00Alex · 27 avril 2019 à 11:26 · 103 photos 86 messages · 20 participants · 8 390 affichages | | | Merci Solène de tes conseils. Content que tes yeux voient mieux | | Monte donc, tu es bienvenue Rouquine, plus on est de fous, plus ont rit | | 20 Juillet : en route vers Nkhata Bay
Lever avec le soleil, toujours aussi beau. Café vite englouti, scones et bananes.
Nous entamons la descente vers le lac : vertigineux. On prend des dames en stop pour leur épargner ce long trajet. Et bien vous savez quoi : leurs copines font la course avec nous et, en empruntant les raccourcis qui permettent de couper les virages en épingle, elles vont à la même vitesse que nous. Déprimant...
Arrivée au bord du lac après une petite heure de conduite et une vingtaine de virages en épingle. Route vers Mzuzu.
En chemin, on s’arrête visiter le mythique pont suspendu de Zuwurufu, au-dessus de la South Rukuru River. C’est un « basket bridge », ce qui signifie qu’il est un peu comme un grand demi-tuyau en osier, fait d’une traite, un peu comme un long panier d’osier, quoi. On le visite et on traverse la rivière : beau, ça bouge...
Après, c’est sympa ces « historic sites » un peu bordéliques où on paye et après on doit remplir un grand registre et c’est tout juste si je n’ai pas droit au traditionnel reçu. En fait si, j’y ai le droit.
On arrive en 2 heures à Mzuzu qui est la grande ville du nord du pays. C'est une grande ville, la 3ème du Malawi en terme de population. La ville est assez aérée, pas d'embouteillage monstre. L'ambiance est "détente".
Passage chez Airtel, l’opérateur de téléphonie mobile pour acheter une carte prépayée. Rudement efficaces chez Airtel. La vendeuse bidouille le téléphone de ma femme pour faire en sorte que tout fonctionne. Pour un prix avantageux, nous avons désormais le téléphone et internet en 3G. Rapide tour au Shoprite pour faire quelques courses, on tire de l’argent, on prend de l’essence et on reprend la route.
Vers 15h00, arrivée à Nkhata Bay, une petite ville au bord du lac. C'est de là que nous embarquerons demain sur l’ile de Likoma où nous nous rendons demain (ne dites rien, je vois déjà que vous faites des têtes de gros jaloux).
Sur les conseils avisés de Chris, le propriétaire de notre hébergement sur Likoma, nous faisons halte au Ilala Bay Lodge, qui a pour qualité d’être à trois minutes de l’embarcadère (nous reparlerons de ce concept ultérieurement, car il est en lui-même très intéressant). C’est un hôtel que je qualifierais de "local plus". Propre, sûr, mais sans eau chaude (enfin, il y a un robinet, hein, mais quand tu tournes, c’est froid), bruyant, sans électricité le soir où nous arrivons etc... Pas d’expat’. La plage est un peu ripou, ou alors pleine de charme, au choix, tout est question d’humeur. En tous cas, on ne s’y baigne pas. Ce type d’hôtel représente un bon compromis au Malawi : propre, tout juste confortable, pas cher et très accueillant.
Petit tour en ville, qui est assez sympathique et difficile à décrire. Les rues sont commerçantes et animées, l’ambiance est assez détendue. Petit marché aux poissons très actif. Nous allons faire un tour vers la plage qui est en fait un mélange de port et de décharge à ciel ouvert, mais très vivant et assez joli au coucher du soleil (sérieux, il y a des fois où je me demande comment je peux écrire des trucs aussi superficiels).
Mais surtout, ce qui attire notre attention, c’est le bateau que nous allons prendre à l’aube pour atteindre l’Ile de Likoma, notre future destination : le MV Lamani (MV, c’est pour Motor Vessel, quelle bonne surprise de ne pas avoir à ramer).
