Trois14 · 18 juillet 2011 à 10:18 · 1 221 photos 410 messages · 71 participants · 126 608 affichages | | | 18 juillet 2011 à 10:18 · Modifié le 22 nov. 2013 à 16:32 Message 1 de 410 · Page 1 de 21 · 39 400 affichages · Partager préambule
L'ensemble de ce voyage a été réalisé par mon épouse et moi-même entre le 27 Juin 2011 et le 11 août 2011.
Les photos proviennent bien, en règle générale, de ce voyage de l'été 2011. Cependant, je ne m'interdis pas d'introduire occasionnellement quelques photos prises lors du voyage précédent assez semblable (2007), lorsqu'elles sont nettement meilleures que celles prises cette année.
La rédaction d'un carnet de voyage est une première pour moi, et probablement une dernière aussi, car je n'envisage pas de me lancer régulièrement dans ce type de récit, pour raison de temps. Mais, si bien des régions du monde font l'objet de nombreuses descriptions sur VoyageForum, bien peu de carnets détaillés existent pour l' Alaska, aussi j'ai souhaité y remédier. J'espère, malgré la qualité médiocre des photos incorporées (limitées chacunes à 100 Ko), donner envie à quelques uns de s'intéresser au grand Nord du continent Américain. Il le mérite bien. Nota (juillet 2013) : les photos dans le corps du texte ont, depuis quelque temps, parfois disparu (merci VF ?) surtout dans la deuxième partie de chaque page ; elles ont alors été remplacées par... une vignette. Mais il suffit de cliquer sur cette vignette dans le corps du texte pour les retrouver à leur taille normale.
Il s'agit de notre quatrième voyage en Alaska. Nous avons insisté cette fois : - sur les lieux que j'avais le plus appréciés auparavant (négligeant certains endroits pourtant célèbres, comme Denali NP, qui ne nous tentent plus) ; un "Best Of" en quelque sorte. - sur la partie maritime Sud (l' "Inside Passage") que nous ne connaissions pas.
Enfin le voyage se termine par une extension en Arizona, car nous souhaitions retourner une fois de plus à CBN ( The Wave) ; nous avons eu en Avril dernier la bonne surprise d'apprendre que nous avions gagné, via la loterie internet, deux permis d'accès au site (très difficile à obtenir), vers la fin de notre séjour Américain. Il nous fallait en profiter. ===================================================
Notre trajet a été le suivant :
(comme le texte est très long et entrecoupé par des commentaires, afin de retrouver un passage plus facilement, j'ai introduit un certain nombre de renvois avec lien vers le texte correspondant : cliquer alors sur les passages en gras dans la table suivante) :
- Vol Lyon- Paris- Los Angeles (voir juste ci-après) - vol pour Seattle- frontière Canadienne - Yoho N.P.- Lac Moraine, Lac Louise, Icefields Parkway (ours) - Jasper, Lac Maligne - Alaska Highway : 1/ traversée de la Colombie Britannique : Dawson Creek, Fort Nelson, généralités sur l'Alaska Highway, Muncho Lake (ours), Liard River Hot Springs, ours sur la route - Alaska Highway (suite) : 2/ entrée dans le Yukon, Watson Lake, Teslin Lake, Whitehorse- généralités sur la ruée vers l'or du Klondike- passage en Alaska, Skagway- retour au Yukon, Whitehorse à nouveau, route vers Dawson City, Dawson City, - Top of the world Highway, passage en Alaska, Tok, Glennallen, passage rapide à Anchorage- route vers Homer, Homer - Journée à Brooks Falls, Katmai NP (ours très nombreux) - péninsule de Kenai, Anchorage- route vers Glennallen et Kenny Lake (pipeline de l' Alaska) - Edgerton Hwy, Kennicott et McCarthy (ours), - route vers le parc de Kluane, passage à nouveau au Yukon, lac de Kluane- Haines Junction, survol des glaciers (Kaskawulsh et South Arm Glacier)- route vers Haines (retour en Alaska) Haines, Chilcoot River (ours) - A PARTIR DE MAINTENANT TRAJETS EN FERRY. Ferry vers Juneau, Juneau, Mendenhall Glacier- Tracy Arm Fjord, Sawyer Glaciers, retour à Juneau (ours) - ferry vers Sitka, Sitka- en route vers Wrangell, passage à Petersburg, Wrangell, vers Anan Creek (ours) - Anan Creek (ours très nombreux)- Ketchikan- retour à Bellingham en ferry, retour à Seattle. - vol vers Las Vegas, route vers Page - The Wave (route défoncée), autour de Page - Secret Canyon - Cottonwood Canyon Road Bryce NP, Red Canyon, Cedar Breaks NM, retour à Las Vegas- Havasupai- Palm Springs, retour à Los Angeles, retour en France.
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Le vol depuis Lyon vers Paris puis Los Angeles a été parfait (Air France en Affaire, grâce aux miles FlyingBlue).
Vol AF CDG-LAX
A l'arrivée nous prenons possession d'une petite voiture Hertz pour quelques heures, car nous devons changer rapidement d'aéroport ; direction John Wayne Airport (SNA) à 40 miles de là, à Santa Ana. Mais nous avons le temps sur le trajet de faire un détour pour nous dégourdir les jambes près de l’océan ; ce sera Huntington Beach, et son sympathique pier.
Huntington Beach
Vol ensuite vers Seattle avec Southwest Airlines, une compagnie low cost, mais qui fonctionne parfaitement, et au confort très correct. Enregistrement rapide (il n'y a pas de boarding pass avec siège pré-attribué, mais on reçoit un numéro qui signifie l'ordre de pénétration dans l'avion, où chacun choisit à sa guise un des sièges encore disponibles). Bagages gratuits ! Encore un vol sans problème, à l'heure, avec une escale de quelques minutes à Oakland. Tout cela pour environ 50$ ttc par personne !
Peu avant d'atterrir, nous survolons le Mt Rainier, repère mythique de la région de Seattle.
Mount Rainier
La réception de la voiture à Seattle sera un moment important, car nous devrons cohabiter un gros mois ensemble, sur plus de 10000 km. Et, outre une consommation raisonnable (le prix de l'essence n'est plus ce qu'il était ; nous l'avons trouvée dans certains coins reculés sensiblement plus chère qu'en France !), il nous fallait une longueur inférieure à 15', pour minimiser le coût de transport sur le ferry. Il fallait aussi qu'elle soit confortable, afin de ménager nos vieilles articulations. Le préposé au comptoir Hertz est compréhensif, efficace et compétent, il assimile nos exigences.
Il nous attribue une Hyundai Elantra. Bonne pioche, elle a été parfaite, à l'aise sur les pistes (faciles) telles que Top Of The World Hwy ou McCarthy Road, et confortable pour les très longs trajets routiers (je dirais que c'est comme une Mégane, en plus confortable. Le toit ouvrant sera un plus très apprécié (surtout par Madame qui a ainsi pu profiter du soleil Arctique, sans faire chuter notre moyenne), car nous avons eu sur la plus grande partie du trajet un temps anormalement beau et ensoleillé. La radio par satellite nous permettra de recevoir des centaines de chaînes, même très loin de toute zone habitée. Prix total payé pour cette voiture en km illimité, pour 1 mois complet : 1 175 US$ ttc, avec toutes les assurances raisonnablement nécessaires.
Petite remarque amusante : nous avons reçu une voiture immatriculée en Floride, et cela nous a attiré beaucoup de sympathie tout au long du parcours, car la Floride, c'est très looooooin de l' Alaska.
On nous a souvent fait confirmer que nous venions bien de Floride, et lorsque nous répondions "non, de France", on nous demandait alors généralement "où est situé cet état ?". Notre réponse habituelle, "encore plus à l'Est que la Floride" les a à peine surpris (l'Américain moyen ne connaît que très mal la géographie).
Notre première tâche a été de faire un très gros plein de nourriture et d'outillages de cuisine dans un Safeway et dans un Walmart à proximité de l'aéroport de Seattle, car, pour des raisons d'économie ou de diététique, nous ne mangerons pas très souvent au restaurant.
En fait, tous les midi nous prévoyons un picnic léger et rapide. Et le soir, nous ne fréquenterons les restaurants que de temps à autres, lorsqu'ils amèneront un plus significatif. Car au Canada et en Alaska, les restaurants sont rares dans les zones reculées, et ailleurs ils sont toujours très chers (environ le double de ceux qu'on rencontre dans le SW des USA à qualité comparable) ; ils sont en outre généralement très quelconques ou bourratifs.
De plus, les logements que nous fréquenterons (hôtels-motels-lodges, bungalows, BnB, roadhouses, cabanes,...) nous donneront souvent gratuitement accès à un barbecue (nous comptons bien faire une cure intensive de saumon sauvage grillé) ; et sinon nous aurons parfois une kitchenette, ou au moins un micro-onde disponible ; nous utiliserons une boite spéciale en plastique, très pratique, spécialement conçue pour préparer rapidement et facilement une plâtrée de riz ou de pâtes dans un micro-onde.
Il nous a néanmoins fallu trouver des cartouches bleues Camping-Gaz. Et là, mauvaise surprise, elles ne sont plus distribuées aujourd'hui dans les magasins REI de Seattle "pour raison de sûreté" (?) nous explique-t-on (j'aurais plutôt pensé pour raison commerciale). Mais heureusement nous en trouverons rapidement dans un "Big 5" voisin.
Nous passons quelques minutes, pour le fun, au Pike Market de Seattle afin de retrouver l'ambiance inimitable des vendeurs de poissons.
Pike Market, Seattle
Nous faisons là notre première rencontre du voyage avec les fameux saumons sauvages d' Alaska, à la chair couleur rouge vif, incomparables avec les saumons d'élevage que nous connaissons en Europe.
