Avant d’embarquer sur le Vaporetto en direction des îles de la lagune, jetons un dernier regard sur cette belle perspective vénitienne. Le campanile de la Place San Marco du haut de ses 96 mètres domine la ville ainsi que l’élégant
Palais des Doges, et là, juste devant la station Zaccaria où nous attendons le départ, les incomparables gondoles encore recouvertes de bâches bleues attendent les amoureux pour une balade sur les canaux...
Le vaporetto de la ligne 4.1 sur lequel nous prenons place maintenant est sans conteste moins romantique qu’une gondole mais certainement bien plus adapté à la navigation dans la lagune. Dès le départ, la promenade nautique sur ce bus de mer s’avère somme toute plaisante. Elle nous permet de découvrir un autre visage de la Sérénissime. A l’image de cet îlot de verdure que nous longeons à présent, joliment arboré ce
Parco delle Rimembranze n’est animé en cette matinée dominicale que par quelques joggeurs aux foulées très rythmées. (Photo prise d’un autre point de vue que celui depuis le vaporetto)
Après avoir contourné la pointe Est de
Venise, on croise ce paisible pêcheur parfaitement installé sur sa barque, il va nous maudire... car on imagine que les remous provoqués par notre vaporetto vont faire fuir les poissons qu’il tente de taquiner !
Un beau décor cette île
San Pietro avec ses façades aux teintes douces, son bosquet verdoyant et son église à coupole. Avec cette atmosphère de village tranquille, on semble déjà loin du cœur historique de
Venise pourtant situé à seulement quelques centaines de mètres.
A tribord, une gondole... mais sans touristes. Trois vaillants rameurs, vêtus de marinières, debout sur leur embarcation pagayent avec cadence et force. L’allure soutenue évoque plus un entrainement sportif qu’une promenade... sans doute ces hommes se préparent aux traditionnelles courses de gondoles, un vrai sport local avec des épreuves qui se déroulent chaque année sur le
Gand Canal.
Venise, une île, des îles... et seulement des voies d’eau ! Aucune route ni rue encombrée de véhicules à moteur, le rêve ! Mais pour les transports et déplacements, que ce soient de marchandises ou de personnes, tous doivent donc s’effectuer en bateaux. La police et les pompiers ont également leurs vedettes (rapides) comme les ambulanciers. Des bateaux-ambulances que l’on aperçoit plus nombreux près de ce quai, évidemment, c’est celui de l’hôpital !
La bâtisse cubique, qui n’a rien d’une allure de palais vénitien, est construite face à la lagune avec des fenêtres donnant sur la vaste étendue d’eau et sur des îles. Oh ! Quel joli panorama pour les opérés ou malades en tout genre... sauf que l’île la plus en vue, juste en face, est celle dédiée en totalité au cimetière de
Venise. Certes,
San Michele, l’île-cimetière, offre un bel ensemble avec ses cyprès, son église Renaissance et son élégante enceinte... mais il y a en point de mire toutes ces sépultures ! On sera tous d’accord, lorsque l’on tente de se rétablir d’un séjour hospitalier, on rêve d’un horizon plus gai.
Le vaporetto fait maintenant une halte à
San Michele, une dizaine de vénitiennes, les bras chargés de fleurs, descendent à terre. On devine aisément leurs intentions : honorer leurs défunts en fleurissant leurs tombes.
Quant à nous, notre première escale approche : l’île de
Murano. Un arrêt de quelques minutes afin de changer de Vaporetto en direction d’une autre île de la lagune, celle de
Burano.
La station d’embarquement est au pied de ce phare, comment se nomme t-elle ?
Faro, on pouvait s’y attendre. Juste le temps d’apercevoir un long quai, des hangars en briques et un canal qui mène au centre. Pour la visite du lieu, ce sera pour plus tard, lors du retour...
Dans la lagune, les voies (d’eau) sont partout jalonnées de pieux en bois. Plantés en faisceaux par trois, ils résistent mieux aux assauts des vagues. Le pilote est attentif, mieux vaut ne pas s’écarter de ces balises, les eaux de la lagune sont peu profondes (8 à 10 mètres selon les marées), les bancs de sable traitres et le fond très vaseux... Des pieux par endroits surmontées de lanternes (vénitiennes !), certaines sont hérissées de picots, on comprend vite que les mouettes ne sont pas les bienvenues sur ces perchoirs... avec leurs fientes elles devaient opacifier les lumières-balises de quoi rendre très dangereuse la navigation nocturne !
Le trafic sur ce canal maritime est particulièrement fluide (normal, nous sommes sur l’eau !). En ce dimanche matin, seuls quelques bateaux (taxis et particuliers) nous croisent ou nous doublent, souvent à belle allure !
Mon attention est à présent attirée par l’horizon, au loin une île se détache, sans doute
Burano. En fait, c’est surtout la verticalité du campanile qui étonne, il semble défier les lois de la gravité... penche-t-il vraiment ou est-ce l’effet du tangage qui me donne cette illusion ?
Plusieurs îlots jalonnent le trajet. Celui-là, sur la droite, paraît abandonné. Un minuscule territoire insulaire où les constructions s’avèrent partiellement délabrées et les murs d’enceinte décrépis. Peut-être un ancien monastère ou bien le lieu de vie d’une communauté ? Je n’en saurais pas plus, l’îlot gardera pour moi le mystère de son passé et des habitants qui y vécurent...
Déjà, nous parvenons à l’île de
Burano, les teintes chatoyantes des rares maisons qui bordent le canal d’accès annoncent la couleur ou plutôt les couleurs... celles de toute l’île ! Elles ont fait la renommée de
Burano et découvrir le village ne déçoit pas !
