Bonjour,
Comme promis, voici le compte rendu de notre escapade à Mada. Bonne lecture
Compte rendu de notre séjour du 29/08/2015 au 20/10/2015
Arrivée à l'aéroport d'Ivato à 2h35, via
Nairobi, récupération des bagages, change d' € et départ pour
Tana avec la navette Adema qui nous dépose 40mn plus tard, avenue de l'indépendance. Réveil de José, chauffeur de taxi dormant dans une 309 ; bagages et vélo chargés, transfert pour la gare routière du sud. Attente jusqu'à 7h30 et le taxi brousse complet prend la N7 direction Ivato, 15 Km après
Ambositra. Arrivée à Ivato vers 15h00. Remontage des 2 VTT (roue avant, selle, pédales, guidon), regonflage des pneus et arrimage des bagages sous les yeux de 25 badauds qui n'en perdent pas une miette et commentent nos faits et gestes. En piste direction Antoetra, 1500 habitants, en pays Zafimaniry que nous atteindrons de nuit vers 19h00, ralentis par un vent de face et de nombreuses montées. Le pays Zafimaniry est habité par environ 26 000 personnes et comporte 17 villages et quelques hameaux. Cette région est réputée pour ses sculpteurs et ses maisons en bois initialement construites sans clou ni vis. Repas et nuit au gite Papa Velo Backpackers (qui n'a aucun rapport avec les vélos) où nous sommes les seuls touristes.
30/09/15 : petit déjeuner pris sur le marché tout proche et achat avec notre guide Pascal des victuailles nécessaires pour les 3 jours suivants et nous visitons 3 ateliers de sculpteur. Nos VTT et nos bagages inutiles laissés dans le dortoir, nous partons pour la randonnée. Inscription et paiement de la taxe à la mairie, nous prenons la direction du nord par les sentiers. En chemin des habitants nous indiquent qu'un pont est détruit et donc que le village d'Ankidodo (signifiant "le nom d'une danse") est très difficile d'accès : changement de direction pour le village de Faliarivo (signifiant "gingembre") où, après un repas copieux préparé par Pascal, nous passons la 1ère nuit dans une ancienne maison traditionnelle, en compagnie des puces qui me font la fête.
01/10/15 : après le petit déjeuner, vers 6h30 nous reprenons les sentiers en direction de Vohitrandriana (signifiant "la montagne où on peut dormir"), village le plus pauvre de la région et où l'église est en ruine. Nous traversons ensuite Andraitokonana (signifiant "l'eau qui a cuit le riz") puis Antetezandrotra (signifie "le pont") pour arriver à Sakaivo ("là où il fait froid") où nous passons notre 2ème nuit dans une récente maison en bois après un nouveau copieux repas.
02/10/15 : petit déjeuner et vers 7h00 nous repartons direction Antoetra ("là où on a le droit de rester pour toujours") que nous rejoignons après avoir traversé plusieurs parcelles reboisées (palissandre et bois de rose) par une association de viticulteurs français. En chemin nous rencontrons plusieurs caméléons de différentes espèces. Nous récupérons nos VTT et bagages et allons chez Albert, maison récente rose au toit vert, située à l'écart du village et que nous avions longée le 1er jour et où nous passerons la nuit. Repas en compagnie de Pascal qui nous a préparé à nouveau un excellent repas.
Je confirme qu'il n'est pas possible de faire ces randonnées en VTT. Par contre, il existe des chemins possibles en VTT, il suffit d'en parler aux guides.
03/10/15 : petit déjeuner et départ en VTT par la piste de 26Km qui descend pour rejoindre Ivato. Attente pendant 3h00 d'un taxi brousse ayant encore des places disponibles. Arrêt au gite de Daniel à la réserve de Ialatsara, où nous sommes encore les seuls touristes. Visite de l'élevage de chèvres, ânes, poules, pigeons, lapins,... et visite surprise des lémuriens à ventre roux. Délicieux repas avec fromage de chèvre et discussions interminables avec Daniel. Visite nocturne de minuscules lémuriens (microcèbes).
