Denis007 · 16 octobre 2017 à 0:17 · 66 photos 41 messages · 18 participants · 8 145 affichages | | | 16 octobre 2017 à 0:17 · Modifié le 19 oct. 2017 à 3:15 Tranches de voyage - l' Amazonie péruvienne Message 1 de 41 · Page 1 de 3 · 6 672 affichages · Partager Bonjour à tous et toutes
Après mon premier carnet sur la Chine (accessible ici pour les curieux: voyageforum.com/...s-sud-nord-d8102904/) et les bons retours qu'il a obtenu, et vu aussi que je prends un certain plaisir à écrire, voici mon second carnet consacré cette fois-ci au Pérou, et plus précisément à sa partie amazonienne.
Pour poser le contexte général, j'ai laissé tomber mon boulot et ma vie en France pour partir vadrouiller autour du monde, je voyage en continu depuis 2 ans maintenant, et comme je ne vais pas faire un carnet pour raconter 2 ans de voyage, j'ai donc décidé de me contenter de certaines parties qui m'ont plu ou marquées. C'est pourquoi j'ai décidé d'appeler mes prochains carnets "tranches de voyage". Ces "tranches de voyage" seront des récits de périodes plus ou moins longues, généralement se concentrant sur des régions bien précises des pays que j'ai traversés, ou alors sur des activités particulières que j'aurais réalisées durant mon périple et susceptibles d'intéresser le public de voyageurs qui se trouve sur ce forum.
Passons maintenant au contexte particulier de ce récit. Après une année complète à parcourir l'Asie en bus, moto, scooter, train, bateau ou auto-stop, j'ai eu envie de changer et de me frotter à un mythe, au plus grand road-trip de tous les road-trip: faire la route panaméricaine depuis l'extrême nord de l'Alaska jusqu'à l'extrême sud de l'Argentine à Ushuaia. Dans cette optique, j'ai acheté un 4x4 au Canada et depuis je traverse tous les pays d'Amérique, en direction du sud, toujours vers le sud...Lorsque commence ce récit, cela fait presque 9 mois que je roule sur les routes de ce continent fabuleux et je suis au Pérou depuis un peu moins de 10 jours...
Enfin j'arrive à Yurimaguas.
Il est 15 heures passées, c'est parfait, je vais avoir le temps de chercher tranquillement un hôtel pour cette nuit et surtout le plus important: un garage pour ma voiture. Si d'ordinaire mes recherches d'hébergements sont conditionnées par un lieu sécurisé pour garer ma voiture car j'essaie le moins possible de laisser ma voiture stationnée dans la rue de nuit, cette fois-ci le challenge se corse un peu car je vais devoir trouver un garage ou un parking de confiance qui voudra bien garder mon véhicule une douzaine de jours, le temps pour moi de faire une excursion dans cette fameuse amazonie Péruvienne. En effet, j'ai pour premier projet de rejoindre la ville d' Iquitos, or celle-ci ne s'atteint qu'en bateau ou avion. Je vais donc être obligé de laisser ma "bigmobile" (le petit surnom affectueux de ma voiture) pour reprendre mes vieilles habitudes, uniquement chargé de mon sac à dos!
Voici mon trajet prévu sur le fleuve, depuis Yurimaguas jusqu'à Iquitos:
"Bienvenidos à YURIMAGUAS - Iquitos 668 km - Manaus 2550 km - Océano Atlantico 4050 km" m'annonce fièrement un panneau à l'entrée de la ville.
Je n'ai pas l'intention d'aller si loin, Iquitos me suffira. Pour le moment, mes plans immédiats sont d'atteindre le centre-ville, et de commencer mes recherches de logement et de parking.
Depuis hier, une chaleur humide règne en maitre malgré le temps ensoleillé, ce qui me change des jours précédents dans les montagnes de Chachapoyas. Cela fait 2 jours que je suis parti de Chachapoyas et j'ai remis le short et les sandales, il fait vraiment trop chaud pour supporter mon pantalon et mes chaussures de randonnée qui m'ont accompagné ces 2 derniers mois, depuis que j'ai quitté la côte Caraibe colombienne en fait. Yurimaguas n'est pas une grande ville, et j'ai vite fait le tour du centre: une petite dizaine d'hôtels tout au plus occupent la place. Au moins je serais vite fixé!
Mes premières démarches ne me satisfont pas vraiment: soit l'hôtel n'est certes pas cher (25-30 soles soit env. 7-8 euros) mais est peu engageant et surtout sans possibilité de laisser la voiture, soit je trouve des hôtels avec garage mais plus haut en standing (pas de chambre à moins de 70 soles (env. 19 euros) et un parking qui coute 15 sol (env. 4 euros) par tranche de 24 heures. Trop cher pour mon budget... Par chance, je découvre un escalier coincé entre un casino et une boutique de téléphone portable avec une pancarte qui m'invite à monter à l'étage: "Hay habitaciones - wifi -cochera". Je tente ma chance et bingo! L'hostal Antonio's est un très bon choix: les prix vont de 40 sol (env. 11 euros) pour une chambre simple sans clim mais très propre jusqu'à 110 sol (env 30 euros) pour des chambres familiales climatisées. Mais surtout, le patron peut garder ma voiture chez lui pour la modique somme de 5 sol (moins de 1,50 euros) par jour! J'arrive à négocier la chambre pour 30 sol (8 euros) aidé par le fait que je laissais ma voiture au moins 10 jours et par la promesse de revenir au même hôtel lors de mon retour d' Iquitos. J'accompagne donc Antonio jusque chez lui pour découvrir sa maison en chantier où je pourrais laisser mon véhicule: Le chantier est fermé et sécurisé la nuit, et la journée seuls les ouvriers (qu'Antonio connait tous) peuvent rentrer, c'est parfait! Antonio possède non seulement l'hotel qui porte son nom, mais aussi une petite supérette et une grosse quincaillerie en ville, c'est une figure locale!
J'en profite pour lui demander des infos sur les prix et les horaires des bateaux vers Iquitos, il me répond qu'il n'y a tout simplement rien de fixe et que je dois aller me renseigner directement au port.
Malgré le fait que la nuit arrive, je vais donc tater le terrain pour demain, le port n'étant situé qu'à environ 800 mètres du centre et donc facilement accessible à pieds, et puis ça me fera une petite ballade pour finir la journée. Arrivé au port, je ne suis pas plus avancé car les principaux bateaux "à quai" (je met ce terme entre guillemets car en fait il n'y a pas de quais!) sont soit vides, soit remplis de bétail ou de marchandises diverses et variées, mais aucun n'a l'air prévu pour accueillir des passagers comme moi. Seul un navire, le "Bruno" a l'air d'être équipé pur le transport de passagers, mais on m'informe rapidement que le capitaine est absent pour le moment, que le bateau ne part pas avant demain matin matin et que de toutes façons il est plein.
OK, je reviendrais donc demain car la nuit est maintenant tombée. Si ce bateau est plein, il va donc falloir que j'attende le suivant, cela ne me gène pas, je suis prêt à passer un jour ou 2 de plus ici si nécessaire, de toutes façons je verrai ça demain, pour l'instant je prends une moto-taxi pour me ramener en ville et je vais manger dans un petit boui-boui local un menu à 15 sol (env. 4 euros) à base de "chaufa" qui est un riz cantonnais adapté à la sauce péruvienne. De manière générale, j'ai été surpris par le nombre de restaurants "chinois" au Pérou, mais aussi en Equateur ou en Bolivie: la "comida china" est populaire dans cette région du monde!
Bien que la chambre soit confortable, je n'ai pas passé une si bonne nuit que ça: en effet l'isolation est mauvaise et comme mon logement donne sur la rue la plus passante de la ville, j'ai eu droit à une ambiance citadine marquée. Entre klaxons incessants, motos pétaradantes et conversations animées sous ma fenêtre, difficile de s'endormir avant 2 heures du matin! Rajoutez à ça la chaleur moite de la nuit et le ronronnement du ventilateur et vous aurez le descriptif d'une superbe nuit en voyage...
Me voici donc revenu au port en espérant cette fois-ci obtenir plus d'informations que la veille. Le "Bruno" est toujours là, et est rempli de nombreuses personnes et plus encore de marchandises.
Cette fois-ci, je n'ai pas à chercher bien loin puisque à peine monté à bord je suis interpellé par un homme assis sur sa chaise en plastique et attablé avec son cahier et son carnet de tickets. C'est le responsable de la billeterie et il cherche encore des gens pour remplir son bateau!
"Holà Señor! Si vous voulez embarquer pour Iquitos, c'est par ici que ça se passe! -Oui je suis intéressé lui répondis-je. Quand part le bateau et combien coute le ticket? L'homme regarde sa montre, fait une petite moue qui feint la réflexion pendant 2 secondes et m'annonce: -On part entre 11 heures et midi. et le billet coute 120 soles (env 32 euros) en hamac avec tous les repas compris. Sinon c'est 250 soles (env 69 euros) en cabine, mais à moins de payer pour 2 personnes, il vous faudra la partager avec quelqu'un. -OK pour une place en hamac! De toutes façons, avec cette chaleur humide, je pense qu'un hamac sera plus agréable qu'une cabine. Il est 9h30, c'est un timing parfait! J'ai juste le temps de rentrer à l'hôtel, de prendre mes affaires et de revenir ici. -Combien de temps dure le trajet jusqu'à Iquitos? lui demandai-je Nouvelle moue dubitative de mon interlocuteur qui m'annonce finalement: -3 jours. Si Dieu le veut!"
J'achète donc mon billet, je file à l'hôtel en mototaxi récupérer mon sac à dos et je reviens finalement au bateau à 10h30, c'est parfait, il me reste une bonne demi-heure.
Première question à régler: il me faut donc un hamac vu que j'ai payé pour. Mais voilà, la hamac n'est pas compris dans le prix, et comme je n'ai pas le mien, je vais être obligé d'en louer ou d'en acheter un. Les prix sont ma foi très honnête: 20 sol (env 5,50 euros) la location pour toute la durée du trajet ou 45 sol (env 12,50 euros) si je veux l'acheter, sachant qu'il n'est pas neuf et a déjà servi de nombreuses fois à la location. Je choisis la location, et après m'être installé dans un des derniers emplacements disponibles, je passe à l'étape suivante: la visite du bateau. Mais je suis sans cesse abordé par des vendeurs ambulants qui me proposent au choix de l'eau, des biscuits, toute sorte de nourriture, des couvertures, des tupperwares avec des couverts... En fait, il faut faire des provisions d'eau potable, car on en trouvera que très peu durant la traversée, ou alors à des prix élevés. J'achète donc un tupperware et des couverts qui me serviront de gamelle pour recevoir mes repas, ainsi que quelques biscuits et gateaux fantaisies.
Le bateau possède 3 niveaux: le premier est uniquement consacré au stockage des marchandises et aux machines, sur le second la majeure partie de l'espace est réservé aux passagers (mais cela n'empêchera pas le capitaine d'y loger des dizaines de palettes d’œufs et de fruits), et le 3ème niveau est sur le pont supérieur où se situent les cabines ainsi que quelques hamacs supplémentaires abrités par un auvent.
Je me suis installé avec la plus grande partie des passagers au second niveau. Les plafonds métalliques possèdent des barres spécialement prévues pour attacher les hamacs, chacun s'installe là où il trouve de la place et comme il y a beaucoup de monde, les hamacs sont collés les uns aux autres. Pas mal de gens voyagent même par terre, directement sur le sol où ils ont étendu une couverture: des familles entières se sont ainsi installées entre les hamacs. Il faut également enjamber les très nombreux bagages qui sont posés là ce qui donne une ambiance générale de grand bazar, ce qui n'est pas pour me déplaire!
Le bateau est équipé d'éviers pour se laver, ainsi que de toilettes qui servent également de douches. L'état de l'ensemble est comment dire... assez repoussant! Mais j'en ai vu d'autres! C'est l'eau du fleuve (boueuse) qui est utilisée, elle est sensée être filtrée, mais elle coule marron... Bref, ça pour se laver ou piquer une tête dans le fleuve c'est pareil, je comprend les recommandations pour se munir de suffisamment d'eau potable pour la durée du trajet!
Le bateau devait soi disant partir vers 11h, mais ce n'est finalement qu'à 16h30 que nous quitterons Yurimaguas!
En fait, il n'y a pas vraiment d'horaires précis, les bateaux ne partent que lorsqu'ils sont pleins (de marchandises et de passagers), et même en général surchargés, chaque voyage devant être rentabilisé au maximum.
