Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Lucbertrand · 14 juin 2019 à 14:09 · 215 photos 58 messages · 7 participants · 3 803 affichages | | | 14 juin 2019 à 14:09 · Modifié le 15 juin 2019 à 23:18 Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 1 de 58 · Page 1 de 3 · 2 266 affichages · Partager Après notre échec à traverser sur le Chili par le col de San Francisco nous avons réorienté notre voyage à travers le nord de l’ Argentine. Rien n’avait été programmé, et à l’improviste et à l’inspiration nous sommes partis durant un mois à travers ces territoires gigantesques très peu peuplés. Sensation étrange de devoir bouleverser un voyage tracé dans les grandes lignes depuis pas mal de temps mais une curiosité renforcée à l’idée de nouvelles aventures dans des contrées sur lesquelles nous n’avons pratiquement aucun renseignement nous attire. La non-programmation et les décisions au jour le jour sont une forme d’aventure qui nous convient. Nous allons prendre conscience une fois de plus du gigantisme de ce pays et de la faible densité humaine de ces plaines qui viennent buter contre les premiers contreforts des Andes.
Bye bye le paso San Francisco et ses tourmentes de vent
31 octobre Tinogasta à Campanas 64 km 750 m de déniveléAprès une deuxième nuit à Tinogasta qui met un point final à notre boucle de 500 km, aller-retour, à destination du paso San Francisco, nous partons ce matin vers le sud pour une étape que je pense facile. Mais une petite forme va la rendre difficile, en particulier les vingt kilomètres de piste en montée, bien souvent sur de la tôle ondulée semée de cailloux.
On ne se laisse pas abattre et le malbec argentin même pour un Lyonnais le top
Nous longeons une magnifique sierra aux couleurs multiples, où des plans se succèdent et s’enchevêtrent dans un décor de crêtes déchiquetées. Les nuages qui s’accrochent aux flancs de ces montagnes aux dimensions difficiles à évaluer approfondissent l’impression de mystère de ces coins en dehors des voies du tourisme.
Nous arrivons à destination à 14h30 dans ce petit village de Campanas qui semble mort, l’heure espagnole explique peut-être que nous ne rencontrons âme qui vive. Après des tours et des détours enfin une personne à qui poser une question. Cela nous mènera à un hébergement qui ne paie pas de mine, mais qui s’avère très bien, dont le propriétaire sera très serviable. Ce logement est équipé d’une petite cuisine un peu beaucoup « bordélique » mais pleine de charme. Nous sommes d’autant mieux situés qu’une épicerie se trouve à quelques mètres et nous offre toutes les commodités, certes nous ne sommes pas dans un supermarché occidental.
Malheureusement c'est aussi cela en préambule au panorama fantastique, souvent décharge à ciel ouvert des papiers et des détritus plus lourds partout
Cette vie d’errance tranquille nous allons le mener quelques semaines. Cette façon de voyager où l’on prend le temps de s’inscrire justement dans un autre temps me convient complètement. Pas de programme chronométré, de visites imposées, de file d’attente, de restaurant bondé, non simplement un village désert où l’on ressent l’ennui et peut-être la tristesse des personnes vivant ici. Cela permet l’adoption d’un rythme lent en alternant moments consacrés à l’effort physique à vélo et moments dédiés à la réflexion sur soi, les autres et l’évolution du monde. Se retrouver loin de chez soi et de sa famille durant des périodes relativement longues crée les conditions d’une expérience fructueuse, d’une part bien sûr un certain manque des êtres aimés persiste et s’intensifie avec la durée, mais d’un autre côté une obligation de repenser son fonctionnement quotidien se fait jour. Et dans ces voyages où l’on vit de longues semaines jour et nuit avec un camarade cela crée un lien privilégié de camaraderie entre les êtres, en étant vigilant de rester à l’écoute l’un de l’autre, dimension très importante et enrichissante de ces périples à vélo.
1 novembre Campañas Chilecito 85 km dénivelé 708 mNous quittons notre logement à 7h30. D’après les indications nous nous attendons à une assez grosse journée, 1150 m de dénivelé. Une belle montée pas trop raide nous conduit à travers une gorge toute en courbes, agréable à parcourir, car à chaque virage des perspectives nouvelles nous sautent au visage. Le plaisir est d’autant plus intense que la circulation automobile est pratiquement absente. En deux heures nous arrivons au sommet, après quelques 700 m de dénivelé. Nous constatons qu’à partir de ce point une immense descente nous attend.
Les grands espaces argentins
Ce qui m’a frappé au cours de cette montée ce sont les différentes stèles en commémoration des tués sur la route. Au cours de notre voyage de 3600 km à travers l’ Argentine nous en verrons beaucoup. À côté des marques habituelles d’un monument du souvenir évoquant le défunt une montagne de bouteilles en plastique vides interpelle. Différentes explications nous seront données lorsque nous poserons la question du pourquoi de ces bouteilles en un tel lieu. Je l’avais déjà constaté dans d’autres pays d’ Amérique du Sud, en particulier dans les grandes solitudes de haute altitude de Bolivie dans la ville pré inca d’Alcaya. Des momies vielles de plusieurs milliers d’années dans ce désert le plus sec du monde étaient accompagnées de bouteilles de coca-cola aux bouchons rouges.
En mémoire des morts de la route
Est-il mort à vélo?
Entre les salars de Coipasa et Uyuni en Bolivie à 3800 mètres d'altitude cité précolombienne abandonnée d'Alcaya on voit en bas à gauche le bouchon de la bouteille de coca-cola auprès de cette dépouille qui serait multi-millénaire dans ce recoin l'un des plus secs au monde
Dans un premier temps, la chance nous accompagne, une vingtaine de kilomètres descendants avec vent dans le dos nous procurent un vrai bonheur. Plaisir absolu, nous les dévalons à grande vitesse entre 40 et 55 km/h. Nous nous arrêtons dans un village où des étages de fruits nous font de l’œil. Nous consommons sur place.
