D'une côte à l'autre des USA en Harley Genevois · 28 mars 2012 à 14:03 · 74 photos 65 messages · 16 participants · 21 396 affichages | | | 28 mars 2012 à 14:03 · Modifié le 12 mai 2012 à 12:14 D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 1 de 65 · Page 1 de 4 · 13 233 affichages · Partager Le rêve américain. Notre rêve américain. Celui qui a valeur de mythe pour les passionnés de randonnées en 2-roues que nous sommes. 2-roues, oui, mais pas n'importe lesquelles. Celles de la machine qui fait vivre le mythe, celles qui font de leurs cavaliers des pionniers chevauchant leur monture au moteur de fonte, celles qui donne son sens au mot liberté : une Harley.
Une Harley qui va nous amener d'une côte à l'autre par le sud, le long du Golfe du Mexique et des côtes de Floride, de l' Alabama et du Mississipi, à travers les bayous de Louisiane, par la traversée du Texas en frôlant parfois le Rio Grande, puis les déserts du Nouveau-Mexique et de l' Arizona, les néons du Strip de Vegas avant la grande plongée sur la Cité des Anges.
Plus ou moins 5000 km de bitume et de poussière, comme une balade au son d'une bonne guitare, avec parfois quelques riffs rapides sur des tronçons d'Interstate pour garder le rythme.
Quel projet ! Certainement un peu insensé au départ, en mai dernier lors du rassemblement de Grimaud, puis réfléchi ensuite avec Gérard, un autre passionné comme nous. Ma cavalière d'épouse partageant ce plaisir de rouler, elle n'a pas eu besoin d'être convaincue. Moteur, on y va ! Gérard, lui, partira seul, avec la bénédiction des siens, conscients qu'il va réaliser un vieux fantasme.
Presque 10 mois à rêver de l'envol, à construire l'itinéraire, à choisir les "Scenic Drive", à étudier les courbes météorologiques pour éviter si possible toute mauvaise surprise. 10 mois passés si vite...
Pour voler à destination des USA, nous avons opté pour Air Canada, via Montreal. Nous avions le choix avec deux compagnies US, Continental et United qui ont aussi des vols directs depuis Genève sur l’ Amérique du Nord. Mais la canadienne offre de meilleures conditions de vol, confirmées une nouvelle fois. Dans le B767, nos jambes pouvaient se déplier entièrement, chaque siège était équipé d’un bon système de divertissement et l’équipage était efficace. Ce n’est pas la réputation des compagnies américaines, d’où notre choix. Seul bémol, les repas payants entre Montreal et Orlando, soit plus de 3 heures de vol. Mais c’est la règle pour les vols internes en AmNord.
Orlando, point de départ de l'aventure. Le magasin Eaglerider, spécialiste US dans la location de motos, est proche de l'hôtel booké sur le net, le Quality Inn Florida Mall. Outre la location de la machine, Eaglerider propose un "free pick-up" dans un hôtel de la ville pour autant qu'il soit à moins de 7 miles du magasin, ce qui est le cas pour nous. A l’heure comme prévu, un van nous conduit en à peine 5 minutes au magasin. Plusieurs clients sont déjà là pour prendre en charge leur machine. Le personnel est efficace : en même pas 15 minutes tout est prêt au niveau administratif. Nos motos sont devant, sur le parking, elles nous attendent. Deux magnifiques Electra-Glide noires, pour lesquelles un employé viendra nous expliquer quelques fonctions. 10 autres minutes et cette fois nous sommes parés.
Les trois sacoches sont largement suffisantes pour transférer nos affaires, tout est chargé. Nous enfourchons, quelle sensation ! Et quel poids surtout. Ma Dyna fait office de trottinette à côté de cet engin... Il faut vraiment veiller à l’équilibre sur la moto à l’arrêt, car si elle part sur le côté, tu ne la retiens pas. Notamment quand le passager monte. Dominique prend place à l’arrière, confortablement installée, presque sur un canapé. Sortir d’ Orlando est facile, Eaglerider est sur un axe, en l’occurrence la US 441 qui traverse la ville du Nord au Sud. Nous avions printé notre itinéraire via Google Map, aucun souci pour trouver ensuite la 50 qui part en direction de l’ouest, puis la 27. Notre but : la US 19 North qui longe la côte ouest de la Floride direction Tallahassee. Il n’a pas fallu longtemps pour se familiariser à la machine et aux commandes. Surtout à celles de la radio qui diffuse déjà de la musique US après quelques centaines de mètres. Le volume à gauche, le changement de stations à droite. Country, Rock, Blues, hits US, la réception est exceptionnelle.
La conduite est facile tant les américains sont respectueux sur la route. Pas de coups de klaxons, les vitesses sont respectées, les routes bien indiquées. Un réel plaisir. Bon d’accord, le paysage de la Floride n’est pas des plus folichons, limite monotone, mais la musique, le plaisir de piloter la reine des Harley, sentir le vent de la vitesse, le ronronnement du moteur, comment ne pas être sur un nuage ? Même le long de la US 19, à 55 miles/heure, longue traînée de 150 miles en quasi ligne droite au milieu de la forêt sauvage de Floride. Quelques petites villes, des « bleds » plutôt loin de la modernité des grandes cités US, déjà un sentiment d’Amérique profonde. Fin d’après-midi, Tallahassee est en vue. Quelques belles propriétés fleurissent sur les côtés de la route, sous les arbres du sud et leurs branches si spéciales qu’on en dirait du coton usagé qui pend depuis les hauteurs. Comme toutes les villes, Tallahassee n’a pas vraiment de centre et nous ne nous rendons pas vraiment compte que nous roulons dans la ville, elle est si étendue.
Notre feuille de route sera suffisamment précise, en mileage, en temps et en indication pour trouver notre hôtel du soir, un autre Quality Inn, au nord de la ville sur la US 27 le long de North Monroe. La circulation est dense en cette fin d’après-midi, mais toujours facile. Devant l’hôtel de ville, nous voyons une manifestation d’Afro-américains qui protestent avec bruit contre la libération du meurtrier d’un jeune Noir en Floride. Mais la réunion se veut pacifique et n’entrave pas la circulation. Arrivés à l’hôtel, la piscine nous tend son bassin d’eau tiède. Pas fraîche, mais suffisamment agréable après une journée de route sous le chaud soleil de Floride. L’Electra Glide est vraiment confortable, ni mal aux fesses (pas encore...), ni au dos.
Un petit souci nous préoccupe : Gérard a deux témoins qui se sont allumés sur le tableau de bord : ceux de la batterie et du moteur. Surchauffe ? Réel problème ? Eaglerider Orlando est déjà fermé, nous ne pouvons les appeler. Nous reprendrons les motos pour aller manger ce soir, nous verrons si ces témoins seront encore allumés. Nous avons aussi pu voir que les brêles sont assez gourmandes, nous avons déjà dû faire 2 fois le plein. Là aussi, bien différent de chez nous. Il faut payer soit avec une carte de crédit, soit prépayer à la caisse avant de pouvoir obtenir de l’essence. Bien sûr, on vous rendra la monnaie de ce qui n’a pas été dans le réservoir...
Première journée, déjà magique. Incroyable le nombre de motos que nous avons croisées ! Et que des grosses, quasi pas une seule Sporster. Par contre, la grosse majorité des bikers ne portent aucun casque comme l’autorise la loi en Floride. C’est très tentant, mais un accident pourrait rapidement devenir dramatique, surtout à des milliers de kilomètres de chez soi. Nous serons sages et garderons nos casques. Rien ne dit que nous ne tenterons pas une petite « Ride » tête nue d’ici peu...
La météo s’annonce bonne demain. Direction Fort Walton Beach, le long de Golfe de Floride...
Deuxième jour. Celui où quelques convictions bien ancrées sont rapidement tombées, mais j’en parlerai un peu plus loin.
Départ de Tallahassee vers les 08h30. Difficile de partir plus tôt car le jour se lève plus tard que chez nous. Le blouson de cuir se supporte le matin, car la température est fraîche, d’ailleurs les motos étaient recouvertes de rosée. Notre itinéraire Google Map fait toujours office de GPS sur papier, avec Dominique comme référente. Bien installée à l’arrière, elle me guide à travers les rues de la ville pour tomber sur la US 319 qui part direction sud, puis vers l’ouest. Les premiers kilomètres ressemblent aux derniers d’hier, de longs bouts droits entre les arbres, toujours cette large tranchée dans la forêt.
Une espèce de brume enveloppe la nature environnante, sauf que ce n’est pas du brouillard mais de la fumée. Cela doit brûler quelque part et pas qu’un peu vu l’odeur et la densité. Cela nous rend un peu inquiets, la route sera-t-elle coupée plus loin ? Finalement non, même si cette fumée est restée présente pendant plusieurs kilomètres.