J'ai donc eu tout loisir d'observer le manège du chargement. Absolument toutes les marchandises sont chargées à dos d'homme, que ce soit des cartons divers, des cageots de fruits et légumes ou même des mototaxis entières, qui nécessitent 5 hommes chacune pour être soulevées et embarquées! Le travail de ces dockers de l' Amazone est très dur: le soleil cogne, la chaleur est humide, le sol est boueux et jonché d'ordures et ils font des centaines d'allers-retours par jour entre les cales du bateau et les semi-remorques garées à quelques mètres du rivage (on ne peut pas ici parler de quai!).
Un vrai travail de forçat!
Comme Iquitos n'est reliée au reste du pays que par voie fluviale ou aérienne, absolument toutes sortes de marchandises sont embarquées: des fruits et légumes, des meubles, des palettes entières de vêtements et d'objets divers, des pièces auto et même un minibus compléteront notre chargement. D'autres bateaux sont consacrés aux transport de matériaux de construction comme des planches de bois, des briques, des sacs de ciment tandis que d'autres encore sont réservés au transport d'animaux vivants comme les poulets entassés par milliers dans des cages en plastique ou alors ce navire amarré juste à coté du notre qui contient une bonne centaine de cochons et presque autant de vaches!
Je profite également de cette attente avant le départ pour faire la connaissance des autres occidentaux qui comme moi vont faire cette traversée. Il doit bien y avoir entre 150 et 200 personnes à bord, et nous sommes une petite dizaines de backpackers à avoir tenté l'aventure, la plupart des touristes qui vont jusqu'à Iquitos font le trajet en avion car le voyage en bateau est long et surtout aléatoire.
Il y a donc avec moi Géraldine, une suissesse étudiante qui a terminé son stage de 6 mois à l'université de Lima et qui s'offre un mois de découverte du Pérou avant de rentrer au pays et soutenir son mémoire de fin d'études en Septembre. Je fais également la connaissance de Laura et Bérénice, 2 jeunes filles françaises qui parcourent l' Amérique du sud. Elles avaient acheté un van au Chili qu'elles ont revendu et font le Pérou en sac à dos avant d'aller en Bolivie puis au Paraguay. Mike l'américain et Jenny l'hollandaise se sont rencontrés dans une "éco-ferme" pour volontaires occidentaux non loin de Piura et depuis ils ne se quittent plus. Sandrine est une française qui voyage seule en Amérique du sud. Chouchou et Loulou sont un très jeune couple d'étudiants allemands (ils ne doivent même pas avoir mon âge à eux 2) qui ont décidé de faire une pause dans leur cursus universitaire. Je les appellerai comme ça durant tout ce carnet car j'avoue que j'ai oublié leurs prénoms... Et puis aussi car ils sont reliés par une corde invisible qui les empêche de s'éloigner l'un de l'autre de plus de 10 mètres et qu'ils n'arrêtent pas de s'appeler de petits noms remplis de guimauve rose dégoulinante d'arc-en-ciel... Et enfin il y a Gargamel. Gargamel est australien tout comme sa copine, et tout comme elle il arbore un vrai look de zonard avec des tatouages et des piercings sur tout le corps, des vêtements déchirés dont un superbe t-shirt "I LOVE VOMIT" de très bon gout et surtout une coupe de cheveux étonnante: malgré ses 27 ans, il est déjà chauve à la manière de Gargamel, et ses cheveux blonds restants lui retombent sur les épaules ce qui lui confère un look qui fait rire tous les enfants car bizarrement il ne leur fait pas peur, il est toujours souriant et il émane de lui une gentillesse naturelle qui contraste très fortement avec l'apparence qu'il s'est donnée...
Au final, cet échantillon de touristes backpackers est assez représentatif de tous les voyageurs que j'ai pu rencontrer durant mon périple, il ne manquait là que les groupes en circuit organisé et les familles...
Nous levons donc l'ancre un peu après 16 heures, soit juste avec 4 heures de retard sur l'horaire qui m'avait été annoncé. Mais je n'ai finalement pas trop à me plaindre: Laura et Bérénice m’apprennent en effet qu'elles sont sur le bateau depuis la veille à 10h du matin! Le capitaine leur avait promis que le bateau partait à midi, puis à 16h, puis à 19h, puis le lendemain matin, puis à midi... Bref cela faisait 30 heures qu'elles attendaient le départ sur le pont! Mieux vaut tard que jamais, et surtout mieux vaut ne pas être pressé...
L'ambiance à bord est excellente, malgré les conditions assez basiques, malgré la chaleur humide, malgré la promiscuité entre voyageurs, et malgré le bruit pénible et incessant des moteurs du navire. Heureusement que j'ai installé mon hamac à l'avant où le ronflement des moteurs est quand même atténué. Mais ma principale activité ainsi que celle de tout un chacun va être de tuer le temps. En effet, j'ai fait le tour du bateau en moins de 5 minutes, il me reste 3 jours à occuper. Et comme un imbécile, je n'ai pas pris de livre... Le navire descend le fleuve et avance très lentement, autour de 15 km/h environ je dirais, ce qui me laisse largement le temps de contempler le paysage! Paysage qui d'ailleurs se révélera quasiment identique du début jusqu'à la fin: nous naviguons en zig-zag sur la rivière Huallaga, (qui deviendra ensuite le Marañon, puis enfin l' Amazone lorsqu'il sera rejoint par l'Ucayalli) afin d'éviter les bancs de sable, et les berges sont constituées par un épaisse forêt équatoriale, la célèbre forêt amazonienne!
Sauf qu'ici les ordres de grandeur sont démultipliés. Rien qu'à Yurimaguas, la rivière fait déjà plusieurs centaines de mètres de largeur et son débit est 2 fois supérieur à celui du Rhône à Arles pour donner un élément de comparaison. Et plus nous allons descendre le fleuve, plus cette largeur et cette immensité vont se faire ressentir. Nous avons 3 jours de "route" et plus de 668 km avant d'atteindre le port d' Iquitos...
A 18h précises, une cloche retentit: c'est l'heure du repas!
Tout le monde prend alors sa gamelle et fait la queue devant les cuisines situées à l'arrière du bateau. Les repas sont consistants, mais très basiques: du riz en grande quantité, agrémenté d'un petit morceau de viande en sauce, soit du bœuf, soit du poulet. Un ou deux morceaux de pomme de terre accompagne parfois ce plat, mais vers la fin du voyage seuls subsisteront le riz et la viande.
La journée s'écoule lentement et chacun s'occupe comme il peut, il n'y a pas grand chose à faire à part regarder le paysage qui défile lentement...
La nuit est finalement tombée mais il n'est pas question pour autant de dormir! Des lampes ont été allumées tout les 3 mètres environ, tout le monde discute plus ou moins fort avec son voisin, les enfants courent partout sur le pont, certains écoutent de la musique pour essayer de couvrir le bruit des turbines... Une chose m'épate dans cette obscurité: le bateau continue à avancer, toutes les 30 secondes, un puissant projecteur éclaire la rive ou le fleuve afin d'éviter un éventuel obstacle ou banc de sable.
Par curiosité, je vais voir le capitaine qui tient la barre et je lui demande comment il fait pour se repérer. "Il faut connaitre le fleuve presque par cœur me dit-il. Il faut savoir quel embranchement prendre (il y en a des dizaines, le fleuve faisant des méandres et créant des centaines d’îles, et parfois l’embranchement le plus large n'est pas forcément le plus court, le plus rapide ou le plus simple à passer), il faut connaitre l'emplacement des principaux bancs de sable répertoriés, et essayer de deviner à la forme du courant et des vaguelettes où sont les bancs de sables temporaires qui se forment ici et là, et surtout les éviter! Et ceci d'autant plus que le niveau des eaux varie fortement suivant la période de l'année, et qu'un passage sûr et rapide en Février ne l'est plus forcément en Août!..." Je reste admiratif devant cette expérience, je n'ai pas vu d'instruments particuliers (en tout cas pas de GPS), peut être des cartes, seulement une radio... Chapeau bas!
L'heure avance et je vais tenter de dormir, de passer ma première nuit à bord. Dormir dans un hamac ne me pose pas de problèmes, bien au contraire j'aurais tendance à aimer ça, j'ai d'ailleurs expérimenté ce mode de sommeil plusieurs fois en Amérique centrale et en Colombie. Sauf qu'ici les conditions ne sont pas idéales.
Tout d'abord la promiscuité: les hamacs sont très rapprochés les uns des autres et même si ils sont disposés en quinconce, on se touche les uns les autres. Il faut alors user de précision en déplaçant de quelques centimètres les cordes qui tiennent chaque hamac, afin de trouver LA position où on ne touche plus ses voisins, position qui sera à retrouver au milieu de la nuit... Outre le bruit et l'activité permanente, il y a aussi le problème de ces fichues ampoules qui attirent toutes sortes d'insectes étranges, et dont certains ne me veulent pas que du bien. Je suis obligé de me tartiner d'anti-moustique puissant si je ne veux pas me retrouver transformé en framboise le lendemain matin! Le produit repoussant est efficace, mais il pue un peu et surtout rend la peau très grasse... Pas l'idéal dans cette chaleur nocturne toujours humide... Au final j'arrive à dormir par tranches, le calme s'étant à peu près installé à partir de 2 heures du matin...
| | Bonjour Denis, merciiiii ce nouveau carnet commence très fort et je vais le suivre car j'avais adoré celui sur la Chine. bon courage pour la suite, moi je m'installe pour suivre ton voyage. mariejo | | Merci!
La suite arrivera normalement plus vite que sur le carnet chinois, j'ai déjà quasiment tout écrit, il ne me manque plus que quelques retouches, corrections, mises en page et le choix des photos à incorporer! | | Deuxième journée à bord qui commence par la cloche du petit déjeuner à 6h du matin. Autant le repas du soir était consistant, autant le petit déjeuner n'est pas terrible. Enfin c'est l'avis que je me suis fait. J'ai eu droit comme tout le monde à 2 morceaux de pain tartinés chacun d'un quart de noisette de beurre accompagné par une sorte de... liquide blanchâtre. En réalité, c'est de l'eau colorée en blanc par du lait dans laquelle flottent quelques flocons d'avoine, tellement peu nombreux que mes 10 doigts suffisent à les compter... Pour faire passer la pilule, cette mixture est très fortement sucrée, trop sucrée même, cela en est presque écœurant.
Bref, ce brouet infâme finira au fond du fleuve en ce qui me concerne. Heureusement que j'avais ma provision de biscuits! On peut aussi en acheter quelques uns à la petite échoppe du bateau, mais le choix est très limité.
Pour occuper les longues journées à bord, il n'y a pas 50 solutions. Comme je n'ai pas pris de livre, il ne me reste qu'à admirer le paysage, observer l'agitation à chaque escale et discuter avec les autres passagers et membres d'équipage. Le bateau fait en effet entre une et 2 escales par heure. C'est fou le nombre de petits villages établis le long du fleuve, parfois même ce ne sont qu'une ou 2 huttes isolées qui attendent impatiemment le navire et surtout son ravitaillement. A chaque arrêt, on décharge marchandises et passagers et on en charge d'autres, souvent des fruits ou des légumes d'ailleurs qui seront vendus sur les marchés d' Iquitos. Dès que le village possède plus de quelques dizaines d'habitants, nous avons droit à plusieurs vendeuses qui montent à bord pour vendre des fruits frais, des galettes ou des gâteaux artisanaux, divers snacks comme des chips et des cacahuètes et même des plateaux repas tout prêts avec du poisson frit et du riz, prêt à consommer qui ont un certains succès! Les villages que nous abordons sont typiques avec des maisons construites sur pilotis ainsi que souvent des passerelles elles aussi sur pilotis. En effet, entre la saison des hautes eaux et celle des basses eaux, le niveau du fleuve peut varier jusqu'à 6 mètres, et le moitié de l'année les habitations sont les pieds dans l'eau. En ce mois de Juin, nous sommes en saison intermédiaire, le niveau a commencé à baisser mais reste encore élevé.
On peut même parfois acheter des animaux tout juste capturés dans la forêt par les autochtones: j'ai vu des superbes perroquets en vente pour 35 soles (un peu moins de 10 euros) et même des singes, l'acheteur (mon voisin de hamac) n'a pas voulu me dire combien il l'avait payé... Surement pour espérer le revendre à Iquitos ou ailleurs avec une plus-value... Le singe en tout cas a passé le reste du trajet à gémir attaché à un sac par une ficelle de 30 cm...
