Zapo64 · 24 mai 2013 à 11:03 · 509 photos 47 messages · 19 participants · 15 065 affichages | | | 24 mai 2013 à 11:03 · Modifié le 26 mai 2013 à 16:17 ArcticRoadtrip - 10 jours, 3 pays, 1770 km - Norvège, Suède & Finlande Message 1 de 47 · Page 1 de 3 · 11 069 affichages · Partager Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas posté de carnets de voyage, ceci dit on ne voyage pas tous les jours . Mais voilà en février dernier nous sommes parties de nouveau en Laponie pour un road trip de 10 jours entre la Norvège la Suède et la Finlande. Alors j'espère que vous êtes parés pour le voyage!
Ce carnet a été publié sur notre site et dans la catégorie blog on a aussi rajouté quelques petites infos complémentaire : www.retourdumonde.fr
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Quoi de mieux qu’une Saint-Valentin pour commencer un voyage ? Et pourtant, croyez le ou non, nous ne l’avons pas fait exprès ! On avait une revanche à prendre sur l’année dernière et notre voyage avorté en Norvège faute d’avoir réussi à s’organiser convenablement.
Bref, départ de Roissy- CDG sur les coups de 14h dans l’immonde terminal bétonné qu’est le terminal 1. Le plan de vol ? Un départ de Paris, direction Stockholm, puis de là une escale de 4h à Stockholm-Arlanda, pour reprendre un vol direction Kiruna. Le tout par la compagnie SAS.
Pour une fois, nous qui sommes assez malchanceux avec les avions, on n'a eu aucun souci de vol. Tous les avions sont arrivés en temps et en heure. L’escale à Arlandanous paraîtra un peu longue, malgré un aéroport bien fourni et assez sympa (tout est relatif hein !). Pour le second vol, ce qui devait arriver arriva, des aurores boréales en plein ciel, malheureusement elle seront juste en face de l’avion, ne laissant pour seuls spectateurs le pilote et le co-pilote. Nous tenterons bien de regarder dehors, mais on n'en verra que des miettes. On est qu’au début des vacances, tout est encore possible !
L’atterrissage à Kiruna est assez impressionnant, puisque sans souci, le Boeing atterrit sur une piste où neige et glace se mélangent. Comme quoi tout est possible, et les aéroports français feraient bien d’en prendre de la graine. L’aéroport est minuscule, nous sommes le seul avion (environ 3 vols par jour), et la descente se fait directement sur la piste, accueillis par l’enseigne de l’aéroport qui nous souhaite la bienvenue à Kiruna et nous délivre une température extérieure de seulement, -4°c. Le temps de récupérer nos bagages et nous voilà dans un taxi direction notre auberge de jeunesse. Sur le chemin nous n’aurons de cesse d’apercevoir au loin, celle qui fait la réputation et la richesse de la ville, Kiirunavaara, la mine de fer de Kiruna.
On se réveille tranquillement avant d’attaquer cette première journée au-delà du Cercle Polaire Arctique. En arrivant hier soir, on a remarqué que juste en face de l’hôtel s’était installé un marché. C’est donc l’occasion pour nous d’aller y traîner nos guêtres (ou nos moonboots, au choix). Mais plutôt que d’y aller directement, on y va en déambulant et en se perdant dans les rues glissantes et venteuses de Kiruna.
La découverte d’une ville est toujours intéressante, surtout lorsqu’on est arrivés de nuit la veille. Nouveaux lieux, nouvelle architecture, nouvelle ambiance. De prime abord, Kiruna me donne l’impression d’une ville de province où tout le monde semble se connaître, et même si l’architecture ne le laisse pas l’apercevoir, l’ambiance y est chaleureuse.
On est vite interpellés par un premier bâtiment. C’est un immense bloc de brique rouge. Après une petite gymnastique, nous comprenons très vite que ce qui se dresse face à nous est en fait l’hôtel de ville, Stadshuset.
Inauguré en 1963, l’hôtel de ville a été dessiné par Artur von Schmalensee. Lorsqu’on pénètre dans ce lieu, la première chose qui frappe, ce sont les poignées de portes en bouleau et en bois de renne. Ce travail magnifique de l’artiste Esaias Poggats a grandement été inspiré par le design des tambours sames.
L’intérieur du bâtiment surprend, grand et vide, mais avec un certain charme. Les matériaux sont nobles, mosaïques italiennes pour le sol, boiserie en pin de l’Orego n, et briques fabriquées à la main aux Pays-Bas. Dans le hall lumineux sont exposés les différents projets de déplacement de la ville de Kiruna, je vous invite à aller faire un tour sur notre blog où nous en avons parlé. La plupart de ces projets sont novateurs, et prennent ce grand chambardement comme un bon moyen de moderniser la ville.
On a continué en admirant les détails de la sculpture en bois de renne et bouleau de Lars Sunna et après cette courte mais instructive visite, on est ressortis pour continuer notre chemin en direction de l’église de Kiruna que l’on a aperçu ce matin depuis notre hôtel.
Impressionnante, posée sur sa colline, elle semble dominer la ville de son beffroi. On remonte donc le chemin sous une légère neige qui tombe et qui doucement vient nous picoter le visage de ses infimes flocons et sous un soleil qui tente quelques percées.
Avec le campanile qui se détache de l’église et le soleil qui commence à poindre, la vue est juste magnifique. Cette église, dont la forme s’inspire d’une hutte lapon e, est de chaque côté vitrée en son sommet. Malheureusement alors qu’on s’apprête à y rentrer, voilà que surgit un corbillard pour une cérémonie. Décidément, les églises protestantes de Scandinavie ne nous portent pas chance, on a toujours du mal, pour diverses raisons, à rentrer dedans. Nous nous éloignons à pas feutrés sur le chemin qui redescend vers le centre ville.
Bref imaginez ce type de marché mais à la sauce scandinave. C'est-à-dire que les babioles sont remplacées par des stands de Sames venus vendre gants, chapka, et chaussures en fourrure de raton laveur ou de renard blanc, les stands de nourriture sont remplacés par des vendeurs de kanelbullar, de donuts (très populaires dans les pays du nord) ou bien de saucisses.
Je ne sais pas pourquoi mais je trouve l’influence same très forte sur ce marché. Et au milieu de tout ça, un camion de boucher français ! Tout droit venu du 46, impossible à croire et pourtant. A l’intérieur du camion, on voit encore les affiches de ticket restaurant, une affiche vantant même les mérites du cochon français. Malheureusement, le vendeur est un local, nous ne pourrons donc en savoir plus sur cette étrange apparition.
Après renseignements pris à l’office de tourisme et auprès d’amis en France, nous décidons d’abandonner la visite de la mine initialement prévue, le prix est astronomique (plus de 35€ par personne) et la visite ne semble pas être si intéressante que ça. Après un rapide déjeuner dans le Kafé Rost de l’office de tourisme, nous décidons de tenter la visite du « Ice Hôtel » à Jukkasjärvi.
Mais là aussi contrairement à ce que nous pensions le prix est prohibitif ! Qu’à cela ne tienne, on décide tout de même de partir à Jukkasjärvi, au pire on pourra toujours se promener dans le coin.
On choppe notre bus 501 à la Gare Routière, juste devant l’hôtel de ville et on descend à l’arrêt du Ice Hôtel. Quitte à être là, on tente quand même d’aller voir cet hôtel qui attire des gens du monde entier.
Au final on se rend vite compte qu’on ne peut pas rentrer à l’intérieur de l’hôtel et visiter les chambres sans passer par la caisse mais par contre on peut sans problème se balader tout autour, rentrer dans l’église, etc...
La magie du lieu opère, c’est indéniable. Le lieu est impressionnant, le blanc immaculé de la neige contraste avec le ciel un peu chargé et le bleu de la glace qui sert à la construction. Le lieu est presque apaisant, et ce malgré le coté Disneyland et machine à touriste s qui saute tout de même aux yeux.
On pousse la porte de l’église, dont le prêtre multilingue et parlant un français impeccable, marie les riches touristes. L’architecture et la décoration y sont pensées avec goût et avec des détails assez impressionnants.
On continue de se perdre dans les allées du Ice Hôtel, et on atterrit face au lac Sautusjärvi d’où, au loin, on peut apercevoir les usines de Kiruna. Le long des berges, une salle d’exposition présente des photos dans des trous percés dans les murs de glace. L’ambiance créée à base de led est assez...déconcertante.
Ayant vu le maximum que l’on pouvait voir, on décide, en attendant le bus du retour, de s’enfoncer un peu plus dans le village de Jukkasjärvi. Le chemin qui nous mène à l’église est plutôt sympa, et son côté « perdu » nous fait rappeler Pelkosenniemi en Finlande. Une grande artère, quelques maisons, un seul magasin, une seule route.
La route se termine en sens unique au pied de l’église, la plus vieille de Laponie, plus vieille encore que celle de Sodankylä que nous avions vue l’année dernière. Mais celle ci est...fermée. Décidément ! Nous la regardons de loin, ne pouvant franchir les derniers mètres.
On lira plus tard dans les guides que sous le porche on peut lire diverses inscriptions de voyageurs dont l’une en latin de trois explorateurs français venus ici en 1681 :« Elevés en France, nous avons visité l’Afrique, goûté l’eau sacrée du Gange, et parcouru l’Europe ; ainsi, conduits par le destin et voyageant sur terre et sur mer, nous sommes finalement parvenus ici, au pôle où finit le monde »
Les maisons qui donnent sur la Torne River, sont vraiment mignonnes et nous donne envie de revenir à une autre saison pour voir le changement de paysage. On tombe littéralement amoureux d'une grande maison, les pieds dans l’eau. C’est décidé nous reviendrons l’été !
Nous faisons le chemin en sens inverse, le bus nous ramène à Kiruna en faisant un détour par l’université de physique spatiale de Kiruna qui, elle, nous donnerait presque envie de reprendre les études tant le coin est sympa.