Selon nos prévisions, nous devions prendre le Chambo, un bateau récent et puissant, tu vois, un fier vaisseau. Et Chris-de-Likoma, notre futur logeur (Ulyssa Bay Lodge), nous a informé il y a deux jours par e-mail que, finalement, le Chambo est en maintenance au Mozambique, "mais détends toi Alex, il est remplacé par le MV Lamani, très fiable, piloté par des pros de la navigation, natifs de Likoma, qui connaissent le lac comme leur poche". Chris me rassure par e-mail interposé en me disant que le bateau est équipé de "deux moteurs diesels". Au début, je fais fi de l’information. Quelle erreur, elle est en réalité cruciale. J’ai fini par en comprendre plusieurs jours après le sens profond : « au cas où l’un des deux moteurs tombe en panne, vous ne resterez pas en rade au beau milieu du lac », comme c’est arrivé la semaine dernière...
Alors, comment vous dire, le MV Lamani, si ma mère savait que je monte dessus, elle ferait un malaise.
Tu imagines une coque de noix de belle taille avec deux moteurs (au cas où l’un d’entre eux tombe en panne disions nous), qui d'heure en heure, se surcharge de fret, entassé sur les deux ponts, ainsi que d’humains. On se dit : demain, le voyage sera long. Spoil : le voyage fut long.
Bon, avant demain, il y a aujourd’hui, plein de surprises, et la surprise du moment, c’est de découvrir en rentrant à l’hôtel qu’un de nos pneus est à plat. Inutile de préciser que c’est le pneu le plus pourri qui a crevé. Je change le pneu et là, je découvre que la manivelle du cric n’est pas adaptée... au cric. Une chance qu’on soit dans la cours de l’hôtel quelqu’un me prête une petite barre métallique qui fait bien l’affaire.
Je me mets ensuite en quête d’un réparateur de pneus. Les gars réputés « sympa » à côté de l’hôtel sont au chômage technique car leur compresseur est tombé en rade. Direction les « bad boys », c’est leur nom.
Bad, mais efficaces : ils démontent la roue, trouvent le trou, le bouchent et remontent la roue. Bad fut la négociation sur le prix. Concernant le prix, j’avais auparavant sondé un brave bourgeois Malawi au volant de sa voiture, à titre indicatif. Réponse : 1.500 kwachas. Les gars en veulent 10.000. "Rêve l’ami, et pourquoi pas 100.000". On tombe d’accord sur 2.500. Fatigant, mais de bonne guerre...
Dîner dans un petit bouiboui dans la rue. La compagnie est plutôt sympathique, on discute entre tablées, il y a un ancien capitaine de bateau, un négociant de poissons, un militaire à la retraite... Très bon stew avec de la nsima (polenta à base de farine de maïs blanc).
A ce stade du séjour, je dois dire que la cuisine du Malawi ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Sans être mauvaise, cette cuisine n’a rien de très créatif. Or, la bouffe, nous, on est accroc. Le traditionnel ragout de bœuf aux tomates et oignons posé sur de la nsima n’a rien de mauvais. Mais disons que c’est un peu toujours le même. Finalement, le poulet braisé reste la valeur sûre. J’adore le poulet braisé en Afrique.
Nuit agitée par les sons de rumba du bar situé en face de notre chambre. En vrai, j’avais l’impression de dormir directement dans le bar. La prochaine fois que je traine dans la région, j’apprends la rumba avant de partir. Comme ça, si je n’arrive pas à dormir, au moins, je pourrai aller danser. | | La prochaine fois que je traine dans la région, j’apprends la rumba avant de partir. Comme ça, si je n’arrive pas à dormir, au moins, je pourrai aller danser.
excellent
C'est un vrai plaisir de te lire, bravo | | Merci de tes encouragements Max J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce carnet et j'en prends autant à le mettre en forme et le publier. | | 21 juillet : en bateau vers l’ile de Likoma
Lever 4h30 pour un départ à 5h30. On a payé l’hôtel la veille et obtenus sans difficultés une réduction correspondant à notre petit déjeuner pas pris. Nous marchons vers le port, il fait nuit noire. Le MV Lamani est toujours ancré dans la baie, ce qui est une bonne nouvelle.
Pour l’atteindre (ben oui, pour prendre un bateau, mieux vaut être dedans), il faut emprunter une barque. Nkhata Bay était connu pour disposer de l’une des rares jetées du lac, ce qui permettait d’accéder directement aux navires sans avoir à utiliser une barque. Seulement, la jeté a agonisé il y a peu. Selon nos sources, l’agonie dura quelques semaines pendant lesquelles tous les acteurs (gouvernement, région, commune et compagnie de transport maritime) se rejetèrent la responsabilité jusqu’à ce que... crack boum... plus de jetée.
