Personnellement j'aurai bien vu Israël en baviere ou saxen anhalt...apres tout cela aurait ete que justice
Salut Tinariwen,
les Israéliens en Bavière, bon, mais l’
Allemagne est très très peuplé, pas de place ici, donc je te propose : le sud de l’
Algérie, qu’est-ce que tu y penses ?! C’est une zone désertique et peu peuplée... et, en même temps, idéale pour un peuple ayant déjà des expériences pour faire fleurir la démocratie et le désert dans un climat hostile à l’égard de la liberté et de la croissance. Et en cas d’urgence, nous vous ajoutons gratuitement Edmund Stoiber, économique bavarois par excellence, se retrouvant très bientôt au chômage. D’accord... ?!
Alors, soyons sérieux et essayons de penser l’impensable !
Supposons que l’
Israël soit un anachronisme et une faute historique resp. supposons qu’il existe dans un autre coin de notre planète, que ce soit en
Allemagne, en
Algérie ou à n’importe quel lieu mais pas du tout là où il se trouve maintenant... Si ça serait ainsi, le monde arabe-musulman, du
Maroc à l’
Egypte, de la Syrie au Pakistan, serait-il – abracadabra !!! - un monde plus heureux, et notamment le Proche-Orient, et tout ça parce que la fondation de l’
Israël n’aurait jamais lieu ?! Autrement dit, non pas le comportement israélien mais l’
Israël en tant que tel est la cause de tous les problèmes du Proche-Orient... ?!
Commençons par 1948 quand l’
Israël avait été fondé... Un mort-né, aurait-il tué le problème de
Palestine dans l’œuf ?! Non pas réellement. L’
Egypte, la Transjordanie (prédécesseur de la
Jordanie d'aujourd'hui), la Syrie, l’Irak et le
Liban ne marchaient pas sur
Haifa et
Tel Aviv pour libérer la
Palestine mais, au contraire, pour la choper... Cette invasion était exemplaire pour des luttes pour le pouvoir entre des pays voisins. Au cas de leur victoire, un Etat palestinien n’en aurait pas ressorti... Mais rien d’autre que d’innombrables réfugiés... (ça me fait penser à la population du
Koweit dont la moitié a pris la fuite devant Saddam Hussein qui « libérait » le
Koweit). Et supposons que le nationalisme palestinien se soit réveillé, à la fin des années 60 et au début des années 70, les Palestiniens enverraient des kamikazes à l’
Egypte, à la Syrie et n’importe où...
Supposons que l’
Israël ait disparu en 1967, au lieu d’occuper la Cisjordanie et le Gaza (appartenant à l’époque à la
Jordanie de Hussein et à l’
Egypte de Nasser). Hussein et Nasser, auraient-ils redonné ces terres à Jassir Arafat ?! A peine croyable, sauf si tu crois au père Noël et aux petits nains... Ce que raccordait l’un avec l’autre, était leur rage et leur peur d’Arafat, la tête de la Fatah. Bref,
la vraie cause de la non-existence d’un Etat palestinien aurait continué – même sans l’Israël...
Encore une fois, la disparition de l’
Israël dans la région, elle se répercuterait comment sur la pathologie du Proche-Orient ?! Ce sont ceux et celles seulement prédisant un avenir heureux à lui dans la région qui pensent, par erreur !, que le problème de
Palestine ne serait que le noyau du conflit au Proche-Orient. Malheureusement, sa problématique est beaucoup plus complexe. Cinq raisons :
1. Etats contre Etats
Une élimination israélienne de l’équilibre régional ne serait guère utile à l’amitié interarabe. Après la retraite des puissances coloniales, la
Grande-Bretagne et la
France, quoi y est resté ?! De jeunes pays arabes qui voulaient modifier, tout seul de la manière égoïste, la carte géographique de la région : depuis le début, la Syrie réclamait le
Liban, et en 1970 l’armée israéienne même a empêché que la Syrie envahissait en
Jordanie, sous prétexte qu’elle doit soutenir une insurrection palestinienne. Continuons, le panarabisme de Nasser dans les années 50 et 60, son atteinte au Jemen. Le successeur de Nasser, Sadat, était permanentement impliqué dans des conflits avec la Libye, la Syrie envahissait au
Liban en 1976 et, à proprement parler, l'annexait plus tard. L’Irak faisait des guerres à l’
Iran et au
Koweit, deux Etats de frère musulmans. La guerre à l’
Iran était la guerre conventionnelle la plus durée du 20e siècle. Aucun de tous ces conflits n’a rien à voir avec le conflit israélien-palestinien...
