Cher Alan
A toi qui a tant aimé le sud de Lombok et qui sait si bien transmettre ton amour pour cet endroit, je voulais te faire un petit cadeau. A lire à ta prochaine nuit blanche...
1 mois chez les Sasaks, à Lombok
PréambuleC’est mon premier carnet de voyage. Il ne donne pas de renseignements pratiques sur Lombok mais raconte une histoire vécue. D’habitude je n’éprouve pas le besoin d’en faire. Mais cette fois, j’avais vraiment besoin de raconter cette belle aventure humaine que j’ai vécue en Indonésie, avec les Sasaks, habitants de l’île de Lombok, et qui m'a profondément marqué. Bonne lecture.
Afin de fuir
Bali au mois d'août, je viens d'atterir à
Mataram, la capitale de Lombok, l'île voisine... à défaut de n'avoir pas trouvé un vol plus loin !
J'ai trouvé une bonne adresse pour louer un scooter: à 3€ la journée, je ne discute pas le prix, d’autant que
M. SUBHI (tel 08 19 29 200 027) est un des rares loueurs à accepter qu’on puisse passer ses scooters dans les ferrys ! Chouette alors, je vais pouvoir la faire ma traversée des îles de la Sonde !
Dans mon guide, on parle « d’îles paradisiaques » dans la baie de Sekotong, au Sud Ouest. Apparemment peu de possibilités d'hébergements, ça doit être pour ça que c'est paradisiaque
Après avoir acheté une carte très précise de Lombok au shopping center de
Mataram, je me dirige vers Sekotong. C’est une belle route goudronnée, pittoresque, sur laquelle circulent parfois des véhicules hippomobiles...
Je décide d’aller jusqu’à la fin de la route, jusqu’à Bangko-Bangko, comme ça, pour voir.... A 30 km du but, le goudron laisse place à une piste empierrée qui se détériore au fil des kilomètres et qui se termine par une piste genre trial...
J’arrive enfin dans le petit village de pêcheurs de
Bangko-Bangko. Je trouve un villageois qui parle quelques mots d’anglais et lui demande s’il y a une possibilité de dormir dans le village. Après de longues tentatives d’explications, je finis par comprendre qu’un certain
Suderman peut m’héberger. Il réside à 3km de là, dans le village de
Seledong. La barrière de la langue complique un peu ma recherche mais je finis par trouver une jolie maison avec des peintures de Walt Disney dessus.
Suderman est un jeune Sasak d’une vingtaine d’années qui parle anglais. Il m’accueille avec un grand sourire et me montre la chambre. Il me propose de me préparer un repas, en l’échange d’1€ pour aller faire des courses dans le village. A la lueur de la lampe à pétrole, nous mangerons ensemble puis passerons la soirée à discuter avec son voisin, un sympathique marginal qui a décidé de vivre détaché complètement du matériel, de pratiquer la méditation et qui m’explique qu’il est heureux car il dort dehors, sous les étoiles...
Le lendemain, Suderman aimerait bien que je reste mais moi je veux aller voir ces fameuses « iles paradisiaques » non loin de là. C’est tout un archipel, apparemment la plus connue et la plus belle c’est
Gili Nanggu, mais je choisis finalement
Gili Gede, de peur que
Gili Nanggu soit trop touristique ! Suderman m’a expliqué où je peux trouver des pêcheurs pour me conduire à
Gili Gede. Je tente de négocier avec eux le prix de la traversée mais en vain... j’ai beau écrire dans le sable avec un bâton le prix que je veux payer, ils font mine de ne pas comprendre. Bah, tant pis, je paierai le prix pour touriste (3€...)
La traversée est rapide et le bateau me dépose sur une petite plage de
Gili Gede. Avec ma carte très précise, je peux envisager de faire le tour complet de l’île à pieds. Je tombe nez-à-nez avec un petit papy qui parle un peu anglais et s’improvise comme guide. Nous passerons quelques heures ensemble. L’île est calme, et authentiquement peuplée de pêcheurs Sasaks qui adorent se faire photographier.
Par contre, les plages ne sont pas à la hauteur de l’idée que je me fais d’une « île paradisiaque »
Peu importe, le dépaysement est là et les gens sont adorables. Je suis même invité par une famille à partager son repas.
J’ai demandé à mon bateau de venir me rechercher à 15h. Avant d’embarquer, je remercie vivement mon petit papy de m’avoir guidé à travers ces villages pittoresques. Bizzare, il ne me demande pas d’argent. Gêné, je lui glisse l’équivalent d’1€ avec un « thank you for good guide » juste avant de monter dans le bateau, il me remercie avec un grand sourire.
Je remonte sur le scooter. J’hésite... il fait nuit dans 3h... je retourne chez Suderman ou je continue ma route ? J’opte pour la 2ème solution. Mon bouquin mentionne l’existence de cottages à Selong Blanak. C’est un peu loin mais il n’y a pas plus près.
J’emprunte une petite route secondaire qui s’élève à travers la montagne. La route est défoncée et glissante mais elle est splendide, je traverse pleins de villages Sasak, accueilli par des « hello Mister !» et une multitude de sourires. Heureusement que j’ai acheté une bonne carte, car je navigue en terre totalement inconnue... même dans mon bouquin...
A chaque fois que je demande ma direction, c’est un attroupement autour de moi, des rires, et des invitations à venir boire le café... Le temps passe et le soleil décline...
J’arrive enfin sur la côte dans le petit village de Sepi. Nouvel attroupement. Je demande « Selong Blanak ? » et là un jeune semble étonné et me fait un non de la tête + le signe du coupe-gorge. Gloups...
Qu’entend-t’il par là ? La route défoncée est dangereuse de nuit ou bien il y a des méchants Sasaks dans le coin ? Impossible de savoir, son anglais est trop limité. Il me parle de « bungalow Pancing », un petit village beaucoup plus proche. La nuit est tombée mais pas le choix je dois trouver ces bungalows !
A la sortie d’un village, on m’indique Pancing d’un signe de la main, puis à l’entrée d’un autre, on me l’indique dans l’autre sens... J’en déduis donc que j’ai du louper un carrefour entre les 2... Et en effet, avec difficulté je finis par trouver dans la pénombre un petit chemin de terre. La chance me sourit : un scooter passe par là, je lui demande « Pancing ? » « ya » me répond-il. Ouf ! Me voila embarqué dans ce petit chemin, de nuit, au milieu des champs de tabac...
J’arrive enfin dans un village, et je demande « bungalows ? » On m’indique la direction. Et puis je redemande encore, et encore, et encore... m’enfin ces bungalows ils sont au bout du monde ou quoi ? Des enfants finissent par prendre pitié de moi et me conduisent en courant, moi et mon scooter, vers les bungalows.
Là, un gardien m’accueille. Ouf, il parle anglais...il me dit gentiment que c’est un centre de plongée mais qu’il est fermé. Seulement il fait nuit et je n’ai rien pour dormir. Le gardien est embarrassé...
« C’est qu’il n’y a plus d’eau dans les bungalows... »
« Tant pis au point où j’en suis... »
« Il faut que je téléphone au propriétaire. Je ne sais pas quoi faire »
« Tu crois que tu as vraiment besoin de lui ? On peut s’arranger tous les 2 non ? »
Il réfléchit. Il finit par me proposer la chambre d’un employé de l’hôtel. C’est un lit superposé, il faudra que je dorme en dessous du jardinier.