Le temps défile lentement et les paysages font de même: le fleuve devient de plus en plus large et les nuages s'y reflètent pour parfois donner de superbes tableaux, le lit du fleuve est tellement démesuré qu'on a l'impression de naviguer sur un un lac...
Je discute avec les autres passagers péruviens: la plupart vont voir de la famille à Iquitos, d'autres y vont pour leur travail ou pour espérer en trouver un, je n'ai rencontré qu'un seul couple de Cajamarca qui m'a affirmé qu'ils allaient en vacances dans la "selva". C'est comme ça que tous les péruviens appellent la zone du bassin de l' Amazone dans leur pays, cette zone plus étendue que le France, pour eux c'est la "selva", la "forêt" sans plus de précisions.
La plupart du temps, quand j'annonce que je suis Français, la première réponse que j'obtiens est: "Francia? Aaahhhh Zidaaaaaaane!!!...."
Je crois que Zinedine Zidane est de très loin le Français le plus connu à l'étranger, surtout depuis que je suis dans ces terres footballistiques que sont l' Amérique centrale et du Sud. Mais cette fois ci, le petit monsieur qui vient d'entamer la conversation avec moi alors que je rêvassais appuyé à la balustrade du pont supérieur me surprend par sa réponse:
"La France, c'est le pays de Napoléon! -Oui tout à fait, c'est le pays de Napoléon lui répondis-je en répétant bien le nom de l'empereur pour être sur que j'avais bien compris sa réponse -Napoléon était un génie militaire, un très grand homme... C'est quelqu'un que j'admire beaucoup reprend-il. Il a conquis l'Europe lors de grandes batailles: Iéna, Wagram, Austerlitz... Aahh Austerlitz!! Vous connaissez toutes ces grandes victoires en France non? -Oui, bien sur dis-je, peu sur de moi -Les anglais l'avaient exilé à l’île d'Elbe, mais il est revenu, et l'armée s'est ralliée à ses côtés vous vous rendez compte? Il a fallu que tous les pays d'Europe s'unissent contre lui pour le battre à Waterloo et finalement l'exiler à Sainte Hélène... Quel destin! "
J'observe ce curieux personnage qui semble mieux connaitre l'histoire de France que moi: il est petit, la soixantaine bien tassée, son visage rempli de rides naissantes est tanné par le soleil et ses mains très abîmées trahissent une dure vie de travaux manuels. Ses vêtements sont usés et visiblement pas de toute première jeunesse mais ils sont propres. Des étoiles brillent dans ses yeux lorsqu'il évoque Napoléon.
"Vous savez, me dit-il en devinant mes interrogations intérieures, j'ai lu beaucoup de livres, et surtout des livres d'histoire, et de tous les pays du monde. J'adore ça. Je trouve que l'histoire est bien plus intéressante que n'importe quel roman, car tout y est vrai. C'est ça qui est fou: TOUT EST VRAI. Pas besoin d'inventer des récits extraordinaires, fantastiques ou invraisemblables, il suffit de lire un livre d'histoire, et de n'importe quel pays pour y trouver des choses que même les meilleurs auteurs de romans n'auraient pas pu imaginer..."
Nous avons discuté ensemble plusieurs heures surtout de la période révolutionnaire française et Napoléonienne, mais également de l'histoire de nombreuses autres régions du monde. Dès qu'il sentait que j'en savais plus que lui sur certains points, il n'arrêtait pas de me questionner, il voulait tout savoir, tout connaitre. Nous avons ainsi devisé sur des sujets aussi divers que la seconde guerre mondiale, du percement du canal de Panama et du scandale financier qui s'en est suivi en France, de la conquête mongole de l'Asie par Gengis Kahn et ses descendants, en passant par la guerre froide et la géopolitique américaine de ces 30 dernières années... Je ne sais pas comment il s'appelle, et je ne pense pas non plus lui avoir dit mon nom. Nous avons pris notre repas ensemble et nous ne nous sommes arrêté de discuter qu'au moment de rejoindre nos hamacs respectifs. Il est descendu le lendemain matin à l'escale de Nauta, avant Iquitos. C'est quand même fou d'aller au fond du Pérou dans la forêt amazonienne et de se retrouver à discuter avec un vieillard local de la manière dont Napoléon a pris le pouvoir en France...
Pour l'instant, la nuit est tombée, la pleine lune qui se lève se reflète dans le fleuve, et je m'apprête à passer une nouvelle nuit dans mon hamac, coincé entre les autres hamacs, les innombrables bagages et les moustiques toujours aussi nombreux...
| | Pétillant ce récit , on a l'impression d'être sur place Merci de nous faire partager cette tranche de voyage. Et oui pour Zidane. Mon mari se sert souvent de cette icone du football pour rentrer en contact dans des villages. Et cela marche ! en attente de la suite et.... ne t'arrête pas au Pérou ? vite vite pour tes tranches de voyage. laurence | | Ah c'est drôle, je rejoins mes "copines" de VF pour faire la groupie .
Une fois de plus je vais suivre avec grand plaisir cette "tranche de voyage" qui sent trop bon l'aventure et les belles rencontres.
A trés vite Denis | | À: Solene40 · 19 octobre 2017 à 3:51 · Modifié le 19 oct. 2017 à 4:18 Re: Tranches de voyage - l' Amazonie péruvienne Message 7 de 41 · Page 1 de 3 · 6 473 affichages · Partager Merci Laurence et Christelle, voici donc la suite puisque j'ai retrouvé une connexion potable!
Ce matin les nuages ont recouvert le ciel et la grisaille s'est installée, mais ils auront l'avantage de nous protéger un peu des rayons UV du soleil qui ont tapé fort hier.
Vers 9 heures du matin, nous faisons une longue escale de presque 2 heures à Nauta qui est un port actif sur l' Amazone, car à partir d'ici nous sommes officiellement sur l' Amazone. C'est en effet à Nauta que se situe le confluent du Marañon et de l'Ucayalli qui du coup donne naissance à l' Amazone. Le débat sur la branche principale du fleuve n'est toujours pas tranché à ce jour: si le Marañon apparaît comme choix logique car son débit est plus important que celui de l'Ucayalli, l'Ucayalli a de nombreux partisans dans la communauté des scientifiques et des géographes car il est plus long et son bassin est plus important. D'ailleurs, la source officielle de l' Amazone est celle de l'Ucayalli, mais sa longueur et son tracé tout aussi officiel sont celles du Marañon, allez comprendre...
En tout cas, cette pause me permet d'aller me dégourdir les jambes à terre à la recherche d'une petite boutique qui vende une nourriture autre que le riz, car je dois bien avouer que je commence à saturer un peu... Peine perdue, il n'y a là que quelques épiceries et les gargotes qui font office de restaurants ne servent qu'une peu appétissante soupe de poissons.
De Nauta je me rappelle surtout de l'insalubrité et de la pauvreté de la plupart des maisons en bois au bord du fleuve. Bref, rien qui ne me donne envie de m'attarder plus que nécessaire, je choisis donc de remonter à bord après un rapide tour d'horizon de l'endroit.
Je retrouve mon hamac et mon sac à dos auquel je l'avais attaché à l'aide d'une chaîne. Cette protection peut paraître dérisoire car il suffit à un éventuel voleur muni d'un couteau soit de couper les cordes du hamac, soit de couper une des 2 bretelles de mon sac, mais elle fut suffisante, car quelqu'un qui coupe une corde de hamac avec un couteau est vraiment suspect, tandis que quelqu'un qui ramasse un sac et qui s'en va, il y en a des dizaines dans l'agitation de cette escale.
Bien m'en a pris, car peu après notre départ de Nauta, j'apprends que Sandrine (la française baroudeuse solitaire) s'est fait voler son petit sac qu'elle avait laissé sur son hamac alors qu'elle était à quelques mètres accoudée à la rambarde occupée à regarder le chargement et le déchargement des marchandises... Elle a perdu quelques effets personnels, un peu d'argent mais surtout son passeport. Ayant moi même été victime d'un vol de papiers lors d'un de mes précédents voyages au Guatemala il y a quelques années, je sais qu'une galère administrative l'attends hélas, et surtout que son voyage au long cours est gâché... Moralité, les risques de vols sont très importants durant les escales, où beaucoup de monde monte et descend du bateau, c'est dans ces moments là qu'il faut être le plus vigilant. Le reste du temps, il n'y a pas de problèmes particuliers durant la traversée, c'est du moins l'impression que j'ai eue, à l'aller comme au retour.
Le voyage continue donc le long de l' Amazone, avec toujours ces arrêts réguliers pour ravitailler ici un hameau, là une cabane isolée...
A un moment, un attroupement se forme sur le coté gauche du bateau et tout le monde sort smartphone et appareils photo: je me précipite à mon tour pour voir de quoi il s'agit en pensant avoir la chance de voir des animaux, pourquoi pas des dauphins, des crocodiles ou mieux, un anaconda?
Rien de tout cela en réalité.
L' Amazone reçoit des milliers d'affluents le long de son parcours jusqu'à l'océan Atlantique, et il se trouve que celui que nous côtoyons actuellement possède des eaux boueuses de couleur noire. Les eaux de l' Amazone sont quant à elles tout aussi boueuses, mais de couleur marron. Et chose spectaculaire, les 2 eaux vont mettre plusieurs centaines de mètres à se mélanger, ce qui donne un contraste impressionnant entre les couleurs des eaux!
Ce n'est finalement que vers 16h30 que nous accostons à Iquitos, après avoir tout de même patienté presque une heure qu'une "place" se libère!
Le port d' Iquitos est aussi chaotique que celui de Yurimaguas, ici aussi le sol boueux est encombré de déchets et tout se charge/décharge à la main. Mais surtout, l'endroit ravive immédiatement mes souvenirs de l' Inde. A peine suis-je descendu du bateau que tout comme mes collègues occidentaux je suis assailli par les chauffeurs de moto-taxis, ils se bousculent presque, c'est à celui qui criera le plus fort pour nous proposer son carrosse et son hôtel, car ici comme en Inde, ils nous collent sous le nez leurs cartes de supers hôtels à prix-super-bas-rien-que-pour-nous-on-a-de-la-chance! Il faut même se faire un peu respecter car certains essaient d'office de prendre nos sacs à dos et de les mettre directement dans leur véhicule, exactement comme en Inde!!
Durant l'attente, nous avons profité du retour du réseau de téléphonie mobile pour consulter rapidement booking afin de ne pas avoir à chercher en ville et nous avons jeté notre choix sur l'hôtel "Amazonas green hostel" qui présentait l'avantage d'avoir des dortoirs et chambres disponibles pour pas cher et bien notées. Je me suis regroupé avec Géraldine, Mike et Jenny ainsi que Chouchou et Loulou, à nous 6 nous espérons bien négocier un peu les moto-taxis et l'hôtel.
Pour les motos taxis, nous nous sommes plutôt bien débrouillés, puisque les prix ont commencé à 5 sol (env 1,50 euros) par personne pour finir à 3 sol (un peu moins d'un euro) par moto taxi, sachant que nous seront 3 par véhicule avec nos sacs, ce qui est mine de rien assez fortement chargé, mais les chauffeurs en ont vu d'autres! Après ça, c'est sûr qu'on va contribuer à alimenter le mythe du backpacker radin qui négocie des bouts de chandelles, mais bon on n'a forcé personne, et ils étaient plusieurs à être OK pour partir à ce prix!
Arrivé à l'hôtel, pas moyen de négocier par contre, c'est 30 sol (env 8,50 euros) le lit en dortoir (climatisé quand même!) et 80 sol (env 22 euros) la chambre double avec sdb privée, même l'argument du nombre et de plusieurs nuit laisse notre hôtelier de marbre! En fait l'hôtel est un peu à l'écart du centre, la nuit vient de tomber et le patron a bien joué le coup car il a très bien senti qu'on débarquait fatigués de 3 jours de bateau et qu'on allait pas reprendre une moto-taxi vers le centre pour aller à la recherche d'un autre hôtel pour un résultat incertain... Je prend donc mes quartiers dans le dortoir avec Géraldine et nous laissons les 2 autres couples s'expliquer entre eux car il n'y avait malheureusement qu'une seule chambre double disponible, et chacun d'eux aurait bien naturellement voulu avoir un peu d'intimité après ce rustique voyage en bateau!
C'est finalement Chouchou et Loulou que je vois débarquer dans le dortoir au bout de 10 minutes, ils n'ont pas eu le courage d'aller chercher ailleurs et le patron leur a promis qu'ils auraient leur chambre privée dès la nuit prochaine. Après avoir pris une vraie douche (qu'est ce qu'elle était bonne cette douche après ces 3 jours éprouvants), nous décidons de nous offrir un petit restaurant tous ensemble, car si il y a une chose sur laquelle nous sommes d'accord, c'est qu'on en a marre du riz à tous les repas!
