Bonjour,
Je reviens sur cette question des blagues (=jokes) sur les bombes dans l’aéroport
et à propos de la liste.......elle n’est qu’un échantillonnage, et loin d’être exhaustive. De manière plus générale si on regarde de plus près on voit vite que l’on peut a priori distinguer, je dirais au moins 4 types de jokers/blaguers :
a). ceux qui agissent, pour reprendre votre terme, avec pure malice. Ils se disent, par exemple, on va bien rigoler, je vais foutre le bordel. Certains appellent depuis l’aéroport même afin de jouir pleinement du spectacle. Le coup est prémédité, il tient du canular et se réalise généralement par téléphone. Les anglophones utilisent généralement le mot ‘’hoax’’
b). ceux qui agissent par calcul dans un but précis, comme par exemple retarder un vol pour se donner le temps d’arriver à l’aéroport. Le coup est là aussi prémédité et se réalise aussi généralement par téléphone. C’est aussi un ‘’hoax’’ mais pour se défendre les auteurs diront plus tard ‘’ it was just a joke’’
c). ceux qui agissent par légèreté, sans penser à mal mais prennent l’initiative de la déclaration intempestive en allant délibérément au contact du personnel de l’aéroport, pour s’amuser généralement. Dans le lot doit y avoir, comme disent les Australiens, des ‘’ larrykin’’ (=un jeune espiègle, une personne inculte, chahuteur mais bon cœur
ou une personne qui agit avec un mépris apparent des conventions sociales. Wikipedia) !
d), ceux qui
réagissent à une sollicitation, par exemple la question d’une hôtesse un fois dans l’avion ou d’un agent de sécurité au contrôle. Les auteurs, sur le ton de la plaisanterie, peut être croyant faire un bon mot, peut-être parce qu’ils sont agacés par une longue attente, peut-être parce qu’ils ont l’esprit léger en partant en vacances (voir la mise en garde de la Police Slovaque sur l’euphorie des départs en vacances qui sembleraient libérer la parole !) ou
pour toute autre raison, lâchent la petite phrase ou la simple exclamation fatale. Probablement pas de préméditation. Quoiqu’il en soit le coup le coup part !
Dans ma quête j’ai élimé tout ce qui apparaissait sous les terme ‘’hoax’’ ou ‘’prank’’ (canular, farce) impliquant un acte prémédité et regardé de plus près seulement ce qui apparaissait sous le terme ‘’joke’’=blague, un acte de nature plutôt circonstancielle, opportune
Je ne suis pas sûr que le cas qui nous occupe ici soit une "blague", ni une "joke", ce n'est, il me semble pas fait avec malice, ou intention ; tel que je le comprends c'est juste une exclamation, dont la fonction linguistique est même plutôt de rassurer celui qui la formule.
Certes, les psychologues nous le disent, il peut arriver qu’une personne ait recours à un humour décalé pour évacuer son stress mais dans ce cas présent Madame T.... et ledit avocat (voir la presse tant francophone qu’anglophone) décrivent eux-mêmes les faits comme une blague ou une joke (selon la langue). Quand à la raison profonde, le tréfonds de la pensée de Madame T... son subconscient peut-être, j’ai peur que nous ne l‘appréhendions jamais et çà n’aurait rien changé à l’affaire, dans l’immédiat en tous cas.
Ceci dit, je pense comme vous qu’il n’y avait pas d’intention malicieuse (au sens ancien ou anglais) mais d’autres avant elle, dans des circonstances analogues, ont eu la même malheureuse réaction avec des conséquences pénibles.
En tous pour moi c'est différent de la plupart des cas que vous proposez, qui sont de vraies provocations, des actes conscients, manifestement délibérés
Je questionnerais ‘’ la plupart des cas’’ mais la distinction est exacte
. Comme je le dis plus haut toutes ces jokes ne sont évidemment pas de même nature mais comprenons nous bien... il ne m’intéressait pas de savoir quel est le type prédominant de joke mais de voir pourquoi même des blagues spontanées, innocentes, peuvent conduire à des ennuis comme Madame T.... semble en faire l’expérience.
