Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Lucbertrand · 17 août 2018 à 10:43 · 89 photos 29 messages · 8 participants · 7 017 affichages | | | 17 août 2018 à 10:43 · Modifié le 19 août 2018 à 12:07 Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 1 de 29 · Page 1 de 2 · 6 476 affichages · Partager Les grands projets se préparent, et souvent bien en avance. Plus le temps du départ approche, plus les doutes se font prégnants. Est-ce possible, est-ce que je ne tire pas trop sur la ficelle ? Mais d’expérience on sait que lorsque l’action est engagée, l’esprit se libère quelque peu, et les incertitudes reléguées au second plan, fournissent le piment de l’aventure.
Dans un premier temps, quelques semaines avant de se lancer dans une nouvelle virée lointaine, nous décidons d’un tour de chauffe avec André, l’un de mes deux camarades engagés dans ce beau projet, plein d’incertitudes, 3000 km et 3 sommets dont deux 6000 en autonomie à vélo à travers le désert d’Atacama entre Argentine et Chili, que nous prévoyons de débuter fin septembre.
Volcan Tuzgle
Volcan San Francisco
Volcan Socompa
Cette expérience préparatoire va consister en un tour dans les Alpes, entre France et Italie, sur une distance de 600 km et 13 000 m de dénivelé en 9 jours, mais en configuration « lourde ». C’est-à-dire avec pas mal de matériel pour tester et voir ce que l’on peut améliorer avant le départ pour un séjour de longue durée dans les déserts andins. Nous voulons aussi éprouver les sensations en étant très chargés sur des montées longues. Je dois dire que je n’ai jamais voyagé si lourdement lesté en Europe !
Itinéraire de ces 9 jours
Dans toute entreprise humaine, le plus important est incontestablement le facteur humain. « Il n’y a de richesse que d’hommes », cette fameuse formule de Jean Bodin, philosophe du XVIème siècle, s’accorde bien, je pense, avec le voyage engagé à vélo. De la cohésion d’un groupe on est en mesure d’espérer la réussite, alors que chacun des éléments seul pourrait être amené à renoncer.
Mais il est nécessaire que se crée une cohésion, une vraie dynamique d’équipe. Cette courte équipée a aussi pour vocation à favoriser cette symbiose. De l’importance de l’entente dans les aventures risquées, outre le fait que l’on n’y arriverait pas sans participation active de chacun, lorsque cette symbiose s’est effectivement réalisée, on rentre avec des amis pour la vie. Et là, à mon sens c’est le plus beau des cadeaux que le voyage apporte.
Autant le contact avec les populations locales, même dans les coins reculés, où il n’y a pas grand monde, reste superficiel pour une multitude de raisons, autant la relation avec vos compagnons dans l’adversité se renforce et crée de vrais liens forts et durables. Donc, après une première phase de connaissance statique de trois jours en mars, où nous avons préparé notre voyage, bien qu’ayant gravi quelques cols des Vosges sous la neige, nous nous lançons dans une seconde dynamique, où chacun pourra évaluer le fonctionnement de l’autre, sans attendre de se retrouver dans le milieu hostile du désert et des hautes altitudes des Andes.
Nous voilà donc sur le départ pour 9 jours dans cette pré-aventure. Nous itinéraire enchaîne une succession de belles côtes bien raides, avec quelques portions de pistes, où il faudra pousser les vélos sur des kilomètres, et même quelques passages dans les prairies d’altitude du Queyras.
Sans l’avoir fait exprès, la période coïncide avec un créneau de canicule, où les 35 voire 40 degrés seront atteints tous les jours. Cela tombe bien, car ces conditions sur la « ruta 40 » en Argentine et dans la partie chilienne de l’itinéraire nous les connaîtrons. Ce qui va me permettre d’apprendre d’André quelques astuces pour lutter contre ces conditions difficiles, afin de se protéger la tête de la surchauffe. Je me méfie de ces chaleurs terribles, car j’étais passé près du coup du chaleur dans une traversée torride il y a 5 ans. Et cela peut s’abattre sur vous presque sans préavis, en particulier lorsqu’il est impossible de trouver un peu d’ombre.
Premier jour : Orpierre jusqu’aux environs de Corps : 96 km 1759 m de dénivelé à travers le Dévoluy, col de Festre et col du NoyerDépart matinal de ce magnifique village d’Orpierre, dominé de son impressionnant Quiquillon, piton calcaire de 200 m de haut, haut-lieu de l’escalade, rendez-vous de toute l’Europe en dehors de la saison chaude.
Quiquillon d'Orpierre
A 6 heures du matin nous roulons. L’air est frais. Une légère humidité, résultant du rafraîchissement très relatif de la nuit, avive les senteurs des plantes de Provence, toujours très odoriférantes. Le trafic est quasi nul. Nous chercherons tout au long de notre parcours à éviter les routes passantes, cependant sans toujours y arriver. Certaines jonctions de fond de vallée ne seront pas très agréables. Mais en ce premier matin, nous nous débrouillons assez bien. Les 30 kilomètres, en direction du pied du col de Festre, nous conduisent par des routes détournées et désertes, qui évitent l’axe très passant de la vallée du Buëch, puis celui qui mène à Veynes.
La première difficulté, le col de Festre offre une montée d’une quinzaine de km et 800 m de dénivelé. Cette entrée dans le massif du Dévoluy est magnifique. Sur notre droite les majestueuses parois du pic de Bure et de la crête des Bergers prennent de l’ampleur au fur et à mesure de notre progression.
Chaque fois que je les contemple, je pense à deux très grands alpinistes qui ont fréquenté ces lieux, et y ont tracé des itinéraires de haut vol. Tout d’abord René Desmaison universellement connu pour les très nombreuses escalades extrêmes qu’il effectua, mais aussi Jean Couzy, grimpeur talentueux, parmi les meilleurs, en outre polytechnicien. Mais hélas, en 1958 il fut victime d‘une chute de pierre dans cette magnifique face étincelante de la crête des Bergers, ce qui mit fin à une carrière qui promettait encore beaucoup de beaux exploits intellectuels et sportifs.
Pic de Bure
Crête des Bergers
Avec un vélo lourdement chargé et un entraînement presque nul, ayant préféré aller à la pêche à la truite depuis le 15 mars, je me traîne, j’ai même des débuts de crampe, ce qui m’arrive très rarement, très mauvais signe dans un col somme toute pas très difficile. Mon compagnon, par contre, caracole tranquillement devant. J’espère seulement qu’il ne va pas trop s’ennuyer à m’attendre dans ces débuts laborieux. Je sais par expérience que la forme vient assez rapidement au fil du temps, mais 9 jours c’est court, trop court. On verra bien, pour le moment, simplement chercher à appuyer au maximum sur les pédales en évitant l’explosion.
mon vélo pour pays "civilisés"
Enfin, le col est atteint. Nous y faisons une halte dans le restaurant qui matérialise le lieu. Une entrecôte grillée requinque son homme. Bien qu’ayant demandé une cuisson « bleue », elle m’est servie pour le moins bien cuite. Mais ne faisons pas le difficile.
Dévoluy, massif calcaire
Nous reprenons notre chevauchée en direction de Super-Dévoluy et du col du Noyer. Pour y parvenir, il faut au préalable franchir le col de Roupes à 1430 m d’altitude. Une fois au sommet, une descente assez courte mène au pied du col du Noyer.
Col de Rioupes
Dans un village nous faisons le plein de nos bidons. Deux jeunes grimpeurs belges en font de même. Nous engageons la conversation et parlons des escalades marquantes des environs, et puis aussi du Verdon et de ses « lignes » mythiques, ULA, la Demande, les Ecureuils... Aïe cela me rappelle des souvenirs qui remontent maintenant à 40 ans, voire un peu plus ! Nous avons une vue de toute beauté sur les montagnes de cet impressionnant massif calcaire du Dévoluy, en particulier sur le pilier Desmaison au pic de Bure, qui de profil s’impose à nous sur 600 m de hauteur, deux tours Eiffel empilées !
Pilier Desmaison Pic de Bure
Un signe du passé
L’effet fatigue commence à se faire sentir sérieusement en cette première journée, au cours de la montée du col du Noyer. Il culmine à 1664 m.
Nous y sommes
Une descente vertigineuse nous conduit dans la vallée du Drac, rivière impétueuse qui charrie en permanence ou presque des eaux boueuses.