Sur ces longs bouts droits, le Cruise Control de la moto est un plaisir, permettant de soulager chaque bras. Encore un avantage de la E-Glide. Dès le village de Sopchoppy, la route se diversifie et passe enfin sur une seule voie, traverse des villages, emprunte des courbes et, cherry on the cake, la fumée a maintenant disparu pour laisser la place au ciel bleu. Peu avant Lanark Village, la mer fait son apparition, calme et même d’huile. Sable blanc, plages désertes le long du Golfe du Mexique, la saison n’a pas encore commencé, même si quelques familles font bronzette sur le sable. La radio de la moto continue à déverser sa musique US et c’est le moment de tomber notre première conviction : après un arrêt pour aller voir la mer de très près et faire quelques photos, nous posons les blousons vu la chaleur. La plupart des motards croisés roulent sans casque. Mmmmhhhh, c’est très tentant... Et nous succombons à ce plaisir impossible en Europe. Impossible pour des raisons légales et impossibles vu l’indiscipline des conducteurs du Vieux-Continent. Ici le risque est limité, l’Américain étant particulièrement attentif aux règles, tant de vitesse que de respect. Donc crème solaire, casquette pour Gérard et bandana pour moi. Dominique est surélevée à l’arrière de l’Electra-Glide et plus exposée au vent. Elle gardera donc son casque. Cette partie de la côte le long de l’US 319 est splendide, la vitesse est lente, 45miles/heure maxi, rythme balade. Contrairement au départ de Tallahassee, elle n’est plus à double voie, mais il s’agit maintenant d’une belle petite route côtière. Les maisons sont principalement sur pilotis, souvent avec une terrasse sur le toit, face à la mer. Le 4x4, voire le camping-car (version US) sous la maison. Nous sommes impressionnés par le nombre d’églises, plus nombreuses que les bars et restaurants. Eglises qui sont toutes superbes, souvent de style différent, mais toujours soignées. Impressionnés aussi par les belles propriétés qui bordent la route, maisons posées sous les arbres, pelouse soignée.
A Eastpoint, un pont enjambe un bras de mer pour atteindre Apalachicola, superbe petite bourgade. Nous nous arrêtons à la sortie de la ville pour boire un café (américain) sur une terrasse. Sur la route devant nous, c’est le défilé de la démesure américaine en matière de véhicule. 4x4 énormes aux V8 vrombissant, pick-up avec roues jumelées à l’arrière, camions qui transportent des mobilhomes imposants, camping-cars qui ont l’allure d’autocar et qui tractent encore un 4x4, les gros véhicules ne connaissent pas la crise ! Comme les motos, en nombre et en... bruit ! 90 % de Harley, aux USA on roule américain évidemment.
Mexico Beach est en vue et il est l’heure de se restaurer. A l’entrée de la ville, le Toucan’s Bar est attirant avec sa terrasse sur la plage. Deux autres motos sont devant l’établissement. Elles sont pilotées par deux Suisses-allemand rencontrés la veille à... Eaglerider Orlando ! Comme nous, ils roulent en direction de Los Angeles. Le monde est petit, des compatriotes qui mangent dans le même restaurant à Mexico Beach/ Floride !
Au Toucan’s, c’est la deuxième conviction qui s’écroule : celle de manger léger à midi pour être plus à l’aise au guidon. Crevettes et poisson frits, avec justement des frites, le tout dans une proportion... euh... américaine. Quelques lourdeurs d’estomac en perspective pour le reste de la journée... Il reste de la route jusqu’à Fort Walton Beach, pas le temps d’envisager une baignade ou une bronzette sur le sable blanc. On se remet en selle, mais la route perd rapidement de son attrait. La US 319 s’est transformée en US 98 et s’est vu rajouter une voie de circulation pour (re)devenir une large route à deux pistes. La vitesse de croisière augmente, les bords de route sont moins intéressants.
Panama City est traversée et nous décidons de tirer sur la US 30 qui part en direction des plages de Panama City Beach. Les petits bleds style Mexico Beach ou Carabelle laissent la place à ce que j’appellerai Rimini-sur-Golfe-du- Mexique. Grands immeubles, boutiques et articles de plage partout, la station balnéaire de masse par excellence. Heureusement, à la fin mars, le site est encore peu fréquenté, mais j’imagine qu’en août, le monde doit être proportionnel à la chaleur. Par contre, la traversée en moto est assez agréable, vitesse lente, le long des plages, plus sympa que les 60 miles/heure de la 98. Nous irons le plus loin possible par ces petites routes de bord de mer. Vers Grayton Beach, les immeubles ont laissé place à de belles maisons, visiblement l’endroit est friqué !
C’est la fin des bords de mer, pas d’autres choix que de rejoindre la 98 pour avaler les derniers kilomètres avant Fort Walton Beach. Notre hôtel du jour, un motel Super 8 est directement sur la 98, sur Miracle Strip Way. Facile à trouver, nous y arrivons en fin d’après-midi. La chambre est propre et bien équipée, avec aussi une petite piscine qui sera la bienvenue après les heures de route sous la chaleur.
Une fois la baignade terminée, nous allons admirer un splendide coucher de soleil juste en face de l’hôtel, dans un petit parc qui donne directement sur une baie. Quelques personnes pêchent, d’autres viennent se balader ou encore prendre des photos du magnifique ciel coloré. Le moment est reposant. Un bon choix ce Super 8, pour le prix, pour la facilité d’accès et pour ce petit parc bienvenu. Pas besoin de reprendre la moto pour aller manger ce soir, il y a soit un Red Lobster en face, soit un resto chinois qui propose une formule buffet à 10 minutes à pieds.
Le voyage avance, nous avons franchi un fuseau horaire aujourd’hui, il y a désormais 7 heures de différence avec la maison. Cette portion de Floride était bien plus intéressante et nous conforte dans l’idée qu’il faut sortir des grands axes lorsque l’itinéraire et le temps le permettent. Nous tenterons le coup à chaque fois que c’est possible, tiens demain par exemple sur le trajet de la Nouvelle-Orléans ! Image attachée: | | À: Genevois · 28 mars 2012 à 15:20 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 2 de 65 · Page 1 de 4 · 13 189 affichages · Partager Bonjour, Vous racontez bien l'Amérique, celle que j'adore rencontrer à chacun de mes voyages Good trip Charly | | À: Genevois · 29 mars 2012 à 9:26 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 3 de 65 · Page 1 de 4 · 13 085 affichages · Partager Super, ça me rappelle notre traversée Miami Seattle à deux, en 2008, ma femme et moi, avec chacun notre Electra louée à Miami
On va suivre votre périple, qu'on avait fait en 2001 de Daytona à Las Vegas avec des Yamahas Wild Star | | À: Genevois · 29 mars 2012 à 11:38 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 4 de 65 · Page 1 de 4 · 13 067 affichages · Partager Kwaaaaaaaaaa, daddy, on ne roule pas sans casque! Je vais tout rapporter à mummy! :D J'espère que tu as aimé Bourbon street (et ses giant bourbon-cokes! ^^). Le shop Harley de la NO est au bord du Mississipi, dans les galeries du French Market. C'est simple, tu vas dans le Vieux-Carré, tu descends vers St-Louis Church et Jackson Square et c'est là! Et n'oubliez pas d'aller manger à Popeyes! Le menu 6, avec le fried chicken (le spicy fried chicken est top aussi), les french fries et le biscuit, tout ça arrosé de sweat tea svp! | | À: Genevois · 29 mars 2012 à 14:50 · Modifié le 12 mai 2012 à 12:35 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 5 de 65 · Page 1 de 4 · 13 048 affichages · Partager Le décalage horaire se fait encore sentir. Impossible de passer une bonne nuit entière. 5 heures du matin, les yeux grands ouverts à se demander comment meubler le temps jusqu’à l’heure officielle du lever et le petit déjeuner. Aujourd’hui ne fait pas exception. Alors on ouvre le notebook, on peaufine le texte, on classe les photos, on répète l’itinéraire du jour.
Le Super 8 de Fort Walton était juste parfait. Au départ, il n’y a qu’à reprendre la US98 qui passe devant le motel, direction ouest. Les premiers kilomètres jusqu’à Pensacola ne sont pas intéressants. Deux voies, beaucoup de circulation, les échoppes se succèdent sur le bord de la route, que ce soit les centres commerciaux ou les entreprises individuelles qui vendent tout et n’importe quoi. Et les églises bien sûr, en nombre comme depuis le début du voyage, les baptistes, les méthodistes, les classiques. A Pensacola, notre Google Map continue de faire des miracles pour nous mettre sur la bonne route. Un tout petit demi-tour seulement et vous voilà sur la FL292, une route à voie unique cette fois qui part vers le sud. Nous avons retenu la leçon des grands axes, alors nous cherchons les chemins de traverses. Et nous en avons trouvé un très bon ! Plutôt que de suivre la direction de Mobile/ Alabama, nous prendrons plus au sud vers Fort Morgan au bout d’une presqu’île où un ferry rejoint le continent à travers la baie. Allez regarder sur une carte, vous comprendrez.
A chaque arrêt, notamment dans les stations d’essence, notre mauvais accent attire l’attention. « D’où venez-vous ? », la question revient sans arrêt. « De Suisse et nous allons jusqu’à L.A. ». La réponse fascine l’Américain, des Européens hors des lieux touristiques et qui traversent le pays !
La route de Pensacola à Fort Morgan est très belle, surtout la dernière partie avant l’arrivée au bout de la presqu’île sur la baie de Mobile. Nous sommes passés en Alabama et nous aurons la possibilité de vérifier aujourd’hui la signification du Sweet Home. Peu de monde, un bitume parfait, le grand soleil et des paysages magnifiques, soit dans les pins, soit en bord de plages au sable blanc et maisons colorées sur pilotis.