« Combien je te donne ? »
« Je ne sais pas, ce que tu veux... Au fait, as-tu mangé ? »
« Ben heu... non »
« Ma femme a préparé un repas si tu veux »
« C’est pas de refus ! Merci ! »
Nous passerons la soirée à discuter de pleins de choses. Il a 34 ans, comme moi, et il est sidéré de me voir célibataire alors que lui il a déjà une femme et des enfants ! Dans la conversation, Il m’explique que le propriétaire australien du centre de plongée est en conflit avec son TO, l’un veut 100$ la nuit, l’autre 150$...
« ben dis donc, j’ai de la chance qu’il ait fermé son centre, ton patron ! »
« oui, moi aussi je content que ce soit fermé, car je n’ai pas trop de travail. D’habitude, à cette période, je trime 18h par jour et je ne suis payé que 40€ par mois. Ce n’est pas très motivant et si j’étais mieux payé je travaillerais mieux».
Je suis écoeuré...
« Il est sacrément gonflé ton patron. S’il doublait ta paye, ça ne le ferait pas tellement boiter, vu le prix des chambres, tu ne trouves pas ?»
« oui mais pour l’instant je n’ai pas d’autre travail. Il n’y a pas de travail dans la région. Tous les hôtels ont fait faillite, notamment celui de Selong Blanak où tu voulais te rendre.... »
Après une à peu près bonne nuit (ce jardinier, un sacré ronfleur...) j’ai droit à un petit déjeuner. Je paye ma nuit 8€ (une très bonne somme pour le pays). Ce matin il a plu et le chemin est très glissant. Mon scooter est incontrôlable et je finis par me vautrer dans la boue sous l’œil amusé des fermiers dans leur champ de tabac...
Continuons vers Selong Blanak... Petit stop au hasard d’un virage dans un petit village de pêcheurs qui cultivent des algues.
Depuis 10 bonnes minutes, 2 jeunes Sasaks en scooter me suivent. Je sens bien qu’ils veulent me dire un truc. Je stoppe.
« hello mister... what is your name ? (etc...) veux tu venir prendre le café dans ma maison »
«
! si c’est pas loin... »
Un des 2, Zamak, se propose de conduire mon scooter. Je lui laisse le guidon. Me voila à nouveau sur des petits chemins sillonnant les champs de tabac, passager d’un Sasak fier de transporter « son » touriste ! Me voilà arrivé dans le bled. Nouvel attroupement.
Je prête mon appareil photo à Zamak pour poser avec un Sasak tout content d’avoir été choisi.
On me sert le café puis on m’invite à manger. Voyageant léger, je n’ai rien à leur offrir à part de l’argent et il n’en est pas question. Gêné, je refuse la proposition. Je les remercie pour ce bon café et demande à Zamak de me raccompagner jusqu’à la route car seul je serai incapable de retrouver mon chemin. Au moment de nous séparer, il me demande :
« STP – tu n’aurais pas un livre de grammaire anglaise ? »
« Non, je suis sincèrement désolé » lui dis-je avec regret
« Tant pis. Au revoir et merci d’être venu »
« Merci Zamak »
Kuta n’est plus très loin. Je me dis « je vais aller acheter ce bouquin et je vais lui ramener ». Et puis je dois vite me rendre à l’évidence : je n’arriverai jamais à retrouver son village perdu au milieu des champs...
Enfin j’arrive à un embranchement. Je me rends compte que j’ai loupé la route de Selong Blanak et que j’ai pris l’intérieur des terres. Tant pis, ou tant mieux ! Cap sur
Kuta.
Kuta Lombok, c’est l’antithèse de
Kuta Bali. Tranquille, peu d’infrastructures, belle plage. Aah, on est bien ici ! Je me trouve un hébergement tout neuf : je suis le tout premier client et je dois faire attention où je mets les pieds car la dalle en ciment pour accéder à ma chambre n’est pas tout à fait sèche ! Je vais faire un tour sur la plage. Pas un touriste ce jour là.
Kuta, c’est un lieu d’hébergement pour surfeurs, et dans la journée, ils ne sont pas à
Kuta mais sur les plages environnantes (surtout Mauwi). Je suis abordé par Monika, la seule vendeuse de la plage. Elle me propose des Sarongs. Elle est très intéressante à discuter et nous parlons un petit moment. Comme elle est sympa et parle très bien l’anglais, je finis par lui acheter un sarong et un petit collier en coquillages. Elle est contente car ce soir elle pourra se payer le bémo (2€) lui permettant de rentrer dans son village voir sa mère.
Selong Blanak est à 20km à l’ouest de
Kuta. Aujourd’hui j’y vais, faut quand même que j’arrive à trouver ce bled, annoncé avec une plage magnifique dans mon guide ! Mon guide comporte également un petit encadré disant que l’endroit peut être un peu dangereux... Arf... ils sont tellement cool ces Sasaks que franchement... même pas peur !!
La route qui mène à Selong Blanak est superbe et offre de très belles vues panoramiques sur la côte.
Petit arrêt de 2h de bronzette sur la belle plage de Maun.
Nous sommes 5 touristes sur la plage...
Je zappe la plage de Mauwi, avec ses surfeurs et son entrée payante, et j’arrive à
Selong-Blanak en début d’après-midi.
Sitôt le scooter stationné, 4 enfants viennent me poser des questions en anglais. Il ont fini l’école à midi et reprennent à 15h. Ils me demandent si je ne peux pas leur donner un dico d’anglais ou bien un ballon de foot, mais je ne transporte pas ça dans mon sac à dos !
La plage est magnifique....
avec ces bateaux colorés
et ses habitants qui adorent se faire photographier !
Un jeune Sasak vient nous rejoindre et commence à me parler. Il s’appelle Dadi, il a 19 ans, et il m’explique qu’il veut pratiquer son anglais. Il a arrêté ses études au collège, mais n’a pas pu continuer au lycée car ses parents n’ont pas les moyens de payer 10 à 20€ de frais de scolarité par mois. Nous causons, nous nageons, nous sympathisons alors il me propose d’aller prendre un café chez sa mère.
« Par contre je te préviens ma maison elle n’est pas belle »
« M’en fous ! »
C’est une hutte en tôle ondulée et en bambou, recouverte de papier journal en guise de papier peint. Je pense que c’est pour consolider le tout. Il doit les lire ces journaux car il connaît très bien les grands évènements de ce monde. Par exemple, il apprécie Jacques Chirac pour sa non-intervention en Iraq ! Ce n’est pas la première fois que j’entends ça en voyage, c’est fou ce que cette prise de position a rendu J. Chirac populaire dans le monde !
En sirotant notre café made in Lombok (avec un très fort goût de cannelle), il me parle de sa famille. Il vit ici avec sa mère et sa sœur, qui vient d’avoir un bébé. Il a un oncle et des amis à
Kuta, mais ça fait au moins un mois qu’il ne les a pas vu faute d’argent. Le ticket de bémo coûte 1€...
« Ben je peux t’emmener à
Kuta en scooter
Je loge là-bas...»