La mine au loin, en plus de sans cesse délivrer une immense colonne de fumée et de faire clignoter un énorme phare métallique à son sommet, nous fait entendre un vrombissement, toujours perceptible, et ce 24h sur 24h. Encore plus le soir, lorsque les activités stoppent et que chacun rentre chez soi. Qui plus est un samedi soir, où la ville nous semble comme désertée.
Retour donc sur Kiruna, passage obligé au supermarché avant d’attaquer notre road trip. On attaque ensuite une petite balade nocturne dans l’un des parcs de la ville, où on peut admirer les sculptures des trois gagnants du Kiruna Snow Festival, dont celle des mexicains (!), troisième du concours. Les 1er étant les Russes et la Suède pour la seconde place.
La ville est presque fantômatique, les bâtiments vides et inertes sont les seuls phares de cette ville. Retour à l’ Hotell City, notre auberge de jeunesse. Demain les choses sérieuses commencent.
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Après un lever matinal, un check out rapide à l’auberge de jeunesse, nous allons à l’agence de location, située juste à côté, récupérer notre voiture qui sera notre compagnon pour les jours à venir. Après les formalités d’usage et avoir constaté que ce ne sont pas des pneus neige, mais bien de pneus à clous dont est équipée notre voiture, nous prenons la route, laissant derrière nous Kiruna et sa mine.
Dans le rétroviseur, alors que la fumée de la mine s’éloigne, c’est aussi le soleil que nous voyons grandir et se faire de plus en plus présent. Face à nous un ciel bleu et une immensité de petits nuages tout étirés, qui nous accompagneront durant tout le chemin de cette journée. Une grande luminosité se dégage de cette route, toujours gelée ou enneigée par endroits.
Sans faire de comparaison avec l’année dernière, mais avec un peu de nostalgie tout de même, on retrouve les petits serpentins qui virevoltent sur ce grand ruban de béton, très malmené par les intempéries...
Nous découvrons donc une route bordée de montagnes, plus ou moins hautes (toutes font environ 1000 mètres d’altitude), et nous en découvrons encore et encore au fur et à mesure que nous avançons, à chaque sortie de virage. Chacun ayant leur forme propre, tantôt cerclée d’une roche noire presque volcanique, parfois très à-pic, ou plus ronde, ressemblant au tunturi finlandais.
Tout en suivant la ligne de chemin de fer, en croisant des immenses gares qu’on dirait hantées et longeant la rivière Torneträsk, le beau temps nous fait découvrir des cieux déchirés entre nuages, montagnes et soleil.
On s'en rendra compte plus tard dans la journée, mais nous sommes montés à plus de 1000 mètres d’altitude. La route n’est pas du tout serpentée comme nous pouvons connaître en France nos routes de montagnes, elle est vallonnée, avec des virages parfois un peu serrés, mais reste agréable à conduire et assez large. Petit détail à ne pas négliger lorsqu’on croise les camions estampillés parfois du nom de la mine.
Les différentes vues que l’on a sur la Torneträsk sont toutes aussi magnifiques les unes des autres. Sous ce léger soleil, on commence à prendre nos premières claques visuelles, et je tombe sous le charme d’une magnifique montagne qui vient lécher la route, le Kaisepakte.
Nous arrivons vers 14h à Abisko, après nous être beaucoup arrêtés sur le bord de la route, ce que nous ne regrettons pas ! On se perd du côté de l’imposante gare où, sur le quai, trône une caravane qui sert de maison pour le chef de gare.
Abisko est LE point touristique de cet axe Kiruna- Narvik et à peine arrivés, nous voyons des monceaux de touristes partout dans la station. Pas mécontents qu’il n’y ai plus de place ici... Sans faire d’amalgames, tous les touristes impolis, bruyants, irrespectueux que nous croiserons, seront pour la plus part....japonais. Avec l’impression pour eux d’être dans un parc d’attraction, ils nous donnent qu’une seule envie, de fuir !
On rentre dans la « Turistation » d’Abisko, où l’on se trouve un petit casse croûte qu’on déguste dans la bibliothèque du l’hôtel. Accompagné d’une bière bio suédoise, on regarde dehors la neige qui commence à tomber, je tombe sous le charme d’une vieille carte de la Scandinavie que j’aurais bien emportée avec moi !
Il est 15h, la luminosité qui commence à décliner nous offre un des plus beaux couchers de soleil de tout le voyage, et pas grand-chose à faire dans cette station ou il faut payer 175 Sek soit 20€ par personne pour monter en téléphérique pour aller en haut de la montagne Nuolja et profiter du point de vue. On renonce. Et pourtant, à notre retour, lorsqu’on lira l’article de notre ami Léon sur Abisko, on aura quelques regrets. Mais bon ça nous fait toujours un prétexte pour y retourner.
Nous reprenons donc la route, croisant Björkliden, une autre petite station de ski. Sur la route, alors que nous longeons toujours les montagnes à gauche et les rivières et lacs à droite, nous n’aurons de cesse de passer entre d’énormes blocs de pierres noires agrémentées de longues langues de glace, signe que l’été l’eau et les cascades sont reines et que la nature y est à sa place. Plus on avance, plus une couverture de brume commence à recouvrir les montagnes alentour, nous offrant ainsi un magnifique spectacle.
Enfin nous atteignons Riksgränsen, vers 18h. Il fait complètement nuit, la station est composée d’un camping, de quelques chalets et de l’auberge de jeunesse, où nous nous rendons compte que nous sommes...seuls. Dans un bâtiment d’une trentaine de chambres, avec une énorme cuisine et coin salon !
Heureusement que Cécile n’a pas vu "Shining" car c’est immédiatement à ça que je pense !
On tente une petite virée "Aurores boréales" en nous arrêtant sur la route revenant vers Abisko, sans grand succès, on ne voit que quelques traces ce soir, le ciel étant très nuageux. Nous en verons bien une seconde au loin, très grosse mais aussi très furtive qui viendra lécher le flanc de montagne, juste au dessus d’où nous logeons. Quelle poisse !
Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la frontière, demain direction Narvik puis Bardu. | |
Nous nous levons à Riksgränsen, sous un ciel complètement bouché et de la neige qui tombe...de plus en plus en abondance et avec de gros flocons. La vue est bouchée et l’on distingue à peine le camping en contrebas.
On prend un déjeuner "comme à la maison" dans cet immense salon rien que pour nous. Remarquez d’ailleurs la taille du bâtiment qui était à notre disposition !
On prend donc la route sous une purée de pois direction Narvik et au bout de quelques kilomètres et alors qu’on ne l’attendait pas tout de suite...nous voilà face à notre première frontière. La Norvège. Aucun panneau, même de précision des vitesses sur la route, pas même un panneau marqué tout simplement " Norvège", simplement dans notre dos un panneau signifiant que l’on rentre sur la commune de Kiruna. Un simple poste frontière, vide, métallique, et battu par les vents.
Plus loin, on verra (enfin) un panneau nous précisant notre entrée sur la commune de Narvik, et la région du Nordland.
On continue sur une route un peu sinueuse, toujours vallonnée, avec un vent de côté assez époustouflant qui amène des congères sur la route. Le vent est vraiment très fort, la route en très mauvaise état de base, et la couche de neige et parfois de glace n’arrange pas nos affaires.
On s’arrête un peu sur un petit parking, et là dès qu’on sort on se prend des rafales d’une violence assez impressionnante ! Derrière la neige, on semble apercevoir le soleil...et même un troll !
Puis tout d’un coup, au détour d’un virage, les nuages se dégagent pour laisser place à une vue imprenable sur le fjord. La typologie du paysage, la température, l’atmosphère, tout change du tout au tout. Le contraste est saisissant !
Nous essayons de nous arrêter, tout comme en Suède, mais en Norvège, il n’y a pas de panneau pour prévenir des arrêts sur le bord de route, ils sont simplement indiqués à leur emplacement, après un virage, ou derrière un arbre. Avec près d’un mètre de neige sur le bord de la route, difficile de tourner au dernier moment... Également, certains "points pique-nique" sont toujours indiqués mais pas toujours déneigés. Pas simple d’anticiper un arrêt qui plus est, est toujours posté au mauvais endroit, à croire que c’est fait exprès !
Et puis on aperçoit le pont, le fameux pont qui marque l’entrée de Narvik, puis les premières maisons apparaissent au loin.
Difficile de raconter l’histoire de cette ville minière en quelques lignes. Mais voilà tout de même ce qu’il faut en savoir. Elle a fait sa richesse grâce à la ligne de chemin de fer venant de Kiruna. De cette dernière partait les trains de la mine qui allaient jusqu'au port d'où ensuite, par bateaux, était envoyé le minerai aux quatre coins du globe. Et cette activité continue encore et encore. Cette liaison d’approvisionnement en fer devint un enjeu très important durant la Seconde Guerre Mondiale.
De ce fait, la ville a été le théâtre de longs affrontements résumés sous le nom de "La Bataille de Narvik", pendant laquelle les français eurent un rôle crucial. La ville comporte un certain nombre de cimetières militaires.
La pancarte à l’entrée a beau indiquer "Commonwealth Cemetery" on ne trouvera que des tombes de locaux. Petit détail, le métier du défunt est souvent mentionné sur la stèle.
La ville a été presque entièrement détruite pendant la guerre et du coup, la première approche de la ville semble confirmer ce que nous en avons entendu, à savoir qu’elle manque de charme. Néanmoins, la descente près du port (jamais pris par les glaces) vaut vraiment le coup, ne serait ce que pour le contraste entre le rouge des bateaux, le ciel presque charbonneux, la mer d’une transparence rare et au loin les énormes super tanke rs qui se font charger ras la gueule du minerai de fer de la mine de Kiruna.
Un rapide tour dans la ville, celle-ci n’étant pas bien grande, une photo du traditionnel panneau de distance nous indiquant que nous sommes plus proche du Cap Nord (2407 km) que de Paris (3189 km) et nous reprenons notre route.