Lancés par un assistant, ils rejoignent la caisse enregistreuse par dessus les têtes et les étalages pour y être pesés et emballés. Il est vrai (nous pourrons le confirmer plus tard) que les saumons d' Alaska sont bien des champions reconnus pour le saut, par exemple pour remonter une chute. Les poissons volent bas !
Un petit tour express, sur le front de mer près du marché nous permettra de saluer une dernière fois le Mt Rainier, omniprésent dans la ville.
Seattle waterfront
Notre premier picnic se déroulera sur la rive Est du Lac Union, dans une zone un peu rétro et hippie, assez sympa, avec des maisons flottantes (on se croirait au nord se Sausalito).
Lake Union
Mais nous ne nous attardons pas, et quittons bien vite la ville, direction Nord, par l'I5. Là, les difficultés commencent. Comme la dernière fois où j'ai emprunté cette autoroute en direction du Canada, elle est complètement engorgée sur 60 miles (la carpool est elle-même saturée). Contrairement à l'idée reçue, la vie ne doit pas être toujours rose dans la région de Seattle !
Nous arrivons enfin au Canada, et dormons à Abbotsford, une cinquantaine de km à l'Est de Vancouver (ville que nous éviterons complètement cette fois).
Le lendemain de bonne heure, nous nous engageons sur la "transcanadienne" direction Est, avant d'obliquer vers Kelowna et la vallée de l'Okanagan (région que nous ne connaissions pas), puis de rejoindre les Rocheuses Canadiennes.
la transcanadienne
pont flottant de Kelowna
des cultures à perte de vue
vallée de l'Okanagan
Nous n'avons pas vraiment apprécié cette région, pourtant réputée. Certains points de vue sont effectivement très beaux (le fond de la vallée est une succession de jolis lacs très longs), mais la circulation y est pénible, et les villages assez quelconques. La région est fameuse pour ses vergers, et ses fruits ; mais si ces derniers sont bien vendus en grand nombre dans des stands un peu partout au bord de la route, le tarif est dissuasif (bien plus cher qu'en supermarché, bien plus cher qu'en Europe). De plus il est très difficile de trouver à midi un coin sympathique avec tables de picnic.
Heureusement, la belle surprise de la journée sera notre ville étape, Revelstoke, au pied du Parc des Glaciers (le Canadien, pas l'Américain). Nous logeons dans un motel sympathique (Swiss Chalet), genre BnB. Et l'ambiance de ce gros bourg forestier est vraiment plaisante et relaxante : un orchestre de jazz dans un kiosque à musique anime agréablement une soirée bon enfant. Seul bémol, la ville est traversée en permanence par des trains interminables (on a compté 168 wagons), mais cela donne un coté folklorique indéniable. Images attachées: Photo postée par le membre Trois14. Photo postée par le membre Trois14. | | À: Trois14 · 18 juillet 2011 à 16:16 Message 2 de 410 · Page 1 de 21 · 39 218 affichages · Partager je rentre de quelques jours de vacances est c'est avec plaisir que j'ai lu vos premiers commentaires de voyage. Nous avions aussi apprécié nous promener à Revelstoke et je remarque qu'il y a toujours des trains aussi longs !!!!!!!!!!
Merci de prendre du temps pour nous donner des infos, même si pour ma part, j'attends surtout la suite de votre voyage plus vers le Nooooord (pour reprendre une expression déjà utilisée par certains sur ce site).
Sinon, en ce qui concerne la réservation du ferry : j'ai fait des simulations de prix mais on me demande la longueur de la voiture, j'utilise aussi, pour des raisons de coûts, la voiture inférieure à 15 ', mais qu'en sera-t-il exactement au final puisque je ne connaîtrai les dimensions exactes que lors de la prise du véhicule. Savez-vous si on peut quand même réserver en donnant certaines indications et les changer par la suite ? En tout cas, bonne continuation dans votre périple. | | À: Trois14 · 26 novembre 2011 à 1:32 · Modifié le 8 avr. 2013 à 9:43 Message 3 de 410 · Page 1 de 21 · 38 625 affichages · Partager Au petit matin nous reprenons la transcanadienne, avec vues sur le magnifique Parc des Glaciers, encore bien enneigé.
Puis, aux environs de Golden, nous longeons pendant un certain temps la fameuse Columbia River. Mais ici, en amont dans son parcours canadien, elle parait une petite rivière bien calme aux innombrables méandres, très loin de ressembler au fleuve majestueux qui traversera ultérieurement l'état de Washington avant de se jeter dans le Pacifique.
La rivière Columbia
Nous entrons dans le Yoho National Park (que nous découvrons à cette occasion).
Une courte promenade apéritive (1h30 AR) nous mènera aux belles et puissantes Walpta Falls
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Yoho NP : Walpta Falls
Nous longeons ensuite la Porcupine River, où nous trouvons sans peine une aire de picnic sympathique.
Yoho NP : Porcupine River
– Images attachées: Photo postée par le membre Trois14. Photo postée par le membre Trois14. Photo postée par le membre Trois14. | | À: Trois14 · 26 novembre 2011 à 1:40 · Modifié le 8 avr. 2013 à 9:45 Message 4 de 410 · Page 1 de 21 · 38 618 affichages · Partager Nous obliquons vers le Nord, suivant le cours de l'Emerald River. La rivière passe sous un pont de pierre naturel très ludique, creusé dans la roche par la rivière.
Emerald River
Natural Bridge
Nous arrivons dans la zone du Emerald Lake, où nous avons programmé quelques ballades agréables.
Emerald Lake
Mais le sort s'acharne contre nous, toutes les pistes de promenade sont fermées, et un panneau explique pourquoi.
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Pour rendre plus explicite le message, des pièges à ours prêts à fonctionner sont installés à proximité, bien visibles.
Amusant ! Mais ayant côtoyé un assez grand nombre d'ours durant ce voyage (et d'autres voyages précédents), je reste sceptique. Est-ce la véritable raison ? Un ours n'est habituellement pas dangereux si on garde ses distances avec lui ; et s'il y a un ours vraiment agressif et dangereux, il est aisé et rapide pour les rangers de le retrouver, de l'endormir et le capturer. Cela prendrait moins de temps, et coûterait bien moins cher que la solution lourde retenue (nombreuses pistes fermées aux touristes, balisage, pose de nombreux pièges). Que nous cache-t-on ?
Finalement, cela me rappelle un dessin humoristique qu'on aperçoit parfois dans les visitor centers des parcs naturels U.S.
Après une courte promenade dans la petite zone autorisée,
Emerald Lake
...... nous poursuivons donc notre route, en direction des Takakkaw Falls.
Un court sentier (nous l'empruntons en laissant indifférents deux autochtones qui nous snobent) nous permet d'accéder au pied de cette très haute et majestueuse cascade.
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Takakkaw Falls
Sur le retour, nous ne manquons pas d'admirer le fameux tunnel en spirale.
tunnel en spirale
Les trains très lourds que nous avons vus hier à Revelstoke passent tous ici. La pente de la ligne étant trop élevée, les constructeurs ont conçu un système original. Ils ont creusé un tunnel circulaire dans la montagne, en pente modérée, de telle manière que la locomotive débouche du tunnel quelques dizaines de mètres plus haut que les derniers wagons qui n'y sont pas encore entrés. La loco croise alors la queue de son train.
Nous quittons en fin d'après midi le Yoho NP, que nous n'aurons finalement que rapidement survolé (ce n'était pas un but de notre voyage). Mais ce parc nous a bien plu, et il faudra transformer l'essai. Nous y reviendrons, et y passerons plusieurs jours. | | À: Trois14 · 26 novembre 2011 à 1:51 · Modifié le 8 avr. 2013 à 9:55 Message 5 de 410 · Page 1 de 21 · 38 620 affichages · Partager Lake Louise Village, notre étape de ce soir, n'est qu'à une quinzaine de km. Nous avons donc le temps pensons-nous de faire un court détour pour revoir rapidement la Lac et son château-hôtel. Mais cette région est de plus en plus fréquentée, et c'était sans compter avec le trafic automobile intense, même à cette heure de la journée. En fait, la route rejoignant le Lac est complètement bouchée. Changement de programme donc : nous décidons en cette fin d'AM d'aller revoir le très beau Lac Moraine, un peu plus sauvage, dont l'accès est maintenant dégagé (ce ne sera peut-être pas le cas demain matin). Un quart d'heure plus tard, nous grimpons sur la moraine qui ferme et domine le lac. Avec une eau couleur turquoise, il est toujours aussi beau et enchanteur dans son écrin de montagne.
Lake Moraine
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Il y a malgré tout encore beaucoup de monde à cette heure, mais quasi-uniquement (nous excepté) que des asiatiques ! Eux aussi devaient être allergiques à la foule de la pleine journée. Nota : il ne faut pas tenter de marcher, en équilibre sur les troncs flottants (vue précédente), comme trop souvent les Français ont envie de le faire, et parfois le font : c'est le bain assuré ! (et le spectacle pour les autres visiteurs)
Retour au village. Nous sommes agréablement surpris, à la réception des hôtels ou au service dans les restaurants, de ne rencontrer partout que des jeunes parlant Français, et appréciant de retrouver des interlocuteurs parlant aussi cette langue. Ce sont des étudiants québécois, qui gagnent quelques sous dans l'Ouest durant leurs vacances. Cela est très sympathique, pour eux semble-t-il, mais aussi pour nous. La langue française est toujours bien vivante !
