Bonjour,
En réponse à une interrogation que j'ai vu passer... Vivre et travailler à Kinshasa...
En tant que professeur au Lycée Français de Kinshasa je peux apporter quelques éclaircissements sur les conditions de vie et de travail à Kinshasa.
Tout d’abord le peuple congolais est très attachant bien qu’il soit difficile en tant qu’étranger de nouer de réels contacts avec la population locale. Kinshasa est une belle et grande ville (8 millions d’habitants) dynamique et qui ne ressemble à aucune autre. Beaucoup de monde, beaucoup de voitures, beaucoup d’embouteillages et quelques endroits pour sortir. La sphère « expat » est riche, mais comme toute sphère limitée. Et ce qui est dommage, c’est qu’il est impossible de visiter le reste de la RDC à cause de l’absence d’infrastructure et du contexte post-conflit. La quasi inexistence d’activités culturelles (cinéma, musée, etc.) et la petitesse de la partie de la ville accessible aux étrangers donnent souvent un sentiment d’être à l’étroit. La situation politique versatile est stressante et pesante, on ne sait jamais vraiment ce qu’il peut se passer.
Du point de vue du coût de la vie. Kinshasa est la quatrième ville la plus chère au monde. Cela se ressent à tous les niveaux : compter par exemple au minimum 1500 $ pour un petit 2 pièces auxquels s’ajoutent dans le meilleur des cas une caution de 3 mois minimum (en général plutôt 6 mois). La vie quotidienne coûte chère, tout est importé, et du fait qu’il n’existe aucune infrastructure dans le pays nous sommes obligé de consommer en grande partie des produits venus d’Europe (un exemple : un paquet de lessive coûte en moyenne 50 $, un rouleau de papier toilette 10 $, 500g de viande hachée 8$, selon les fluctuation de la monnaie qui est loin d’être stable).
A cela vient s’ajouter des dépenses du fait des conditions de vie particulières ici, et notamment de l’insécurité qui est réelle (3 enseignants se sont fait agresser à Kinshasa ces quatre derniers mois, dont une agression traumatisante). Il faut donc par exemple compter absolument avec l’achat d’une voiture (il est très dangereux voire interdit de se déplacer à pied ici) et souvent d’un chauffeur en raison de la corruption exercée par certains policiers qui est ressentie par certains comme un harcèlement.
Plus particulièrement, en ce qui concerne l’école française. Je vais être franc sur la gestion du lycée Renée Descartes et de l’école française. Une gestion isolée et étroite qui ressemble parfois à l’environnement d’un lycée privé. Beaucoup de mouvements de professeurs, les enseignants ne restent pas en raison des conditions de vie difficiles et d’un environnement pédagogique peu satisfaisant. Pas de compensations réelles (pas de logements de fonction, la plupart des enseignants se logent dans des petits appartements du fait des prix du marché immobilier et peu d’activités dans et hors de la ville)
Autrement dit, venir travailler ici, oui, cela peut être une très belle aventure, mais attention aux conditions. Pour être précis, un statut d’expatrié me semble convenir (du point de vue financier, mais aussi par le type de contrat lui-même qui offre des conditions avantageuses). Par contre vivre à Kinshasa en tant que résident me semble plus difficile, le salaire n’étant pas à la mesure du coût de la vie.
N'hésitez pas à me contacter pour toute information complémentaire.
A bientôt.
P.