Bravo ! pour ta perspicacité... je n’aurais pas pensé que quelqu’un touche au but si rapidement
Comme celui de Roussillon en Vaucluse et celui de Las Medulas en
Espagne, le paysage est en effet artificiel. Il illustre d’ailleurs bien comment l’eau en mouvement, que ce soit du fait de la nature ou de dispositifs conçus par l’homme, peut transformer un paysage en quelques décennies. Dans le cas discuté... précisément de 1853 à 1884.
Cette activité ‘
’ hydraulic mining’’ généralement rendue en français par
‘’abattage hydraulique’’ fait encore souvent parler d’elle par ses conséquences plutôt... désagréables !
En fait je suis actuellement occupé à préparer une présentation sur
La ruée vers l’or de 49 et ses retombées et ce faisant j’ai trouvé amusant de me livrer à ce petit quizz....
Pour en revenir à ma petite histoire....
Au bout de seulement deux ans les chercheurs d’or de 49 (les
forty-niners) se sont rendu compte que l’or des rivières devenait de plus en plus rare et que çà payait de moins en moins d’en laver les sables et les graviers..
comme aurait dit notre célèbre humoriste des années 50/60 mais intemporel ‘’
l’orpaillage...ça eut payé... mais ça paye plus’’ (
)
Heureusement, ou malheureusement, ils se sont aussi rendu compte que d’autres graviers, bien plus anciens, perchés sur les collines -il fallait grimper pour les atteindre- et sur lesquels les rivières ne passaient plus depuis longtemps (des millions d’années en fait) étaient tout aussi chargés d’or que ceux des rivières actuelles.
Comment traiter des volumes pareils de graviers pour les ‘’passer au crible’’... çà allait prendre des siècles et user des générations de dos humains !
C’est alors qu’un certain Antoine Chabot, devenu Anthony Chabot- que certains font passer pour Français mais qui était en réalité Canadien français de
Montréal- eut l’idée de s’attaquer aux collines en y canalisant de l’eau par un système de canalisations en bois sur lesquelles on branchait des tuyaux souples. Ce n’était pas vraiment nouveau puisque les Romains avaient déjà utilisé la technique hydraulique en lâchant brutalement des masses d’eau pour désagréger leurs graviers aurifères espagnols à
Las Médulas (avec les mêmes résultats paysagers). Mais le dispositif Chabot, çà manquait de pression... jusqu’à ce qu’un autre ‘’ingénieur’’ invente une buse pour équiper les dits tuyaux.....
C’est à ce moment que l’abattage hydraulique a vraiment commencé et que des Compagnies se sont formées pour construire des
milliers de kilomètres de canalisations (+ de 8000 selon certaines sources) et toutes sortes d’ouvrages pour amener de l’eau de la Sierra
Nevada qu’elles allaient parfois collecter à plus de 50 kilomètres à l’intérieur
C’est juste un peu plus tard que sont apparus les canons géants à eau comme celui-ci :
Mais c’est une autre histoire qui prendrait trop longtemps à raconter
Pour en revenir à mon propos...la petite fête en question se passe au
Malakoff Diggins State Historic Park
créé en 1965 pour pérenniser l’histoire du Gold Rush.
jusque là, rien de nouveau...
ce que j’ai par contre retenu c’est que, à l’issue des recherches faites par un archéologue, des francophiles et des amateurs d’histoire locale ont décidé de mettre sur pied un petit festival pour se souvenir de l’héritage qu’ont laissé les Français nombreux à avoir participer à l’aventure pendant plusieurs décennies, soit comme chercheurs d’or, soit comme commerçants (maréchal-ferrant, quincailler...hôtelier...)
Malakoff's French Connection – Malakoff Diggins State Park
Ainsi les trois marionnettes représentent un Français avant son départ coiffé, bien sûr, du béret lequel il est vrai existait déjà à l’époque même s’il n’avait probablement pas acquis la symbolique du siècle suivant, un Français devenu chercheur d’or et Madame Auguste, une personne ayant réellement existé et qui tenait l’
Hôtel de Parismaintenant le gâteau... quelle est sa place ?
c’est là que les habitants de North Bloomfield ont fait preuve d’imagination pour expliquer à leurs concitoyens l’origine du terme ‘’
Malakoff diggins’’ (= les mines de Malakoff)
Ce gâteau à la forme d’une tour représente en effet un tour. A l’époque les Français alliés aux Anglais et aux Ottomans venaient de remporter le 8 septembre 1855, après 40 ans de paix européenne une victoire sur les Russes à Sébastopol. Les Zouaves et autres troupes venaient de prendre d’assaut une sorte de redoute, passée dans l’histoire sous le nom de tour de Malakoff bien qu’elle n’ait guère dépassé la dizaine de mètres
çà faisait un bout de temps que les Français n’avaient pas battu les Russes, depuis le Napoléon d’avant la Campagne de
Russie, je crois bien. Il fallait célébrer çà... toujours est-il que ceux de
San Francisco firent la fête, érigèrent une sorte de tour qui n’a pas survécu au prochain incendie. Les Parisiens eux aussi érigèrent une tour... qui, elle, n’a pas résisté à la guerre de 70. Démolie car les Prussiens, faute de Tour Eiffel, pas encore construite.. ! s’en servaient de mire pour pointer leurs canons. Ceux de North Bloomfield décidèrent de donner le nom de Malakoff au haut-lieu de leurs activités.
en résumé je crois bien, sans risque de me tromper beaucoup, que les francophiles de
North Bloomfield et du
Malakoff Diggins State Park en Sierra
Nevada sont les seuls de par le monde à avoir
commémoré le 9 septembre 2017 – quoique de manière insolite- le 162ème anniversaire de la prise de la tour de Malakoff par l’Armée française!