Sémantique québécoise Anasthasie · 28 avril 2019 à 21:11 · Une photo 32 messages · 15 participants · 1 416 affichages | | | 28 avril 2019 à 21:11 Sémantique québécoise Message 1 de 32 · Page 1 de 2 · 874 affichages · Partager Bonjour, J'ai fait une remarque à une Québecoise qui cherchait un restaurant gastronomique à Paris et parlait de "bouffe". Je lui ai dit que ce terme n'était pas approprié pour parler de gastronomie, et elle m'a répondu que ça désignait de la nourriture faite maison par opposition aux plats préparés industriels. Ca m'a beaucoup étonnée car pour nous Français, c'est juste un mot d'argot, pas très distingué et souvent péjoratif. Cette nana ne paraissant pas très éduquée et déjà passablement énervée par ma remarque, j'aimerais que les Québecois me confirment la définition qu'elle m'a donnée. Dans quel cas employez-vous les termes "bouffe" ou "bouffer", trouvez-vous poli de l'utiliser pour parler de gastronomie, y a-t'il pour vous une différence dans ce terme entre le "fait maison" et la nourriture industrielle ? Je remarque que vous employez souvent des mots avec un sens différent pour nous, comme "achalandé", alors j'aimerais bien savoir votre définition de "bouffe" en québecois. Merci | | À: Anasthasie · 28 avril 2019 à 21:59 Re: Sémantique québécoise Message 2 de 32 · Page 1 de 2 · 865 affichages · Partager C'est la version d'une seule personne, ça ne représente pas le Québec | | À: Anasthasie · 28 avril 2019 à 21:59 Re: Sémantique québécoise Message 3 de 32 · Page 1 de 2 · 865 affichages · Partager Bonsoir,
Au Canada, aucune idée, mais même en France... J'ai connu de fins gastronomes, amateurs de bons restaurants, qui parlaient de "bouffe" et de "bonne bouffe". C'est un peu comme "pinard" ; soit une acception très populaire et péjorative, soit par une sorte de jeu et de dérision une acception au contraire assez - voire très - flatteuse.
Michel | | À: Tatra · 28 avril 2019 à 22:01 Re: Sémantique québécoise Message 4 de 32 · Page 1 de 2 · 862 affichages · Partager Ça résume très bien. | | À: Stratele52 · 28 avril 2019 à 22:07 Re: Sémantique québécoise Message 5 de 32 · Page 1 de 2 · 858 affichages · Partager Ca veut dire que ce mot ne désigne pas forcément des plats faits avec des produits frais, comme elle le prétend, mais comme nous n'importe quelle nourriture ?
(Sérieusement Tatra, tu dirais au chef de la Tour d'Argent que tu as bien bouffé et que leur Gevrey-Chambertin était un bon pinard ? Parce que la nana en question m'a affirmé que ce n'était pas un mot populaire) | | À: Anasthasie · 28 avril 2019 à 22:42 Re: Sémantique québécoise Message 6 de 32 · Page 1 de 2 · 851 affichages · Partager salut, Se pourrait il que le mot bouffe soit passé dans le domaine argotique alors qu'il ne l'était pas à l'époque de la Nouvelle France. Mon point est que certaines expressions québécoises sont en fait issues du Français de Jacques Cartier, et ont donc disparues en France (sauf peut être dans les régions d'origine des Français qui sont venus ici - au début de la Nouvelle France). Un exemple qui me vient en tête : une débarbouillette (moi en France j'utilisais un gant de toilette ). Maintenant pour répondre à ta question : on utilise ici le mot bouffe sans aucune arrière pensée argotique (par exemple on va facilement dire - Stratele52 ou un ''vrai'' québécois me corrigera si nécessaire - étant québécois ''d'adoption'' depuis 18 ans, parisien dans une autre vie - la bouffe dans ce restau était vraiment correcte - soit en Français de France : on a bien mangé dans ce restaurant)
Maintenant ton interrogation m'amène à ce que j'ai constaté depuis 18 ans de vie au Québec : le québécois et le français sont deux langues différentes, certes proches mais différentes. Et attention qu'on ne vienne pas comparer les 2 et dire que l'une est meilleure que l'autre, ça n'aurait juste pas de sens (ou alors celui / celle qui prétend ça me dira si l'allemand et meilleur que le finlandais!!
