00Alex · 27 avril 2019 à 11:26 · 103 photos 86 messages · 20 participants · 8 389 affichages | | | 27 avril 2019 à 11:26 · Modifié le 1 mai 2019 à 16:19 Récidive en Afrique australe: deux semaines au Malawi en juillet 2016 Message 1 de 86 · Page 1 de 5 · 3 989 affichages · Partager PrologueIl n’y a pas beaucoup de carnets sur ou autour ou même incluant le Malawi. Donc, je pose ma pierre. Si à votre tour vous décidez d'y aller, n'hésitez pas à me contacter. Mais peut être que quand vous aurez fini de lire ce carnet, vous n'aurez pas du tout envie d'y aller. Dans ce cas, vous n'êtes pas obligé de me contacter, mais rien ne vous en empêche, surtout si vous être sympas.
J'ai écrit ce carnet peu après mon retour, puis j'ai beaucoup trainé à le publier, beaucoup trop... J'allais laisser tomber et finalement, je me suis dit que c'était dommage. Alors voilà...
Tout a commencé... en Islande. Ou plutôt, non. Tout a commencé en cherchant une destination pour 15 jours cet été. Et nous avions opté pour... l’ Islande. Pourquoi l’ Islande ? Mais pardi, parce que la Namibie nous avait beaucoup plu. Et c’est très habituel, amis forumistes. Regardez bien le site et vous verrez que tous ceux qui ont adoré la Namibie vont en Islande... et adorent l’ Islande. Beaucoup de ceux qui ont publié un carnet sur la Namibie en publient un sur l’ Islande dans les années qui suivent. Et bien justement, nous avions publié un carnet sur la Namibie. Donc, nous programmons des vacances en Islande. Les enfants nous abandonnent. L’ainée travaille cet été (dure existence) et la cadette nous explique sans vergogne que passer 15 jours avec nous comme seuls être humains, au milieu d’un désert de roches et de lave battu par les vents, c’est juste pas possible. Faites des enfants... On cherche un 4x4, on monte le budget. C’est cher... Et là, ma moitié me dit : euh, mais toutes les photos de l’ Islande, en vrai, le ciel, il est gris. En quand il est bleu, la photo est accompagnée d’un commentaire du genre : « j’ai eu de la chance », « journée exceptionnelle », « un été exceptionnel aux dires des Islandais », « nous ne verrons pas deux fois le ciel comme ça », « dix minutes après, il pleuvait », « ce furent les 5 minutes de beau temps de nos vacances »... Et il y a beaucoup de vent et puis sérieux, passer l’été en combinaison de ski, bof, bof. Ah, ouais. Pourquoi on n’irait pas en Afrique ?
Tiens, mais quelle bonne idée. Rétrospectivement, on n’a pas eu tort : cet été, l’ Islande a accueilli 1 million de touristes, soit trois fois sa population. Retour à l’Afrique : on élimine tous les pays méditerranéens puisque ce n’était pas l’objectif (ça en déjà fait pas mal), ceux qui craignent à cause du terrorisme, de l’insécurité extrême ou des deux (un honnête paquet), ceux à propos desquels notre culpabilité nous interdit encore aujourd’hui d’aller (je pense au Rwanda), ceux où on est déjà allé, ceux qui ressemblent un peu trop à ceux où on est déjà allé et ceux où la saison des pluies tombe en juillet-août. De fil en aiguille, on en retient deux : le Malawi et le Mozambique. Problème pour le second : nous ne parlons pas 3 mots de portugais ça va sérieusement compromettre les rapports humains. Et nous, on aime bien se poser avec les gens qu’on rencontre et tailler le bout de gras. Et puis, on aime bien l’Afrique anglophone... Donc, ce sera le Malawi, entre autres en raison de la présence d’un grand lac africain : nous n’en avions jamais vu. En vrai, on aurait pu et même dû discuter l’ Ouganda, mais le Lonely Planet d’ Ouganda ou d’ Afrique de l’Est n’avaient jamais trop trainé dans nos toilettes, épicentre de la créativité en matière de voyages. Alors voilà pourquoi le Malawi.
