... suite et fin.
MaryMai 2019
04:00. Nous arrivons en gare de
Mary. Transfert rapide dans un hôtel dont le fronton est en construction. Chambre nuptiale bleue genre ‘
plus kitsch que ça tu meurs’ mais le lit confortable permet un rapide retour au pays des rêves.
La nuit fut courte mais bienfaisante. Une douche réparatrice avant de descendre prendre un petit déjeuner très quelconque, assis sur d’extravagantes banquettes tout à fait dans le style de l’hôtel. Nous interrompons brièvement la conversation de deux locaux moustachus qui ne s’attendaient certainement pas à nous voir débarquer. En fait, personne ne s’attendait à la présence d’un couple de touristes, surtout pas la femme de ménage-serveuse-cuisinière qui finit par nous apporter du thé, du pain et des œufs baignant dans cette curieuse huile au gout venu d’ailleurs.
Arty et le chauffeur ne tardent pas à arriver. Il fait déjà bien chaud quand nous mettons le nez dehors en faisant attention de ne pas nous casser la figure au milieu de la terrasse en plein travaux. La rue principale, étonnamment large (
elles le sont presque toutes à Mary), est déjà bien animée. Nous remarquons de suite qu’ici les bâtiments et les immeubles d’habitation sont plus moches, moins bien entretenus et que les voitures sont rarement blanches et très loin d’être aussi nickel qu’à
Achgabat. Agréable retour à la normalité toute provinciale, à la poussière et... aux embouteillages, bref, à la vraie vie.
Fondée au début du XIXème siècle, à l’écart de l’ancienne
Merv,
Mary n’est alors qu’un avant-poste du Khanat de
Boukhara comprenant essentiellement une petite forteresse. La ville passe aux mains des Russes en 1884 est devient un centre administratif et militaire et plus tard un carrefour ferroviaire. Grâce aux grands travaux d’irrigation effectués pendant la période soviétique, le coton assure la prospérité de
Mary. Aujourd’hui, la prospérité (
s’il y a car elle est difficile à discerner) vient plutôt de l’exploitation du gaz.
Grandes avenues, immenses parcs mais aussi quelques buildings (bibliothèque, théâtre, instituts, centres médicaux) autant de copies conformes (
et toujours aussi bling-bling) que ceux d’
Achgabat. Coincés au rond-point principal, nous avons tout le loisir d’observer les ouvriers en train de changer la toiture de la récente et impressionnante mosquée
Gurbanguly Haiji dont la construction entre 2001 et 2009 ne fut apparemment pas un long fleuve tranquille, ce n’est d’ailleurs toujours pas le cas aujourd’hui puisque dix ans après son inauguration, il faut changer le revêtement du dôme !
Mary étant la dernière occasion de trouver quelques souvenirs artisanaux, nous demandons de faire un arrêt au
Bazaar Zelyony. Sous un immense préau, les allées sont plus compactes et colorées que celles du bazar d’
Achgabat, pourtant les marchandises restent les mêmes. Ry finit par trouver son bonheur et Arty joue à la perfection son rôle d’intermédiaire auprès des marchandes qui semblent être intimidées par notre présence. Malgré tous nos efforts, nous n’arrivons pas à liquider notre liasse de Manats.
L’étape suivante nous emmène dans un quartier aux rues en terre défoncées et aux vieilles maisons en bois délabrées et entourées de petits lopins de terre qui ressemblent plus à des terrains vagues qu’à des potagers. Au bout d’une de ces rues apparait la surprenante église russe
Pokrovskaya (1900) dont la façade rouge et blanche tranche avec le voisinage. Quant à l’intérieur aux couleurs bleu ciel, blanc et bleu foncé et surchargé de tableaux et d’icônes il est encore plus surprenant !
Arty tient aussi à nous montrer, q rues plus loin, les restes des ateliers d’assemblage et de réparations des avions Mig qui faisaient la fierté de la ville... il y a bien longtemps car, à part le squelette rouillé d’un avion de chasse devant un petit entrepôt de brique rouge, il n’y a strictement rien à voir ! Circulons.
D’ailleurs, il est grand temps de partir vers
Merv, l’ancienne citée (
autrefois appelée la Reine du Monde), située à une trentaine de kilomètres plus à l’est. Les banlieues cèdent la place aux champs de coton toujours prêts à retourner à l’état de
bush dès que le système d’irrigation disparait. Le paysage est aussi plat que le dos de la main et l’horizon s’estompe dans une brume de chaleur et un mélange de poussière et de fumée.