Toujours est il que nous sautons dans une barque qui, moyennant 20 kwachas, nous amène au Lamani. On grimpe à bord. Il y a deux ponts : un pont inférieur fermé dans lequel il y a beaucoup de fret et qui sent le diesel et aussi les toilettes (genre "toilettes de la mort", j’ai compris après pourquoi), et un pont supérieur, ouvert, sur lequel il reste encore de rares places et où nous nous installons au milieu du fret. Pour être plus précis, on cherche une place, on déplace un gros ballot emballé dans une couverture. Et là, le ballot se met à parler et à bouger. Il s'agissait d'un passager qui dormait paisiblement entouré de sa couverture.
Et là, le scénario nous apparait : les habitant des îles viennent à Nkhata Bay faire leurs courses. Ils sont arrivés la veille en fin de matinée par le même bateau, ont fait leurs courses pendant le journée, puis les ont amenées à bord en fin d'après-midi et ont finalement dormi à côté de leur cargaison histoire de la surveiller de près. Le centre du pont supérieur est aussi occupé par un gros tas de fret, empilé subtilement : cartons de chips, cabas pleins de pharmacie, fauteuils (en fait, il y tout le salon, fauteuils, canap’ et table basse), moult bassines et valises, etc...
Le départ dure des heures : on va partir, on part, on part plus, on part, on ne part pas, le moteur démarre, il s’éteint, le soleil se lève, on va partir, des passagers arrivent sur le rivage en faisant de grands signes indiquant qu’ils veulent monter à bord, alors on ne part plus, on les attends. Nous partons finalement vers 6h45.
La traversée est épique. Rapidement, le vent se lève et la mer (en réalité, le lac) se creuse. La cargaison bouge pas mal, mais ne se déplace pas. C’est l’épidémie de mal de mer, la vraie, grosse. Ethno-sociologiquement, il y a deux types de comportements face au mal de mer. D’un côté, les Européens, dont ma femme, c’est le spectacle : je hurle à la mort, je me roule par terre, je vomis à grand renforts de bruits gutturaux par-dessus le bastingage et la moitié est renvoyée par le vent sur l’extérieur du bateau (dégueu mais véridique). De l’autre, les Africains : stoïques, je ne laisse rien paraitre et je vomis très délicatement, sans un bruit, dans un tissu posé sur ma bouche. Certains escaladent la cargaison afin d’utiliser les toilettes, d’où leur odeur pestilentielle et le nom "toilettes de la mort" que je leur ai donné... Et si tu veux faire pipi, l’ami(e), retiens toi, oh oui. Et c’est là que j’ai découvert l’intérêt de la jupe longue et large : ma voisine met une bassine entre ses jambes, s’accroupit et, protégée par sa longue et large jupe, urine ni vu ni connu dans la bassine. Une fois que c’est fini, hop, le contenu de la bassine finit dans le lac.
Après quatre heures de navigation, nous arrivons à l’ile de Chizumulu, l'escale avant Likoma. L’escale est prévue pour durer longtemps et nous avions convenu avec notre futur logeur, le dénommé Chris-de-Likoma, qu’il viendrait nous chercher directement à Chizumulu. Est ce que ça va marcher ? Sérieux, quand tu y penses : tu conviens par e-mail avec un gars que dans un mois, à 8000 kilomètres de chez toi, il va venir te cueillir en bateau sur une ile confetti au milieu du lac Malawi pour t’amener vers une autre ile. Sérieux, tu y crois ? Moi, j’ai toujours quelques doutes. Mais le miracle opère, au beau milieu de toutes les barques venues à notre rencontre.
Rappelons tout d’abord qu’il n’y a pas plus de jetée à Chimuzulu qu’à Nkhata Bay et donc que tous les humains et marchandises qui vont de l’ile au Lamani et vice versa doivent emprunter une barque. Dès que le Lamani a jeté l’ancre, il est donc entouré d’une multitude d’embarcations qui tournent autour et de temps à autre s’y amarrent pour effectuer un transbordement d’humains ou de marchandises.