Le forum regroupe peu d’informations à propose du Malawi. C’est aussi le cas des autres forums de voyage francophones. Le Malawi n’est pas sur les routes des voyageurs français. Dites simplement à vos amis ou collègues que vous allez au Malawi et leur réponse sera : hein ? C’est où ? En revanche, le Malawi est bien connu des anglophones et notamment des anglais. Au sein du Commonwealth, le Malawi est une forme d’archétype du pays émergeant, et par conséquent l’endroit où se projettent un nombre considérable d’ONG en tout genre, pour le meilleur et pour le pire. Les ressources pour organiser le voyage, c’est sur les sites anglais et sud-africains. Le guide Bradt est, comme bien souvent, de très bon niveau. Je me suis mis à bien apprécier ces guides Bradt, finalement plus détaillés que le Lonely et pas beauf pour un sou (contrairement à tu-sais-qui). Un vol Paris- Amsterdam- Nairobi- Lilongwe sur Kenya Airways. Pas de loueurs de voitures « internationaux » sur place. Quelques petits loueurs, mais pas tant que ça. SS Rent-a-Car retient notre attention. Comme on va faire de la piste, il nous faut un 4x4. Et comme nous ne sommes que deux, nous choisissons un Jimny. Ce fut peut être une erreur car les pistes du Malawi sont vites de mauvaise qualité (sans comparaison avec les gravels namibiennes) et un bon gros Hilux n’aurait pas été du luxe. Disons que, au Malawi, la plupart des routes sont goudronnées. Mais celles qui ne le sont pas sont souvent en mauvais état. Après, les pistes, c’est comme temps, leur condition change vite. Le Jimny, ce fut un peu fatigant pour le dos, les bras, les fesses... Sans compter un peu moins de stabilité. On avait pensé camper et cherché un 4x4 avec rooftop tent, mais ce n’était pas simple à trouver, mais faisable en fin de compte. Quelques hôtels et lodges « clés » sont réservés aux mois de mai et juin. A posteriori, c’était pas trop la peine de s’y prendre bien en avance : beaucoup d’hébergements étaient très vides. Les visas... parlons des visas. Depuis 2015, les français ont besoin d’un visa pour le Malawi, qui a besoin de devises. Normalement, ce visa peut être pris à un post frontière, comme un aéroport international. Je contacte donc le service consulaire de l’ambassade du Malawi à Bruxelles (il n’y en a pas à Paris, preuve des intenses relations diplomatiques entre la France et le Malawi) : ah, mais Mister, il vous faut absooooolument un visa avant votre départ, et ça se fait très simplement par la poste. Mon passeport par la poste ? Ben oui l’ami (notez que la plupart des transporteurs privés refusent de convoyer un passeport. Bon, alors là, je me suis grave dégonflé : j’ai dégainé les euros et suis passé par une boite spécialisé. Pourtant, j’ai fait mes visas pour la Russie (yes), l’I... (re-yes) et la Chine (re-re-yes, mais en fait très simple) tout seul. Mais sérieux, le coup de la poste, je ne le sens pas. Pour info, ça a pris presque trois semaines contre deux annoncées... Ah oui, et pour tout vous dire, à l’arrivée à l’aéroport, de nombreux visiteurs (c’est que nous étions bien dix) faisaient établir leur visa à l’arrivée. Gromfff...
Et voilà à quoi ressemble l’itinéraire que nous envisageons, les horaires ont été calculés sur T4A.
La suite, bientôt... | | Chouette, un carnet qui va me plaire. Je profite d’être la première dans la Jimmy car il ne va pas y avoir beaucoup de places 😜 ! | | Bonjour Alex,
Voilà un carnet qui va m'intéresser, le Malawi étant sur ma liste à moyen terme.