Arrivés à Fort Morgan par la AL180, le ferry est attendu dans 45 minutes. D’autres motards attendent la traversée, des retraités de Caroline du Nord, en Harley bien sûr. La discussion démarre, ils sont fascinés par notre voyage. Les motos montent en premier dans l’embarcation et là encore, le français que nous parlons entre nous attire la curiosité. Les gens viennent parler avec nous, nous posent plein de questions. L’Américain est curieux. 45 minutes de traversée, accompagnés par les mouettes et un soleil de plomb. Des plates-formes pétrolières meublent la baie et nous passons assez près de plusieurs d’entre elles.
De l’autre côté, nous sommes toujours en Alabama, sur Dolphin Island, qu’un grand pont relie au continent. Direction la AL188 qui va rejoindre quelques dizaines de kilomètres plus loin la US90 qui nous mènera à La Nouvelle-Orléans. Peu après l’intersection de la 188, Mary’s Place nous tend les bras pour le repas de midi. Plus qu’un restaurant, c’est presque un saloon sur le bord de la route. Tout en bois, drapeau américain devant, quelques 4x4 parqués, le parfait endroit pour se restaurer sur une petite route de campagne au fond de l’ Alabama. Des familles, des vieux, tous casquette vissée sur la tête, peuplent l’endroit. Des habitués sans doute, en tous les cas pas des touristes, il n’en passe pas beaucoup dans le coin. Jusqu’à la 90, la route 188 sera juste magnifique, dans la campagne bien verte du sud des Etats-Unis. Belles maisons, jardins soignés, une propreté exemplaire et toujours ce soleil qui nous accompagne. C’est cela le Sweet Home Alabama, j’en comprends désormais le refrain qui trotte dans ma tête.
Retour sur la 90 et changement de décor. Nous voilà à nouveau sur une route à deux voies et aux vitesses bien plus rapides. Certes on avance, mais rien à voir sur cette portion, en tous les cas jusqu’à Biloxi. Biloxi, quel nom bizarre. Biloxi/ Mississipi car nous avons encore une fois changé d’état. La route prend pendant plusieurs dizaines de kilomètres le bord de mer et sa plage. Sa plage et non ses plages. Car la plage accompagne la route, sans interruption, une bande de sable blanc longue de dizaines et dizaines de kilomètres aussi, parfois équipée pour le baigneur, parfois sauvage. La plage qui déborde régulièrement sur la route, sans doute l’effet des vents violents lors des tempêtes. Les bordures, la voie centrale, et même certaines pelouses sont quasi ensablées. Heureusement, le bitume est dégagé, je ne me verrais pas arriver à 55 miles/heure dans un banc de sable.
Quel contraste en roulant : à gauche le sable blanc et la mer, d’une couleur peu engageante, entre le violet et le brun, et à droite, les pelouses bien vertes et les demeures typiques du sud, avec leurs colonnes, leurs briques rouges ou encore leur parvis en bois. Le bord de mer, certainement l’endroit où le petit peuple de l’état du Mississipi n’a pas le droit de cité. Ca sent le billet vert par ici. Et toujours ce soleil qui frappe. Même avec la crème solaire, les bras et les mains ont pris un coup.
Peu avant d’entrer en Louisiane, toujours sur la 90, la route passe d’une autoroute où nous roulions à un bon 60 miles/heure à une petite route qui part sur la gauche. Le tout avec un panneau à peu près à hauteur de l’intersection. Heureusement que la route était déserte, car nous avons dû effectuer un freinage presque d’urgence avant de traverser les deux voies pour ne pas manquer la bifurcation. Nous voilà dans la dernière ligne droite pour New Orleans. Les premiers bayous apparaissent à droite comme à gauche. De nombreux bateaux parcours les canaux à travers les arbres ou les hautes herbes, pour la pêche sans doute. A la descente d’un pont surélevé, nous découvrons un paysage plat, presque désolant. La terre se fait toute petite pour laisser la place à l’eau. Quelques maisons sur pilotis, au milieu de nulle part, mais de quoi vivent les gens qui habitent ici ? Les tempêtes et ouragans doivent être rudes par là, rien pour se protéger, soit de la montée des eaux, soit des vents.
New Orleans est en vue. Presque heureusement, car les petites routes sont splendides, mais l’allure y est faible, d’autant plus avec l’attente du ferry. Une journée de 9 heures, pauses comprises, belle journée, mais dont nous sommes contents d’en voir le bout. Les indications de Google Map sont parfaites, nous entrons dans la ville sans hésitation, comme un véritable habitant de Louisiane. Une toute petite erreur et nous sommes remis sur le bon chemin par un homme qui cheminait sur le trottoir. Un Afro-américain vieux et édenté qui s’est fait un honneur de nous renseigner et qui a levé son pouce vers nous lorsqu’il a vu que nous partions dans le bon sens, sourire aux lèvres.
Nous trouvons très facilement notre hôtel, le Prytania Park où un parking accueillera nos E-Glide, encore une fois parfaites aujourd’hui. Nos chambres sont prêtes, une bonne douche s’impose avant de partir en ville. Une ligne de tram est juste à côté de l’hôtel sur St-Charles. 1$25, à payer au conducteur, facile. Un tram ? Ouais... qui date au moins de l’époque française de la ville ! Les bois sont patinés, entretenus, mais que dire des rails. Plus vraiment droit, usés par le passage du métal des roues, ça grince, ça balance et surtout ça fait son charme. Le cablecar nous pose à hauteur de Bourbon Street. A peine entrés dans la « drinking street » de N.O., nous sommes bien accueillis. Un orchestre sur le trottoir d’au moins quinze musiciens Blacks, trompettes, percussions, qui mettent l’ambiance au début du quartier. Certains et certaines dansent dans la rue avec le rythme entraînant. Tu t’arrêtes, tu écoutes, si tu aimes, tu glisses un petit billet vert dans une corbeille.
C’est le début d’une rue de folie. Les bars se succèdent aux bars. Quelques restos, quelques établissements réservés aux hommes. Bourbon Street est loin du puritanisme américain et des églises vues le long des routes. Les prédicateurs et autres extrêmistes de Dieu doivent en tomber les chaussettes. Contrairement à d’autres villes US, l’alcool peut être consommé dans la rue, pour autant que le gobelet soit en plastique. Donc tout le monde, et il y en a, se balade bière à la main. Les filles, à l’entrée des bars XXX haranguent le mâle en des tenues qui ne feraient pas tache au carnaval de Rio. Le tissu est minimum. L’ambiance est festive mais décontractée, pas d’agressivité. Il faut dire que les flics de N.O. sont là, voiture de patrouille plantée au milieu de la rue ou aux intersections.
La particularité des bars est que la musique qui y est jouée est Live. Donc, tu entres dans chacun d’entre eux, ta bière à la main, tu testes le groupe qui s’y produit, si tu aimes tu restes (et tu bois une autre bière), si le style ne te plaît pas, tu passes au suivant. L’entrée est libre, la consommation pas obligatoire, incroyable. Indépendamment de la gratuité, il y a autre chose qu’il faut souligner : la qualité musicale. Nous avons suivi 2-3 performances, c’est à tomber par terre. Un petit plus à un orchestre de soul au Fat Cats, chanteuse et chanteurs blacks, des cuivres impressionnants, une bonne basse, entre le gospel et la soul. La salle en délire dansaient, applaudissaient, une ambiance indescriptible. Et aussi, un certain Bryan Lee, chanteur blanc de blues, vraiment excellent. Un look à la ZZtop, mais la barbe bien plus courte, chapeau sur la tête, lunettes noires. Assis sur une chaise, pas d’autres mouvements que ses lèvres pour chanter et ses mains pour manier sa guitare. Mais un blues d’enfer, gratuit. Inouï, non ?
Quelques restos aussi, qui proposent les spécialités créoles ou cajuns. Un peu touristique forcément, mais bon. Nous testons chacun des plats différents, c’est épicé !
Bon, la journée a été longue, retour à l’hôtel par le cablecar pour une longue nuit. Demain, nous tenterons d’aller visiter le magasin Harley de N.O. Et oui, faut pas oublier notre passion, mais dans cette ville mythique du sud US ! Car demain, nous restons là, avant de repartir pour Lafayette à travers les bayous de Louisiane. La météo s’annonce pluvieuse, ça va être une sacré expérience aussi de rouler des heures sous la flotte ! | | À: Genevois · 29 mars 2012 à 15:46 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 6 de 65 · Page 1 de 4 · 13 035 affichages · Partager C'est bon de te lire, dans quelques jours je serais avec mon épouse à N.O. après avoir descendu toute la route depuis Chicago en passant par Nasville Memphis et le long du mississipi.river bien-sur! Nous en voiture j'ai pas de permis pour moto Deplus avant de remonter vers Atlanta et apres N.O. on veut se perdre sur les routes en bord du golfe du mexique avec un arret à Gulf Shures Continu à nous raconter l'amérique le long de ton voyage c'est super | | À: Genevois · 29 mars 2012 à 17:37 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 7 de 65 · Page 1 de 4 · 13 016 affichages · Partager Hello la Suisse !!!
Et la suite... j'ai tout suivi jusqu'ici... mais la Louisiane m'intéresse encore plus (projet 2013).
C'est un chouette compte rendu, un peu différent car la moto amène une autre "ambiance".