Régulièrement, nous apercevons, au milieu d’un champ, des groupes de femmes et de personnes plus âgées en train de biner la terre. Travail volontaire, comme le suggère Arty, ou bien travail obligatoire ?
Sans vraiment nous en rendre compte tant l’espace est vide, nous arrivons à l’entrée de
Merv marquée par un petit musée tenu par une femme, la tête couverte d’un fichu, indice qu’elle est plutôt Russe que Turkmène. C’est d’ailleurs en russe qu’elle s’adresse à Arty.
Le musée archéologique est minuscule et seuls quelques statuettes, masques et fragments de poterie recouverts d’une épaisse couche de poussière sont exposés. Une vieille maquette permet de se rendre compte de l’immensité des lieux et de repérer les principaux sites.
L’histoire de
Merv est ancienne et complexe car il s’agit en fait de cinq villes distinctes, proches les unes des autres, érigées à différentes périodes par plusieurs dynasties. Ses origines remontent au VIème siècle av. J.-C. quand Cyrus le Grand (
fondateur du premier Empire Perse) fonde la première cité et son histoire se termine vers la fin du XVIIIème siècle quand elle est de nouveau rasée et sa population déportée.
Comme pour
Nisa, c’est une belle embrouille. Je dois faire appel à mes lointains souvenirs du programme d’histoire appris en sixième. Alexandre le Grand, les Perses, les Assyriens, les Huns, les Mongols... tout ça me dit bien quelque chose mais qui sont les Mèdes, les Achéménides, les Séleucides, les Sassanides, les Parthes, les Timourides, les Omeyyades (
ah, ceux-là je m’en souviens mais ils arrivent bien plus tard) et quantité d’autres dans cette histoire qui couvre tant de siècles ? Impossible de formuler la moindre chronologie entre ces peuples et ces empires... heureusement Google existe !!!
Les archéologues ayant fouillé ce vaste site ont dû prendre leur pied mais aussi attraper des cheveux blancs tant les séquences historiques sont compliquées et tant il ne reste plus grand-chose de visible sinon ces immenses remparts en terre, pratiquement tous effondrés, et ces quelques semblants de
koschs (forteresses) qui semblent avoir fondu au soleil ou encore ces quelques mausolées éparpillés au milieu de cette immensité.
Ils ont établi qu’à chacune des périodes successives (
hellénique, perse, arabe, turque, mongole, ouzbèke) correspond plus ou moins à une nouvelle ville, capitale d’un empire plus ou moins grand ou bref, et que toutes ont connues leur lot de conquêtes, de victoires, de défaites, de destructions, de reconstructions, d’agrandissements et d’embellissements. Ils ont également découvert des ruines de temples, de monastères, des stupas, des tombeaux leur indiquant que les habitants de
Merv pratiquaient une multitude de religions allant du bouddhisme au zoroastrisme, du manichéisme au christianisme et à l’islamisme.
Au IVème siècle av. J.-C., Alexandre le Grand, en pleine conquête, en fait une base arrière, appelée Margiane. Plus tard, les pièces retrouvées ont permis aux archéologues d’établir la chronologie de l’empire Sassanide dont le règne s’étend sur quatre siècles avant de disparaitre après la conquête arabe au VIème siècle et la prise de
Merv par les troupes musulmanes de Othman Ibn Affan.
Arabes, Perses, Turcs se succèdent pour dominer cette plaque tournante essentielle pour le commerce mais aussi pour créer un carrefour culturel et scientifique de première importante et une ville prospère dont l’influence rivalise avec celle du
Caire, de Bagdad ou de Damas. Au XIIème siècle,
Merv devient l’un des principaux carrefours sur la
Route de la Soie et l’une des plus grandes villes au monde (
500 000 habitants).
Au XIIIème siècle, la cité est rasée et sa population entièrement massacrée par les hordes mongoles sous le commandement du fils de Gengis Khan. De l’apogée au néant en l’espace de quelques années. Bien que partiellement reconstruite,
Merv ne retrouvera jamais plus son ancienne prospérité.
