LE PREAH KHAN
Ce temple mérite d'être visité, on y trouves quelques particularités.
Jayavarman VII a fait construire ce temple pour y placer l'image de son père sous la forme du Bodhisattva Lokeçvara (statue inaugurée en 1191). Il a également fait construire le Ta Prohm pour y placer l'image de sa mère sous la forme de Prajnapârâmita (mère spirituelle de tous les bouddhas).
En venant de l'Est on longe une allée bordée de bornes, on traverse le Gopura IV à trois portes puis il y a une allée, sur la droite un voit un petit bâtiment (voir photo 1), il s'agit d'un
Dharmaçâlâ ou gîte d'étape. Jayavarman VII en a fait construire 121, on peut en voir deux sur le site d'
Angkor : celui-ci et un autre au Ta Prohm (moins bien conservé).
En continuant on traverse le Gopura III à cinq portes (ce qui est très rare). On arrive alors à "
la salle des danseuses". Cette salle porte ce nom car on y trouve de nombreuses apsaras ("danseuses célestes") très souvent sculptés "en creux" sur les piliers carrés (photo 2). En levant la tête on peut voir sur plusieurs linteaux des sculptures "en relief" d'apsaras, ce qui rare (photo 3).
De cette salle en se dirigeant vers le Nord on peut voir un bâtiment dont l'étage repose sur des colonnes. Il s'agit d'une construction unique sur tout le site d'
Angkor (photo 4)
De la salle des danseuses continuer vers l'Ouest, on traverser un petit bâtiment cruciforme : Gopura Est de la 2ème enceinte. Peu après on arrive à une intersection avec une allée perpendiculaire, au centre de ce "croisement" il y a une grande pierre carrée qu'il faut contourner.
En se dirigeant dans l'allée vers le Nord on voit une porte murée par des éboulements de pierres.
Prendre à droite puis à gauche, au fond de ce petit passage, on peut voir une sculpture d'une
devata devant laquelle des personnes déposent des offrandes (photo 5). Selon une croyance populaire ces offrandes sont déposées par des femmes qui désirent avoir des enfants. Sur la droite il y a un petit passage, à gauche on voit une
seconde dévata (photo 6). (*)
Beaucoup de khmers pensent que ces deux devatas représentent les épouses de Jayavarman VII. Il s'agit là d'une hypothèse qui peut être plausible, en effet Georges Cœdès dans son livre "Pour mieux comprendre
Angkor" mentionne que dans les monuments construits par Jayavaman VII certaines statues étaient souvent des images de princes ou de dignitaires divinisés dont nous connaissons les noms gravés sur les portes des chapelles.
En continuant on arrive au sanctuaire central avec en son centre un stupa (probablement érigé au XVIème siècle), on constate la présence de
trous dans les murs à proximité : il ne s'agit pas de trous destinés à recevoir une couche de stuc comme on peut voir dans différents temples (Mebon Oriental, Lolei, Preah Ko...), selon Claude Jacques ces trous étaient destinés à recevoir les chevilles servant à maintenir des plaques de bronze, en effet l'inscription sur la stèle mentionne que plus de 1500 tonnes de bronze ont été utilisées à cet effet dans ce temple.
En continuant vers l'Ouest dans l'allée centrale il y a un
linga avec son yoni. On peut voir en détail ce linga composé de trois formes : ronde (correspondant à Shiva) – octogonale (Vishnou) – carrée (Brahma). Il est très rare de voir ces trois formes, en général seule la partie supérieure ronde est visible. Photo 7
En 1929 une statue féminine a été trouvée au Preah Khan : selon le livre "L'art khmer dans les collections du Musée Guimet" (de Pierre Baptiste – conservateur en chef de ce musée pour la partie du Sud-est Asiatique – et Thierry Zephir) il s'agirait du portrait de la reine Jayaarajadevi (l'une des épouses de Jayavarman VII).
Cette statue est une représentation de Prajnapârâmita qui est le symbole de la Sagesse, mère spirituelle de tous les Bouddhas. Dans le Bouddhisme Mahayana (Grand Véhicule) il y a une Trimurti composée de Bouddha, Lokeshvara (Bodhisattva) et Prajnapârâmita.
Cette statue est exposée au Musée Guimet (Photo 8), on peut voir sa photo au Banteay Srei, dans le hall situé après les toilettes.
(*) Beaucoup de guides ne montrent pas ces devatas. Il y a parfois des policiers chargés de la surveillance des temples qui montrent ces dévatas (moyennant un petit don). On remarquera que sur la manche de ces policiers il y a un écusson vert avec une représentation en son centre d'un
Dvârapâla (gardien de temple). Voir photo 9
Jacques
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