"Est ce qu'on pourrait trouver un restaurant végétarien, car nous sommes vegan Loulou et moi, ça ne vous dérange pas j'espère? nous annonce Chouchou -Pas du tout leur répondis-je avec le sourire. Du moment qu'on ne mange pas de riz moi ça me va!"
Tiens, mon nez ne s'est pas allongé, bizarre... Mon mensonge a du être convaincant!
Géraldine effectue une rapide recherche sur internet et nous propose le Karma café situé juste à coté de la plaza de armas, en plein centre. Au Pérou, toutes les places centrales s'appellent " plaza de armas" ce qui en fait un point de repère très pratique quand on est perdu. Arrivés sur place, nous constatons que l'endroit est très tendance et rempli d'occidentaux. Les prix aussi sont très tendance pour le Pérou! Coup de chance, le restaurant n'est pas 100% végétarien, ils font aussi des plats classiques et je m'empresse de commander un double burger frites avec 1 litre de bière, de quoi me faire oublier le riz blanc bourratif du voyage, tant pis si je craque mon porte monnaie!
La déco de l'endroit est très particulière, remplie de tableaux et de dessins aux sujets et motifs très colorés et psychédéliques, ce qui a l'air de fasciner Chouchou.
"Franchement, les artistes qui ont réalisé tout ça ont du fumer quelque chose de bien! dit elle en riant -Ce sont surement des visions d'ayahuasca, répondis-je -Des visions de quoi??? -Attends, ne me dis pas qu'à 20 ans, en voyageant en sac à dos et en arrivant au fond de l' Amazonie, tu n'as aucune idée de ce qu'est l'ayahuasca? -Ben non me répondit elle le plus naturellement du monde. C'est quoi l'ayahuasca? -L'ayahuasca est une plante que l'on trouve uniquement dans la forêt amazonienne et qui a de très puissantes propriétés hallucinogènes. Seuls les chamans dans les villages savent la préparer et la doser. Cette substance est très à la mode depuis les années 70 et si de nombreux touristes font l'effort de venir jusqu'ici, c'est bien sur pour découvrir l'extraordinaire faune et flore de la forêt, mais aussi pour un certain nombre d'entre eux pour tenter l'expérience de l'ayahuasca. -Sérieux? me demanda t'elle avec un regard incrédule -Oui, Mais ça ne se prend pas comme ça, il faut trouver un chaman qui accepte de la préparer et il faut suivre un régime alimentaire assez strict les jours précédant la prise du produit. Tiens d'ailleurs tu n'as pas remarqué que sur la carte du restaurant, il y a une partie du menu qui propose des plats compatibles avec le "régime ayahuasca"? -Bon sang mais c'est vrai! dit elle en feuilletant à nouveau le menu -J'avais lu que c'était devenu un vrai business touristique, et je m'aperçois que c'est vrai: ça fait moins de 3 heures qu'on est arrivés et ce business nous saute déjà aux yeux... -Wouahouh... se contenta-elle de répondre..."
Après un bon repas, nous profitons de cette chaude soirée pour nous promener un peu avant de rentrer et l'envie nous prend d'une glace. C'est cool, à 50 mètres du restaurant une petite boutique vend des glaces "à l'italienne" qui sortent directement de sa machine. Seulement voilà, Chouchou et Loulou n'en veulent pas car "tout ça c'est plein de produits chimiques, non moi ce que je veux c'est un vrai artisan glacier qui fait ses glaces à l'ancienne avec des vrais fruits qui sont bons pour la santé" ......
Je ne dis rien, je ne lui fait pas remarquer que même si Iquitos est une ville relativement importante, on est quand même au cœur de l' Amazonie à 660 km de Yurimaguas et 1800 km de Manaus au Brésil, je me contente juste d'acheter et de déguster ma glace tout en les suivant à la recherche de leur Graal... Peine perdue bien évidemment!
Nous rentrerons finalement rapidement à l'hôtel pour notre première nuit dans un lit depuis plusieurs jours! | | Une journée pleine de rebondissements.... et j'adore les détails ! Laurence | | La suite J'adore Merci | | Je prends également le train en matche de ce carnet fort sympathique | | À: Kawo · 20 octobre 2017 à 3:03 · Modifié le 20 oct. 2017 à 3:56 Re: Tranches de voyage - l' Amazonie péruvienne Message 11 de 41 · Page 1 de 3 · 6 402 affichages · Partager Aujourd'hui c'est Dimanche, c'est repos!
Je vais mettre à profit cette journée pour visiter tranquillement la ville d' Iquitos, je m'occuperais Lundi de chercher une agence qui voudra bien m'emmener quelques jours dans la jungle pour un prix correct, après tout je suis venu là pour ça! Mais pour l'heure, après l'excellent petit déjeuner de l'hôtel, me voici parti à pieds pour une journée découverte de la ville.
Le nord du Pérou de manière générale et Iquitos en particulier me rappellent vraiment l' Inde.
Tout d'abord comme en Inde Iquitos c'est sale. Les ordures traînent un peu partout dans les rues, surtout des villages, les villes plus grosses essaient -parfois- de faire un effort, mais juste dans le centre. Le reste du temps, toutes les ordures non ramassées sont éparpillées çà et là au bord de la route, faisant le bonheur des chiens errants ou des vautours. Le contraste avait été saisissant lorsque j'avais passé la frontière depuis l' Equateur qui était à peu près propre et il avait suffi de quelques centaines de mètres après la frontière pour que je me retrouve dans un autre monde, où des sacs poubelles éventrés couraient sur la route...
Ensuite, comme l' Inde Iquitos et le Pérou sont très poussiéreux. Bon sang mais d'où peut bien sortir cette poussière, c'est pas possible? Dès qu'il y a un brin de vent, ce sont des nuages marrons-gris qui sont soulevés du sol et vont d'un trottoir à l'autre ou d'une rue à l'autre.
Comme en Inde, au Pérou et à Iquitos en particulier la pauvreté et la misère ne se cachent pas et me sautent souvent aux yeux. C'est par exemple le cas du quartier de Belen construit sur pilotis sur les berges de l' Amazone. En fait, plutôt que "quartier", je pense que "bidonville" serait un terme plus approprié. Des maisons précaires de bois et de tôles rouillées surnagent littéralement sur le fleuve. Mais ça c'est durant la saison des hautes eaux, car en ce moment, le niveau de l'eau baisse et laisse apparaître tous les déchets des habitants qui ne sont plus emportés par l' Amazone, les rats et les moustiques pullulent au milieu des gamins en haillons qui jouent au foot entre 2 cordes où sèche du linge, ce sont de véritables flash-back de l' Inde qui me reviennent à la vue de ces zones miséreuses...
Mais ce qui me fait vraiment penser à l' Inde dans cette ville d' Iquitos, c'est que partout ça grouille de vie.
Bien que nous soyons un Dimanche dans ce pays aux traditions catholiques très présentes, absolument tout est ouvert du supermarché au petit boui-boui en passant par le concessionnaire de scooter, tous les commerces sont ouverts tous les jours de la semaine et jusque tard en soirée. Il y a énormément de monde dans les rues, et il faut jouer des coudes dans le marché de Belen très animé ou on peut trouver de tout et n'importe quoi dans une ambiance joviale, presque festive.
Et enfin et surtout il y a les moto-taxis.
Iquitos compterait plus de 50.000 de ces véhicules contre à peine un millier de voitures (pour environ 350.000 habitants). Les moto-taxis sont les rois de la route et me font inévitablement penser aux tuk-tuk indiens. Le trafic peut être extraordinairement anarchique comme parfois incompréhensiblement fluide. Ils usent et abusent aussi du klaxon, certes moins qu'en Inde, mais bien plus que dans le reste du pays! Et je ne parle pas des scooters qui comme en Inde servent à transporter en une seule fois le père, la mère et les 3 gamins ainsi qu'un bagage si il reste de la place!
Voici donc le tableau complet: une chaleur humide, de la poussière et des ordures qui traînent, une misère qui saute parfois aux yeux, une activité débordante de vie, des moto-taxis en veux-tu en voilà bref il ne manquait que les vaches sacrées pour que je me croie revenu plus d'un an en arrière lors de mon séjour au pays de Shiva!
Le long du malecon (le boulevard -ou plutôt la rue- qui longe l' Amazone), de nombreux et très photogéniques bateaux gisent à l'abandon et prennent la rouille, donnant aux touristes l'occasion de prises de vue que j'ai trouvées ma foi assez sympathiques...
Alors que je me reposais un peu sur un banc, je tombe nez à nez avec Laura et Bérénice qui étaient avec moi sur le bateau. Elles sont accompagnées de Pedro qui les accueille chez lui en attendant de partir le lendemain dans son village d'origine pour faire du volontariat. Pedro a été guide pendant 5 ans et il est en train de monter une sorte d'éco-hôtel au sein de son village à environ une heure de pirogue d' Iquitos. Contre le logis et le couvert, les occidentaux sont les bienvenus pour donner un coup de main aux travaux dans ce village totalement authentique d'après ses dires.
"Totalement authentique? C'est un argument d'agence de voyage ça! lui fis-je remarquer en souriant -Non c'est vraiment le but m'explique-t'il. J'ai été guide, j'ai travaillé pour beaucoup d'agences et si les sorties en forêts sont intéressantes pour voir la faune et la flore, la partie "visite des indiens de la jungle", c'est du pipeau complet. -Du pipeau complet? -Oui du pipeau complet. On amène les touristes par pirogues entières dans un faux village entièrement recréé. Là les indiens se déguisent ( c'est le mot qu'il a employé!) en se mettant torse nu avec des pagnes et en se peignant le visage, ils accueillent les touristes en dansant, ils leur peignent le visage, ils leur font faire des photos (payantes) avec des serpents, ou des singes, ils les font tirer à la sarbacane et tout le monde passe par le magasin de souvenirs avant de repartir. Le soir, les indiens se rhabillent comme toi et moi avant de rentrer chez eux: leur journée de travail est finie!"
Je reste un peu interloqué par ce discours, mais qui au fond ne me surprend guère...
"Et pour les sorties en forêt, c'est pareil, c'est un attrape touriste? -Non, là tout dépend du guide sur lequel tu tombes. Certains sont très bons, connaissent toutes les plantes de la jungle et surtout savent trouver et voir toutes sortes d'animaux. D'autres sont hélas moins bons et sont surtout embauchés parce qu'ils savent parler anglais... -Et toi qui travaillé dans beaucoup d'agences, laquelle tu me conseillerais? -Impossible d'en conseiller une plutôt qu'une autre, les effectifs tournent beaucoup. Grosso modo, plus tu vas payer cher, plus ton logement sera confortable et ta nourriture sera bonne. Pour la qualité du guide, ce n'est pas du hasard, mais presque"
Je remercie Pedro de ces précieux conseils et je rentre à l'hôtel. Je consacrerais la journée de demain à faire le tour des agences afin de comparer les prix et les différentes prestations.
Pour le moment, je me suis assis à une table au bord de la piscine, j'ai branché mon smartphone et je vérifie mes messages. A la table d'à côté se sont assis le patron de l'hôtel ainsi que Mike, Jenny et Sofia, une espagnole arrivée aujourd'hui. Comme beaucoup d'hôtels dans la ville, l'Amazonas Green Hostel propose des excursions en forêt, et le patron renseigne mes acolytes sur les différentes formules et prestations qu'il vend, j'en profite donc pour laisser traîner une oreille intéressée!
Les 3 occidentaux écoutent de manière convenue le descriptif des activités proposées, comme si cela ne les intéressait qu'à moitié. Effectivement, à la fin du discours du vendeur, c'est Mike qui se lance:
"OK tout ça parait très bien mais j'ai une autre question. Nous voudrions savoir si il serait possible que vous nous mettiez en contact avec un chaman pour qu'il nous prépare de l'Ayahuasca, y en a-t'il un dans le village où nous irons si nous prenons votre prestation? -Ecoutez, ça c'est pas mon business, leur répond le patron. Je ne m'en occupe pas et je ne veux pas m'en occuper. Pour vous répondre, oui il y a un chaman qui vit dans un village proche, demandez au guide il est originaire de là-bas, il connait tout le monde, et traitez ensuite directement avec le chaman. Prenez aussi un peu d'argent liquide pour le "dédommager". -Donc c'est possible? -Si le chaman est d'accord oui c'est possible"
Jenny, Mike et Sofia échangent un très bref regard d'approbation et je devine d'imperceptibles sourires de satisfaction sur leurs visages.