Notons d’abord que l’agent d’enregistrement, l’agent du service de sécurité au sol, l’ hôtesse de l’air, steward, qui échange le premier avec le passager n’a pas forcément l’expertise pour discerner le sens vrai du propos sur l’instant. A supposer qu’il soit convaincu de l’innocuité du propos, il n’est généralement pas décideur. Il est tenu d’en informer le superviseur et çà peut déclencher une procédure qui lui échappe rapidement (voir le papier des deux Universitaires allemands et plus bas le cas du passager de
Singapour)
Et c’est bien pour cela qu’en la matière les voyageurs devraient s’abstenir de tout écart de langage (‘’deviance’’ diraient les deux Universitaires allemands) pour éviter des ennuis !
Nombre d’autres passagers ont en fait eu des réactions analogues à celle de Madame T...
Le cas du passager décollant de
Singapour en est vraiment proche..., quasiment un copier-coller au départ. Il est aussi une bonne illustration d’une procédure qui se déroule mécaniquement, une fois que le Commandement de bord a pris sa décision.
Scénario :
Au moment de l’embarquement le passager essaie avec l’aide de l’hôtesse de faire rentrer son bagage surdimensionné dans le compartiment çà coince. Il faudrait l’enregistrer en soute lui dit l’hôtesse
‘’Avez vous quelque chose d’important dedans, portable, passeport ?’’ ajoute-t-elle.
‘’ Non rien ! Juste une bombe’’ réplique le passager
L’ hôtesse tique
‘’ Voyons ! Ce n’est qu’une blague, y’a pas de bombe’’ lance le passager
L’hôtesse est rassérénée, elle va s’asseoir sur son strapontin pour le décollage. Mais elle est tenue d’informer son superviseur lequel sait qu’il est tenu d’informer le Commandant. Nous sommes en train de décoller, le superviseur décide donc d’attendre que l’avion soit en l’air.
Une fois informé le Commandant informe la tour de contrôle. Il ne cède pas à une peur irraisonnée, il continue d’ appliquer la procédure. Entre lui et la tour de contrôle la décision est prise. Il fait demi-tour vers l’aéroport. A ce moment là le protocole prévu est lancé et ce n’est plus le temps de se livrer de fines analyses psychologiques. C’est ce à quoi font allusion les deux Universitaires allemands cités dans mon premier message Dans le cas présent....
Deux avions de chasse décollent comme pour une interception et accompagnent le Boeing
Le Boeing se parque dans un endroit éloigné de l’aéroport
Les 170 passagers débarquent
Le passager en cause et ses deux co-voyageurs sont interpellés leurs bagages sont fouillés
L’équipage est changé (c’est aussi prévu dans le protocole)
Bilan : 5 heures de retard... pour un réflexe verbal !
.........
D’autres répliques spontanées sont aussi proches....
Par exemple le cas de ces deux
Indonésiennes. Elles embarquent à
Jeddah pour rentrer chez elles.
Comme madame T... et le passager de
Singapour elles peinent à hisser leur bagage dans le compartiment. Un hôtesse s’approche et les aide.
‘’ C’est très lourd, qu’avez vous mis dedans ? ’’
Tout çà sur le ton de la conversation plutôt que de l’inquisition.
Mais la réplique d’une des deux passagères fuse...
‘’ De Jeddah pourquoi voudriez vous que je ramène une bombe ? Des souvenirs... bien sûr ! ‘’.
L’hôtesse en réfère à son superviseur qui en réfère au Commandant. Trente minutes plus tard la police monte à bord et embarque les deux passagères, tous les passagers débarquent et l’avion ne partira que le lendemain.
Le cas analogue de ce prêtre
Philippin de 69 ans qui rechigne à placer son bagage à main sous le siège quand l’hôtesse l’en sollicite et qui réplique à sa demande :
‘’ Ne vous faites donc pas de soucis c’est de la nourriture.
Ce n’est pas une bombe ‘’.
Elle en réfère à son superviseur qui en réfère au Commandant. Un peu plus tard la police monte à bords, embarque le prêtre pour interrogatoire.