Nous devons revenir sur nos pas sur quelques kilomètres, et l’on décide de prendre notre petit thé, face à une vue magnifique sur un fjord. La vue à 180° qui s’offre à nous, nous laisse sans voix.
L’eau est translucide, les montagnes découpées et acérées semblent chercher à transpercer les nuages pour laisser place au soleil. Des plages se dessinent en contrebas de la route, pleines de rochers, et de hangars à bateaux.
D’ailleurs, le contraste entre les gros cailloux noirs, les berges blanches, et l’eau translucide, tout ça fait un mélange de contrastes, de reflets qui sont époustouflants. Ce n’est pas sans nous rappeler les photos que nous avons vues de l’ Islande.
On reprend la route, et on n’arrête pas de voir des panneaux indiquant des points de vue avec explications historiques à la clé. Le premier que nous croisons, est celui offert par les norvégiens en hommage aux chasseurs alpins français, qui durant la seconde guerre ont combattu l’ennemi allemand qui tentait de s’emparer de Narvik, afin de contrôler la liaison Kiruna > Narvik, et l’acheminement de fer, nécessaire pour leur armement.
En suivant les lacets de la route, on décide de s’écarter un peu du chemin afin de prendre un thé. il est 16h, et l’on s’embarque sur la route 84 qui longe un fjord.Soleil couchant oblige, une luminosité douce et basse se reflète dans l’eau, en partie gelée sur le fond du fjord. Les courants ont d’ailleurs formé des petits monticules sur l’étendue de glace, des sortes de mini icebergs.
On continue jusqu’à arriver sur Sjøvegan, et avant de couper pour se diriger vers Setermoen, on s’arrête devant une église qui permet une vue en hauteur de fjord. Le soleil continuant sa descente, la vue est à couper le souffle. Au loin nous discernons une montagne, semblable au célèbre pain de sucre brésilien, elle est là, toute seule, mais dominant l’entrée du fjord de toute sa hauteur.
Comme toujours, un petit tour dans le cimetière, dans lequel les tombes les plus récemment visitées sont déneigées et illuminées d’une bougie. On marche sur un sol fait de petites billes de glace, à chaque pas, c’est une petite musique semblable à un arbre à pluie qui se met en marche.
On reprend le chemin vers Setermoen, avec des sapins entièrement déneigés qui entourent la route. Arrivés à Setermoen, petite station de ski sans grand intérêt, nous nous dirigeons vers "Steirud Gard" sur les hauteurs de la ville, qu’on pense être de premier abord être au milieu de la forêt, mais qui se révèlera être un endroit fort dégagé...
A notre arrivée, une seule maison est allumée à l’intérieur, la nôtre. Et là, comme dans notre chalet, l’année passée, en Finlande nous tombons amoureux de l’endroit. La petite maison y est ultra chaleureuse, ancienne, avec un vécu. L’intérieur y est lambrissé de bois blanc, où trône un vieux poêle à bois, des anciennes boîtes de biscuits. Bref on a trouvé un autre petit coin de Paradis. Alors qu’on se décide pour aller faire des courses, on aperçoit dans le ciel nos premières aurores.
Mais impossible de se lasser face à ce spectacle qui nous fait redevenir des enfants.
C’est exactement ce que nous dira la personne qui viendra nous donner du bois pour la cheminée et s’occuper des chevaux juste à côté. Après nous avoir donné des œufs fraîchement pondus, elle nous montrera justement les deux chevaux qui servent pour des promenades l’été. Même eux ont des fers à clous !
Vous excuserez la qualité médiocre des photos, mais mon appareil crame les photos dès 400 ISO et n’a pas de mention de mise au point à l’infini sur les objectifs. Les réglages s’affineront pour les prochaines soirées d’Aurores.
Après un plateau-cheminée (presque le même que le plateau-télé), on décide d’aller dans la kota faire et prendre notre café. Une kota c’est petite hutte same en bois. Beaucoup en ont dans leur jardin, pour discuter entre amis, ou tout simplement pour le plaisir. Qui n’est jamais rentré dans une kota, ne sait pas au combien c’est agréable.
Ca sent le bois, il y fait froid mais en même temps chaud. On s’assoit sur des peaux de rennes, tout en y faisant un énorme feu, qui vient nous réchauffer. Bref, une kota, du feu, des aurores boréales, un lieu où nous sommes tout seuls. Nous sommes heureux.
Heureux mais fatigués, tant la journée à été riche en paysages et en extase. Demain nous prenons la route pour Tromsø et les Alpes du Lyngen. | | Bonsoir,
Beaucoup de charme, ce carnet et les photos sont chouettes. J'attends la suite avec impatience. | | De belles photos et un beau récit. Je m'installe.. | | À: Toth · 27 mai 2013 à 8:48 Re: ArcticRoadtrip - 10 jours, 3 pays, 1770 km - Norvège, Suède & Finlande Message 6 de 47 · Page 1 de 3 · 10 787 affichages · Partager c'est un très beau récit et un beau voyage que vous avez fait cela me rappelle le mien, si je peux me permettre il y a un erreur dans votre récit entre les km Paris et Cap Nord vous avez confondus avec le Pole Nord encore merci pour ce voyage, on attend la suite. | | En effet j'ai confondu Pôle Nord et Cap Nord dans le récit, merci d'avoir eu l'oeil je vais faire la modification @Toth j'ai été voir vos photos sur votre compte Flickr, waouw, vos photos du Japon sont magnifiques !
Je met la suite du récit dans l'après-midi | | Bah c'est simple - vous avez réalisé mon rêve... J'ai fais Copenhague - sud de la Suède en mai et je garde que des merveilleux souvenirs. Je vais garder votre blog et commencer à lire tous ça ! :D | |
Levés de bonne heure, c’est sous un magnifique soleil et avec une vue à couper le souffle que se prend le petit café du matin.
Du coup, comme nous sommes arrivés de nuit la veille, on en profite pour découvrir en détail la déco de notre petit coin de paradis. Tout y est décoré avec soin dans des tons de gris, blanc et beige.
On retrouve les traditionnelles bougies devant les fenêtres qui amènent une éclairage délicat quand vient le soir. De la vieille boîte à gâteaux jusqu’à l’antique poêle à bois, chaque élément participe à la chaleur du lieu.
Et pour ce qui est de la nuit passée, on a dormi comme des bébés dans un vieux lit bateau. Cela dit après avoir veillé une partie de la nuit pour voir les aurores, autant vous dire qu’on n’avait pas besoin de berceuse !
Il fait tellement beau et l’on se sent tellement bien ici, qu’on a du mal à quitter les lieux alors on flâne, on va faire un tour dans la vieille ferme du début du siècle, où les poules collées les unes aux autres se tiennent chaud. Et surtout on en profite pour aller prendre des photos de la kota.
Et pour terminer la visite on décide d’aller voir les chevaux que la fille qui s’en occupe nous a rapidement montré la veille au soir. Cette race de chevaux norvégiens, aux poils d’hiver très longs sont magnifiques. D’une robe entre le beige et le jaune, ils ont des reflets dorés. Leur propriétaire nous a expliqué que ces chevaux de la race Fjord, reconnaissable entre mille grâce à leur crinière "punk" aux poils beiges et au-dessus noirs, sont d’une race très ancienne, descendante des chevaux mongols.
On leur dit alors au revoir et on les regarde là dans leur champs à attendre que l’hiver se termine pour aller se balader en forêt et quitter leurs fers cloutés.
C’est l’occasion pour nous, d’enfin faire le petit chemin "montagnes russes" qui nous a mené à notre chalet, de jour, dans le sens inverse. Ce chemin longe la rivière Bardu, totalement gelée mais à des degrés différents, ce qui nous permet d’admirer un magnifique jeu de reflets avec le soleil au dessus des petites montagnes.
Qui plus est, l’eau qui coule le long des parois en gelant fait de magnifiques sculptures en dentelle dont la transparence est la preuve de leur fragilité.
On décide de faire un rapide détour par les Malselvfossen qu’on aperçoit d’un petit promontoire. Malheureusement impossible de s’en approcher l’hiver, tout y est fermé ou non dégagé. On continuons cette petite route 854 qui nous fait passer au dessus d’un petit barrage, avec une seconde petite chute, elle aussi gelée, c’est l’occasion pour nous de prendre quelques photos.
On rejoint alors la route principale, l’E06, au niveau de Bardufoss. Le moment pour nous de faire notre premier plein (ouach la note !), de prendre une photo du vieux pont de 1923 et de repartir.
On doit bien l’admettre cette portion de route est jusqu’à maintenant la moins intéressante que nous ayons fait. Le paysage n’y est pas exceptionnel, voir presque monotone et triste. La route s’étire sur des kilomètres sans nous donner son lot d’émerveillement rencontrés jusqu’alors. Nous croisons tout de même des petite srivières, ou bien des champs qui ont été inondés avant l’hiver, tant et si bien que la rivière ou le lac ce sont mélangés à la terre pour former de grandes langues de glace.
Petit à petit le paysage change, les montagnes se font de plus en plus imposantes, plus blanches, plus acérées, ce qui donne l’occasion là encore, de magnifiques reflets entre l’eau et les montagnes. Nous voilà donc sur la portion de l’E08 appelée aussi "Northern Light Route" qui s’étend de Tornio en Finlande jusqu’à Tromsø en Norvège.
Tromsø, justement, approche à grand pas, et l’on commence à distinguer le fameux grand pont en arche qui rejoint la terre ferme et la Tromsøya, l’île sur laquelle repose la ville. A l’entrée de ce pont nous passons juste devant la Tromsdalen Kirke, la fameuse cathédrale arctique (qui n’est, en réalité, pas une cathédrale à proprement parler) que l’on ira voir un peu plus tard.