Nous repartons, malheureusement le vent s’est inversé, cela ne nous empêche pas de garder une bonne moyenne. Je m’abrite derrière André qui ouvre comme un bulldozer. Vers 13 heures nous atteignons Chilecito, Les derniers kilomètres ont été pénibles du fait d’une immense ligne droite qui semblait s’allonger au fur et à mesure que nous la parcourions.
Comme souvent sur la route nous avons vu des évocations des peuples indiens qui vivaient en ces lieux avant l’invasion espagnole. En particulier cette fois-ci une représentation géante d’un Indien, évoquant les peuples aborigènes. Une plaque commémorative revendique la terre volée à ces premiers habitants il y a plusieurs siècles.
La ville est assez grande. Nous nous renseignons au syndicat d’initiative et allons à l’hôtel de l’automobile club argentin. Un immense christ la domine. Cela nous donnera l’occasion d’une agréable promenade ponctuée d’un très joli point de vue. Nous côtoyons dans notre hôtel un couple de Suisses à moto. Ils sont sur la route depuis plus de deux ans et possèdent de remarquables montures. Malheureusement ils ne chercheront pas le contact et ils ne nous diront pas grand-chose de leur périple, dommage car ils ont certainement vécu de magnifiques aventures.
J’en profite pour aller chez le coiffeur et outre les cheveux je me fais couper la barbe. En effet, elle commence à être longue, vieille de plus d’un mois. Je l’avais laissé pousser car nous avions séjourné en altitude souvent au-dessus de 4000 m. Maintenant que nous allons rester dans les plaines nous ne dépasserons plus les 2000 mètres, donc les rayons UV seront moins agressifs. Le coiffeur est un vieux monsieur perclus de rhumatismes et qui ne peut plus lever les bras. Pour alléger ses douleurs il officie en montant sur un tabouret, cependant de toute évidence il souffre. Cette obligation de continuer à travailler résulte sans doute de l’absence de retraite pour cet artisan.
Plus d'un mois en haute altitude et on se transforme en yéti des Andes, le coiffeur barbier a eu du boulot mais je n'ai payé que pour une personne!!! La barbe est une bonne protection contre le soleil en particulier en haute altitude où il est peu atténué par une atmosphère moins dense. | | À: Lucbertrand · 15 juin 2019 à 23:14 · Modifié le 16 juin 2019 à 20:13 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 2 de 58 · Page 1 de 3 · 2 182 affichages · Partager 2 novembre Chilecito à Sañogasta 47 km 950 m de dénivelé
Alors qu’en sortie de ville nous cherchons à reprendre la fameuse ‘’ ruta 40’’ pour une petite étape de 34 km, comme souvent le hasard va se charger de nous faire vivre une journée pour le moins originale. Dans les faubourgs de la ville alors que les grands espaces déserts apparaissent au détour des dernières maisons, j’interroge un homme à mobylette. Il nous conseille de rejoindre Sañogasta par la N15. D’après lui l’itinéraire est beaucoup plus beau, plus court et de plus asphaltée tout du long.
Voilà comment une journée bascule, d’un parcours classique sur une route au trafic assez important nous allons nous retrouver dans une pampa au milieu de nulle part à pousser nos vélos dans le sable et les cailloux, mais dans le fond ce sera pour notre plus grande joie.
Les 19 premiers km sont magnifiques, une belle route, bien raide, serpente dans une gorge, dominée par d’immenses montagnes encore enneigées par endroits. Une fois en haut de la côte mon compteur affiche 800 m de dénivelé.
Nous sommes persuadés qu’une belle descente de 15 km nous attend et qu’elle mettra un point final à notre journée de vélo. Mais voilà une fois au sommet, très vite l’asphalte disparaît, laissant la place à une piste défoncée. De plus elle se met à monter. Alors que nous attendions une belle route asphaltée en descente, nous nous retrouvons sur un mauvais chemin qui monte.
Cependant l’endroit est magnifique, au-dessus les sommets des Andes se perdent dans des altitudes incertaines, des traces de neige marquent les talwegs. Bien qu’aucune ferme ne soit visible, l’endroit n’est pas abandonné, bien au contraire de vastes vergers disputent l’espace aux épineux, parmi les arbres fruitiers j’identifie des noyers.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. La piste se transforme en sente, même par endroits elle semble disparaître se confondant avec le lit d’un ruisseau, jonché d’énormes blocs. Il nous faut pousser à pied, avec les sacoches avant qui tapent un peu partout. Les miennes sont déjà dans un piteux état, car depuis notre départ de Salta, avec toutes les pistes que nous avons prises, mes fonds de sacoches avant sont particulièrement abîmés et ressemblent à de vraies passoires.
Et dire qu'on nous avait promis une route goudronnée
Pendant deux heures, nous allons nous battre contre le plus mauvais passage rencontré depuis notre départ il y a plus d’un mois. Finalement nous rejoignons un fond de vallée où une excellente piste à travers de gigantesques champs d’oliviers et de noyers nous permet de rejoindre le village de Sañogasta en 14 km. Mais j’ai eu un moment de doute, car une fois sur terrain plat, entre galets et sable, nous étions entourés d’épineux qui nous masquaient la vue. Je me suis demandé si nous n’allions pas y passer plusieurs jours, les espaces étant incommensurables dans ces parages.
Pire que les cailloux pour les pneus et les chambres à air les épineux aux épines acérées
plantations gigantesques
Une fois dans le village nous rejoignons la ruta 40 et allons quelques kilomètres plus loin dormir au début de la côte de la cuesta Miranda dans une pension tenue par une femme très serviable.