Bonne continuation. Jean. | | À: Genevois · 29 mars 2012 à 17:49 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 8 de 65 · Page 1 de 4 · 13 015 affichages · Partager Charly l'a bien dit, c'est bon de te lire.... Vivement le prochain Opus ! | | À: Genevois · 31 mars 2012 à 5:20 · Modifié le 12 mai 2012 à 12:49 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 9 de 65 · Page 1 de 4 · 12 911 affichages · Partager Journée de pause à La Nouvelle-Orléans avant de reprendre la route de l'Ouest. Lever donc tranquille, sans stress. Le temps est toujours au beau fixe. Nous avons prévu d'aller visiter le magasin Harley de N.O., situé à quelques kilomètres du centre, dans le quartier de Metairie. Mais avant cela, petit-déjeuner à l'hôtel. Parlons-en du Prytania Park. Idéalement placé à quelques minutes du quartier français, soit en tramway, soit à pieds, il offre des chambres très confortables dans un style ancien, briques rouges, parfois cheminée, parquet en bois, le tout à un prix défiant toute concurrence dans le centre de la ville : 79$ breakfast included ! Sans compter le parking gratuit. Bref une super adresse.
Pour aller chez Harley, nous consultons Google Map (décidément) qui nous fabrique un petit itinéraire. Direction l'Interstate 10 Ouest, sortie 232 et suivre Airline Drive, l'avenue sur laquelle se trouve la magasin. Facile. Facile oui, sauf qu'à un moment donné les autoroutes se croisent, se décroisent, s'entrecroisent et nous ratons la bonne sortie. Nous avons tout essayé pour reprendre la bonne voie, pas moyen. Donc retour sur l'Interstate 10, mais direction Est cette fois et on recommence. Deuxième essai transformé.
Nous arrivons au magasin et là encore c'est la démesure à l'américaine. Des dizaines de bécanes exposées, un énorme shop pour les habits, les pièces détachées, les gadgets, nous sommes comme des gosses dans un magasin de jouets. Je compare les prix de certains modèles avec ceux de la Suisse. 40 % moins cher... Et pourtant pas moyen d'en faire importer une, sinon les revendeurs européens pourraient mettre la clé sous le paillasson.
Deux-trois achats plus tard, non pas d'une machine malheureusement, mais humblement de quelques habits, nous revenons sur l'hôtel, sans nous tromper cette fois, pour poser les motos au parking. Retour dans le quartier français avec le tramway et nous descendons Canal Street, une grande artère de cette partie de la ville, direction le Mississipi. Il est là ce fleuve mythique chargé d'histoire, sous nos yeux, charriant les eaux brunâtres de tout le sud des USA pour se diriger dans son delta. Des navires marchands passent, faisant le bonheur des touristes qui les mitraillent depuis les berges. Quelques bateaux à vapeur sont à quai, attendant des hordes de retraités qui vont partir en groupe naviguer sur le fleuve. Le cliché Louisiane dans toute sa splendeur.
Sur Decantur Street, une autre rue bien fréquentée, pas de bars, mais de nombreux artistes de rue. Petits jams improvisés, quelques acrobaties, de quoi divertir le visiteur, avec toujours la corbeille pour les billets. Les boutiques du French Market sont bien remplies et il y a même une enseigne... Harley qui vend des habits griffés Voodoo, une spécialité du coin. Evidemment, une fois encore, on ne résistera pas à un t-shirt ou un pull à capuche à l'enseigne de Harley/Nouvelle- Orléans. Peut-être un peu aussi pour faire des envieux au retour, ils se reconnaîtront.
Nous partons ensuite à pied dans le quartier français, au hasard, prenant là à gauche, là à droite. Hormis Bourbon Street et le bord du fleuve, le quartier est tranquille. Point de commerce, de bar, voire même de restaurant. Par contre, de belles maisons et surtout des beaux balcons, souvent bien fleuris, contradiction avec le New Orleans downtown et ses gratte-ciels.
Toujours au hasard, nous tombons sur le Louis Amstrong Park, avec une statue du célèbre musicien. Au moment où nous revenons sur Canal Street, une averse se met à tomber. Une pluie intense durant 20 minutes, celle du genre qui vous trempe jusqu'aux os si vous n'avez pas d'abri rapidement. La même demain sur la route et on va moins rire.
La température n'a même pas baissé et le soleil est rapidement de retour. Nous revenons nous reposer un peu à l'hôtel, avant de ressortir ce soir pour profiter de la musique de Bourbon Street.
Avant l'ambiance de Bourbon, nous prenons le repas du soir près de l'hôtel sur la terrasse du Mia's, sur St-Charles. Au menu, restons local, de l'alligator aux épices cajuns. Outre l'aspect exotique du plat, il faut avouer qu'il n'y a rien de bien spécial. La viande n'a pas vraiment de goût et la consistance ressemble un peu au lapin. Mais les épices ont fait la différence et finalement le plat était relevé et bon.
Nous avions pris un pass journalier pour le tram, 3$ par personne, et nous l'amortissons jusqu'au bout pour retourner sur Bourbon.
D'autres groupes dans les bars, mais toujours la même folie dans les rues, surtout les femmes, de tous âges, de toutes origines et de toute corpulence (...). Elles dansent, se trémoussent (surtout le popotin), on sent que l'ambiance est au défoulement. Je n'ose pas imaginer lors du célèbre Mardi Gras... Visiblement la ville a connu un tournoi de basket junior d'importance nationale, des équipes sont là ce soir. Quelques géants qui dépassent la foule de quelques têtes. Est-ce la raison d'une présence policière accrue ? Des flics à cheval, des voitures de patrouille à tous les coins de rue, visiblement on affiche une certaine sécurité au NOPD.
Après avoir pénétré dans plusieurs bars pour écouter quelques morceaux, nous rentrons nous coucher, la route nous attend demain pour aller sur un autre lieu à consonnance francophone, Lafayette.
Sortir de N.O. n'est pas compliqué si on possède les bonnes indications. Bien sûr, il y a toujours la possibilité de prendre l'Interstate, mais nous voulons l'éviter le plus possible. Le long de Claiborne Avenue, sur la 90 Ouest, les maisons sont cossues et bien entretenues. Mais rapidement, comme souvent aux périphéries des villes américaines, nous retombons sur ces zones où les enseignes commerciales se succèdent les unes aux autres. Le hasard fait que nous repassons devant le magasin Harley sur Airline Drive, une avenue à plusieurs voies que l'on appellerait autouroute chez nous. Bien en dehors de la ville, voici enfin la campagne de Louisiane aux abords de la US 61, devenue maintenant une véritable autoroute, même ici. A un moment donné, nous voyons 2 voitures du Sheriff du comté en travers des 2 pistes, bloquant la circulation. Nous pensons à un accident. Que nenni ! Le trafic est bloqué pour permettre à un imposant convoi militaire d'entrer sur l'autoroute en toute liberté. Une fois tous les camions engagés sur la voie de droite, les policiers ouvrent de nouveau le passage aux civils. Il y a des feux le long de la 61, mais pas pour l'armée. Les camions ne ralentiront pas et passeront les carrefours à leur vitesse de croisière, certes pas bien élevée. Pendant ce temps-là, les autres véhicules, dont nous, se conformeront à la signalisation. Que ne ferait-on pas pour les Boys...
Après la 61, nous prenons la LA20 Ouest, jolie petite route qui part en direction de Houma. Houma que nous ne traverserons pas puisque nous pouvons couper avant sur Gibson, dans le but de prendre la LA 182, direction Lafayette. La 182 a l'avantage d'être une petite route qui est parallèle à la US90, qui traverse les petites villes et on peut prendre le rythme balade. Seule la région de Morgan City, industrialisée à souhait, chantiers navals, métallurgie, avec les usines, chantiers et odeurs de métal grillé qui vont avec, est vraiment horrible. Mais heureusement, cela change rapidement. Premier coup de coeur : Patterson, une jolie bourgade aux belles maisons, bien soignées. Mais la palme du jour revient à Franklin. Maisons en bois blanc immaculé, avec leurs colonnes et leur parvis, pelouse bien verte tondue à l'anglaise, devanture fleurie, le tout bien sûr sous les arbres de Louisiane...
Une véritable splendeur. Il ne manque que la chaise à bascule à côté de la porte d'entrée, avec une petite grand-mère noire qui tricoterait, et le tableau serait parfait. Nous sommes surpris par le fait que toutes ses maisons n'ont pas de barrière pour délimiter leur pelouse, jardin ou simplement leur terrain.
Franklin nous charme tellement que nous nous arrêtons chez Denny's, le meilleur poulet frit de Louisiane dit-il sur sa pancarte. Pas très fit, mais si c'est le meilleur de Louisiane, il serait dommage de rater ça.
Nous pourrions continuer sur la 90, mais la 182 est tellement agréable que nous la prenons le plus longtemps possible. Les faubourgs de Lafayette sont en en vue. Enfin, on ne voit rien, c'est un panneau qui nous annonce la ville pour dans quelques miles. Comme souvent, la ville est là, mais on ne s'en aperçoit pas. Nos si belles barres d'immeubles sont inconnues ici, la ville est donc étendue et il est difficile de se situer. Afin d'assurer, nous reprenons la 90, notre itinéraire a cette base pour nous montrer la voie jusqu'à notre hôtel. Ma guide de femme me trace le chemin depuis son strapontin dans mon dos. Elle a l'itinéraire Google Map en main, me donne les noms de rues, les numéros de route, les temps entre tel et tel point, bref un véritable GPS humain. Grâce à elle, nous traversons Lafayette sans problème pour nous retrouver dans le quartier de Scott, au nord de la ville où une chambre au Sleep Inn nous attend. Il a failli pleuvoir, le ciel s'est couvert, prêt à l'orage, mais finalement pas une goutte. Nous touchons du bois, la chance est de notre côté pour l'instant. Les prévisions pour les prochains jours tendent au beau.