Sinon, effectivement l' Ouganda aurait été un super choix, on a adoré et toi qui aime le contact avec la population tu aurais été servi
J'attends donc la suite
Merciii | | mince tu m'as piqué la place alors que j'étais en train de monter T'as pas du travail du côté du Soleil Levant
A+ | | mince tu m'as piqué la place alors que j'étais en train de monter
🥳
T'as pas du travail du côté du Soleil Levant
Oui, mais une petite pause du côté de l’Afrique fait toujours du bien !
A+
A+ | | Bonjour Alex
J'embarque aussi (à 3 sur la banquette arrière, on sera un peu serrés mais tant pis ). C'est vrai qu'il n'y a pas tant de carnets que ça sur le Malawi alos, profitons-en! Muriel PS Oui, l' Ouganda, bonne idée | | avaient jamais trop trainé dans nos toilettes, épicentre de la créativité en matière de voyages.
Une jolie entrée en matière... | | bon, il semblerait qu'il n'y ait plus de place dans le 4x4. OK, je veux bien me mettre sur le toit (c'est assez courant en Afrique !) même si je vais vous maudire tout le voyage, vous qui allez voyager " dans le confort " laurence | | Bien venu à bord ! Et en effet, il n'y a pas beaucoup de place. | | Merci de ton enthousiasme. T’inquiète, on va se serrer un peu, ça va le faire . | | 14 juillet : le faux départ.Nous prenons sans encombre notre vol Paris- Amsterdam et, arrivés à Amsterdam à 18h00, nous cherchons à quelle porte nous attend notre avion Kenya Airways de 21h00 pour Nairobi. Sur le tableau d’affichage, il y du rouge : j’aime pas. Oh, non, 12h00 de retard. L’avion est bien là, mais pour un problème d’équipage, il ne partira que... demain matin... bouhhhh. Et voilà déjà une journée de voyage perdue. Bon, on récupère nos coupons « bouffe », nos coupons « hôtel », la trousse de toilette et on s’installe dans un quelconque Ibis ou je ne sais plus trop comment. Mauvaise bouffe, mauvaise nuit...
15 juillet : le vrai départAvant le décollage, appel de l’hôtel à Lilongwe pour reculer d’une nuit, annulation du lodge où nous devions dormir le lendemain et appel du loueur pour décaler de 24h00 la remise du véhicule. Décollage à 9h00, vol sans encombres. Kenya Airways est une compagnie tout à fait standard et on a pu tester pour la première fois le 787 dreamliner avec son calme relatif et ses hublots rigollots qui varient la quantité de lumière filtrée. Un peu déçu par Madagascar 3, je tenais à vous le dire.
Arrivés à Nairobi, nous avions évidemment manqué notre vol du matin pour Lilongwe. Il n’y en a pas ce soir. Pas chance, il reste des places pour le vol de demain matin. Munis de nos cartes d’embarquement, nous sommes emmenés par un petit bus bringuebalant jusqu’à un hôtel situé à 45 minutes de l’aéroport dans un quartier périphérique calme de Nairobi. Kenya Airways nous a offert des visas de transit pour le Kenya. L’hôtel est très sympathique sans être luxueux. Nuit calme...
16 juillet : LilongweRetour à l’aéroport en petit bus bringuebalant. L’aéroport est un peu une forteresse. Un bon kilomètre avant d’y arriver, tout le monde descend du bus pour un check point « à pieds », puis remonte dans le bus après. C’est vrai que côté attentats, les Kenyans, ils ont pas mal donné. Embarquement à 11h00 et arrivée à 13h30 à Lilongwe. Coucou-plus type Embraer loin d’être plein et qui continue après sur la capitale économique du Malawi qui se nomme Blantyre, en mémoire de, je vous le donne dans le mille, la ville natale de Livingstone... en Ecosse. En chemin, survol magnifique du Kilimanjaro (mon petit cœur bat la chamade, j’étais au sommet il y a tout juste deux ans), du mont Meru (belle allure), du Ngorongoro (comme quoi, ça ne sert pas à grand chose de se payer des survols en avion) et, pour finir, du Lac Malawi (trop beau, j’en rêvais depuis mes 20 ans). L’aéroport international de Lilongwe n’est, comment dire, pas immense, et les vols réguliers ne s’y bousculent pas. D’ailleurs, nous ne sommes pas si nombreux à descendre et à faire la queue aux guichets.