Le minou surveille les opérations
Au début cette jeune femme seule ne se sent pas très rassurée de se retrouver pour la nuit avec deux vieux gringos. Mais rapidement elle réalise qu’ils ne sont pas méchants et surtout très respectueux, et nous passerons une agréable soirée ensemble.
Les vieux gringos n'étaient pas méchants
3 novembre Sañogasta à Villa Union 85 km 820 m de dénivelé
Ce matin départ 7h15. Avant le départ, notre hôtesse se plie avec plaisir et bonne humeur à la photo d’adieux. Devant nous une montée de 20 km avec 700 m de dénivelé, la cuesta Miranda. La route est magnifique, pratiquement pas de circulation. Tout autour de nous des montagnes aux couleurs vives nous dominent, une gorge profonde enjambée par un pont nous offre une vue de premier plan sur un vide impressionnant.
Nous rattrapons un couple de jeunes Toulousains à vélo depuis 2 mois, qui compte rouler jusqu’en février, c’est-à-dire durant cinq mois. Pour la jeune femme il s’agit de son premier voyage à vélo et manifestement au bout de deux mois elle commence à saturer. Partir pour un premier voyage sur une longue durée représente toujours un pari aléatoire. L’envie de voyager est une chose, l’adaptation à l’effort pendant des mois en est une autre. Sa selle n’a pas l’air adaptée et elle commence à souffrir, cela représente généralement un handicap rédhibitoire. En effet, ils envisagent à courte échéance de continuer leur périple en bus.
Cette belle étape nous procure un plaisir intense. Nos corps bien rôdés ne ressentent pas l’effort la réside la longévité en voyage à vélo ne pas sentir la fatigue et éprouver un profond plaisir à rouler. De courage il n’est pas question lorsque le plaisir prend toute la place.
La religion est toujours présente
Avant de rentrer en ville nous nous arrêtons manger une platée de frites accompagnée d’un bon vin. Le nord de l’ Argentine est vraiment une région à la forte tradition viticole. Les restaurants présentent tous des quantités de bouteilles de belle tenue et ce qui n’est pas pour déplaire à des prix dérisoires comparativement à ceux pratiqués dans la restauration en France. Les vins sont toujours mono cépage, malbec, syrah ou cabernet. Notre préférence va au malbec, cépage utilisé en France à Cahors.
Villa Union est une petite ville endormie au pied de l’un des cols mythiques pour les voyageurs à vélo, le paso Agua Negra qui culmine à plus de 4800 mètres et qui donne accès au Chili. À cette époque de l’année il est fermé. Il est peut-être possible de le franchir mais le poste de douane n’est pas activé. Nous n’avons pas l’intention, peut-être plus l’envie, de retourner vers la haute montagne et son terrible vent mais nous désirons partir à 180 degrés dans d’immenses plaines où nous espérons des conditions plus clémentes. En regardant notre carte nous constatons que demain nous rentrerons dans des zones où les villes sont très éloignées les unes des autres, des distances de l’ordre de la centaine de kilomètres sans aucune infrastructure intermédiaire.
Je mets la suite un peu plus tard | | À: Lucbertrand · 16 juin 2019 à 20:15 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 3 de 58 · Page 1 de 3 · 2 133 affichages · Partager Bonsoir, C'est toujours un plaisir de suivre vos aventures dans ce magnifique pays ! | | À: Lucbertrand · 17 juin 2019 à 10:55 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 4 de 58 · Page 1 de 3 · 2 098 affichages · Partager Bonjour Luc, Comment enfourcher un vélo quand on est assise, bien câlée sur son canapé et poursuivre un voyage digne des 12 travaux d'Hercule ? En lisant les carnets de Lucbertrand... J'ai pédalé, transpiré, pesté, eu envie d'envoyer balader le vélo, contemplé les magnifiques paysages tout cela par procuration. Vivement le "un peu plus tard" pour être à nouveau embarquée dans cette belle aventure. Bonne journée. Florence | | À: Sheepie · 17 juin 2019 à 14:04 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 5 de 58 · Page 1 de 3 · 2 083 affichages · Partager Bonjour Marie-Claude merci pour le petit mot, oui ce pays est extraordinaire et je n'en connais que la partie nord-ouest en gros de San Jujuy, Salta à la Rioja et bien évidemment sa partie frontalière montagneuse avec le Chili. Comme souvent j'ai constaté que les régions non décrites ou presque par les guides procurent de belles sensations, mais il ne faut pas vouloir les comparer avec le sensationnel du Taj Mahal, de l'Empire State Building, le glacier Moreno, le Fitz Roy ou le spectaculaire du Daulaghiri en faisant le tour des Annapurna, on est en recherche d'autres attentes sans doute plus subtiles. Luc
| | À: Lot87 · 17 juin 2019 à 14:28 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 6 de 58 · Page 1 de 3 · 2 076 affichages · Partager Bonjour Florence, à la lecture on peut penser que ces voyages sont fait de souffrance, mais la réalité n'est pas là. Sans doute mes talents d'écrivain ne sont pas assez développés pour rendre compte d'une réalité qui est ailleurs. Rapidement le voyageur à vélo s'il écoute son corps et ne cherche pas à dépasser sa propre ligne rouge, il entre dans autre chose, il sent qu'il fait partie de cette nature et s'y intègre malgré chaleur, vent, bêtes qui piquent et autres petites composantes adverses de cette nature.
Mais oui le vélo il faut l'enfourcher, mais je reconnais que le tour à vélo de la journée cela ne passionne pas forcément. Pour ma part je n'y arrive pas, ma première motivation étant de ne pas savoir où je vais dormir le soir. Un tour de chez moi à chez moi je n'y arrive pratiquement jamais. D'ailleurs depuis mon retour d' Argentine le 6 décembre 2018 je n'ai fait que 3 sorties à vélo, et qui ne totalisent pas 10 km à elles trois, cad de simples courses dans mon village au lieu d'y aller à pied. Mais un jour j'espère venir faire un tour de Bretagne du côté de chez toi, surtout depuis que j'ai lu dans la fabuleuse revue "200" le superbe texte sur le tour des bistrots de Bretagne à vélo.
