J’ai mis du temps avant de raconter notre histoire mais je ne veux pas cacher ce qui nous est arrivé malgré les précautions que nous avions prises tout au long de notre voyage.
La crise a bon dos et la recrudescence de la violence est partout, même dans nos contrées mais je n’oublierai jamais que j’ai risqué ma vie en visitant un pays que j’avais choisi (j’avais préparé notre voyage depuis des mois, loin du tourisme de masse... erreur !), dont j’avais envie de connaitre les habitants, les sites et dont je voulais faire la « pub » en rentrant avec de belles photos. Que nenni, les photos puisque je n’ai hélas plus d’appareil.
La guérilla s’est peut-être terminée officiellement en 1996... mais les armes sont toujours là.
Le 30 décembre au matin, nous nous sommes faits kidnappés, braqués et dévalisés sur la route entre le village d’
El Remate et le site de
Tikal. Nous étions en famille dans un minivan avec guide et chauffeur et sommes sans doute passé sur cette route trop tôt avant l’heure d’affluence, soit à 7h45 du matin (il faisait pourtant grand jour), merci à l’agence et au chauffeur, qui nous avaient pourtant promis d’assurer la plus grand sécurité, de ne pas y avoir pensé !
Je n’oublierai pas ces hommes cagoulés et armés de fusil, pistolet, machettes et couteaux arrêtant notre voiture et nous obligeant à les suivre dans la jungle ! Vous décrire la terreur/l'horreur que nous avons ressentis ne sera pas possible et je n'en ai pas envie.
Grâce au sang froid de tous : le chauffeur à genou tenu en joug avec un pistolet, le guide tentant de négocier, mon mari devant aller ouvrir les valises ou enlever son alliance et notre chère fille qui malgré ses 14 ans n'a pas bronché, nous avons pu nous en sortir vivants.
Il n'y a aucune excuse à trouver à un tel acte de barbarie ni au
Guatemala ni ailleurs et nous aurons du mal à digérer ce qui nous est arrivé. Accepter cette fatalité, c'est déjà cautionner ce qui s'est passé.
Je suis très en colère et aurai besoin de temps pour m'en remettre et de me souvenir concernant notre séjour d'autre chose que du crissement des freins sur la chaussée et la vision d'hommes armés.
Ne partez pas avec des agences locales privées !! Il faut être en groupe, le tourisme étant peu développé sur certains sites ; nous avons même croisé des braconniers armés à l’allure « pas tibulères » mais presque à
Aguateca.
Par ailleurs, sur le Rio de la Passion, les bateaux sont si vétustes et dangereux que je m’étonne que les agences (même les plus prestigieuses) y offrent une balade alors que des crocodiles (je n’affabule pas) se promènent sur les rives. Je n’ose imaginer un bateau qui coule. Le « batelier «, pompeusement nommé par notre agence, a même failli nous précipiter dans le décor en fonçant droit sur la rive car il était en train d’écoper et ne regardait plus devant lui ! Les touristes ne sont pas des vaches à lait et un minimum de sécurité devrait être assuré. Sur le
Rio Dulce, par contre, là où les guatémaltèques ont leur lieu de villégiature les bateaux sont en parfait état, pourquoi ?
C’est vrai que les indiens sont très beaux avec leurs magnifiques costumes colorés, c’est vrai aussi que les guatémaltèques sont sympas et qu’on peut partager leur bonne humeur en chantant avec eux dans les bars...mais ils ont le sang chaud et le taux de corruption est tel que 95 % des délits ne sont pas punis, on peut donc aisément imaginer que tout y est hélas possible.
Bien sûr que si je suggère de boycotter cette destination, les routards aficionados de l’
Amérique centrale vont immédiatement me contredire en arguant du fait que justement en ne s’y rendant plus, le pays sera plus pauvre et que ce sera pire mais ce ne sont pas des pauvres qui nous ont attaqués mais des malfrats qui ne seront jamais arrêtés - dixit la police qui avait pourtant fait un beau rapport sur notre agression - car tout le monde du Mousse au Commandant est coupable, je gage que mon appareil photos (un appareil semi-professionnel) est déjà entre les mains d’un notable du coin...Il est inadmissible d’être pris pour cible alors que nous ne sommes pour rien dans la mauvaise marche de ce pays !
A vous de voir si vous pensez que le jeu en vaut la chandelle...