Et là, au milieu de toutes ces barques, j’en vois une dénommée « Ulisa Bay Lodge », notre destination finale. Yesssss Sous la supervision du manager, le célèbre Trevor (je ne savais alors pas qu'il était si célèbre), vêtu d’un pantalon noir et d’un blazer rouge (véridique, genre rock star années 60), l’embarcation fait le tour du Lamani et attrape chacun des onze voyageurs qui, séparément, avaient embarqués à destination de ce lodge. Incroyable ! Une fois la moisson faite, il n’en manque pas un, nous voilà en route pour l’ile de Likoma que nous atteignons en moins d’une heure, soit environs quatre heures avant le Lamani. Merci Chris !
Le lodge est très sympathique. Il partage une plage avec un village de pêcheurs. Les espèces de tables vertes que vous voyez sur la photo sont les séchoirs/fumoirs à poisson du village.
L’interaction lodge - village se fait bien. Les enfants viennent jouer sur la plage du lodge. Les bungalows sont propres et situés sur la plage.
L’après-midi est consacrée à de la glande, de la baignade, un petit tour dans la campagne alentour. Beaux baobabs.
La journée se termine par un apéro-gin-tonic devant un coucher de soleil magnifique.
Au bar, tout le monde, locaux et touristes, se mélange dans une ambiance bon enfant. Le lieu est assez réussi. On fait connaissance avec une bande de jeunes étudiants irlandais en mission humanitaire en Tanzanie venus se reposer un petit peu. Parmi eux, une étudiante brésilienne qui passe une année en Irlande (on croit que c’est pas important, mais il y aura une petite anecdote demain à ce sujet).
Chris vient serrer la louche de ses hôtes. Je lui remets une enveloppe secrète que m’a confiée Zonga, son agent à Likoma. Je n’en avais pas parlé avant, mais Chris m’avait écrit par e-mail avant le voyage : « à Nkhata Bay, tu rencontreras Zonga, c’est notre agent, il te donnera un ou deux tuyaux pour atteindre sûrement le Lamani depuis le rivage et y trouver une bonne place assise, en échange de quoi, tu convoieras l’enveloppe qu’il te remettra ». Je n’ai jamais demandé ce qu’il y avait de si important dans l’enveloppe. Je suis un type bien, non ? | | Eh ben dis donc, c'est épique comme traversée ! Muriel | | J’espère que l'île en vaut le coup, faut être motivé pour monté dans ce bateau. Vous êtes facilement sujet au mal de mer ou le bateau secouait beaucoup ?
En tout cas j'adore ta façon de raconter avec beaucoup d'humour | | Dites donc, Alex, nous sommes le 05 mai, il est 11h du matin, et la suite n’est toujours pas publiée. Où vous croyez-vous pour traiter ainsi votre lectorat? Je pensais vous faire avoir le Goncourt mais je vais y repenser.... | | Bonjour Alex, je découvre avec délectation de carnet sur un pays dont un ami m'avait déjà parlé: c'est épique ! Après avoir déguster les posts précédents, je vais suivre avec impatience la suite de tes aventures malawiennes.... et bravo pour le style ! | | Personnellement, je suis peu sujet au mal de mer, donc je n'ai pas été malade Mais autour de moi, c'était chaud chaud Je ne pensais pas qu'un lac si peu large pouvait être parcouru par de telles vagues. Il a suffit d'un peu de vent pour que le lac se creuse. La petite taille du bateau était clairement l'une des causes du problème. | | 22 Juillet : Likoma
Lever, 6h30. Il fait beau, la lumière est superbe, les pêcheurs sont déjà à l’œuvre. Petit déjeuner anglais de chez petit déjeuner anglais. Tout y passe : œufs, bacon, etc... Le tout en regardant la mer. Au loin, la petite ile de Chizumulu.
On voit les dows qui vont de Likoma à Chizumulu et au Mozambique, ils sont poussés par le vent. Ce sont les mêmes qu’en Inde et dans les pays du golfe persique, apportées il y a quelques siècles par les marchands arabes, notamment d’esclaves.
Petite baignade dans l’eau tiède, sans être chaude.
Après, on décide de se balader. L’idée, c’est de se trouver un guide. Bien sûr, on peut faire seuls. Mais comme d’habitude, seuls, on va perdre du temps à s’orienter, on ne va pas réussir à voir ce qu’on veut et on ne va rien comprendre à rien, etc... Bref, il nous faut quelqu'un pour nous expliquer la vie ici.
