J'ai marché cette année 2013 du Puy à Compostelle.
Pour ma part je recherchais une marche au long cours nécessitant le moins de préparation possible et offrant la possibilité de prolongations "au cas où".
La voie du Puy et le Camino Frances sont les
chemins de Compostelle de loin les plus fréquentés en
France et en
Espagne. Je savais que je pourrai les parcourir sans m'encombrer de lourdes cartes, qu'un dense réseau de gites pourrait me dispenser du portage d'une tente et que si jamais j'en avais marre d'être seul je trouverais sans difficulté des camarades en chemin.
De plus il s'agit de parcours dépourvus de difficultés particulières (ce n'est pas une expédition en montagne, dans un désert ou autre terrain inhospitalier).
Pouvoir partir du jour au lendemain sans rien planifier et ce pour une durée pouvant durer de longs mois me bottait.
J'ajoute que l'aspect culturel fut un gros plus pour moi, même si sur le terrain j'ai souvent abandonnés mes projets touristiques.
Et puis j'avoue ne pas avoir été insensible à ce folklore de rencontres humaines dont j'avais lu maintes témoignages avant mon départ.
Voilà en gros les principales raisons qui m'ont fait choisir cet itinéraire compostélien.
Mais Compostelle "objet d'apparat" existe très certainement. En tout cas c'est comme cela que je l'ai envisagé pour nombre de "pèlerins" qui en
Espagne prenaient un bus qui semble-t-il les déposaient en fin de journée tout près de leur étape du jour où ils sortaient alors d'une soute un sac à dos censé leur donner un aspect de marcheurs.
On raconte que beaucoup d'espagnols ont intérêt à pouvoir mettre ce "pèlerinage" dans leur CV. Peut-être ces faux marcheurs cherchaient-ils moins à frimer qu'à se donner une chance supplémentaire de trouver un boulot?
Avant mon départ j'ai eu droit à pas mal de remarques gentilles évoquant le courage que j'avais d'entreprendre une telle marche, à mon retour j'ai eu droit à plusieurs félicitations. Je mets cela sur le compte d'une certaine image d'
Epinal du pèlerin qui en bave forcément et n'atteint son objectif qu'au prix de mille souffrances.
Cette aura du pèlerin, à mon avis pas justifiée, doit aussi être pour certains une raison suffisante à emprunter ce chemin qui devient dans ces cas-là un "objet d'apparat".
Je crois aussi que pour beaucoup le côté "objet d'apparat" peut être présent sans être déterminant: on part car des témoignages nous auront donné envie d'y aller et si cela nous donne en plus un peu de prestige folklorique on prend le truc comme un bonus qui ne mange pas de pain.