Le Drac
Nous allons bivouaquer à l’orée d’un champ. Le paysan propriétaire du terrain, nous ayant gentiment donné l’autorisation de nous installer. Il va même rester un bon moment à discuter avec nous. Une pluie d’orage généreuse aura la politesse d’attendre, avant de s’abattre, que nos tentes soient montées et que notre riz ait eu le temps de cuire et d’être mangé. Elle sera assez violente, présage d’un lendemain sans nuages.
Premier bivouac | | À: Lucbertrand · 17 août 2018 à 11:41 · Modifié le 19 août 2018 à 9:41 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 2 de 29 · Page 1 de 2 · 6 464 affichages · Partager Deuxième jour : environs de Corps à Bourg-d’Oisans 65 km 1400 m de dénivelé col de Parquetout et col d’OrnonComme prévu, le temps promet une journée magnifique. Suite à la pluie de la nuit passée, les jeux de lumière avivés entre soleil levant, montagnes et brumes sont du meilleur effet, donnant des perspectives étonnantes aux sommets, qui s’enflamment bien au-dessus du brouillard, distillant une illusion d’Himalaya.
au sortir de la tente en levant les yeux
Quelques kilomètres sur la N83, calme à 6h30, nous conduisent à Corps.
calme à 6h30 mais vite la quitter, ça ne va pas durer
Là après quelques achats de nourriture, nous prenons le temps de discuter avec un jeune couple de Polonais, originaire de Cracovie. Ils sont lancés dans un périple en stop depuis la Pologne jusqu’au Portugal. Ils sont pleinement satisfaits, étant assez facilement pris lorsqu’ils lèvent le pouce.
Juste à la sortie de Corps, une route confidentielle, la D 212 mène en direction du village de Sainte-Luce et ensuite au col de Parquetout à 1382 m. Ce dernier donne accès au Valbonnais et aux premières belles vallées de l’Oisans. Son versant nord offre une descente très raide par endroits, au milieu d’une forêt qui prodigue fraîcheur et humidité.
dur dur
on m'a dit 17%
L'Obiou, point culminant du Dévoluy, pas loin de 2900 m
Une épingle vertigineuse
Après une halte dans le village d’Entraigues, le temps de manger quelques bons gâteaux, nous attaquons le col d’Ornon. Une petite parenthèse sur la circulation automobile et le respect de la réglementation en matière de distance de sécurité lors du dépassement des vélos en France. Une proportion non négligeable d’automobilistes se fiche et contrefiche de la réglementation, qui stipule que lors du dépassement d’un vélo, il faut laisser une distance de 1,5 m. Bien souvent, si un véhicule vient en face, la voiture qui double le vélo force le passage sans même ralentir, et l’espacement se réduit à 50 cm, voire moins.
Sans parler du fait que nombre de véhicules doublent en virage sans visibilité, d’où risque de collision frontale avec une voiture ou une moto venant en face. Ce qui a failli se produire à l’entrée d’Entraigues, la voiture venant en face ayant pilé et s’étant arrêtée le temps que l’imprudent nous doublant avec inconscience puisse se rabattre juste avant le choc frontal ! Quand je compare notre pratique de la conduite automobile avec ce que j’ai connu dans des pays comme l’ Espagne, il y a encore du pain sur la planche pour tendre vers une attitude plus respectueuse des autres usagers de la route.
A mon sens, avant de mettre une restriction supplémentaire à 80km/h, d’ailleurs pas encore vraiment rentrée dans les mœurs après un mois de mise en vigueur, il serait judicieux de faire respecter une multitude d’autres règles existantes et imposées par le code de la route. En effet, des bolides lancés à vive allure, à quatre ou deux roues on en voit encore pas mal. Mais les motos, même à très grande vitesse sont rarement dangereuses pour les vélos. Mais peut-être suis-je trop indulgent avec elles, en tant qu’ancien motard, qui a commis beaucoup de très grands excès de vitesse dans une jeunesse lointaine ? Même si cela remonte à longtemps, j’en conviens ce n’est pas une excuse !
Donc, nous montons le col d’Ornon sans difficulté particulière sur 700 m de dénivelé, et sans circulation. En effet, il est midi et c’est l’heure du repas, donc plus grand monde sur la route. Le sommet à 1371 m est atteint vers les 13h30. Au col, un petit restaurant tombe à point nommé. Halte obligatoire, une fois encore entrecôte grillée. Cette fois la cuisson « bleue » est respectée et nous nous régalons.
On y est
Une descente agréable, elles le sont généralement toutes, nous conduit dans l’une des « Mecque » des sports de montagne en Oisans, Bourg-d’Oisans. Petite ville située au pied du mythique col du Lautaret et juste quelques kilomètres avant l’accès à la vallée de la Bérarde, coin du massif où s’est écrite une partie significative de l’histoire de l’alpinisme à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, en particulier par des guides comme le père Gaspard qui effectua la première ascension retentissante de la Meije en 1877.
fin de descente du col d'Ornon
Dans cette descente du col d’Ornon, j’ai perdu mon compteur. Comme je suis un accroc des chiffres, j’en ressens une vraie frustration. Par chance pourrais-je dire, je l’ai perdu au bon endroit. En effet, à Bourg-d’Oisans en période touristique les cyclistes sont légion, les grimpettes célèbres comme le Lautaret, le Galibier, Ornon, l’Alpe d’Huez, le Glandon ou la Croix de Fer les attirant de toute l’Europe, voire de plus loin.
Donc les magasins de vélos bien achalandés en compteurs de tous types ne manquent pas. Rapidement j’en trouve un plus sophistiqué que celui que je viens de perdre. Il me donne tout un tas de données, en particulier il affiche le pourcentage de la montée, gadget sans doute inutile, mais amusant ! Parfois je me trouve ridicule d’être tant accroc à ces données éphémères qui ne sont pas l’essence du voyage à vélo. Probablement, faut-il y chercher un soutien psychologique lorsque je reste collé à 5 km/h et que je peux constater que la côte est à 10% ?
Ce qui est étonnant avec ces compteurs de plus en plus sophistiqués, c’est la complexité, apparente ou non, pour les mettre en ordre de marche. Il y a bien un petit dépliant explicatif, écrit minuscule, il faut bien trouver la place pour une vingtaine de langues ! Donc première opération, trouver la version française ou à défaut anglaise. Malgré cette première approche explicative, qui dévoile en gros les secrets et subtilités des réglages multiples, il est nécessaire de faire preuve d’un peu d’intuition afin de saisir la symbolique des schémas.
N’ayant pas réussi à tout comprendre, je suis retourné chez le vendeur. Gentiment un mécano m’a expliqué et a d’ailleurs fait lui-même les manipulations, en mettant cependant un certain temps. Le patron du magasin qui partait faire un tour à vélo, passant par l’atelier m’a fait cette remarque : « moi ces engins je les règle à coups de pied, je n’ai pas la patience de mettre une demi-heure à les régler. Je me demande si je vais continuer à en vendre. » Cela m’a un peu réconforté, tout était dit, je ne suis donc pas le seul à être un peu, même parfois beaucoup, largué par tous ces engins dernier cri !
Nous passons la nuit dans un camping au pied de la fameuse montée de l’Alpe d’Huez. Le prix est loin d’être doux, 17,34 euros chacun, après avoir eu droit à un rabais, que nous n’avions d’ailleurs pas demandé ! | | À: Lucbertrand · 17 août 2018 à 17:08 · Modifié le 19 août 2018 à 9:44 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 3 de 29 · Page 1 de 2 · 6 442 affichages · Partager Troisième Jour : Bourg-d’Oisans à Sainte-Marie de Cuines 68 km 1665 m de dénivelé, cols du Glandon et de la Croix de Fer
En ce troisième jour, nous allons effectuer la montée de deux cols que je ne connaissais pas, ni à vélo, ni à moto ou en voiture. En perspective des grosses chaleurs annoncées, d’ailleurs comme celles des jours précédents, nous démarrons à 6h30. Mais pour être prêt à temps, il nous faut à peu près une heure et demie, certes sans trop nous presser, mais sans traîner non plus. Tout replier, puis prendre le temps d’un petit déjeuner consistant afin de ne pas succomber à un coup de fringale une heure après le départ. Donc, cela nécessite de se réveiller à 5 heures, et en cette fin juillet il fait encore nuit à ce moment. Il nous faut alors débuter notre rangement à la frontale.
En moins d’une dizaine de kilomètres nous sommes au pied des difficultés. Tout commence assez tranquillement. Dans le premier village nous achetons quelques bons gâteaux bien consistants et caloriques pour la pause de 10 heures.
