Si la grâce existe alors la caméra de Jim Jarmusch l'a délicatement captée dans ce film... balade rêveuse, nonchalante, hypnotique qui déroule du lundi au dimanche et du matin jusqu'au soir la vie tranquille d'un conducteur de bus, poète à ses moments perdus.
Une poésie des petits riens, du temps qui passe et de l'amour fou...
Des poèmes sans rimes écrits sur un carnet fatigué et que l'on découvre mot après mot en surimpression sur l'écran chaque fois que l'inspiration lui vient.
Quelques lignes minuscules qui offrent l'immense...
Paterson c'est Adam Driver, et c'est aussi la ville où se déroule l'histoire :
Paterson, New-Jersey, lieu de naissance d'un poète célèbre William Carlos William... L'amour fou c'est Golshifteh Farahani qui illumine de ses sourires, de sa fantaisie et de sa créativité leur vie toute simple et minutieusement réglée, ritualisée.
Il joue avec les mots, elle aime le noir, le blanc, les cercles et les petits trous, se rêve en chanteuse country et se réalise en reine du cupcakes.
Aussi exubérante et rieuse que lui est taiseux.
Ils n'ont pas d'enfants mais ils ont un chien qu'il sort tous les soirs à la nuit tombée pour la même promenade qui le conduit toujours vers le même bar nocturne et ses habitués un peu cabossés.
Un bus, des passagers et leurs conversations d'enfants, d'adolescents, de mecs ou de vieilles dames qui lui parviennent par bribes...
Un contrôleur plaintif...
Une toute jeune poète...
Et une rencontre énigmatique, lumineuse, qui conforte, qui transmet et qui redonnera l'envie...
Un film comme un voyage contemplatif souligné par une musique élégante et mélancolique du groupe Sqürl, groupe auquel appartient Jim Jarmusch qui a décidément bien des talents.