"OK c'est bon, on prend votre tour! On peut partir quand? -Demain matin si vous le voulez."
Effectivement, le tourisme de l'Ayahuasca est très développé, je viens d'en avoir une nouvelle confirmation. Car la raison du voyage de mes 3 compagnons, c'est certes le dépaysement du voyage en bateau le long de l' Amazone, c'est certes l'envie de découvrir la jungle amazonienne, ses animaux et ses plantes, mais au final c'est surtout l'attrait pour l'Ayahuasca et son aura de substance hallucinogène mythique...
Demain, quant à moi, je vais à la chasse aux agences pour essayer de trouver le meilleur tour possible dans la jungle!
Finalement l'Amazonas Green Hostel est un bon choix: les lits des dortoirs climatisés sont corrects, la salle de bain est propre, les chambres (pour ce que j'en ai vu) ont l'air bien, le petit déjeuner inclus est bon et suffisant et cerise sur le gâteau il y a une piscine dans la cour intérieure qui fait du bien lorsque la chaleur se fait trop ressentir! Seul reproche peut-être: il est relativement loin du centre, plus de 2,5 km de la plaza de armas. Mais en fait ce n'est pas vraiment un problème quand on sait qu'une moto-taxi vers le centre coûte 2 sol (env 60 centimes d'euro)!
C'est donc plein d'entrain que je commence mes recherches. Quasiment toutes les agences sont situées dans la partie "touristique" de Iquitos: dans les quelques rues entre la plaza de armas et le malecon, tant mieux ça va être plus facile pour comparer!
En fait, toutes les agences proposent plus ou moins la même chose pour les excursions dans la jungle: on peut partir à la journée, pour 2 jours, 3 jours ou même une semaine complète. Il y a inévitablement de nombreux rabatteurs qui essaient de me persuader que "leur" agence est la meilleure, et une fois à l'intérieur assis devant le ou la vendeuse, c'est quasiment toujours le même refrain: descriptif des prestations, présentations par vidéos ou powerpoint sur grand écran LCD, présentation du livre d'or de tous les clients satisfaits etc etc...
Au final, après avoir écumé la quasi-totalité des bureaux, je ne suis pas plus avancé: les prestations ont l'air toutes identiques (il m'est arrivé de voir plusieurs fois les mêmes photos de présentation dans différentes agences!) et les prix pour un séjour de 3 jours et 2 nuits comme je me suis fixé vont de 700 sol (env 194 euros) à 1000 sol (env 280 euros). C'est cher pour mon budget mais bon si je suis venu jusqu'ici ce n'est pas pour bronzer au bord d'une piscine! Et de toutes façons, je suis obligé de passer par une agence car il m'est bien entendu impossible de partir tout seul par mes propres moyens.
D'ordinaire dans ce cas de figure, je me fie à mon instinct, je choisis au feeling.
Sauf que là, le feeling ne me dit rien... Je repense au descriptif du patron de l'hôtel hier: après tout il ressemblait à celui de toutes les agences que j'ai vues, je ne perd rien à aller lui demander son prix...
Me voilà donc revenu à l'hôtel en ce début d'après midi à entendre pour la ènième fois de la journée les mêmes arguments et la même présentation des mêmes activités. La seule petite différence est que mon interlocuteur n'a pas de grand écran avec présentation vidéo ou powerpoint mais juste un classeur où sont collées des photos qui ont du être imprimées il y a plusieurs années!
En fait sur les 3 jours d'excursion, 2 demi-journées sont exclusivement consacrées au transport: la première et la dernière car le village d'accueil est situé à 140 km d' Iquitos: 110 km de voiture jusqu'à Nauta (il existe en effet une route entre ces 2 villes, la seule de l' Amazonie péruvienne!), puis une trentaine de km en pirogue jusqu'aux logements situés au bord d'un affluent de l'Ucayalli. Les activités prévues sont des randonnées de découverte en forêt (de jour et de nuit), des ballades en pirogue à la recherche d'animaux (également de jour et de nuit), pêche et visite d'un village indien.
"Ce n'est pas un faux village pour touristes? demandai-je en me remémorant les paroles de la veille de Pedro -Non, non, c'est un vrai village indien, tu pourras voir comment ils vivent réellement aujourd'hui me répondit-il nullement décontenancé par ma question. Le faux village est situé à 15 minutes de bateau d' Iquitos, et la visite se fait dans la demi-journée, mais si tu veux je peux te vendre un ticket aussi pour ce village me dit-il en souriant -OK, c'est combien le prix pour tout ça? -Normalement 650 sol, mais si tu me dis oui tout de suite pour un départ demain matin, je te le fait à 600 sol.
600 sol, ça fait environ 167 euros, c'est le tarif le plus bas que j'ai eu de la journée. Après tout, qu'est ce que je risque? Toutes les prestations ont l'air semblables, la situation géographique du lodge est suffisamment éloignée d' Iquitos pour avoir de bonnes chances de voir des animaux et au pire je mangerais du riz et je dormirais dans un lit miteux mais cela ne m'effraie pas plus que ça.
-OK c'est d'accord lui annoncai-je -Parfait, départ demain matin à 8h devant l'hôtel, une voiture viendra te chercher. je vais dire à la cuisinière qu'elle te prépare ton petit déjeuner pour 7h30, prévois un Kway ou un imperméable en cas de pluie ainsi que des affaires de rechange et un puissant anti-moustiques, tout le reste est compris".
J'ai donc choisi mon tour operator un peu à l'arrache, essentiellement sur une question de prix, je verrai donc à partir de demain si j'ai fait un bon choix! | | Je suis impatient de connaître la suite :) | | Bonjour,
Comme pour la Chine, je vais suivre le voyage et je vais adorer... | | Bravo pour ce récit fabuleux et pour partager cette expérience. Mon épouse et moi avons eu la chance de faire à deux reprises le même itinéraire. Nous avons trouvé sur ce forum une adresse près de Yurimaguas qui mérite l'arrêt des voyageurs qui sont tentés de faire cet itinéraire: c'est le Yacuruna Lodge, à quelques kilomètres de Yurimaguas mais qui offre un séjour dans la forêt amazonienne et un accueil en famille. Nous y étions voici plusieurs années et découvrons avec plaisir que les internautes le recommandent toujours sur les forums. Ils ont un site httpyacuruna.skyrock.com L'endroit est idéal pour terminer ses vacances au Pérou, pour se détendre au milieu de la nature.
Paul | | Comme prévu à 8 heures pétantes une voiture vient m'embarquer ce matin, direction la jungle amazonienne!.
Euh non en fait.
Le chauffeur se contente juste de m'emmener à la gare routière d' Iquitos et de me poser dans un minibus en direction de Nauta en m'indiquant qu'un certain Enrique m'attendra à l'arrivée.
Bon ça commence bien. Hier, le boss de l'hôtel m'avait pourtant bien indiqué que le trajet s'effectuerait en véhicule privé. J'imagine que ça doit être le cas lorsqu'on est 3 ou 4 touristes, mais là vu que je suis seul une voiture ne doit pas être rentable, je me retrouve donc dans un "collectivo" public qui s'arrête tous les kilomètres pour faire monter et descendre du monde! Comme je suis beau joueur, cela ne me dérange finalement pas plus que ça, et ça faisait un petit moment que je n'avais plus pris les transports publics, la faute à ma fidèle voiture qui me transporte depuis maintenant 9 mois sur les routes américaines!
Nous arrivons aux alentours de 10h30 à Nauta et je n'ai pas besoin de chercher mon contact bien longtemps, puisque c'est lui qui m'aborde directement dès ma sortie du minibus. Je ressemble donc tant à un touriste que ça? Ben oui, il faut croire!
Enrique me conduit jusqu'à sa pirogue qui nous attends un peu à l'écart, et m'indique que nous partons dans 10 minutes et que je peux acheter du "ravitaillement" dans les différentes épiceries du village si je le souhaite. Nous partons finalement 40 minutes plus tard, Enrique n'ayant pas réussi à trouver d'autres personnes que moi à embarquer pour essayer de rentabiliser un peu son voyage... Après un peu moins d'une heure trente de navigation entre petits raccourcis et traversée de lacs et rivières diverses, nous arrivons finalement juste avant 13h au lodge qui sera mon refuge pour ces 2 prochaines journées.
Je suis chaleureusement accueilli par Sandy qui m'explique que le guide ne va pas tarder à revenir avec son groupe de l'excursion de ce matin et que je pourrais me joindre à eux dès cet après midi après le repas. En attendant, elle me montre ma chambre très basique: un matelas posé sur un sommier en bois protégé par une moustiquaire dans une pièce à peine séparée des autres par des planches. Pas de problèmes, moi ça me va très bien!
Alors que j'inspecte un peu les lieux, Sandy me demande ma pointure pour qu'elle puisse me prêter des bottes en caoutchouc, accessoire absolument indispensable pour mes prochaines sorties. Elle reste dubitative quand je lui annonce que je chausse du 47. Elle m'amène alors les plus grandes bottes qu'elle possède: du 45. Bien entendu, je n'y rentre pas le moindre orteil car elles sont trop étroites pour moi.
C'est à ce moment là qu'arrive Jean-Paul qui sera mon guide pour cet après midi et les 2 prochaines journées. Jean-Paul, écrit et prononcé "à la française" et non pas "Juan Pablo"car ses parents aimaient bien la France et particulièrement ce prénom m'explique t'il. Et pour les bottes, il me dit de ne pas m'inquiéter car il en a des plus larges qui m'iront certainement.
Il est l'heure de manger, je passe à table et je retrouve Mike, Jenny et Sofia! En fait c'est tout à fait logique que je les retrouve ici, puisque nous avons acheté la même prestation à notre hôtel! On nous sert un lomo saltado ma foi pas mauvais du tout avec de l'eau potable à volonté. Le lomo saltado, c'est un plat typique au Pérou qui se compose de lamelles de bœuf sauté mélangé à des oignons et des tomates mijotées, le tout servi avec du riz et des frites. Bon si tous les repas sont de ce niveau, moi ça m'ira très bien, il n'y a vraiment pas grand chose à dire, d'autant que Sandy nous servira en plus des fruits pour le dessert! En fait, tous les repas comme les petits déjeuners seront vraiment corrects, je n'aurais aucune remarque à formuler.
Après quelques brefs échanges sur la qualité du repas et les animaux surprenants de la forêt amazonienne, c'est Mike qui met les pieds dans le plat en me posant directement la question:
"Tu es venu pour tester l'Ayahuasca? -Pas spécialement. -Ouais, ben t'as bien raison. -Pourquoi? -On a essayé hier soir. On a demandé à Jean-Paul si il connaissait un chaman, et il nous en a fait venir un après le dîner. On lui a donné 50 sol (env 14 euros) et il nous a préparé l'ayahuasca. -Et alors? -Franchement c'était pas terrible. On a vomi nos tripes et on a été malades pendant 3 heures juste pour quelques vertiges plus ou moins prononcés. On est quand même déçus, l'Ayahuasca ne vaut pas tout le tapage qui est fait dessus, ou alors on est tombé sur un mauvais chaman qui ne nous a pas refilé "de la bonne"...
Jenny et Sofia acquiescent en silence avec un visage qui en dit long sur ce qu'elles pensent de leur expérience de la veille...
-Et aujourd'hui ça va vous n'êtes pas malades? -Non, on n'a pas passé une super nuit c'est vrai, mais ce matin tout allait bien. -Mais il me semble qu'il faut suivre un régime alimentaire particulier avant de prendre de l'ayahuasca, non? -Oui, c'est peut être pour ça que ça n'a pas eu d'effet sur nous, va savoir..."
Nous sommes interrompus par Jean-Paul qui m'apporte une paire de bottes en me demandant de les essayer pour voir si elles me vont: mission réussie, elles me serrent un peu mais ça ira très bien! Puis il nous informe que nous avons 3/4 d'heures de libre après le repas et que nous irons ensuite au village de Puerto Miguel situé tout près d'ici.
Effectivement, 10 minutes de pirogue nous ont suffi pour atteindre Puerto Miguel.
Ici vit une communauté d'environ 150 personnes dirigée par un chef choisi parmi les villageois. La plupart des habitants vivent de la pêche, de la chasse ou de l'agriculture, certains travaillent à Nauta et d'autres à Iquitos. Le village est assez vivant principalement dû à une école qui accueille tous les enfants du coin qui d'ailleurs cessent leur partie de foot en nous voyant et s'empressent de venir nous réclamer des bonbons.