Au XIVème siècle,
Merv repasse aux mains des Perses mais la cité ne parvient pas à retrouver sa splendeur d’antan, d’autant moins que cette fois se sont les hordes ouzbèkes qui mettent à sac la ville. Après leur départ,
Merv connait une mini résurrection grâce notamment à la construction d’un barrage sur la rivière
Murghab et aux travaux d’irrigation.
Vers la fin du XVIIIème siècle, le Shah Murad Beg, Emir de
Boukhara, fait raser la ville, détruit le barrage et déporte la population (
estimée à 100000 personnes) vers
Boukhara et Samarcane.
Les Russes qui arrivent en 1884 découvrent, un immense terrain vague délimité par les mêmes murailles en terre effondrées que nous voyons aujourd’hui. Ce sont eux qui entreprendront les premières fouilles archéologiques et les premiers (
et modestes) travaux de restauration.
Les premiers vestiges et peut-être aussi les plus remarquables : le grand
Kyz Kala et le petit
Kyz Kala sont le point de départ de notre visite qui, hélas, ne se fait pas dans un ordre chronologique puisque ces deux monuments massifs datent de la période Sassanide (VIème et VIIème siècles). Le premier, le mieux préservé, est en ce moment en cours de restauration donc en partie recouvert de bâches sombres, cependant les parties visibles laissent apparaitre les formes ondulées des énormes murs en terre et diverses voutes.
Kyz signifiant
fille en turc, on peut supposer qu’il s’agit là d’une sorte de harem où les femmes étaient gardées à l’abri du regard des hommes.
Quelques centaines de mètres plus loin, érigé sur une petite colline, un autre
Kyz de dimensions plus modestes apparait. Cette construction également en terre est en grande partie érodée, ce palais semble avoir fondu petit à petit au cours des siècles. A l’intérieur se trouvent des espèces de cellules aux parois éventrées et des escaliers menant nulle part.
C’est aussi un point élevé qui permet d’avoir une vue d’ensemble sur les différentes villes délimitées par de longues murailles défensives elles aussi en terre et d’apercevoir les rares ruines encore debout ou les quelques monuments éparpillés et récemment restaurés comme le mausolée du Sultan Sanjar (XIIème siècle) que nous verrons en dernier.
Nous reprenons la voiture pour longer ces interminables et encore impressionnants murs. Plus loin, la route passe par une brèche dans la muraille et pénètre dans une autre ‘ville’. Certaines sections de ces défenses sont en fait composées de trois murs construits l’un sur l’autre. Le premier datant de l’époque Séleucide est droit à l’extérieur et en espaliers à l’intérieur et sert de base au deuxième mur construit en briques de terre assez similaire (
parait-il) aux forteresses helléniques que l’on retrouve en Anatolie à part que celles-ci sont en pierres et non en terre. Enfin le troisième mur, datant de la période Sassanide est composé de briques plus larges encore.
Pendant que les autres restent au frais dans la voiture, je pars examiner ces murs de plus près. Ils sont vraiment impressionnants, non seulement par leur largeur et leur hauteur mais surtout par leur longueur. Combien d’esclaves ou de soldats se sont tués à la tâche pour ériger un tel ouvrage ?
Derrière ces murs en argile, une vaste plaine herbeuse toute cabossée se déploie, ses limites se perdent dans la brume de chaleur. Il faut un sacré don de clairvoyance pour y ‘voir’ une ‘zone industrielle’ et les quartiers des artisans. C’est pourtant ici que l’on a excavé les restes de fours à poterie et des fonderies de métaux.
Le prochain arrêt à lieu au sanctuaire d’Ashkhabi qui regroupe un ensemble de tombes de compagnons du Prophète qui répandirent la religion islamique au VIIème siècle. Deux d’entre-elles, placées côte-à côte, sont particulièrement originales elles contiennent les dépouilles d’un certain Al Hakim Ibn Amr Al Jifari (mort en 670) et d’un certain Bureida Ibn Al Huseib Al Aslami (mort en 681). L’histoire ne précise pas pourquoi ceux-là ont eu droit à des
iwans datant de la période Timuride (XVème siècle) et à des mausolées construits sur leur tombe au XIXème siècle !?
Les ouvertures dans les
iwans donnent sur un paysage intrigant composé d’une multitude de bosses arrondies et sur d’anciennes machines en train de rouiller. Curieux clash de civilisations !