04/10/15 : après le petit déjeuner, nos VTT et nos bagages sont chargés dans la fourgonnette de Daniel et nous partons accompagnés d'un guide pour rencontrer les lémuriens Sifaka dans la forêt primaire. Nous tombons rapidement sur un groupe familial repéré par les pisteurs. Retour sur la RN7 où Daniel nous restitue nos VTT. Descente vers Ambohimahasoa et départ par la piste RN25 de 31Km vers
Ranomafana avec toujours un fort vent de face et beaucoup de sable au sol, qui nous ralenti en permanence. En pleine campagne, nous sommes régulièrement interpelés par des enfants qui systématiquement nous crient : "Vazaha, donne moi de l'argent" et "Vazaha, donne moi des bonbons". Nous sommes choqués par les effets désastreux du tourisme. Enfin nous rejoignons la RN45 pour une descente de 10Km dans un sublime décor, jusqu'à
Ranomafana. Visite de la petite ville. Nuit chez Gaspard (endroit magnifique).
05/10/15 : petit déjeuner et attente de 6h00 à 9h00 à l'arrêt des bus, d'un taxi brousse venant de
Fianarantsoa, pour enfin partir pour
Manakara dans un taxi brousse anormalement vide au départ mais vite rempli au fur et à mesure de la route. Arrivée au stationnement de
Manakara et en VTT nous rejoignons l'hôtel "les délices" pour les 2 nuits prochaines. Balade en direction du "trou du commissaire" où dans le village de pêcheurs, nous rencontrons "Baden Powel", jeune homme qui sera notre guide demain, pour la balade en pirogue sur le canal des Pengalanes. Repas à "la guinguette" située vers le pont cassé où nous sommes seuls à déguster un excellent poisson au barbecue.
06/10/15 : Balade en pirogue avec 2 autres jeunes hommes accompagnés de notre guide, visite de la distillerie et retour des pêcheurs en mer puis détour en ville pour réserver 2 places dans le train FCE pour
Fianarantsoa. Le chef de gare nous reçoit dans son bureau pour la réservation et nous oriente vers la responsable des marchandises pour régler le supplément pour les 2 VTT. Visite du marché couvert, dégustation de très bons fruits (cœur de bœuf). Repas délicieux à "la guinguette" où nous apprenons que notre serveur âgé de 17 ans est aussi le cuisinier. Nous le félicitons pour sa cuisine savoureuse. Gêné mais très fier de nos compliments, il nous devient encore plus sympathique.
07/10/15 : arrivés à 5h30 à la gare, le chef de gare nous apprend que le train de la veille a eu du retard à cause du radiateur qui fuit et qu'il est en cours de réparation : nouveau retard au départ. Achat des billets au chef de gare qui quitte son poste pour me montrer nos places dans le wagon de 1ère classe. Enfin, les VTT sont chargés et suspendus dans le wagon de marchandises au dessus de dizaines de sacs de denrées. Nous prenons places dans le wagon, donné par le réseau ferroviaire
Suisse de la gare d'Yverdon les Bains. Avec un autre vazaha et le contrôleur, jusqu'à
Fianarantsoa, nous serons les seuls occupants du wagon. Très lentement et avec 2h30 de retard, nous partons enfin au milieu d'une végétation luxuriante. En observant les rails je me rends vite compte que la plupart des éclisses (liaison de fer reliant 2 rails) sont souvent dépourvues de leurs 4 boulons initiaux (très souvent il n'en reste que 2 ou même un seul) ça promet pour l'avenir. A 80Km de l'arrivée, après quelques arrêts imprévus, le train s'arrête dans un village, vers 15h00 et nous voyons les mécaniciens s'affairer auprès du moteur diesel. Nous apprenons que la pompe d'injection est en panne et que les pièces de remplacement doivent venir à notre rencontre. 3 heures après, nous repartons et nous ferons le reste du trajet de nuit, pour arriver vers 7h00 à la gare de
Fianarantsoa.
08/10/15 : après récupération des vélos, nous rejoignons l'hôtel Arinofy, y laissons nos bagages et partons découvrir à pied la ville, entrecoupée par la rencontre de Pierrot Men, le célèbre photographe, le marché permanent et la vieille ville aux allures provençales que nous avons adorée. Nuit et excellent repas à l'hôtel.