Et un guide, nous en trouvons un dans la personne de Charles. Le hic, c’est que Charles est originaire du Mozambique et parle beaucoup mieux portugais que anglais. Et nous, le portugais, à part bom dias et obrigado, ça va pas chercher loin. Pas grave, on fera avec. Finalement, on arrive à communiquer et Charles nous ballade à travers les petits villages de pêcheurs.
A Likoma, la vie est dure (pas la notre, on vous rassure) et le niveau de vie pas si élevé. C’est toujours un peu gênant ce contraste entre toi qui a atteint une sorte de nirvana du voyage, la petite ile perdue au milieu de lac et tout ça, et les gens autour de toi qui ont du mal.
La pêche est la principale production, elle est consommée localement et vendue sur le continent (continent, je ne sais pas trop quel terme utiliser dans le cas d’une ile lacustre). La terre est aride et peu fertile, rendant l’agriculture complexe et peu rentable : des tomates, un peu de patate douce et de cassava (manioc), mais pas de maïs, il est totalement importé. A deux pas, les côtes du Mozambique, si près géographiquement, mais si loin économiquement.
Arrivés dans la « capitale », qui s’appelle aussi Likoma, on lâche Charles. Petit tour au marché, achat de tissus (ça n’est que le hors d’œuvre d’une orgie à venir), coca, le port (en gros, c’est une plage un peu sale comme je les adore).
On se rend à la cathédrale. Oui, vous avez bien lu : la cathédrale. A Likoma, il y a une immmmmmense cathédrale anglicane, totalement folle, construite au 19ème siècle alors que les divers courant religieux britanniques prenaient position, se tiraient la bourre, mais partageaient un objectif commun : la lutte contre l’esclavage à destinée des pays arabes.
En effet, il ne faut pas oublier que le Malawi fut une zone majeure d’esclavagisme à destinée des pays de la péninsule arabique. Les esclaves étaient emmenés à Zanzibar où ils étaient vendus sur un grand marché, le plus grand d’ Afrique de l’est, dit-on. La traite dans cette région d’Afrique fut effroyable et considérable. De plus elle dura même après l’arrivée de missionnaires Britanniques. Nkhotakota, sur la côte Malawi du lac en fut l’un épicentre. Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que cette traite prit fin.
Retour à la cathédrale. Elle est grandiose, toute en pierre, flanquée d’un cloitre confortable et d’un baptistère. Ses vitraux (si si, ses vitraux) proviennent d’ Angleterre (tu y crois ?) et la chaire à prêcher est en marbre du Mozambique. L’intérieur est vaste et, lorsqu’elle est pleine, les messes doivent avoir bien de l’allure.
Le bedeau nous propose une visite qui se conclut par une ascension du clocher avec une chouette vue. Redescendus dans le village, on croise nos amis irlandais avec Charles comme guide : comme des poissons dans l’eau et pour cause, l’étudiante brésilienne fait office d’interprète (c’est l’anecdote dont je vous avais parlé avant). Splendeurs de la globalisation...
Retour au lodge. C’est la fin de la journée. Petite baignade puis snorkeling. Le lac est plein de jolis poissons multicolores d’eau douce. Je n’avais jamais vus autant de variété de poissons d'eau douce. Une petite intrusion involontaire dans la salle de bain du village de pêcheurs : je me suis écarté un peu trop du Lodge en longeant la côte et là, paf, une partie du village faisait sa toilette dans le lac, dans le plus simple appareil. Excusez-moi les gars, je ne voulais pas déranger. C’est vrai quoi, quelle tête tu ferais si un gars avec un masque et un tuba faisait irruption dans ta salle de bain pendant que tu es sous la douche. Un Malawi-Gin-Tonic pour conclure la journée. Délicieux... | | Merci Jacques de tes encouragements. Je m'y remets. Je suis confus du retard. Promis, je ne recommencerai pas . C'est vrai quoi, il n'est pas question de vacances ici . Pour le Prix Goncourt, j'ai malheureusement quelques doutes. Je ne sais pas pourquoi, mais j'en ai. | | "De plus elle dura même après l’arrivée de missionnaires Britanniques. Nkhotakota, sur la côte Malawi du lac en fut l’un épicentre. Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que cette traite prit fin." et elle avait commencé bien avant celle à destination des Amériques | | 23 Juillet : retour à Nkhata Bay
Aujourd’hui, nous reprenons le bateau pour Nkahata Bay. Les questions de fond sont : à quelle heure et quel bateau ? Et bien oui, il faut bien comprendre qu’il y a une dissociation assez franche entre l’horaire "officiel" du bateau et son horaire "réel". Trévor, le maitre des lieux nous avait dit la veille : "l’organisation, c’est mon problème, assurez vous simplement d’être prêts en temps et en heure". J’adore, c’est ça les vraies vacances : ne pas se préoccuper trop de logistique. Et donc, le "en temps et en heure", c’est un lever à 5h45... suivi d’un petit déjeuner rapide.
