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L'Afrique n'est pas un continent de seconde zone mais celui de l'avenir" (Hervé Bourges)
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J'ai pour l'Afrique des sentiments intenses" (François Hollande, ex-Président de la
France)
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(...) Qu'est-ce que la liberté de la presse dans un pays où les gens savent à peine lire et n'ont pas les moyens d'acheter un journal ? La seule réponse qu'on puisse faire est d'aider au développement et plutôt au niveau européen qu'au niveau national. Je crois que la chancelière allemande Angela Merkel et (le président français) M. Macron l'ont compris" (Hervé Bourges)
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Sans l'Afrique, il n'y aura plus d'histoire de France au XXIe siècle" (François Mitterrand, grand homme d’Etat et ex-Président de la
France)
L'Afrique d’Hervé Bourges
Hervé Bourges, figure du paysage médiatique français, fondateur de l'Ecole Supérieure internationale de Journalisme de Yaoundé (ESIJY) en 1970, et homme d'engagement, connaît bien le continent africain pour y avoir vécu et travaillé, nous livre dans son Dictionnaire amoureux de l'Afrique sa perception personnelle de ce continent et nous emmène autant à la découverte d’une « Afrique que j'ai appris à connaître, ce sont d’abord les Africains. Tous les Africains tels qu'ils sont, dans leur plus grande diversité. Mes amis qui sont morts en prison et ceux qui ont été enterrés avec des honneurs nationaux. Ceux qui vivent dans les régions éloignées et ceux qui ne quittent pas les capitales. Ceux qui parlent haut et ceux qui restent cois, mais sous la plume desquels naissent des fusées verbales. L'Afrique des grands et des petits, des terrains de football improvisés entre deux rues ou au bord du désert. L'Afrique des marchés bigarrés et celle des thés brûlants plusieurs fois versés, des sables du Sahara aux grandes forêts primaires de l'Afrique centrale. L'Afrique des Peuls à haute stature et celle des Pygmées, dont la vie est intimement tissée avec celle de la nature. Mon Afrique ! C'est bien prétentieux... C'est leur Afrique où je vous invite, sur la pointe des pieds, sans déranger mais en procédant à des choix qui me sont propres et pour respecter l'esprit du 'Dictionnaire amoureux' » (p.8)
.
La relation d’amour entre Hervé Bourges («
Je n’ai jamais été un afro-béat. Et je ne suis pas davantage un afro-pessimiste. Simplement, c’est l’Afrique, et elle ne rentre pas toujours dans nos cadres, il faut parfois faire l’effort de penser autrement pour la comprendre et saisir sa trajectoire. »; p.12) et le continent africain porte sur plusieurs décennies et son intensité ne s’est jamais apaisée au fil des années et des événements, heureux ou malheureux, qui l’ont jalonnée. Ayant fait d’abord son service militaire en
Algérie («
C’est la décolonisation qui m’a conduit en Afrique. En Afrique du Nord, pour commencer. Au Maroc de Mohammed V, ce grand souverain ; dans la Tunisie d’un chef d’Etat hors pair, Habib Bourguiba. Et en Algérie... »; p.8), il crée plus tard l’Ecole internationale de journalisme de
Yaoundé et voyage à de très nombreuses reprises en Afrique francophone. Il se lie d’amitié avec les dirigeants africains, mais aussi les artistes, les leaders d’opinion et tous les opposants aux régimes dictatoriaux. Nommé conseiller du Président Ben Bella (
Algérie) après la guerre II et chargé parfois de missions officieuses, de diplomatie parallèle auprès des chefs d’Etats africains, il y gagne le surnom de «
Bourges l’Africain » qui le précède encore dans nos jours. A coup sur, Bourges ramène une foultitude de souvenirs, d’anecdotes et de choses vues qu’il nous présente ici au fil d’un abécédaire aussi varié et passionné : aux quatre coins de l'Afrique, des sables de l’
Algérie jusqu’au Cap de Bon Espérance, de la
Gambie à la Corne de l’Afrique.