09/10/15 : départ pour le stationnement tout proche où avec beaucoup de difficultés avec les rabatteurs nous sommes arnaqués sur le prix du billet pour
Ambalavao. Départ dès que le taxi brousse est rempli par un dernier passager qui est Jean-Baptiste de JB Trekking. Nous en profitons pour discuter de nos projets de balades dans la Vallée du Tsaranoro. Comme nous avions demandé au chauffeur de quitter le taxi brousse au sommet du col vers le calvaire avant la descente sur
Ambalavao, afin de prendre le temps d'admirer la vallée, nous donnons RDV à JB à son bureau proche du stationnement. En fait, il fait tellement chaud que la brume réduit à néant nos possibilités de faire de belles photos sur la vallée. Je remarque que de nombreuses familles travaillent sur le bord de la RN7 à préparer des moellons en granit pour les hommes et casser des cailloux pour les femmes (avec souvent un bébé dans le dos) et les enfants, dont certains très jeunes. Il y a 3 ans, cette activité n'existait pas sur cette portion de route. Nous arrivons très rapidement chez JB Trekking et rédigeons un contrat pour les 3 prochains jours, tout compris, sauf l'eau. A 14h00, après le repas pris au restaurant sur le stationnement, nous montons dans un gros fourgon Mercedes, en compagnie de Rivo, notre guide et d'une quarantaine de villageois. Tels des sardines en boîte, nous prenons la RN7 vers le sud, sur 35Km, puis la piste sur 10Km jusqu'au village de Vohitsoaka où par un moment, nous serons environ 50 dans le véhicule hors d'âge. Nous reprenons les VTT pour faire les 9 derniers Km, avec beaucoup de montées, jusqu'à Meva Camp où nous passerons les 3 prochaines nuits. Installation dans la tente montée sous abri paillé, découverte du village proche et thé et repas malgaches concoctés par Rivo aidé de Dominique et son épouse, gardiens du camp.
Il y a 5 camps d'hébergement dans la vallée du Tsaranoro : Tsara Camp, le 1er sur la gauche en arrivant de Vohitsoaka, Meva Camp de JB Trekking, Mada Camp de Patrick (Malgache), Camp Catta, au fond à droite, de Christian Delaroche, Tsarasoa, au fond à gauche, de Gilles Gautier. Ces 5 camps ne sont pas très éloignés les uns des autres.
10/10/15 : petit déjeuner à 6h00 et départ avec Rivo et Dominique pour le grand tour du Tsaranoro qui commence par l'envers du Tsaranoro et se termine vers le camp Catta. Rencontre d'une colonie de pintades. Nous avons marché le long de la grande falaise de 800m puis par le canyon où poussent des palmiers endémiques. Un imprudent avait allumé un feu (tavy) de l'autre côté de la colline, pour favoriser la repousse d'herbe destinée aux zébus après la saison des pluies prochaine mais le feu avait gagné le canyon et détruisait irrémédiablement cette plante unique, à notre grand désespoir. Notre tristesse s'est estompée en fin de journée quand nous nous sommes retrouvés au milieu d'un groupe d'une vingtaine d'individus de lémuriens Catta avec de nombreuses mères sur le dos desquelles était accroché un bébé. Retour au camp, thé et repas gargantuesque attristés par la vision de 4 collines alentour en proie aux flammes dévastatrices : tout brulait autour de nous, à notre grand désarroi.
11/10/15 : petit déjeuner à 6h30 et départ pour le pic Caméléon avec Rivo. Rencontre de Gilles Gautier au camp Tsarasoa puis d'un groupe de lémuriens Catta et enfin le croisement de quelques touristes. Déjeuner sur le sommet du Caméléon en compagnie de geckos. Retour au campement, thé et toujours le très bon repas préparé par nos hôtes.
12/10/2015 : petit déjeuner et départ en vélo pour Vohitsoaka où un taxi brousse nous ramène à
Ambalavao. Visite de l'élevage de vers à soie, de l'atelier de broderie et emménagement à l'hôtel Tropic.
13/10/15 : visite d'une plantation de vignes où les termites font beaucoup de dégâts dans les plants, effets du réchauffement climatique. Visite de l'atelier de fabrication du papier Antaimoro. Visite d'une famille dans la campagne proche.
14/10/15 : marché aux zébus et marché hebdomadaire d'
Ambalavao et départ en vélo par la piste pour Ikamby à 31Km, direction Ambohimahamasina. Ikamby est le village où en 2012 j'ai effectué un stage de 3 mois dans les énergies renouvelables, pour une association humanitaire, dans le centre Miora qui comprend un orphelinat, une école primaire, un centre de soins et une maison d'accueil pour les personnes de passage. La piste a été réparée avec du sable qui ne nous facilite pas l'avancée et le vent est toujours de face. Nous passerons devant le site du rocher d'Ifandana sans avoir le temps d'y faire un tour. Accueil chaleureux au centre Miora.