Le loueur nous attends : direction l’hôtel puis l’agence. Prise du véhicule. Le Jimny à 140.000 km au compteur, des pneus pas nickel. Le gars de l’agence est sympa mais a envie de rentrer chez lui. Au Malawi, le samedi à partir de midi, l’activité se calme franchement. Il est samedi 15h00, l’agence devait fermer à 12h00, et l’employé veut rentrer. Et c’est là que les ennuis commencent. Leur terminal pour carte Visa ne fonctionne pas, donc je ne peux pas déposer la somme correspondant à la pré-autorisation. Et, vous auriez, 1300 $US de caution en poche, en cash ? Ben oui mec, tiens, justement, j’avais les poches pleines de biftons, elles allaient craquer à l’instant. Non, en fait, non. La vérité, c’est qu’on avait environ 600 dolls avec nous. Mais pas pour lui, non, non. C’est « au cas où ». Au cas où quoi ? Au cas où, point à la ligne. De toutes façons, on ne le lui dit pas. « Allez donc me tirer la somme en Kwachas », nous dit notre loueur. Pour info, ça fait environ 1 millions de Kwachas. C’est vrai que côté banque et ATM, on est servi : environ six ATM dans un périmètre de 200 mètres. Mais voilà, il faut savoir qu’au Malawi, un distributeur ne donne jamais plus de 40.000 Kwachas par retrait, soit à l’instant où nous y étions, la modique somme de 50 Euros. Alors, disons le tout de go, 50 Euros, c’est un gras mois de salaire moyen au Malawi, ce qui donne le ton. Pour faire 1300 $US, il va falloir en faire des retraits. Le truc à savoir, c’est que tu peux retirer plusieurs fois de suites avec la même carte, et nous en avons environ quatre. C’est parti mon kiki... Enfin, ça part pas très loin : tu imagines la tronche des gars de chez Visa en Europe qui voient des retraits en pagaille au Malawi il ont appuyé en 12 secondes sur la touche « stop », et voilà nos cartes bloquées, bouh. Enfin, deux sur quatre, on a pas voulu bloquer les dernières. Pour info, comme c’était un peu le rush au moment du départ, le traditionnel appel à la banque « bonjour, on va dans un endroit bizarre avec quatre cartes de crédit » est passé à la trappe, erreur, erreur. On revient avec 160.000 Kwachas et on dit au loueur qu’on a que ça. Et le loueur nous laisse partir avec la voiture, sans pré-autorisation, sans rien... Tout basé sur la confiance. Classe le mec, je le lui ai dit. J’en ai parlé avec lui après et il m’a dit que ça lui arrivait de temps en temps et que les clients soient vraiment malhonnêtes, mais pas si fréquemment. Une fois, des gars sont partis avec une caisse et l'ont lâchée en Zambie.
On se pose enfin à notre Hôtel, le « Kiboko Town Hôtel », choisi parce qu’en plein centre ville (j’aime pas les hôtels trop excentrés parce que tu dois trouver où garer la bagnole au centre ville quand tu t’y promènes) et à un prix correcte pour l’Afrique (65 US$. Oui, Afrique, c’est cher). Architecture coloniale 50’s. Pas le luxe, mais propre et bien situé. On se fait une petite ballade. Dès les premiers mètres, c’est le retour de cette sensation très particulière, propre aux villes africaines. Pas de trottoirs, beaucoup de monde qui marche, qui marche... Les minibus qui chargent et déchargent leurs passagers.
Première bonne surprise : nous sommes translucides. Je m’explique : transparents, nous ne pouvons pas être. Deux Européens dans le centre de Lilongwe, et nous n’allons pas croiser des masses d'Européens, ça ne peut pas être totalement transparent. Mais en même temps, nous n’intéressons personne. Personne ne tente de nous vendre quoi que ce soit de « particulier ». Et ce sera la cas tout au long du séjour, à de rares exceptions près. Le Malawi n’étant pas un pays touristique, personne n’attend des miracles du touriste. Bon, sauf les marchands de souvenir qui sont tous, je dis bien tous, concentrés à un angle de rues situé à 100 mètres de notre hôtel et qui n’ont pour ainsi dire aucun client (j’y ai compté ce jour en passant devant les stands de souvenir 2 grands anglo-saxons et 3 chinois moins grands).