Un peu plus loin se trouve un ancien réservoir surmonté d’une espèce de coupole et décoré de sculptures à peine visibles. Sorti de nulle part, un groupe de gamins à vélo s’amuse à lancer des cailloux dans l’eau qui stagne quelques mètres plus bas. C’est à celui qui fera le plus bel écho.
Alors que nous pénétrons dans
Gyaur Kala, la deuxième ville fortifiée (IVème siècle av. J.-C.) érigée par les Séleucides et dont l’aménagement urbain reflète (
parait-il, bis) le modèle hellénistique (
j’ignorais l’existence d’un tel modèle !) nous croisons plusieurs groupes de dromadaires rastas (c.à.d. avec
dreadlocks). Plus loin, nous jetons un coup d’œil sur les ruines de la mosquée Beni Makhan dont ne subsistent que quelques pans de murs ‘fondus’.
Enfin, nous arrivons sur les bords d’un marécage formant une véritable oasis tout à fait inattendue au pied d’une rampe d’accès particulièrement raide. Cet unique accès à la ‘ville’ menait autrefois à une tour d’observation située en haut des remparts de la plus petite mais aussi de la plus ancienne ‘ville’ :
Erg Galaou
Erk Kala datant de la période Achéménide soit VIème siècle av. J.-C. !
C’est un sacré retour dans le passé que je fais alors que je grimpe cette rampe sous un soleil accablant mais accompagné et soutenu par de nombreux oiseaux qui virevoltent autour de moi. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut marcher sur des traces d’humains vieilles de vingt-sept siècles !
L’effort est vite récompensé ne serait-ce que par la vue panoramique sur ce vaste complexe archéologique de
Merv mais aussi par la découverte de cette espèce de cratère parfaitement rond qui abritait la forteresse persane puis, plus tard l’Acropolis des Helléniques et l’Ark (
quartier gouvernemental) des premiers Musulmans.
Le site doit être surement plus intéressant et révélateur vu d’en-haut car d’ici à part cet immense cercle presque parfait en partie recouvert d’une végétation basse et de terre aride et de crevasses, il n’y a rien... que le silence, parfois interrompu par le chant de cet oiseau bleu qui joue à cache-cache dans les petites cavités de l’ancienne tour.
Je suis surpris de constater l’extrême proximité des deux villages aux rues parfaitement perpendiculaires et le patchwork des champs qui s’étend jusqu’aux limites du désert.
Je retrouve les occupants de la voiture qui affichent tous un petit sourire en coin en me voyant tout dégoulinant.
Nous longeons d’autres murs et semblons même sortir du site de
Merv pour nous diriger vers le sanctuaire et le site de pèlerinage de Yusuf Hamadini, un savant Sufi mort en 1140 et fondateur de l’Ordre de Naqshbandi. Cet important complexe de construction récente n’a rien d’exceptionnel mais rassemble les installations d’un centre de pèlerinage, une mosquée, des salles de prière, un minaret rond un peu à l’écart, un portail timuride et la tombe du savant, le tout entouré de massifs de fleurs.
C’est le seul endroit où nous rencontrons quelques personnes, principalement des hommes venus faire leurs prières. Quand je pense qu’ils devront attendre ce soir avant de pouvoir avaler la moindre goutte d’eau alors que nous en sommes déjà à notre troisième bouteille... d’un litre et demi !!!
Nous revenons sur nos pas, vers
Sultan Gala, la plus grande des ‘villes’ de
Merv pour voir les ruines de l’un des plus importants édifices datant de la période Seljukide :
le Shahriar Ark, une véritable citadelle dans la citadelle mais dont il ne reste aujourd’hui que cette structure ondulée dont on ne sait d’ailleurs toujours pas s’il s’agit d’un pigeonnier ou bien une bibliothèque ! C’est à cette époque du Moyen-Age que le rayonnement aussi bien commercial que culturel et religieux de
Merv atteint son apogée.
Il ne nous reste plus que le clou du site à visiter et surement l’édifice le mieux préservé parmi ce vaste champ de ruines : le mausolée du Sultan Sanjar datant du XIIème siècle. Etant le seul édifice encore debout, il se remarque de loin ce dôme posé sur des hauts murs en briques formant un carré de 27 mètres de côté et percés de deux ouvertures aux pourtours richement décorés tout comme le sont les fenêtres tout en haut.