Le village possède une église, la plus rustique et dépouillée que j'ai vue depuis longtemps!
Il y a aussi un bar, "la jungla" où outre les traditionnels sodas et bières, on peut aussi boire un rhum local au nom sans ambiguïté: "l'arrache-slip", "rompa calzon" en version originale! Jean-Paul nous explique que ceux qui s’enivrent trop et qui déclenchent des bagarres d'ivrognes sont vite mis au pli: il existe en effet une "prison" juste à côté du bar et qui a la particularité de n'avoir que 2 cellules d'environ 1m x 1m!! Il est presque impossible de s’asseoir dans ce réduit. Et le dégrisement dure... 72 heures! 3 jours à ne quasiment pas pouvoir bouger entre 4 planches! Cette sanction fait que les candidats au grabuge sont relativement rares dans le village...
Mais surtout nous faisons la connaissance de "Pepe".
Pepe est un bébé paresseux qui a été recueilli par les villageois alors qu'il pleurait accroché à une branche, sa mère ayant fait une chute mortelle. Ça, c'est la version officielle qui nous a été racontée, je suppose que l'histoire réelle doit être un peu moins romantique... Oubliez tout de suite les chatons mignons d'internet, les paresseux sont des animaux vraiment trop trognon!! (ici dans les bras de Jenny)
Nous finissons la visite par le petit stand d'artisanat du village où on nous propose divers objets notamment de nombreuses et jolies effigies d'animaux réalisées avec des lianes tressées et colorées. Au moins, ce n'est pas du "made in China"!
Ce village est un vrai village habité, pas un faux entièrement recréé. Certes, ils monnayent le passage des touristes (j'ai vu que Jean-Paul donnait discrètement un billet au propriétaire du paresseux pour les photos que nous avons faites, et bien sûr nous avons fini par un passage au stand d'artisanat) mais franchement je les comprends. Jean-Paul m'expliquera plus tard que la plupart des villages refusent de voir arriver des hordes de touristes en pirogue car, disent-ils, "on n'est pas des animaux dans un zoo qu'on vient photographier". Pour venir dans un village de l' Amazone, il faut y avoir été invité et accepté. Ici à Puerto Miguel, les villageois ont fait le choix d’accueillir des touristes et d'essayer d'en tirer quelques subsides supplémentaires afin d'améliorer leurs maigres revenus, honnêtement qui pourrait les blâmer pour ça?
Dès notre retour au lodge, Jean-Paul nous annonce la suite du programme, car la journée n'est pas finie: repos pendant une heure et demie et dès que le soleil sera couché, on repart pour une ballade nocturne en pirogue!
Petite anecdote: en attendant notre départ nocturne, j'en profite pour passer aux toilettes. Toilettes qui, soi dit en passant, sont "à l'occidentale" et suffisamment confortables, un bon point pour le lodge car étant au fond de la jungle, je m'attendais franchement à trouver un sommaire trou! Donc je suis assis sur le trône et je ne sais pas pourquoi (l'intuition?) j'ai eu l'idée de regarder derrière mon épaule. Et là je vous le donne en mille: un mygale velue grosse comme ma main se promenait sur la paroi à 30 cm de mon dos!!
OK.... Je reste caaaaalme... Làààà.... je finis mon affaire douuuucement... Je me lève et je m'en vais surtout saaaans geste brusque... Voilà çà y est je suis sorti, ouf!
Je ne résiste pas et je reviens avec mon appareil photo, ma visiteuse impromptue est toujours là! Jean-Paul nous apprend que 2 mygales ont élu domicile dans les toits du lodge, ils les aperçoivent régulièrement même dans les chambres!. !!!!!!
Dans les chambres????
Ça, c'était la chose à ne surtout pas dire, Sofia et Jenny ne sont plus du tout rassurées et franchement même si je ne le laisse pas paraître, cette information ne me plait pas vraiment non plus! "Ne vous en faites pas, nous rassure Jean-Paul, si vous ne les dérangez pas, elles ne sont pas agressives." Pour prouver ses dires, il s'arme d'un bout de bois et frappe fortement la cloison en bois à un mètre de l'araignée, celle-ci déguerpit aussitôt dans le chaume des toits!
Après cet intermède qui va nous aider à nous endormir ce soir et le soleil ayant laissé la place à une nuit sombre, nous voilà repartis en pirogue, cette fois ci accompagnés non seulement de Jean-Paul, mais aussi avec un autre protagoniste qui nous sert de pilote, Jean-Paul s'étant installé à l'avant.
Au bout d'un gros quart d'heure, nous coupons le moteur et Jean-Paul commence à explorer les bords de la rivière avec sa puissante lampe torche. Nous nous demandons ce qu'il peut bien chercher quand il nous donne la réponse: "Regardez là, ces 2 points rouges qui brillent: ce sont les yeux d'un caiman!" Effectivement nous distinguons nettement 2 point rouges brillants pendants quelques secondes, puis plus rien. "Il a du s'immerger, commente Jean-Paul, la lumière le gène, essayons d'en trouver d'autres"
En fait nous recherchons les caïmans de nuit car ils sont plus faciles à repérer, trahis par les reflets rouges de leurs yeux. Durant la journée, ils sont bien plus difficiles à observer car ils se cachent, voire restent immergés, pour essayer de surprendre leur proie.
Nous continuons notre chasse nocturne, nous voyons encore 2 ou 3 paires d'yeux rouges, mais ça reste très fugace. Jean-Paul change alors de méthode: il montre du doigt une zone précise à notre batelier qui nous y emmène tout doucement, sans bruit avec sa seule rame. Jean-Paul s'est allongé à plat ventre sur l'avant de la pirogue, ses 2 bras bien libres. Puis, alors que notre pilote a arrêté de ramer et que la pirogue s'est presque immobilisée, Jean-Paul plonge d'un coup brusquement et violemment ses bras dans l'eau!
"Raté!! s'exclame t'il"
On se regarde avec Mike, Sofia et Jenny, un peu décontenancés... Notre guide n'est quand même pas en train de se prendre pour crocodile Dundee? Qu'est ce qu'il essaie de faire? Mais nous ne disons absolument rien, nous attendons de voir la suite... Le même manège recommence 3 fois, avec à chaque fois le même résultat: "raté"!!
Et au bout la 4ème tentative, Jean-Paul exulte:
"Ça y est regardez, j'en ai un!"
Effectivement, ça parait fou mais Jean-Paul à attrapé un caïman à main nues!! Bon il nous explique que ce n'est qu'un bébé et qu'il n'est pas très dangereux, mais l'animal fait bien ses 40 cm de longueur! Ce n'est pas moi qui m'amuserais à ce genre de sport, je n'ai pas envie d'y laisser un doigt!
"Mais comment savais tu que ce n'étais qu'un bébé et pas un spécimen plus gros et donc plus dangereux? demandai-je -A l'écartement des yeux je peux juger sa taille me répondit notre guide"
Après avoir photographié notre gibier sous tous les angles possibles, Jean-Paul le remet à l'eau et nous pouvons prendre le chemin (ou plutôt la rivière!) du retour.
Franchement cette sortie était vraiment impressionnante! Après la mygale, voici maintenant le caïman! Tout ça va nous mettre dans de bonnes conditions pour bien dormir ce soir! | | Bonjour Denis, merci pour votre récit.
Je suis allée au Pérou, et au départ de Puerto Maldonado j'ai visité pendant plusieurs jours la
Réserve Nationale de Tambopata - Candamo où j'ai pu rencontrer une multitude d'animaux...
Moi aussi j'aimerai parcourir le monde à pieds mais en tant que femme seule, je n'ose pas !!!
J'attends la suite de vos récits. | | À: Melmanu · 24 octobre 2017 à 21:47 · Modifié le 24 oct. 2017 à 22:45 Re: Tranches de voyage - l' Amazonie péruvienne Message 17 de 41 · Page 1 de 3 · 6 030 affichages · Partager Ce matin, nous partons pour une partie de pêche!
Alors que nous prenons notre petit déjeuner, Jean-Paul nous présente tout le matériel que nous aurons à disposition pour ramener notre repas de midi: des hameçons, du fil de pêche, des branches fraîchement coupées et effeuillées qui vont nous servir de canne ainsi que... 2 escalopes de poulet crues! Cette viande fraîche va nous servir d’appât car notre objectif de la matinée est bien d'essayer de pêcher des piranhas, les célèbres poissons carnivores!
Pour commencer, nous devons nous rendre sur le lieu de pêche et Jean-Paul est comme tous les pêcheurs ou les cueilleurs de champignons chez nous: il connait les bons coins et va nous en faire découvrir un. Bon en réalité, les bons coins à piranhas en Amazonie, il y en a à peu près partout, peu de mérite donc. Néanmoins Jean-Paul nous explique qu'on a plus de chance de rencontrer des bancs de ces fameux poissons dans les eaux plutôt stagnantes comme les lacs que directement dans le courant des rivières et du fleuve, c'est pourquoi il nous emmène dans un lac un peu isolé.
Lors du trajet, nous nous rendons compte combien la forêt peut être hostile: nous devons régulièrement nous faufiler avec la pirogue sous des ronces ou des sortes de lianes à épines, mais également faire attention à plusieurs espèces d'arbres dont une a de très nombreuses épines longues et dures, un véritable porc-épic!
Nous arrivons finalement sur notre lieu de pêche, un lac isolé absolument magnifique!
Jean-Paul nous découpe alors de nombreux petits morceaux de poulet et nous explique la technique de pêche:
"C'est très simple: vous accrochez bien votre morceau de viande à l'hameçon et dès que vous sentez que "ça tire un peu" sur la ligne, vous donnez un coup sec et violent pour sortir le poisson hors de l'eau, c'est tout"
Oui, enfin c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Car le piranha est un poisson malin et vicieux.
Tout d'abord il faut accrocher bien fermement le poulet à l'hameçon car au début les poissons nous chipaient tous nos morceaux, à chaque coup de poignet de notre part, c'est un hameçon vide qui émergeait! Ensuite, une fois que l'on a compris comment bien fixer l’appât, il faut réussir prendre le "coup de main" pour ferrer le poisson. Car le piranha est méfiant, il ne mord jamais à pleine dents la viande qui lui est offerte, il la boulotte tout doucement en évitant l'hameçon... Du coup, à chacune de nos tentative pour accrocher un poisson, on se retrouve uniquement avec notre morceau de poulet qui pendouille, morceau qui diminue à chaque fois, jusqu'à disparaître complètement. Il nous faut alors redemander un peu de viande à Jean-Paul, nous comprenons maintenant pourquoi il a emmené 2 escalopes complètes avec lui: il doit avoir l'habitude des touristes maladroits comme nous!
Et oui, nous sommes de piètres pêcheurs: absolument aucune prise en une heure et demi de pêche, seul Jean-Paul réussira à prendre 6 poissons et affirmera modestement que "c'est juste une question de chance". Les piranhas ne sont en fait pas bien gros et leurs dents acérées sont finalement toutes petites...
Sofia pose alors une question que je pense nous nous posions tous les 4 à ce moment là:
"On n'a pas intérêt à basculer de la pirogue et tomber dans l'eau, sinon on va se faire bouffer! -Non pas du tout, aucun risque! nous répond Jean-Paul en riant. Les piranhas sont des charognards, ils se nourrissent surtout des cadavres d'animaux. Par contre, ils sont dangereux seulement si tu plonges et que tu perds beaucoup de sang: tu vas attirer des bancs entiers de poissons excités par l'odeur du sang et là que tu sois un lapin de 2 kg ou un bœuf de 500 kg, le résultat sera le même, un beau squelette bien blanc!"
Même en sachant qu'on ne risquait rien, c'est pas moi qui laisserait traîner ma main dans l'eau au retour!
Nous avons dégusté les piranhas au repas de midi, et ils n'étaient pas spécialement mauvais, mais franchement il n'y a pas grand chose à manger dans ces poissons, heureusement que Sandy nous avait préparé un vrai repas à coté!
C'est sur ce bon repas que Mike, Jenny et Sofia prennent la pirogue qui les ramènera à Iquitos, car c'était la dernière journée de leur excursion, vu qu'ils avaient commencé un jour avant moi.
Quant à moi, la visite continue. Cet après-midi on part pour une longue promenade en pirogue afin d'essayer d'apercevoir des singes, des oiseaux et des dauphins sur le fleuve. De plus, je me retrouve seul avec Jean-Paul, j'aurais donc un guide privé à ma disposition même si le fait d'être dans un groupe de 4 n'était absolument pas dérangeant.
