Bonjour Jess,
Merci pour ces précisions et les références bibliographiques ; si ces ouvrages ont été traduits en italien, je tâcherai à l’occasion de me les procurer et d’y jeter un œil (à l’heure actuelle le conflit israélo-palestinien ne fait pas partie de mes préoccupations prioritaires).
Bien... souhaitant dégager de ce fil de discussion, je me permets d’y clore mon inintéressante et affligeante contribution par quelques réflexions sur ce que tu juges essentiel.
Avant toute chose, il est évident que, à l’heure actuelle, les conditions de vie (sous tous ses aspects) du peuple palestinien sont beaucoup plus douloureuses que celles du peuple israélien, qui sont elles-mêmes beaucoup plus dures que celles des Français s’autorisant des jugements (définitifs ?) sur la question.
"la création d'un Etat juif sur la terre des Palestiniens a été une grave erreur dont on n'a pas fini de payer les pots cassés." (je laisserai de côté le "
on n’a pas fini de payer les pots cassés" car je ne comprends pas qui est
"on")
On peut voir ça ainsi. Mais alors ce n’est qu’une erreur dans une longue chaîne d’erreurs dont faire l’historique serait très long. Je suis assez d’accord avec le bidasse Ben Aristomakos (sorry Ben
) sur ce sujet. Et le fait que les Palestiniens puissent se prévaloir du droit international est pour eux une chance dans tant de souffrances mais ne change rien à la perception morale (la nôtre, qui est très datée) que l’on peut avoir des injustices successives de l’Histoire (puisque tu as l’air d’être très sensible au "
côté moral").
Maintenant si on se reporte en 1947, on (les Anglais et avec eux la "communauté internationale") avait qui là, sur ce minuscule territoire ? 650 000 Juifs et le double d’Arabes palestiniens, des embuscades et des assassinats de part et d’autre (ce qu’en langage journalistique on appellerait une poudrière). Quelles étaient les alternatives ? Se tirer en s’en lavant les mains (c’est à la mode dans la région
*) et les laisser s’entretuer, recoller manu militari les nouveaux immigrants dans des bateaux et les ramener... les ramener où ? ou choisir ce qui semblait la moins mauvaise solution possible : créer deux Etats ? (et là je suis bien d’accord avec CatherineGil, la mauvaise conscience, que moi j’appellerais carrément culpabilité, des Européens a sûrement pesé lourd dans la balance).
"Le sionisme est une idéologie dangereuse."
Bizarrement tu ne fais jamais allusion à sa naissance. C’est une idéologie européenne de la fin du XIX, nationaliste, ce qui est on ne peut plus commun en Europe à cette époque. Par rapport à ses contemporaines elle présente une particularité :
"L’Etat Juif" de Herzl a comme sous-titre
"Essai de réponse (à la question juive)". C’est d’ailleurs le côté pressant (je devrais même dire mortel) de la
"question juive" qui a fait passer la population juive de
Palestine de quelques 85 000 individus aux environs de 1920 à 650 000 après la seconde GM. Ai-je besoin de préciser que parmi ces gens une proportion loin d’être négligeable aurait bien pris d’aller ailleurs que dans la poussière proche orientale même avec
Jérusalem au milieu ?
Alors si on tient absolument à employer les termes criards de
"bourreaux" et "
victimes" (dont je ne vois pas trop l’intérêt si ce n’est de faire frémir dans les chaumières) il faut reconnaître qu’il y a un bourreau (l’Europe) et deux victimes en chaîne (les Juifs futurs Israéliens et les Palestiniens).
Et aujourd’hui ? Je suis de ceux qui pensent qu’il est légitime de reconnaître aux peuples (c'est-à-dire aux groupes humains qui se reconnaissent comme tel) le droit d’avoir un Etat. C’est valable pour les Français, les Kurdes, les Allemands, les Basques... En ce sens je suis donc une goy (et je n’éprouve pas le besoin d’écrire sic entre parenthèses, ça ne me dérange guère plus que le niais « Gentil » ou le gluant « brebis égarée ») sioniste.
"cet Etat a été bâti sur des mythes et des ambigüités que tu as bien illustrés avec cet extrait de la Déclaration d'Indépendance (sic)"
Oui... un Etat bâti sur des mythes et des ambiguïtés... lequel ne l’est pas ? Seulement dans la plupart des cas ces Etats sont suffisamment vieux pour qu’on ne s’en rende même plus compte.
Israël est une vieille nation mais un Etat jeune...
"les Palestiniens n'ont jamais été consultés et encore moins donner leur accord pour la cession de leurs terresIsrael -qui a une légalité internationale aujourd'hui-continue d'occuper et de spolier les terres palestiniennes"
Entièrement d’accord pour la première phrase et également pour la seconde si tu entends par
"terres palestiniennes" Gaza et la Cisjordanie
"l'origine du conflit tient donc dans ce déni de justice fait aux Palestiniens.Tout le reste-à ce jour-en découle.le conflit perdure du fait de cette politique expansionniste coloniale"
Si tu le dis... (et quel conflit israélo-palestinien ou israélo-arabe ?)je crois néanmoins qu’il est caricatural de considérer le "bloc arabe" (pas seulement d’ailleurs, les iraniens ne sont pas des arabes) ("bloc musulman" ?) comme... un bloc. Il me semble qu’il y a une distinction de taille entre ceux qui demandent la création d’un Etat palestinien et ceux qui continuent à vouloir la destruction de l’ "Etat juif".
"il ne prendra fin que lorsque l'occupation cessera et que les droits des Palestiniens -tels que reconnus par l'ONU-seront appliqués (à savoir fin de l'occupation des territoires occupés dont Jerusalem-est, une solution juste pour les réfugiés expulsés de chez eux par les sionistes, la pleine attribution de la souveraineté sur ses terres etc)."
Je suis moins optimiste que toi sur la cessation du conflit...
Maintenant si l’objectif est de créer deux Etats pleinement souverains, chacun des deux peuples ayant le droit de gérer comme il l’entend les questions intérieures, il me semble évident que tous les modérés ne peuvent que souscrire.
(Ai-je besoin de préciser qu’une "
solution juste pour les réfugiés expulsés de chez eux", ne peut en aucun cas être un droit au retour, car sinon c’est la fin d’
Israël en tant qu’Etat du peuple juif ?)
J’arrête là mon "
bla-bla-bla " (il y aurait beaucoup à dire sur ta façon de présenter les choses, le choix du lexique... mais finalement cela, de mon point de vue, ne fait que discréditer ton argumentation, intéressante par ailleurs, et nous risquerions fort de glisser dans la fange des attaques personnelles)
En réponse au
"A vos livres" je me permets toutefois un conseil de lecture personnel : "Comment guérir un fanatique" d’Amos Oz, publié chez Gallimard ou consulter le lien suivant :
www.lapaixmaintenant.org/article1230, qui en donne une idée.
Je te salue et j’abandonne le...le...le...ring
(ne réussissant pas à me représenter clairement l’enjeu de cette discussion, ça me gonfle !)
* ne voulant pas décevoir mon admirateur secret qui pousse le processus d’identification jusqu’à vouloir se connecter à mon propre compte, je conseillerais ici aux amateurs de belle langue, la nouvelle historico-psycologico-fantastique de René Caillois, "Ponce Pilate".