Il est à craindre qu’une élimination de l’Israël libère de la nouvelle puissance de feu militaire pour de telles rivalités internes...
2. Croyants contre croyants
Celui qui croit que le conflit du Proche-Orient serait une affaire musulmane-juive, est un débile. Voilà : l’effusion de sang au
Liban causée par des sedacteurs pendant 14 ans, la campagne d’exterminaison de Saddam Hussein contre les Chiites à la suite de la 1e guerre de Golfe, les massacres syriens contre des dizaines de milliers de gens à Hama, des actes de violence terroristes contre des chrétiens égyptes, l’oppression interconfessionnelle en Arabie-Saoudite où une secte intégriste (et préhistorique !!!) occupe le pouvoir d’Etat pour imposer son morne mode de vie à des hommes et femmes moins fervants...
3. Idéologies contre idéologies
Dans la région, il y a un excédent d’ismes et d’idéologies les plus différentes ; le sionisme n’est pas le seul... Même les partis Baath de la Syrie et de l’Irak ne pouvaient se voir en peinture. Nasser tapait sur d’autres pays arabes avec la massue panarabiste-socialiste. Les Baathistes et les Nasséristes se battaient contre des monarchies (p.ex. celle de la
Jordanie). L’
Iran de Chomeini et l’Arabie-Saoudite des Wahabites sont des ennemis mortels. Où est là, la relation entre le conflit arabe-israélien ?! Je ne la vois pas sauf la Hamas soutenue fatalement à l’époque par les Israéliens comme rival de la Fatah, et aujourd’hui responsable pour d’innombrables attentats en
Israël. Cette Hamas, se dissoudrait-elle si l’
Israël disparaîtrait du Proche-Orient ?! C’est à peine croyable. La Hamas a d’autres ambitions que l’élimination du sionisme, à savoir qu’un Etat de Dieu arabe.
4. Réactionnarisme contre modernité
Ce qu’empêche les modernistes et traditionnalistes arabes de déchirer leur société, c’est leur hostilité commune contre l’
Israël. Les intégristes se battent contre les sécularistes, des musulmans réformistes pour une fusion de mosquée et Etat sous la bannière verte du prophète. Et dans une lutte des classes peu cachée, une bourgeoisie minuscule et des millions et millions de jeunes hommes sans perspective (= du chair à canon pour les islamistes) se sont mis en infraction avec une structure de puissance, ou, à vrai dire, avec un copinage étatique qui contrôle tout, les moyens de production (pour parler avec Marx), tout, tout... C’est aussi la culpabilité de l’
Israël ?! En aucune façon (mais l’incapabilité des Arabes). On pourrait presque croire que l’
Israël endigue les hostilités de son environnement plutôt qu'il cause les tensions. Quel paradoxe !!!
5. Régimes contre peuples
A l’exception de la
Jordanie, du
Maroc et des émirats du Golfe ou l’on exerce une monarchie avancée, tous les Etats du Proche-Orient (plus l’
Iran et le Pakistan) ne sont plus ou moins rien d’autre que des variantes du despotisme, ou autrement dit, des Etats Mukhabarat, à partir de la dictature dynastique syrienne jusqu'à l’autoritarisme égyptien.
Des dizaines de milliers de morts dans des combats internes en
Algérie, on dit que le nombre des victimes de Saddam est 300.000. A partir de 1979 quand Chomeini prenait le pouvoir en
Iran, lui et ses sbires ont causé une guerre et, de plus, eux avaient eu sans pitié et non sans mal la population iranien sous contrôle. L’explosion du Pakistan est imminente. Tout ça, la culpabilité de l’
Israël ?!
Dans cette région, l’oppression impitoyable est le prix pour une stabilité politique à peu près, Monsieur Tinariwen.