A l’entrée, un panneau nous indique que ce bâtiment (
ayant fait l’objet de récents travaux de restauration financés par la Turquie) était, à l’époque de sa construction, reconnu comme étant la perle de l’architecture islamique de par sa grandeur, sa précision et son élégance... d’où peut-être son nom ‘
Dar-ul-ahira’ (l’Autre Monde).
L’intérieur blanc est décoré de lignes géométriques bleues soulignant les formes des fenêtres et du dôme. Les coulasses et les nombreuses tâches sombres, dues aux infiltrations d’eau, commencent à ruiner les efforts de restauration entrepris mais ajoutent aussi une petite touche authenticité temporelle !
La visite est maintenant terminée et place au déjeuner que nous allons prendre dans un restaurant dans la petite ville toute proche. Encore une fois, aucun signe extérieur visible ne permet de savoir qu’il s’agit bien d’un restaurant, je me demande d’ailleurs comment nous l’aurions trouvé sans Arty. La grande salle vide est divisée en une série d’alcôves sur les côtés. Comme parfois au
Japon, certaines ne sont meublées que de tables basses et de coussins, heureusement d’autres ont des tables et des chaises ‘normales’, c’est d’ailleurs là que nous installons.
Repas traditionnel copieux, nos hôtes désireux de nous faire gouter toute la palette de la cuisine turkmène : salades,
plovs, brochettes... etc. Tout est effectivement délicieux mais nos estomacs crient vite grâce. Pendant que les mets se préparent, je pars inspecter chaque alcôve car toutes sont décorées d’anciennes photographies montrant des scènes de la vie quotidienne peu de temps après l’arrivée des Russes. Que de chemin parcouru en un peu plus d’un siècle !
Nos ventres ayant doublés de volume, nous allons pouvoir digérer tranquillement en regardant la route jusqu’à la frontière. Pas si vite car il nous encore reste un arrêt à faire pour voir les ruines d’une... glacière !?
Après avoir longé d’autres murs, tout aussi imposants mais en bien meilleur état car plus récents, nous quittons la ville pour nous enfoncer dans les champs de coton. Au milieu de l’un d’eux apparait une forme étrange en terre à moitié effondrée qui fait davantage penser à une gigantesque termitière plutôt qu’à une glacière. Il s’agit en fait d’une construction conique en argile permettant de stocker de la neige compactée afin de préserver récoltes et victuailles.
Ces amas d’argile, couverts de petits trous parfaits pour un nid, sont devenus des refuges pour des milliers d’oiseaux ou une immense ZUP pour hirondelles. A l’intérieur, malgré le plafond effondré, il semble effectivement y faire plus frais.
Mais rien ne vaut la fraicheur de l’air conditionné de la voiture. Cette fois, c’est non-stop jusqu’à Farap soit quatre heures de route. Les champs disparaissent rapidement et laissent place au désert recouvert d’une végétation basse poussant sur du sable. Longue route droite (
mais certainement pas plate !) fréquentée que par quelques camions et de rares voitures.
Turkmenabat se profile à l’horizon, tout au moins les cheminées géantes de ses complexes industriels. Nous empruntons la voie expresse qui contourne le centre-ville et les banlieues avant de traverser l’Amu Darya, une impressionnante rivière au milieu de cette immense région désertique qui, à 300 kilomètres en direction du sud-est, forme la frontière avec l’Afghanistan.
Mais c’est vers la frontière avec l’
Ouzbékistan que nous nous dirigeons en cette chaude fin d’après-midi. La route, devenue impeccable et balisée par de grands rond-points, longe les nouveaux quartiers de banlieue. Arrivent les premiers contrôles de police car il faut avoir de bonnes raisons pour circuler par ici. Une dernière ligne droite et voilà la barrière rouge et blanche annonçant la zone frontalière.
C’est ici que nous remercions et quittons Arty et notre sympathique chauffeur et que nous redevenons deux voyageurs indépendants... et libres !
Conclusion. Content d’avoir finalement coché cette case... d’avoir pu soulever un coin du voile qui recouvre ce pays et brièvement tenter de voir ce qui se passe en-dessous. Revenir au
Turkménistan ne sera pas une priorité même, si faute de temps, je suis passé à côté des plus belles parties du désert et d’autres importants sites archéologiques, situés au nord du pays.
Bref, le détour en valait la peine...
mais je dis toujours ça !