« D’accord mais uniquement si tu acceptes de me ramener, car je n’ai aucun moyen de locomotion »
« Pas de problème » (la route est tellement belle !)
Dadi tremble. Ses vêtements ne sont pas encore secs de la baignade et il n’a rien pour se changer. Afin de voyager léger, je n’ai pris, comme vêtements chauds, que des vêtements techniques de montagne. Je lui prête ma veste polaire Millet et mon pantalon Helly Hansen... en me gardant bien de lui dire qu’il en a au moins pour 150€ sur lui !
Arrivés à
Kuta, je le dépose au marché et on se donne rendez-vous le lendemain matin au même endroit. Surprise plus tard dans la soirée, Dadi me cherche partout ! Il n’a pas de chance : son oncle est parti à Sengkol et ses amis ne sont pas là non plus, il est seul et n’a rien à manger...
Gêné, il me demande si je veux bien lui donner 1 ou 2€ pour aller s’acheter à manger. Je suis gêné moi aussi, car nous sommes devant l’entrée du resto, et on vient juste de m’apporter mon repas... Soit je me tape la honte si je le fais attendre devant le resto, soit il risque de se sentir très mal à l’aise s’il rentre dans le resto. Il me faut bien prendre une décision, la moins pire : « viens plutôt manger avec moi »
C’est un resto pour touriste et chaque plat vaut entre 10 et 30000 roupiah (1 à 3€), ça m’embête qu’il voit les prix alors qu’il vit lui-même certainement en dessous du seuil de pauvreté. Mais le plus gêné c’est encore lui : il choisit juste un bol de riz blanc (0.30€)
« Dadi, commande un plat comme moi. Prends ce qui te plait, je te l’offre avec plaisir »
Je le reconduis au marché... Je suis sûr qu’il va dormir dehors... Je lui propose le 2ème lit inoccupé de ma chambre, mais bon ça m’arrange qu’il refuse car je me voyais mal débarquer avec lui !
Il est inquiet : « Tu es sûr que tu viens me chercher demain matin ?»
« oui, sûr » (il peut dormir tranquille, j’ai envie de récupérer mes fringues !!
)
Le lendemain j’aurai la confirmation qu’il a dormi dehors : « Il a fait froid cette nuit, heureusement que ta veste orange m’a tenu chaud... »
Je le ramène donc chez lui comme promis. En route, on s’arrête dans un marché local et je lui prends une portion de riz enveloppée dans une feuille de bananier vu qu’il n’a pas mangé. Je lui fais également acheter un ballon de foot, sans me montrer, pour l’avoir au tarif local...
Arrivé à
Selong-Blanak, je retrouve les enfants d’hier et je leur offre le ballon de foot dont ils rêvaient. Quel plaisir de les voir heureux, jouer au foot avec mon ballon tout neuf !
Je reprends un café chez la mère de Dadi. Cette fois, pas de sucre dans le café, car pas d’argent pour en acheter. Son père cultive le tabac, et en ce moment la famille n’a aucun revenu car le tabac n’est pas encore assez mûr pour être vendu... Je ne dis rien, je ne sais pas si c’est une tentative déguisée de me demander de l’argent ou si c’est réel...
Il est midi. Je pense que sa mère va m’inviter à manger, comme le font volontiers tous les Sasaks. Mais le temps passe et pas d’invitation. Tant pis, je vais rentrer à
Kuta et je mangerai ce soir.
Je démarre le contact du scooter mais je sens bien que Dadi est préoccupé et qu’il a quelque chose à me dire.
« Loic, je suis désolé, je ne peux pas t’inviter à manger. Ma mère est en larmes, nous n’avons plus rien à manger. S’il te plait, je t’en supplie, donne moi 2€ pour que j’achète du riz »
J’ai horreur des habitants qui mendient auprès des touristes...
« Ecoute Dadi, il faut que tu me jures que c’est vrai »
« Je te donne ma parole »
« Alors je vais acheter le riz avec toi »
Ironie du sort : le riz, c’est le voisin qui le vend ! Pour 2€, j’ai 4kg de riz.
« Au revoir Loïc et merci de tout cœur pour tout ce que tu as fait pour moi ».
En revenant à
Kuta, je m’arrête demander le prix d’un kilo de riz. C’est bien 0.50€...
Puis je demande à Banu, le serveur de mon hôtel avec qui je passe mes soirées, si c’est encore possible, de nos jours, que des Sasaks ne mangent pas à leur faim. Il me le confirme
. « Dadi ne t’a pas menti, et puis c’est quelqu’un de bien, je le connais nous étions à l’école ensemble »
Je suis choqué. Lorsque j’ai rencontré Dadi, ça ne se voyait pas sur sa tête qu’il ne mangeait pas à sa faim. J’ai de la peine pour lui. Il mise tous ses espoirs sur la construction d’un futur hôtel de luxe à Selong-Blanak, je regrette de lui avoir dit que je n’étais pas favorable à la construction de cet hôtel...
Quelque part vers
Kuta, il y a une région peu traitée dans mon guide. Je demande au patron de l’hôtel :
« C’est bien là bas ? Vous connaissez ? »
« Oui, c’est magnifique. Les plages sont paradisiaques. Si vous allez là-bas vous ne voudrez plus en partir ! »
Je décide donc d’ignorer le nouvel encadré de mon guide avertissant d’un potentiel risque d’insécurité dans le coin... et également les avertissements d’un guide local qui cherche à me faire peur pour que j’utilise ses services... Je suis persuadé que c’est faux, ils sont trop gentils ces Sasaks ! Et puis quand j’ai une idée dans la tête...
Pour me rendre dans cette petite presqu’île isolée, j’ai le choix entre la voie terrestre ou maritime. Par la route, c’est facile, il faut juste faire un long détour. Par bateau, on traverse directement une sorte de petit golfe. Pour le fun, je choisis l’option bateau. Pour cela j’emprunte une route en mauvais état, longe la somptueuse plage de
Tanjung Aan et j’arrive dans un petit port de pêche.
Surprise ! Ce que je pensais être un ferry n’est qu’une petite barque de pêcheur ! Le seul pêcheur qui parle anglais dans le coin est un jeune au look branché avec une mèche blonde qui descend au milieu de son visage...
« heu...Mister, tu crois vraiment qu’on peut charger un scooter sur un petit bateau comme ça ? »
« T'inquiète, la semaine dernière, j’ai chargé 2 scooters, avec 2 Australiens et 2 surfs »
Nous commençons la traversée après une bonne dizaine de minutes à essayer de démarrer le moteur du bateau qui cale dès qu’on immerge l’hélice dans l’eau... très rassurant !
En plus il y a pas mal de vent, et plus on s’éloigne, plus les vagues sont fortes. Nous sommes trempés en quelques minutes...
Nous nous approchons lentement du village qui se situe de l’autre côté du golfe, il y a des maisons en bois flottantes de partout : ici, c’est un village qui fait de l’élevage de langoustes... Je suis content de débarquer après 45 minutes de douche ininterrompue à l’eau de mer. Z'avez vu je mens pas il y a une grosse goutte d'eau en plein milieu de mon objectif
Ouf ! le scooter redémarre...