Le premier petit « coup de cul »se présente au barrage du Verney, avec une portion de route en lacets tracée au beau milieu du barrage. Puis après cet ouvrage hydraulique, les difficultés vont s’enchaîner jusqu’au suivant, le barrage de Grand Maison. 13 kilomètres le long desquels les sections aux pourcentages importants parfois supérieurs à 8% sont nombreuses. La route nous gratifie même d’une redescente intermédiaire, donc de l’altitude à reconquérir pour atteindre le célèbre col du Glandon.
Au niveau du deuxième barrage
Mais, heureusement avec l’heure matinale, l’ombre dispensée par la forêt est très bénéfique à l’économie des forces. Les cyclistes équipés de vélo de course sont nombreux. Bien évidemment, ils nous dépassent systématiquement. Et parfois, même souvent, cloué à 5 km/h dans une pente raide, cela me donne un petit coup au moral de me faire doubler par des vélos qui vont deux fois plus vite.
Après le deuxième barrage, nous arrivons en zone d’altitude et la forêt cède la place aux prairies. La perspective s’élargit, les sommets environnants se font plus présents. Le but se rapproche très nettement.
le deuxième lac
au centre le col du Glandon
Le col n'est plus loin
Enfin, nous atteignons le col du Glandon perché à 1924 m. Nous y côtoyons beaucoup de monde, cyclistes, motards, automobilistes et randonneurs. Deux autres voyageurs à vélos, des Italiens sont engagés dans un tour de 8 jours en bike packing. Si je n’avais pas décidé de tester mon matériel pour le mois de septembre, je serais bien parti avec mon vélo carbone et mon matériel similaire à celui des Italiens.
Tout ce monde rien de plus normal, nous sommes au cœur de l’été et le temps est au beau fixe. Les risques d’orage sont minimes. Nous faisons une longue pause, assis dans l’herbe, contemplant les chemins qui partent à l’assaut des montagnes, et nous prenons le temps d’un casse-croûte consistant.
On ne coupe pas au rite
Il ne nous reste plus que 2,5 km et un peu plus d’une centaine de mètres de dénivelé pour atteindre le col de la Croix de Fer à 2067 m. Là, la densité touristique est bien supérieure qu’au col du Glandon. De grands parkings sont organisés pour parquer les voitures.
Généralement les grandes traversées précédentes à travers les Alpes je les ai effectuées en juin ou septembre, le tourisme y est nettement moins important et les températures plus clémentes. Nous pédalons depuis notre départ avec des chaleurs entre 30 et 40 degrés l’après-midi. J’ai par moments l’impression de me trouver quelque part dans les forêts laotiennes ou dans les plaines d’ Argentine sur la « ruta 40 ».
Au col, il nous faut presque faire la queue pour prendre la traditionnelle et rituelle photo du vélo devant le panneau indiquant le lieu et son altitude. Sur le ciel se dressent les aiguilles d’Arves, très caractéristiques de par leurs pyramides parfaites qui culminent à plus de 3500 m.
encore le rite
foule à la Croix de Fer
Les aiguilles d'Arves jouent avec les nuages
Une immense descente de 22 km nous mène dans la vallée de la Maurienne. Nous nous arrêtons dans le premier village en fond de vallée, Sainte-Marie de Cuines. Nous en avons assez pour aujourd’hui. Il faut dire que nos sacoches sont conséquentes, que la montée a été longue et raide et pour couronner le tout, la chaleur particulière forte.
Nous nous installons dans le camping de la ville, pour le prix de 10 euros par personne. Le Tour de France arrive presque à son terme. Au bar du camping nous assistons à la télévision à l’arrivée d’étape par un peloton groupé. Les derniers kilomètres sont parcourus à 60 km/h, et les coureurs se préparent à accélérer pour le sprint final en ajoutant encore quelques km/h à leur vitesse déjà stupéfiante sur plat !
Juste à la sortie du camping se trouve une pizzeria. Cela me donne encore une fois l’occasion de faire des comparaisons sur les diverses entrecôtes grillées déjà consommées. Alors là chapeau ! Viande excellent et goûteuse, cuisson « bleue » parfaite, tout en ayant une viande grillée en surface, et une belle épaisseur. 20/20 sans contestation possible. Je sais que je vais peut-être contrarier les végétariens et autres végans. | | À: Lucbertrand · 17 août 2018 à 20:42 · Modifié le 19 août 2018 à 9:49 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 4 de 29 · Page 1 de 2 · 6 423 affichages · Partager Quatrième Jour : Sainte-Marie de Cuines au lac du Mont Cenis 68 km et 1677 m de déniveléNous commençons la journée par la remontée de la vallée de la Maurienne sur plus de 50 km en suivant l’axe principal. Ce n’est pas toujours agréable, cependant généralement la route est bordée de belles bandes cyclables, ce qui est un vrai plus sur ces grands itinéraires. Le trafic sans être important tôt le matin, est cependant significatif par intermittence. Et ça fonce pas mal, heureusement sur notre bande cyclable nous nous sentons un peu à l’abri. Les 80km/h, beaucoup ne les respectent pas. Je me suis laissé dire que les flashes des radars ont été en nette hausse en ce mois de juillet.
Nous passons au pied des impressionnants forts de l’Esseillon, barrière constituée de 5 forts, dont la redoute Marie-Thérèse. L’histoire de ces forts a de quoi nous étonner. Ils furent construits à une époque où la région appartenait au royaume de Piémont- Sardaigne. Leur édification date du début du XIX siècle, afin de se protéger d’une éventuelle invasion de la France, car la route d’accès au Piémont par le col du Mont Cenis avait été nettement améliorée. Mais ces infrastructures militaires tenant un verrou sur l’Arc en amont de Modane ne virent jamais le moindre combat.
Redoute Marie-Thérèse
Dans le village de Termignon, nous faisons notre petite halte rituelle pour acheter quelques portions de tartes à la myrtille ou à la framboise. Je signale que dans les Vosges où j’habite, on ne parle pas de myrtilles mais de brimbelles, et leur ramassage est un vrai culte, mais la rifle n’est pas toujours autorisée. Nous en profitons aussi pour remplir notre bidon à la fontaine publique sur la place centrale.
Ce qui est pratique en France, il n’est pas besoin de se charger en eau. Il est bien rare de faire plus de 30 km sans rencontrer une fontaine dans un village ou une source en bordure de route. Et dans les Alpes ces dernières sont nombreuses et prodiguent une eau claire et fraîche, généralement de bonne qualité, bien que parfois elles subissent des pollutions en particulier à cause du bétail. Dans ce court voyage il m’arrivera à deux reprises de prendre de l’eau à même un ruisseau au milieu de la végétation. Par mesure de sécurité j’y ajouterai une pastille d’hydroclonazone. Ces dernières se trouvent un peu partout conditionnées en petit tube par cent, à un prix modique.
Là aussi les prix fluctuent, une fois 4 euros (je crois me souvenir) et une fois 11
Nos vélos attirent l’attention d’un jeune homme, nous engageons la conversation. Il rentre d’une traversée de 3 semaines au Tadjikistan. Il nous décrit avec enthousiasme et les yeux brillants les beautés des montagnes tout au long de cette route d’altitude. Il y était en VTT, mode bike packing, avec un système de fixation ingénieux de bidons d’eau le long des 4 branches de fourches, arrière et avant. Nous apprendrons peu de temps après le drame qui s’y est déroulé, l’attaque revendiquée par l’EI de 7 vélo-voyageurs, dont 4 périrent.
Nous atteignons le village de Lanslebourg-Mont-Cenis, situé déjà à plus de 1300 m d’altitude. Cela va nous rendre l’ascension du col assez facile. En effet, il ne nous reste plus que 800 m de dénivelé à franchir. Cette montée sera ponctuée de vrombissements de motos, qui parfois lâchent vraiment les chevaux.
En particulier, nous serons dépassés par deux, dont je n’ai pas eu le temps de noter la marque, car elles sont passées sans doute à 200 km/h, voire plus. Les pilotes, manifestement très expérimentés, maîtrisaient leur machine à la perfection, et ils ralentissaient à peine dans les courbes relativement marquées. Bien que cela soit totalement déraisonnable, je ne peux m’empêcher d’éprouver un réel plaisir à voir ces bolides rugissants, surtout quand les pilotes sont très bons !