On pénètre dans la ville par ce pont, et on est tout de suite impressionnés par le côté vallonné de la ville. A côté Montmartre ressemble aux Pays-Bas ! Les rues y sont abruptes, les gens marchent avec des chaussures cloutées, les voitures patinent, mais qu’est ce que les hauteurs sont magnifiques !
Au-delà de la vue sur les fjords qui encerclent l’île, ce sont surtout les vielles maisons en bois qui sont d’une chaleur et d’une beauté à couper le souffle. Cela contraste avec la ville plus récente en contrebas, un peu plus bétonnée. Le charme de cette ville est indéniable. On déambule donc dans les rues résidentielles de la ville avant de, petit à petit, se "perdre" dans le cœur de la ville.
On déambule devant la magnifique bibliothèque moderne de la ville, ainsi que sa nouvelle mairie, des bâtiments très lumineux faits majoritairement de verre ce qui apporte une touche très agréable de modernité architecturale. On s’arrête quelques instants dans le jardin attenant à l’ancienne mairie, avec son kiosque à musique dans les mêmes couleurs.
Notre chemin nous fait passer devant une boutique de bonbons tout droit sortie des contes de Grimm ainsi que devant le massif bâtiment de la banque de Tromsø.
Et puis finalement on arrive devant la vraie cathédrale de Tromsø. la Tromsødomkirke, la cathédrale la plus au nord du monde (comme il est souvent rappelé dans les guides, beaucoup de chose à Tromsø sont les plus au nord du monde) et consacrée en 1861.
Construite en bois blanc ivoire et bleu, la cathédrale est magnifique, surtout sur ses flancs ou de grandes vitres font rentrer la lumière. Nous sommes seuls dans l’église, et profitons de la beauté et de la chaleur des lieux.
Après cette petite pause, on descend flâner sur le port. On passe devant une ancienne fabrique de beurre et un restaurant connu pour encore servir du phoque et de la baleine. Sur les quais le gigantesque paquebot Hurtigruten, attend d’embarquer ses passagers soit pour Kirkenes ou Vadsø ou bien même le Svalbard. Quelques gros bateaux de pêche sont aussi amarrés, attendant leur sortie en mer.
On remonte tranquillement les pentes de la ville en essayant de ne pas tomber, jusqu’à l’école d’art où l’on a garé notre voiture. La vue et la lumière sont magnifiques alors on en profite pour faire quelques photos de la ville avec les fjords dominant à l’horizon.
Le chemin inverse nous fait passer à nouveau devant la cathédrale arctique. On décide de ne pas la visiter de l’intérieur, car l’entrée payante est rédhibitoire. Alors on se contente de quelques photos de l'extérieur, avec au loin le soleil qui se couche doucement, très très doucement. Il est 18h, direction Breivikeidet.
Breivikeidet. C’est là que l’on doit prendre le ferry direction Svensby, le port de l’île des Alpes du Lyngen, là où ce soir nous dormons.
On arrive sur le terminal d’embarquement, nous sommes seuls. Absolument seuls sur un immense parking vide battu par les vents. Dehors il fait -12°c mais la température est bien plus froide du fait du vent violent qui s’est levé. L’eau du fjord qui vient taper sur les berges, et surtout en raison de la différence de température entre l’eau et l’air, se transforme alors en gros nuages d’humidité qui virevoltent et traversent notre parking vide.
Le sentiment de bout du monde se fait indéniablement ressentir. On a plus d’une heure à attendre avant l’arrivée du prochain ferry. Petit à petit, d’autres voitures nous rejoignent, prêtes à embarquer.
Après une rapide traversée, d’environ 20 minutes, nous voici dans les Alpes du Lyngen. On fait la route sous une demi lune, qui de sa luminosité vient faire ressortir les ombres des montagnes acérées.
Le spectacle de nuit est je pense aussi beau que celui de jour, tant le ciel étoilé, la luminosité de la lune, le silence, sont impressionnants. Même si l’on ne voit pas grand-chose, on devine, sans savoir si nous sommes dans le vrai ou non.
Après quelques difficultés pour trouver notre hébergement du côté de Ørnes, on arrive enfin. Notre hôte nous accueille mais il n’est pas seul. Avec lui ce sont les aurores boréales qui se réveillent.
Le temps pour nous de vider la voiture et c’est alors un festival qui commence, et qui durera une bonne heure et demie, avec parfois des petites "danses" encore plus impressionnantes que la veille.
On s’ouvre une bière que l’on boit sous les étoiles avec un petit bol de chips posé à même le sol et puis on discute avec un touriste étranger qui comme nous chasse les aurores pour les vacances. Il nous dit qu’il revient de Kilpisjärvi en Finlande où il en a vu de très belles.
On se couche satisfaits et heureux du spectacle qui nous a été offert. Demain on fait un petit break dans notre road trip, c’est journée récupération et relâche, on retournera sans doute à Tromsø. | | Mais comme c'est trop beau ! Merci pour cette découverte et ne vous excusez pas pour les photos, elles sont splendides Je ne suis pas particulièrement fan des carnets de voyage de VF mais peut-être parce que ce n'est pas du tout un lieu qui me faisait rêver, j'y ai jeté un œil, puis 2 et me voilà scotchée ! Je file sur Retour du Monde... Cécile | | Super votre road trip, j'envisage un voyage là haut mais rien n'est encore défini, j'etais avec Hurtigruten du 11 au 21 fevrier 2013 et pas d'aurore! alors quand je vois vos photos......aaaaaah! Pouvez vous me dire comment vous avez trouvé vos hébergements?
Merci Monique. | | Merci à vous déjà d'avoir pris le temps de nous lire
Bizarre parce que c'était une période pas mal active, une amie dans les Lofotens en a vues pas mal le soir du 14 février, et pareil les autres soirs pour nous (4 soirs sur 10). Trop de nuages de votre coté ? Vous avez fait d'où à où ?
Pour ce qui est hébergements la question reviens très très souvent, mais pas de recette miracle, on a passé sans doute 2 semaine à écumer les sites internet d'office de tourismes (visitsweden, visitlapland,...), les sites de particuliers, etc... pour trouver des hébergements sur notre chemin, et à des prix convenables. Cela n'a pas toujours été simple, on l'explique d'ailleurs dans l'épilogue de notre voyage, que vers la fin de la boucle on a même du se rajouter une étape tout simplement parce qu'on ne trouvais rien dans une certaine région.
Pour ce qui est des adresses j'en rajouterais deux ou trois une fois que j'aurais posté tous les jours, n'hésitez pas à me relancer si jamais je venais à oublier
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Ce matin, on l’avoue, on a pris notre temps. Beaucoup de route hier, et on s’enchaîne les étapes depuis Kiruna. Par ce temps plutôt froid, les batteries, aussi bien celles des appareils que les nôtres, se déchargent vite.
On redescend donc sur Lyngseidet, et on en profite pour repérer l’embarcadère que l’on doit prendre demain matin pour continuer notre chemin. Je remarque un gigantesque Père Noël en bois caché parmi les sapins, et je me souviens que quand j’étais venu avec mes parents, j’avais déjà flashé dessus.
On fait donc la route en sens inverse, c’est l’occasion de voir si les paysages que l’on avait imaginé sont vrais ou non. La petite route qui nous emmène jusqu’au ferry de Svensby est petite et pas large, elle serpente parmi un fjord "miroir", qui reflète les montagnes. On ne croise pas grand monde sur la route. A croire que le flot de voitures n’est là que lorsqu'un ferry arrive.
Arrivés au petit port de Svensby, d'où l’on a débarqué la veille, on voit que notre ferry est à quai. Chouette on n’aura pas à attendre...Et bien si, puisque c’est la pause déjeuner des matelots alors comme tout le monde, on patiente.
Le petit kiosk à la sortie de l’embarcadère est fermé, malheureusement. Alors pour éviter d’avoir la tête comme un compteur à gaz durant le temps de la pause, on s’éloigne des deux camions qui laissent leurs moteurs tourner et on va se poser sur la plage, face au fjord, on tente vainement de se réchauffer avec le soleil.
On finit quand même par monter dans le ferry. Cette fois-ci, contrairement à la veille, on a pu monter dans la salle commune, histoire de se poser et de profiter du paysage. Les ferrys en Norvège, c’est un peu comme le RER ou le taxi.
C’est le moyen le plus rapide pour aller d’un fjord à un autre. Par contre contrairement aux transports en commun parisiens, ce n’est pas l’affluence. On doit être grand maximum 6 ou 7 ce midi-là.
Je profite des quelques minutes de traversée restantes pour me balader sur le M/F Jæggevarre et prendre quelques photos des fjords alentour.
Une fois débarqués, on reprend la route et on avale les derniers kilomètres jusqu’à Tromsø en calant la radio sur NRK Sami, la radio officielle des Sames en Norvège.
Arrivés à Tromsø, c’est déjà l’heure du déjeuner. Pour ça on a repéré dans les guides un petit resto pas cher (enfin...) le Knoll Og Tott où se croisent étudiants, familles et dockers. On craque pour une bakt potet, pomme de terre au four, aux crevettes et à la crème.
Après cet intermède culinaire, c’est sous un beau soleil, un temps dégagé et un vent (très très) frais qu’on décide d’attaquer le Nordnorsk Kunstmuseum, autrement dit le musée des arts du nord de la Norvège.
Le musée est gratuit (oui vous avez bien lu) et présente différents artistes norvégiens et étrangers. On a la chance de voir une petite expo temporaire sur la célébration de l’anniversaire de la première venue du roi Oskar II à Tromsø. Quelques vielles photos, mais surtout la truelle dorée qui a permis au roi de poser la première pierre du monument du Cap Nord.
On déambule alors dans les 3 étages agréables du musée où les tableaux nous rappellent les paysages traversés : fjords et cieux très nuancés. Il y a de nombreuses peintures des Lofoten, mais également du Svalbard, en passant par des toiles de grandes scènes historiques norvégiennes. On notera le tableau de Laestadiusprêchant pour quelques sames, peint par un français, François-Auguste Biard.