Ce qui est amusant c'est que certains mots en québécois n'ont absolument pas le même sens qu'en français : le meilleur exemple : écoeurant!! Voici ce que pourrait donner un quiproquo entre un québécois et un français : le québécois s'adressant au chef cuisinier français chez qui il a soupé (ou diner en France) : Oh my god, ta bouffe elle était ECOEURRRANTE....et bien cela indique qu'il a adoré.... (bon évidemment il mettra le ton qui indiquera son appréciation mais à l'écrit ça pourrait être à l'origine d'un incident diplomatique
Maintenant c'Est sûr qu'en France tu diras pas que tu as été bouffer à la Tour D'Argent en sirotant un bon pinard!! Ici j'avoue que je ne pense pas qu'on dirait ''Taberouette la bouffe au Toqué elle est malade'' (là je mets un joker car j'ai pas la réponse (faudrait p't'être que j'aille souper dans un restau gastronomique et voir la réaction des amis si je prononce la phrase ''test' | | À: Lescaribous · 28 avril 2019 à 23:08 Re: Sémantique québécoise Message 7 de 32 · Page 1 de 2 · 843 affichages · Partager C'était pas ma question. Elle m'affirme que ce mot désigne exclusivement la nourriture faite maison, avec des produits frais. Bref selon elle : Cookies faits à la maison ou tarte aux légumes avec des produits frais = bouffe Cookies achetés au supermarché ou tarte surgelée = pas bouffe Cette nuance me paraît plus qu'étrange, c'est pourquoi je voudrais une réponse de "vrais" québecois | | À: Anasthasie · 29 avril 2019 à 1:12 Re: Sémantique québécoise Message 8 de 32 · Page 1 de 2 · 832 affichages · Partager Non, même au Québec ce n'est pas le sens du mot "bouffe". | | À: Anasthasie · 29 avril 2019 à 3:37 Re: Sémantique québécoise Message 9 de 32 · Page 1 de 2 · 828 affichages · Partager Mon avis : le terme "bouffe", au Québec, relève de la langue populaire. On l'emploie un peu à toutes les sauces! ll n'a pas de lien avec la provenance du plat; il désigne de la nourriture faite à la maison ou au restaurant ou... On pourra l'utiliser en parlant de la fine cuisine d'un restaurant haut de gamme dans une conversation entre intimes.
Le mot "écoeurant", relève aussi de la langue populaire et, selon le contexte, il désigne un plat très bon ou...très mauvais. Le ton alors employé ne trompe pas! Parfois on l'utilise aussi pour qualifier un mets très riche; et, dans ce cas, nous avons également recours à l'euphémisme : "ça tombe sur le coeur!". | | À: Anasthasie · 29 avril 2019 à 6:45 Re: Sémantique québécoise Message 10 de 32 · Page 1 de 2 · 818 affichages · Partager Ca veut dire que ce mot ne désigne pas forcément des plats faits avec des produits frais, comme elle le prétend, mais comme nous n'importe quelle nourriture ?
(Sérieusement Tatra, tu dirais au chef de la Tour d'Argent que tu as bien bouffé et que leur Gevrey-Chambertin était un bon pinard ? Parce que la nana en question m'a affirmé que ce n'était pas un mot populaire)
Non, mais les gens qui fréquentent des bons restaurants et ouvrent des crus classés parlent assez facilement entre eux de bouffe et de pinard, ça oui. En tous cas c'est conforme à ce que j'ai pu entendre.
Michel | | À: Lescaribous · 29 avril 2019 à 6:53 Re: Sémantique québécoise Message 11 de 32 · Page 1 de 2 · 817 affichages · Partager Bonjour,
salut, Se pourrait il que le mot bouffe soit passé dans le domaine argotique alors qu'il ne l'était pas à l'époque de la Nouvelle France. Mon point est que certaines expressions québécoises sont en fait issues du Français de Jacques Cartier, et ont donc disparues en France (sauf peut être dans les régions d'origine des Français qui sont venus ici - au début de la Nouvelle France). Un exemple qui me vient en tête : une débarbouillette (moi en France j'utilisais un gant de toilette ).
Non, même dans les régions d'origine des premiers migrants, un tel mot n'est plus de mise ; une langue évolue, c'est tout à fait normal.