Pas grand chose à se mettre sous la dent dans ce coin en bordure de l'Interstate 10. Un Burger King, un Wendy's, un Waffle House et un Taco Bell. And the Winner is... Mexico ! Ce sera Taco Bell. Nous aurions pu reprendre les motos pour nous trouver une food moins fast, mais après des heures de route, on se satisfait facilement. Notre horloge biologique se stabilise, la fatigue se fait sentir en soirée et nous avons besoin de nous reposer.
Car dès demain, nous entamons la traversée du Texas. | | À: Genevois · 2 avril 2012 à 1:53 · Modifié le 12 mai 2012 à 13:05 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 10 de 65 · Page 1 de 4 · 12 831 affichages · Partager Sortir de Lafayette a à nouveau été facile. Nous prenons la direction d'Abbeville, vers le sud, le but étant de rejoindre la LA82 qui longe la côte de Louisiane en direction du Texas. En plus, la 82 est une petite route qui devrait être agréable à rouler.
Dans Abbeville, charmante petite bourgade aux belles maisons, notre itinéraire nous fait tourner en rond... Au moins, on aura visité la petite ville. Finalement, on trouve le bon chemin. Rapidement, les habitations se font rares. Nous avions vu sur la carte que les villes ou villages sont peu fréquents sur ce trajet. Nous sommes pris d'un doute pour le plein d'essence, car nos jauges sont déjà bien basses. Gérard voit un petit papy qui lave sa voiture devant sa propriété. Austin, c'est son prénom, veut nous offrir du Diesel, ça va pas la faire. Il nous dit aussi qu'il n'y aura pas de stations avant un bon bout et qu'en plus ce n'est pas certain que les seules qu'il y aura vendent de la Premium, soit plus de 91 octanes, ce qui est recommandé pour nos machines. Retour en arrière donc. Nous demandons un deuxième avis à un autre type, sur le bord de la route. Il ne peut nous répondre, mais il prend son portable et appelle un ami (c'est mieux que le 50/50). Là encore, pas de confirmation que nous trouverons notre bonheur. Cette fois pas le choix, il nous faut revenir sur nos pas pour faire le plein. Heureusement, nous trouverons une station après 10 minutes de route. Dire que nous avons failli manquer d'essence au pays qui en consomme le plus !!!
Depuis Pecan Island, pourtant bien sur la terre ferme, une longue ligne droite de plus de 100 km commence. La terre joue à cache-cache avec l'eau, tout n'est que marécages autour de nous. J'avais lu qu'il est parfois possible d'apercevoir des alligators dans le coin. J'avoue que j'y croyais moyennement, pensant plus à un fantasme d'un touriste égaré. A un moment donné, la route ne devient plus qu'une bande de bitume au milieu des eaux. Roseaux et herbes à perte de vue, nous sommes dans une Camargue version XXXL.
Et là, sur le bas côté, à quelques mètres de la route, notre premier alligator, dans l'eau, la tête immobile dépassant de la surface. Demi-tour, arrêt photo. Ce n'était donc pas un fantasme.
C'est samedi aujourd'hui et les familles sont à la pêche. Les 4x4 sont parqués sur le bord des routes et les lignes trempent dans l'eau des bayous. Avec les alligators à quelques mètres de la berge. Les alligators, car nous allons en voir régulièrement, dans l'eau, dans les herbes, mais heureusement jamais sur le bord de la route. Les pêcheurs sortent des poissons d'une sacré taille, identiques à des saumons. A part les alligators, il y a encore les serpents. Nous en verrons un écrasé sur la route d'une taille incroyable, au moins deux mètres, sans exagérer. Une sorte de Camargue XXXL, l'exotisme en plus.
Au bout de cette grande ligne droite se trouve le village de Créole, à l'intersection de la 82 et de la 27. Le premier restaurant aperçu depuis le départ d'Abbeville. Nous nous arrêterons donc pour y manger. Dans le canal en face de l'établissement, nous dénombrons au moins 4 alligators, dont un qui était sorti de l'eau pour se dorer au soleil. Nous pouvons l'approcher à 4-5 mètres, mais du haut de la route. Visiblement, ils craignent quand même l'homme et lorsque j'arrive trop près, il se réfugie dans l'eau brune du bayou. Bon, il faut dire que le restaurant de Créole en avait à son menu...
Nous poursuivons sur la 82 jusqu'à Cameron, où un petit ferry franchit un bras de rivière qui rejoint le Golfe du Mexique à un grand lac intérieur. Nous nous demandons pourquoi il n'y a pas là un pont, surtout que depuis le départ, nous avons circulé sur des ouvrages imposants franchissant des étendues d'eau nettement supérieure. Les bateaux qui empruntent ce chenal sont de gros bâtiments, il aurait fallut bâtir haut. Est-ce la raison ? Bref, pour 1$ la traversée, on ne se pose même pas la question, mais il est vrai qu'il a fallu 25 minutes pour franchir 500 mètres. Dès Holly Beach, la mer est contigüe à la route. Holly Beach se voudrait une station balnéaire, mais l'eau est si peu encourageante, couleur café au lait, plage pas entretenue. Et pourtant, on n'y trouve des habitations de vacances, des campings pour les camping-cars américains, bref du tourisme.
Le Texas est en vue. A la descente d'un pont, voici le panneau qui annonce le changement d'Etat. Port Arthur, la première ville sur ce trajet, n'est plus qu'à quelques kilomètres. Adieu Louisiane et ses noms français : Abbeville, Verdunville, Meaux, Maurice, Lafayette... Même si certaines origines lointaines sont encore bien francophones, nous ne sommes plus de la même famille, même pas cousin. Quelques anciens baragouinent peut-être encore quelques mots de français, mais les jeunes générations ne s'identifient plus à cette page de l'histoire.
Si certains Etats du centre des USA sont le grenier de l'Amérique, alors la côte texane, tout du moins sur la partie est, est sa cuve à pétrole. Port Arthur n'est que raffineries, citernes et autres usines liées à l'industrie pétrolifère. Il en résulte un paysage moche à souhait, fait de cheminées, de tuyaux et de ferraille. Certainement que le centre de la ville a d'autres atouts, mais la partie que nous traversons est à fuir.
Nous empruntons la 73, direction ouest, laquelle rejoindra l'Interstate 10 que nous devons prendre sur une trentaine de miles. Rouler sur l'Interstate n'est pas très agréable. 60 miles/heure, sur la voie de droite, avec les camions qui nous dépassent. Heureusement, le bitume est bon et les gros véhicules, quand ils le peuvent se décalent sur la troisième voie tout à gauche pour nous éviter le déplacement d'air. Encore une preuve du respect que les Américains témoignent sur la route. Le Texas fait partie de ces Etats où le casque n'est pas obligatoire et les motards que nous croisons roulent désormais cheveux au vent. Cela ne nous tente pas plus que cela sur les voies à grande vitesse, nous attendrons plus tard, sur d'autres routes.
Notre but du jour est le Crystal Suites de Texas City, sur la 146. Nous le trouvons facilement, sur le bord de la route. Chambre très correcte, une petite piscine intérieure et surtout un coin buanderie pour laver notre linge sale. La réception vend de la lessive, fait de la monnaie pour les pièces à introduire dans la machine et le séchoir. En une heure, notre linge sale retrouve vigueur. Si le Crystal est surtout pratique, il n'en reste pas moins un hôtel de passage sur un grand axe. Donc peu de lieux pour manger autour, il nous faut reprendre la moto. C'est la raison des bas prix de l'établissement. En ville, la facture aurait été doublée, difficile de tout avoir. Bah, le but de ce road trip est la moto et le challenge, pas la bouffe ! Nous nous contenterons donc d'un truc simple. D'ici notre arrivée à L.A., nous aurons bien d'autres occasions de mieux manger.
Le truc simple ce soir, c'est la chaîne Denny's, un restaurant familial à la carte bien fournie et aux prix doux. D'entrée, la serveuse qui s'occupe de nous est très prévenante et aussi marrante. Nous commandons nos plats et Gérard est servi quelques minutes après nous. La cuisinière vient en personne s'excuser de ce désagrément. Je connais bien des bistrots de chez nous qui pourraient en prendre de la graine...
Très bonne nuit dans ce Crystal Suites, avec des lits aussi larges que longs et très confortables. Au matin, après le petit-déjeuner, nous reprenons la 146 Sud pour entreprendre notre itinéraire du jour vers l'Ouest et San Antonio. La 146, puis la 6, la 35 et finalement la 71. Cette première partie du trajet n'a pas grand chose d'intéressant. Routes à deux pistes, peu de paysage autour, le seul avantage est que vu que nous sommes dimanche la circulation est inexistante. Tout va changer avec la TX111 qui part en diagonale vers San Antonio. Une superbe route qui traverse la campagne texane. Au début, ce ne sont que pâturages à perte de vue, mais rapidement la nature se diversifie, bois, cultures, enclos à vaches ou chevaux, nous voyons aussi nos premiers ranchs. En plus, cette 111 est une route à une voie, sans circulation.