Je vais essayer de mettre un chapitre supplémentaire aujourd'hui ou demain. Luc | | À: Lucbertrand · 18 juin 2019 à 21:26 · Modifié le 19 juin 2019 à 3:02 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 7 de 58 · Page 1 de 3 · 2 022 affichages · Partager Salut Luc,
Figure-toi qu'il y'a 3 ans quand nous sommes allés dans la puna argentine (tolar grande, el peñon, el campo de piedra pomez....), et bien nous avons traversé cette partie de l' Argentine que tu as traversé à vélo. En fait, je préfère louer mes véhicules au Chili, et du coup, nous avions loué le 4X4 à santiago de Chile, nous sommes montés par le paso del Christo redentor (où nous sommes passés de justesse avant fermeture pour tempête de neige!!!), avons dormi à Mendoza, puis avons continué notre périple en passant par Barréal, Rodeo, Villa union,....Chilecito, où nous sommes passés à côté d'une manifestation.... C'est une partie de notre voyage de 2016 que je n'ai pas racontée.
Je suis d'accord avec toi que c'est vraiment un art de vivre vraiment différent, j'ai eu l'impression parfois que le temps s'était arrêté, et qu'on profitait juste de temps présent. Les passages de régions se faisaient par des postes de police, où on contrôlait nos passeports et pièces du véhicule. Nous avons perturbé l'un des agents qui ne comprenait pas que nous ayons une voiture chilienne, alors que nous étions français, et surtout alors que nous parlions parfaitement espagnol!!!
Ton carnet me rappelle de très bons souvenirs, et je confirme que même si, il n'y a pas de paysages extraordinaires, se promener à travers le parc ischigualasto, ou en longeant les andes, avec pas mal de terres rouges est très dépaysant!
Merci de ce retour. | | À: Diamina · 18 juin 2019 à 23:52 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 8 de 58 · Page 1 de 3 · 2 016 affichages · Partager 4 novembre Villa Union km à Pagancillo 30 km 100 m de dénivelé
Après une bonne nuit dans un hôtel confortable, nous partons tardivement pour des cyclistes, à 8 heures. En effet, un couple d'Argentins qui nous avait vu sur la route dans la cuesta Miranda, était tout fier de nous montrer les photos qu'ils avaient fait de nous, et bien évidemment la discussion s'est éternisée.
Devant un petit troquet agréable où nous avons passé un bon moment hier, entourés d'une montagne de belles bouteilles de vin, notre préférence à tous les deux va au malbec.
Mais une fois partis, le temps magnifique l'absence de vent, le bon goudron, l'absence de trafic et la belle envie de pédaler font qu'en un peu plus d'une heure nous parcourons trente kilomètres.
Bon début, mais boum la chambre à air arrière d'André cède à la valve. Comme disait Chirac les emmerds volent en escadrille, donc nouvelle chambre crevée aussi, ‘’redémontage’’ et reboum difficulté à remettre la roue arrière, même le policier au poste de contrôle phytosanitaire où nous avons cherché de l'ombre le temps de la réparation s'y met. Enfin réparé, mais voilà rereboum la béquille frotte le pneu et pas moyen d’y remédier, il nous manque un outil. Nous retournons à la seule station-service dépassée il y a un kilomètre à la recherche de l’outil que nous n’avons pas, mais elle est fermée. En désespoir de cause André démonte une fois de plus sa roue arrière, la centre, ressert précautionneusement l’axe, miracle ça ne frotte plus. Nous voilà prêts à reprendre la route, mais le temps s’est enfui, il est 11h30 et il nous reste encore à parcourir 100 km de désert sous une chaleur montante avec une promesse de vent à court terme.
Nous avons la chance de nous trouver au niveau du seul village avant cet immense no man’s land. Nous y pénétrons, une auberge nous offre le confort à l'abri de la chaleur, voilà comment un incident se transforme en petit bonheur d’une demi-journée de repos volé. Nous nous installons en deux temps trois mouvements.
Il est midi passé, nous remontons la rue centrale déserte. Un restaurant confidentiel apparaît sur la droite, il semble fermé car nous ne discernons aucun mouvement ni à l’extérieur ni à l’intérieur. Dans le doute j’essaie d’ouvrir la porte et tout étonnés nous y pénétrons. Nous sommes les seuls clients, la patronne nous concocte une belle soupe traditionnelle, pois chiches, haricots blancs et viande d'agneau. Dans ce village du bout du monde nous ne croisons pas âme qui vive. Nous avons la sensation d’être sortis du temps, nos montres tournent à vide.
Le voyage c'est surtout cela, l'imprévu qui se concrétise en plein de belles surprises qui souvent sont une succession des petites ‘’choses’’. L’absence de planification laisse le temps de vivre et de flâner sans se fâcher au moindre contre-temps. Nous partons en voyage pour nous extraire des contraintes de notre vie trépidante ainsi que de nos habitudes trop bien rodées, et les programmes chargés à réaliser à tout prix nous y ramènent, donc fuyons-les et laissons-nous guider par les grains de sable qui perturbent la programmation.
5 novembre Pagancillo à Los Baldecitos 93 km 332 m de dénivelé
Notre arrêt anticipé d’hier a été une bonne chose, cela nous permet ce matin d’effectuer une belle étape de 93 km dans d’excellentes conditions en partant à 6h30. Il fait frais et le vent est absent. Il se lèvera vers midi, et se renforcera l’après-midi, et justement à midi notre étape est terminée.