Autour de moi, beaucoup redoutent le mal de mer et ne déjeunent pas ou alors très léger. Personnellement, je m’empiffre. Toujours préférer souffrir le ventre plein que le ventre vide. Ensuite, embarquement dans la barcasse du lodge à 6h30, direction la capitale, où se trouve l’embarcadère de l’île. Le trajet en barcasse est rapide : 30 minutes. Nous prenons en route quelques camarades et amis dans les villages de pêcheurs. Vers 7h00, nous atteignons le bateau qui fait escale à Likoma et nous emmènera à Nkhata Bay.
Normalement, ce devait être le MV Ilala, le bateau mythique qui sillonne depuis des décennies le lac Malawi un bâtiment digne de ce nom, un vrai, comme dans les films. Malheureusement, le MV Ilala est en maintenance. Il est donc remplace par le MV Chilembwe. Le MV Chilembwe, il est très très rapide et très très moderne. En fait, il ressemble à un bateau nordique qui sillonnerait les fjords de Norvège. Bien normal, puisque justement, ses plans sont ceux d’un bateau nordique qui sillonnerait les fjords de Norvège. D’ailleurs, certains disent que ce bateau est inadapté aux besoins des Malawi car il ne peut pas prendre assez de fret ni de passagers et que par conséquent, les coûts des transports sont exagérément élevés eu égard aux maigres revenus des Malawi. Et c’est vrai que les billets sont chers, nous avons trouvé.
Pour aller de la côte au bateau, le Chilembwe a sa propre chaloupe qu’il finit par agripper au moyen d’une grue et poser en équilibre au dessus du pont. Après une bonne heure d’attente, notamment en raison du chargement d’environ 30 bidons d’essence vides appartenant à la centrale électrique de Likoma et qu’il convient d’apporter à Nkhata Bay pour les remplir (je ne blague pas, mais en vrai, je suis content de faire le trajet avec les bidons vides plutôt que pleins de carburant près à faire boum au milieu du lac), le MV Chilembwe s’ébranle, et c’est vrai qu’il est rapide.
Le poste de pilotage est ultra moderne, il n’y a pas de barre à roue, mais des joysticks et des ordinateurs. Tout cela est tellement moderne qu’à un moment, je regarde par la fenêtre : plus personne aux commandes, seulement deux bières, des greens.Tous va bien me dis-je, nous sommes en de bonnes mains... Trente minutes plus tard, nous faisons escale sur l’ile de Chizumulu. Et deux heures et demi plus tard, nous somme à Nkhata Bay. Ce fut rapide, beaucoup plus qu'à l'aller, et personne n’a été malade, ou alors tellement discrètement que c'était pas en vrai.
Arrivés à Nkhata Bay : dilemme. Est qu’on va dormir dans un backpacker de malade, trop festif, avec sa plage sympa et son ambiance de fous, son baby foot, ses terrasses, son barbec’ géant, son DJ et ses fêtes jusqu’au bout de la nuit ou est ce qu’on retourne au Ilala Bay Lodge. Discussion, hésitation... Ce sera le Ilala Bay Lodge, bien situé, en plein cœur de la ville, moins cher et finalement super sympa et plein de charme, un charme certes désuet, mais finalement bien sympathique.