Après une bonne nuit, et avant de quitter la région, nous décidons, de bonne heure de tenter de repasser par Lake Louise, afin de revoir ce lac qui nous avait enchantés les fois précédentes. Mais nous jouons de malchance, la pluie s'est levée durant la nuit. Nous décidons d'y aller quand même, en espérant que cette météo aura au moins dissuadé nombre de visiteurs, et que nous aurons enfin route dégagée. C'est effectivement le cas. Mais la pluie gâche vraiment ce paysage habituellement très romantique. Même l'eau ne parait plus turquoise. Nous décidons néanmoins de marcher jusqu'à l'extrémité du chemin longeant le lac, mais en reviendrons complètement trempés.
le Château de Lake Louise
Lake Louise sous la pluie
Finalement, nous n'avons aucune peine pour quitter, peu après 9h, cette région, afin de rejoindre ce soir Jasper, par le fameux "Icefields Parkway".
Mais alors, à quelques km seulement de Lake Louise, la chance tourne encore, et nous redevient favorable. Un attroupement au bord de la route ? Mais oui : ours à l'horizon. Notre premier ours du voyage. En fait trois ours. Une mère et deux oursons.
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anémone pulsatille blanche -merci Kashtin pour la précision-
Et nous débouchons sur le magnifique panorama du Lac Peyto. Même le temps maussade et la pluie, ici, n'altère pas vraiment le paysage. Seule la couleur turquoise est un peu plus délavée que d'habitude.
Peyto Lake
Et en regardant au loin vers le nord (vue précédente), nous découvrons que toute cette vallée glaciaire est une succession continue de lacs, à des altitudes de plus en plus hautes.
L' "Icefields Pkwy" nous offre aussi de belles chutes,
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...... et nous atteignons finalement l'Athabasca Glacier, énorme langue de glace descendant du grand champ glaciaire, "The Columbia Icefield",
Athabasca Glacier
...... et son Visitor Center. Mais d'une année à l'autre, la vue de ce glacier est de plus en plus décevante, car le front de glace remonte inexorablement sous l'effet du réchauffement climatique. Je me souviens, il y a une vingtaine d'années, le Glacier atteignait presque la route, et était très beau. Aujourd'hui tout est devenu très commercial, et des ballades coûteuses en chenillettes ou en bus aux roues monstrueuses sont organisées sur la glace pour donner des frissons faciles aux cœurs fragiles.
Nous poursuivons notre route et admirons encore de multiples cascades.
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Nous longeons maintenant la Sunwapta River, également de couleur émeraude. Je me souviens parfaitement d'un emplacement très beau le long de cette rivière, idéal pour un picnic agréable. Mais c'était compter sans la pluie tenace, et nous devons finalement avaler rapidement notre lunch, en restant bien à l'abri dans la voiture. Mais nous savons apprécier notre chance quand un couple de cyclistes courageux (chapeau !), qui probablement connaissaient aussi cet endroit photogénique, s'arrêtent près de notre auto, pour également leur arrêt picnic. Malheureusement ils sont trempés, frigorifiés, et le vent violent ne leur permet même pas de déballer leurs victuailles. Aussi, ils devront se replier bien vite vers un abri de bus voisin, couvert et protégé.
La route continue vers le Nord ; nous quittons quelques instants notre voiture protectrice pour voir de près quelques chutes puissantes (Sunwapta Falls, puis quelques km plus loin, Athabasca Falls), et impressionnantes.
Sunwapta Falls
Nous atteignons enfin, en milieu d'après midi Jasper. La pluie cesse enfin. Les chalets que je fréquentais dans le temps étant indisponibles, nous avons dû trouver un nouveau point de chute. Ce sera, pour deux nuits, les Becker's Chalets, un ensemble de bungalows, à 4 km de Jasper, que nous avons finalement trouvés très agréables. Ils sont situés sur un terrain verdoyant, jouxtant un coude de la rivière Athabasca.
Becker's Chalets
Athabasca River
Seule ombre au tableau, le personnel de la réception est particulièrement désagréable. Mais les tâches bassement matérielles du check-in une fois réglées, nous n'aurons plus à faire avec eux, et apprécierons le séjour. Notre bungalow assez sommaire dispose cependant d'une clim (inutile), mais surtout d'un bon chauffage (indispensable). Comme nous avons la possibilité de cuisiner, nous faisons une première virée à Jasper afin d'acheter des pavés de steaks et de saumons, qui seront délicieux au barbecue ce soir et demain soir. Nous recherchons aussi, mais avec peu d'espoir de succés, dans les boutiques de la ville un teeshirt original et humoristique, rigoureusement identique à celui que nous avions acheté ici-même pour notre fils il y a une dizaine d'années, teeshirt qu'il a adoré et usé jusqu'à la corde. Contre toute attente, nous retrouvons le même modèle. Heureusement, ils ne renouvellent pas souvent leurs collections ! Nous cherchons également, et retrouvons sans peine, un glacier appétissant qui fabrique un délicieux sorbet naturel au yaourt et aux baies sauvages pilées devant nous, notre péché mignon. Ainsi donc, les deux soirs prochains après le dîner, nous repasserons ici en ville pour prendre notre dessert favori, le frozen yogourt.
D'une manière générale, l'agglomération de Jasper est agréable, et la fréquentation très raisonnable (rien à voir avec Lake Louise). Et que dire des environs qui offrent des ballades magnifiques et variées. Mais notre objectif de voyage cette année étant beaucoup plus au nord, nous ne nous sommes accordés qu'une seule petite journée de détente ici, ce sera demain. En fait, la région de Jasper justifierait sans peine un séjour de 4 ou 5 jours. | | À: Trois14 · 26 novembre 2011 à 2:15 · Modifié le 8 avr. 2013 à 10:11 Message 7 de 410 · Page 1 de 21 · 38 590 affichages · Partager Aujourd'hui donc, petite journée, cool, peinarde.
Relaxation à proximité de notre bungalow, puis ballade aux environs du Lac Maligne.
Lac Maligne
Notre idée était de refaire l'excursion sur Spirit Island, une île très photogénique (une photo de Spirit Island a gagné il y a très longtemps le concours Kodak de la plus belle photographie, elle a été diffusée dans le monde entier, et a assuré à jamais la célébrité du lieu) qui est située à l'autre extrémité du lac. La route depuis Jasper (une cinquantaine de km) est réellement magnifique, et nous devons stopper un instant peu après le lac Medicine pour laisser la priorité à un wapiti bien imprudent. Arrivés au Lac, nous sommes surpris de ne pas retrouver la remise à bateau (location de canoës) telle que nous l'avions toujours connue, avec son toit rouge vif et son inscription emblématique visible de loin. L'ensemble a été reconstruit, moins typique je trouve.
Nous souhaitons d'abord réserver au plus vite l'excursion en bateau sur Spirit Island. Mais en découvrant le coût demandé aujourd'hui pour ce tour en vedette (près de 60$ par personne pour à peine 1h30 AR), nous trouvons que cela est prohibitif juste pour refaire une photo, et nous changeons vite de plan (d'autant plus que nous avions déjà fait cette excursion -et cette photo- il y a longtemps, avec nos enfants). Et hop, 120$ facilement gagnés !
En contre partie, nous décidons de faire une balade de quelques heures sur les sentiers à proximité du lac. Nous optons pour la boucle Mary Schaffer, avec une extension pour grimper du coté des Collines-Opals.
L'environnement est agréable (bord du lac, monticules glaciaires géologiques, pins odorants,...) et les vues sur la vallée grandioses. Nous croisons quelques promeneurs prévoyants, car ils actionnent en permanence leur clochette anti-ours. Quoi qu'il en soit, nous ne croiserons pas d'ours ici.
Le soir, nous nous couchons de bonne heure, car demain notre voyage vers le Nord devrait véritablement commencer, et il faudra démarrer avant l'aube pour une très longue étape. En effet, 1000 km de conduite sont au programme, et si je connais bien le nord du trajet au-delà de Dawson Creek (excellent), je ne connais pas du tout la première partie, sans aucune agglomération significative, et je redoute d'avoir à faire à une voie d'exploitation forestière, à la viabilité incertaine.
= + = + = +
Nous levons donc la camp à 4h30 le lendemain matin, il fait nuit noire.
Le soleil apparaîtra aux environs d'Hinton, et nous apercevrons alors nos premiers mooses près des étangs environnants.
Puis nous obliquons sur la route 40, la portion que je redoutais tant. En fait, mon humeur s'éclaircit très vite. La route est goudronnée, avec peu de virages, et toujours bien roulante ; et pour ne pas gâcher le tableau, cette route porte un nom plaisant : la "Bighorn Hwy", ce qui est encourageant. Mais si les nouvelles demeurent excellentes concernant la conduite, je m'aperçois bien vite que l'environnement est loin d'être celui que j'espérais. D'une part nous n'avons aperçu aucun bighorn, aucun animal sauvage en fait (j'espérais secrètement, en voyageant très tôt, apercevoir quelques ours). D'autre part je découvre que cette région de l' Alberta est une vaste zone de production de pétrole conventionnel et non conventionnel (sables bitumineux), ainsi que de charbon. Une odeur lancinante de pétrole mal consumé aux torchères (omniprésentes), des zones ravagées par cette exploitation sauvage... donnent une bien piètre idée de l'écologie. Ceci étant, même si j'ai bien le droit d'avoir une opinion, ils sont chez eux, c'est leur problème, et ce n'est pas le mien. D'autant plus que je dois reconnaître que je suis mal placé pour administrer des leçons (avec les vols long–courrier que j'utilise, et avec tous les km que je conduis en voiture –une douzaine de milliers cet été-) ; on pourrait facilement me signifier que le pétrole que je consomme, il faut bien que d'autres trouvent des moyens pour l'approvisionner.Quoi qu'il en soit, la moyenne se maintient élevée, à près de 100 km/h. A ce rythme nous arrivons en milieu de matinée à Grande Prairie (la grande agglomération de la région) et faisons quelques emplettes au Walmart pour nous dégourdir les jambes. Nous profitons également du prix attractif de l'essence –environ 1 CA$ le litre- (nous savons pourquoi) pour refaire le plein.