Une fois encore dans nous nous retrouvons dans un hameau du bout du monde. Cependant comme généralement un gîte nous ouvre sa porte. Et une foi de plus nous sommes les seuls clients aujourd’hui. Ce type de logement est spécifique à ces régions d’ Amérique du Sud, ni hôtel ni chambre d’hôte. Généralement il s’agit de chambres mis à disposition par un particulier dans un bâtiment séparé à proximité immédiate de sa maison. Bien évidemment il y a un confort très acceptable et de l’eau chaude. Les douches en Argentine c’est tout un poème, à croire que les niveaux à bulle ne fonctionnent pas. Systématiquement le dallage de la douche est incliné du mauvais côté et l’eau s’enfuit vers la chambre en s’écoulant sous la porte. Afin d’éviter cette inondation une raclette est toujours à disposition et toutes les quinze secondes il est indispensable de la mettre en œuvre afin de chasser l’eau vers la bonde d’évacuation.
Trouver un toit est un vrai plus dans ces régions car le bivouac est inconfortable à cause de la chaleur, du vent, du sable, des épines et des mouches qui vous envahissent dès que vous vous arrêtez.
Encore une étape étonnante dans cet immense pays. En 90 km nous n’avons pas vu un seul croisement, seulement deux bâtiments désertés de toute présence humaine.
La circulation est pratiquement inexistante, une dizaine de véhicules seulement nous doublent dans la matinée. Nous arpentons d'immenses lignes droites qui se perdent à l’infini dans un désert peuplé d’épineux. Les vélos sont insolites dans ces intervalles hors du monde. Cela paraît tellement bizarre des vélos perdus dans ces lieux oubliés des hommes, que lorsque nous nous arrêtons en bordure de route pour une raison ou une autre et qu’à ce moment un improbable véhicule passe, bien souvent il s’arrête pour savoir si nous avons besoin d’aide. Ce matin, tout étonnés nous constatons que les personnes à bord du véhicule qui s’est arrêté sont françaises. Elles sont très intriguées et inquiètes pour nous, pensant que nous avions des problèmes mécaniques. Elles nous abordent alors que nous prenons notre repas à l’ombre d’un grand épineux sur le coup des dix heures. Elles sont originaires de la région de Bordeaux, tout naturellement nous avons eu une discussion intéressante comparant les vins des deux pays. La constitution de notre repas, comme d’habitude du riz que nous avons pris soin de cuire la veille, accompagné d’une tomate et de deux œufs. Depuis que nous avons quitté les zones d’altitude l’alimentation est très correcte, et si nous revenons en ayant perdu quelques kilos nous ne serons toutefois pas des squelettes !
Dans ces immensités désertes au climat hostile le vélo permet ce contact entre les hommes. Les Argentins, voire les étrangers, sont toujours très vigilants et prêts à porter secours à des cyclistes si nécessaire. En particulier en cas de nécessité si vous faites signe de s’arrêter à un pick-up, neuf fois sur dix il freinera immédiatement et vous prendra avec votre barda pour vous aider.
Spécialité argentine à base de noix ça tient bien au ventre et c'est très bon Au cours de ces après-midi où nous avons tout notre temps je prends plaisir à observer le ciel et les formations étranges et très esthétiques des nuages qui y défilent. Cela provient-il de la présence des Andes dans les environs, d’une interaction des forts vents d’altitude avec l’atmosphère de ces immenses vallées ? Le coucher de soleil ne dure pas car nous nous situons assez près de l’ équateur, cependant les teintes jaune orangé donne un aspect insolite à la végétation. Outre le bruit du vent les cris de centaines de perruches se déplaçant en grandes bandes d’arbre en arbre produisent un vacarme entêtant.
6 novembre Baldecinos à Saint Augustin delle Valle Fertil 58 km
Ce matin nous avons le temps, l’étape sera courte, 58 km sans montée. Depuis que nous avons quitté les régions d’altitude aux conditions climatiques extrêmes nous redécouvrons que le vélo et une activité ludique. Sans nous presser en partant avec un peu de retard vers 8h30, les 58 km sont effectués avant midi. Comme tous les jours vers 11 h le vent forcit, mais bien qu’il soit contraire il ne nous empêche pas de rouler à 20 km/h voire plus.
Nous traversons une fois encore une région étonnante, quasiment inhabitée, de loin en loin une ferme. Le déplacement lent le nez au vent seul donne cette possibilité de percevoir et de s’imprégner de ce qui émane de ces coins de la planète si différents de ce que nous connaissons en France. Le lien de la peau et du cerveau est très étroit. Hier j’écoutais un spécialiste de médecine qui expliquait que chez le fœtus puis chez l’enfant en gestation différentes couches de peau se développent, l’une d’entre elle se transforme pour devenir le cerveau de cet être en formation. Je comprends mieux pourquoi à travers toutes les sensations ressenties sur et par la peau s’incrustent avec une grande intensité dans les neurones et y laissent une trace indélébile pour la vie. Le transfert est immédiat et sans perte car on a à faire au même tissu.
Nous nous éloignons des zones complètement désertiques de l’ Atacama et la météo change. La nuit dernière il a plu fortement et la route par endroits en garde les traces. Manifestement des ruisseaux ont traversé dans certaines dépressions la route et ont déposé de grands bancs de sable dans lesquels nous roues s’enfoncent.
Le temps reste très couvert et de temps en temps quelques gouttes nous rafraîchissent. Les conditions sont idéales pour rouler. Même les insectes si agressifs au soleil semblent s’être cachés par ce temps plus humide. La vallée que nous commençons à suivre est plus diversifiée que les immensités platitudes des 100 km précédents. Des montagnes aux moutonnements nombreux nous accompagnent tout au long de ces 58 km. Arrivés à destination nous louons une cabañas, ce qui se rapproche un peu d’un mobil home de camping, sous forme de petit chalet, mis à disposition par un particulier en ville.