Le col du Mont Cenis
Au col, qui affiche une altitude de 2083 m, nous nous arrêtons dans l’auberge qui s’y trouve. Et là, tout en dégustant un coca bien frais, nous buvons les paroles de la propriétaire des lieux, douée d’un vrai don de conteuse. Elle nous égrène les nombreux événements qui se sont déroulés ici au cours des siècles, voire des millénaires.
Il est question d’hommes préhistoriques, d’Hannibal qui perdit 36 de ses 40 éléphants, de Charlemagne qui apprit en passant des cols d’où le mot école, d’un roi de Bavière et de l’origine du nom de l’Edelweiss, de Napoléon et aussi du Tour de France. Que d’histoires étonnantes, parfois vraiment marrantes, qu’elles soient vraies ou fausses, cela n’a pas d’importance ! Nous avons passé un superbe moment à rêver en compagnie de cette dame en habit traditionnel, à l’écouter convoquer les esprits du lieu, et sa verve explicite nous a permis de les visualiser traversant le col au fil des siècles et des saisons.
Hannibal, Napoléon et le Tour de France
Nous quittons notre conteuse après avoir demandé à sa fille de nous remplir ma poche à eau MSR en vue du bivouac au-dessus du lac. Nous laissons la route principale pour rejoindre le bord ouest puis sud du lac en suivant un itinéraire rapidement dénué de goudron.
lac du Mont Cenis
Sur un promontoire une centaine de mètres au-dessus du lac nous nous installons. Pas toujours évident de trouver un endroit plat en montagne.
en face Pointe de Ronce 3600 m
Nous nous apprêtons à passer une nuit magnifique entourés de montagnes culminant à plus de 3600 m à la pointe de Ronce. Hélas, nous ne verrons pas la plus longue éclipse de lune du XXIème siècle, car cette dernière à ce moment restera cachée derrière les pics qui nous dominent.
Cinquième Jour : col du Mont Cenis à Pregelato 59 km 1659 m de dénivelé colle delle FinestreNous commençons par une somptueuse descente, depuis le lac du Mont Cenis jusqu’à la ville de Suze, de l’ordre de 1500 m sur un goudron magnifique, quasiment seuls aucune circulation tôt le matin, des routes de rêve comme les Italiens savent en faire.
Village abandonné sous le barrage
Après quelques achats et avoir assisté à un départ massif de trailers nous nous dirigeons vers le pied du colle delle Finestre, culminant à 2176 m, gros morceau de plus de 1600 m de dénivelé. Il marquera le passage le plus exigeant de notre parcours.
Petite route confidentielle, où nous avons bon espoir de nous retrouver seuls. Mais, logiquement, si son parcours étonnant sur la carte nous a vraiment intrigués, d’autres aussi regardent les cartes et leurs curiosités. Donc légion seront les vélos sur ce parcours, les motos relativement présentes, et heureusement les voitures assez rares.
Cette montée présente des passages de très forte déclivité et dès le départ, au-delà des 10%. Je vais prendre un coup de fatigue après 400 m, et je me demande bien comment je vais surmonter les 1200 m supérieurs. Cependant, comme toujours le corps s’adapte et la fatigue sera dominée, même si la vitesse restera lente. La vitesse moyenne de la journée se situera en dessous des 10km/h ! Le tiers supérieur n’est pas goudronné et nous effectuerons les 3 ou 4 derniers km en poussant nos vélos, bel exercice de patience et d’obstination. Quand je pense que le Tour d’ Italie est passé par ce col !
vue du sommet du colle delle Finestre
Colle delle Finestre
Au sommet, nous avons la bonne surprise de découvrir une route excellente descendant sur la vallée de la station de Sestriere. Nous nous arrêtons au camping de Pragelato, le prix est de 5,5 euros par personne, trois fois moins qu’à Bourg-d’Oisans ! Une pluie d’orage peu fournie mais relativement longue est la bienvenue en fin de soirée, elle participe à atténuer la canicule ambiante. | | À: Lucbertrand · 18 août 2018 à 10:41 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 5 de 29 · Page 1 de 2 · 6 397 affichages · Partager deux camarades engagés dans ce beau projet, plein d’incertitudes, 3000 km et 3 sommets dont deux 6000 en autonomie à vélo à travers le désert d’Atacama entre Argentine et Chili,
Bonjour Luc
Je constate que l'Atacama t'attire de nouveau! Une question me vient à l'esprit au sujet des sommets à 6000m rassure moi ce sera bien à pied et non à vélo que vous comptez les gravir?! J'aurais bien aimé être de la partie mais ça fait un bail que je ne suis pas monté sur un vélo! | | À: Djalma · 18 août 2018 à 11:53 · Modifié le 19 août 2018 à 12:13 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 6 de 29 · Page 1 de 2 · 6 392 affichages · Partager Bonjour Jean-Michel, effectivement les sommets on les fera à pied. Le Tuzgle on quittera la ruta 40 vers les 4400 et on ira à vélo jusque vers 5000 où on compte bivouaquer, puis les 550 derniers mètres à pied. On risque fort de les pousser un peu, mais dans ces balades on s'inscrit dans un autre temps, le cerveau a déconnecté des horloges qui tournent inexorablement.
Pour le Paso San Francisco la route passe à 4800, sans doute on poussera nos vélos sur un ou deux km et une centaine de mètres de dénivelé pour ne pas les laisser trop en vue, même si peu de monde passe.
Le dernier le Socompa sera le gros morceau, la route passe à 3800 et le sommet est à 6060. On va demander aux douaniers argentins de laisser nos vélos dans leurs locaux, si on peut. On va tout faire pour y arriver sur ces sommets, mais ce n'est jamais sûr dans ces coins où la tempête de vent est une constante, la grosse chaleur la journée et le grand froid la nuit. Un de nos principaux soucis sera le ravitaillement en eau, même si sur nos vélos on pense avoir jusqu'à 15 litres.
C'est justement parce qu'on n'est pas sûr d'y arriver que ça donne envie. Le vélo je n'en fais pas tellement non plus. Mais tu sais bien que le corps s'adapte incroyablement quand on l'écoute, et on va rentrer doucement dans la danse. Si les premiers jours le corps dit stop à midi voire avant et bien on l'écoute. Et généralement il est très reconnaissant et au bout de dix jours il est toujours d'accord et ne dit plus rien quand on le "martyrise" du lever du jour jusqu'à la tombée de la nuit. D'ailleurs je me demande si dans la partie chilienne en basse altitude on ne va pas devoir rouler de nuit pour éviter les très fortes chaleurs que l'on ne va pas manquer d'avoir en dessous de 2000 m d'altitude.
JE SUIS PRENEUR DE TOUS LES CONSEILS. Bonne journée Luc | | À: Lucbertrand · 18 août 2018 à 12:21 · Modifié le 19 août 2018 à 9:53 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 7 de 29 · Page 1 de 2 · 6 390 affichages · Partager Sixième Jour : Pragelato à Cervières 41 km 1173 m de dénivelé par le col de Bousson
Encore une journée magnifique qui s’annonce. Nous avons vraiment de la chance, les prévisions météorologiques n’étaient pas aussi optimistes, pratiquement toute la semaine était sous risques d’orages. Certes, il y en a bien eu quelques petits en soirée, mais peu violents et de courte durée, juste de quoi rafraîchir un peu l’air en cette période de canicule. La fatigue commence à se faire sentir. Ce matin nous attaquons par 500 m de dénivelé en direction de la station de ski de Sestriere. Il y règne une atmosphère calme et avenante. Pris sous le charme, nous y passons plus d’une heure entre achats de provisions et contemplation assis à une terrasse de café sur la place centrale.
Les choses sérieuses de la journée vont commencer. Nous avons décidé de rejoindre la France par le col de Bousson, qui se gravit par une piste du côté italien, et du côté français nous descendrons par un chemin de randonnée et parfois directement à travers les prairies d’altitude du Queyras.
Cette fois encore, je m’attendais à un chemin confidentiel loin des foules, mais je me suis encore trompé. Tout d’abord nous sommes au cœur des vacances d’été et de plus dimanche. Avec ce beau temps, bien évidemment la montagne est particulièrement attirante. Donc notre piste va s’avérer être un axe particulièrement emprunté, randonneurs, cyclistes en VTT, quelques motos, beaucoup de voitures et bouquet final, une armada de quads va dans un nuage de poussière dense nous doubler au moment de notre pause casse-croûte.