Et nous reprenons la route, la longue route... en fait, plate, monotone au milieu de prairies, sans beaucoup d'intérêt jusqu'à Dawson Creek, qui est le point de départ officiel de l' Alaska Highway. L'Aventure commence !
Alaska Hwy, kilomètre zéro
hôtel de Dawson Creek
Enfin à partir de là, la route devient nettement plus agréable. Toujours longue, mais plaisante. Elle traverse bientôt Fort St John, une ville dynamique, commerçante, avec beaucoup de motels (nous y avons fait étape à plusieurs reprises lors de nos voyages précédents). C'est une ville riche, dont la prospérité est basée sur l'exploitation du pétrole et du gaz naturel. Elle est située à proximité de la plaisante Peace River, qui de proche en proche finit par se jeter au nord du continent dans l'Océan Arctique, via le fleuve Mackenzie.
La campagne devient verdoyante, parsemée de petits lacs. Mais cette fois nous ne nous arrêtons pas longtemps, car il nous reste encore 400 km de route avant d'atteindre notre étape du soir.
L' Alaska Highway est généralement une route assez large, facile à conduire. Le bitume (au moins ici, dans la partie Nord de la Colombie Britannique) est très roulant. La végétation est abondante. La circulation est très raisonnable (nous croisons une petite vingtaine de véhicules par heure en moyenne en pleine journée).
l'Alcan
Nous parvenons enfin vers 20 heures à Fort Nelson (un très ancien comptoir de trappeurs), où un motel rustique nous attend. La température est agréable (près de 20°C), et le soleil encore très haut dans le ciel (les journées s'allongent visiblement, à mesure qu'on "monte"). Nous dînerons sur le pas de notre chambre, au soleil. Puis dodo, car demain sera encore une longue étape. - - | | À: Trois14 · 26 novembre 2011 à 2:24 · Modifié le 28 nov. 2011 à 15:36 Message 8 de 410 · Page 1 de 21 · 38 587 affichages · Partager L'ALASKA HIGHWAY, est également dénommée L'ALCAN
Je vais tenter de décrire, dans les trois messages suivants (à considérer comme une parenthèse dans la progression du voyage), l' Alaska Highway, tout ce qui en fait le charme, et la difficulté aussi.
La vie sauvage est partout présente tout au long de l'Alcan.
| | À: Trois14 · 26 novembre 2011 à 2:33 · Modifié le 14 mai 2013 à 15:28 Message 9 de 410 · Page 1 de 21 · 38 577 affichages · Partager Nous croisons un nombre incalculable de rivières (parfois des téléphériques manuels en facilitent la traversée pour l'exploitation forestière) et de lacs, sur lesquels les castors construisent des barrages ingénieux.
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téléphérique à main
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De loin en loin (environ chaque 100-150 km), un roadhouse très sommaire propose des services basiques aux voyageurs au long cours (téléphone, essence, mini-boutique, café-restaurant rustique mais toujours bien chauffé, parfois camping ou quelques cabines ou chambres sommaires). C'est souvent le prétexte pour une halte naturelle afin de détendre le conducteur.
roadhouse sur l'Alcan
un autre...
... avec ses toilettes extérieures
Mais, les années passant, ces roadhouses tendent à s'espacer. Beaucoup disparaissent ou cessent d'être exploités, et ils ne sont pas remplacés.
Je pense que cela est dû à une évolution inexorable du trafic sur cette route. Il y a quelques années, "faire l' Alaska Highway" était encore une aventure exaltante, bien que sans risque réel. Mais cela se méritait et justifiait quelque courage. Ce courage, les gens d'aujourd'hui l'ont de moins en moins et préfèrent rejoindre Ancorage (ou Whitehorse) directement par avion. Ils ont bien tort ! Ainsi donc les voitures particulières se font de plus en plus rares, et laissent la place à des camions de plus en plus nombreux et puissants (ils roulent aussi vite parfois plus que les voitures) et à des camping-cars toujours plus monumentaux (quelle est la consommation de carburant d'un tel attelage -camping car trainant une voiture- pour l'ensemble du trajet?).
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"petite" résidence secondaire
Cette évolution du trafic a aussi une autre conséquence fâcheuse ; jusqu'à récemment, outre les roadhouses, on trouvait parfois au bord de la route quelques restaurants abordables et agréables, spécialisés dans le saumon sauvage grillé, pêché dans les rivières des environs. Nous avions même prévu de faire halte comme les fois précédentes dans deux d'entre eux qui nous avaient beaucoup plu. Perdu ! ils ont tous deux fermé en 4 ans.
Les carcasses de ces exploitations diverses demeurent à l'abandon au bord de la route. Le (mauvais) temps fait vite son œuvre, sinistre, donnant parfois à l' Alaska Highway des airs de " route 66" du grand nord.
Signalons une dernière et remarquable catégorie de voyageurs qui emprunte également l'Alcan, les cyclistes (salut Spartiate, cela devrait finir de te convaincre). En solo ou en couple, mais toujours en autonomie totale, ils "se payent" l' Alaska Hwy sur des milliers de km. Leur vélo est toujours hyper chargé, avec des sacoches partout, parfois une remorque. Nous en croisons (ou doublons) une trentaine au total cette année, toujours avec beaucoup de sympathie et de respect, en évitant de les gêner. Et leur mérite est grand, car si le climat peut être clément (comme cette année), il est parfois très pluvieux.
Nous ferons d'ailleurs connaissance (voir plus loin) à Anchorage avec un couple de jeunes Suisses de Lausanne, qui rejoindront en 18 mois l' Alaska à Ushuaia. | | À: Trois14 · 26 novembre 2011 à 2:46 · Modifié le 14 mai 2013 à 15:35 Message 10 de 410 · Page 1 de 21 · 38 574 affichages · Partager Et pour terminer ce chapitre sur l'Alcan, il faut reparler de la route elle-même.
Contrairement à ce qu'on peut parfois lire, ce n'est jamais une autoroute au sens européen du terme. Il n'y a bien sûr qu'une seule bande de roulement, mais les véhicules s'y croisent habituellement sans difficulté. Elle est en général bonne, très bonne, excellente même le plus souvent. La moyenne réalisée y est élevée, seulement limitée par les réglementations officielles (90 ou 100 km/h au Canada, souvent 65 miles/h en Alaska).
Conditions donc excellentes,...... sauf quand elles sont déplorables ! L'Alcan est en effet ouvert toute l'année à la circulation. Pendant tout l'hiver (trèèèèès long) la chaussée est enneigée. Seuls des camions (trèèèèès lourds) l'utilisent alors. Et au dégel, elle se retrouve complètement défoncée, avec de multiples nids de poules. La réfection est impérative chaque année, mais elle n'est possible que pendant les seuls trois mois d'été (malheureusement, les mois où nous la fréquentons). Autant dire que les zones de travaux sont longues et très fréquentes, les ralentissements, passages en sens unique derrière "pilot car", attentes prolongées... sont monnaie courante, et crispantes quand on a prévu un kilométrage élevé dans la journée. Heureusement les journées s'allongent de plus en plus à mesure que l'on monte vers le Nord, et on ne craint pas d'arriver... à la nuit (qui ne vient jamais). Ces désagréments sont énervants, mais il faut en tenir compte. En fait, les travaux de remise en état sont d'autant plus fréquents qu'on avance vers le Nord.
A la sortie de telles zones, les vitres deviennent opaques, la voiture a changé de couleur, et nécessite le soir à l'étape (on trouve en général un robinet) un lavage en profondeur (il m'arrive alors de plaindre les utilisateurs de CC qui, aussi, doivent nettoyer leur monture, le plus souvent à la main).
Enfin, dans la partie la plus septentrionale du trajet, un autre inconvénient guette le conducteur. Le sol reste gelé toute l'année à 60 cm de profondeur. Mais la couche supérieure dégèle, irrégulièrement, en été (phénomène de permafrost). Cette irrégularité se transmet à la surface de la route, qui se trouve ainsi fortement "gondolée". Secouez-moi, secouez-moi !
Ces conditions de sol ont une autre conséquence très visible. Les plantes ne peuvent développer leurs racines que dans la partie qui dégèle en été ; or cette partie est très restreinte (moins de 50 cm parfois) dans certaines zones froides. Les plantes ainsi "compressées", tout comme les bonzaïs (même cause, même effet) restent naines, et souvent les forêts de sapins sont constituées d'arbres dà peine 1 mètre de haut.
forêt boréale
= + = + = +
Mais à coté de ces petites contrariétés, la remontée de l'Alcan nous fait vivre une véritable épopée. Non, pas la notre (notre mérite n'est vraiment pas grand), mais celle des constructeurs de cette route. En 1942, à la suite de l'attaque de Pearl Harbor, les Américains ont réalisé combien ils étaient vulnérables à une offensive japonaise aérienne sur leur propre sol. Les états "du bas" étaient protégés par de puissantes forces militaires, mais l' Alaska était quasiment sans défense, en tout cas très vulnérable. Et l' Alaska, craignait-on, risquait de devenir la tête de pont japonaise qui aurait permis d'envahir tout le continent américain. Il fallait tout faire pour éviter cette situation, et donc améliorer au plus vite les communications "états du bas"- Alaska, afin d'être en mesure d'y transporter des forces rapidement, et de défendre efficacement ce territoire en cas d'attaque. Cette voie de pénétration de plusieurs milliers de km, en territoire hostile, a été construite par les militaires en quelques mois seulement (on reste rêveur), afin d'être terminée avant l'hiver suivant. Des moyens considérables ont été déployés. Mais le trajet prévisionnel était très approximatif, et ce sont les constructeurs sur site qui en temps réel, ont décidé du détail du trajet (une des contrainte était d'éviter les longues lignes droites, qui auraient pu servir de piste d'atterrissage aux avions japonais. La route a donc volontairement été construite tortueuse) et des moyens de franchissement les mieux adaptés ; en fait, ils ont réglé sur place et en temps réel la majorité des problèmes qui se posaient. Mais les difficultés, les incidents (ou les accidents), les anecdotes, ont été nombreux. Les constructeurs ont ainsi vécu une épopée mémorable, comportant de nombreux épisodes. Des panneaux métalliques explicatifs en grand nombre, tout au long de la route, font revivre, cette aventure. Leur lecture est passionnante, et je conseille à un futur voyageur de s’arrêter systématiquement à chacun d'eux (ils sont bien signalés).