15/10/15 : déplacement en vélo au marché d'Ambohimahamasina et visite du village Sahafy. Visite du centre d'Ikamby, des installations et des classes en pleine reprise scolaire. Visite d'une famille à la campagne et du village.
16/10/15 : dépannage d'une installation d'éclairage solaire, promenades aux alentours. Don de nos vélos à 2 jeunes femmes qui pour moi ont un bon potentiel de développement. Etonnements et remerciements très chaleureux.
17/10/15 : taxi brousse pour
Ambalavao, puis
Fianarantsoa, puis
Antsirabe où nous arrivons de nuit. Nous faisons la connaissance de Gabriel, jeune conducteur de cyclo-pousse qui nous conduit à l'hôtel "Baobab".
18/10/15 : avec Gabriel, visite du parc de l'est où se trouvent les boutiques d'artisanat. Visite de la ville. Discussion et réflexion, avec mon épouse, nous envisageons de parrainer un cyclo-pousse, comme nous l'avions déjà vu au
Cambodge.
19/10/15 : longue discussion avec Gabriel au sujet de la providence et de l'éventualité de lui offrir son propre cyclo-pousse. Gabriel loue son cyclo-pousse 3000Ar par jour. Il travaille 6 jours sur 7. Un cyclo-pousse coûte de 500 000 à 800 000 Ar suivant la qualité. Pour nous le calcul est vite fait : 300 jours à 3000Ar/j = 900 000Ar, soit le prix d'un cyclo-pousse haut de gamme et des pièces d'usures habituelles (pneus). Nous lui proposons de rendre visite à un fabricant réputé. Dans la foulée, un contrat d'achat est signé pour 850 000 Ar, pour un cyclo-pousse haut de gamme avec sa carte grise et livré dans les 15 jours. Le nom du véhicule sera "la providence 1" et la mention suivante "ce cyclo-pousse a été parrainé par Ricardina et Sylvain, 88000 Vosges,
France" suivie du drapeau tricolore. Nous allons ensuite changer 250€, soit 850 000 Ar dont 450 000 sont versés au fabricant. Ensuite nous rédigeons, avec Gabriel, un acte de parrainage dans lequel il s'engage à mettre de côté tous les jours 3000 Ar et il devra dans un an acheter un nouveau cyclo-pousse "la providence 2" qu'il laissera à un jeune homme âgé de 25 à 30 ans qui lui versera 3000 Ar par jour. Dans 2 ans il devra acheter 2 nouveaux véhicules qu'il attribuera à 2 nouvelles recrues qui feront de même et ainsi de suite jusqu'à 5 ans où le cyclo-pousse sera définitivement acquis par le conducteur. Chaque année, Gabriel devra nous envoyer par mail, la photo du nouveau cyclo-pousse et du conducteur. Nous lui demandons aussi de ne pas devenir un patron exploitant la fatigue des conducteurs de cyclo-pousse. Il accepte nos conditions sans hésitation. Avec lui nous rendons visite à son épouse et son bébé de 3 mois. Il lui explique notre démarche. Elle fond en larmes et nous remercie chaleureusement.
20/10/15 : départ d'
Antsirabe pour
Tana puis l'aéroport avec la navette et retour en
France via
Nairobi.
Merci de bien vouloir m'indiquer si vous rencontrez Gabriel et son cyclo-pousse "la providence 1" et, dans les années futures d'autres numéros de "la providence". Je compte sur vous.
Nous espérons que ce parrainage de 250€ permettra à un nombre important de malgaches d'
Antsirabe d'améliorer leurs conditions de vie et souhaitons que ce type de parrainage se multiplie avec d'autres touristes.
Changements en 3 ans :
Moins de pression à l'aéroport d'Ivato de la part des porteurs. La RN7 est encore plus dégradée. Le train tombe plus souvent en panne. Plus de vélos en circulation sur les routes et pistes. Des panneaux solaires sont maintenant en vente partout mais on oublie très souvent de raccorder un régulateur qui protégerait la batterie. Beaucoup de maisons récentes ou en construction. Le réseau mobile de téléphone s'est déployé. Les gadgets chinois sont très répandus.
Budget : moins de 1000€ pour 2 pendant 3 semaines, sans les billets d'avion.
Sylvain octobre 2015