Il nous entraîne sur les routes politiques, culturelles, sociales, historiques, sportives : de riches notices biographiques sont consacrées à des créateurs dont les parcours dessinent une histoire culturelle et politique de leurs pays et du continent, des portraits d’hommes et de femmes que l’auteur, souvent, a rencontrés ou côtoyés : artistes, héros des luttes d’indépendance, intellectuels ou journalistes. De Ferhat Abbas ou l’Emir Abdelkader jusqu’à Roger Milla et Zinédine Zidane, en passant par les Africanistes, Al Azhar, Kofi Annan, Saint-Augustin, Omar Bongo, Albert Camus, Manu Dibango, les fauves, le football, les Frères musulmans, Idir ou Nasser. L’auteur fait résonner les chants de Fela Kuti, Salif Keita, Youssou N’Dour, Oum Kalthoum ou Miriam Makeba, grande voix de la lutte antiapartheid. De grandes plumes aussi trouvent leur place dans cet ouvrage, du conteur, poète et penseur malien Amadou Hampâté Bâ (l’un des auteurs africains le plus souvent cités, sans doute en raison de sa phrase «
En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ») à l’Egyptien Naguib Mahfouz, maître du roman arabe, et le Nigérien Wole Soyinka, premier écrivain africain à avoir reçu un prix Nobel de littérature (on pourrait sans aucune crainte ajouter à ces noms ceux de Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Ahmadou Kourouma, Mongo Beti, Achille Mbembe, Joseph Ki-Zerbo, Tchicaya U Tam’si, Frantz Fanon, Kateb Yacine, Tahar Ben Jelloun, Cheickh Hamidou Kané, Henri Lopes, Alain Mabanckou, Dany Laferrière, Mahmoud Hussein, Meja Mwangi, Buchi Emecheta, Chinua Achebe, V.Y Mudimbe, pour ne citer qu’un petit nombre surtout du reservoir littéraire francophone). Côté cinéma, l’auteur rend hommage, entre autres, à Jean Rouch, maître cinéaste-ethnographe qui a tourné surtout au Niger, et à la figure magnifique de l’écrivain et réalisateur Ousmane Sembène, père du cinéma sénégalais, auteur du poignant
Camp de Thiaroye (1987), qui retrace un massacre colonial en 1944 de tirailleurs sénégalais ayant osé réclamer le paiement de leur pécule, de leur prime de démobilisation et de leurs arriérés de solde...
En fait, cet impressionnant ouvrage de plus de 800 pages fait partir le lecteur/la lectrice à la découverte de l’Afrique, par son histoire, ses hommes, ses cultures, ses traditions, ses mystères et bien plus encore. A lire absolument aussi les notices à caractère social et culturel (le Festival panafricain du cinéma à
Ouagadougou, les Supermarchés), les notices sur la géopolitique (la Chinafrique, la Françafrique,
France 24, la Francophonie, les Migrations, etc.) et sur les nouvelles technologies de l’information (l’Internet, la Téléphone portable) sans oublier celles des choses simples de la vie quotidienne en Afrique (Bières, Boubou, Cuisines, Ziboulateur), etc etc etc.
Ce dictionnaire donne l'image d'une Afrique riche de valeurs universelles, d’un continent en couleurs et en plein mouvement,
un continent qu’on ne peut qu’aimer...
Voici un extrait (p.159-161) :
« BIERES
Castel pris en Flag'Le
Flag' à
Abidjan, la
Régab' dans l’Estuaire, la
Simba de 73 centilitres à Brazzaville... Le groupe français Castel est propriétaire de 41 brasseries en Afrique francophone. Le groupe possède des marques telles que Castel Beer, Flag Spéciale et 33 Export, brassées par ses filiales dans une quinzaine de pays africains, telles que les Brasseries du
Cameroun ou la Société de limonaderies et brasseries d’Afrique (SOLIBRA) en Côte-d’Ivoire. La production totale du groupe Castel s’élevait à 9 millions d’hectolitres de bière en 2001. Castel est en outre le deuxième acteur sur le continent africain dans le domaine des sodas et boissons gazeueses, ce qui en fait le principal embouteilleur d’Afrique francophone pour les marques des sociétés Coca-Cola et Orangina (plus de 7 millions d’hectolitres en 2001).
Le "monopole" de fait du groupe Castel à
Abidjan risque bientôt d’être remis en question par Bassivoire, filiale d’Heineken, qui annonce le lancement d’une unité de production de 1,6 million d’hectolitres par an à partir de 2017 en Côte-d’Ivoire. Heineken mise sur la forte croissance de la consommation en Afrique, d’environ 6 % par an. "La bière est l’un des premiers produits qui bénéficie de l’essor de la classe moyenne", souligne un analyste de Sagaci Research Côte-d’Ivoire (1).
Le groupe Castel est en 2017 le premier producteur de vins français en Europe et le quatrième mondial. Il possède notamment les étiquettes Malesan, Roche Mazet, Baron de Lestac, Vieux Papes, La Villageoise, Sidi Brahim, ainsi que le caviste Nicolas. Et la maison mère s’installera à Blanquefort près de
Bordeaux, verra naître en 2019 l’usine d’embouteillage la plus grande du monde. Le fondateur du groupe, Pierre Castel, quatre-vingt-dix ans en 2016, avoue : "L’Afrique, c’est toute ma vie", même si l’entrepreneur a passé la main à son neveu Jean Bernard pour l’ensemble des activités de la bière et du vin en Afrique et en
France. »
(1) Société d’études basée à Cocody, fondée en 2012 par d’anciens consultants du
Boston Consulting Group (BCG).