On reste surtout scotchés devant un tableau du Spitzberg peint par l’allemand Franz Wilhelm Schiertz. Un tableau de toute beauté, que je prends en photo discrètement car c'est interdit. Oups...
Pour les 150 ans de la naissance d’ Edward Munch aura lieu une grand rétrospective à Oslo. En attendant la date de l’exposition, l’autoportrait à la cigarette se balade dans tout le pays, protégé dans une énorme valise blindée. Par contre là, vu le nombre de caméras je n'essaye même pas de faire une photo !
En sortant du musée, on s’aperçoit qu’on y a passé plus de temps que prévu, et qu’on a loupé de quelques minutes la visite de la brasserie Mack (la brasserie la plus au nord du monde...enfin jusqu’en 2010), d’ailleurs signalée dans aucun guide.
Alors on décide de pousser jusqu’au musée Polaria, musée sur la vie du monde polaire. 17h passés, forcément il est fermé. On traîne donc autour de la belle architecture, on regarde de plus près la sculpture de Roald Amundsen, le célèbre explorateur et on admire derrière la vitre, sous une cloche de verre, le dernier bateau chasseur de phoque. Le Polstjema.
On attaque, comme la veille, l ’ascension des rues de Tromsø où l’on a garé notre voiture. On prend le temps d’écrire les cartes postales sur le tableau de bord et on se remet en marche direction le ferry, les Alpes du Lyngen.
Tromsø nous laisse un sentiment de ne pas avoir tout découvert, il faudra que l’on y retourne. De plus, l’ambiance y est vraiment agréable, sans être trop envahie par les touristes et les traditionnelles boutiques de souvenirs.
Dernière nuit dans notre "House of Europa", ce soir pas d’ Aurores Boréales et demain, on retourne dans notre pays de cœur : La Finlande.
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Debout de bonne heure, on constate assez vite que le soleil, bien que présent, a un peu de mal à se lever au-dessus du Pollfjellet, la montagne qui nous fait face et par-delà laquelle partaient les aurores boréales.
Le temps pour nous de prendre quelques photos, de profiter de la vue à couper le souffle sur les cascades gelées et de charger la voiture direction Lyngseidet. On quitte notre " House of Europa" et on se met en route vers le port.
En attendant le ferry, on passe faire un tour au REMA 1000, le supermarché de la ville. C’est intéressant de constater que ce type de lieu impersonnel est parfois le seul lien social, le seul lieu de rencontre des habitants d’un village. Après avoir acheté quelques bières et nous être faits prendre, par la vendeuse, pour des mineurs, on remonte vers le port (qui est à 50m) et en attendant le ferry on profite de la lumière matinale sur le port de Lyngseidet.
Voilà le ferry qui arrive au loin. Celui-ci est plus long, et nous emmène rejoindre la terre ferme du côté d' Olderdalen. C’est donc à nouveau parti pour le rituel du ferry, on attend, on paye, on se gare, on sort... Pour le coup on constate que celui-ci a de la bouteille et n’est pas en super état, en même temps ça lui donne un certain charme.
C’est parti pour une traversée d’une grosse demi-heure, l’occasion d’aller faire un tour à la cafeteria, et s’amuser des bidons de ketchup et de mayo accrochés au plafond et qui oscillent avec le courant.
Ce trajet, de jour, est surtout l’occasion de s’émerveiller devant les lumières et les reflets sur les fjords nous entourant. Comme les autres fois nous ne sommes pas beaucoup à bord. Les mêmes camionneurs fatigués, les mêmes familles qui attendent, certains lisent, d’autres boivent en regardant le paysage.
Du ferry on a un autre point de vue sur la beauté des paysages, sur ce soleil qui tente de percer la légère couche nuageuse, ou sur ce bateau de pêche assailli par une horde de mouettes à la recherche du moindre morceau de poiscaille à dévorer.
A la descente du ferry, le spectacle est au rendez-vous. La route contourne le fjord sur les deux versants. D’un côté, l’eau est glacée, pétrifiée. On s’arrête quelques minutes histoire de profiter du paysage et l’on ouvre grand nos oreilles pour entendre la glace craquer au gré du vent et des courants.
Hormis ce seul bruit, le silence est roi. Mais de l’autre côté étonnamment, le vent est plus soutenu, l’eau y est houleuse et la montagne plus abrupte nous obligeant à passer sous divers et longs tunnels.
La route défile sous un temps changeant, entre nuages chargés, pointe le soleil. Le chemin se fait sinueux épousant les déformations du relief. Le vent est de plus en fort, et de petites vagues viennent taper les berges.
Petit à petit, le soleil arrive à maintenir son avance sur les nuages et c’est bientôt l’heure du déjeuner alors nous mettons en recherche d’un coin sympa.
Et puis on arrive à Skibotn, petit village de pêcheurs où, charmés par l’endroit, on décide de s’arrêter. On sait qu'on est, depuis peu, en plein cœur du territoire same pour plusieurs raisons. Tout d’abord nous captons les radios sames, à savoir la radio norvégienne NRK Sami et plus tard sur la route sa cousine finnoise YLE Saame, mais aussi car les panneaux d’entrée et de sortie des villes sont désormais indiqués en trois langues : norvégien, finnois et same.
Le petit port de Skibotn est très mignon, plein de charme, mais battu par un vent qui se fait de plus en plus fort, la mer y est houleuse et déchaînée, tandis que l’on aperçoit la neige voler au-dessus des montagnes par gros paquets. Néanmoins, cette mer rend silencieuse la nature qui nous entoure, nous inspirant un profond respect pour celle-ci.
Au pied du port on aperçoit un séchoir à morue, vide, mais signe que nous sommes encore bien en Norvège.
Nous reprenons la route après être passés devant la petite église en bois blanc. Soudain la route se sépare et nous prenons à gauche direction Kilpisjärvi. Et là, petit à petit la typologie du paysage se métamorphose, les arbres deviennent de plus en plus petits, les montagnes se font plus basses et plus rondes. Et alors que la route monte doucement mais sûrement, les plaines se forment des deux côtés de la route.
Et soudain alors que nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres de la frontière finlandaise, on fait face à un paysage qui nous laisse sans voix. Impossible de trouver un adjectif tant le spectacle est de toute beauté.
Une grande taïga s’étend à notre droite, d’un blanc immaculé, lisse, avec une neige vierge, seulement brisée par quelques traces d’animaux ou de quelques rares skis.
Au loin, dans un second plan, le soleil prend son temps pour se coucher derrière les montagnes. Nous restons là une bonne vingtaine de minutes, sans bouger, à écouter le silence, et à se prendre une de nos plus belles "claques" visuelles de ce voyage. Nous retrouvons les paysages finlandais que nous avons tant aimés, même la lumière semble être différente des paysages norvégiens.
Nous nous arrachons de ce spectacle saisissant, et toujours branchés sur YLE Saame on reprend la route, et les panneaux qui fleurissent nous font savoir que nous approchons de la frontière. A la frontière finno-norvégienne, nous ne croisons que des camions, majoritairement russes, en attente de passer les contrôles de la douane.
Sur le chemin qui nous mène à Kilpisjärvi, nous croisons un biblio-bus, une bibliothèque ambulante same, qui va de village en village pour amener un peu de lecture à la jeune population same. Passant à Kiruna, Muonio, Kautokeino, faisant fi des frontières terrestres qui ont tant posé des problèmes aux sames, pour accomplir sa mission culturelle. Nous prenons une petite pause au pied du mont Saana, montagne sacrée des Sames. On ne peut pas le nier cette montagne impose immédiatement le respect. Dominant de ses 1029 mètres le lac de Kilpisjärvi.
On prend possession de notre petit chalet et nous en profitons même pour déguster une bière norvégienne de Noël (oui la période est passée mais il faut bien vider les stocks des magasins), une Grans Julebrygg et décidons d’aller manger à l’un des seuls restaurants du coin.
Dehors le vent s’est levé, et commence à souffler de plus en plus fort, soulevant de grosses giclées de neige. A croire qu’à chaque fois qu’on mange dans un restaurant en Finlande, la tempête s’abat ! Nous avions eu la même chose à Luosto.
Qui dit Laponie et territoire Same, dit forcément, pour le menu, renne pour moi et saumon pour madame. Ce sera dont Soupe de renne, toast avec saumon et renne et ensuite un burger de renne et pour Cécile, saumon et œufs frits. Le tout accompagné d’une Sandels, bière finlandaise.
Alors que la tempête se lève et fait rage, juste pour le plaisir des sens, et pour l’ adrénaline, on décide de reprendre la route pour quelques kilomètres et de retourner au-delà de la frontière face au paysage lunaire qu’on a tant apprécié quelques heures auparavant.
La route, dans les deux sens, se fait sous des bourrasques de neige assez violentes soulevant des monticules entiers de neige. Arrivés à notre point de vue, vu que le paysage est quasiment plat, c’est surréaliste.
Les rafales à 90 km/h sont impressionnantes, faisant soulever nos pieds. La neige nous cingle le visage, mais le peu qu’on voit de la vue éclairée par la lune, est de toute beauté. Un sentiment de fin du monde nous envahit.
Retour à la maison, on prend encore un peu le vent sur la terrasse de notre petit chalet, on rassemble nos notes de la journée, on regarde la carte une nouvelle fois. Demain direction Enontekiö pour notre plus longue étape.
| | Superbe ambiance!