On pousse durant plusieurs km
des spectatrices
séance de séchage pendant la pause casse-croûte
La carte, au 1/ 250 000, que nous avons n‘est pas très précise et ce n’est pas toujours évident de trouver le bon chemin en direction de notre col. La pente est raide, la piste assez cabossée, donc nous nous lançons dans une longue séance de poussage. Un passage nécessitera de se mettre à deux, l’un accroché au guidon, l’autre au porte-bagages pour faire progresser nos « gros mulets ».
J’ai remarqué que confronté à des déclivités importantes sur mauvais goudron ou en absence de revêtement, en restant sur le vélo et en forçant comme une brute à s’épuiser rapidement, on avance moins rapidement qu’en poussant « tranquillement » son vélo. Donc en application de cette constatation nous prenons régulièrement de l’altitude dans une touffeur très intense sans fatigue excessive. Nos réserves d’eau sont englouties bien avant la mi-montée. Qu’à cela ne tienne, une pastille dans l’eau du ruisseau fera l’affaire. Le plus difficile sera d’attendre une heure que l’effet purificateur soit effectif. Nous n’aurons pas cette patience !
Nous atteignons le refuge Mautino une centaine de mètres de dénivellation sous le col. La pente s’est très nettement redressée, nous sommes à la limite de pousser les vélos à deux. Une petite halte, un coca frais, et paradoxe le prix en est inférieur à celui pratiqué dans la vallée, 2,5 au lieu de 3 euros. Encore un petit effort et nous voilà à notre col Bousson à 2169 m.
Refuge Mautino
Une famille italienne arrivant du côté français s’y arrête. Nous entamons une discussion sympathique émaillée d’éclats de rire du fait des différents sujets abordés. Le summum sera atteint quand je leur avouerai que nous avions quelques réticences sur l’accueil italien, après que notre président de la République ait vertement critiqué le chef du gouvernement italien. Mais tout s’est bien terminé par des : viva Italia et viva France !
Col de Bousson
Devant nous l’immensité du Queyras s’impose, région que je connais très bien, pour y avoir pratiqué la randonnée, le ski à peaux de phoque, l’escalade et un certain nombre de traversées à vélo. C’est l’un des coins dont je suis tombé inconditionnellement amoureux. On peut partir s’y cacher dans des recoins ignorés, de toute beauté. Et puis c’est aussi ces souvenirs de pentes raides à ski sur des neige de rêve, avec un dernier virage dans les fleurs, qui prennent rapidement la place de la neige qui se retire en mars ou avril.
Après cette montée du côté italien dans la foule, nous nous retrouvons seuls, quel contraste. Une piste assez large sur quelques centaines de mètres nous conduit sur un petit éperon, et alors elle semble retourner en Italie en plongeant dans un raidillon. Du côté français pas la moindre trace. Une tourbière nous barre le passage, mais nous allons la traverser en prenant appui sur des zones pas trop spongieuses. Ouf ! tout s’est à peu près bien passé.
à l'attaque de la tourbière
Où est le chemin?
Une sente à peine marquée nous permet d’amorcer la descente. Elle se transforme en chemin creux très étroit. Cela pose un problème, car les sacoches avant ont tendance à frotter sur l’herbe de part et d’autre. Donc encore une fois, c’est par moments en poussant nos vélos que nous continuons notre descente. Mais assez vite les choses vont s’arranger et c’est dans un cadre magnifique que nous allons rejoindre la petite ville de Cervières sur la route du col de l‘Izoard. Cette journée aura été atypique à vélo, mais quel plaisir, et peut-être aussi un peu de souffrance, elle nous aura procuré.
Le Queyras
ses montagnes
Juste à l’embranchement du col de l’Izoard, un restaurant, un cyclo au long cours y déguste une grosse assiette de charcuterie locale agrémentée de fromages des montagnes environnantes. Il nous tente, nous faisons comme lui. Il a l’air vraiment taciturne. On sent très bien qu’il n’a absolument pas envie que nous lui adressions la parole. Il est dans sa bulle et compte bien y rester. Au moment de partir, il nous adresse un salut calibré au minimum, et attaque la montée de l’Izoard à 19 heures. Sans doute va-t-il trouver un coin pour installer sa tente un peu plus haut du côté du lieu-dit le Laus.
On sent la Provence
Au fait, et nous, où allons-nous dormir ? Je ne me vois pas me lancer dans l’Izoard ce soir, André non plus d’ailleurs. La serveuse gentiment, nous propose de nous mettre dans le terrain sur le côté du restaurant. Nous ne nous le faisons pas répéter.
Bivouac à Cervières | | À: Lucbertrand · 18 août 2018 à 14:25 · Modifié le 19 août 2018 à 10:20 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 8 de 29 · Page 1 de 2 · 6 381 affichages · Partager Septième Jour : Cervières Guillestre 42 km 789 m de dénivelé col de l’Izoard
Pour ma part, nuit pas très bonne, dans les herbes de notre terrain vague, je n’ai pas fait attention à la pente et ma tente penchait vers le bas et sur le côté, j’ai eu la flemme de la déplacer ce qui m’a valu une nuit que je qualifierai presque d’infernale !
Magnifique montée matinale vers ce col mythique du tour de France. J‘avais lu, qu’au cours de l’un des tout premiers Tours de France, alors que la route était encore de terre, et que ces coins apparaissaient comme terriblement sauvages, peuplés de loups et autres bêtes prêtes à se jeter sur les pauvres cyclistes isolés, au moment d’attaquer la montée l’un des coureurs ayant distancé et de loin tous ses concurrents, s’est subitement souvenu de ce qu’on lui avait raconté d’horrible sur ce recoin de montagne. Son courage l’abandonnant, il avait sagement attendu d’être rejoint par le peloton pour ne pas monter seul ! Est-ce vrai ou non ? Quelle importance ?
De nos jours, une belle route goudronnée serpente à travers la forêt, et en ce matin à 6h30 la ronde infernale des engins à moteur n’a pas encore commencé, et dans un air pas encore surchauffé, cette ascension est très plaisante. Nous dépassons le refuge Napoléon, qui marque le dernier kilomètre, et par une succession de lacets en espace dégagé nous débouchons au col à 2360 m.
Refuge Napoléon à 1 km du col
monument en l'honneur des constructeurs de la route
Au sommet, un monument a été érigé en reconnaissance au général Berge, qui coordonna les travaux de routes stratégiques entre France et Italie. Ces routes ont par la suite été exploitées touristiquement avec l’ouverture de la RGA (route des grandes Alpes) inaugurée en 1911. La descente sur Guillestre est des plus étonnantes. Tout d’abord un passage extraordinaire, la Casse Déserte, zone géologique particulière, de grands pierriers constellés d’aiguilles ruiniformes donnent un cachet étonnant au lieu. Sur quelques kilomètres on pourrait s’imaginer dans un désert lointain en Asie ou en Amérique du Sud.
La Casse déserte
Nous nous arrêtons à la plaque commémorative de deux grands coureurs qui ont participé à quelques-uns des 35 Tours de France qui sont passés par l’Izoard, Louison Bobet et Fausto Coppi.
Au détour d’un virage nous avons une belle vue sur Château Queyras. Encore un lieu étonnant, place fortifiée occupée depuis un millénaire. Vers 1700, Vauban va remanier le site pour en faire une véritable place forte, époque où l’on convoitait facilement les territoires voisins.
Brunissard, Arvieux
Château Queyras
Puis nous descendons la vallée du Guil, haut lieu des sports d’eau, en particulier le kayak. Nous arrivons vers midi à Guillestre sous une chaleur écrasante. Le compteur de mon vélo à l’ombre monte jusqu’à 43°. Nous traversons le marché au centre de la vieille ville. A ces régions de Haute Provence avec toutes leurs senteurs représentent le paradis sur terre. La France, à mon sens, reste le plus magnifique endroit du monde pour se balader. On va toujours de belles surprises en belles surprises, même quand on connaît bien la région traversée.
Différents aspects du Guil (3 photos)
A côté du marché, un restaurant, encore une occasion de faire une étude comparative de l’entrecôte grillée, pas mal, mais 17/20 et pas 20/20 comme dans la vallée de la Maurienne ! Nous nous installons au camping municipal et ne bougeons pas de l’après-midi, nous sommes écrasés de chaleur.
