Merci Agnès
.
Après ces digressions qui m'auront reboosté, et dignes d'un carnet.... attilien
, la suite
Jeudi 27 juillet : Kawah Ijen
La veille, Maya nous avait donné l'heure nécessaire du réveil pour être à l'heure aux Blue Fire. Une nouvelle fois, on a décidé de faire « comme tout le monde ». Ce n'est pas tous les jours qu'on va au
Kawah Ijen, et l'ascension de ce volcan est un des moments forts de notre voyage.
Le réveil sonne au milieu de la nuit, vers 1h30, pour quitter Banyuwangi dans la foulée. 33 kms et 1h15 plus tard, on se retrouve sur un immense parking, non sans s'être acquitté en chemin des droits d'entrée sur le territoire du
Kawah Ijen qui constitue, avec le
Bromo et Borodudur, le socle du programme de tout touriste de base voyageant à
Java Est. Et il n'y a pas de raison qu'on déroge à la règle !
Arrivés au parking, un homme vient à nous, pour nous expliquer qu'un guide est obligatoire pour raisons de sécurité. Et il se trouve qu'il est... guide. Cette fois-ci je veux bien le croire, car j'avais lu avant de partir que le
Kawah Ijen connaissait un regain d'activité, et que la descente dans le cratère pouvait être dangereuse sans être accompagné, et surtout sans équipement spécifique.
Toujours est-il qu'à ce moment-là, on se rend compte qu'on a oublié nos petits masques jetables, identiques à ceux distribués actuellement en
Californie pour les énormes feux à
Los Angeles. C'est quand même bête de transporter depuis 12 jours une boite de 10 masques pour l'oublier le jour J.
Enfin bon, après négociation ferme et ultra-rapide de 10 secondes avec le guide, on fait affaire, et on s'avance vers le sentier dont j'ai une trace sur le GPS : il faut s'attendre à une ascension de 3,8 km et d420. Les mollets vont chauffer !
On arrive ensuite à une nouvelle guérite pour s'acquitter des droits d'entrée. Bizarre, il y a une demi-heure, on avait pourtant déjà cru payer l'entrée... C'est un peu comme les taxes en
France : même quand tu crois que t'as fini de payer, il y en a une nouvelle ! Au final, pour nous 5, la visite du
kawah Ijen nous reviendra à plus d'1 million d'euros, une fortune pour les indonésiens, mais qui ne fait finalement que 70 €.
Que de monde dans cette montée qu'on entame après 3h du matin
. En même temps, quand on s'engage dans un des trois incontournables de
Java Est, il faut bien s'attendre à ne pas être les seuls à avoir eu cette idée. Pour vous donner un ordre d'idée, le sentier faisait environ 4 m de large. Dans la montée, il était rempli sur toute sa largeur, avec jusqu'à 6 personnes de front.
Ce qui est certain, c'est que tout ce que j'ai pu lire sur un certain nombre de sites et blogs qui vendaient du rêve « seul au monde ou presque », ça n'existe pas en juillet- août 2017. Peut-être en 2000, ou en dehors de la période estivale, mais certainement pas quand on y a été.
Aucune photo de dispo car quasiment toute la grimpette s'est faite sous la pluie. On n'est vraiment pas vernis car on se doute bien que la couleur du lac du volcan ne sera pas la même sous un ciel gris qu'au soleil
. De toutes façons, pas le choix, car demain on a rendez-vous avec le
Bromo !
Au cours de la montée, je tombe sur ma voisine d'avion, avec qui on avait discuté durant tout le vol long courrier
Istanbul –
Jakarta. Une bien belle rencontre. Elle était bien moins surprise que moi car je lui avais laissé notre planning détaillé (elle n'avait absolument rien préparé !), et elle m'a dit qu'elle s'attendait à nous recroiser sur site...
La montée semble bien raide et longue.
Des indonésiens disposés le long du chemin proposent fréquemment leur carriole (destinée aussi au transport du soufre) pour transporter les marcheurs les moins résistants, ayant le moral dans les chaussettes. Je maintiens le moral de mes troupes grâce au GPS, en égrenant régulièrement la distance restante. Juste avant la grosse montée ultime de 400 m à une pente de 30 à 35 %, certains touristes craquent et font appel aux brancardiers sans savoir qu'ils étaient quasiment arrivés. Cela nous fait bien rigoler, car du coup, le tarif proposé ferait crever de jalousie Escota avec ses tarifs d'autoroute dans les Alpes-Maritimes !
Morale de cette grimpette : au moment où on a envie de craquer, il faut savoir se faire mal, et la récompense est au bout. Juste avant la descente dans le cratère, on croise nos premiers porteurs de soufre. On achète à plusieurs de ces travailleurs plusieurs de leurs babioles en soufre, sans négocier, en espérant que cela puisse améliorer leur quotidien.