Maintenant pour répondre à ta question : on utilise ici le mot bouffe sans aucune arrière pensée argotique (par exemple on va facilement dire - Stratele52 ou un ''vrai'' québécois me corrigera si nécessaire - étant québécois ''d'adoption'' depuis 18 ans, parisien dans une autre vie - la bouffe dans ce restau était vraiment correcte - soit en Français de France : on a bien mangé dans ce restaurant)
Beaucoup de Français de France sont aussi capables de dire la même chose dans le même contexte. J'ai même l'impression qu'entre eux ils ne diraient pas facilement "on a bien mangé dans ce resto".
Maintenant ton interrogation m'amène à ce que j'ai constaté depuis 18 ans de vie au Québec : le québécois et le français sont deux langues différentes, certes proches mais différentes. Et attention qu'on ne vienne pas comparer les 2 et dire que l'une est meilleure que l'autre, ça n'aurait juste pas de sens (ou alors celui / celle qui prétend ça me dira si l'allemand et meilleur que le finlandais!!
On peut avoir des différences sans être des langues différentes ; et le "finlandais" n'existe pas, soit dit en passant...
Maintenant c'Est sûr qu'en France tu diras pas que tu as été bouffer à la Tour D'Argent en sirotant un bon pinard!!
A vous, non ; entre amateurs de connivence, si, c'est très possible.
Michel | | À: Anasthasie · 29 avril 2019 à 9:41 Re: Sémantique québécoise Message 12 de 32 · Page 1 de 2 · 803 affichages · Partager Ca veut dire que ce mot ne désigne pas forcément des plats faits avec des produits frais, comme elle le prétend, mais comme nous n'importe quelle nourriture ?
)
C'est mon avis, ça peut être n'importe quelle nourriture. C'est le sens que je lui donne de même que mon entourage. Peut-être qu'ailleurs au Québec c'est différent ? | | À: Anasthasie · 29 avril 2019 à 11:23 Re: Sémantique québécoise Message 13 de 32 · Page 1 de 2 · 788 affichages · Partager Cette nana ne paraissant pas très éduquée
Quelle promptitude à analyser l'éducation d'une personne par l'échange de 2 phrases et quelle élégance dans le propos qui en découle ...
Dolma | | À: Anasthasie · 29 avril 2019 à 11:58 Re: Sémantique québécoise Message 14 de 32 · Page 1 de 2 · 779 affichages · Partager L'usage m'avait étonné (mais seulement lors de mon premier voyage au Québec en 2013). Le terme est repris partout pour parler de nourritures (de toutes sortes).
Ainsi comme argument dans le texte publicitaire de ce panneau chez IGA :
Rayon promo IGA 2013 | | À: Tatra · 29 avril 2019 à 15:36 Re: Sémantique québécoise Message 15 de 32 · Page 1 de 2 · 754 affichages · Partager On n'oubliera pas le film tragico-burlesque de 1973 La Grande Bouffe, dans lequel la cuisine était à l'honneur (entre autres choses). | | À: Dolma · 29 avril 2019 à 17:14 Re: Sémantique québécoise Message 16 de 32 · Page 1 de 2 · 743 affichages · Partager Cette nana ne paraissant pas très éduquée
Quelle promptitude à analyser l'éducation d'une personne par l'échange de 2 phrases et quelle élégance dans le propos qui en découle ...
Dolma
Il n'en reste pas moins que les termes bouffe, bouffer manquent d, élégance eux aussi....
Sur ce, ma chère, permettez que je vous laisse, il faut que j, aille pisser...... | | À: Anasthasie · 29 avril 2019 à 18:52 Re: Sémantique québécoise Message 17 de 32 · Page 1 de 2 · 726 affichages · Partager Je lui ai dit que ce terme n'était pas approprié pour parler de gastronomie, et elle m'a répondu que ça désignait de la nourriture faite maison par opposition aux plats préparés industriels.
il faut comprendre un peu la société des gens au Québec: ce qui fait l'essence du peuple québecois ce n'est pas la lutte sociale ou la fragmentation sociale comme en France mais la quête d'identité par rapport au monde anglophone.
Ce qui fait que les québecois n'ont pas notion de registre de langue (langue familière, argot, langue soutenue..) comme il y a en France.
Le registre de langue marque en France la condition sociale quelque part mais c'est de moins en moins le cas car il y a de plus en plus de gens qui deviennent éduqués. Les Québecois disent des Français qu'ils parlent "pointu" Attention ce n'est en rien péjoratif ce que j'écris car il y aura forcément des gens qui vont comprendre de travers ce que j'écris.