Mais la route a bien évolué depuis. Elle a fini par être entièrement goudronnée il y a une quizaine d'années seulement. Certaines portions tortueuses ont été redessinée rectilignes quand cela était possible (les américains ne craignent plus aujourd'hui les avions japonais). Ainsi le kilométrage total a diminué de quelques dizaines de kilomètres. Mais les adresses le long de la route sont restées identiques "Alcan, mile xyzt", telles qu'elles étaient à la construction. On ne peut donc plus se fier à son compteur de voiture pour trouver l'adresse d'un trappeur ou d'un chercheur d'or isolé.
Enfin je vais signaler ici un élément qui est comme un enchantement tout au long du parcours ; pour ainsi dire, un fil rouge, tant sa présence est récurrente, et avec une densité vraiment incroyable. Je veux parler d'une fleur rouge-mauve assez haute (1 mètre environ), très jolie, présente sur de grandes surfaces, partout, en particulier sur les talus au bord des routes. Cette fleur est d'ailleurs la fleur nationale du Yukon (on comprendrait mal le contraire, tant elle y est commune). En début d'été ces fleurs sont encore discrètes, à peine écloses. Mais dès le 15 juillet, elles envahissent tous les paysages, prenant même parfois le dessus sur le vert Alaska. Il s'agit des Fireweed flowers, plus connues en Europe sous le nom d'épilobe).
On ne peut pas les rater !
fireweed flowers
– | | À: Trois14 · 26 novembre 2011 à 18:17 · Modifié le 14 mai 2013 à 15:39 Message 11 de 410 · Page 1 de 21 · 36 629 affichages · Partager Fin de mes petites digressions sur l' Alaska Highway !
Je reviens enfin à la progression de notre voyage. Ainsi donc (pour ceux qui suivent, s'il en reste encore) je rappelle que nous passons la nuit à Fort Nelson (Nord de la Colombie Britannique), après une lonnnnnnngue journée de route.
Le trajet aujourd'hui sera à peine moins long. Notre objectif est lointain, Teslin Lake, dans le Yukon. Le départ a encore lieu peu avant 6h du matin.
Assez vite, le relief devient plus tourmenté. Nous allons passer au point le plus élevé de l'Alcan, en traversant une petite chaîne montagneuse à "Summit Lake", mais rien de bien méchant, car l'altitude reste modérée ; la température fraîchit néanmoins, et s'approche de 0°C, mais notre voiture est en forme, et nous progressons rapidement. Nous redescendons le col. Il y a beaucoup de mouflons sur la route. Le paysage devient grandiose. Nous longeons des lacs beaucoup plus grands et allongés, des lacs glaciaires.
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Puis nous approchons d'une région que j'aime beaucoup, où nous avons fait étape dans une vie antérieure : la région de Muncho Lake. Un lodge confortable en bois, installé au bord de la route et du lac, nous rappelle d'excellents souvenirs. Mais aujourd'hui nous n'y ferons qu'une brève halte, juste pour y boire un café. Sur le lac, deux hydravions sont amarrés : 1/ pour l'approvisionnement de l’hôtel, 2/ pour proposer à la clientèle des excursions (en général aller à la pêche sur d'autres lacs de montagne, ou à la chasse, ou pour aller découvrir des ours).
Muncho Lake, lodge
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Nous discutons avec un pilote. Lors de nos deux derniers passages ici, nous avions aperçu des ours tout près de la route, à quelques kilomètres plus au Nord. Il nous confirme que si nous avons de la chance, nous pourrons en revoir également cette année. Mais prudence ! Il y a une mère avec deux petits qui est très agressive, et dont il faut se méfier. Et de fait, nous l’apercevrons bien, mais sans ses petits ; mais par précaution, nous ne quitterons pas l'auto.
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Liard Rv Hot Springs
Puis, les 150 km qui suivent seront très prolifiques. Nous pourrons admirer, sur le bord de la route, parfois à moins de deux mètres de nous (on reste alors prudemment dans l'auto), une bonne vingtaine d'ours. Ils ne paraissent pas farouches. Ce sont le plus souvent des ours noirs (mais il y a quelques grizzlys), bien que certains soient carrément de couleur brune, voire même beige très clair. Plusieurs mères seront accompagnées de leurs deux petits.
Non, là ce n'est pas un ours !
Nous arrivons enfin sur le coup de 13 heures à Watson Lake, et quittons la Colombie Britannique pour le Territoire du Yukon.
Le Yukon est un territoire grand comme la France (500 000 km2), mais peuplé par seulement 30 000 habitants. Quand on sait que plus de 20 000 d'entre eux vivent à Whitehorse, la capitale, et qu'il existe 3 ou 4 agglomérations d'un millier d'habitants chacune environ, on conçoit mieux ce que signifie le terme "vide". Dans cette immensité verte, outre quelques roadhouses le long de l'Alcan ou du Klondike Hwy, ne vivent que quelques trappeurs-chercheurs d'or isolés en quête de rêve et de solitudes.Par contre en été, les moustiques, eux, se comptent par millions (milliards ?), ils sont très agressifs (nous devons en permanence garder bras et jambes couverts) et énormes.
moustique mastoc
Et, mais c'est beaucoup plus sympathique, il en est de même des fireweeds (fleurs rougeâtres) qui sont partout présents par milliers (j'en ai parlé plus haut).Par ailleurs, le Yukon est mondialement devenu célèbre par la ruée vers l'or de 1896, la grande, la vraie, celle de "The Gold Rush" de Chaplin, celle de Jack London, celle du Klondike (nous en reparlerons en détail plus loin).Autre particularité : la langue anglaise est naturellement la langue du pays ; mais il existe au Yukon une puissante association Franco-Yukonnaise, dont le but est de promouvoir notre langue, et de maintenir des liens entre les francophones. Je constate qu'elle est très efficace.En fait, le Yukon, j'aime bien ! (c'est peut-être aussi parce que certains de mes proches disent que je suis un ours).
Watson Lake n'échappe pas aux remarques faites plus tôt sur la baisse de l'activité le long de l'Alcan. J'avais gardé le souvenir d'une bourgade vivante, avec des supermarchés sinon de taille imposante, du moins de taille correcte ; et une certaine animation était présente (nous avions visité un musée intéressant sur les aurores boréales, qui je pense continue à fonctionner de nos jours, et mérite un arrêt d'une heure). Mais cette année, tout parait mort, nous avons des difficultés à faire quelques emplettes (tout est fermé ou mal achalandé), et le plein de la voiture nous a demandé 20 bonnes minutes (peu de stations ouvertes).
La principale attraction de la ville est un champ de panneaux indicateurs (des milliers). Lors de la construction de l'Alcan en 1942, un soldat nostalgique de son pays (un état du sud des USA), a planté un panneau indicateur de son village, avec la distance indiquée (plusieurs milliers de km). L'exemple a été très suivi depuis, et aujourd'hui le nombre de panneaux est innombrable. Quelques uns concernent des villages français.
foret de panneaux
Nous picniquons à proximité des lacs qui sont au nord de la ville, mais devons faire vite, car un escadron de moustiques nous a repérés et ne nous laisse aucun répit ; puis nous quittons Watson Lake en tout début d'AM ; nous roulons sans discontinuer (en nous relayant au volant) jusqu'à notre étape du soir.
Peu avant l'arrivée, nous sommes témoin d'un phénomène atmosphérique remarquable.
En regardant coté Nord, droit devant nous, le ciel paraît s'illuminer sur une large portion par des lumières de couleurs, verdâtres et rougeâtres. Je n'ai pas d'explication. Bien sûr, je pense à une aurore boréale. Mais je croyais qu'elles n'étaient visibles que durant la nuit noire ; et jamais de jour, en été de surcroît. Mais au bout de quelques minutes, le phénomène s'atténue puis disparait. Il demeurera une énigme, et nous continuons notre route.
Nous parvenons peu avant 18h à notre destination-étape, le " Dawson Peaks Resort", environ 10 km avant le pont de Teslin, au bord du lac du même nom (peu large, mais 100 km de long). Dawson Peaks est une étape pratique, qui propose des bungalows agréables au bord du lac, un restaurant, mais surtout un camping ; et de fait la grande majorité des clients utilisent le camping, où ils "parquent" leurs mobilhomes gigantesques et tout confort. Nous retenons un bungalow ; ils sont peu demandés et nous avons le choix de l'emplacement.