Huitième Jour : Guillestre à Selonnet 69 km et 1416 m de déniveléEncore une journée bénie des dieux nous semble promise. Nous sommes très nettement sur l’itinéraire de retour sur Orpierre. Comment éviter les axes très encombrés des vacances aux environs du lac de Serre-Ponçon ? Notre choix sera le bon. Dans un premier temps jusqu’après Embrun nous suivons la D994, jolie petite route qui serpente en hauteur, au trafic quasi nul, qui permet de magnifiques points de vue sur la vallée et les montagnes environnantes, certes agrémentée de quelques petites côtes, mais ce n’est que du bonheur aux heures matinales. D’ailleurs nous y croisons des vélos, ce qui prouve tout l’intérêt de l’itinéraire. Quelques kilomètres sur la grande route N94 nous conduisent à Savines-le-Lac. De là, nous allons nous échapper par la D954, en poursuivant notre route sur la rive sud du lac, et non le traverser par le long pont de Savines.
partie sud du lac de Serre-Ponçon
Partie nord Cependant, nous n’avons pas dérogé à la traditionnelle pause gâteaux. J’ai découvert une spécialité du coin, une magnifique tarte aux framboises sur un lit très épais de chocolat. Mama mia ! Ça vous donne des calories pour la journée, et cela s’avère être un antidote des plus efficaces contre le coup de fringale à vélo !
Que de monde autour de ce lac, une multitude de campings fleurissent de toutes parts afin d’héberger toutes ces personnes attirées par ce plan d’eau aux dimensions gigantesques, dans l’espoir d’un peu de fraîcheur. Au moment de la construction du barrage, entre 1957 et 1959, qui est à l’origine de ce lac, les contestations avaient été très vives. Certes l’ancien village de Savines a été noyé, ce qui ne fait jamais plaisir lorsqu’on y habite, mais l’essor économique et touristique en a été prodigieusement accéléré. Et actuellement, je pense que plus personne ne se plaint du barrage et de son plan d’eau, étant donné la manne financière que cela apporte.
Dans la partie sud du lac, nous allons faire un petit détour par le col de Pontis, qui culmine à 1301 m, 400 m de dénivelé par une route oubliée de la circulation, avec des points de vue extraordinaires sur une eau au bleu intense. Petit détour à l’allure de havre de paix. Dans le village du même nom que le col, le temps semble s’écouler au rythme des siècles derniers, les personnes rencontrées prenant le temps de vous parler. Une habitante du lieu m’a même proposé d’aller remplir ma bouteille à la fontaine municipale, vrombissante de guêpes et abeilles. Elle avait peur que dans un mouvement de panique je me fasse assaillir par cette multitude, certes un peu inquiétante. Mais prenant mon courage à deux mains et tenant compte de ses conseils je me suis plongé dans cette faune virevoltante et j’en suis ressorti ma bouteille pleine et sans une piqûre, sous le regard amusé des spectateurs. Il faut dire que les piqûres de guêpes, même si on n’est pas allergique c’est douloureux.
Arrivée dans le village de Pontis
Chapelle Saint-Michel sur le lac de Serre-Ponçon
Col de Pontis, loin de l'agitation du lac en dessous
Je me souviens de m’être fait attaquer au cours d’une escalade dans le Verdon. J’en garde un souvenir impressionné, car il n’y avait pas moyen de fuir, et ce fut très douloureux car l’une d’elles avait eu la mauvaise idée de me piquer au centre du mamelon du sein gauche en rentrant sous mon t-shirt. Et il avait fallu continuer à progresser dans du dur bien vertical malgré les lancements aigus sous une chaleur de plomb.
Après une descente aérienne tout en lacets étroits, nous rejoignons la route en provenance de la vallée de l’Ubaye et nous allons souffrir de la chaleur dans de belle côtes en ce début d’après-midi. Puis au fort Joubert nous nous dirigeons vers Seyne. Encore un col à plus de 1300 m, dont la montée semble infinie, du sommet duquel nous nous laissons glisser jusqu’au village de Selonnet. Un camping privé s’y trouve, il accepte de nous accueillir pour une nuit au prix assez fort de 14 euros par personne, bien que nous soyons seuls à part un couple de cyclistes hollandais. Les manipulations de fichiers sur ordinateur pour payer sont dignes de la bureaucratie soviétique ! Cependant, il mérite plein d’étoiles, car en fond coule une minuscule rivière dans laquelle j’ai eu la joie de voir plusieurs belles truites fario. Encore un petit test d’entrecôte grillée au centre du village, pas mal.
camping désert, pourtant fin juillet
Restes de fortifications, Selonnet
Neuvième jour : Selonnet à Orpierre 83 km et 1038 m de dénivelé
Au cours de cette dernière étape nous traversons des recoins perdus de Haute Provence par des routes loin de toute circulation, du très beau vélo. Deux petits cols ajoutent une touche pimentée à la journée. Nous rejoignons Laragne-Montéglin par des températures caniculaires. Dans les villages traversés pas âme qui vive, tout le monde reste planqué à l’abri de murs protégeant du soleil et de son incandescence. Puis, rapidement en évitant en partie la terrible route du Buëch, au trafic infernal, nous retrouvons l’adorable village d’Orpierre, qui ponctue cette itinérance de 9 jours.
Village de Turriers
col des Sagnes
Dixième jour : sans le véloOrpierre et ses environs, je vous en dévoilerai quelques secrets. La balade dans ses garrigues et ses gorges, vous êtes à peu près assuré de vous retrouver seul, sauf à voir quelques belles truites paisibles dans des vasques encore pleines, perdues dans de magnifiques petits torrents calcaires à la roche sculptée par les eaux. Et puis après rien ne vous empêche de vous replonger dans une foule sympathique dans l’un des bistrots du village en buvant une bonne bière, voire deux si affinité !
ConclusionMême si nous n’avons pas fait l’ensemble du parcours prévu initialement, il nous aurait fallu quelques jours supplémentaires, nous avons encore une fois pu constater que la France a tenu ses promesses, certes avec un peu d’ Italie. La diversité infinie en peu de kilomètres, je ne connais pas d’autre pays au monde capable de la prodiguer à ce point.
Et cela je l’ai expérimenté en de multiples occasions à travers toute la France, ses nombreux massifs montagneux, ses rivières et fleuves, ses plaines, ses plateaux et ses côtes maritimes escarpées ou sablonneuses à l'infini. À chaque fois le plaisir est le même, au petit bémol près du 1,5 m de distance lors du dépassement que de trop nombreux automobilistes ne respectent pas, et ils vous doublent en trombe au risque de vous renverser et de vous donner un billet pour la tombe, et juste pour ne pas perdre quelques sacro-saintes secondes. En 2017, 172 cyclistes ont été tués en France, et combien de milliers blessés ? Certes tous les cyclistes ne sont pas, non plus, exempts de torts, s’affranchissant aussi souvent du code de la route, surtout en ville !
N’empêche la France à vélo, malgré ce gros désagrément du frôlement par les voitures, c’est le top ! En guise de conclusion enthousiaste et optimiste, le voyage en France à vélo me fait penser à cette belle tirade d’un remarquable article écrit par un des participants du dernier ’’Born to Ride’’ lu dans le numéro d’été de la fabuleuse revue 200 le vélo de route autrement, où il est question d’une chevauchée effrénée le long de la côte atlantique sur 1140 km, et certes une arrivée en Espagne : ‘’D’un clocher l’autre des cathédrales hier aux sémaphores aujourd’hui.... Comme une idée fixe, la clé de nouvelles frontières, de nouveaux mondes dans un pays que l’on croit connaître.’’ | | À: Lucbertrand · 19 août 2018 à 11:08 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 9 de 29 · Page 1 de 2 · 5 775 affichages · Partager Bonjour Luc Encore une escapade à bicyclette que j’ai parcouru de bout en bout avec toujours autant d’admiration et de respect... D’autant quand cette escapade se passe « dans mes terres » que vous me permettez de découvrir autrement. J’avoue, je n’ai pas lu vos 54 carnets mais chaque fois que j’en parcours un, je suis estomaqué de vos capacités et parfois amnégation sur votre engin, d’autant que j’en serais fichtrement incapable (et ne me dites pas, si, si, je connais mes limites à plus de 50 ans....) Mais cette façon de parcourir le monde, à la force du mollet et au rythme des coups de pédales, je dis chapeau, et continuerais à vous suivre, au moins par le truchement de vos récits... Merci ! | | À: Montagnard74 · 19 août 2018 à 15:11 · Modifié le 19 août 2018 à 15:47 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 10 de 29 · Page 1 de 2 · 5 544 affichages · Partager Bonjour Bruno, merci pour le petit mot, ces terres sont aussi un peu les miennes, même si je préfère habiter dans les Vosges, je reste un Lyonnais " défroqué".