Musique branchée sur une station rock, Cruise Control sur 60 Miles/heure et on apprécie la conduite relax. Aujourd'hui en t-shirt vu le soleil qui donne tout ce qu'il peut et évidemment sans casque. Quel sentiment de liberté. C'est aussi le printemps ici et tous les champs sont parsemés de fleurs. Cette campagne du Texas est splendide. A notre départ de ce matin, nous avions peur que cette portion du voyage soit ennuyeuse, et bien non. Malgré le fait que la 111 est une quasi ligne droite d'environ 120 kilomètres...
Nous faisons notre pause midi à Yaokum où nous nous arrêtons à "La Cabaña" qui comme son nom l'indique est un petit restaurant mexicain. Cela doit être bon, le sheriff du coin y mange, en uniforme, avec sa famille. Le Mexique se rapproche, la population latino augmente et remplace petit à petit les Afro-américains. Les hommes portent le chapeau et les bottes dans le coin, il faut dire que nous sommes au pays des cow-boys.
Pour atteindre San Antonio, il nous faut encore prendre la 97 et la 87, deux belles routes plus rapides, mais vraiment agréables à rouler toujours au milieu de la campagne.
Notre plan nous mène sans souci au Day's Inn au centre de la ville. Un petit hôtel avec une piscine bien accueillante en cette fin de journée. Le Riverwalk de San Antonio n'est qu'à quelques minutes à pied, nous sommes donc bien placés. Petite trempette, parties de carte au bord du bassin, c'est la décompression après une bonne journée de route. Ce soir, nous irons nous balader dans le centre -ville. San Antonio a la réputation d'être la ville la plus visitée du Texas et une des destinations favorites des USA. A vérifier tranquillement, puisque nous resterons ici demain aussi. Avec bien entendu, un petit tour au magasin Harley de la ville. | | À: Genevois · 2 avril 2012 à 17:41 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 11 de 65 · Page 1 de 4 · 12 364 affichages · Partager Vous avez une façon de raconter qui me plais de plus en plus. Des le Week-end prochain je pourrais vous suivre en direct puisque je serais de retour au pays de l'oncle Sam. J'arrive à Chicago et ma balade cette fois-ci me conduiras jusqu'à New Orleans. Si dans les resto le personnel aux U.S.A. est si entreprenant c'est parce que la plus grosse partie de leur rénumération est composé par le pourboire le tip comme ils disent alors s'ils sont vraiment sympa soyez pas peingre, ils vous en seront vraiment reconnaissant bonne continuation à bientôt | | À: Charly81 · 2 avril 2012 à 18:15 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 12 de 65 · Page 1 de 4 · 12 357 affichages · Partager J'espère que vous aurez de la chance avec la météo, il y a des alertes aux tornades dans le centre du pays, plus quelques sévères orages sur le Golfe du Mexique. Pour l'instant, on touche du bois, on évite la pluie, on est soit en avance, soit plus loin, grand beau à San Antonio. Il pourrait avoir de gros orages demain, on verra. Chicago-N.O. c'est la route du Blues... Cela va être superbe. Pour les serveuses, nous doublons quasiment systématiquement la taxe... A + | | À: Genevois · 2 avril 2012 à 18:29 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 13 de 65 · Page 1 de 4 · 12 350 affichages · Partager Sympa pour les serveuses. En effet, je suis un peu la météo sur mon parcour, pas terrible pour l'instant mais bon on croise les doigts d'autant plus que nous avons l'intention de nous reposer au bord du golfe du méxique vers Golf Shures en Alabamaavant de remonter sur Atlanta pour prendre un vol retour. On verra bonne continuation à vous | | À: Genevois · 3 avril 2012 à 23:17 · Modifié le 12 mai 2012 à 13:17 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 14 de 65 · Page 1 de 4 · 12 281 affichages · Partager San Antonio et son célèbre Riverwalk. Contrairement à beaucoup de villes américaines où Downtown est désert le soir, le centre de San Antonio est bien animé. Il y a un petit canal qui traverse le centre ville et la plupart des restaurants et bars y sont accolés. Du coup, plein de monde, musique, magasins, bref de l'animation. Nous allons donc y faire un tour à pied, d'autant plus que le Day's Inn n'est qu'à quelques minutes.
Qui dit fréquentation touristique dit aussi prix touristiques. Tout y est évidemment plus cher qu'ailleurs, mais bon un Riverwalk, cela se mérite et cela se paie. Gérard n'a pas faim ce soir, alors il rentre se reposer et nous croquons une petite salade en bord de canal. Le repas mexicain de midi a apporté son lot de calories, un peu de verdure nous suffira avant une bonne nuit.
Profiter de San Antonio avait-on dit... Depuis quelques jours, la E-Glide de Gérard nous la joue capricieuse. Des voyants du tableau de bord s'allumait et maintenant c'est le témoin de charge de la batterie qui descend en roulant. D'après Internet, il y a une agence Eaglerider à San Antonio, nous irons donc les voir. Mais d'abord, petite virée à l'agence Harley de Cowboy Alamo. Facile à trouver, il suffit de s'engager sur la I-35 Nord et de la quitter à la sortie 168, le magasin est sur la contre-allée, dans l'autre sens.
Magasin, entrepôt devrais-je dire tant l'agence est énorme. Motos exposées, habits, gadgets, c'est encore plus grand qu'à N.O. Nous achetons le t-shirt du lieu après avoir fouiné dans tous les coins, comme des gosses.
Eaglerider est à une quinzaine de minutes de là, par une autre Interstate. Mais à l'adresse donnée par internet, point d'agence. Un gars qui bosse dans le coin nous apprend qu'Eaglerider a fermé... en oubliant de mettre à jour son site internet visiblement. Nous retournons au magasin Harley qui fait rapidement un diagnostic : c'est le régulateur qui débloque, mais malheureusement ils n'en ont pas en stock. Le responsable de l'atelier est super serviable, il appelle Orlando et s'occupe de tout pour essayer de nous satisfaire. Mais visiblement, ce n'est pas si simple. Nous y restons au moins 2 heures, le temps qu'Eaglerider nous trouve une solution. Remplacer la moto, la réparer ? Il faut toutefois faire quelque chose, car dans les prochains jours, nous serons au fond du Texas, sans agence pour nous dépanner en cas de panne.
Finalement, Eaglerider nous rappelle et nous dit d'aller dans l'autre agence Harley de San Antonio, la Caliente, qui évidemment est à l'autre bout de la ville. Et ici, l'autre bout de la ville, c'est facilement 20-25 miles. Le gars de l'atelier nous donne le chemin en nous disant de prendre la I-410 East. Nous nous engageons donc sur cette Interstate, mais encore un souci, pas de I-410 East ! South ou West, mais pas East. Retour donc à l'agence, re-itinéraire, il s'était trompé, c'était West pas East... Donc re-départ, 20 minutes de route sur les autoroutes à 6 pistes qui traversent San Antonio et nous trouvons l'agence. L'atelier nous dit qu'ils ont la pièce en stock, mais qu'ils ne peuvent pas la changer aujourd'hui, il faudra revenir demain... Et ça continue ! Retour à l'hôtel pour poser les motos et enfin, nous allons faire un tour en ville. Gérard va faire des courses dans un mall à côté de l'hôtel, Dominique et moi retournons au Riverwalk faire une balade sous le soleil. En chemin, nous nous arrêtons à l'emplacement de Fort Alamo, où Davy Crockett a fait ce qu'il a pu pour résister à l'assaut des Mexicains (ou des Indiens, j'ai un doute du coup). Il s'agit d'un tout petit bâtiment historique, avec évidemment sa boutique de souvenirs pour dépenser quelques billets verts.
Vers 18h00, la piscine nous tend son bassin, avec la chaleur du jour, la trempette est bienvenue. Profitons du soleil, la météo nous annonce de la pluie pour demain matin. mais jusqu'à maintenant, nous avons su l'éviter, continuons de toucher du bois. Nous sommes dans l'eau et un couple de retraités se trouve sur le bord du bassin, à boire quelques bières. L'homme, casquette vissée sur la tête prouvant qu'il a servi dans la Marine US, nous apostrophe : "C'est vous qui conduisez des Harley ?". Et la discussion démarre. Alan vient du Kansas avec son épouse et passe un peu de bon temps dans le coin. Il a aussi une Harley et notre discussion va tourner autour des motos, de l'Europe, des prix, bref un échange très sympa. Alan insiste pour avoir nos adresses e-mail, il veut garder le contact. Le concept Harley est très différent aux USA. Autant les jeunes que les "vieux", les hommes que les femmes, conduisent des motos. En Europe, les pilotes de Harley sont minoritaires et vu comme des motards à part. Ici, c'est un mode de vie, une passion quotidienne, une identification à certaines idées de liberté.
Après notre discussion avec ce sympathique couple du Kansas, nous partons pour le Riverwalk pour nous restaurer. Nous trouverons un excellent restaurant mexicain, le Casa Rio, peu cher et qui propose une bonne nourriture. Avec en prime, le vin de la maison, un merlot un peu chaud en carafe. Cela nous changera du Diet Coke.