C’est jour de match, les supporters de l’équipe victorieuse exultent dans les rues. On se promène jusqu’à ce que la lumière diminue, puis retour à l’hôtel. Petite bière au bar. Côté bière, au Malawi, c’est simple, c’est... Carlsberg, qui a une brasserie locale et pas moins de 5 variétés : Green, Stout, Special, Chill et Kuche-Kuche... La Green, c’est la Carlberg de base. Tu ne dis pas « une Carleberg tavernier », mais « une Green ». Green, c’est en hommage à la couleur des bouteilles de Carlsberg qui, au Malawi, sont... marrons. Enoooorme, non ?
Rapides emplettes au supermarché, tenu par des Chinois. Petite facétie de l'histoire, jusqu'à 2008, le Malawi avait des relations diplomatiques avec... Taiwan... En 2008, changement brutal en faveur de la République Populaire.
Diner au restaurant AdLib, dans la rue, juste à côté de l’hôtel, on s’est sentis trop flemmards pour prendre la voiture. Et puis, la vérité, c’est qu’on est fatigués. Ca fait plus de deux jours qu’on attend des avions, qu’on est dedans ou qu’on en descend. Ce AdLib est pas mal. Ambiance assez expats-et-ONG. Je parlerai plus tard de ce monde et de cette ambiance. Pourquoi plus tard, et bien d’abord parce que je ne vais pas tout vous dire tout de suite. Ensuite parce qu’à ce stade du voyage, j’en ignorais beaucoup, si ce n’est tout. | | On va commencer à être un peu serrés, pas de doute, mais plus on est de fous, plus on rit. On a testé avec quelques auto-stoppeurs et aussi une fois un fermier qui voulait mettre sa récolte sur la banquette arrière pour se rendre au marché. Je confirme, un Jimny, c'est vraiment petit. | | Un carnet sur l' Afrique de l'est, sur un pays que l'on ne connaît pas forcément j'embarque. En plus l'écriture est plus que plaisante. Et on retrouve presque tous les copains de l' Afrique Australe. Bon par contre le jimmy c'est un peut petit pour tout ce beau monde | | N'est ce pas | | 17 juillet : premiers pas dans la campagneEtant arrivés avec plus de 24 heures de retard, nous avons fait sauter notre étape dans la Nkhotakota Game Reserve, un petit parc national donc beaucoup ventent les mérites. Nous en reparlerons à la toute fin de ce carnet.
Nous allons donc directement à l’étape suivante : Makuzi Beach Lodge, un petit lodge bien luxueux situé au bord du lac et où nous avions réservé. Nous interrogeons le GPS (carte Tracks 4 Africa achetée sur le site et chargée avant le voyage). Nous : « GPS, GPS, quel itinéraire vois tu pour aujourd’hui ? ». Le GPS : « Je vois une route un peu moche jusqu’au lac puis une route côtière un peu éloignée de la côte (mouaif) ou alors un chouette itinéraire bucolique dans la campagne (tiens, mais c’est pas mal, ça, hein ?) ». Nous : « Ohhhh GPS, ce chemin des écolier si bucolique est il beaucoup plus long que le goudron tout laid ? » Le GPS : « un peu plus long, oui, de 40 minutes, misérable automobiliste matérialiste ». Nous : « et bien GPS, nous choisissons la petite route bucolique », pouic, on active la route, et nous voilà en route, M1 direction nord. Je l’adore ce GPS quand il traduit T4A en français, ça me rappel la Namibie : « continuer sur tar », « à 100 mètres, prendre gravelle corruguètède ». Mais alors là où je l’adore pas, mais pas du tout, c’est que le chemin des écoliers, c’est celui des écoliers qui sèchent bien bien fort l’école il a pris 3h30 heures de plus que ce monstre sournois nous avait annoncé, l’infâme scélérat.