Ce mode du voyage à vélo il faut y entrer et après cela va tout seul. Il est très difficile d'en parler en dehors de la description même d'un voyage. Certains parfois pensent qu'à travers ce type de compte-rendu je veux mettre en exergue l'homme fort. Alors que ce n'est absolument pas le cas, j'essaie de faire passer une certaine philosophie du voyage, que ce soit en France ou dans le désert de Gobi. Et le plaisir est aussi intense dans un cas comme dans l'autre.
Le plus étrange, c'est que je n'aime pas forcément faire du vélo, mais le voyage à vélo c'est différent. Pourtant je vis dans un endroit qui est le paradis du vélo, multitude de petites routes très tranquilles avec des tas de cols bien raides et des vues magnifiques sur les Alpes une fois au sommet, en particulier sur la trilogie Eiger, Mönch, Jungfrau.
Les distances en elles-mêmes, ainsi que les dénivelés ne signifient rien, c'est l'envie de partir un peu au hasard pas seulement de la route, mais des rencontres et des points de chute, en essayant de se déconnecter des horloges qui rythment notre vie.
Et puis aussi avoir envie de se soumettre aux aléas du temps. A vélo c'est un peu (en moins engagé) comme lorsque vous êtes dans une grande paroi du genre les Drus ou l'arête sud de la Noire de Peutrey, vous êtres très attentif aux évolutions climatiques à court terme. Le temps et les intempéries veulent vraiment dire quelque chose. Votre relation à la planète est autre, vous la sentez plus vivre. Certes à vélo, il suffit de sortir la carte bleue et vous avez un super hôtel, et ce n'est pas possible dans les 1200 m de l'arête de la Noire de Peutrey!
La France, c'est absolument magnifique, cependant l'engagement est relatif, car si on craque devant les intempéries on sort la carte bleue. C'est pour cela que des expéditions plus lointaines à vélo sont encore vécues différemment. On ressent plus le poids de notre vulnérabilité, une forme de masochisme diraient certains.
Il arrive loin de tout en altitude, de se coucher avec une certaine angoisse devant un ciel menaçant, sachant qu'une chute de neige risquerait de rendre impossible toute marche en avant comme en arrière. On se sent tout petit devant les éléments. On choisit ses créneaux pour minimiser le risque sans pouvoir jamais l'exclure. Cette forme de voyage où l'on s'engage, selon la forme de pensée qui est propre à chacun de nous, cela procure une vraie jouissance. Je pourrais disserter encore longuement.
Mais vous verrez, vous êtes encore jeune d'après votre profil VF, et vous n'êtes pas retraité. il vous manque donc la plus importante des richesses, le temps et le luxe de vous dire: dans ce créneau, je décide de ne plus regarder ma montre, il est midi ou minuit c'est pareil. Mais les pièges de la retraite sont bien réels, on va vous dire "maintenant que tu ne travailles plus, fais ci fais ça". Les parents, les frères, les enfants, les petits-enfants et le reste. Certes, les proches et la famille sont l'essence de la vie, mais il faut savoir mettre un peu les holla et programmer des espaces plus ou moins longs pour soi, et là abandonner la trépidation de notre monde, et alors le voyage à vélo se vit comme une retraite dans un monastère à ciel ouvert. Et puis en écoutant son corps, pas besoin d'entraînement exigeant comme l'alpinisme difficile et engagé, on rentre dans le rythme progressivement. Très vite le bienfait de cet effort vous envahit et la vélo thérapie se met en branle. Le miracle se réalise, les maux de la vieillerie, genre arthrose disparaissent avec la fabrication en masse d'endorphine et très vite vous avez plus que l'impression d'avoir 18 ans.
Le voyage classique je ne le dénigre pas, le pratiquant avec mon épouse. C'est tellement différent, les motivations sont autres qu'il est impossible de faire des comparaisons. Le plus du voyage à vélo, il fait maigrir, car dans les voyages classiques j'ai vite fait de succomber aux menus et aux cartes des vins des grands restaurants et hôtels. Alors qu'à vélo je vis avec motivation comme une ascèse ma platée de riz au détour d'un bivouac sauvage. Voilà quelques réflexions qui font partir à vélo. Luc | | À: Lucbertrand · 19 août 2018 à 16:04 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 11 de 29 · Page 1 de 2 · 5 493 affichages · Partager Le plus du voyage à vélo, il fait maigrir, car dans les voyages classiques j'ai vite fait de succomber aux menus et aux cartes des vins des grands restaurants et hôtels. Alors qu'à vélo je vis avec motivation comme une ascèse ma platée de riz au détour d'un bivouac sauvage.
A chacun sa conception de l'ascèse. Quand je lis qu'au cours de votre périple cyclopédique, outre la platée de riz au détour d'un bivouac, un jour c'est des gâteaux, un autre une tarte aux myrtilles ou un autre encore une assiette de charcuterie...
Sinon, plus sérieusement, pourquoi utilisez-vous de l'hydroclonazone dans la mesure où il existe désormais des désinfectant apparemment plus efficace?
Bonne préparation | | À: Dupontoto · 19 août 2018 à 18:55 · Modifié le 20 août 2018 à 7:49 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 12 de 29 · Page 1 de 2 · 5 347 affichages · Partager Bonjour Alain, pour des comptes-rendus qui vous horripilent, vous les lisez pour le moins avec attention, en restituant le détail. Ne seriez-vous pas masochiste au-delà des limites à vous imposer cette torture? Effectivement, il ne vous échappe sans doute pas que la France, ce beau pays permet d'allier belles balades à vélo et bonne bouffe, ce qui n'empêche pas la platée de riz au bivouac. Mais par contre le désert de Gobi ou de l'Atacama, là c'est riz en priorité, et parfois en exclusivité pour la semaine, coupé d'une platée de pates. Et essayez, je vous promets que le mot ascèse peut vous venir à l'esprit. Et j'avais oublié, il m'est arrivé de perdre 7 kilos en 40 jours au désert. Cela rappelle quelque chose 40 jours au désert, particulièrement à ceux qui croient. L'hydroclonazone pourquoi? D'abord chaque fois que j'en ai utilisé cela a bien marché, même avec des eaux pas terribles, prises au-dessus d'un tapis de crottes de lamas. Ensuite on les achète par cent dans un petit tube pas encombrant. Je le trouve dans la pharmacie en bas de chez moi et au plus cher 11 euros, l'ayant payé une fois 4. Des produits autres achetés au Vieux Campeur, maintenant loin de chez moi, 15 euros les 15 pastilles, alors que mes pilules m'ont toujours donné satisfaction et de plus ne donnent aucun goût à l'eau. Merci pour la préparation, mais ça commence mal, je me suis acheté un super appareil photos pour cette balade en septembre et je rentre juste de la pêche à la truite et je crois que je viens de le flinguer en mettant l'objectif dans l'eau, snif!! Luc | | À: Lucbertrand · 21 août 2018 à 23:15 · Modifié le 22 août 2018 à 17:24 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 13 de 29 · Page 1 de 2 · 4 917 affichages · Partager Bonsoir, j'avais promis de mettre quelques photos sur ce fabuleux pays qu'est Orpierre.
Le Quiquillon, haut lieu de l'escalade
Regardez bien, une belle truite tapie sur les galets à droite vers le haut à la limite des galets
en entrant dans la Drôme provençale à la sortie d'Orpierre | | À: Dupontoto · 22 août 2018 à 12:33 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 14 de 29 · Page 1 de 2 · 4 875 affichages · Partager Sinon, plus sérieusement, pourquoi utilisez-vous de l'hydroclonazone dans la mesure où il existe désormais des désinfectant apparemment plus efficace?
Comme Luc j'utilise tjrs l'hydroclonazone que je trouve très pratique mais si tu connais un produit aussi facile d'utilisation pratique à transporter et efficace donne moi ton tuyau. | | À: Djalma · 22 août 2018 à 17:31 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 15 de 29 · Page 1 de 2 · 4 854 affichages · Partager Comme Luc j'utilise tjrs l'hydroclonazone que je trouve très pratique mais si tu connais un produit aussi facile d'utilisation pratique à transporter et efficace donne moi ton tuyau.