Durant le check-in, je précise ma nationalité française en présentant mon passeport. C'est alors qu'un couple qui consommait tranquillement au bar en attendant l'heure du repas, se porte à notre rencontre, et parait tout heureux d'appercevoir deux énergumènes dont la langue Anglaise laborieuse n'est visiblement utilisée que par nécessité. Eux-mêmes habitent la région de Trois-Rivières au Québec (à près de 6000 km de là), et ils nous invitent illico à venir discuter et prendre l'apéritif dans leur mobilhome ; ce que nous acceptons avec plaisir.
Ils sont alors très fiers de nous faire visiter dans les moindres détails leur palace roulant. Et de fait, c'est très impressionnant. En position camping, mues par des moteurs électriques, les cloisons extérieures se déplacent, agrandissant la largeur du véhicule de plus de deux mètres. Je n'imaginais pas qu'on puisse disposer d'autant de place à l'intérieur. On y trouve une chambre spacieuse (avec lit queen-size !), un salon avec fauteuils, canapé, TV satellite et tout le confort, une salle de bain de taille correcte, et bien sûr cuisine luxueusement équipée. Je réalise que beaucoup de résidences secondaires (fixes) chez nous sont moins bien équipées que ce camping-car, et parfois moins spacieuses ; et probablement le plus souvent beaucoup moins chères. Je réalise aussi que le déplacement sur un long trajet avec un tel véhicule, plus gros qu'un bus, doit être extrêmement coûteux, surtout au prix actuel de l'essence (ils consomment 5 à 10 fois plus que nous). Et la vitesse doit rester modérée, pour que tout ne "danse" pas derrière sous l'effet des secousses de la route ! De fait, il s'avère que leurs étapes journalières sont trois fois plus courtes que les nôtres. Nous discutons un moment, puis raffinement suprême, ils nous apprennent qu'ils ont dans leur frigidaire bien au frais Sauternes et foie gras du Périgord ! Inimaginable dans un lieu aussi reculé, à 12000 km de chez nous. Ils connaissent parfaitement la France où ils voyagent souvent, nous parlent de leur vie au Québec.
Mais ils nous apprennent surtout qu'ils sont très hostiles à l'extension continue de la langue Anglaise dans leur pays, trouvent que leur minorité francophone est écrasée et bafouée au Canada ; ils se font donc une religion de ne jamais parler l'Anglais (que bien sûr ils connaissent parfaitement) sauf besoin absolu. En fait, tout ce qui est pouvoir fédéral et langue Anglaise les indisposent. Leur espoir est de parvenir à créer un état francophone qui couperait les ponts avec le reste du Canada tant honni. Et pour le coup, ils nous paraissent beaucoup moins sympathiques, par leur fanatisme ouvertement affiché. Autant parler français avec des gens qui apprécient comme nous de retrouver leur langue loin de chez eux et y prennent plaisir, est agréable et sympathique ; autant les suivre dans leur extrémisme nous indispose ; et nous estimons surtout ne pas avoir à prendre partie dans cette guéguerre interne. En fait, tous les Canadiens, quel que soit leur langue, peuvent être sympathiques (même si nous avons un faible pour ceux qui parlent français ). Aussi, nous prenons bien vite congé de nos hotes, avant même d'entamer le foie gras.
Et nous dînons au calme sur le balcon de notre bungalow d'un plat de pâtes au thon (c'est bon aussi) vite préparé. - - | | À: Trois14 · 30 novembre 2011 à 11:33 · Modifié le 14 mai 2013 à 15:55 Message 14 de 410 · Page 1 de 21 · 36 504 affichages · Partager Le lendemain matin, nous avons quelque peine à quitter ce lieu idyllique. Aussi nous nous promenons un moment au bord du lac, avant de paresser quelques instants au soleil, sur le débarcadère.
Puis nous quittons l'endroit, en constatant au passage que nos "amis" francophones n'ont pas encore bougé. Nous traversons quelques minutes plus tard le pont de Teslin, très bel ouvrage métallique long de plusieurs centaines de mètres.
Nous parvenons à mi-journée à Whitehorse, où nous avons réservé une chambre pour deux nuits.
Peu avant la ville nous allons voir le "Miles Canyon" sur le Yukon. Le fleuve se resserre et passe par un étroit défilé, aujourd'hui d'une beauté sauvage, mais redoutable à la fin du XIXième siècle, à l'époque de la ruée vers l'or, quand les mineurs devaient passer ici pour rejoindre le Klondike, sur des barcasses sommaires qu'ils avaient eux même construites quelques jours plus tôt. La rivière était recouverte d'écume blanche rappelant la crinière de chevaux (d'où le nom de Whitehorse). Beaucoup de pauvres bougres ont laissé la vie à cet endroit, jusqu'à ce que les autorités canadiennes s'émeuvent et imposent de prendre sur chaque bateau un pilote local pour le passage. Cela a contribué à développer fortement la ville, qui auparavant n'était qu'un petit centre habité uniquement par des Indiens. Un sentier de promenade agréable longe aujourd'hui tout la défilé.
prise en 2011
prise en... 1898
De nos jours, un barrage a été construit sur le fleuve, quelques km en aval, contribuant à calmer un peu la fougue de la rivière. Ainsi, aujourd'hui on ne voit qu'à peine cette écume blanche rappelant des chevaux blancs. Mais à la sortie du défilé, le lac calme ainsi créé, le Schwatka Lake, est utilisé comme base d'hydravion pour Whitehorse. Nous picniquerons dans les environs.
Puis nous découvrons notre hôtel, en tout début d'AM. Je pensais durant cette demi-journée que nous nous promènerions en ville. Mais nous la connaissons déjà, le voyage en auto commence à laisser quelques traces de fatigue... Aussi, une courte sieste sera la bienvenue. Ensuite Annie préfère profiter de la laundry de l'hôtel. Aussi, c'est seul que je pars faire un tour.
J'ai trouvé cette promenade assez décevante. Je n'ai pas retrouvé le Whitehorse que j'adorais. De nombreux chantiers gâchent la ville, les rues sont bruyantes et remplies de voitures (ce n'est quand même pas la place de la Concorde), les piétons sont devenus plus rares, et surtout moins typiques. On ne voit plus la police montée à cheval. Les boutiques ne sont pas très actives, la gare est presque désaffectée... bref, cela devient une bourgade moderne traditionnelle, quelconque. Seul le front de fleuve sur le Yukon, et la partie ancienne de la ville ont conservé quelques attraits. Nous y trouvons un des premiers "gratte-ciel" du monde,...en rondin, et encore habité (voir les vélos sur le balcon).
cela semble être une reconstitution
Old log church
Log skyscraper
Je découvre cependant, près du fleuve, un bâtiment moderne que je ne connaissais pas : le centre du tourisme et de la culture, qui est finalement très bien conçu, et instructif. Puis je comptais passer quelque temps au musée de la ville, le MacBride Museum, intéressant, et très orienté vers l'époque de la ruée vers l'or, avec beaucoup de documents d'archives. Mais quand je me présente, il est déjà fermé, alors que la ville commence à peine à s'activer. Quelle idée de fermer à 17h !
Retour à l'hôtel, nouvelle sortie (à deux cette fois) pour visiter les grands supermarchés de la ville et leurs rayons bien achalandés (cela nous change), puis direction restaurant. Nous recherchons un grill typique, le "Klondike Rib and Salmon Barbecue", dans lequel nous avions passé il y a quatre ans une soirée mémorable. Oui, mais l'atmosphère a manifestement changé. Une longue queue d'accès qui se prolonge dehors, un menu dont les tarifs ont explosé, un coté touristique bien plus que typique, nous font faire demi tour. Nous terminerons dans une pizzéria, finalement très correcte.
Le soir à minuit (j'ai profité d'une bonne connexion internet durant la soirée), je regarde par la fenêtre de notre chambre :
Nous avons bien entamé notre périple vers le Nord. Ce n'est pas encore le soleil de minuit, mais on peut déjà circuler en voiture sans phare en pleine nuit.
+ =+=+=+=+=+=+=+=+=+=+=+=+=+=+=+=POUR LA SUITE DU VOYAGE, CLIQUEZ ICI
. | | À: Trois14 · 30 novembre 2011 à 16:26 Message 15 de 410 · Page 1 de 21 · 36 478 affichages · Partager hello J-Pi ,
hé ben dis donc quelle belle collection de "nounours" ! c'est impressionnant ! et certains ne semblent pas très loin !
merci pour ce récit qui se lit fort agréablement ! et pour toutes les explications et infos fort intéressantes !
bon, ben voilà encore une destination ( Alaska) qui me fait envie !
j'attends la suite parce qu'il y a du "lourd" à venir (ours à Katmai, Kaskawulsh Glacier dont on a eu un petit avant goût... et l' Arizona).
@+ Vnoa | | À: Trois14 · 30 novembre 2011 à 22:36 Message 16 de 410 · Page 1 de 21 · 36 282 affichages · Partager Bonsoir Jean-Pierre,
Vu que notre carnet de voyage est terminé, je vais pouvoir plonger dans le tien avec délectation... Ben, non, je ne connais pas délectation ! Je pense qu'il va y avoir du vert ... J'adore
@+ Patrick | | À: Trois14 · 3 décembre 2011 à 17:37 Message 17 de 410 · Page 1 de 21 · 36 243 affichages · Partager Salut l'ours
Un carnet tout en vert, blanc, bleu et noir (ours) qui me change de mes roches rouges et ocre. J'aime bien tes références historiques et anecdotes des lieux que tu traverses. Une certaine nostalgie transperce à travers de tes belles photos et de ton récit. Des feufleurs, les fameuses Fireweed flower's... en latin ? que Laurence ne manquerait pas de photographier. Des grosses bébêtes... et la pluie..... aïe ! Amusant, la forêt de panneaux... Impressionnant, les Spartiates en vélo, ça ne doit pas être facile tous les jours, pour eux. Là, je préfère mes roches rouges et le cagnard ; Je salue leur courage. Etonnant, le tunnel en spirale.
on va attendre la suite..... vers le Nooooooooord
@+ Patrick | | À: Vnoa · 4 décembre 2011 à 0:06 Message 18 de 410 · Page 1 de 21 · 36 215 affichages · Partager bonsoir Val
et merci pour tes encouragements. Mais c'est vrai qu'à ce stade, le voyage vient à peine de commencer. Les hauts lieus que tu cites, ce n'est que pour plus tard. Et tu ne mentionnes pas notre "sommet" : Anan Creek et sa multitude d'ours, près de Wrangell, une journée de rêve.