Juste après avoir débarqué, la vision est idyllique : le flot des visiteurs n’est pas encore arrivé, le soleil brille avec éclat et l’eau des canaux de ce village d’opérette, tel un miroir, nous offre une merveilleuse double image des maisons de poupée. La palette de nuances est riche bien plus que celle de l’arc en ciel. Des maisonnettes, certes toutes simples, mais toutes pimpantes avec leurs teintes variées : bleues, vertes, roses, oranges, rouges on encore jaunes... et pardon si j’en oublie quelques unes au passage. Tiens ici, il y a du noir avec les silhouettes de ces deux mamas italiennes !
Mon objectif (photo) comme mon œil est avide de tout observer, de tout capturer : cadrer cette façade puis immortaliser ces détails, une fenêtre par ici, un reflet par là ou encore cet homme donnant un coup de pinceau à son mur. Mais oui, ce jaune lumineux est splendide mon brave monsieur !
A regarder les habitations on remarque également les boutiques, nombreuses mais aux noms souvent identiques : plusieurs
Merletto et encore plus de
Merletti... seraient-ils tous cousins à
Burano ? En arrivant sur la place principale, je commence à comprendre en apercevant le Musée
del Merlotti. En Italien, cela signifie « dentelle », la spécialité des femmes de
Burano, devenues de vraies artistes dentelières. Finalement toute la population locale avaient autrefois l’habitude de manier avec dextérité les aiguilles : les femmes confectionnaient d’élégantes dentelles et les maris, marins-pêcheurs, recousaient leurs filets... Bon, j’en conviens, il ne s’agit pas tout à fait des mêmes mailles ni surtout du même art !
Avec son aspect un peu désuet, la dentelle fait-elle toujours recette auprès des touristes en recherche de cadeaux souvenirs ? Je ne sais, mais il y a bien d’autres spécialités proposées dans les vitrines du village insulaire. Cela va d’appétissantes pâtisseries aux incontournables
pasta italiana déclinées sous toutes lesformes et toutes les couleurs... Les couleurs de
Burano, on les retrouve aussi sur des tableaux de styles naïfs, le décor des façades aux teintes vives s’y prête à souhait.
L’église paroissiale est située sur cette même place
San Martino et avec son campanile, elle ne peut passer inaperçue. Plus aucun doute, vu de près, il penche vraiment, la photo en témoigne ! Pour un peu on se croirait à
Pise... sur lagune !
L’heure avance, progressivement la foule des visiteurs a envahi les quais, les ruelles et les ponts enjambant les canaux. Une brise marine vient maintenant troubler le miroir d’eau, adieu les beaux reflets colorés.
Voilà que les napperons et dentelles accrochées aux devantures des boutiques se mettent à s’agiter en tout sens comme le linge qui sèche près de toutes les maisons. Les feuillages des arbres de la plaisante place du quai d’embarquement se sont, eux aussi, mis à bruisser.
Le vaporetto en direction de
Torcello est prêt à partir, montons à bord !
Les deux îles sont toute proche, séparées seulement par quelques encablures. Cinq minutes suffisent pour atteindre le petit quai de
Torcello.
L’île fleure bon la campagne, l’environnement est très nature avec ses landes, ses zones marécageuses et ses parcelles cultivées. Les légumes semblent apprécier les terres alluviales des lieux comme également ces ceps de vigne les oiseaux gazouillent gaiement, je garde encore en mémoire leurs chants qui ont accompagnés nos premiers pas sur l’île.
Sur
Torcello, les maisons ne sont pas vraiment nombreuses et leur architecture pourraient paraître bien banales aux visiteurs qui ont en tête le raffinement des façades de
Venise ou les teintes éclatantes de celles de
Burano... Non, ici, l’intérêt du patrimoine est avant tout religieux,
Torcello fut un important siège épiscopal, les deux églises de l’île en sont les témoignages.
Depuis le chemin qui longe le canal on aperçoit un haut campanile... prisonnier d’un quadrillage serré d’échafaudages ! La vision a tout pour contrarier l’amateur de panoramas photogéniques mais rassurera tous ceux qui apprécient la restauration des monuments historiques. Ce campanile a été édifié au 11 ème siècle. Quant à la basilique Santa Maria,
elle a été construite en 639 avant d’être transformée aux 9 et 11e s.
Faute de pouvoir bénéficier de la vue (paraît-il splendide !) depuis le sommet du campanile fermé pour travaux, il ne faut pas hésiter à visiter l’intérieur de l’édifice, riche de ses mosaïques. L’histoire nous apprend qu’elles ont été probablement réalisées par les artistes de
Ravenne, des maîtres dont il n’est pas nécessaire de vanter les talents. Au revers de la façade, d’immenses mosaïques dont les tons dorés luisent sous l’effet de l’éclairage évoquent (entre autre) la Résurrection du Christ. Le sol de la basilique est également remarquable, entièrement recouvert de mosaïques colorées. Quant au chœur, il est entouré de gradins de briques disposés en amphithéâtre.
On contemple... le regard fait de longs travelings du sol au plafond en admirant architecture médiévale et décorations. L’amateur de photo que je suis aurait bien aimé immortaliser son souvenir par quelques clichés mais il est partout indiqué l’interdiction de photographier, je resterai donc respectueux et discipliné... ce qui ne sera pas le cas de tous les visiteurs du moment !
Un petit territoire mais un important patrimoine religieux à
Torcello...
Torcello- les-deux-églises. Juste à côté de la basilique se trouve un autre édifice religieux bâti dans un pur style vénéto-byzantin. Santa Fosca est de forme octogonale, à l’intérieur on remarquera principalement les belles colonnes de marbre coiffées de fins chapiteaux à feuillage.
Suite de la balade : île de
Murano.... message suivant