Mais ce fut superbe. D’abord, premier constat : il y a un monde fou au Malawi. Et d’ailleurs, les données géographiques le confirment : la densité de la population du Malawi est très élevée. Au Malawi, il y a tout le temps des gens qui marchent le long des routes. Tout le temps, vraiment. Et quand personne ne marche, et bien ouvre l’œil : il y a une maison. Info cruciale pour l’automobiliste : pense bien à faire pipi avant de partir, car ce sera compliqué de faire tes petits besoins en route, tout du moins au calme, dans la campagne et à l’abris des regards.
Aujourd’hui, c’est dimanche. Le Malawi est un pays très majoritairement chrétien (nombreuses églises, au sens propre comme figuré) et tous ces marcheurs vont au service religieux. Ils sont très très bien habillé, très chics : les femmes ont de belles robes et les hommes une veste et, bien souvent, une cravate. Ont quitte la M1 à Lumbadzi vers l’est. En fait, ce fut l’erreur originelle du GPS : il aurait du nous faire prendre la M7 à Mponela. Ca roule bien. Ce devait être une piste, elle est depuis goudronnée, merci amis Chinois. Embranchement vers le nord, sur une piste en latérite de qualité acceptable. Peu d’étrangers passent par là. Les enfants nous disent bonjour, les grands aussi. Ca devient une petite piste vraiment pourrie. Bon, alors là, y a plus personne, beaucoup de rochers, ça grimpe un peu sec. On doit passer en 4x4 : ça passe. Finalement, après 3h00, on atteint Ntchisi. Arrrrgh, on est que là... Encore un petit coup de piste pas bien bonne. Il faut dire que c’est assez sympa. Certes, c’est long, mais on ne regrette pas de traverser ces minuscules villages reculés, ces petits champs de maïs, de cassava (manioc), de passer devant ces bananiers. Et, fait, on adore toutes ces images, tous ces sons.
On est très loin de la Namibie (désertique au sens propre), du Botswana (pas très peuplé non plus et très aride) ou de l’ Afrique du Sud où on est un peu souvent sur ses gardes sans trop savoir à quelle sauce on va être mangés si on s’arrête n’importe où. On termine par la très bonne gravel qui traverse la Nkhotakota game reserve et il ne nous reste plus que deux heures de goudron le long du lac. Là encore, que de monde le long de la route en ce dimanche après midi. Les familles sont de sortie. Beaucoup de mondes aux petites boutiques des villages. Nous arrivons finalement à Makuzi à 16h00, après environ 8h00 de piste...
Makuzi, mon ami, vois-tu, c’est un peu un rêve. Une plage de sable blanc, magnifique, quelques rochers sur le côté pour faire joli. La forêt tropicale autour. Quelques chalets (ami, « chalet », c’est plus classe que « bugalow » me comprends tu ?) regardent le lac. Le gérant nous accueille et nous accompagne à notre chalet. Il nous a généreusement upgradé dans un chalet « luxe », situé pile devant la plage, vaste et tout cela. En revanche, on a plus le droit de se baigner : baignade interdite après 17h00 à cause de la faune nous dit-il, hippos voir crocs, bien qu’exceptionnels. On glande un peu sur la plage pendant que le soleil se couche. Puis apéro : premier MGT ( Malawi gin tonic), hé oui, le Malawi produit son gin, et même sa vodka, mais sur cette dernière, je ne me suis pas risqué. Diner en terrasse aux chandelles. La densité de personnel est très élevée. Il y a trois personnes là où une seule suffirait en Europe. Du coup, chaque action est complexe, voir très complexe. Néanmoins, c’est de cette façon que ces établissements luxueux fournissent du travail à une large population et en font vivre une encore plus large. | | Info cruciale pour l’automobiliste : pense bien à faire pipi avant de partir, car ce sera compliqué de faire tes petits besoins en route, tout du moins au calme, dans la campagne et à l’abris des regards.