Sur la plage m’attend un jeune Sasak souriant et enthousiaste de voir débarquer un blanc chez eux. Il parle un très bon anglais et me pose pleins de questions.
« ça ne te dérange pas j’espère ? J’ai besoin de pratiquer mon anglais »
« Ben dis donc tu l'as appris où ton anglais ? »
« Un peu à l'école et avec les touristes »
« Donc t'es doué ! »
« C'est rare de voir des touristes arriver en scooter par bateau. T'as payé combien? »
« Une dizaine d'euros »
« Ah ah comme tu t'es fait rouler!
»
«
»
Nous causons sur la plage pendant une bonne ½ heure, pendant que mes affaires trempées sèchent sur moi au soleil. Le village est pittoresque : de jolis bateaux amarrés sur la plage, une jolie plage de sable blond avec au loin sa mangrove, des habitants qui vaquent à leurs occupations, ramassant je ne sais trop quoi sur la plage
ou triant des algues destinées à l’exportation pour l’industrie cosmétique
Qu’il est bon flaner sur cette plage ! Partout des « hello mister ! » « boulé! boulé ! » (boulé = touriste en langue sasak), des rires, les gens adorent se faire photographier.... Ce jeune Sasak qui ne me lâche pas d’une semelle est un pêcheur, il a 20 ans (oui encore...) et il s’appelle Rumaji. Il me demande une cigarette mais je lui réponds fièrement "tidak mrokok" (je ne fume pas... j'ai appris la phrase par coeur car inutile de vous dire qu'elle me sert souvent...). En tout cas le courant passe bien tous les 2
Je me décide enfin à poursuivre ma route vers ces fameuses plages de rêve de
Lombok. Rumaji me montre sur ma carte où elles se situent. Je pars avec mon scooter : une route chaotique, disons plutôt un chemin, puis de simples sentiers, me conduisent à travers la péninsule. L’endroit ressemble à une sorte de Finistère, aride, avec beaucoup de vent, mais en effet des plages particulièrement belles...
et désertes ! Enfin presque
Maintenant il ne faut plus trop traîner car le seul hôtel du coin est cher... Il me faut retraverser toute la presqu’île, puis remonter plus au nord pour trouver enfin un hébergement bon marché. Mais en route, je repense à ce village typique... je ne sais pas pourquoi, j’ai envie d’y retourner, et j’ai aussi envie de revoir ce jeune pêcheur avec qui j’avais eu un si bon contact. Je fais demi-tour.
Après quelques dizaines de minutes à me perdre, à tourner en rond, à revenir sur mes pas, à demander ma direction, je retrouve enfin ce charmant village. Je vais acheter un paquet de cigarettes et pars à la recherche de « mon Sasak ». J’ai du mal à me souvenir de son nom Ramaji ? Ramaju ? Les habitants ne connaissent pas. Heureusement, il est sur une de mes photos et je zoome son portrait avec l’écran de mon appareil numérique.
« Aah ! Ru-Ma-Ji ! »
« Oui c’est ça, Rumaji »
Une nuée de gamins m’accompagne jusque devant sa maison
Dans le village c’est l’évènement : il y a un touriste chez Rumaji et en plus il le cherche !
Ravi, mon nouvel ami me fait entrer dans sa "rumah" et me propose de prendre le café « made in Lombok », au goût toujours autant épicé et sucré. Chez lui, pas de chaise, nous sommes assis à même le sol. A 20 ans, il vit déjà dans sa propre maison... et avec sa femme !
Nous sommes rapidement rejoints par son frère Rumawe, 22 ans, déjà papa de 2 jumelles... et sans oublier plusieurs dizaines de curieux qui squattent à l’intérieur et à l’extérieur de la maison car il n’y a pas de place pour faire entrer tout le monde...
J’essaye de faire le marrant et ça a l’air de plaire ! Je ne sais pas, je me sens bien ici, décontracté, ma réserve et ma timidité sont restées au vestiaire. Peut-être parce que je ne me sens pas jugé par les regards qui m’entourent... ou bien jugé moins jugé sur l'apparence qu’en Occident!
Je traîne... ça tombe bien, Rumaji n’a pas l’intention non plus de me laisser partir :
« Mister, Il y a de très beaux couchers de soleil ici. Si tu veux tu peux rester ici jusqu’au coucher du soleil »
« Non, désolé il faut que je parte car je ne veux pas conduire de nuit »
« Tu n’as qu’à dormir chez moi »
«
Tu as de quoi héberger du monde ? »
« Sans problème et en plus chez moi c’est pas cher comme à l'hôtel d'à côté! »
« Wouah trop cool ! »
En attendant le coucher du soleil, Rumaji me propose de venir sur la plage avec lui car il doit aller tendre un filet de pêche. Je suis heureux : je me dis que je suis vraiment privilégié d’être le seul touriste dans ce village. Je n’en pas croisé un de la journée, ça y est je commence à être en « immersion » !
Il me montre son instrument de travail : c’est une simple petite barque tout en bois, disons plutôt une pirogue, avec un morceau de bambou en guise de flotteur, relié lui-même à la coque du bateau par 2 branches naturellement courbées. Il monte dedans avec son frère et commence à pousser avec un bâton pour partir.
« Et moi ? »
« Ah mais tu veux venir ? »
« Ben oui !! » (c’est que j’ai des photos à prendre moi
)
La méthode du filet est simple : ici, le poisson est partout, il suffit de s’éloigner de quelques mètres du rivage et de tendre le filet : Rumawe pousse le bâton pour faire avancer doucement la barque, Rumaji déroule le filet hors de l’embarcation
Ensuite, de retour sur la plage, il suffit de tirer le filet
Hi... Hi... c’est Thalassa en live !
Cette fois c’est l’heure du coucher de soleil... et mon objectif est toujours crade...
Une fois la pêche terminée, les 2 frères me proposent de me mettre à table avec un sourire non dissimulé. Huummm le bon poisson frais ! Mais ouille ouille ouille le piment ! Harri, un des voisins, semble captivé par mon Guide du Routard... car il est écrit en Français !!
Il est 20h. Nous retournons à la plage avec d’autres villageois pour regarder les étoiles.
J’adore ce genre d’instant, ou, en position allongée, et l’obscurité aidant, les langues se délient, les silhouettes se dessinent... on se parle comme si on se connaissait depuis longtemps
Il est temps de retourner à la maison et d’aller dormir. Rumaji m’apporte un matelas et s’allonge par terre, à côté de moi.
« Heu... Rumaji, elle est où ta femme ? »
« Elle est partie dormir chez le voisin »
« Pourquoi ? Je gêne peut-être ? »
« Mais non ! Mais moi je suis musulman et lorsque j’ai un invité ça ne se fait pas de dormir avec sa femme »
« Allons bon !... Et... tu dors sur le ciment toi? »
« Oui oui... j’ai l’habitude... »
Le lendemain matin, j’ai droit à un petit déjeuner local : du poisson avec du riz ! (celui que j'ai pas fini la veille
) Il me fait visiter sa maison. Dans sa chambre il y a un lit sans matelas: c’est le matelas sur lequel j’ai dormi... Rumaji m’a prêté son propre matelas. Si c’est pas de l’hospitalité ça !!
