Je viens de rentrer d'un voyage à vélo de 26 jours au
Sri Lanka, entre mi-janvier et mi-février 2020. Je résume ci-dessous quelques détails pratiques de cette randonnée.
1. Quand partir ? Arrivée - le climat- Avant de partir, il faut demander un visa électronique (ETA, Electronic Travel Authorization) sur le site
www.eta.gov.lk/.../visainfo/center.jsp (attention, il y a d'autres sites répertoriés de type phishing sur Google). Le visa était gratuit pour les Suisses, au moins jusqu'à fin février 2020 (point à vérifier, cette mesure étant provisoire pour encourager le tourisme au
Sri Lanka après les attentats de 2019); il est délivré à l'aéroport pour un mois.
- A l'arrivée à l'aéroport de
Colombo, il n'y a aucun problème pour faire passer à la douane le vélo dans son carton. Il y a plusieurs guichets de change après la porte des arrivées; il y a aussi un seul distributeur de billets, et une queue d'une quarantaine de mètres de touristes pour retirer des roupies (il est beaucoup plus rapide de changer des francs suisses ou des euros à un des guichets, quitte à s'approvisionner plus tard à un des distributeurs en ville). Il y a aussi un guichet de la compagnie de téléphone Dialog (qui a une excellente couverture réseau du pays), où on peut acheter pour moins de 10 francs suisses une carte SIM locale valable un mois, prépayée avec 10 GB de données et un crédit (rechargeable) pour les conversations locales (crédit initial que je n'ai pas consommé entièrement pendant mon séjour).- J'ai pris un hôtel à
Negombo, hôtelqui avait accepté par avance de me garder le carton du vélo pour le retour (hôtel Blue Bird). il est utile de noter que le quartier où se trouve les hôtels en bord de mer à
Negombo est à 3 km du centre de la ville, qui est plus à l'intérieur des terres (prendre la route qui démarre au carrefour où il y a une statue de dauphin, éventuellement demander où se trouve le Burger King : les restaurants sont nettement plus authentiques dans le centre de la ville; par ailleurs on y trouve un assortiment de thés au supermarché Arpico à des prix sri lankais).
- En janvier-février la mousson est localisée sur la côte Est (bien qu'en début 2020 celle-ci était plutôt faible), où c'est alors la basse saison touristique : j'ai donc fait l'impasse sur cette région. Sur mon trajet au centre de l'île et sur les côtes sud et ouest, je n'ai eu qu'une demi-journée d'averses en arrivant à
Kandy. L'inverse serait vrai à partir d'avril, avec un climat plus favorable sur la côte Est. D'une façon générale le climat est plus contrasté dans les montagnes du centre vers les plantations de thé, avec des pluies plus fréquentes.
Il a fait très chaud pendant presque tout le trajet, à l'exception de la partie autour des plantations de thé vers
Nuwara Eliya et
Ella. Sur le vélo, la température dépasse 35 degrés entre midi et 16h; les étapes ont donc été raccourcies avec une durée de pédalage d'environ 4-5h, pour arriver à l'étape autour de midi (après un départ avec le lever du soleil vers 7h).
2. Les conditions de circulation à vélo - l'hébergementLe revêtement des routes principales est en général en excellent état. Il n'y a aucun espace dédié aux vélos, et il faut partager, quand il existe, un petit espace réservé pour les piétons et marqué par une bande blanche. Le revêtement des routes secondaires est moins prévisible, mais plutôt mauvais. Celles-ci ont moins de trafic, mais sont plus étroites (le résultat final est que la densité de trafic ne change pas beaucoup, même s'il y a des exceptions). Mon trajet a suivi dans sa presque totalité les routes principales.
Les conditions de circulation sont chaotiques, et on doit pédaler avec le principe de l'évitement continu. Il est remarquable que, malgré la densité du trafic et la façon de conduire des locaux, il y a peu de carrosseries cabossées. Le plus simple, pour comprendre la façon de circuler, c'est de prendre un tuk-tuk en ville, et d'observer la façon dont le chauffeur se faufile en klaxonnant dans le trafic : il occupe la place libre qu'il a devant lui s'il peut le faire sans abîmer son véhicule, et sans égard à ce qui se passe autour de lui. Les sorties des écoles peuvent être très embouteillées. Le danger principal vient des autobus, qu'ils soient gouvernementaux (couleur rouge), ou privés (couleur plutôt dans le bleu). Dans les deux cas, les chauffeurs récupèrent une partie variable des excédents de recettes une fois la cible quotidienne de ventes atteinte; ils mâchent souvent de la noix de bétel, pour résister à la fatigue (on voit ainsi des bus doubler d'autres bus à 80 km/h, en passant la ligne continue en plein centre d'un village). Ils s'arrêteront n'importe où à chaque fois qu'un piéton fait signe, sauf si celui-ci a des bagages (par exemple un vélo) qui feront perdre du temps au chauffeur pour le chargement en route. On peut négocier pour charger son vélo à la station de départ du bus en ville; le coût se fait à la tête du client (j'ai fait le retour de
Jaffna à
Kandy en bus, cela m'a coûté 3'000 roupies, soit 17 francs suisses; j'ai probablement payé 4 à 5 fois plus que les locaux).
A part l'étape Anuradhampura- Thirumurikandy, la seule où le ravitaillement en boisson et en nourriture peut s'avérer délicat (la population étant clairsemée dans cette région), il n'y a aucun problème pour se ravitailler tout au long du pays.