En vrai, on a besoin d’un break, sans hyperactivité touristique, juste se laisser vivre. J’ai oublié de vous dire que comme j’avais râlé auprès du loueur de voiture en raison de l’état des pneus et d’un problème du switch 4x4/2x4, il a envoyé un mécano. Sérieux, le plus simple, pour moi, pauvre européen stupide, serait que le loueur me dise : "rends toi dans tel garage" ("à la bougie heureuse" ou "à la carrosserie rutilante, père & fils") avec lequel j’ai un accord et qui m’enverra la facture.
Que nenni : comme la main d’œuvre ne coute rien au Malawi, on t’envoie un mécano... en minibus, véridique. Tu ne crois pas qu’il soit venu avec une auto de l’entreprise, quand même ? Non, bien sûr, il a pris les transports en communs avec une roue de secours (je ne blague pas) et ses outils. Le gars est super : il règle le problème de switch, il me change le pneu de la roue de secours, il me donne aussi une manivelle adaptée pour le cric. Le nirvana automobile, quoi.
On pose nos affaires, tour en ville, flânerie sur la plage-poubelle (le déchargement du Chilembwe touche à sa fin), et courses au marché. On fait donc le plein de légumes (carottes, choux), de tomates, de poivrons et de bananes en prévision de notre séjour à Niyka National Park (tiens tiens, d’un coup, je vous sens tout émoustillés et bien impatients. Mais rassurez-vous, tout vient à point à qui sait attendre). On ne prend finalement pas de poisson car pas de glacière pour le stockage, même si une belle pièce de Chambo m’aurait réjoui le gosier.
Le soir, apéro et diner au Kaya Pattaya, le resto thaïlandais du coin. Le resto est très bien situé, la cuisine bonne, mais le patron un peu trop arrogant à mon gout.
Nuit de qualité moyenne en raison de la rumba venant du bar en face. Bon, clairement, on aurait du aller au bar danser la rumba. Je regrette cette erreur, on a été un peu frileux sur ce coup, j’avais trop peur d’être ridicule. Se rappeler que le ridicule ne tue pas, mais que mal dormir rend grognon.
Là, c’est décidé, je me mets à la rumba. | | Bonjour Alex,
Je trainais dans le coin Malawi, J'ai vu de la lumière à l'intérieur et il y avait l'air d'y avoir une bonne ambiance Je me suis permis de pousser la porte, j'espère que je dérange pas.... ? | | 24 Juillet : en route pour Niyka National Park
Nyika est considéré par beaucoup comme un parc particulier, un endroit unique. Une sorte de parc comme il n'en existe pas d'autres. Pour nous il n'était donc pas question de faire l'impasse dessus. Pour résumer : "si on va au Malawi, on va à Niyka".
Après cette mauvaise nuit et un petit déjeuner anglais de piètre facture, mais qui fait le job, nous mettons le cap vers Mzuzu. C’est dimanche, jour de messe, et les Malawi sont toujours aussi magnifiquement habillés que dimanche dernier. Pause à Mzuzu : banque, essence et supermarché. Le supermarché, c’est un Shoprite, la grosse chaine sud-africaine. Il y a tout, pour un prix parfois élevé, surtout pour les Malawi. On fait le plein d’épicerie et de poulet pour les quatre prochains jours. Et bien sûr, du vin sud-africain pour accompagner l’ensemble, on ne va quand même pas se laisser abattre, on est pas en vacances.
La route jusqu’à Rumphi est sans grand intérêt, c’est d’ailleurs la troisième fois qu’on la fait. Et soyez sympa, ne me dites pas qu'on est pas doués question itinéraire, on le sait.
Fin du goudron à Rumphi. La piste n’est pas mauvaise, elle a été aplanie voici peu. Après une cinquantaine de kilomètres, jojo-le-GPS, la carte et les instructions données par le parc coïncident : il faut prendre un raccourci sur la droite. Le raccourci est sympa : c’est une petite piste qui parcourt des collines dans un paysage agricole assez joli.
Quelques petits ponts de bois un peu croulants sur de petites rivières.
On se sent obliger de les tester histoire qu'ils ne s'écroulent pas sous notre poids. Je vous l'accorde, c'est totalement théorique et, finalement, ça fait surtout une photo sympa qu'on regarde a posteriori en se marrant.