Ça me fait penser à l' Ouganda, ça! Tes photos de campagne aussi d'ailleurs...
Muriel | | Oui pour le moment ça fait pas mal Ouganda... et c'est tant mieux car j'adore | | Bonjour Alexandre
Effectivement tes premiers posts nous donnent l'eau à la bouche .
Comme beaucoup, voilà un pays auquel je n'avais pas pensé du fait de mon ignorance ! Les seules choses que j'en connais, c'est Madonna qui me l'a dit Par contre, on est bien parti pour que tu me donnes de nouvelles idées !
J'adore vraiment ton style trop drôle mais si je peux me permettre, pourrais-tu essayer d'aérer un peu tes écrits ?? Des "à la ligne et des interlignes" c'est pas mal aussi . Bon, tu fais comme tu veux évidement, c'est ton carnet, mais à chaque fois que je te lis, faut que je parte en rééducation oculaire après ah ah.
A bientôt pour la suite
Christelle | | Merci Christelle de ton message encourageant. Promis, le fais un effort | | 18 juillet : en route pour le nordCe soir nous dormons à Livingstonia, à 4h30 de route. Mais avant cela, on pique une tête dans le lac qui n’est pas si chaud, probablement en raison d’une brise du large qui soulève des vagues. Le petit déjeuner anglais est sublime, avec une mention spéciale pour les pancakes maisons. D’ailleurs, au Malawi, nous ne ferons que deux repas par jour : un gargantuesque petit déjeuner d’inspirations anglaise (parfois lointaine) et un diner. A midi, ce sera une ou deux bananes achetées sur le bord de la route.
Makuzi Lodge est tenu pas une famille descendante d’anglais installés de longue date au Malawi et ayant perdu leur citoyenneté britannique. Ils n’ont donc plus qu’un passeport du Malawi. Là, je leur tire mon chapeau ! Tu t’imagines avec un passeport Malawi comme seul passeport ? Moi, non. Adieux l’Europe et ses vertes plaines, adieux l’ Amérique du nord. Reste l’ Inde, l’ Indonésie et quelques autres pays qui veulent bien de toi. La patronne a du prendre un avocat pour obtenir un visa de tourisme pour rendre visite à sa cousine en Australie.
Comme tous ces établissements, Makuzi a son « œuvre de bienfaisance ». Il s’agit dans le cas présent d’un orphelinat. Le nombre d’orphelinats au Malawi est hallucinant, il y en a partout, le long des routes. Le SIDA est la première raison pour laquelle le nombre d’orphelins y est si élevé : plus de papa, plus de maman. Par ailleurs, quand la maman meure, le papa abandonne parfois les enfants. Donc, tout plein d’orphelinats au Malawi. Quant au système d’« œuvre de bienfaisance », et bien je n’ai jamais réussi à savoir si c’était ou non du flan. Certes, chaque lodge privé un peu chicos a son ou ses « œuvres » (j’aime bien le terme « œuvre », ça fait un peu comtesse de Ségur) : orphelinat, école, centre de santé, etc.. Mais quel poids cela a-t-il dans le développement du pays, dans le niveau de vie, dans santé et de soins des populations ? Est-ce une goutte d’eau ou est-ce beaucoup ? Est-ce simplement une façon de se déculpabiliser ou est-ce le prix à payer pour quiconque génère tant de richesse dans un pays si pauvre ? Disons peut-être que, si ces « œuvres » n’existaient pas, la vie de certains serait encore plus difficile qu’elle n’est déjà.
Revenons à notre plage paradisiaque : au bout d’une heure, on en a assez. Non mais c’est vrai, la plage, ça nous ennuie toujours assez vite. Chacun est différent. Il y en a, ils rêvent de longues vacances sur une plage paradisiaque. Soyons claire : nous aussi. Tu me montres une photo de plage paradisiaque, je veux y être tout de suite. Mais une fois je j’y suis, je m’y ennuie bien vite.
