bonjour à vous!
Régionalismes en Amérique du Nord
il est fréquent que l’on se chamaille quelque peu sur la question de la culture américaine et de sa diversité ou de sa non diversité..
Voici quelques éléments de réflexion...
Je pense personnellement qu’il est raisonnable de penser comme un autre intervenant, Tatra, l’a l’écrit récemment dans un autre sujet que :
‘’
il n'y a rien aux Etats-Unis qui ressemble aux cultures nationales, aux dizaines de langues parlées en Europe, toutes attachées à un patrimoine, à une histoire, à une identité propre.’’
.... mais je pense néanmoins qu’il subsiste une diversité souvent insoupçonnée depuis l’ étranger et que le fameux
melting pot dont on nous parlait à l’école, ici en
France, n’a pas totalement gommé aux
Etats Unis les spécificités, héritées de l’immigration ou acquises. Avoir vécu dans cinq régions en travers du continent et travaillé dans deux ou trois autres aide à donner un tout petit peu de concret à cette réalité qu’est la diversité culturelle en
Amérique du Nord
Le sujet a depuis longtemps suscité un intérêt marqué et fait l’objet de diverses études. Pour la petite histoire je cite deux documents:
- en 1940 une carte du ‘’American Council Against Intolerance’’ signée Emma Bourne
America--A Nation of One People from Many Countries | Osher Map.. (carte zoomable)
- en 1958 une carte présentée à l’Exposition Universelle de
Bruxelles
Plus récemment l’ouvrage du journaliste-historien
Colin Woodard 2011 m’a paru particulièrement intéressant On dirait bien que la dichotomie souvent invoquée entre Blue et Red
States ou entre East Coast and West Coast..... et bien tout çà...
c’est un peu court, aurait dit Cyrano, pour décrire la complexité du pays !
Présentation du livre :
‘’
An illuminating history of North America's eleven rival cultural regions that explodes the red state-blue state myth. North America was settled by people with distinct religious, political, and ethnographic characteristics, creating regional cultures that have been at odds with one another ever since. Subsequent immigrants didn't confront or assimilate into an “American” or “Canadian” culture, but rather into one of the eleven distinct regional ones that spread over the continent each staking out mutually exclusive territory. In American Nations, Colin Woodard leads us on a journey through the history of our fractured continent, and the rivalries and alliances between its component nations, which conform to neither state nor international boundaries. He illustrates and explains why “American” values vary sharply from one region to another. Woodard (author of American Character: A History of the Epic Struggle Between Individual Liberty and the Common Good) reveals how intranational differences have played a pivotal role at every point in the continent's history, from the American Revolution and the Civil War to the tumultuous sixties and the "blue county/red county" maps of recent presidential elections. American Nations is a revolutionary and revelatory take on America's myriad identities and how the conflicts between them have shaped our past and are molding our future.’’
un compte-rendu :
Which of the 11 American nations do you live in? - The Washington Post
bien sûr le terme n’a pas ici vraiment le même sens qu’en Europe
Ce qui est également intéressant c’est que- indépendamment de cette étude et en profitant de la vogue récente qui pousse les familles vers la généalogie génétique-une équipe de spécialistes en biologie moléculaire a produit ces résultats e
n 2017 :
Clustering of 770,000 genomes reveals post-colonial population structure of North america
extrait de l’
abstract:
‘’
Despite strides in characterizing human history from genetic polymorphism data, progress in identifying genetic signatures of recent demography has been limited. Here we identify very recent fine-scale population structure in North America from a network of over 500 million genetic (identity-by-descent, IBD) connections among 770,000 genotyped individuals of US origin. We detect densely connected clusters within the network and annotate these clusters using a database of over 20 million genealogical records’’.
l’ordinateur est décidément une bien belle invention... !
Bref... tout çà est matière pour spécialistes,
nous profanes, contentons nous d’observer avec curiosité :
- la carte produite en 2011 par Colin Woodard, le journaliste s’intéressant aux aspects culturels et comportementaux qui s’appuie sur un concept de géographie culturelle théorisé par l’illustre
Wilbur Zelinsky lequel affirme que lorsque une
“new” society is settled, the cultural characteristics of the initial settlement group will have a lasting and outsized effect on the future trajectory of that society — even if their numbers were very small and those of later immigrants of different origins were very large.
- la carte produite en 2017 par
Eunjung (Christine) Han, la scientifique spécialiste en biologie moléculaire qui s’appuie sur les études statistiques de génomes
et constatons que le rapprochement
a posteriori entre ces deux documents, totalement étrangers l’un à l’autre au départ, est plutôt intéressant !
Colin Woodard en fait d’ailleurs l’analyse suivante :
The 11 Nations of America, as Told by DNA – Medium
En bonus (
) faites donc connaissance de
Max Galka (Metrocosm), l’homme qui jongle avec les bases de données et transforme le tout en ‘’visuels’’... bien plus digestes !
par exemple :
200 years of US immigration (attendre l’animation)
je trouve ce document fascinant...en le regardant de près on y repère facilement la trace de nombre d’épisodes historiques,
exemples...
- venant de
France l’épisode des chercheurs d’or vers la
Californie (1849- 1855) synchrone de celui des quarante-huitards, les réfugiés d ‘après la Révolution de 1848
- la grande famine irlandaise, années 40, 50, 60 (du XIXème siècle bien sûr) qui lance l’émigration irlandaise massive vers les
Etats Unis.
- la grande émigration italienne lancée à la fin du siècle qui dure jusqu’à l‘arrivée de Mussolini
- l’émigration depuis l’Empire Russe stoppée net à la fin de la guerre civile vers 1921 avec la prise de contrôle définitive des Bolcheviks
- l’immigration allemande remarquable par sa constance et son importance depuis les révolutions de 1848 et même après les premières années de l’unification c’est à dire après la proclamation de l’Empire en 1871 à Versailles
- la première émigration chinoise ca. 1850 vers la
Californie des chercheurs d’or puis, dans la foulée, vers les chantiers ferroviaires et blanchisseries de la ‘’conquête de l’Ouest’’
mais une question reste, pour moi, pendante... laquelle ?