Le Day's Inn a été parfait pour cette nuit encore, comme le temps, puisqu'au lieu de la pluie annoncée, le ciel se découvre. Les motos sont chargées et nous partons vers la concession Harley Caliente le long de la 410. A 09h00, comme prévu nous sommes devant l'atelier pour réparer la moto de Gérard et pouvoir repartir tranquille. Comme toutes les concessions visitées jusqu'à présent, le magasin est juste impressionnant de grandeur et de choix. A l'image du pays... Nous nous posons le temps de la réparation qui aura pris bien plus de temps que prévu... Tout au long de la matinée, nous sommes sûrs que la moto est entre de bonnes mains, que la réparation est bientôt terminée et que nous pourrons rapidement prendre la route. Vers 13h30, nous ne voyons toujours rien venir et nous allons voir un responsable pour voir ce qui se passe. Et c'est là qu'il nous apprend que la pièce à changer manque et qu'ils doivent la commander. En gros, ils ne l'auront pas avant demain matin ! Mais impossible de ne pas réparer, tous sont unanimes pour dire que si la pièce en question lâche, la moto reste sur le bord de la route. C'est un risque que nous ne pouvons pas prendre dans les prochains jours avec la traversée du sud du Texas où il n'y aura aucune agence Harley.
J'appelle donc Eaglerider à Orlando et leur expose le problème, avec un petit coup de gueule, puisqu'hier il nous a été dit que le magasin avait cette pièce. Apparemment, l'employé qui a répondu cela ne savait pas ce qu'avait réellement la bécane. Bon, notre trajet du jour sur Del Rio tombe à l'eau. Heureusement, il y a un hôtel à moins d'un mile et un employé nous y conduit. C'est un La Quinta Inn et ils ont des chambres, au moins cela. Nous négocierons avec Eaglerider une fois à L.A. le jour perdu, la nuit supplémentaire vu que notre logement à Del Rio avait été réservé. Il ne nous reste que la piscine et les cierges. La piscine pour nous rafraîchir et les cierges pour que la pièce dont nous avons besoin soit là demain matin. Pour rattraper le temps perdu, nous devrons rouler environ 6 heures, c'est faisable, crevant mais faisable. Reste plus qu'à espérer que nous pourrons nous mettre en route avant midi...
D'un autre côté, nous branchons la télé dans notre refuge du jour et le nord du Texas est frappé d'orages et de tornades, a à peine 5 heures au nord de San Antonio. Nous pouvons voir un camion-remorque, US donc du lourd, s'envoler au coeur de la tornade, montant dans le ciel avant de retomber sur le sol. Un truc inouï. Alors à côté de cela, notre petite panne n'est pas si grave. Au moins, on se rappellera de cette partie du voyage... | | À: Genevois · 4 avril 2012 à 17:18 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 15 de 65 · Page 1 de 4 · 12 232 affichages · Partager J'ai pensé à vous ce matin en allant au boulot à 5h00, aux infos ils disaient qu'il y avait des tornades qui frappaient le texas j'espère pour vous que ça gacheras pas votre road trip, mais apparament les Harley c'est pas fiable à 100%!!!! pour moi J-4 avant mon départ pour les statesbonne route | | À: Genevois · 6 avril 2012 à 15:38 · Modifié le 12 mai 2012 à 13:37 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 16 de 65 · Page 1 de 4 · 12 112 affichages · Partager Le coup de la panne, suite. La pièce défectueuse était censée être là à 09h00 dès l'ouverture, afin que nous puissions continuer notre route. A 10h00, toujours pas de nouvelle, alors nous appelons Caliente. La pièce n'est pas là, mais UPS n'est pas encore passé. A 11h00, toujours aucune nouvelle de UPS. J'appelle donc Eaglerider et sur un ton un peu moins diplomatique, je leur fais part de notre agacement puisque cela fait maintenant presque 2 jours que nous sommes bloqués à San Antonio. L'employé me rappelle un peu plus tard et me dit que la pièce est dans le camion UPS qui fait sa tournée et que tout devrait rentrer dans l'ordre rapidement.
A 14h00, après un petit repas, nous retournons à l'agence Caliente et la pièce n'est toujours pas arrivée. Je leur dis que selon Eaglerider, ce que nous attendons est dans le camion UPS et que cela devrait arriver. Le gars du service des réparations part alors à l'atelier et revient avec...LA PIECE ! En gros, si nous n'étions pas venus, la pièce serait restée sur un étalage sans que personne ne s'en soucie. Pas très professionnel, même pas du tout, les gars de Caliente. Ceux de l'agence de Cowboy Alamo avait l'air bien plus débrouille. Moralité : si vous êtes dans la merde avec une Harley à San Antonio, n'allez pas chez Caliente.
A 15h30, la moto est enfin prête et nous reprenons la route. Nous avons prévu de sauter Del Rio pour reprendre du chemin et de poursuivre jusqu'à Sanderson où nous espérons arriver avant la nuit. 5 heures de route selon Google Map, cela devrait être faisable. Nous prenons la US 90 qui commence par une route à double piste où nous pouvons sans souci rouler à 70-75 miles/heure. Même lorsque la route passe sur une seule voie, les limitations restent élevées, nous profitons d'avancer. A la sortie de Uvalde, sur la route de Del Rio, nous voyons notre premier contrôle des Border Patrol. Un check-point avec policiers et chiens qui contrôlent tous les véhicules qui arrivent de l'ouest, soit dans l'autre sens. Tout au long de ce parcours, les Border Patrol sont souvent dans leur véhicule de patrouille verte et blanche, sur les bords des routes, le long des clotûres qui bordent les champs.
Il faut dire que le Mexique est à portée de pieds. Nous le frôlons même en traversant Del Rio. Pourtant il est bien là, ce Mexique. Sur les affiches publicitaires où l'espagnol est roi, avec les restaurants qui sont quasi tous mexicains, dans le type des gens qui n'ont rien des américains bien blancs originaires d' Irlande. Même le candidat au poste de Sheriff s'appelle Martinez. Martinez John, parce qu'il faut bien faire américain, mais ses amis l'appellent sans doute Juan. Dans cet extrême sud du Texas, le Mexique est omniprésent. Aussi sur la bande FM, où il devient difficile de trouver une radio proposant autre chose que de la musique latino ou des animateurs hispanophones.
Depuis Del Rio, le paysage se fait soudainement plus désertique. Fini les forêts d'arbustes et les champs de culture. Place à la rocaille, aux petits buissons épineux et aux cactus ras du sol. Les ponts qui enjambent ce qui devait être des rivières ne passent que sur des cailloux, les lits sont à sec. Fini aussi les habitations et la vie humaine. Pendant des miles et des miles, ce ne sera que ce paysage tout autour de nous, à perte de vue sur un horizon de 360 °. On pourrait y voir de la monotonie et pourtant la magie opère, un sentiment de liberté au milieu de nulle part, un dépaysement dans des paysages du Wild Wild West.
La 90 n'est qu'un couloir de bitume au milieu de rien, avec quelques camions ou voitures de temps à autre, mais sans âme qui vive sur ses bords. Et soudainement, un autre contrôle des Border Patrol, dans les 2 sens cette fois. Nous nous arrêtons et le policier nous demande si nous sommes Américains. Nous devons nous garer et montrer nos passeports. Le policier est aimable. Ironie du sort, il s'appelle Hernandez et est visiblement originaire du sud. Ses parents ont eu la chance de le mettre au monde du bon côté de la barrière qui sépare deux univers et maintenant le voilà à traquer "los imigrantes" qui sont pourtant ses cousins. On nous a souvent mis en garde contre la dangerosité du Mexique, "à cause de la drogue". Sans doute un effet de la paranoïa sécuritaire qui habite certains Américains. Ceux qui passent la frontière illégalement dans ce coin et qui marchent des dizaines de kilomètres dans ce désert hostile ne sont pas membres des cartels violents de Juarez ou d'ailleurs. Il s'agit sans doute de pauvres bougres qui fuient la misère du sud, avec pour but un travail dans ce qu'ils croient être l'eldorado américain devant leur nez. A chacun son rêve américain...
Ce paysage désertique, mais pourtant encore bien vert en ce printemps, continue de nous accompagner. Au bas d'une descente, voilà que nous passons le Pecos, à l'Ouest duquel la justice peut être aléatoire.
D'autant plus que nous arrivons à Langtry, que nous passons au son des Gun's n' Roses à fond dans la stéréo. Pourvu que le juge Roy Bean ne nous condamne pas pour outrage à la tranquilité des lieux. Sanderson, notre but est encore à quelques dizaines de miles. Le soleil va comme nous vers l'Ouest et nous l'avons en pleine figure. Les derniers miles sont pénibles, car il nous aveugle de sa lumière et la route devient parfois difficile à suivre. Nous arrivons à Sanderson au moment où il se couche enfin.
Sanderson ou le bout du monde. Mais qui a bien pu avoir l'idée saugrenue de planter une ville dans ce trou perdu ? Nous nous posons au Budget Inn, un petit motel tenu par un Indien, pas un Comanche mais un Indien venu d' Inde il y a 26 ans. Comment a-t-il atteri ici ? Il est 20h15 et selon lui, les trois cafés du bled ferment à l'instant. Après avoir pris la rustique chambre qui nous est proposée, nous parcourons le village dans les deux sens. Le seul endroit où un semblant de vie est encore présente est la dernière station-service, à la sortie direction El Paso.