Merci pour ces belles images. | | Nous sommes partis de Bergen le 11 fevrier, le 17 à Kirkenes puis retour :le18 au soir nous repassions par Tromso (date ou vous y etiez je crois) ;debarquement à Trondheim le21. Toujours très beau temps, ciel dégagé, mais seulement de faibles lueurs dans le ciel, aucune couleur. J'envisage d'aller vers les alpes de Lyngen........... | | Bonjour, Merci pour ce carnet et les belles photos, j'ai passé un très bon moment. Nous avions projeté d'aller en Norvège aux mêmes dates que vous mais je m'y suis prise trop tard pour les réservations d'avion etc. Je m'y prendrai plus tôt pour l'hiver prochain. Quelle chance pour les aurores., magnifique ! Liliane | | Peut être une question d'horaire, de nuages, la Reine de la lumière, comme certains surnomment les Aurores Boréales, est assez capricieuse. Mais en effet c'est pas très loin de Tromsø, le 18 que nous avons eu droit à un beau spectacle. Les Alpes du Lyngen sont vraiment magnifiques, beaucoup de chose à faire, à voir, des ballades, mais dans un endroit pas trop touristique.
@ Lilevis : C'est "marrant", parce nous c'est l'année dernière où nous avions étés tentés par la Norvège, et où, pareil que vous nous nous y étions pris trop tard. Comme quoi il ne faut jamais désespérer, je suis sur que ce seras l'occasion d'un très beau voyage l'hiver prochain ! ;) | |
Ce matin, lorsqu'on se lève, on se rend vite compte que malgré le fait que le vent se soit calmé durant la nuit (notre petite cabine nous en faisait vivre chaque assaut), la neige est tombée en conséquence. Environ 10 cm bien tassés, et ça continue encore et encore, à gros flocons.
Le ciel est bouché de chez bouché, avec une lumière grisâtre pas très avenante. Mais on ne se plaint pas, on a, jusqu’alors, pas eu beaucoup de mauvais temps.
Le temps pour nous d’aller payer notre nuit, j’en profite pour prendre en photo de plus près le bibliobus, malheureusement le chauffeur n’est pas là et nous aurions bien aimé discuter avec lui, nous voilà donc de retour sur la route E08 direction Kaaresuvanto (ou Karesuando côté suédois selon si on traverse la Muonio River qui est par conséquent la frontière entre les deux pays).
Les paysages s’enchaînent alors que la tempête semble se calmer, et le soleil tente une petite percée derrière les nuages. Les montagnes quant à elles, se font de plus en plus plates, et la taïga de plus en plus présente.
Des étendues blanches, semblables à des déserts ponctués d’arbres solitaires tentant de résister aux assauts du vent. On s’arrête de temps en temps, profiter du paysage, du silence et prendre quelques photos.
Lors de l’un de nos arrêts, on aperçoit une grosse boîte ouverte, accrochée à un poteau électrique. On suppose que c’est tout simplement la boîte aux lettres commune où chacun dépose son courrier et/ou vient le récupérer le tout sous la bénédiction de Jésus !
La route nous mène à Kaaresuvanto (côté finlandais) où on décide de déjeuner dans le restaurant attenant à la station service. En réalité le seul commerce, si on fait abstraction du magasin de souvenirs fermé la moitié de la semaine.
C’est l’occasion de retrouver la Karhu, fameuse bière finlandaise à tête d’ours. Pour déjeuner sur le pouce je décide de prendre un steak de renne, comme à chaque fois que je suis en Finlande. Celui-ci est cuisiné avec du fromage et du bacon, un vrai régal !
On décide de traverser la rivière/frontière où les traditionnels panneaux indicateurs nous accueillent. 434 km du Cap Nord, c’est presque assez proche pour nous faire regretter de ne pas y aller !
De l’autre côté de la route, un plus grand panneau planté au milieu de plusieurs bancs et semblable à celui vu à Narvik. 15 000 km de Sydney, et 2445 km de Paris...
Vu qu’on est juste à côté, on décide d’aller jeter un œil à la vieille église que l'on apercevait depuis le restaurant. D’extérieur, celle-ci est magnifique, le bois qui ne semble pas avoir été ni peint, ni vernis a très fortement travaillé avec le temps (dans les deux sens du terme).
Les teintes vont du jaune clair au marron foncé. Nous tentons de l’ouvrir et miracle, celle-ci est ouverte ! L’ancienne église datait de 1816, mais 50 après, durant Pâques, le toit s’est effondré en deux parties. L’église a été remplacée en 1905.
L’intérieur est magnifique, fait de bois blanc et turquoise. Pas difficile d’en tomber sous le charme. La sculpture au-dessus de l’hôtel a été exécutée par Bror Hjort, artiste peintre et sculpteur suédois très connu. On apprendra plus tard que c’est lui aussi qui a peint le retable de l’église de Jukkasjärvi dans laquelle on n’avait pas pu entrer.
Cette sculpture représente le prêtre Lars Levi Laestadius, son disciple Johan Raattamaa et une same du nom de Maria. Car nous sommes bien dans une église Laestadienne.
Il serait compliqué d’expliquer l’histoire de ce pasteur à moitié Same, qui a grandement participé à la "déchamanisation" (c'est notamment sur son ordre que sera détruite une grande partie des tambours chamaniques Same) du peuple Same. A la fois botaniste, pasteur protestant, il devient le père d’une vision assez dure et austère de la religion qui oblige l’ Eglise de Suède à s’en dissocier.
Néanmoins, on ne peut pas le nier, cette église d’ extérieur comme à l’ intérieur est pleine de charme et vraiment très belle. Surtout que la couleur flamme, orange du bois ressort bien au beau milieu de la neige.
Alors que comme convenu, on se fait appeler par l’équipe d’ Eric Lange et de son émission "Allô la Planète ?" (émission de voyageurs), un énorme hélicoptère ambulance se pose juste à côté de notre voiture.
Le nuage de neige qu’il soulève est impressionnant et de loin, on aurait presque cru qu’il allait se poser sur la voiture. Fort heureusement ce n’était qu’une impression.
On repasse la frontière dans l’autre sens et nous voilà de nouveau côté finlandais, pour prendre la route et ensuite bifurquer direction Enontekiö.
Alors qu’on roule, on aperçoit une petite kota avec quatre rennes en pleine sieste. Au loin, le soleil pointe le bout de son nez, la neige tombe et je tente de faire ami ami avec un jeune renne. Celui-ci prendra la pose pour nous tandis que ses congénères seront occupés à dormir au pied de l’enclos.
Après une grosse dizaine de kilomètres nous voici donc à Enontekiö ou Hetta puisque la ville a deux noms. Avant d’aller nous poser dans notre chalet, on décide de faire un tour du côté de l’église. Alors que sort un gros groupe de touristes français, nous rentrons dans l’église.
Celle-ci est d’aspect beaucoup plus moderne que celle de Karesuando. On se fait accueillir par l’ organiste, qui étant parti sur sa lancée des touristes précédents, nous raconte avec passion l’histoire de cette église.
Tenant absolument à nous faire la visite en français, même si celui-ci est très approximatif, il nous emmène dans la sacristie et nous montre un tableau de plus de 400 ans, seul rescapé de l’ancienne église, il nous surprend par son modernisme et sa noirceur. Il nous fait voir une grande gravure sur papier, sorte de bande dessinée, destiné aux Sames alors à l’époque illettrés, afin de leur expliquer la Bible et l’histoire de Jésus.
Accrochée au mur, on peut aussi voir l’une des trois copies du masque mortuaire de Luther en Finlande. Martin Luther était un moine allemand, il est considéré comme le père du protestantisme et grand réformateur de la Bible. Sachant que les pays scandinaves sont à très grande majorité protestante, c’est un objet important pour les locaux.
Cette église date du début des années 50 et a été dessinée par Veikko Larkas, l’ancienne ayant été détruite durant la seconde guerre mondiale. Il nous montre alors l’autel, un peu dans le même esprit que celui de Karesuando. Fait entièrement en mosaïque par Unno Eskola, le bas-relief représente le Christ rédempteur bénissant la vie quotidienne des Sames.
Cette représentation est impressionnante et gigantesque mais laisse un goût particulier, sachant ce que la religion a amené comme profonds changements dans la vie des Sames.
Dans un second temps, notre guide organiste nous fait monter à l’étage juste à côté de l’ orgue, pour nous jouer rien que pour nous la Sarabande d’ Haendel. Juste avant il nous explique que lors de la construction de la nouvelle église, le pasteur n’avait pas assez d'argent pour avoir un orgue.
Il en a alors parlé à un second pasteur qui se rendait souvent en Allemagne et a expliqué le "problème ". L’ Allemagne, dans un souci de se racheter une conduite après la destruction des villages durant la guerre de Laponie pendant la seconde guerre mondiale, offrit une somme conséquente afin que l’église d’ Enontekiö puisse avoir son propre orgue, construit en Finlande avec l’argent donné.
Pour l’anecdote, il nous raconte que certains jours de la semaine, les "concerts" d’orgue de cette église sont retransmis à la radio, et que des gens appellent de toute la Finlande pour demander à l’organiste de jouer certains morceaux !
Le morceau joué avec passion dans cette église vide, rien que pour nous est une jolie parenthèse inattendue et un moment privilégié. Nous remercions chaleureusement notre guide pour cette visite, prenons encore quelques photos dont notamment les livres de psaumes en langue sami, puisque l’église propose une messe dans les deux langues, le finnois, et le sami.
En sortant, je prends quelques photos de l’extérieur et notamment des gravures faites dans la soupente du toit. On reprend le chemin de la voiture avec la mélodie d’ Haendel en tête.
Nous déposons nos affaires dans notre logement, et reprenons la voiture pour aller voir ce que donne le paysage de la taïga, au-delà de la frontière norvégienne, sur la route de Kautokeino. On regrette de ne pas avoir le temps d’y aller.
A ce propos, nous ne savons pas trop comment le décrire, mais on sent vraiment, et encore plus dans ce coin là de la Finlande, que nous sommes en territoire Same. Et contrairement à ce que peuvent en dire les guides, ou ce que l’on peut ressentir dans d’autres coins. Ici, on semble être très loin du folklore à touriste. Ici nous sommes sur leurs terres d’élevage de rennes, de leur métier, et de leurs traditions. Bref nous sommes sur leur territoire.
