Voilà (je ne connais pas ce cimetière, mais je en vois pas en quoi il aurait changé, une bell histoire !. De tout façon, pas besoin d'agence pour visiter
Kontum, le guide du Routard suffit !
KONTUM
J’ai bien aimé son cadre avec le fleuve Dak Bla et les montagnes en arrière-plan. J’ai passé une nuit au
Family Garden Hotel, derrière le Family Hotel, avec des chambres dans une maison en bois au fond d’un beau jardin pas cadeau (400 000 D), et pour ce prix, vous avez droit a la gueule fermée de la propriétaire et la royale impolitesse du fils. Le lendemain matin, j’ai donc déménagé en face, au
Bac Huong, un petit hôtel familial tenu par un charmant couple (anglais seulement) 9 chambres. Sgle/dble 13$ Tple 15$. Location de motos (10$ par jour). 196 Tran Hung Dao (en face du Family). hotelbachuong@yahoo.com.vn. Juste à côté, restau vietnamien sans prétention et pas mauvais.
Il faut voir dans
Kon Tum la belle
cathédrale en bois (Wooden Church) construite par les missionnaires français (très actifs dans tous les Hauts Plateaux) en 1913. Balade d’une journée en moto sur les pistes menant au
village banhar de Ko Katu (suivre la rivière et passer le petit pont suspendu, avant lequel il y a une belle maison banhar au grand toit pointu) et surtout, Histoire oblige, le village sedang de
Kon Jari, rendu célèbre grâce à un aventurier français (il se peut que son "palais" soit la belle maison sur pilotis sur la place du village.
Marie 1er, Roi des Sedang (1888-1890)
Marie-David de Mayrena était un français de
Saïgon marié à une
Cham et parlant couramment le viet et le
cham. Il vivotait d’articles dans Le Saïgonnais et autres « bricolages ». En 1888, craignant que les siamois, poussés par les allemands, ne pénètrent du
Laos dans les Hauts Plateaux, alors sous influence des missionnaires français, le Gouverneur Général a l’idée d’essayer de créer une ligue des minorités bahnar, jaraï, moï et sedang et charge de Mayrena de partir là-bas sans mission officielle pour essayer de créer cette ligue. En cas de réussite, il serait déclaré officiellement Chef de la Fédération Moï (on retrouve la même idée après 1945 avec la création de la Fédération Thaïe sous la férule de Déo Van Long à Lai Chau, cette fois-ci pour lutter contre le Vietminh).
De Mayrena arrive donc à
Kon Tum en passant par Qui Nhon et An Khe et fait la tournée des tribus vêtu d’un bel uniforme, bicorne et sabre incrusté de nacre et d’or et avec un porteur d’oriflamme. Il réussit à convaincre les bahnar et rédige une Constitution de la Confédération bahnar. Il continue avec les sedang et les jaraï (toutes ces tribus se battaient entre elles). Il réussit tellement à convaincre les sedang qu’ils le proclament roi, et de Mayrena écrit alors une 2e constitution, celle de la Confédération des Sedang, avec lui-même comme roi sous le nom de Marie 1er. Ladite constitution instaure un gouvernement avec un de ses aides français Ministre des Affaires étrangères et de la Guerre, et un père Grand Aumonier du Roi, et inclue deux articles, l’un interdisant les sacrifices humains et l’autre instaurant le catholicisme comme religion officielle du royaume. Il crée également deux décorations, l’Ordre de Sainte Marguerite pour récompenser la valeur militaire et l’Ordre du Mérite Sedang pour services rendus au roi. Il fait également imprimer de la monnaie et des timbres-postes.
Royaume d’opérette, mais il n’empêche que de Mayrena réussit à arrêter pour un temps les guerres entre tribus, et est de ce fait remercier par les autorités françaises. Hélas pour lui, le Gouverneur Général change et le nouveau n’apprécie pas du tout ce qu’il considère comme une plaisanterie. De Mayrena part en
France, puis en
Belgique pour essayer de trouver des appuis et surtout de l’argent par la vente de titres de son royaume, ce qui ne réussit pas. Il retourne en Indochine en bateau avec un groupe de riches jeunes gens auxquels il a fait miroiter un eldorado mais, arrivé à
Singapour, il est informé par le consul français qu’il est désormais interdit de séjour en Indochine. Obsédé par son royaume et désespéré, de Mayrena tente de se retourner vers l’empereur Guillaume 1er en lui offrant le protectorat du royaume, ce qui le fait accuser de haute trahison. Il se réfugie alors dans l’île de Tio Man en
Malaisie, et meurt seul en 1890, sans doute en se piquant avec une aiguille empoisonnée. A noter que sa confédération sedang durera jusqu’en 1897, date à laquelle elle est rattachée au Protectorat français d’Indochine.
Malraux en parle beaucoup dans ses Anti-mémoires et il semblerait qu’il voulait en faire un film.