, la plus haute montagne des
Cairngorms et se jette dans la mer à
Aberdeen.. C'est une rivière à saumons appréciée des pêcheurs. Quand la période s'y prête, on peut voir les saumons sauter les obstacles tout au long de la remontée vers les zones de frai. C'est un spectacle unique; ces poissons sont de véritables athlètes et la nature exige d'eux des prodiges.
Je vous propose d'abord :
1 / La Craigendarroch Circular Walk, longue de 2 miles, qui démarre à Station Square et se poursuit à l'ombre d'une magnifique chênaie. Compter 2 heures environ. Assez facile mais rocailleux et en pente raide à certains endroits.
2 / La Deeside Way, longue de 5 miles AR, qui débute aussi à Station Square et suit une partie de la piste cyclable le long de l'ancienne voie de chemin de fer, à l' est de Ballater vers Cambus O' May. compter 2 heures environ. Facile. En pente douce. Très panoramique. La ligne de chemin de fer s'est arrêtée brusquement à Ballater car la Reine Victoria a dit non à une prolongation vers Braemar, ce qui aurait induit un passage bruyant du train aux abords de la résidence royale.
3 / Polhollick Bridge Walk, longue de 5 miles environ qui démarre à Station Square et se poursuit le long de la voie ferrée également. Compter 2 heures environ. Facile. Terrain plat.
4 / Pannanich Woods Circular Walk enfin, pour les petits marcheurs, longue de 1 mile et demie. Compter une heure. A partir de Station Square toujours.
Lors de ces balades, si l'on a de la chance, on pourra apercevoir des ' capercaillies ', d'énormes coqs de bruyère qui ont la particularité de nicher à même le sol. Ils sont désormais protégés et ne se chassent plus comme autrefois. De toute façon, leur chair a tendance à être filandreuse et a le goût des landes de bruyère dans lesquelles ils évoluent. J' ai goûté de ce coq de bruyère une seule fois dans un restaurant de
Inverness. Avec une farce ainsi qu'une sauce réduite au whisky de malt et à la double cream, ce n' est tout de même pas si mauvais que cela !
Maintenant pourquoi la côte après l'intérieur ? Eh bien pour (re)voir Stonehaven et surtout Dunnotar Castle isolé sur son promontoire mais qui se visite cependant si l'on a l' énergie et le temps de descendre une pente abrupte et de remonter de l' autre côté sur un versant aussi raide. En tout cas, la place était inexpugnable à l' époque des guerres claniques ou autres !
Le château est partiellement en ruine, l' endroit est vraiment magnifique, plus encore sous le soleil d'une fin de journée d'été.
Un endroit d'exception à admirer et photographier sous toutes coutures au milieu de son écrin marin sauvage, entre criques de galets et hautes falaises.
L' histoire du château est mouvementée et dramatique. Ainsi, William Wallace y brûla toute une garnison anglaise en 1297... Puis le château servit de prison pour des presbytériens, protestants dissidents et disciples de John Knox qui, pour la plupart, y moururent.
Pour ceux qui ont du temps et aiment la marche, on peut parcourir en aller-retour le sentier qui mène du château à Stonehaven. Compter 11 kms et 3 heures de balade les cheveux au vent.
Nous continuons vers Stonehaven et son joli petit port entouré de falaises et bordé de pittoresques maisons basses en grès rose. Si l'on est peu attiré par
Aberdeen comme base de découverte automobile de l'Aberdeenshire, on peut choisir Stonehaven, bourgade paisible et dotée de nombreux B&B et autres auberges et airbnb. Ou bien encore Braemar, village touristique sans doute mais où le choix de B&B est large. Assez cher, tourisme royal oblige !
Retour vers
Aberdeen par la 4 voies toute récente, et qui est en construction plus haut vers le nord pour au final rejoindre
Inverness.
Tout a changé pour moi qui espérais retrouver mes marques assez rapidement, je ne reconnais plus grand chose sauf les sites historiques ou patrimoniaux. En revanche, la Deeside Road a peu changé. On traverse des paysages variés des Lowlands aux
Highlands, de la plaine et plate campagne verdoyante aux monts pelés qui, lors de notre passage, tournaient au violet avec la floraison de la bruyère, de la petite route sinueuse sur le plat ou entre les collines basses, à la même, mais en descente soudaine et vertigineuse d'un flanc de montagne plus abrupt, et dans la brume tombée brutalement en quelques minutes.
L'
Ecosse dans sa splendeur si souvent originelle.
A suivre......