Puis enfin j’ai droit à une bonne douche, sauf que chez lui il n’y a pas d’eau alors il m’accompagne chez ses parents, à 200m. Là, dans une petite pièce en plein air clôturée par des bambous, je retrouve la bonne vieille douche qu’on utilise dans les campagnes et dans mes chères îles paumées: un puits, un seau avec une corde, on plonge le seau dans le puits, on le remonte en tirant sur la corde et on se verse le contenu du seau sur soi. En répétant plusieurs fois l’opération c’est tout aussi efficace qu’une douche et tellement bon quand on est dans un pays chaud...
Rumaji voit bien que je vais partir...
« STP Mister reste. Tu amélioreras mon anglais et moi je t’apprendrai l’Indonésien et les coutumes des Sasaks »
Inutile de vous dire qu’il n’a pas besoin d’insister deux fois...
« Et puis tu peux rester le temps que tu veux : une semaine, un mois, un an même ! »
« Merci Rumaji... Au fait, hier j’ai eu du mal à m’orienter et je pense que j’ai loupé certaines plages. Ça te dit de m’accompagner cet après-midi ? »
« Avec plaisir ! »
« Mais je ne veux pas abuser de ton temps »
« En ce moment je n’ai rien de spécial, je n’ai pas besoin de pêcher tous les jours, je peux stopper mon travail quand je veux. Je ne suis pas salarié moi
»
« Super ! Au fait je ne m’appelle pas Mister, moi c’est Loic... »
« Ok Mister »
Ni une, ni deux, nous voila repartis sur les petits sentiers sur lesquels je me suis perdu hier... Et effectivement, hier j’en avais loupé des beaux coins la vache !
Rumaji et moi n’arrêtons pas de parler. Une relation de frère à frère, ou de père à enfant, ou un peu des deux, je ne sais pas, est en train de s’instaurer. Il est curieux de tout et il aime apprendre. Malgré son isolement géographique, il a une opinion sur tout, et je suis épaté par ses connaissances géographiques et géopolitiques. Il connaît déjà le nom du nouveau Président français 3 mois après son élection...
« Mais comment sais tu tout ça ? »
« Dans les journaux... j’adore lire l’actualité. Et puis parfois je vais voir la télé chez ma voisine, ou je discute avec les touristes, j'en vois quelques uns chaque mois. Au viilage, mes amis ont pour consigne de venir me chercher dès qu'ils voient un touriste, car je suis le seul à parler anglais, et je veux absolument maîtriser l'anglais ! »
Il m'épate, il m'épate...
Et puis vient la question que je redoute tant lorsque je voyage... La dernière fois qu'on me l'avait posé c'était aux Iles Andaman...
« Loic, tu gagnes combien par mois ? »
« Arf... toi d'abord
»
« Moi, je gagne en moyenne 1 million de Rupiah, soit 80€, mais c’est variable, ça dépend si je vends des langoustes ou pas, j’ai des mois à 50€ et des mois à 150€. »
Je réfléchis... mon interlocuteur est (très) intelligent, j’ai du temps devant moi, OK toutes les conditions sont réunies pour que je puisse annoncer le chiffre.
« Moi je gagne 15 millions par mois »
Evidemment la réaction est immédiate :
« Wouahhh tu es très riche ! »
« Attends, attends, maintenant j’explique ! Un chiffre ça ne veut rien dire, il faut tout ramener au coût de la vie»
Je sors un morceau de papier et un stylo :
« En
Indonésie, 1 kilo de riz coûte 5000 Roupiah, en
France c’est plutôt 50000. Donc toi, en
Indonésie, tu peux acheter chaque mois 200 kg de riz, moi en
France 300 kg. Par contre, moi en
Indonésie, je peux acheter 3 tonnes de riz, et toi en
France seulement 30 kg. Tu comprends la différence ? Oui en
Indonésie je suis beaucoup plus riche que toi, et seulement quand je suis en
Indonésie, et d'ailleurs ce c’est pas parce qu’un euro vaut 12000 roupiah que je suis 12000 fois plus riche que toi (saleté d'euro qui nous fait passer pour + riches que les Américains
). Par contre, toi en
Indonésie, moi en
France, nous ne sommes pas si loins l’un de l’autre : 200 kg de riz pour toi, 300 kg pour moi. En
France, tout est très cher : par exemple le loyer de ma maison c’est déjà 6 millions. A la fin du mois il ne me reste pas beaucoup d’argent... »
« 6 millions... par mois ? »
« Ben oui par mois »
« C’est énorme ! Ma maison elle m’a coûté 30 millions (3000€) »
« Oui... en
France pour 30 millions de Roupiah tu loues une maison pour 6 mois, en
Indonésie tu en achètes une pour la vie.Et je peux te dire que mon loyer n’est pas cher... D’ailleurs, moi, je ne suis pas propriétaire comme toi. Je ne peux pas, je ne gagne pas assez. En
France, pour s’acheter une maison, on est obligé de contracter un emprunt auprès d’une banque, puis on rembourse pendant 20 ou 30 ans »
« Ha ha ha, vous payez des intérêts ! C’est stupide d’enrichir les banquiers. Moi pour payer ma maison j’ai emprunté à mes voisins et je les ai remboursés en 3 ans. On n’a pas besoin de banque ici, et puis la banque est bien trop loin »
« A l’inverse, j’ai une voiture et toi tu ne peux pas t’en payer une »
« Je n’en ai pas besoin »
« Je sais mais c’est pour te dire que ce qui est inaccessible dans mon pays peut être accessible pour toi, et inversement. C’est pour te dire que je ne suis pas le millionnaire que tu imagines... Pour venir ici, j’ai économisé de l’argent mois après mois, jusqu’à en avoir assez pour venir... Tu sais Rumaji, ce n’est pas parce que le seul hôtel de la région facture la nuit à 30€ que tous les touristes ont les moyens d’y aller. Pour pouvoir voyager, chaque mois je fais attention à mes dépenses, comme par exemple l’électricité qui coûte très cher »
« Combien ? »
« Environ 1 million par mois, et c’est peu ! »
« Moi je ne paye pas l’électricité. Nous avons l’électricité solaire gratuite. L’installation coûte 500€ et tu as de l’électricité à volonté et à vie. Chez moi la lumière reste allumée toute la nuit »
« Oui d'ailleurs si tu pouvais l'éteindre...
Et oui pour 500€ tu as 5 mois d’électricité en
France, en
Indonésie c’est à volonté et pour la vie ! Tu as un panneau solaire sur ton toit ? Je ne l’ai pas vu »
« Non, moi je n’ai pas l’installation, car j’utilise peu d’électricité : je n’ai pas d’appareil électrique, j’ai juste besoin d’un peu d’éclairage. Alors je n’ai pas besoin de panneau solaire, je suis raccordé à mon voisin qui me donne un peu de son électricité »...
Bon stop, on va arrêter la conversation car ça risque encore de me faire gamberger
... après, de retour en
France, je vais encore une fois me demander pourquoi je continue à vivre en Europe...
Mais il enchaîne :
« Je suis bien conscient que je suis heureux ici. Je suis pauvre mais heureux. J’ai une belle vie, j’aime mon village, j’aime mon métier de pêcheur, je sais que quelque part je suis privilégié. J’ai vu des reportages sur la télé de ma voisine qui m’ont montré que la vie en Europe n’était pas toujours aussi facile qu’ici. Je t’envie sur une seule chose : c’est de pouvoir voyager. J'aimerais tellement voyager moi aussi mais je suis trop pauvre pour cela"
"Quels endroits as tu déjà visités?"