Sur les conseils de consultations en maladies tropicales, j'utilise depuis de nombreuses années un désinfectant à base de DCCNa (comme le Micropur Forte) qui serait nettement plus efficace que l'Hydroclonazone. De toute façon, les pastilles ne sont efficaces qu'avec de l'eau claire. Dans mon cas, j'emmene au cas où du Micropur Forte que pour désinfecter l'eau du robinet dans les pays où cette eau n'est pas potable. N'ayant plus la docqu'on m'avait donnée, j'ai retrouvé une étude (ancienne) de la revue médicale Prescrire sur le sujet : www.google.fr/...uzd4aIuY3jvmpijKn4dh | | À: Dupontoto · 22 août 2018 à 17:45 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 16 de 29 · Page 1 de 2 · 4 841 affichages · Partager Sur les conseils de consultations en maladies tropicales, j'utilise depuis de nombreuses années un désinfectant à base de DCCNa (comme le Micropur Forte) qui serait nettement plus efficace que l'Hydroclonazone. De toute façon, les pastilles ne sont efficaces qu'avec de l'eau claire. Dans mon cas, j'ai du Micropur Forte que pour désinfecter l'eau du robinet dans les pays où cette eau n'est pas potable. Une étude (ancienne) de la revue médicale Prescrire sur le sujet
Micropur hydroclonazone j'ai du utiliser les deux lorsque je ne trouvais pas l'autre. Ce sont pour moi des pastilles pour purifier l'eau claire ou moins claire. je sais seulement que l'un des deux produits est bien moins cher que l'autre.. J'a utilisé ces pastilles dans les endroits les plus perdus de la planète : Amazonie, triangle d'or jungle des Philippines et d' Indonésie, Afrique Sahélienne et équatoriale etc.. et j'ai du avoir beaucoup de chance car en consommant l'eau des rivières de tous ces pays je ne suis jamais tombé malade à part une seule fois (sans gravité) au Mali où j'avais bu plusieurs jours consécutifs et en grande quantité l'eau du fleuve Niger. | | À: Lucbertrand · 22 août 2018 à 19:38 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 17 de 29 · Page 1 de 2 · 4 827 affichages · Partager Super trajet et super carnet ! Respect total pour la performance et j'attends avec impatience le retour d' Amérique du Sud et gourmandise le carnet qui ne manquera pas de suivre, ça va être quelque chose d'enchaîner ces trois volcans. | | À: Lucbertrand · 23 août 2018 à 7:42 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 18 de 29 · Page 1 de 2 · 4 804 affichages · Partager belle bambée en effet ca calme.. du beau et du costo et en plus très beau reportage
bravo
claudio | | À: AirOne · 23 août 2018 à 11:23 · Modifié le 23 août 2018 à 16:16 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 19 de 29 · Page 1 de 2 · 4 786 affichages · Partager Bonjour Erwan, merci pour le petit mot dithyrambique, quand il n'y a que du plaisir il n'y a pas beaucoup de courage, même si on souffre un peu. Peut-être faudrait-il lancer dans la rubrique réflexion: voyage et courage, mais je crains que ça dérape rapidement.
Je viens de lire ton CR sur "kids en Bolivie", ces coins quand on y a goûté, l'addiction ne fait que se renforcer. J'y suis déjà passé deux fois, la première dans une traversée de Quito à Uyuni à travers les Andes et une autre fois dans une traversée du désert de l'Atacama de Arica à Santiago. J'ai pas mal écrit sur ces expériences qui m'ont subjugué. L'un des textes :
voyageforum.com/...ost=6627816;#6627816
Le salar d'Uyuni où vous êtes allés bivouaquer sur l'île du Pescado, je l'ai traversé deux fois, une d'ouest en est, 140 km et une autre du nord au sud 100 km, chaque fois en dormant sur l'île d'Incawasi (orthographe), en effet les cyclistes on droit d'y dormir et pas les véhiculés à moteur (racisme sélectif !!). Je me souviens dans la traversée ouest-est on avait roulé le long de l'île du Pescado, je crois me souvenir 27 km entre les deux îles. C'est vrai qu'on est dans un autre monde.
De manière étonnante, ces grands déserts de sel, car juste avant on avait traversé Coipasa, à vélo c'est facile comparé aux pistes du coin, si on ne loupe pas les zones d'entrée ou sortie, ce qui nous était arrivé la première fois en quittant Coipasa, on enfonçait jusqu'aux moyeux. Parfois on portait les vélos (pas trop souvent) et tout ça dans un décor immense où l'on voit à plus de 100 km, ça peut mettre un petit coup au moral d'être cloué à max un ou deux km/h, mais ça laisse de beaux souvenirs.
Pour cette fois en septembre, et la boucle depuis Salta, la partie Argentine, même si elle est très physique ne devrait pas poser de pb, Salta, Susque, puis ruta 40 jusqu'à Londres, puis on coupe direct à travers la montagne pour rejoindre la ruta 60 du paso San Francisco. Même si au passage on compte faire un volcan de 5550 et passer l'Abra del Acay vers les 5000 les pb logistiques ne semblent pas très compliqués. Par contre au paso San Francisco après avoir fait le Cerro San Francisco (si on y arrive) les conditions météo peuvent être très adverses, et à vélo ça peut chauffer!! Donc après, la partie de 1000 km au Chili, ce sera plus l'aventure, points d'eau aléatoires, chaleurs terribles dans les parties basses de l'Atacama chilien (j'avais testé en quittant Arica pour la Bolivie), et puis la montée au paso Socompa d'Antofagasta, je n'ai toujours rien. Je ne sais même pas si la route est ouverte à la circulation, car elle dessert prioritairement une grande mine. Je sais seulement que Sarah Marquis dans son superbe livre"Déserts d'altitude" (même si je préfère celui sur sa traversée du bush australien, totalement époustouflant) la police ne l'avait pas laissé passer. J'ai bien l'exemple d'une amie qui au-dessus de San Pedro alors qu'elle traversait à vélo vers l' Argentine en direction du paso Sico, la police lui avait barré la route pour cause de volcan qui pétait. Elle avait attendu la nuit et était passée!!!
Voilà donc, pour cette partie chilienne je suis toujours en recherche d'informations, surtout sur les tronçons poste frontière chilien à 80 km du paso San Francisco jusqu'à Chañaral si on essaie de couper direct, puis pour la remontée d'Antofagasta jusqu'au paso Socompa. Dans cette partie tout particulièrement ravitaillement en eau sur une piste pas terrible en particulier les 100 derniers km, puis avoir au col les réserves suffisantes pour gravir les 2200 m de dénivelé du Cerro Socompa. Là aussi toute info nous serait bien utile, j'espère cependant que les douaniers chiliens ou argentins nous donneront un peu d'eau. Les plus sympas que j'ai connus, il était seul, le douanier bolivien un point frontière au nord du Sud Lipez, il nous avait dit d'attendre qu'il ferme la douane, puis il nous avait donné le poste comme chambre coucher et un grand seau d'eau. Et en plus on ne passait pas la frontière on la tangentait en restant en Bolivie. Une autre fois on avait demandé aux Argentins au paso Sico, ils n'avaient pas voulu nous héberger dans un de leurs nombreux bâtiments, mais ils nous avaient donné une bouteille d'eau. Bonne journée et Viva Atacama Luc | | À: Cbandiera · 23 août 2018 à 11:59 · Modifié le 23 août 2018 à 13:09 Re: Un petit tour de chauffe à vélo dans les Alpes françaises et italiennes Message 20 de 29 · Page 1 de 2 · 4 778 affichages · Partager Bonjour Claude, je sais que j'ai à faire à un connaisseur. Mais j'ai eu les yeux plus gros que les mollets, car j'avais prévu en redescendant sur Serre-Ponçon d'attaquer le col du Parpaillon et de faire le sommet à pied dans la foulée à presque 3000 et puis en redescendant de l'autre côté d'attaquer la trilogie Bonnet, Cayolle et Allos. Bof, comme tu dis on était peut-être un peu calmés, même mon copain qui s'entraîne régulièrement!!! On a pris l'excuse facile de la canicule.
Mais c'est vrai qu'une balade de 9 jours n'a rien avoir avec une de 2,5 mois, on s'installe de façon très différente dans l'effort. On se demande même si on ne retrouve pas assez vite les sensations de nos ancêtres, les hommes préhistoriques, avec l'adaptation au chaud, au froid, à l'alimentation pas toujours suffisante. Après une traversée dure de 3 mois je restais en T-shirt dès le lever du jour par des températures très négatives, alors qu'en France je suis frileux. C'est la vélo thérapie et l'un de ses nombreux effets sur le corps et l'esprit, pas besoin de paracétamol!!! amitiés cyclo Luc | Carnets similaires sur Rhône-Alpes: Heure du site: 6:28 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 216 visiteurs en ligne depuis une heure! |