Nous y sommes très bien, en particulier une cuisine sommaire mais pratique permet de préparer les repas. Pour midi nous nous sommes achetés deux gros beefsteaks, 250 g chacun je les fais sur le grill, presque en aller-retour, bleus, ce qu’ils ignorent dans les restaurants. Ils servent très toujours la viande en tranches minces et bien cuites. Le vin de la région est bon, qu’il s’agisse du rouge ou du blanc, en plus il n’est pas très cher, pas une raison pour en abuser. | | À: Lucbertrand · 19 juin 2019 à 3:49 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 9 de 58 · Page 1 de 3 · 2 004 affichages · Partager Mais Luc,
Votre trajet vous a fait passer à côté des parcs talampaya et ischigualasto, et vous n'êtes pas allés les visiter? Pourquoi?
On y a croisé de sympathiques habitants. intrigué?
plutôt méfiant!
Etes vous allés à Rodeo, pas très loin? La cuesta del viento est vraiment un bel endroit.
Quand je suis ton parcours, j'ai l'impression de revivre le mien, mais...au ralenti!!!
A bientôt pour la suite. | | À: Lucbertrand · 19 juin 2019 à 10:57 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 10 de 58 · Page 1 de 3 · 1 987 affichages · Partager Bonjour Luc. Merci pour ce récit tout aussi passionnant que le précédent, c'est toujours un bonheur de te lire. J'attends la suite avec impatience. Bernard. PS : Lorsque tu parles d' équateur tu veux plutôt dire tropique (du capricorne) j'imagine ? | | À: Lucbertrand · 19 juin 2019 à 10:57 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 11 de 58 · Page 1 de 3 · 1 987 affichages · Partager Bonjour Luc. Merci pour ce récit tout aussi passionnant que le précédent, c'est toujours un bonheur de te lire. J'attends la suite avec impatience. Bernard. PS : Lorsque tu parles d' équateur tu veux plutôt dire tropique (du capricorne) j'imagine ? | | À: Diamina · 19 juin 2019 à 18:13 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 12 de 58 · Page 1 de 3 · 1 955 affichages · Partager Bonjour Diamina non nous n'avons pas visité les parcs Talampaya pour plusieurs raisons, d'abord cela faisait un crochet me semble-il assez important surtout qu'au retour il fallait compter avec un fort vent contraire, cela nous imposait un bivouac supplémentaire sans être certain d'avoir de l'eau sur place, et puis ces expériences de voyage à vélo rendent farouches et les spots touristiques font peur, surtout qu'à vélo on reste très vulnérable au vol. Même si d'après la circulation il ne devait pas y avoir grand monde.
Et puis le mois que nous venions de passer à travers les Andes nous avait déjà tellement rempli la tête de coins extraordinaires et sauvages que notre plaisir nous le trouvions dans cette confrontation simple à la route. D'autre part des parcs dans ces grands pays j'en ai déjà visité un à côté de Mendoza, d'autres au Chili les parcs nord et aussi en Mongolie, toujours ou presque je n'ai pas vraiment vibré, sauf le plaisir de pédaler. Mais Talampaya il me semble que la visite est très structurée et que l'on doit se plier à un règlement encadrant les déplacements. Concernant les Zorros les renards on en a vu aussi à plusieurs reprises sur le bord de la route. Je me souviens d'un parc du côté de Mendoza en retournant sur le Chili par un col à 3300 mètres d'altitude par une piste, parfois la police en interdit le passage aux vélos à cause des pumas. J'avais eu la chance de ne pas être bloqué, un garde m'avait dit, peut-être pour me rassurer, tant que vous voyez des renards il n'y a pas de pumas dans le coin. Et effectivement au cours du bivouac les renards tournaient autour de la tente comme des gardiens.
La cuesta del viento non plus ça ne me dit rien, mais le vent on connaissait déjà bien!!! Mais tu sais je suis convaincu que le meilleur moyen de faire du tourisme ce n'est pas le vélo, on passe à côté de beaucoup de coins caractéristiques alors qu'on reste très longtemps dans un pays. Même si on évolue dans des grands espaces la recherche de l'expérience intérieure est bien réelle et sans doute la principale motivation. Luc | | À: Titoualsace · 19 juin 2019 à 18:23 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 13 de 58 · Page 1 de 3 · 1 947 affichages · Partager Bonsoir Bernard, tu es un lecteur auquel rien n'échappe. Non je pensais bien à l' équateur, bien que ton interrogation soit très pertinente. J'ai tendance, sans doute à tort, de considérer que lorsque dans l’hémisphère nord je suis sous le 30ème de latitude nord et dans l’hémisphère sud au-dessus du 30 ème de latitude sud je ne suis pas loin de l' équateur, alors qu'en réalité la distance est de plusieurs milliers de km. Mais tu as raison c'est une approximation qui peut induire en erreur et à l'avenir si j'ai à faire de ce type de point de situation j'en tiendrai compte. Le tropique du Capricorne dans ce voyage nous l'avons traversé à deux reprises au début le quatrième et le cinquième jours. Il a constitué le point le plus nord de notre voyage avant que nous ne repiquions plein sud sur les plateaux d'altitude après Pumamarca. Luc | | À: Lucbertrand · 19 juin 2019 à 19:21 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 14 de 58 · Page 1 de 3 · 1 940 affichages · Partager Bonjour Luc. J'ai parfaitement compris ton raisonnement. Je m'excuse d'être aussi pointilleux, on me fait souvent la remarque, mais çà m'a souvent sauvé la mise dans ma vie. Aucune malice de ma part, cordialement, Bernard. | | À: Titoualsace · 19 juin 2019 à 20:01 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 15 de 58 · Page 1 de 3 · 1 935 affichages · Partager Pas de problème au contraire, la précision et la concision sont de belles qualités. Ta question m'a fait prendre conscience de l'imprécision de laquelle je me contentais jusqu'à présent. L' équateur je l'ai passé deux fois à vélo justement en Equateur. Le rituel des hôteliers dans la zone même, ils ont tracé un trait au sol de leur cour et font positionner le vélo avec une roue de part et d'autre de la ligne, une roue dans l'hémisphère sud et une dans le nord. Luc | | À: Lucbertrand · 20 juin 2019 à 4:07 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 16 de 58 · Page 1 de 3 · 1 919 affichages · Partager Coucou,
non nous n'avons pas visité les parcs Talampaya pour plusieurs raisons, d'abord cela faisait un crochet me semble-il assez important surtout qu'au retour il fallait compter avec un fort vent contraire, cela nous imposait un bivouac supplémentaire sans être certain d'avoir de l'eau sur place, et puis ces expériences de voyage à vélo rendent farouches et les spots touristiques font peur, surtout qu'à vélo on reste très vulnérable au vol.