Ils n'y vendent pas d'essence à octane supérieure à 90, alors que nos motos ont besoin de 91. Et coup de chance, nous tombons sur deux équipages de Danois qui en sont à leur douzième voyage aux States. Ils ont avec eux un booster d'octane qui en comble le manque. Et la station en vend. Ouf, car il nous reste à peine 50 miles d'autonomie, même pas de quoi rejoindre la prochaine ville, Marathon/ Texas. Cette station-service est aussi le seul endroit pour acheter un truc à manger et à boire. Quelques burritos et un six-pack de bière texane feront l'affaire ce soir. Repas frugal que nous prendrons devant nos chambres, sur une ta ble extérieure, un peu plus tard. Nous nous renseignons auprès de trois gars dans un pick-up si d'autres stations vendent de l'essence plus loin sur la route. Marathon aura des stations, mais sans garantie sur la qualité de l'essence proposée. Pensant que nous allons continuer à rouler dans la nuit, ils nous déconseillent de reprendre la route dans l'obscurité. Non pas à cause d'un danger dû à des hommes, mais à des animaux. De toutes tailles selon eux, du mulot à d'autres comme des biches ou des gros chiens. Et percuter un tel animal avec une moto signifierait un accident aux conséquences graves, loin de tout.
Sanderson, le bout du monde version Texas.
Malgré le côté rustique des lieux, la nuit est bonne. Au matin, j'ouvre ma porte pour tester la température et en face de moi, à une quinzaine de mètres, trois belles biches broutent le peu d'herbe qu'il reste devant le motel.
Je commence à comprendre pourquoi il ne faut pas circuler de nuit. Percuter une telle bête sur la route serait synomyme d'un sacré accident. La température est froide, nous devons sortir pull à capuche, blouson de cuir et gants. Ce matin, nous prenons la route tôt, le but du jour devrait être un des must du voyage : la boucle du Big Bend National Park via Presidio, le long du Rio Grande et de la frontière mexicaine.
Tout comme hier soir, le seul endroit où il y ait trace d'une vie humaine est la station-service au bout du village. A croire que les habitants de Sanderson se couchent tôt et se lèvent tard ! Nous prenons un café et quelques bricoles à manger avant de prendre le bitume.
Direction Marathon, où nous étions censés dormir sans le pépin de la moto de Gérard. Personne sur la route, mais par deux fois, des biches semblables à celles vues devant le motel nous sortent quelques dizaines de mètres devant la moto. Le paysage commence à être de plus en plus désertique, les arbres font cette fois place aux buissons épineux, les cactus se multiplient et l'herbe n'est plus que pierre et rocaille. Wild Wild West disait-on ?
A Marathon, nous faisons le plein à l'entrée du village, juste avant l'embranchement de la 385 qui descend vers le Big Bend. Nous en profitons pour recharger l'appareil photo pendant un café. Des policiers des Border Patrol prennent leur petit-déjeuner, le patron plaisante avec eux en espagnol. Peu après l'embranchement de la 385, il y a un check-point des Border Patrol. Mais uniquement pour ceux qui remontent du Big Bend. Vu que Gérard n'est plus en vue dans mon rétro, je fais demi-tour et je dois donc passer le contrôle. Le policier a bien vu que je venais de passer dans l'autre sens, mais le boulot, c'est le boulot. J'ai droit à la totale : passeport, raison et durée du séjour, etc... le tout avec une cordialité extrême.
Quelques dizaines de miles plus loin, voilà l'entrée du parc. C'est un parc national, l'entrée y est payante. Dès les premiers mètres, nous nous apercevons que la journée va être grandiose. Le paysage est extraordinaire, digne des meilleurs Western, entre la plaine désertique et les montagnes aux couleurs ocres.
A chaque virage, ce bon vieux Clint Eastwood, cigarillos au bec, pourrait apparaître à cheval avec sa bande de salopards. La vitesse est limitée à 45 miles/heure dans tout le parc et les routes sont parfaites, le rythme est sur balade.
Ce parc est également énorme en superficie, plusieurs routes le parcourent, les places de camping sont nombreuses. Il y aurait de quoi y passer plusieurs semaines pour les amoureux de randos et de nature.
A la sortie du parc, à Terlingua, nous prenons la 170 qui borde le Mexique et le Rio Grande. La route se fait plus étroite, les virages plus serrés, les montées plus rudes. A notre gauche, un filet d'eau au fond d'un lit de cailloux. Le Rio Grande usurpe son nom, il n'est ni Grande et n'est parfois même plus Rio, étant à sec. Mais le plus surprenant n'est pas la taille de ce ruisseau, mais le fait que le Mexique est sur l'autre berge, à quelques mètres, accessible à gué. Aucune protection, aucun barbelé ni mur, aucune patrouille des Border, rien. Le pays le plus protégé du monde est ici libre d'accès. Incroyable de penser que ce mince filet d'eau sépare deux mondes, opulence et misère.
Nous pensions manger à Lajitas, seul village entre Terlingua et Presidio, mais pas de café, ni de restaurant, juste un hôtel de luxe pour touristes fortunés qui viennent jouer sur un golf bien vert au milieu du désert. Toute cette route suit un canyon, au milieu des montagnes et la température est plutôt fournaise. Les photos sont splendides, le paysage est varié à chaque virage, un réel plaisir, le must prévu est un must concrétisé.
Presidio est en vue, il fait faim en ce milieu d'après-midi. Nous trouvons notre bonheur dans un petit resto mexicain qui nous sert le menu breakfast, vu que c'était notre choix. Le plein d'essence, un petit coup au car-wash pour ôter la poussière et les nombreux insectes collés sur le devant de la bécane et nous entamons la dernière ligne droite pour Marfa. 60 miles au milieu de nulle part, des plaines désertiques à perte de vue, devant et derrière. Nous passons rapidement le contrôle des Border Patrol juste d'arriver au village.
Notre repaire ce soir, encore du rustique, le Cosmico Camping qui propose des Tipis et des tentes, bien équipées, avec lits douillets, duvets, électricité. La douche se prend dans une cabane annexe, sous le soleil couchant. C'est très propre et original. L'avantage : nous pouvons rester dehors et pour boire quelques bières bien fraîches et pour manger les burgers que nous sommes allés chercher dans le village.
Au moement de nous coucher, la température extérieure a bien baissé. Il fait carrément froid. Y compris dans le tipi qui est perméable à l'air. Nous voyons sur le lit un espèce de radio réveil, nous essayons même d'y régler l'heure. Sans succès, puisque ce n'est pas un réveil du tout, mais un chauffe-lit ! Surprise, notre lit est chaud lorsque nous nous y mettons. Froid dehors, chaud dedans, c'est la classe...
Espérons que la nuit sera à la hauteur de cette surprise. El Cosmico avertir ses clients que nous sommes dans un désert et qu'il faut parfois être prudent. Notamment le matin en mettant ses chaussures, un résident non désiré ayant pu y prendre refuge pendant la nuit. Encore un conseil qui s'ajoute au mythe du coin, un peu perdu dans le sud du Texas. La nuit a été bonne, le réveil dicté par les klaxons d'un train de marchandise, dont le chauffeur avait un peu la main lourde.
Nous entamons le dernier tiers du voyage, l'Ouest nous tend les bras, nous réservant sans doute encore de splendides routes. Ce soir, le stop sera El Paso, toujours au Texas. | | À: Genevois · 6 avril 2012 à 16:10 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 17 de 65 · Page 1 de 4 · 12 105 affichages · Partager Hello Laurent,
Grand bravo pour avoir rédigé toutes ces lignes ! on ne se lasse pas, c'est vivant, imagé, et les émotions ressenties sont bien présentes.
J'ai ressorti cette phrase qui résume parfaitement pourquoi on y revient !!!!
Fini aussi les habitations et la vie humaine. Pendant des miles et des miles, ce ne sera que ce paysage tout autour de nous, à perte de vue sur un horizon de 360 °. On pourrait y voir de la monotonie et pourtant la magie opère, un sentiment de liberté au milieu de nulle part, un dépaysement dans des paysages du Wild Wild West.
Merci à toi... mais j'attends la suite. Cordialement. Jean. | | À: PapJ59 · 6 avril 2012 à 17:10 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 18 de 65 · Page 1 de 4 · 12 099 affichages · Partager D'accord avec Pap sentiment de liberté, dépaysement ou tout semble serein c'est ça qui fait qu'on aime ce pays et comme une drogue, nous sommes toujours préssés d'y retouner. Vivement lundi que j'y suis soit à nouveau et a+ de vous lire :c'est super | | À: Genevois · 7 avril 2012 à 10:17 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 19 de 65 · Page 1 de 4 · 12 068 affichages · Partager Hello Lolito Une petite galère de temps en temps c'est pas grave, juste de quoi pimenter l'aventure. Et un peu de photos, c'est possible? Bises à vous deux Caro | | À: Genevois · 7 avril 2012 à 14:26 Re: D'une côte à l'autre des USA en Harley Message 20 de 65 · Page 1 de 4 · 12 054 affichages · Partager Salut et bonne balade made in US Mina & Olivier | Carnets similaires sur les États-Unis: Heure du site: 12:29 (22/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 748 visiteurs en ligne depuis une heure! |