Il faudrait une imagination débordante pour croire que la disparition de l’
Israël avait pour conséquence une démocratie libérale (si souhaitée). On pourrait argumenter, de façon plausible à peu près, que la dialectique de l’hostilité favorise des dictatures dans des pays qui confinent à des théâtres de guerre, p.ex. l’
Egypte et la Syrie, dont les gouvernements utilisent la proximité de la « menace sioniste » comme prétexte pour réprimer toute opposition. Bon, mais comment s’expliquer les événements de l’
Algérie qui est loin, comment s’expliquer le bizarre régime de culte en Libye qui est loin, comment s’expliquer la kleptocratie pieuse en Arabie-Saoudite, comment s’expliquer le despotisme clérical en
Iran ou le Pakistan boiteux par ses tentatives vaine de la démocratie... ?! Et les nombreuses tentatives de putch en Irak, c’est l’
Israël qui les a causées... ?! La
Jordanie expérimente avec l’
Israël, pourquoi pas la Syrie aussi ?!
Monsieur, les manques de démocratie et de développement, on ne peut pas chercher à les refiler à l’
Israël.
L’Israël est le prétexte, mais pas la cause de la malaise en Proche-Orient (la vraie cause est plus plus profonde, et a à voir avec les Arabes à 99, 9%), donc sa disparition ne guérira pas automatiquement les plaies que s'est infligé le monde arabe-musulman à lui-même... Mais il est à craindre que les Arabes (dont toi) ne le comprennent jamais... Bon, c’est, de toute façon, plus simple de brûler des drapeaux américains ou de se souhaiter de pousser les Israéliens dans la mer (ou les planter en Bavière ou en Saxe-Anhalt) que de réviser les propres positions...
Monsieur Tinariwen, connais-tu les deux « Arab Human Development Reports » de l’ONU, écrits par deux auteurs arabes! (sinon, faut les lire, très très très instructif) ?! Leurs conclusion :
le malheur est causé par le monde arabe lui-même. Lesquelles sont les raisons pour la stagnation et le désespoir là-bas ?! Il y en a essentiellement trois : (a) d’abord, c’est le manque de la libérté : des autocraties absolues, des élections pseudos, des tribunaux dépendants du gouvernement, des restrictions des droits civiques, de fortes délimitations de la liberté d’expression et de réunion. Ça suffit, il y en a de plus ?! (b) Alors, c’est le manque de savoir et de formation. 65 millions d’adultes sont analphabètes, 10 millions d’enfants n’ont pas été à l’école. Ses conséquences sont terribles : le monde arabe crée un arrière de plus en plus par rapport de la recherche scientifique et de la technologie d’information moderne... (c) Finalement, ce sont les femmes. Où la participation des femmes dans la vie politique et économique est-elle au niveau plus bas que dans le monde arabe ?! Même un des pays les plus pauvres du monde, le Mali (qui me tient à cœur plus que tout d’autre pays et qui est voisin de ton pays), en est modèle comparé au monde arabe... Cela dit tout, non ?! Un monde (arabe) qui se permet de ne pas se servir de la demie population (les femmes) sera toujours arriéré...
Donc, il y a beaucoup à faire. Tout cela ne change par abracadabra ni par la disparition de l’
Israël de la fierté arabe.
Monsieur, tout ce que j’ai dit en haut, n’est pas du tout un plaidoyer pro-
Israël, c’est pas du tout une justification pour les actes violents de l’armée israélienne ou ceux des colons juifs, c’est pas du tout une justification absolue de la politique israélienne, c’est pas du tout une justification pour les nombreux morts dans ce conflit depuis 60 ans (mais saches qu’une mère israélienne pleure aussi le mort de ses enfants et non pas exclusivement la mère palestinienne). Je suis pro- et non pas contre-
Israël, et en même temps, je suis pro- et non pas contre-
Palestine, mais avant tout, je suis pour l'achèvement de ce terrible conflit qui a produit trop de morts sur plusieurs côtés et trop de haine dans la région entière (pour moi, un Israélien vaut le même comme un Palestinien, pour toi aussi ?!)...
Et je suis contre ces Arabes (intégristes et ailleurs) qui font de l’Israël le bouc émissaire de leur propres fautes et immenses incapacités...
hgb