J-Pi | | À: LeSpartiate · 4 décembre 2011 à 0:38 Message 19 de 410 · Page 1 de 21 · 36 215 affichages · Partager Bonsoir Patrick
Après la rédaction de votre prestigieux carnet de voyage, et la multitude d'admirateurs enthousiastes qui se sont manifestés, j'apprécie ta curiosité qui t'amène à t'intéresser à autre chose qu'aux pierres rouges. C'est vrai que si tu te rappelles bien Spartes, il n'y a pas de pierres rouges, et il y a même pas mal de verdure (c'est dans la montagne).
J'aime bien tes références historiques et anecdotes des lieux que tu traverses.
Alors tu adoreras j'espère le tout prochain message (je le posterai peut-être cette nuit). En fait, nous n'avancerons pas d'un iota (en km), mais je plante le décor pour les prochains jours. Et c'est une période particulièrement riche, envoutante même, de l'histoire de l' Alaska et du Yukon.
Tu verras, j'ai d'ailleurs rajouté un paragraphe sur une randonnée difficile mais extraordinaire, en pensant à toi. La montée du Chilkoot est un passage spécialement taillé pour les Spartiates. Surtout avec une tonne de bagages !
Pour les fleufleurs, ce n'est qu'un début, car comme Lolo je les apprécie beaucoup. Mais je suis moins savant qu'elle, et ne cherche pas à les identifier.
Et bien, non. La météo a été globalement très clémente cette année (excepté dans la région de Lake Louise au début). Tous nos longs parcours en voiture, toutes nos excursions sympas ont été réalisés par beau temps. Nous ne retrouverons la pluie et le ciel bas que pour nos tous derniers jours en Alaska, dans la région du Panhandle, que nous visiterons en ferry.
à+
J-Pi | | À: Trois14 · 4 décembre 2011 à 1:17 · Modifié le 8 juil. 2013 à 0:18 Message 20 de 410 · Page 1 de 21 · 36 215 affichages · Partager Le jour suivant, notre programme nous mènera, pour une virée de la journée en AR depuis Whitehorse, jusqu'à Skagway, en Alaska.
Pourquoi Skagway, malgré son coté touristique très affirmé (les nombreux bateaux de croisières, véritables palaces flottant, qui "font" l'Alaska depuis Seattle ou Vancouver, y font tous escale et déversent leur cargaison de touristes fortunés pour quelques heures) ? Pourtant nous connaissons déjà bien ce port, pour y être déjà venus lors de voyages précédents, tantôt via la mer en ferry depuis Haines, tantôt, comme cette fois, par la route depuis le Yukon ( Whitehorse).
En fait, il y a plusieurs raisons à cela.
>>>>==> Je m'intéresse particulièrement, à l'occasion de ce voyage, à tout ce qui touche la Ruée vers l'Or du Klondike, et dans ce contexte, Skagway est incontournable. En 1900, ce port était mondialement célèbre, pour être la première étape du voyage vers le Klondike. A son apogée, plus de 30.000 habitants y avaient établi demeure, et un nombre infiniment plus grand de voyageurs y transitaient ; plusieurs vapeurs par jour reliaient la ville à Seattle ou à San Francisco. >>>>==> Malgré l'exploitation touristique actuelle indiscutable, je trouve que ce port a conservé une âme. Tout dans la ville nous ramène 110 ans en arrière. Les bâtiments sont restés (ou reconstruits) très typiques (même si aujourd'hui ils sont le plus souvent transformés en commerces lucratifs). Et pour rien au monde je voudrais manquer la date du 8 Juillet à Skagway. En effet Jefferson Randolph, plus connu sous le nom de "Soapy Smith", était un gangster qui a longtemps sévi dans le Far West Américain (principalement dans la région de Denver), mais a vite compris que pour lui aussi c'est la ruée vers l'or qui pourrait assurer définitivement la richesse. Il s'installa donc à Skagway, mettra très vite en place une industrie florissante de maisons de jeux et de prostitution. Il s'alliera avec le maire et le chef de la police (qu'il avait fait élire en trafiquant les élections), pour mettre la ville sous sa coupe, y semant la terreur par le crime et le racket.Mais après que Soapy Smith eut volé le 7 Juillet 1898 sa besace d'or (2700$ de l'époque) à un prospecteur qui rentrait au pays, une milice d'autodéfense a organisé dès le lendemain 8 Juillet une fusillade sur les quais. Soapy Smith fut tué net, et la ville pu "revivre" (Un album de Lucky Luke relate cet épisode).Ainsi, depuis cette date, tous les 8 Juillet sont jours de fête à Skagway (très pratique, 4 jours seulement après la fête nationale, il suffit de ne pas ranger les habits de fête). Les habitants célèbrent tous la mort de Soapy Smith (et le calme revenu dans leur cité) en se déguisant, et ils vont danser sur sa tombe en rigolant.
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Mais je m'aperçois que je ne peux pas continuer à relater le voyage dans ces régions sans faire (pour ceux qui connaissent mal, que les autres veuillent bien m'excuser) une digression pour présenter la Ruée vers l'Or du Klondike.
LA RUEE VERS L'OR DU KLONDIKE
Après que la fièvre de l'or de Californie (1849) soit retombée, les chercheurs se sont dispersés sur tout le continent américain (principalement dans les régions désertes et reculées, peu prospectées jusque là), afin de tenter de satisfaire leur appétit d'or. Et le grand Nord n'échappa pas à cette quête permanente (certains y cherchent encore aujourd'hui). De fait, on trouva des petites quantités de métal précieux un peu partout au Yukon et en Alaska, mais rien de très remarquable. Jusqu'à ce jour du 17 Aout 1896, où dans le Nord du territoire, trois trappeurs découvrirent une pépite énorrrrrrrme dans le ruisseau Bonanza, affluent du Klondike, qui lui-même se jette dans le fleuve Yukon. La nouvelle s'est vite répandue, dans les environs d'abord (auprès des autres trappeurs, prospecteurs ou Indiens), à San Francisco ensuite, puis sur la terre entière. Des concessions furent rapidement tracées le long du ruisseau, et ce fut le point de départ de la fameuse ruée vers l'or du Klondike.
Dans le monde entier, des pauvres bougres se mirent à rêver. Dès l'année suivante une multitude de gens ont donné un sens nouveau à leur vie : il leur fallait aller au Klondike. Certains étaient très pauvres et entrevoyaient la possibilité de devenir enfin riches. D'autres, déjà établis dans la vie, qui possédaient quelques biens, pensaient que c'était le moment de les faire fructifier en mettant sur pied une expédition vers cet eldorado. Tous soupçonnaient la difficulté et les risques énormes du voyage, mais tous aussi pensaient que ces risques devaient être courus. Les gens convergèrent vite depuis toute l'Amérique, bien sûr, mais aussi depuis tous les pays d'Europe, depuis l' Australie, depuis partout en fait. Par centaines de milliers.
A titre d'illustration, un baroudeur/forumeur de V.F. (COCHIZE, merci à toi) nous a appris que s'est constitué ici même à Lyon, un "Syndicat Lyonnais du Klondike", dont le siège était 3 rue du Président Carnot à Lyon, et le fondateur un certain L. Paillard ! Pour le financer, de nombreuses actions de 100F ont été émises.
... qu'on doit encore trouver dans les greniers de quelques maisons lyonnaises sous un siècle de poussière (pas chez moi, j'ai vérifié)... mélangées à des emprunts Russes (texte de COCHIZE, encore merci)
Je conseille vivement à ceux que cela intéresse (et surtout à tous ceux qui savent encore rêver), de lire deux livres, quasiment introuvables aujourd'hui sous forme papier, mais accessibles sur le net, numérisés par l'Université d'Ottawa.
Cliquer ici : "Voyage au pays des mines d'or : le Klondike"
Ou là : "un lyonnais au Klondike, correspondance de L. Paillard"
Ces livres ont été rédigés en français par des acteurs de l'époque (on peut soit les lire en ligne –qualité moyenne-, soit les sauvegarder en pdf –qualité mauvaise-) ; mais ils sont d'un danger extrême. Car aussitôt la lecture commencée, il est absolument impossible de s'en détacher avant la dernière page, ce qui signifie des nuits blanches en perspective...En fait ces textes (il y a quelques photos en NB) trouveraient tout naturellement leur place ici, dans la rubrique "carnets de voyage" de V.F.Leurs auteurs ont vécu une aventure extraordinaire dans des territoires peu connus et idéalisés, ils en sont revenus, la racontent avec beaucoup de détails passionnants, et ils donnent surtout une multitude d'informations pratiques (adresses, prix, itinéraires,...) ou de conseils avisés à ceux qui après eux, seront tentés de se lancer dans l'aventure.Deux bijoux !
