Bonjour,
Voici un extrait de mon texte : "
Un temps à Madagascar" écrit lors de mon séjour de 6 mois à Sambava (côte de la vanille).
"Alors que je pourrais vous parler de mille et une choses, alors que je pourrais vous décrire la gentillesse des Malgaches, la beauté des paysages, les mélanges culturels, les Chinois, Indiens, Africains, Blancs, Noirs, Métisses, les taxis 4 ailes, la terre ocre qui tache les tongs ou les caméléons source de superstitions... j’ai envie de vous parler du « temps », du temps malgache, du temps à
Madagascar...
J’ai envie de vous parler du temps chaud et humide qui apprend à notre corps à transpirer des paupières... du temps orageux qui illumine l’Océan Indien de mille éclairs le soir venu... du vent qui, de temps en temps, fait chanter les cocotiers et transforme notre terrasse en véritable coin de paradis... du temps que mettent les flaques d’eau grandes comme des marres à s’évaporer pour laisser place à des chemins de terre, des décharges à ciel ouvert, des restes de route coloniale...
J’ai envie de vous parler du temps qui passe lentement, aussi bien à la maison qu’au travail... du temps que je passe, moi, à lire et à écrire pour occuper mon temps... du temps que l’on passe sans électricité... du temps que met l’agence nationale d’électricité pour comprendre que non, nous n’avons pas besoin de lumière entre 23h et 5 h du matin mais que oui, nous en avons besoin de 17h jusque 22h... du temps égaré sur les deux seules rues goudronnées de Sambava... du temps qui défile dans les trois rayons de l’unique supermarché de la ville à comparer les étiquettes de vins chiliens et argentins... du temps qu’il faut pour sortir de la ville en taxi-brousse... de l’impossibilité de passer un week-end hors de Sambava par manque de temps car les infrastructures routières sont tellement mauvaises qu’on ne sait jamais de combien de temps on aura besoin pour parcourir ne serait-ce que 50Km... du temps passé sans papier, loin de mon passeport qui, lui, voyage d’institution française en institution malgache dans l’espoir d’être un jour, décoré par un visa en règle..."