Nous voici donc partis, remontant le fleuve le long des berges à la recherche de singes. Jean-Paul m'apprend qu'ils ne sont pas spécialement faciles à observer car ils restent assez éloignés des humains, nous essayons donc de faire le moins de bruit possible en coupant le moteur régulièrement et en faisant des approches à la rame, mais c'est une peine perdue: aucun singe n'a l'air de se promener dans les environs. Jean-Paul décide alors de changer d'endroit, en m'expliquant qu'il connait un autre coin où on pourra observer des singes. Ah bon, il y a des "coins à singes" ici comme certains ont leurs "coins à champignons" en France?
Nous passons en route devant d'autres lodges, Jean-Paul m'explique qu'il y en a pour tous les goûts et surtout pour tous les coûts: certains sont très basiques d'autres assez luxueux. Nous croisons une autre pirogue avec 3 touristes à bord, Jean-Paul demande alors à leur guide si il y a des singes là où il veut me conduire, celui-ci lui répond par l'alternative: il en vient. Evidemment tous les guides se connaissent ici, étant donné que beaucoup d'entre eux ont travaillé pour la plupart des lodges comme me l'avait expliqué Pedro.
Nous croisons également un grand bateau du style des hovercrafts que l'on voit en Floride. Enfin, avant de le voir, on l'a entendu arriver de loin, car comme si son moteur ne faisait pas assez de bruit, il s'est assuré auparavant que nous nous écartions bien de son chemin à grands coups de klaxon! A bord une bonne trentaine de touristes écoutent attentivement les explications de leur guide perché à l'avant du bateau, explications données à travers une sorte de mégaphone! Je ne suis pas sur que tout ça soit bien pratique pour approcher les animaux!
Nous arrivons finalement sur place, et après une brève recherche, Jean-Paul me montre les singes qui sautent de branche en branche! Ils sont effectivement assez difficiles à approcher et nous fuient dès qu'ils estiment que la distance entre eux et nous devient trop faible. De plus, l'épaisse végétation leur sert de camouflage naturel, et ils sont assez vifs, bref, difficiles à photographier! Je profite néanmoins d'une pause dans leur course à travers les branches pour en immortaliser un ou 2 avec l'aide de mon zoom.
Nous continuons ensuite à la recherche d'oiseaux le long des berges, Jean-Paul m'en montre plusieurs espèces différentes dont honnêtement j'ai oublié le nom. Nous n'avons pas réussi à voir de perroquets, mais nous avons observé des aigles (de petite taille, mais c'était bien des aigles), des sortes de grands échassiers de plus d'1 mètre de hauteur équipés d'un long bec et d'un cou rouge criard ainsi qu'un drôle d'oiseau à la houppe et au bec bleu qui construit des nids étranges qui pendouillent à l'extrémité des branches des arbres...
Nous quittons ensuite les affluents pour aller directement sur les immenses largeurs de l'amazone afin d'essayer d'apercevoir des dauphins. Et nous en voyons régulièrement! Par contre il est très difficile de les photographier car ils ne font qu'émerger le temps d'une demi-seconde et à moins d'être très chanceux et d'avoir l'appareil photo armé et être prêt à déclencher la photo au bon endroit et au bon moment, c'est quasiment mission impossible pour ramener un cliché de ces cétacés! Il y a 2 espèces de dauphins dans l' Amazone: les "gris" et les "roses" un peu plus petits. Nous ne verrons que des gris ce jour là.
Revenus au lodge, Jean-Paul aborde directement le sujet de l'Ayahuasca: "Tu sais tes copains ont voulu essayer l'Ayahuasca le premier soir, mais ils ont été déçus. -Oui, ils m'ont raconté. Mais ils n'avaient pas fait le régime auparavant, c'est pour cela que ça n'a pas marché, non? -Entre autres, oui. Ils sont comme beaucoup de touristes qui viennent ici sans aucune préparation. L'ayahuasca, c'est un rituel. Ils sont venus sans avoir suivi le régime alimentaire adéquat. Le chaman ne refuse jamais de préparer l'ayahuasca, il s'assure juste auparavant que le demandeur a bien "purifié son corps" (suivi le bon régime alimentaire) durant plusieurs jours avant toute prise de produit. De plus il questionne brièvement les "candidats" sur leurs motivations pour prendre l'ayahuasca. -Leurs motivations? -Oui, "ayahuasca" signifie "liane des morts" en langue quechua. C'est quelque chose de sacré pour nous. Elle nous permet de rentrer en contact avec les esprits de la forêt ainsi qu'avec les morts pour essayer de trouver des réponses aux questions que l'on se pose. Lorsque comme pour le cas de tes amis le but n'est que de "planer" ou d'avoir "des visions" sans aucune préparation préalable, le chaman diminue alors les doses et fait payer son "service". -C'est pour ça que ça a très peu fonctionné pour eux? -Oui exactement. Normalement le chaman offre l'ayahuasca à toute personne qui le demande sans aucune contrepartie financière ou matérielle. Il faut juste qu'elle soit sincère dans ses objectifs et qu'elle ait "purifié son corps" auparavant. Dans le cas contraire, le chaman demande un peu d'argent et tant pis si le résultat est rarement à la hauteur des espérances. Et tant mieux si ensuite ces jeunes en quêtes de sensations vont faire un retour négatif dans leur pays."
Ces explications de Jean-Paul confirment ce que j'avais lu auparavant et également ce que je supposais un peu.
"Et toi, tu n'as pas voulu essayer? me relance t'il. Tu parais pourtant bien renseigné! J'ai personnellement pris plusieurs fois de l'Ayahuasca et les effets sont véritablement extraordinaires! -Non, je n'en ressens pas le besoin. Si j'avais voulu essayer, je serais arrivé ici en ayant fait le régime adéquat, car comme tu l'as remarqué, je me suis renseigné avant de venir. Je ne recherche de réponse à aucune question particulière, je suis bien dans ma peau et même si ma curiosité est très forte pour toute nouvelle expérience, ce ne sera pas pour cette fois. Un autre jour peut-être? Un jour où j'aurais une bonne raison de tenter ce "voyage"? -Dans ce cas là, tu seras toujours le bienvenu! me dit-il en riant. Mais si tu es curieux, je peux te proposer une autre expérience. -Laquelle? -Il existe un "traitement" qui produit des sensations assez spéciales. Si tu veux évacuer toutes les mauvaises toxines de ton corps ou les douleurs, le chaman peut te soigner avec un venin de grenouille. -Vraiment? -Oui, il te fait une petite entaille au niveau de l'épaule et recouvre la plaie de venin. Au bout de quelques minutes, tu commences à transpirer de plus en plus fort, et tu as de plus en plus de mal à respirer. Et tu as l'impression que tu te dédoubles, que ton âme veut sortir de ton corps, ton visage "tombe" de ta tête, tu es à la fois "en toi" et "hors de toi" c'est très étrange comme sensation... -Mais ce n'est pas dangereux? -Si un peu. En général personne ne tient plus de 10-15 minutes, il faut alors demander au chaman d'arrêter la cérémonie lorsque tu sens que tu as atteint ta limite. Il nettoie alors la plaie avec une éponge et en moins de 5 minutes tout est redevenu normal. Ce traitement est très efficace pour évacuer toutes les toxines liées à l'alcool ou au tabac par exemple, mais aussi pour évacuer le stress. Ma grand-mère fait ce traitement 3 fois par an et affirme même que cela la soulage très fortement de ses rhumatismes! Si tu es intéressé, on peut y aller ce soir. -Merci, mais je pense avoir très peu de stress ou de toxines à évacuer et encore moins de rhumatismes lui répondis-je en riant! Pourvu que ça dure! -Comme tu voudras conclut-il avec un sourire malicieux. Dans ce cas là, on continue le programme standard, prépare tes bottes, on repart dès que la nuit est tombée!"
Cette conversation tourna longtemps dans ma tête, et aujourd'hui encore à chaque fois que j'y repense, je me dis que j'aurais peut-être du tenter l'expérience. Après tout, je n'étais absolument pas pris par le temps, j'aurais pu essayer dans de bonnes conditions et me forger mon propre jugement. Seulement voilà comme je l'avais dit à Jean-Paul je ne recherche rien de spécial, pour chercher des réponses particulières dans les visions de l'ayahuasca il faut se poser des questions précises et justement je ne me pose pas vraiment de questions, je profite juste du moment présent...
Du moins j'essaie...
Pour l'heure, me voici donc parti avec Jean-Paul pour une petite ballade nocturne. Nous n'irons pas bien loin, nous allons faire une petite boucle de 400 mètres tout au plus autour du lodge, mais franchement on n'avait pas besoin d'aller plus loin!
La nuit la forêt est complètement différente de la journée. Tout d'abord il faut vraiment regarder où on met les pieds, car il est très facile soit de s'entraver avec une liane qui traîne soit de se retrouver avec de l'eau jusqu'au mollets car on n'a pas vu la grande flaque ou l'un des innombrables marigots qui entourent les lieux!
Mais surtout la forêt la nuit est extraordinairement bruyante, bien plus qu'en journée! Je ne sais pas pourquoi mais la nuit tous les insectes (ou presque!) se mettent à chanter, et fort par dessus le marché! Il faut rajouter les cris des singes, le coassement des grenouilles et plein d'autres bruits d'animaux divers et c'est une sacrée cacophonie qui résonne d'un peu toutes les directions car avec l'obscurité il est absolument impossible de savoir d'où vient tel bruit, ni quel animal a poussé ce cri bizarre au loin et encore moins quel est l'animal qui est assez gros pour avoir cassé cette branche à moins de 15 mètres... Bref c'est une ambiance assez flippante d'autant plus que l'obscurité est absolument totale...
Heureusement que j'ai ma lampe frontale avec moi! Ou pas... Car Jean-Paul m'avait conseillé de garder ma lampe dans la main, mais je ne trouvais pas cela très pratique. J'ai donc décidé de la mettre autour de ma tête, vu qu c'est une lampe frontale comme je l'ai expliqué. Très mauvaise idée!! A peine ai-je enfilé mon équipement que je me rends compte qu'il est accompagné de centaines de petits insectes qui virevoltent autour de la lumière et il m'est impossible d'inspirer sans en avaler 2 cuillerées à chaque fois!... Jean-Paul me montre des tonnes de d'animaux que je n'aurais même pas remarqué si j'avais été seul.
Tout d'abord cette grosse grenouille au yeux fluorescents dont le coassement puissant s'entend à plus de 100 mètres (sans exagérer!)
Ensuite, dans une petite flaque d'environ 30 centimètres de profondeur, Jean-Paul débusque cette anguille blanche tachetée de marron, qui doit facilement approcher les 2 mètres de longueur. Je n'aurais pas vu d'anaconda ni de boa durant mon séjour, mais cette anguille était déjà un bien beau spécimen!
Et pour finir, le plus impressionnant (de mon point de vue): les mygales!
Elles sont très nombreuses à habiter les anfractuosités des écorces des arbres. Régulièrement, Jean-Paul donnait de grands coups de bâton sur les troncs de différents arbres et une fois sur 3 il en sortait une mygale qui voulait voir ce qui se passait! Une bonne grosse mygale, grande comme ma main et velue comme... enfin très velue quoi, vous m'avez compris!! J'ai trouvé ces bestioles assez impressionnantes, surtout par le fait qu'elles sont en fait très communes et banales dans la forêt: il est très facile d'en voir, mais le contraire est également vrai, il est très facile de ne pas les voir alors qu'elles sont toutes proches!
Après cette courte mais impressionnante promenade nocturne, retour au bercail.
Demain c'est une petite randonnée dans la jungle qui m'attend: Jean-Paul a en effet prévu de m'expliquer tout ce que je dois savoir et connaitre sur les arbres et les plantes de la forêt! | | À: Denis007 · 26 octobre 2017 à 3:23 · Modifié le 26 oct. 2017 à 3:49 Re: Tranches de voyage - l' Amazonie péruvienne Message 18 de 41 · Page 1 de 3 · 5 965 affichages · Partager Pour cette dernière journée en forêt, je pars ce matin avec Jean-Paul pour une courte randonnée qui a essentiellement pour objectif de découvrir les diverses plantes et arbres de la jungle. Jean-Paul va s'avérer intarissable à ce sujet et je dois bien avouer que j'ai oublié une bonne partie de ces explications!
Il est tout d'abord impossible de passer à coté de l'hévéa, le célèbre arbre à caoutchouc originaire d' Amazonie et qui a fait la fortune de la ville d' Iquitos à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle.