Le 4x4 est quasi indispensable pour certaines montées un peu raides et sablonneuses en saison des pluies, ça ne se pratique probablement pas sans 4x4.
Arrivés à la porte du parc, nous payons nos frais d’admission. Comme toujours, c’est très long car il faut établir le reçu, en trois exemplaires, à grand renfort de papiers carbone etc...
La ranger nous demande si nous pouvons monter au camp un éminent cuisinier : la réponse est bien sûr positive, on ne voudrait pas mourir de fin. Et quand j'y repense, je me dis que vraiement, ces compagnies charrient ; ils ne sont pas fichus de transporter leur personnels jusqu'à son lieu de travail. C'est comme si les stations de skis comptaient sur les vacanciers pour acheminer à bon port les pisteurs et les moniteurs de ski. La farce... Il y a deux heures d'auto jusqu’au camp. La piste est inégale, parfois bonne, parfois moins, parfois beaucoup moins. Le Jimny me fatigue, il est assez instable, il dérape sur les graviers.
Le gros charme de cette piste, c’est de nous faire traverser tout au long de cette ascension une succession d’écosystèmes très différents : savane, forêt de Brachystegia, forêt tropicale puis prairie d’altitude... Au détour d’un bois, nous voyons un éléphant à couvert qui se régale de feuilles. tiens tiens, ça devient intéressant. La grosse blague, on n'en reverra plus.
La piste emprunte ensuite la ligne frontière entre la Zambie et le Malawi : le conducteur est au Malawi et le passager en Zambie. Pas de poste frontière, bien sûr...
Nous arrivons finalement à Chelinda Camp vers 15h00. Le lieu est assez magique : quelques chalets autour d’un petit lac, à couvert d’une forêt de pins (importés, on verra ça plus tard...). Il y a même des jeux pour enfants au bord du lac, dommage qu'on ne soit plus des enfants.
Nous avons réservé l’un de ces chalets. La réservation fut complexe, finalisée à coups de virements bancaires au Malawi, mais le compte en banque était en fait hébergé à Londres, un vrai sac de nœuds.
Chaque chalet est bien équipé et doté d’un séjour, d’une à deux chambres et d’une petite cuisine. Lorsque nous arrivons, nous trouvons un beau feu allumé dans la grande cheminée du séjour. Le poêle de la cuisine est chaud. Nous faisons connaissance avec le cuisiner responsable (si si, un cuisiner...) de notre chalet. chaque chalet a son cuisiner attitré, qui fait aussi office de majordome. J'aime bien ce mot, majordome. Ca fait luxueux, un peu comme si on était des nobles en goguettes.
Notre majordome nous a préparé un broc d’eau pour le thé que nous accompagnons de quelques shortbreads. So British, n'est il pas...
Nos allons taper la discute à la réception afin de préparer nos activité des prochains jours. Finalement, nous réservons un game walk pour le lendemain matin et un game drive "nocturne".
Glande et thé devant le chalet, entourés de bushbucks timides mais pas farouches. Douche chaude, coucher de soleil, puis apéro au coin du feu. Nous ne faisons pas appel au cuisinier ce soir. On aurait bien voulu, mais bon, pour une boerwurst poêlée (Shoprite oblige), ça ne semblait pas nécessaire. Elle était tout à fait acceptable.E, n vrai, je me demande pourquoi je vous montre des photos de bouffe. Ca fait un peu instagrameuse de quatorze ans qui ne sait pas trop quoi faire ni montrer. Mais en vrai, on s'est bien amusé à faire la cuisine sur ce gros poêle en fonte.
Le vin Sud-Af' fait son affaire, cela faisait quelques temps que je n'avais pas bu une telle concentration de sulfites.
Demain, on attaque Niyka de bon matin... | | La ranger nous demande si nous pouvons monter au camp un éminent cuisinier : la réponse est bien sûr positive, on ne voudrait pas mourir de fin.
Il aurait été dommage d'achever aussi tragiquement, et surtout le ventre vide, ce carnet (marrant, bien écrit, nonchalant, pertinent, sensible et cultivé...) | | Tu es le bienvenu. Heureux que ce carnet te plaise | | N'est ce pas ? Merci pour ton message. La suite, bientôt... | Heure du site: 9:56 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 560 visiteurs en ligne depuis une heure! |