Avant la descente, le guide nous propose en
option obligatoire des masques à cartouche, sans quoi l'accès nous serait interdit. Honnêtement, les autorités ont eu bien raison d'imposer ce système car sans ces masques, on aurait risqué notre vie.
La plongée dans le cœur du volcan, entamée vers 4h45, se fait assez difficilement, à la queue-leu-leu, en croisant à plusieurs reprises des porteurs de soufre.
Cela nous met assez mal à l'aise : de riches touristes en "visite", qui croisent et gênent de pauvres malheureux qui explosent leur santé et leur vie en grimpant une sérieuse côte, tout en portant 70 kg de soufre, le tout pour un salaire quotidien de l'ordre de 15 €...
Dans la descente, on croise aussi des touristes qui quittent déjà les Blue Fire pour aller certainement admirer le sunrise du haut du cratère, sauf que le ciel est très nuageux !
Nous nous retrouvons enfin au cœur du cratère, à proximité des Blue Fire, ces fumées bleues qu'on peut voir uniquement de nuit. En fait, le soufre qui sort du cratère à l’état gazeux s’enflamme et produit ses flammes bleues. Puis, en se refroidissant, il passe à l’état liquide puis se cristallise en formant de grosses plaques jaunes.
Nous avons beaucoup aimé ce spectacle, sans que ce ne soit non plus exceptionnel.
En revanche, quand le soleil commence à se lever vers 6h, on se prend une claque en découvrant la taille du cratère et en prenant conscience de l'endroit où on se trouve, au milieu du lac, des immenses plaques de soufre, des fumerolles et de l'odeur qui l'accompagne !
Le spectacle est grandiose, exceptionnel ! Quel dommage que ce ciel soit gris, car ses couleurs se reflètent dans le lac qui n'a donc absolument pas la couleur connue sur toutes les photos circulant sur la toile.
Pas grave, car cela apporte un côté mystique au décor et à l'ambiance.
On est presque seul
ici, on voit bien les tuyaux mis en place pour "récolter" le soufre à leur sortie
La quantité de fumerolles est très variable : par moments, on peut voir nettement ce qui se passe autour de nous,
puis les vapeurs sont tellement fortes qu'elles s'attaquent à nos yeux et nous font suffoquer malgré nos masques de compét'. Et dire que ces hommes travaillent toute la journée au coeur de ces vapeurs toxiques
!!
Tim commence à paniquer au moment de cette prise de photo. Le guide, très gentil et prévenant, nous propose alors de le garder avec lui, un peu en retrait et l'éloigne dès que les vapeurs deviennent très incommodantes. Ce guide nous réconcilie avec toute la profession ! Le voici d'ailleurs sur cette photo de famille, avec un super décor en arrière-plan
...
Le commerce bat son plein
On finit par remonter, espérant faire le tour du cratère, en profitant encore de bien belles vues sur le cratère.
Malheureusement, la visibilité se dégrade au fil des minutes.
Un dernier arrêt sur une plateforme pour laisser passer un porteur de soufre qui a l'air exténué.
Déjà que la montée est compliquée pour nous en Salomon, je n'ose imaginer la même chose, en bottes, et chargé comme une mule...
Arrivés tout en haut, il recommence à pleuvoir et plus fortement. Bien dégoûtés
, on range l'appareil photo et on se résout à redescendre. Le retour se fera en 4e vitesse, non sans acheter un ou deux souvenirs supplémentaires en soufre.
Après des remerciements chaleureux à notre guide, nous retournons chez Maya, et offrons logiquement le reste de la journée à Wayan. De notre côté, l'après-midi sera tranquille : Laetitia se fait faire un massage javanais, qui ressemble étrangement au balinais, en culotte et en dégrafant son soutien-gorge, sur une banquette en bois dans le patio central, pendant que l'un ou l'autre des clients se détendaient dans le coin lecture
. Comme à la plage, quoi ! Elle a encore une fois adoré, et a pu faire le vide...
De mon côté, je me suis baladé dans ce qui ressemble plus à un village qu'à un quartier d'une grande ville, en faisant quelques emplettes dans une épicerie située juste en face de la gare. Histoire de mettre à profit mon bahasa, j'en ai profité pour engager la conversation avec le gérant, assez surpris, qui ne parlait pas un mot d'anglais, et qui à la fin ne voulait même plus me laisser partir.
Décidément, les belles rencontres se multiplient ces temps-ci. Tant mieux...
En fin d'après-midi on se fait de livrer des pizzas, histoire de changer des mie goreng et nasi goreng de la veille, puis au dodo, car plus de 7h de route nous attendent demain matin.
Malgré le mauvais temps et le monde, cette journée aura été extraordinaire et le
Kawah Ijen nous laissera un excellent souvenir.