Après un repas, une petite bière, une Uhro et un breuvage aux plantes indescriptible, nous sortons pour le café. On constate alors, que dehors le ciel s’est éclairci et l’on discerne désormais le ciel étoilé. Et bien que nos voisins français nous diront que ce n’est pas un bon soir pour les aurores, on décide quand même de tenter notre chance.
On rentre, on s’habille en vitesse, et juste avant de grimper dans la voiture, on voit que les aurores sont en plein boom. Ni une ni deux, on démarre et on s’engage à pleine vitesse sur la route de Kautokeino. On avait déjà repéré un petit parking, au beau milieu de la taïga. C’est d’ailleurs que nous avons fait chaque soirée, repérer le meilleur spot.
Nous fonçons et voyons de belles aurores à notre droite et à notre gauche. Lancés à pleine vitesse, on a presque l’impression d’être dans le film Twister où les héros roulent pour aller chercher les tornades. Arrivés à notre point de vue, on est hallucinés par la beauté des paysages seulement illuminés par une moitié de lune. On arrive au beau milieu de l’ accalmie, et celles que l’on voit sont un peu timides, mais ont des formes rigolotes de flammèches.
Ici le silence est roi, et la quiétude du spectacle n’est troublée que par une voiture qui passe au bout d’une heure, nous sommes seuls. On a beau être au milieu d’une route, on se sent isolés et privilégiés.
Après plus d' une heure et demie, et bien qu’on a sans doute loupé de quelques minutes le grand spectacle, les nuages se font de plus en présents, cachant les quelques traces que l’on aperçoit. On décide de plier bagage et de rentrer à la maison.
Aujourd’hui nous sommes passés dans trois pays, avons changé d’ heure et de monnaie. Demain retour en Suède, direction Övre Soppero. | |
Lever sous un temps assez couvert, avec une température extérieur de -16°c. Dehors, Il neigotte et à la vue du ciel, ce temps risque bien de nous poursuivre toute la journée.
Je fais des photos de cet immense chalet rien que pour nous. La température extérieure n’empêche pas les oiseaux de casser la graine dans le nichoir juste devant notre fenêtre.
Dans notre chalet, nous avons à disposition un petit guide fait maison, dans lequel on remarque une petite route de quelques kilomètres qui pourrait nous faire monter sur une petite montagne, la Paljasselkä.
La route est paraît-il accessible l’hiver, mais avant de nous y rendre et sur les conseils de nos voisins français, on décide d’aller faire une petite promenade matinale sur le lac Ounasjärvi qui se trouve juste en bas de notre chalet en longeant la piste de ski de fond. L’arrivée sur le lac se fait par une descente assez abrupte, mais la vue est magnifique !
Juste avant de marcher sur l’ eau gelée, sur notre droite se trouvent des petits arbres recouverts de neige, qui émergent de la brume. La vue sur le lac est magnifique, les pistes de ski de fond nombreuses, et les maisons sur le lac assez jolies. Tout cela nous donne envie d’y revenir soit l’hiver soit l’été tant les balades semblent nombreuses.
Nous faisons donc les quelques kilomètres jusqu’au Fell Lapland Nature Center et avant de monter sur le Paljasselkä, on prend le temps d’aller visiter le petit musée gratuit sur les sames. Celui-ci est très bien fait, pas au niveau de l’ Arktikum de Rovaniemi, et avec une scénographie différente du musée SIIDA à Inari.
Les explications dans toutes les langues y sont fournies sans être rébarbatives. Il est simple, complet, bien expliqué, présenté selon le rythme des saisons et d’une durée correcte. Clairement un lieu à ne pas louper !
Nous sortons, et allons trouver cette fameuse route qui monte sur la montagne Paljasselkä de 447 mètres (Oui les montagnes finlandaises, les tunturis, ne sont pas très hautes mais parmi les plus vieilles du monde).
Nous sommes seuls sur le chemin, est la route est stupéfiante de beauté, arrivés au sommet, nous avons l’impression que le temps s’est arrêté, pétrifié par le froid et le gel. Les panneaux sont méconnaissables, et à la forme de la glace, on se rend compte de la puissance à laquelle peut souffler le vent sur cette colline.
Au fond, nous discernons les montagnes, le lac Ounasjärvi et sa multitude de petites îles. Sur l’autre versant une étendue de nature, de taïga. On prend conscience avec cette vue qui porte sur plusieurs dizaines de kilomètres à quel point les pâturages des rennes sont immenses, et que la vie des sames nomades doit être difficile.
Le ciel nous fait un festival de couleurs et de dégradés. Du gris au jaune, en passant par des nuances de violet, de bleu et de rose. On dirait une peinture tellement c’est beau. Nous restons là un petit bout de temps, silencieux et immobilisés par la beauté de la vue. La route s’arrête au sommet de cette montagne, barrée par des barrières de rennes, et par un portail en métal, lui aussi complètement gelé par les rafales de vent de l’hiver.
Nous redescendons, et reprenons la direction du musée Same, car on a remarqué qu’une petite balade de santé de quelques kilomètres peut nous emmener dans une kota qui domine le parc national. Ni une ni deux, on prend le parti d’emmener avec nous de quoi manger, en se disant qu’arrivés en haut, on pourra faire un feu, ou au moins déjeuner en profitant de la vue.
Nous attaquons donc le sentier, balisé par des nains de jardins faits maison, et sur lequel on fait attention à ne pas s’aventurer sur les côtés, où la neige semble profonde et instable.
La montée est rude, nous grimpons un escalier qui n’en est plus un, tellement il a disparu sous la couche de neige. Il faut être attentif à ne pas tomber, la pente est très très raide et ça glisse. Arrivés en haut, toujours pas de kota. On rebrousse chemin, on se perd, on croise des jeunes à ski, signe que la station de ski est toute proche.
Après avoir cherché, nous être essoufflés, avoir craché nos poumons, grimpés des collines et des collines, nous avons enfin la kota en vue ! En bas il était indiqué que ce n’était qu'à 700m mais on a tout de même un affreux doute sur leur manière de calculer les distances. Mais la vue du chemin était juste magnifique !
Un groupe de touristes allemands est déjà là, et a commencé à faire un feu. La vue de la kota sur le promontoire est magique, dominant les tunturi alentour et la rivière en contrebas. On n’aurait pas rêvé meilleure vue pour déjeuner.
On ravive le feu, et on lance nos sandwichs au-dessus. Les touristes sont hallucinés de ne pas y avoir pensé. Mais on peut le dire maintenant : les kotas, on les gère comme il se doit ! On reste là, devant le feu, profitant de la vue sur le paysage, et reprenons surtout notre souffle tant la montée fut ardue.
Après avoir pris notre temps, on décide d’attaquer la descente tout en admirant le soleil qui donne au ciel gris des teintes jaunes doré. Il commence à se faire tard et mine de rien nous avons de la route à faire jusqu’à Övre Soppero en Suède.
On redescend calmement, on repasse devant le panneau qui semble bien indiquer la kota à 700 m. Bon ok, mais vu tous les détours qu’on a dû faire, c’est forcément faussé.
Cette petite promenade de santé nous a quand même bien éreintés, et la fatigue des jours passés commence à se faire ressentir. Pas facile de tenir un rythme âlorsqu’on reste le soir dehors tard dans le froid à chasser les aurores et que l’on doit se lever tôt pour prendre la route.
Pour nous y rendre, on emprunte à nouveau une portion de route de la veille. Passage obligé à Karesuvanto, on refait le plein d’essence, les tarifs finlandais étant nettement plus avantageux. Un petit café histoire de se réveiller, même si il est déjà 16h30. Et on traverse de nouveau la frontière entre la Finlande et la Suède. Changement d’heure à nouveau et on déroule la route 45, direction Övre Soppero.
Comme on le pensait, le ciel est toujours autant chargé, néanmoins au loin dans la direction que nous prenons, le soleil se couche dans un festival de couleurs ! Décidément cette journée aura été celle des cieux colorés. Nous profitons du spectacle, pensez donc, nous n’avions pas encore vu le soleil de la journée.
Nous dépassons Övre Soppero, et nous nous perdons à Nedre Soppero. On n’est pas pressés et personne ne nous attend. On voit un panneau signalant une église à quelques kilomètres dans le tout petit village minier de Lanavaara ( vaara en finnois -malgré que nous soyons en Suède, les noms n’ont pas de frontières- signifie mine). La route est belle, même de nuit.
Le village, lui, est paisible, vide, et perdu au milieu de nulle part, au bout d 'une route qui s’arrête dans le village. L’église est tout aussi perdue. Mignonne avec sa bougie à la fenêtre et presque simplement éclairée par la lueur de la lune.
L’atmosphère de bout du monde n’en est que plus grande lorsqu’on remarque le seul et unique commerce de la ville. A la fois magasin et café, il est là perdu au milieu de l’artère principale de la ville, faiblement éclairé. Comme un phare au milieu de la nuit, servant de point de repère aux habitants.
La route en sens inverse se fait sous la lumière de la lune et avec la fatigue qui pointe le bout de son nez. On trouve notre logement, qui est en fait une sorte de motel, à savoir des petits bâtiments sans étages, avec plusieurs chambres et une salle commune.
A la seule différence près que la réception fait partie intégrante de l’église. Car oui, nous sommes dans une sorte de motel religieux, bâti autour d’une toute petite église.
Même si nous savons que l’activité des Aurores est ce soir très forte, l’épaisse couche nuageuse nous fait dire que ce n’est pas ce soir que nous aurons droit à un festival. Après une bière et le dîner, on sort pour notre café, et voyons quelques traces derrières les nuages, qui semblent s’animer.