Je découvre ensuite que chaque plante, chaque arbre possède des caractéristiques précises, parfois bénéfiques, parfois nocives que les indiens de la forêt ont appris à connaitre.
Par exemple il y a cet arbre dont la sève est un puissant constipant pendant que l'infusion d'écorce d'un autre soignera efficacement la fièvre. Un extrait d'une plante rampante est l'ingrédient principal d'un remède contre la surtension artérielle tandis que les feuilles mâchées et roulées en boule d'un autre arbre constitueront un puissant anticoagulant lorsqu'il est appliqué sur une plaie saignante. La jungle est une véritable pharmacopée! D'ailleurs Jean-Paul m'affirme qu'il est possible de trouver un remède contre absolument toutes les maladies dans la jungle, le savoir des chamans à ce sujet est immense! Il m'explique que régulièrement des pharmaciens et des chercheurs des plus grandes multinationales pharmaceutiques du monde viennent en Amazonie à la recherche de nouveaux principes actifs pour leurs médicaments...
Mais si certaines plantes sont bénéfiques, d'autres sont dangereuses, voire toxiques.
Bien sûr les épines de certains sont un moyen de se protéger, mais il y a parfois plus dangereux m'explique Jean-Paul. Pour appuyer ses dires, il racle l'écorce d'un arbre avec son grand couteau style " Indiana Jones", puis il en fait une boulette d'environ 3-4 cm de diamètre et me la donne en me demandant de la mettre au creux de mon coude nu et de plier mon bras. Je m'exécute et je m'aperçois qu'au bout d'une trentaine de secondes, ça commence à bien chauffer. Au bout d'une minute, cette boule me brûle au point que je ne peux plus tenir et je suis obligé de l'enlever et de la jeter au loin sous le sourire appuyé de Jean-Paul qui bien sûr savait ce qui allait se passer! "Tu vois me dit-il, si tu coupes et si tu manipules ce bois, tu finis par te brûler les mains et la peau, et je ne parle pas des animaux qui se risqueraient à manger l'écorce (pourtant très molle) ou les feuilles de cet arbre!"
Un peu plus loin, Jean-Paul me montre un autre arbre encore plus vicieux. Lorsqu'il est "attaqué" par exemple par une hache ou une tronçonneuse, il laisse échapper entre son bois et son écorce de très fins jets de sève acide qui peuvent brûler très gravement les yeux! Les jets ressemblent un peu à ceux d'une orange lorsqu'on l'épluche: très fins et d'une portée limitée mais qui giclent un peu au hasard dans toutes les directions...
Puis après les arbres bénéfiques et les dangereux, il y a les arbres fascinants.
A ce sujet je crois qu'aucun arbre sur Terre n'est plus étonnant que "l'arbre qui marche"
Cette espèce de palmier possède à la base un tronc. Puis au fur et à mesure de sa croissance, il développe des racines extérieures en cône et le tronc central finit par pourrir et casser. Et c'est là que commence une chose fabuleuse. Supposons par exemple que l'arbre reçoive plus de lumière sur son côté droit que sur son coté gauche. L'arbre va alors faire pousser de nouvelles racines sur son coté droit et laisser celles sur son coté gauche s'assécher et se briser. Comme son tronc n'est pas relié au sol, il va ainsi se "déplacer" vers la droite, à la recherche de lumière.
L'arbre "marche".
Il pourrait ainsi être capable de se déplacer de 1 mètre par an! Extraordinaire!
Après ces explications sur la flore extraordinairement riche et diversifiée de la forêt amazonienne, nous tombons face à un énorme monticule constitué de terre, de feuilles et de brindilles amoncelées sur une hauteur de 1m50 et sur un diamètre de 4 à 5 mètres: une fourmilière!
C'est l'occasion pour Jean-Paul de me faire un petit cours sur la dangerosité de certaines espèces de fourmis.
Tout d'abord les plus connues, les célèbres "fourmis de feu", fourmis très agressives à la piqûre très douloureuse. Elles sont appelées dans cette région "fourmis de 24 heures" car la douleur due à leur morsure dure 24 heures!
Il y a aussi l'espèce des "fourmis guerrières" ou "fourmi légionnaire" qui est plus impressionnante encore. Déjà les insectes peuvent mesurer plus de 2 cm de longueur, ce qui est balèze pour une fourmi. Mais elles sont plus connues car elles sont à l'origine du spectaculaire phénomène appelé "marabunta". Lorsqu'elles décident de déplacer leur nid ou fourmilière, elles le font en une seule fois en formant une colonne de centaines de milliers d'insectes qui dévore absolument tout sur son passage. Si on croise le chemin d'une marabunta, il ne faut pas réfléchir et prendre ses jambes à son cou m'explique-t'il amusé, tout en reconnaissant qu'il n'en a jamais personnellement observé, mais que des cas de marabunta ont déjà été rapportés dans la région.
En ce qui concerne la fourmilière présente devant nous, elle parait presque inoccupée et seules quelques rares fourmis se promènent aux abords de celle-ci, mais je n'ai pas envie d'aller y voir de plus près, j'ai déjà accidentellement posé le pied dans une petite fourmilière au Nicaragua et les quelques piqûres que j'avais récoltées m'avaient laissé un cuisant souvenir!
Lors de la marche de retour, Jean-Paul s'arrête brusquement, me pose le plat de sa main sur la poitrine pour m'empêcher d'avancer d'avantage et me dit pour toute explication:
"Voyons Denis, n'écrase pas les animaux!"
Je reste dubitatif car je ne vois strictement rien. J'ai pensé au début à un serpent mais rien à faire, impossible de débusquer quoi que ce soit.
"Regarde, tu as failli marcher sur une grenouille! -Ah bon, où ça???"
Et vous, vous l'auriez vue, cette fameuse grenouille?
Nous voici maintenant revenus au lodge pour le dernier repas avant mon retour à Iquitos.
Une jeune allemande, Maria, est déjà là en train d'attendre lorsque j'arrive. Pour elle aussi c'est son dernier repas avant le retour, son guide l'a laissé ici et nous prendrons la même pirogue au retour, encore une fois les agences s'entendent entre elles pour "regrouper" les touristes lorsqu'ils sont peu nombreux pour ainsi éviter des frais.
Après quelques rapides échanges insignifiants, Maria reste silencieuse et ne dit pas un mot. Puis alors que nous est servi notre collation, elle m'interroge soudain directement:
"Tu as essayé l'Ayahuasca?"
Bon sang j'ai une tête à ça ou quoi?? Les seules choses qu'elle connait de moi, c'est mon prénom et le fait qu'on va prendre la même pirogue cet après-midi et là paf, THE question qui tue!! Je lui répond donc que non, je n'ai pas essayé et je lui énonce les mêmes raisons que j'avais données à Jean-Paul. "Et toi, tu as essayé?" relançai-je 5 secondes de silence s'écoulent sur son visage impassible avant qu'elle ne me réponde en mentant: "Non, pour les mêmes raisons que toi"
Elle ne dira quasiment plus un mot jusqu'à Iquitos, un caractère décidément bien taciturne...
Le trajet de retour sera bien monotone en sa compagnie, nous aurons droit cette fois ci à une voiture avec chauffeur rien que pour nous 2 qui me déposera directement à la porte de l'hôtel Amazonas green que j'avais laissé 3 jours plus tôt.
Je retrouve le gérant qui vient me demander si tout s'est bien passé et qui, vu ma satisfaction, m'incite fortement à laisser des commentaires élogieux sur TripAdvisor, c'est de bonne guerre! Je retrouve également Géraldine, elle a passé son temps en excursions à la journée depuis Iquitos et prends un avion demain pour Lima. Chouchou et Loulou sont toujours là! Eux aussi ont acheté un billet d'avion pour Lima et ils sont contents de leur séjour: ils se sont beaucoup promenés et ont toujours acheté des fruits et légumes au marché de Belèn qu'ils ont cuisiné eux-même à l'hôtel, ce qui les ravit au plus haut point. Et ils ont enfin obtenu leur chambre individuelle! Mike, Jenny et Sofia sont repartis un peu plus tôt dans l'après-midi, je ne les ai pas manqués de beaucoup d'après Géraldine.
Voilà, il est temps pour moi de préparer mon retour à Yurimaguas. Je n'aurais aucun problème le lendemain à embarquer pour un trajet rallongé d'une journée par rapport à l'aller car cette fois-ci nous remonterons le courant au lieu de le descendre. Je retrouve ma voiture qui m'attendais bien sagement ainsi qu'Antonio et son hôtel où j'ai pu loger sans problèmes avant de reprendre la route vers le sud, direction à nouveau vers les Andes, direction la Cordiliera Blanca!...
Que retenir de cette excursion au cœur de la forêt amazonienne? Pour ma part que du bon ou presque!
Tout d'abord le trajet en bateau.
Je dirais qu'il est quand même réservé aux voyageurs qui n'ont pas peur d'affronter des conditions de voyage basiques, voire rustiques. Si vous ne pouvez pas vous passer d'un certain confort en voyage, passez votre chemin! Entre la chaleur humide, les moustiques, la nourriture à base de riz, le confort précaire, l'état repoussant des toilettes et douches ainsi que la grande promiscuité entre voyageurs, il faut être prêt à accepter de remonter vraiment assez haut son seuil de tolérance, et surtout, une fois le bateau parti, vous ne pourrez plus revenir en arrière, autant savoir à l'avance où on met les pieds! De plus, le côté aléatoire de la durée des trajets fait qu'il est obligatoire d'avoir du temps dans son planning: on ne sait pas quand on part, on ne sait pas combien de temps va durer le voyage et on ne sait pas quand on arrive! Et enfin, si vous ne parlez pas espagnol, prenez de bons livres, sinon vous allez trouver le temps trèèèèèèèès long! Mais j'ai surtout adoré les voyages en bateau (aller comme retour) car ils m'ont vraiment fait prendre conscience de l'immensité de la forêt amazonienne. C'est une chose qu'on ne doit pas ressentir je pense en arrivant en avion: on prend le vol à Lima et 1h30 plus tard on arrive à Iquitos au cœur de la jungle, sans réellement se rendre compte de l'isolement de la ville et de l'étendue absolument gigantesque de la forêt...
Ensuite Iquitos.
C'est une ville que j'ai adoré, notamment à cause des souvenirs indiens qu'elle me rappelait. (Oui vous pouvez en déduire que j'ai adoré l'Inde!) Elle n'a pas grand chose à voir avec les autres villes du Pérou que j'ai traversées, tout y est différent: l'ambiance, les gens, la culture... Quand on est Européen et qu'on va au Pérou, on est déjà pas mal dépaysé, mais quand du Pérou "andin" on va à Iquitos, on est encore plus dépaysé!...
Les excursions en forêt pour finir.
C'est bien simple, c'est la meilleure partie du voyage, et de loin! Il n'est pas nécessaire de faire des kilomètres, on se retrouve très vite "Into the wild", dans le sens premier du terme. C'est vraiment très impressionnant, et pour peu que vous ayez un bon guide, cette expérience sera absolument inoubliable! Franchement, si vous allez à Iquitos, il faut absolument aller AU MOINS 2 jours au cœur de la forêt, 3 jours et 2 nuits étant pour moi la combinaison idéale.
Les choses que je n'ai pas aimées?
J'ai beau me creuser la tête, je ne vois rien. Non, vraiment rien. Je conseillerais juste d'être prêt à fortement augmenter votre seuil de tolérance pendant quelques jours afin de profiter à fond des lieux. Si vous ne voulez pas ou ne pouvez pas le faire, alors là oui, vous allez trouver des choses à redire pour ce voyage.
Voilà, c'est tout pour ces premières tranches de voyage, j'espère qu'elles vous auront plu, je rends l'antenne et je dis:
"A vous Cognac-Jay" !
| | Bonjour Denis Merci merci pour cette tranche et j'avoue j"en redemanderai bien un supplément un vrai régal et on est avec toi sur le bateau et dans la foret Une tranche de ton périple indien !!! doit être également passionnant merci et continue à te régaler si tu voyages encore et si tu as le temps de nous faire rêver je serai une lectrice attentive, je me suis régaler 'Chine et Pérou) Mariejo | | Bonsoir et merci pour ce récit. Je ne ferai probablement jamais ce voyage mais votre façon de rédiger est tout à fait sympathique et intéressante. Merci encore. | Carnets similaires sur le Pérou: Heure du site: 7:31 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 283 visiteurs en ligne depuis une heure! |