Du coup, on prend nos clics et nos clacs et nous voilà sur la route à 11H00. Ravitaillement à Mzuzu, la capitale du nord, grosse ville plutôt aérée. On retire des Kwatchas, beaucoup. Visa, qui avait bloqué temporairement nos cartes a tout libéré, ce qui permet de faire plusieurs retraits de 40.000 Kwachas par carte. A nous le bon cash ! Quelle orgie mes amis, quelle orgie de billets. Par ailleurs, ce qui est fou, c’est que nous restons totalement translucides : les marchands ambulants nous proposent des trucs, mais sans insister trop. En même temps, insister pour vendre un chargeur de téléphone portable qui se connecte sur l’allume cigare de l’auto ou encore des câbles pour batterie, c’est quand même sans espoir. On achète le journal et un peu de musique pour les longs trajets : de la rumba du Malawi et un peu de gospel. On fait un bon plein d’essence et nous voilà partis.
Au nord de Mzuzu, la route est d’abord lassante (morne plaine), puis assez jolie. Elle longe une vallée avec une rivière. Descente vers le lac par un col assez raide. On croise quelques babouins oisifs. Sur la route du col, le principal danger vient des camions arrêtés, en montée comme en descente. Certains, contraints et forcés parce qu’ils ont quitté la route faute de freins en bon état. D’autres, simplement parce que c’est la pause pipi. Alors tu imagines une route bien raidoche, un camions citerne plein d’essence planté en plein milieu de la route (pas arrêté sur le côté, non, ce serait trop facile), bien immobilisé par des cales placées sous les roues (on ne sait jamais) et le chauffeur qui remonte sa braguette une clope au bec. Et là, tu te dis « on se casse fissa avant que ça fasse boum ».
De fil en aiguille, nous voilà arrivé à Chitimba, enfin plus précisément Mkondowe. On prend plein oust, direction Livingstonia : que la fête commence. La piste pour Livingstonia, c’est 21 virages qui permettent de s’élever de quelques centaines de mètres au-dessus du lac, sur le rift. Elle est abrupte, ça on le savait. Elle est en pas très bon été, ça on le savait aussi. Cela prend une petite heure. Le Jimny sautille comme un petit âne. Nous prenons en stop des dames qui montent à Livingstonia avec toutes leurs provisions sur la tête, elles sont bien contentes. La piste est assez spectaculaire et on a, il est vrai, la sensation de faire un trajet un peu mythique. Rapidement, elle s’élève et offre des vues magnifiques sur le lac.
Nous arrivons vers 16h30 à notre destination : Lukwe Ecco Camp. L’endroit est, disons le, très joli. Le camp est situé au bord de l’escarpement formé par le rift. Le bar restaurant est placé sur une terrasse en bois en partie au dessus du vide. D’ailleurs, il y a là une très jolie balancelle qui est tellement proche du bord qu’on hésite à faire des pitreries avec. La vue est superbe. Au coucher du soleil, les lumières sont magnifiques. Notre chalet est posé tout au bord. Il est tout petit, constitué d’une unique pièce à peine plus grande que le lit. Point de fenêtres, mais une unique et vaste baie vitrée donnant sur le vide. A noter pour ceux que ça intéresse que les emplacements de camping sont vastes et bien équipés.
Je croise deux hollandais qui reviennent d’un après midi de travail dans le « permaculture garden ». Bon, j’avoue, je suis ignorant. Et ne me dites pas tous que vous savez ce que c’est... En tous cas, ces sympathiques Hollandais m’expliquent que le camp est placé sous les hospices du développement durable et qu’ils se sentent l’envie de travailler au champ. Alors moi, c’est non, et un non définitif. D’abord, je ne suis pas en vacances pour travailler, je travaille bien assez comme ça en temps normal. Et par ailleurs, prendre le travail d’un habitant du Malawi, ça ne me plait pas trop comme idée, ils ont suffisamment de mal à trouver un boulot très mal payé. On se contente d’une petite « Green » au coucher du soleil, suivi d’un repas fabriqué à partir des bons produits du « permaculture garden ». Il faut le souligner : le repas est excellent.
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