Le voyage sent la fin, demain retour sur Kiruna. | |
Notre dernière journée démarre sous un soleil radieux, et sous une température plutôt clémente, autour de 0°c. Les nuages s’étirent à perte de vue dans un ciel bleu magnifique, et je prend le temps de faire des photos de ce lieu insolite qu’est ce motel-église.
je continue ma balade, en buvant mon café et fais quelques photos des vieilles fermes aux alentours, dont le bois de construction ressemblant à du chêne, a fortement été travaillé par le gel et le froid.
On rassemble les affaires, prêts à partir, et j’essaye de capturer l’ambiance unique de ce lieu, avec les nouveaux testaments posés dans la salle commune, les caches sur les plaques de cuisson à l’ effigie d’anges.
Alors qu’on s’apprête à partir j’aperçois dehors devant l’une des chambres, ce que je pense être des Skolts, des Sames russes. En effet une voiture immatriculée en Russie est garée sur le parking et ils portent l’un des habits traditionnels sames. Un élément de plus qui nous rappelle que nous bien en plein cœur du pays same.
Et ce n’est pas le seul signe que nous aurons dans la journée.
Hier soir on a étudié quelques tracés, car notre dernière étape se trouve être en ligne droite jusqu’à Kiruna, et en plus elle n’est pas très longue. On cherche donc comment faire un chemin plus long en fouillant les petites routes aux alentours.
On multiplie les arrêts le long de la route, tant il est bon de prendre le soleil, simplement vêtu d’un sweat (bon avec quelques couches en dessous quand même). Et dire qu’hier le temps était bouché.
Une petite route au niveau du croisement avec Vittangi, nous amène à une petite ville du nom de Kuoksu. Selon la carte, il semble qu’il faille un bac pour traverser la rivière. Cela me rappelle un peu l’histoire de Suvanto en Finlande, et on décide d’aller vérifier tout ça.
Sur le chemin alors que le température se réchauffe grandement, atteignant jusqu’à 4°c, les arbres commencent à se délester de leur neige, tombant sous l’effet du vent, du redoux et du soleil. Les gouttières ruissellent, les routes fondent, bref, on sent que petit à petit l’hiver amorce sa fin.
Arrivé à Kuoksu, petite déception, plus question de bac comme le semble indiquer notre carte, mais c’est tout simplement un pont qui nous permet de traverser la rivière Torne ( Torne Älv). On se balade tout de même le long de la rivière afin de profiter du beau temps.
Rebroussant chemin, on continue notre route jusqu’à Vittangi, mignon petit village où en ce samedi matin la vie semble se dérouler calmement. Les gens reviennent de leurs courses, d’autres font leur sport, ou profitant de la douceur du temps, aèrent leurs maisons et leur linge.
L’église qui se dresse dans un petit parc nous tente bien, mais à peine ouvert la porte, nous rebroussons chemin, en effet celle-ci est comme qui dirait en utilisation...
Nous flânons dans la ville, admirant les vieilles petites maisons en bois, passant devant un bâtiment administratif. La vie semble vraiment calme et douce à Vittangi.
Pas très loin d’une vieille ferme, on voit une sculpture de glace de Néfertiti qui, elle aussi, sous l’effet du soleil commence à fondre et penche sérieusement !
On reprend notre chemin pour nous arrêter du côté de Svappavaara, tout petit village perdu sur les flancs d’une mine de cuivre et de fer, nous faisant bien comprendre que nous nous rapprochons de la ville minière de Kiruna et de la fin du voyage.
Néanmoins c’est sous un soleil radieux, des nuages magnifiquement étirés et un ciel d’un bleu éclatant que nous faisons notre arrêt déjeuner sous la surveillance des cheminées de la mine au loin.
Arrivés sur Kiruna, les routes ont de plus en plus perdu de leur neige et de leur glace. Elles sont désormais luisantes et détrempées. Mais là encore le soleil fait sortir les gens, et sur la rivière on voit quelqu’un se balader à traîneau.
De retour à Kiruna, nous en profitons pour faire quelques courses. Et puis on se dit que quitte à être là et avoir un peu de temps pourquoi ne pas continuer un peu et tenter cette petite route sans numéro qui mène à Nikkaluokta et au pied du Kebnekaise, la plus haute montagne de Suède.
On ne le regrette pas, car la route est vraiment mignonne, et peu fréquentée. Qui plus est, au loin le soleil se couche et nous allons dans sa direction. Malgré que la route soit dans un sale état, entre fissures dues sans doute aux répercussions de l'activité de la mine de Kiruna, - dos d’âne et trous-, la vue sur les montagnes qui se forment au loin, et ce soleil qui nous accompagne dans sa descente, se reflétant dans une partie de la Paittasjärvi à moitié dégelé par endroits, en fait un spectacle magnifique.
Alors que la route défile, on remarque sur le bord de la route, une petite aire et une maison en bois, qui doit sans doute servir de refuge ou d’endroit où traîner pour les jeunes à la vue des inscriptions gravées dans le bois. On décide de s’y arrêter afin de profiter du coucher de soleil derrière les nuages.
En contrebas de la maison, une petite rivière est dégelée sur une centaine de mètres. Le soleil couchant s’y reflète et la vue est sublime.
Au fur et à mesure que la route s’avance dans les montagnes, le temps se dégrade. Même si les températures n’ont pas bougé, c’est une neige fondante qui tombe désormais du ciel. La route s’étire, et petit à petit des nuages gris, chargés, inquiétants se forment au-dessus de nos têtes. L’atmosphère change, devient presque mystique, surtout quand quelques nuages roses apparaissent dans le ciel.
Soudain la route s’arrête, nous voilà à Nikkaluokta. Le bout du monde, au pied du Kebnekaise. Tout de suite, nous sommes imprégnés d’une atmosphère très particulière dégagée par cet endroit. Les montagnes dans la brume, le ciel chargé, le vent très fort, et ce côté No Man’s Land y sont sans doute pour beaucoup.
Les drapeaux suédois et same qui trônent juste en face de l’hôtel-réception-office de tourisme, se font littéralement malmener par les assauts du vent.
Au loin alors qu’on se dirige vers la chapelle on remarque que des gens semblent en sortir, et avancer en procession. En file indienne, presque deux par deux, ils avancent, descendant la colline. Tout de suite cela nous rappelle une vidéo vue dans le musée de Enontekiö.
En effet, ce sont des sames. On apprendra plus tard qu’ils viennent de célébrer un mariage et redescendent de la chapelle pour la réception. Je n’ose pas prendre de photo de peur d’avoir une attitude trop voyeuse, mais tout de même cette procession avec le ciel lourd de nuages ne fait que rajouter au mysticisme de cet instant privilégié.
En bas de l’escalier abrupt qui monte à la chapelle se trouve le départ des pistes de trek, signalé par trois morceaux de bois empilés en forme de tipi, où est accrochée une paire de chaussures de rando.
Le Kebnekaise, haut de 2111m, est le point culminant de Suède. Cocorico, il a été grimpé pour la première fois par un français du nom de Charles Rabot, le 22 Août 1883. Six ans plus tard, le premier suédois, un jeune de 17 ans, du nom de Björling réussit à son tour l’ascension. Quatre ans plus tard il disparut au Groenland. Un des glaciers du Kebnekaise a été baptisé en son nom.
Ce qui est intéressant à savoir, c’est que lorsque Björling entreprit son ascension, il n’y avait pas d’habitations à Nikkaluokta. La première population sédentaire date de 1911. Avant cela, le coin était inhabité, seuls quelques sames nomades étaient dans le coin. Aujourd’hui Nikkaluokta est habité presque exclusivement par des éleveurs de rennes sames.
Au pied de la colline où se trouve la chapelle, des petites bougies ont été allumées tout le long du chemin. La pente est assez raide et très glissante.
Nous grimpons jusqu’à la petite chapelle en bois, où l’un des invités du mariage nous invite à rentrer. L’atmosphère là aussi est mystique, ça sent bon les épices, l’ encens et le bois. L’atmosphère y est chaleureuse, éclairée presque uniquement par des bougies, faisant ressortir les petits vitraux.
Alors qu’une vieille dame et sa petite fille ferment l’église juste derrière nous, le vent se lève et fait rage. On monte sur un petit promontoire qui domine la vallée et d’où les rafales nous cinglent le visage et nous font tanguer.
Ne sachant pas comment le temps va tourner nous redescendons, passons devant l’unique lieu de vie du village, le restaurant boutique, qui l’été doit être rempli de randonneurs. Les sames ont allumé de grandes torches tout autour afin d’illuminer les lieux. On tente de se détacher de cette atmosphère de fin du monde, en ressentant vraiment le fait d’être en plein cœur du pays same. En cette saison, peu de touristes, et pas de côté folklorique, attrape touriste. On se sent privilégié et il est dur d’exprimer l’ambiance et les forces qui flottent dans les airs et s’emparent de nous.
Le retour sur Kiruna se fait dans le silence de ce moment vécu. La ville minière est engloutie par des nuages jaunes où se reflètent les lumières de la ville.
Nous reprenons nos quartiers à notre auberge de jeunesse des premiers jours. On avale un repas accompagné d’une bière norvégienne, le tout devant l’une des émissions les plus populaires de Suède, les sélections du représentant suédois à l’ Eurovision.
Ce soir on sait que les prévisions d’Aurores sont très bonnes alors on décide de tenter une dernière sortie. Arrivés sur place, à quelques mètres de nous d’autres personnes sont là à attendre le spectacle. Le ciel s’anime derrière les nuages et le spectacle commence.
Durant une bonne demie-heure, nous aurons droit à une dernière représentation de la Reine des lumières. Assis sur les congères, le silence seulement troublé par le passage régulier des gigantesques trains de la mine de Kiruna, on profite de notre dernière nuit d’ Aurores Boréales, en dégustant chaque minute jusqu’à ce que les nuages viennent mettre fin à cette dernière danse.
Demain retour sur Paris, via Copenhague. Notre road trip touche à sa fin. | Carnets similaires sur la Suède et la Norvège: Heure du site: 9:37 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 540 visiteurs en ligne depuis une heure! |