On trouve des lieux d'hébergement sans problèmes, sauf pour la section Anuradhampura- Thirumurikandy comme on vient de le voir. A noter que le mot Hotel, au bord des routes, veut principalement dire Restaurant, un peu du genre des haltes-restaurants pour routiers en Europe : il y a rarement des possibilités d'hébergement dans ces établissements.
Je n'ai pas vu de camping sur le chemin; le pays étant densément peuplé, le camping sauvage me semble limité. J'ai pris un sac de couchage léger que je n'ai finalement jamais utilisé, et que je n'aurai pas pu utiliser si le besoin s'était avéré : il fait trop chaud (25 degrés la nuit, sauf dans les montagnes centrales). Un liner ("sac à viande") suffit largement.
A noter qu'il y a des moustiques à-peu-près partout (moins à
Nuwara Eliya et
Ella), que les lois darwiniennes les ont sélectionné pour repérer la plus petite déchirure dans la moustiquaire.
3. Le trajet
Après une petite exploration de la côte au nord et au sud de
Negombo, la décision a été d'éviter la route vers Puttalam et d'aller directement à l'Est sur
Kandy. Puis direction nord pour voir
Dambulla, le rocher de
Sigiriya et les temples d'Anuradhampura.
L'arrivée sur
Kandy est une montée, au cours de laquelle on passe presque du niveau de la mer à environ 600 m d'altitude. L'étape Anuradhampura -
Jaffna est à-peu-près plate, et a été effectuée en deux jours, avec le plus long trajet du voyage, soit 130 kms pour la première partie, jusqu'au village de Thirumurikandy (premier motel après Vavuniya). Il n'y a pas d'abri et peu d'arbres pour s'abriter de la chaleur dans cette étape, elle-même parfaitement monotone.
Le retour sur
Kandy a été fait en bus, avec un départ à 5h30 et une arrivée à 14h. A la lecture des informations sur Internet, il m'a semblé qu'il fallait suivre grosso modo la ligne de chemin de fer qui monte de
Kandy vers
Nuwara Eliya, en passant par Nawalapitiya et Hatton. Cette route s'est avérée vraiment magnifique, même si je n'ai pas d'élément de comparaison avec la route directe de
Kandy à
Nuwara Eliya. La montée se fait par paliers sur 74 kms, avec des passages à moins de 10% jusqu'au village de Talawakalle. Là les choses se corsent, avec des passages à 15% sur plusieurs centaines de mètres jusqu'à l'arrivée à
Nuwara Eliya (l'hôtel était à 1'950 m d'altitude). C'est l'étape la plus physique de tout le circuit, avec un dénivelé positif de 2'562 m (mais elle valait largement le coup).
Nuwara Eliya et l'étape suivante,
Ella, sont des petites villes qui ont partiellement artificiellement grandi à cause du tourisme : il y a du monde, et les prix s'en ressentent. J'ai fait le trajet jusqu'à
Haputale, puis Lipton's Seat, en train puis en tuktuk (le premier train du matin à 6h permet de voir la montagne sortir de la brume, et d'arriver avant les bus de touristes). Il pourrait se faire à vélo, mais avec avec un gros dénivelé entre
Haputale et Lipton's Seat, sur une route défoncée.
La descente sur Hambantota et la côte sud est assez monotone après Wellawaya. Puis depuis Hambantota jusqu'à Merissa, puis jusqu'à
Colombo, la route est presque parfaitement plate (il y a bien un col à 40 m d'altitude sur le chemin). On ne voit la mer de façon intermittente qu'entre Merissa et Indurawa. La côte est entièrement construite entre
Bentota et
Colombo, puis
Negombo. Il faut noter qu'il y a peu de plages "baignables" à l'époque où j'ai visité ces côtes sud et ouest : la mer y est souvent grosse, avec beaucoup de vent, en particulier l'après-midi. Merissa est une baie plus protégée (d'où son succès et la densité de touristes...et d'hôtels). Les plages sont souvent sales près des villes.
Finalement la traversée de
Colombo en vélo n'est pas triste.
3. En conclusion :La partie du trajet au nord de
Dambulla a été pour moi de peu d'intérêt. Les temples dispersés autour de Anuradhampura, ainsi que les vagues ruines ici et là, n'ont que peu d'intérêt pour moi, et je les aurai évité si c'était à refaire. La même chose pour
Jaffna et sa région, dont une partie de la côte est restée zone militaire interdite d'accès.
Si c'était à refaire, je choisirai d'atterrir pour les premiers jours à Induruwa, qui est une belle plage tranquille à une dizaine de kilomètres au sud de
Bentota, et certainement plus attirante que
Negombo. Les hôtels locaux organisent les transferts depuis l'aéroport de
Colombo pour 10'000 roupies (environ 60 francs suisses).
Le
Sri Lanka est le pays du sourire : j'ai partout été gratifié de visages qui s'illuminait quand on les salue. En dehors évidemment des routes, je ne me suis jamais senti en insécurité. La partie hébergements-nourriture-accès aux sites touristiques m'est revenu à 30 francs suisses en moyenne par jour, pour 26 jours et 18 étapes pour un total de 1'196 km. Une visite de 15 jours - 3 semaines vaut la peine, à moduler en fonction du climat prévalent pendant la période de l'année où se fera la visite.
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