C'est un délire négationniste. Plusieurs dizaines de membres du clergé assassinés en 1936..
mais c'est pas croyable d'être aussi.... (censure)
Je m'arrête en 34 et je dis que ça continue sur un autre post, et tu me parles de 36
bon j'y vais pour la période 36-39. Chapitre "persécution religieuse"
comme je ne suis pas sûr de finir sur ce post, j'annonce la couleur : oui, meurtres en masse sur le territoire "républicain", on estime à 6 / 7000 le nombre d'ecclésiastiques tués par ce que certains appellent la "terreur rouge" (acceptons le terme, pourquoi pas).
voilà pour le "combien", apparemment c'est plutôt bien documenté, le chiffre a été avancé dans les années 60 et il fait plus ou moins consensus.
Maintenant, il s'agit de répondre aux questions: pourquoi, comment, qui... Et bien resituer le contexte. Et en guise de conclusion j'aimerais parler de "mémoire historique à géométrie variable", j'expliquerai pourquoi ensuite, mais peut-être que ça va en faire taire quelques-uns.
Mais je reviens d'abord au "quand". J'ai bien différencié l'époque 31-36, la république durant la paix et la période guerre civile, 36-39. Pendant la période 31-36, il y a eu quelques débordements, églises et couvents brûlés par la foule, mais rien de commandité par aucun parti ni organisation politique, pas même la CNT ni les communistes. Ce sont des débordements, des mouvements spontanés, qui n'ont fait que 3 morts en 31, plus en 34 peut-être mais à mettre en parallèle avec les 1500/2000 morts de la répression effectuée par le jeune général de la République Francisco Franco. A mettre en parallèle aussi avec la semaine tragique de Barceloine en 1909 ou les actes anticléricaux commis lors des mouvements insurrectionnels de la fin 19ème siècle... Qui avaient été beaucoup plus sanglants pour le clergé. Les églises brûlées et les crimes contre les ecclésiastiques, ça ne date pas de la seconde république, on l'a vu. Donc cette intro, pour bien faire comprendre que la thèse de la "terreur rouge" qui aurait provoqué la riposte de la droite et le coup d'état militaire, ça ne se tient pas vraiment.
18 juillet 1936, il faut bien comprendre ce qu'est la guerre civile, qui porte peut-être mal son nom, puisque le terme "civil" porte à confusion. si vous me permettez, la guerre n'est "civile" que dans le camp républicain ; dans le camp insurgé, mis à part quelques phalangistes et les "requetés" carlistes de Navarre, il n'y a que des militaires. c'est super important pour établir des responsabilités dans les faits de guerre et tout particulièrement dans les exactions commises: alors que dans le camp insurgé, la répression est programmée, ordonnée par une hiérarchie militaire, que même les crimes de guerre comme le viol collectif (spécialité des armées marocaines de Franco) sont utilisées sciemment comme arme de guerre, côté "républicain" c'est le désordre absolu, la confusion...
Le gouvernement républicain, en juillet 36 perd un grand nombre de ses effectifs militaires et se rend compte qu'il ne fera pas le poids dans le cadre d'un conflit armé classique. Donc la solution: distribuer des armes au peuple. À tout le monde, anarchistes, communistes, opportunistes et délinquants, pour lutter contre les fascistes.
A partir de là, évidemment, la république (je veux parler du gouvernement officiel de la république) est débordée. Comment la blâmer? Elle n'a pas le choix et opte logiquement pour le concept "citoyens qui défendent la République en armes", qui vient tout droit de la révolution française.. Mais dans ce contexte dur de dire qui est responsable de quoi que ce soit...
Donc, on a un camp "républicain" qu'il convient de diviser en 3 grandes parties :
- le gouvernement républicain officiel et l'armée fidèle à la république -> n'a jamais commandité de crimes contre les religieux, même si effectivement l'anticléricalisme qui souvent les caractérisait les a empêché de regarder en face les crimes commis par les communistes et surtout la mouvance anarchiste. S'il y a besoin, j'approfondis.
- les communistes : je manque un peu d'info personnelles là dessus. En principe, le PCE est surtout connu pour l'élimination des dissidents, "paseos y sacas" de prétendus ennemis "fascistes" ou exécution sommaire de prisonniers de guerre. Par contre sur le sujet de l'anticléricalisme, pas sûr que les religieux aient été la cible numéro 1. Il faut aussi comprendre que les cocos sont mieux organisés que les anarchistes et les crimes contre l'église c'est plutôt le fait de mouvements incontrôlés...
- la nébuleuse révolutionnaire marxiste trotskiste et anarchiste (CNT-FAI, POUM, etc): c'est celle-là qui est clairement en cause dans le cas des crimes contre les religieux.
dur à dire aujourd'hui si cette violence était "orchestrée" par les "chefs" ou si c'était, comme dans les décennies précédentes, des déchaînements de haine populaire. Toujours est-il que c'est avant tout un phénomène rural (même si ça a existé aussi à
Madrid et
Barcelone, c'ewst dans des petits villages que ça a été le plus virulent), des attaques barbares commise par une population qui ne savait pas vraiment si elle était anarchiste, communiste ou trotskiste: viols de nonnes, tortures, curés brûlés vifs, etc... Un carnage.
J'ai peut-être l'air de "déculpabiliser" les anarchistes et trotskistes avec ma phrase précédente, mais ce n'est pas le cas : dans leur zone d'influence, la persécution religieuse a été systématique, extrêmement brutale et surtout, justifiée dans leurs discours : cf plusieurs articles dans les journaux de la CNT et du POUM de l'époque se vantant d'avoir éliminé physiquement les curés. Donc coupables POUM et CNT ? Oui, clairement.
- les nationalistes basques et catalans. -> pour ces derniers, non seulement il n'y a pas eu de crimes contre les religieux, au contraire, ce sont les franquistes qui ont tué des curés et des nonnes, parce que globalement les religieux basques ont lutté du côté république. Mais ceci est une autre histoire...
Fin de ce (long) post-> 7000 victimes religieuses, non pas du fait des "républicains" en bloc, mais des troupe paramilitaires extrémistes, anarchistes et marxistes. 7000 c'est beaucoup, même si ça n'atteint pas les 350.000 victimes de la répression franquiste, 50.000 d'entre eux en temps de paix, (et il y a d'autres victimes de la répression républicaine qui ne sont pas religieux bien sûr). Le truc c'est que ces 7000 victimes ont été identifiées, ont été déclarées "martyres de la foi", 1750 ont même été béatifiées à partir de 1987 par le pape, une église a été édifiée à
Valence récemment pour leur offrir un culte... Et personne, absolument personne ne remet en cause ni le nombre de ces victimes ni le respect que la société doit à ces victimes.
En revanche, pour ce qui est des victimes de la répression franquiste, l'
Espagne est le second pays du monde au niveau du nombre de disparus dans un conflit, après le
Cambodge. Le budget alloué par le gouvernement Rajoy pour fouiller les fosses communes était de zéro euro, il n'y a pas (ou pratiquement pas) de plaque officielle pour commémorer les victimes nulle part et pire encore, certaines sont toujours enterrées aux côtés de leur bourreau au
Valle de los caídos, humiliation suprême s'il en est. C'est ce que j'appelle de la mémoire sélective ou mémoire historique à géométrie variable. Que ceux qui sont partisans de l'amnésie collective demandent un peu au pape d'éviter de béatifier des nonnes, ce serait logique, non ?