Bah, on a essayé de le visiter: voilà la file de voitures qu'on a du suivre!
Au bout d'1 /2 heure, on a fait demi tour et on est parti!!!
La cuesta del viento non plus ça ne me dit rien, mais le vent on connaissait déjà bien!!!
Les abords sont beaux
Des terres colorées!
Et nous avons passé une chouette après-midi la-bas. C'est à Rodéo,
et il n'y avait pas tant de vent que ça, ce jour là!!
Mais tu sais je suis convaincu que le meilleur moyen de faire du tourisme ce n'est pas le vélo, on passe à côté de beaucoup de coins caractéristiques alors qu'on reste très longtemps dans un pays. Même si on évolue dans des grands espaces la recherche de l'expérience intérieure est bien réelle et sans doute la principale motivation.
C'est l'impression que j'ai. L'important c'est de faire le voyage qui nous convient et qui nous ressemble!! Mais c'est vrai qu'en voiture faire 50 km de détour ne prête pas à conséquence alors qu'à vélo...
J'attends sagement la suite. | | À: Lucbertrand · 20 juin 2019 à 10:37 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 17 de 58 · Page 1 de 3 · 1 899 affichages · Partager Bonjour Luc. Je t'envie, j'espère avoir un jour la possibilité de franchir l' équateur autrement qu'en avion. L'anecdote sur la fameuse ligne est très drôle, je suppose que tout cycliste se doit de faire la photo. Le tropique du capricorne je l'ai franchi trois fois. Au Chili à la hauteur d' Antofagasta (Cerro Moreno) en remontant vers le nord, et en Argentine au nord de Tilcara en montant et en redescendant. En fait la route 52 le franchit aussi deux fois entre Susques et Salinas Grande, donc cinq fois en tout. Vivement la suite de ton passionnant récit, Bernard. | | À: Titoualsace · 20 juin 2019 à 12:32 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 18 de 58 · Page 1 de 3 · 1 890 affichages · Partager Bonjour Bernard je me suis plongé dans mes photos de mon voyage de traversée des Andes jusqu'à Uyuni sur 4000 km que j'avais commencé par un tour à travers l' Equateur, il y a maintenant 9 ans, aïe le temps passe!
J'ai retrouvé une photo dans la cour d'un hôtelier sur la ligne de l' équateur en Equateur et une autre d'un panneau sur la route. Luc
Un vélo dans chaque hémisphère
| | À: Lucbertrand · 20 juin 2019 à 14:26 · Modifié le 20 juin 2019 à 16:39 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 19 de 58 · Page 1 de 3 · 1 875 affichages · Partager 7 novembre San Augustin à Mascasin 156 km 618 m de dénivelé
Après une bonne nuit suite à une soirée agréable où nous nous sommes concocté un bon repas nous démarrons très tôt, 6h20. Il fait encore presque nuit, c’est à la lumière des phares de nos vélos que nous partons. Je suis très satisfait du système d’éclairage de mon Fahrrad 400, on voit très clairement la route sur une distance suffisante pour rouler en toute sécurité.
Le lever du jour est un spectacle magnifique sur les montagnes qui regardent à l’est. Rouler dans ce décor d’une nature si différente de ce que nous connaissons chez nous et par des conditions climatiques clémentes est un vrai plaisir. De plus la circulation automobile est presque nulle. Nous constatons que les précipitations de la nuit dernière ont été assez importantes. En effet, nous ne croisons plus seulement des cours d’eau à sec, mais des rivières parfois tumultueuses qui charrient des flots lourdement chargés en sable.
D’ailleurs en de nombreux endroits des traces de submersion sont visibles sur la route. Parfois même il nous faut traverser de petits torrents toujours présents sur le goudron. Faire très attention car par endroits cela rend la chaussée extrêmement glissante, à la manière d’une tache d’huile, sans doute à cause des petites algues réhydratées.
Lieu de la chute
Mais malgré les précautions prises André va glisser et tomber. Par un mauvais coup du hasard son pouce reste coincé entre le guidon et le cadre. Douleur vive mais il ne dit rien. Il va continuer sans se plaindre une seule fois tout au long des 1500 kilomètres encore à parcourir. Dans un premier temps pensant à une luxation, il espère que tout va rapidement rentrer dans l’ordre et la douleur décroître et s’estomper. Nous nous étonnerons au cours du mois à venir que la douleur persiste. A notre retour en France nous comprendrons mieux pourquoi. Une fois chez lui à Montpellier, la radio effectuée montrera très nettement une fracture franche. Chapeau bas André de ne rien avoir montré durant un mois et d’avoir continué, tout particulièrement ce premier jour, où après ta chute nous avons parcouru plus de cent kilomètres !