"Mon village, la ville voisine,
Mataram, et puis c’est tout. Je suis pauvre, je n’ai pas d’argent pour voyager"
"Tu es déjà allé à Tetebatu, au pied du
Mont Rinjani?"
"Non"
"Il y a 2 places sur mon scooter... ojek gratuit !" (ojek = moto-taxi)
J’allège mon sac à dos en laissant des affaires dans son armoire, qu’il referme à clé... et il me remet la clé ! Ahlala c'est vrai qu'ils sont dangereux ces Sasaks musulmans fanatiques
Un rapide au revoir à sa femme et nous voila partis sur les routes! A chaque arrêt, on nous demande ce qu’on fout ensemble, ce à quoi nous répondons en nous désignant du doigt : « tourist Francis, tourist Sasak »
Nous roulons...
Nous nous sommes découverts plein de points communs. Comme par exemple cette fascination pour les cartes : lorsque je lui montre ma carte de l’
Indonésie, il l’examine longuement, sous toutes les coutures, les yeux grands ouverts, rêveur... comme moi quoi! Ou encore ce même rejet des villes et ce goût si particulier pour les plages où il n'y a personne.
« Rumaji quelle est ta date de naissance ? »
« 1er janvier 1987 »
« Hi hi j’en étais sûr... tu es Capricorne comme moi !
»
Maintenant je sais qu’il m’apprécie beaucoup. J’ai remarqué que dans de nombreux pays musulmans, les bons amis sont très affectueux en public. Chez nous deux hommes qui se tiennent la main ou se passent le bras autour de l’épaule, c’est jugé soit incongru, soit avant-gardiste, selon la tolérance du juge... En
Indonésie c’est très bien perçu, c’est signe d’une grande amitié. Et quand en plus c’est avec un touriste c’est un honneur... A l’inverse, on ne touche jamais à sa femme en public... c’est indécent
Malgré tout ma culture occidentale reprend le dessus et je me sens très mal à l’aise quand il me fait cet honneur et je repousse régulièrement sa main... surtout quand c’est en présence de sa femme
!! Je tente de lui expliquer que si en
France je faisais la même chose devant ma femme, elle serait très en colère !... Il rigole et traduit à sa femme, qui rigole à son tour...
C’est aussi ça les voyages : il n’existe aucun système de valeurs qui soit universel... Quoiqu’en pensent certains...
Mes repères culturels sont chamboulés... j’adore
Bref, nous roulons donc... et au bout de 2h de route, nous approchons de
Tetebatu
L’altitude s’élève et la température diminue. Ils sont frileux ces Sasak: ça tremble derrière. Je m’arrête et je sors ma fameuse veste Millet du fond du sac et me disant que tout le monde sauf moi aura porté cette veste ! Voilà mon passager prêt à affronter des températures qu’il ne connaît pas...
Nous trouvons au Selebuse Café une chambre sympa et pas chère.
« Tu vois, Rumaji, ici c’est 5€ pour 2 avec le petit déjeuner inclus. Tous les hôtels ne valent pas 30€ la nuit ! »
Emmi, le propriétaire de l’hôtel-restaurant, après m’avoir montré sa collection des copines européennes stockées dans son portable...
nous sert un bon poulet puis nous fait une démonstration de magie. Franchement il est très fort : « Emmi, sur ton panneau, tu as écrit hôtel, restaurant, randonnées, informations touristiques, chambres à louer... tu as oublié de rajouter spectacle de magie ! »
Le lendemain matin je suis réveillé par d’étranges bruits d’eau qui émanent des toilettes. Notre touriste Sasak a l’air d’avoir quelques difficultés... « Mince, j’ai oublié de lui montrer comment fonctionne une douche et une chasse d’eau ».
Ne sachant pas s’il est habillé, je le laisse se débrouiller
Après le petit déjeuner (lors duquel Rumaji découvre que les touristes mangent des trucs sucrés et non du poisson pimenté avec du riz) Emmi a dessiné une carte de la région sur le mur de son resto et nous indique les coins où il faut aller. Nous repartons en scooter sur les routes autour de
Tetebatu, entre champs de tabac, bananiers et rizières.
C’est génial de voyager ensemble: outre le fait qu’on s’est franchement bien trouvés, il me facilite énormément le contact avec la population locale.
Ainsi, nous passerons de bons moments à rire avec les trieuses de feuilles de tabac
et avec les planteuses de riz, qui nous offrirons même le café "made in Lombok" bien sûr !
Tiens, un mariage !
Nous rentrons au Selebuse Café. Pas mal de touristes s’arrêtent au restaurant. Rumaji n’a pas l’habitude des touristes, et dès qu’il en voit, il adopte toujours la même tactique : leur sauter dessus et les bombarder de questions. Certains moments sont savoureux... J’adore sa spontanéité et sa naïveté lorsqu’il demande systématiquement à un couple s’ils sont mariés ou juste amis, ou lorsque qu’il dit franchement qu’une personne est belle, qu’elle soit homme ou femme d’ailleurs car ici on ne fait pas la distinction comme chez nous... Ici, notre culture occidentale est parfois soumise à une petite épreuve et certains touristes ne cachent pas leur étonnement, ou leur méfiance, et me lancent des regards du genre « qu'est-ce qui fait, qu'est-ce qui veut, qui c'est celui-là? tu le connais ? ». Je ne dis rien, je savoure... ou pour m'amuser je réponds "oui, oui, c'est mon frère!"... Consternation
...mais intérieurement, je leur répond « oh oui, je le connais, c’est quelqu’un qui a un esprit peut-être un peu trop pur pour vous ! »
Emmi est en forme ce soir et refait un spectacle de magie pour tout le monde, sous vos applaudissements...
Nous repartons de
Tetebatu le matin. En partant, j'avais allégé mon sac à dos au strict minimum pour que mon Sasak de passager n'ait pas à porter toute la journée un « Sasak à dos » trop lourd ;-). Du coup, nous n'avons pas d'affaires de rechange. Je décide de m'arrêter dans une boutique de fringues pour touristes.
"Rumaji tu choisis ce que tu veux"
Il a vite trouvé son compte en prenant une contrefaçon d'une marque manifestement anglaise (il y a le nom d’un grand couturier et "
London" en gros caractères sur le T-shirt) + un bermuda de surf (une copie de Billabong). Et moi aussi je prends un « faux bermuda Billabong » + 2 T-shirt multicolores (que Rumaji n'aime pas...). Je négocie le tout à 20 euros.
"Mais c'est trop cher !! Si tu vas avec moi au marché, tu as 10 articles pour ce prix-là!"
"Oui mais je n'aime pas les articles vendus au marché. Ils sont à la mode Indonésienne, mais en Europe ce n'est pas mettable. Alors je préfère payer un peu plus cher. Mais ne t'inquiète pas, on ira aussi au marché. Ça te va, Mister Rumaji from
London??"