Notons que dans ces deux cas les passagers embarqué
n’ont pas déclaré avoir une bombe mais que la simple allusion à la chose a enclenché une procédure sécuritaire
Je citerai encore un cas assez voisin, (2010) un dialogue entre passagers surpris par un tiers, celui de cet ingénieur français détenu à
Abu Dhabi cas qui à lui seul résume la question :
Un Français en prison à Abu Dhabi pour une plaisanterie - Le Figaro
Notons aussi que parfois comme ici en
Thailande qu’il n’y a pas que le mot ‘’bomb’’ qui peut enclencher un procédure sécuritaire...
A Pukhet quatre musiciens embarquent avec leurs instruments pour se rendre à une cérémonie religieuse.. un vieux tambour est pas mal usé. Au moment de le placer dans le compartiment un musicien soucieux de préserver son instrument dit à son collègue ‘’ Fais attention oû il va exploser ’’. L’hôtesse entend la phrase, elle dit aux musiciens ‘’ on ne plaisante pas avec ce genre de choses’’. Au fait est -ce une plaisanterie ou une simple figure de style ? En tous cas elle en réfère au Commandant. Bilan : interpellation des musiciens et presque 6 heures de retard pour l’avion !
Une onomatopée peut aussi faire l’affaire :
Un Allemand est condamné à trois ans de prison pour une bomb joke à l’aéroport de
Bangkok... Il a crié ‘’Boum !’’ au moment oû le steward plaçait son bagage dans le compartiment à cet effet (peine ultérieurement réduite). Il a déclaré à la police qu’il avait bu un coup et voulait juste plaisanter !
J’en resterai là, si cependant quelqu’un voulait d’autres exemples
de blagues spontanées (une quinzaine) il faudra ouvrir ce lien, c’est parfois une lecture divertissante, il y aurait de quoi commencer la rédaction d’un bêtisier !:
docs.google.com/...6iwRcm-ivWrw7Jz0/pub
En conclusion si on se souvient en plus de ce que disent explicitement les Thailandais :
‘’ Airport deputy director Kittipong Kittikachorn said
any mention of the word "bomb"is viewed as a threat, in line with international safety standards. Any passenger who makes such a remark would have his or her flight cancelled and also face legal action. ‘’
ou les Slovaques :
Even
an innocent remarkabout a bomb at an airport can cause police to launch a comprehensive security intervention, said Police Corps Spokesperson Denisa Baloghová on Sunday. Police are warning the public not to let the holiday euphoria make them utter jokes about bombs,
ou encore les Slovènes :
‘
’ Any mention or jokeabout this particular subject to any of the airport's personnel automatically starts a standard procedure’’.
que ce soit affiché ou diffusé par la sono des aéroports (
USA,
Philippines) ou formulé dans les déclarations des autorités (
Estonie,
Slovaquie,
Indonésie,
Thailande,
Emirats Arabes Unis etc....) il est assez clair,
partout sur la planète, que jokes, blagues, plaisanteries etc...,
quelques en soient les raisons sont formellement assimilées à des menaces.
En la matière, dans les aéroports, non seulement i
l n‘y a pas de blague innocente mais la seule évocation d’une bombe, une exclamation, peut dans certains pays en tous cas, entraîner l’imprudent dans les soucis. Je cite de nouveau les deux Universitaires allemands car, au terme de leur travail, ils l’expriment bien mieux que moi :
[[‘’ H
umor has essentially been banned from screening operations. From signs reading “No bomb jokes, please, ” to drastic consequences in the case of non-compliance, security appears as something that is not to be fooled around with.
From this point of view, humor appears an improbable mode in the face of authority,
as can be witnessed by the severe legal consequences of performing bomb jokes during screening.....
.....And there appears to be little opportunity for laughter, as security regimes (=ensemble de normes, règles, procédures) enroll the individual into behavioral protocols without room for deviance.
By default, the individual who behaves deviantly requires further scrutiny, risking serious consequences such as in-depth questioning, searches, and even detention ’’ ]]
...
Les choses sont comme çà....,
ou comme un célèbre homme de TV, pilier des décennies passées, le disait chaque soir en concluant son journal par ce qu’ on appelle aux
Etats Unis un ‘’sign-off’’ une sorte de slogan :
‘
’ And that’s the way it is....’’ suivi du jour et de date
sous-entendu... qu’on le veuille ou non, qu’on aime ou qu’on aime pas
En tous cas ceux qui pourraient lire ce post ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas été prévenus !