Nous espérons rejoindre le petit hameau de Mareyes avant les grandes chaleurs et surtout avant que le vent de l’après-midi ne soit trop violent. Nous avançons à un bon rythme, après 40 jours de vélo, avec en particulier de nombreux jours en altitude l’entraînement est complet, et pédaler est devenu une deuxième nature. En ce jour nous allons accomplir 156 kilomètres mais sans trop de difficulté j’aurais été en mesure de rouler encore durant des heures malgré les conditions difficiles de fin d’après-midi.
Puis le miracle se produit, le vent se lève. Nous l’avons dans le dos, et nous allons rouler à 35 à l’heure. De plus une descente de 5 kilomètres va nous apporter la joie, 50 km/h, avec une perspective incroyable, la route disparaissant à l’infini en une ligne droite dans cette plaine couverte d’épineux où aussi loin que porte le regard aucun bâtiment ou construction humaine, outre la chaussée n’est visible. Quel plaisir, on est loin des 5km/h des pistes de la « Ruta 40 » et tout nous surprend dans ces contrées sauvages, alors que les guides sont muets, signifiant par ce mutisme qu’il n’y a rien d’intéressant à voir.
A 11H30 nous sommes à destination. Mareyes, minuscule hameau sans vie battu par le vent, un bistrot cependant. Nous y faisons une halte et buvons un coca et un sprite frais. Une boisson fraiche et en plus sucrée, rien de tel après cette jolie bambée de plus de cent kilomètres pour donner un petit coup de fouet, dont nous allons avoir besoin, même si nous ne la savons pas encore.
La propriétaire de l’estaminet nous enlève tout espoir de trouver un toit dans le bourg. Monter la tente avant midi dans un endroit aussi hostile entre épines, poussière, chaleur, vent et bestioles cela ne nous tente pas. Elle nous indique qu’à 30 km nous trouverons ce que nous cherchons, en définitive ce sera quarante-quatre kilomètres.
Mais le problème, notre belle petite route déserte prend fin dans quatre kilomètres, pour céder la place à une nationale parcourue par de nombreux camions, et surtout avec le changement d’orientation de la chaussée le vent qui nous a poussés jusqu’à présent va sérieusement s’opposer à notre progression.
Chaque chose en son temps, principe absolu en voyage à vélo, s’arrêter c’est gagner du temps. Commençons par nous sustenter. A l’abri d’une petite casemate nous déjeunons avec notre platée de riz bijournalière, agrémentée d’une tomate et de quelques tranches de jambon cru. Un festin. Le riz rien de tel pour colmater la faim d’un cycliste.
Après cette halte, durant laquelle comme généralement nous ne verrons âme qui vive nous attaquons la suite du parcours. Très vite le vent nous devient défavorable mais malgré tout nous progressons entre quinze et dix-sept km/h.
Le sel affleure partout
La route n’est pas très large, deux camions se croisent tout juste. Ils roulent vite. Pour nous cela devient un peu scabreux lorsque l’un de ces bolides arrive en face, alors qu’un autre s’apprête à nous doubler. La solution la plus adaptée, c’est de faire un écart et de rouler le temps du dépassement sur le bas-côté en sable stabilisé.
Nous rejoignons le hameau de Mascacin. Nous aurons passé 7H30 à pédaler. Cet endroit est composé de quelques masures misérables. Cependant un trésor s’y trouve, une minuscule épicerie avec quelques tables. Nous nous installons pour boire une bière bien fraîche, plutôt plusieurs en réalité. La Quilmes est très agréable et ne titre qu’à 3°.
Notre bistrot il vaut tous les cafés de Flore
Malgré les lignes droites presque à l'infini, le panorama qui ne varie pas beaucoup et qui ne présente rien de grandiose, nous prenons un grand plaisir à pédaler. Les journées défilent et le temps semble s’enfuir. Seul le voyage à vélo permet cette alchimie du temps et de l’effort physique malgré une nature souvent hostile, vent, sable, chaleur, épines, et quelques belles araignées, et cerise sur le gâteau heureusement très peu souvent une circulation dangereuse. Nous allons connaître dans une semaine la terrible N38, la plus dangereuse route de ma vie. Je vous en reparlerai et je m’étonne encore de ce que cela a généré en moi comme émotions et sensations et je dois l’avouer de jouissance face à un danger terriblement actuel. Mais patience ce sera dans quelques étapes.
On nous confirme ce que nous avions pressenti, pas de logement dans ce coin misérable. Mais dans le bistrot on nous indique une ruine de l’autre côté de la route où nous pourrons nous installer. Cela nous convient, nous serons à l’abri du vent de la poussière et des épines.
Installation dans notre ruine presque le grand confort
Pour le confort nous demandons un petit complément d’eau, bien que nous prenions toujours nos précautions en transportant chacun une poche que l’on peut remplir jusqu’à six litres en plus de nos quatre bidons d’eau chacun. On nous amène un grand seau, mais petit problème quelques bêtes du genre crevettes y nagent.
Bon, nous nous contenterons de nos réserves, le récipient généreusement prêté servira pour une petite douche. Nous investissons notre ruine et installons nos tentes. Nous y sommes bien, mais le trafic routier va nous gêner toute la nuit. La danse des camions ne cesse jamais et ils passent très vite. Image attachée: | | À: Lucbertrand · 20 juin 2019 à 17:51 Re: Les grandes plaines du Nord argentin à vélo Message 20 de 58 · Page 1 de 3 · 1 846 affichages · Partager Merci pour les photos Luc, et chapeau bas : 156 kms en une journée et chargés comme des mules, çà impose le respect. Respect aussi pour le courage et le stoïcisme de ton ami André. Encore merci, Bernard. | Carnets similaires sur l'Argentine: Heure du site: 9:52 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 554 visiteurs en ligne depuis une heure! |