Le tableau de A à Z :
Abacost – Abbas (Ferhat) – Abd el-Kader (l’Algérien) –
Abomey – Agence
France-Press (AFP) – Africa N° 1 – Africa Remix – Africanismes – Africanistes – Afrikaners – Ahidjo (Hadj Ahmadou) – Aït Ahmad (Hocine) –
Alger –
Algérie – Al-Azhar (
Le Caire) Université – Ali (Mohamed) – Allah – Allégret (Marc) – Ancêtres – Animistes – Annan (Kofi) – Apartheid – Arabes – Archives – Augustin (saint) – Authenticité – Awadi (Didier) –
Bandolo (Henri) – Bantou – Bantoustan – Ben Bella (Ahmad) – Ben Yahmed (Béchir) –
Berlin (partage de) – Bières – Biya (Paul) – Blédi – Boko Haram – Bolloré (Vincent) – Bongo (Omar) – Boubou – Boudiaf (Mohamed) – Boumaza (Bachir) – Boumédiène (Houari) – Bourguiba (Habib) – Bouteflika (Abdelaziz) – Boutros-Ghali (Boutros) –
Camus (Albert) – Chahine (Youssef) – Chinafrique – Chirac (Jacques) – Climat –
Cœur des ténèbres (
Au) – Compaoré (Blaise) – Congo (Brazzaville) – Congo (ex-Zaïre) –
Courbe du fleuve (
A la) – Crocodile – Cusines –
Daoud (Kamel) – Dette – Dibango (Manu) – Diop (Alioune) – Diop (Birago) – Diop (Cheikh Anta) – Diouf (Abdou) – Djemila –
Ebola – Education –
Egypte – Elephant – Esclavage –
Ethiopie et Erythrée – Ethnies – Evian (accords d‘) –
Fauves – Fela (Anikulapo Kuti) – FESPACO – Festival panafricain d’
Alger – Foccart (Jacques) – Football, Afrique, terre de foot – Françafrique –
France 24 – Francophonie – Frères musulmans (société des) –
Gabon – Gao – Gary (Romain) – Génocide – Géographie – Griots – Guerres (en général) –
Hampâté Bâ (Amadou) – Hollywood – Houphouët-Boigny (Félix) – Humour – Hussein (Mahmoud) – Hussein (Taba) –
Idir – Iles (Eparses et autres) – Indigénat (Code de l‘) – Internet – Islam – Ivoire – Jeux olympiques (JO) –
Kabyles – Keïta (Salif) - Keïta (Soundiata) – Kidjo (Angélique) –
Kilimandjaro – Kirikou – Koufra –
La Baule – Lakhdar-Hamina (Mohammed) – Libye – Ligue arabe – Lion –
Lomé – Lomidine – Lucy –
Mahfouz (Naguib) – Makeba (Miriam) – Mali – Mandela (Nelson) – Maquis – Marabout – Marigot –
Maroc – Matières premières – M’Bow (Amadou-Mahtar) – Messali Hadj – Migrations – Milla (Roger) – Milliard (le) – Mines du roi Salomon (Les) – Mitterrand (François) – Mobutu (Sese Seko) – Moubarak (Hosni) – Mourides – Mugabe (Robert) – Musées (parisiens) – Musique(s) africaine(s) : retour aux sources –
Namibie – Nanas Benz – Nasser (Gamal Abdel) – N’Dour (Youssou) – Négritude – Négus – Ngouabi (Marien) – Nigeria – Nil – Noah (Yannick) – Nouchi – Nyerere (Julius) –
Organisation internationale de la francophonie (OIF) – ONG – Organisation de l’unité africaine (OUA) – Ouandié (Ernest) –
Ouganda – Oum Kalthoum – Oyono (Ferdinand) –
Palabres (arbre à) – Palabres mauritaniennes – Paludisme – Pharaons – Pluies (quotidiennes) – Printemps arabe – Pygmées – Pyramides –
Rabemananjara (Jacques) – Radio
France Internationale (RFI) – Ramadan – Rouch (Jean) –
Rwanda –
Sadate (Anouar el-) – Sahel – Sapeurs – Sembène (Ousmane) – Sénéfrançais – Senghor (Léopold Sédar) – Simone (Nina) – Sorciers – Soufisme – Sow (Ousmane) – Soyinka (Wole) – Sport – Statut coranique –
Suez (canal de) – Supermarchés – Swahili –
Tassili – Tahrir – Taxi-brousse – Tchad – Téléphone (portable) – Thiam (Tidjane) – Tirailleurs (sénégalais mais pas seulement) – Touaregs – Toubab (en verlan : babtou) – Touré (Sékou) – Tourisme – Traditions – Traite négrière –
Tunisie – Tutu (Desmond) – TV5 –
Union africaine –
Vaudou – Végétation –
Yaoundé –
Wahab (Abdel) –
Zao – Ziboulateur – Zidane (Zinédine) – Zone (seconde)
Livre : Hervé Bourges,
Dictionnaire amoureux de l’Afrique. Dessins d’Alain Bouldouyre. 866 pages.
Paris: Plon, 2017.
Hery