Il acquiesce en souriant... le voila rhabillé à la mode anglaise pour le haut et australienne pour le bas ! Avec ses lunettes de soleil (copies de Hockley...) que je lui ai offert, c'est le
vrai touriste de marque Sasak avec de
fausses fringues de marque...
Comme nous avons la journée devant nous, je préfère faire un petit détour pour longer la côte Est, on ne sait jamais, si on trouve des belles plages désertes ! Nous arrivons au Port de
Labuan Hagi. Là, une bande de jeunes nous observe. J’entends juste le mot « touriste » qui revient à chaque phrase, et ça rigole, ça rigole...
Rumaji s’approche d’eux...
« Je ne comprends pas ce qu’ils disent, ils ne parlent même pas le Sasak ! »
« Oula, mais d'où c'est qu'il débarquent ceux-là? »
Heureusement, depuis près d’un siècle, le Bahasa Indonesia est la langue qui fédère les milliers de dialectes d’
Indonésie, et ainsi tous les Indonésiens peuvent se comprendre grâce à cet Esperanto asiatique...
Ce sont en fait les habitants d’une toute petite île,
Gili Meringke, qui se trouve à quelques kms au large de
Labuan Haji. Ils attendent le bateau qui les reconduit dans leur petite île. Elle ne figure pratiquement sur aucune carte. En tous cas, nous avons vite fait de sympathiser ensemble !
Nous sommes invités à venir séjourner sur leur île, il parait qu’il y a une plage de sable blanc... Malheureusement nous n’avons plus le temps, j’ai rendez-vous à
Bali le lendemain ! Leur bateau arrive, et nous les regardons s’éloigner du port...
Retour à la maison. Rumaji est ravi d’avoir joué au touriste pour la première fois de sa vie. Il raconte nos aventures à ses amis... envieux !
Bon, cette fois, je n’ai plus le choix, je dois partir, demain j’ai un avion pour
Denpasar car je vais rejoindre Carine. Je regarde encore une fois la carte de
Lombok : 70 km de route. Bah, c’est pas si loin, je partirai cet après-midi ! Alors re-discussions avec les habitants, re-plouf à la plage, re-miam chez mon petit frère...
En partant, j’ai la gorge serrée. Rumaji me note son adresse sur un morceau de papier et me le tend, le regard triste. Je pense qu’à cet instant je dois avoir la même tête... Je laisse une partie de moi-même dans ce village où tout le monde me connaît et m’apprécie car « je ne suis pas comme les autres touristes » (ah bon ?). Et puis j’abandonne également mon petit frère... ce n’est qu’un au revoir, j’en suis sûr.
Je retrouve Carine à
Bali. Je ne suis pas en super forme, je lui raconte ces deux semaines inoubliables que je viens de vivre... Avant d’aller à Lombok, j’avais pris soin de mettre une option pour un vol sur
Maumere le 17/08. Lorsque que nous nous rendons au guichet Merpati à l’aéroport, une employée nous apprend que mon option a sauté car je n’ai pas payé à temps... alors que j’avais bien dit à son collègue que je venais régler mon billet le 14 août
Tous nos plans sont fichus en l’air... Là, je commence à m’énerver, à leur dire que ça ne m’étonne pas que leur compagnie de pacotille soit sur la liste noire, enfin le bon Français en vacances quoi
En plus, mon interlocutrice est manifestement rompue à ce genre de mécontentement et ne prête aucune attention à moi...
Bon, on se calme... On réfléchit...
« Heu... Carine, ça te dit d’aller à Lombok, puis à Sumbawa? »
Elle accepte. D’un coup j’ai une pêche d’enfer ! Grand sourire à l’employée que je viens d’agresser :
«Heu... finalement un vol pour
Mataram vous avez ? »
« Quelle date ? »
« Là, maintenant, tout de suite »
« C’est tout complet pour aujourd’hui et demain »
« On ira en ferry (nananère!...) »
Nouveau coup du destin qui une fois de plus m’oblige à retourner au même endroit... Vous l'avez deviné: pour mon plus grand plaisir
Histoire de laisser Carine se remettre du décalage horaire, nous restons 2 jours à
Sanur. J’ai horreur de cet endroit, où se succèdent boutiques, restaurants, hôtels... le tout collés les uns aux autres sur plusieurs kms de long... Nul de chez renul
Allez, hop hop hop, taxi pour
Padangbai et on saute dans le ferry. Nous sommes harcelés par des vendeurs en tout genre... et je décide d'en harceler un à mon tour...
« Combien tes lunettes de soleil ?»
« 5€ »
« La pièce ? »
« Ben oui ! »
« Tu m’as pris pour un Américain ou quoi ? »
« Donnes moi ton prix alors, c’est négociable sur tu en prends plusieurs »
« 10 pour 10€ »
« Ah ah ah ! A ce prix là c’est la banqueroute ! »
« Hi hi, ben voyons »
« Rooh allez 20€ quoi !»
« Nan, 10€, j’irai pas au delà. »
« Je peux pas, je perds de l’argent »
« Tant pis pour toi, tu vas louper un beau billet rouge... » (et je lui agite un billet de 100000 Roupiah, qui correspond à la plus grosse coupure qui existe)
« Ca va, t’as gagné, mais je choisis les modèles »
« Merci mon ami ! »
Et me voilà avec 10 paires de lunettes de soleil en plastique : que des copies de grandes marques, côté design elles assurent.
Le ferry accoste au port de Lembar, puis nous montons directement en bémo dans la ville de Chakranegara retrouver ce cher M. SUBHI des scooters. Carine s’exerce un peu à rouler, c’est bon elle a déjà l’expérience de la
Thaïlande.
En route pour la traversée de
Lombok. Nous arrivons chez Rumaji en milieu d’après-midi.
« Loïc ??!! tu es revenu ?? mais quelle bonne surprise, oh que je suis content !!
»
« Ben moi aussi si tu veux tout savoir...
»
Gros attroupement dans la maison, en l'honneur de Carine et moi...
Distribution des lunettes de soleil. A voir leurs têtes, j’ai bien fait d’acheter ces lunettes...
Il encore temps d’aller à la plage, nous décidons d’aller nous baigner tous ensemble.
Quels inséparables ces deux là
Rumaji a envie d’aller pêcher ce soir à la tombée de la nuit. Il se met à chercher ce qu’il appelle le « food for fish». Il se met à creuser le sable de la plage et en ressort de gros vers... Beurk !
La récolte de food for fish est bonne. Il est l’heure d’aller manger. Après le spectacle du food for fish, on a vachement faim
Puis nous irons finir la soirée avec... Rumaji bien sûr... à la pêche à la ligne, cette fois au bout de la jetée du village. A part des morceaux de corail, il ne pêchera rien du tout ce soir là. Grand philosophe il déclare :
« C’est pas grave si je n’ai pas de poisson. L’essentiel c’était de passer un bon moment ensemble sous les étoiles... bon allons dormir »
Le lendemain j’emmène Carine sur ma plage préférée. Bien sûr j’emmène avec moi mon inséparable guide Sasak... Nouvelles séances photos avec les gamins du coin...
Soit dit en passant Alan, tu aurais du pousser encore un peu plus à l’Est, n’est-ce pas ?