Ensuite au Québec pas du tout de formalisme social comme en France c'est vraiment une bonne chose car en définitif on se sent socialement plus libre. La conception de classe sociale au Québec ça n'existe pas dans l'esprit des gens. Bien évidemment statistiquement il y a forcément des classes sociales si on fait des études sociologiques. Mais pas de "président des riches" pas de bobos pas de ceci de cela comme en France
alors j'aimerais bien savoir votre définition de "bouffe" en québecois. Merci
au Québec comme au Canada on pense simple et avec des raccourcis sans faire compliqué...cela signifie tout simplement se restaurer en faisant un repas. | | À: Mathews · 29 avril 2019 à 21:00 Re: Sémantique québécoise Message 18 de 32 · Page 1 de 2 · 709 affichages · Partager Toutes vos réponses me confortent dans l'idée que ce terme a bien le même sens que chez nous. On parle d'une "bonne bouffe" entre amis, ça peut aussi bien vouloir dire pour passer un bon moment dans un petit resto que dans un gastronomique. Mais ça reste un terme familier. Quand je dis qu'elle ne paraissait pas très éduquée, c'est que ça ne s'est pas limité à 2 échanges. Elle faisait 3 fautes par phrase, elle avait posé 40 questions (sur un autre forum) en voulant toujours avoir raison face à 10 intervenants qui lui expliquaient tous la même chose et qu'elle ne comprenait visiblement pas, et sa page FB, boudiou ! Mais comme j'essaie d'être objective, je me suis dit que peut-être les Québecois employaient le mot "bouffe" uniquement pour le "fait maison". Vous me confirmez tous que non. Ca me rassure un peu sur ma capacité à comprendre nos cousins québecois, que je me fais toujours un plaisir d'aider en voyage.
Ca me rappelle l'intervention ici même d'une jeune femme qui voulait absolument "faire une passe à Paris". Tout le monde lui a fait des réponses ironiques, mais elle ne comprenait pas et s'obstinait à parler "d'une passe". Quelqu'un a fini par lui expliquer après au moins 20 messages qu'en France "une passe" était liée à la prostitution, et que ce qu'elle devait demander était "un pass". | | À: Anasthasie · 30 avril 2019 à 2:33 Re: Sémantique québécoise Message 19 de 32 · Page 1 de 2 · 693 affichages · Partager Au Quebec on pourra utiliser le mot bouffe pour parler de la nourriture d'un restaurant gastronomique.
Alors que, étrangemement, dans le même contexte, le verbe "bouffer" sera moins utilisé.
"J'ai mangé une bonne bouffe dans ce resto 5 étoiles"
"J'ai bouffé un McDo ce midi"
Mais de façon très générale, il est vrai qu'on utilise le terme "bouffe" à toute les sauces, comme il a été dit. | | À: Lescaribous · 30 avril 2019 à 2:51 Re: Sémantique québécoise Message 20 de 32 · Page 1 de 2 · 691 affichages · Partager Maintenant ton interrogation m'amène à ce que j'ai constaté depuis 18 ans de vie au Québec : le québécois et le français sont deux langues différentes, certes proches mais différentes.
Ça c'est bien vrai qu'elles sont très proches comme langues!
D'ailleurs, la première fois que je suis allé en France, on arrivait à bien me comprendre même si je parlais Québécois! Et je comprenais aussi les français.
J'ai appris le français très rapidement. Ce n'est pas de l'arrogance que de le dire, car je crois que c'est un peu comme ça pour tous les Français et Québécois.
J'ai plus de mal avec l'anglais. Même après des cours à l'école et après avoir écouté des tonnes de films en anglais, j'ai encore du mal parfois. Le français...je ne sais pas comment l'expliquer, mais ça me vient plus naturellement.
C'est très pratique que nos deux langues soient si proches. On peut écouter des films français et tout comprendre. En voyage, on arrive à lire les menus, demander où sont les toilettes, demander son chemin, etc.
Dans d'autres pays, je dois utiliser l'anglais! C'est moins pratique.
Je me considère bilingue maintenant. D'ailleurs, ce message, je ne me rend même pas compte si je l'ai écrit en québécois ou en français... | Discussions similaires sur le Québec: Heure du site: 13:03 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 938 visiteurs en ligne depuis une heure! |