Plusieurs voies étaient envisageables pour rejoindre le Klondike. >>>==> par voie terrestre depuis Seattle (comme je l'ai fait moi-même l'été dernier, mais j'ai un peu moins de mérite, car en 1898, l' Alaska Highway n'était pas tracé !). Peu de gens finalement y parviendront. >>>==> par voie fluviale, depuis son embouchure sur le détroit de Bering, par le fleuve Yukon qui coule vers l'Est et le Sud (relativement navigable). Mais c'était très long, et on n'avait pas de temps d'attendre. >>>==> depuis le Pacifique (bien navigable et dégagé à ce niveau), à près de 3000 km au Nord de Seattle et de Vancouver. Restait ensuite à traverser le continent pour rejoindre la région du Klondike par la terre. Plusieurs itinéraires ont été expérimentés (depuis Wrangell et la rivière Stikine que nous découvrirons à la fin de ce voyage, depuis Skagway (où nous irons demain), et également plus au Nord, depuis Valdez, en longeant l'actuel parc de Wrangell St Elias où nous trainerons ultérieurement). Tous les points de débarquement étaient situés en Alaska (territoire américain, acheté à la Russie quelques années plus tôt), il fallait ensuite dans tous les cas se déplacer vers l'Est, passer au Canada, traverser des territoires hostiles sur un millier de km (ou plus).
En fait, une voie a été très majoritairement choisie, la seule réellement envisageable : ==> rejoindre Skagway en vapeur depuis Vancouver, Seattle ou San Francisco==> monter à pied un escarpement montagneux très difficile sur une quarantaine de km, ==> passer la frontière Canadienne, ==> rejoindre ce qui deviendra plus tard Whitehorse 200 km plus à l'Est, en marchant et en navigant (ou en glissant) sur des lacs plus ou moins gelés ; passage par le "miles canyon" dont j'ai dit qques mots dans le post précédent, à Whitehorse, ==> enfin, descendre sur des radeaux sommaires (plus tard des vapeurs à fond plats) le fleuve Yukon après qu'il ait dégelé, direction Nord sur environ 500 km, vers ce qui deviendra vite Dawson City (le Klondike et le ruisseau Bonanza ne sont alors qu'à une quinzaine de km).
Les mineurs demeuraient un certain temps (au moins un été, mais souvent plusieurs années) à proximité de Dawson City (qui sera une ville très peuplée, développée et moderne, appelée la Paris du Nord, avec un cabaret célèbre où des artistes européens connus viendront se produire). Mais les mineurs vivaient surtout seuls dans une tente ou une cabane à proximité de leur placer (leur concession), dont ils s'éloignaient le moins possible, car il fallait creuser sans cesse et toujours plus profondément un sol gelé). Puis ils revenaient par le même trajet, certains plus ou moins riches (très rarement), les autres (le plus grand nombre) ayant perdu leurs illusions, mais réalisant enfin que s'ils voulaient survivre, il fallait revenir sous des cieux plus hospitaliers. Les véritables gagnants, ceux qui ont réellement fait fortune, n'étaient, à peu d'exception près, pas les chercheurs d'or. C'étaient tous les commerçants avisés qui les ont approvisionnés, les lignes de navigation qui les ont transportés (transport de plus en plus couteux), les hôteliers de Skagway et de Dawson City, les "industries" du tourisme avec toutes ces dames (vous m'avez compris)...
Curieusement, s'il y avait une réelle compétition entre les mineurs pour obtenir les meilleures concessions (il fallait arriver parmi les premiers), il régnait entre eux une vraie atmosphère conviviale d'entraide, et il n'y avait pas de coups tordus. Bien sûr des clans se formaient, mais ils étaient basés sur la langue et le pays d'origine, et ne faisaient pas preuve d'agressivité, les uns par rapport aux autres. Les bagarres/larcins/forfaits étaient très rares (entre mineurs du moins).
L'administration canadienne s'est très rapidement organisée pour accompagner et gérer cette énorme migration. Les voyageurs rencontraient une première fois la Police Montée sur le plateau au franchissement de la frontière, environ 40 km après Skagway. Les douaniers taxaient lourdement les marchandises non canadiennes, c'est-à-dire toutes. Mais surtout, ils ont érigé des règles draconiennes, officiellement pour le bien des prospecteurs (qui devaient survivre une longue période en quasi-autonomie). Pour être autorisé à continuer, chaque voyageur devait au passage de la frontière faire suivre avec lui de nombreuses caisses de subsistance (voir la liste officielle des biens obligatoires dans les livres signalés plus haut). L'ensemble représentait près d'une tonne de matériel ou de nourriture, à transporter jusqu'à Dawson City. Autant dire que les zones de portage signifiaient de nombreux AR à effectuer ! Par contre, dès qu'on pouvait utiliser un cours d'eau, des radeaux transportant l'ensemble étaient construits.
Dès le départ de Skagway, deux options étaient envisageables. Elles se rejoignaient 50 km plus loin.
==> la plus courte est celle de la fameuse piste du Chilkoot. Il fallait d'abord rejoindre Dyea, petit port à 3 ou 4 miles de là. Ceci était possible soit par bateau à fond plat –il n'y a pas de port profond à Dyea-, soit à pied par une piste sans difficulté (nous l'avons empruntée). Dyea est aujourd'hui une ville fantôme, seuls quelques restes en bois rappellent cette époque glorieuse. Mais Dyea est surtout le point de départ de la piste du Chilkoot. Celle-ci chemine un bon moment dans une belle forêt épaisse, puis aborde la fameuse montée du Chikoot.
Chaque homme devait faire une vingtaine de fois au moins le trajet pour monter toutes ses caisses. Puis sur le plateau, il devait progresser laborieusement dans la neige épaisse.
==> L'autre alternative était de monter le difficile et dangereux (à l'époque) col du White Pass. Le trajet est plus long, mais moins pentu et suivait une piste vaguement carrossable ; les prospecteurs qui sont venus avec des chiens, des chevaux ou des boeufs (qui n'atteindront jamais Dawson City, étant passés à la gamelle en cours de route) ont a juste titre choisi ce parcours, les bêtes de trait tirant une remorque ou un traineau à glace lourdement chargée.
Finalement, les gens les plus jeunes, aventureux, sans le sous, prenaient le Chilkoot (ce fut le cas de Jack London). Les voyageurs plus fortunés empruntaient la piste du White Pass.
Tous les détails sur ces trajets (et leur poursuite jusqu' Dawson City) sont décrits dans les deux carnets de voyage (je veux dire les deux livres) signalés plus tôt.
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Dès les années 1900, le parcours s'est amélioré. On a d'abord tenté (sans succès) de mettre en place un téléphérique pour monter le col du Chikoot (vite embarqué par une avalanche). Puis on a construit une ligne de chemin de fer via le White Pass, reliant Skagway à Whitehorse. Cette ligne antique, très folklorique continue à être exploitée de nos jours, sur une partie du trajet seulement. Ses clients sont principalement les riches passagers des navires de croisière, qui passent ainsi leurs quelques heures d'escale à Skagway à fantasmer dans la peau d'un chercheur d'or. Puis on a relié Skagway à Whitehorse par une route très scénique, maintenant goudronnée et bien roulante, qui longe sur une bonne portion la voie de chemin de fer. C'est celle que nous prendrons demain. Les paysages sont magnifiques.
Enfin, quelques années plus tard, la fièvre est retombée sur le Yukon (on aurait dit-on découvert une région fabuleuse dans le grand Nord de l' Alaska, autour de Nome, où certaines plages du détroit de Bering seraient jaunes, tellement elles seraient recouvertes d'or...). Les pauvres bougres ont changé de film et tenté une nouvelle aventure... ... laissant la région du Klondike à des professionnels sérieux, des compagnies puissantes dotées de matériels automatiques, qui de façon méthodique retournent toute la région jusqu'à une grande profondeur, et continuent encore de le faire de nos jours. Ainsi aujourd'hui cette merveilleuse contrée sauvage (que nous rejoindrons dans deux jours) n'est plus qu'un immense terrier. Cela rappelle un peu l'exploitation en Alberta (voir un de mes premiers posts) de la nature pour retirer le pétrole des schistes bitumineux.
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Quant à la piste du Chilkoot elle-même, elle continue, à juste titre, à enflammer les imaginations.
Si aucun prospecteur ne l'emprunte plus de nos jours, elle est régulièrement entretenue (en été seulement), et constitue une magnifique randonnée pédestre de 55 km, avec la célèbre montée du Chilkoot. On la parcourt en 5 ou 6 jours et il faut camper en chemin. Son accès est règlementé (coût 50$) et très contingenté (réservation nécessaire bien en avance). Le retour sur Skagway peut se faire depuis la gare de Lac Bennett par le train. Il faut faire suivre son passeport, car la piste traverse la frontière avec le Canada.
Quant à nous cet été, pour le fantasme, nous en avons parcouru discrètement –sans payer- une courte partie, dans sa zone haute, en partant de "Log Cabin" qui est accessible par la route bien que cela soit officiellement interdit, en direction du lac Linderman. Heureusement, nous n'avons rencontré personne pour nous contrôler ; sinon un ours à coté du sentier, ce qui a incité Annie à me demander avec fermeté de faire demi tour. Grrrr !
Je vous avais bien prévenu que la lecture des deux livres ci-dessus n'était pas sans danger !
Enfin, l'honnêteté m'oblige à signaler que les quelques photos en NB de ce message ne sont pas de moi. Mais peut-être l'aviez-vous déjà deviné, elles datent du 19ième siècle ; je ne suis plus tout jeune, mais quand même... | Carnets similaires sur l'Amérique du Nord: Heure du site: 7:23 (21/09/2024) Tous les droits réservés © 2024 MyAtlas Group | 264 visiteurs en ligne depuis une heure! |