Puis en fin d’après-midi, nous allons voir l’équivalent du défilé du 14 juillet, sauf qu’en
Indonésie c’est le 17 août et ce sont les écoles qui défilent au pas...
Malheureusement Carine ne vit pas des moments aussi magiques que moi. Elle a encore le décalage horaire et elle dort très mal. Elle est très fatiguée et finit par me confier qu’elle a besoin d’un hôtel pour se reposer. Pas de souci je comprends, d’autant qu’il est vrai que chez Rumaji le sommeil est difficile entre les chiens, les poules, la mosquée, le voisin qui balaye à 6h du mat... Nous allons à l’hôtel du coin et finalement on arrive à trouver une chambre à 8€ et non les 30€ annoncés par Rumaji lorsqu’on s’est rencontrés. Mais si on ajoute les repas hyper chers (l’hôtel est très isolé et tout est acheminé en 4x4), on arrive vite aux 30€.
« Tu sais, mon seul but dans cet hôtel c’est de dormir pour récupérer... Alors si tu as envie de dormir dans TON village ne te prive pas »
« Ben non, quand même, on voyage ensemble, je vais pas te laisser tomber »
« T’en meurs d’envie »
« Mouarf... mais non »
« Allez fiche le camp »
« Merci Carine
»
Et hop d’un coup de scooter je retourne au village. Les 2-3 kms qui séparent l’hôtel du village sont un véritable parcours de trial, avec tout ce qu’il faut : rochers, ornières, pentes à 30%, sable, trous béants, la totale j'adore ça (je flippe un peu pour les pneus quand même)...
Depuis plusieurs jours, j’ai une petite idée derrière la tête... Après le repas, je demande :
« Rumaji... Je n’ai plus assez de temps cette année pour faire la traversée des îles de la Sonde que j’avais envisagée. Si je reviens l’année prochaine, tu veux me servir de guide ? »
« Mais je ne suis pas guide, je ne connais même pas Sumbawa et Florès »
« Oui enfin je me comprends, j’ai besoin d’un ami qui me facilite l’approche et le contact avec la population locale, si tu préfères... »
« Ouaah... mais c’est trop génial ! C’est vrai ou tu me fais marcher ? »
« Ben c'est vrai tiens ! Tu peux te libérer un mois entier ? »
« Evidemment »
« Et ta femme elle est d’accord au moins ?»
« Elle sera super contente pour moi »
« Génial ! Alors tu peux compter sur moi. Quand je promets un truc je le fais »
« Moi aussi »
« Parole de Capricorne !! »
Le lendemain, Carine a pu récupérer.
« Bon on ne va pas passer tout notre temps ici tout de même ? »
« Non non, on y va, y’a pas de problème !
» (chuis dégoûté mais bon elle a raison, je vais pas passer mes 6 semaines de voyage au même endroit !)
« On va où ? »
« Ben vu qu’on a les scooters, que
Bali en plein mois d’août bof, on peut tenter Sumbawa comme on avait dit...»
« Oui pourquoi pas ? C’est bien Sumbawa ? »
« Je sais pas. Le bouquin n’a pas l’air hyper enthousiaste... mais bon c’est en dehors des sentiers battus, et lis ce que Alan a marqué, et vu comment j’ai adoré
Lombok et lui aussi, j’ai bien envie de me fier à lui et pas au bouquin
»
Je lui tends ton carnet de voyage, cher Alan, dans lequel tu exprimes ta frustration de n’avoir fait que traverser Sumbawa sans t’arrêter...
En route pour Poto-Tano, le port de Sumbawa. Je quitte Rumaji cette fois pour de bon... un nouveau mauvais moment à passer mais les bonnes choses ont toujours une fin. Et puis je suis moins triste car je sais qu’on se revoit dans un an
Nous montons en scooter jusqu’à Labuhan Lombok, au Nord-Est de l’île. Le ferry pour Sumbawa finit par accoster. La traversée dure une bonne heure...
A Sumabawa, les paysages sont assez arides mais la route offre des vues dégagées sur de grands espaces. Le trafic est très faible, des hommes transportent des meules de foin à vélo, la route est bordée de cocotiers qui dessinent des ombres avec la lumière du soleil qui décline. Le tout donne une ambiance de « hors des sentiers battus » qui me plait. Par contre je ne sais pas où mon bouquin a vu de belles plages...
Nous sommes assez crevés et contents de trouver un hébergement dans la petite ville d’Alas. On se couche comme les poules mais quelqu’un frappe à la porte.
« Il faudrait rentrer ton scooter à l’intérieur de l’hôtel »
« Mouais »
Je sors et pousse le scooter à l’intérieur de l’hôtel. Le gardien de l’hôtel est entouré par ses copains et ce petit monde m’observe... L’un d’eux parle anglais et commence à m’aborder. Il s’appelle Jules et... il a ENCORE 20 ans (décidement chuis abonné aux djeun's)... On cause... Tiens, j’ai plus sommeil !
Pluie battante le lendemain matin. Au lieu de rester à rien faire dans l’hôtel, je vais au marché d’en face histoire de prendre quelques photos de la vie locale... entre les vendeuses de fruits
et les marchandes de poisson
Nous poursuivons la route vers
Sumbawa Besar. Les maisons sur pilotis sont très différentes de Lombok
mais les habitants sont aussi accueillants que les Sasaks
Arrivée à
Sumbawa Besar. Coup de bol : les cérémonies de la fête nationale ne sont pas encore terminées et nous avons droit à un joli défilé de personnes habillées en tenue traditionnelle locale
La soirée à l’hôtel ne se passe pas très bien. Carine m’explique que le voyage est trop difficile pour elle, on passe la journée sur le scooter... Là encore, je comprends que nous n’avons pas tous la même façon de voyager et je lui propose de faire demi-tour et de quitter Sumbawa, sachant que, de toutes façons, j’ai prévu d’y revenir l’année prochaine...
Retour sur
Lombok et cap vers le nord, via les
pentes du Mont Rinjani. Nous nous arrêtons à Sapit, petit village de montagne niché au milieu des champs de tabac.
Si le temps n’est pas trop la partie, j’ai quand même droit à un beau lever de soleil le lendemain matin
La route continue à monter à travers la forêt
pour atteindre le sommet
puis redescendre pour atteindre la côte Nord.
Carine et moi devons nous rendre à l’évidence : nous ne sommes pas faits pour voyager ensemble. Elle fait beaucoup d’efforts de son côté, et moi aussi. Nous nous apprécions, alors nous nous forçons mutuellement à se supporter l’un l’autre. Mais il apparait plus sage d'envisager de visiter
Bali séparément.
Mais avant, nous passerons tout de même quelques jours de repos bien mérité sur les
Iles Gili.
Gili Meno, en position centrale, nous paraît un choix stratégique pour visiter les 3 îles, et puis apparemment c’est tranquille... j’ai tout de même quelques hésitations avec l’alerte aux moustiques marquée dans mon guide de voyage... Carine maintient sa position pour
Gili Meno, elle fera le bon choix, ce sera notre île préférée des 3... surtout par rapport à
Gili Trawangan qui est nettement plus construite...
Aahhh la couleur de l’eau
la belle plage de sable blanc
les couchers de soleil
les sorties de snorkeling
tout baigne quoi !
A suivre... La suite est un peu plus bas...